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«Charlie» : que reste-t-il de nos humours ?


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Charlie, pas Charlie ? Inclusion, exclusion ? Rire avec, rire contre ? Victime ou bourreau ? Chercheurs, producteur, humoristes, éclairent le contexte post-attentat de la scène comique.

 

«Rire avec» versus «rire contre» ? Trois ans après la sanctuarisation de la satire en réponse aux attentats, où en sont les humoristes avec leur liberté d’offenser, leur droit au blasphème et leur souci de préserver les vulnérabilités ? Un halo d’autocensure est-il venu ternir tous les billets ? Le spectre humoristique s’est-il resserré sur des ressorts moins risqués, au large des tabous ? Au final, l’injonction à se «charliser» a-t-elle provoqué une scission tonitruante de la scène comique nationale, déchirée entre les fantassins de l’ironie satirique «à la française», verticale, héritée de l’époque monarchique où l’on brocarde les puissants, et les amoureux de l’autodérision «à l’américaine», horizontale, née avec la démocratie ?

Nul besoin de refaire l’histoire de la migration transcontinentale du stand-up des Etats-Unis jusqu’en France pour noter, comme le synthétise Alain Vaillant, professeur de littérature, que «ce qu’apporte la tradition américaine sur le terrain de l’humour, c’est sa fonction de lien social et son empathie. Même si l’opposition entre "rire avec" et "rire contre" ne tient pas (le rire est fondé sur un mélange de connivence et d’agression), la proportion entre les deux ne va pas en faveur de la tradition satirique, qui s’étiole peut-être». Et sans doute plus que jamais à l’heure où le rire n’en finit pas de se massifier, et son business, de gonfler. Tandis que Michel Leeb a libéré ses mouches africaines pour fêter ses 40 ans de scène, que le rire gras aux poils épais de Tex s’est fait dégager de France Télé et qu’Océanerosemarie appelle, dans une tribune publiée par Libé , à ce que les cibles d’une vanne soient seules juges de sa légitimité, tour d’horizon de ce qui a bougé, ou pas, dans la façon de se marrer. Ou pas.

Haroun, humoriste : «La responsabilité de faire rire tout le monde»

«L’humour qui blesse est à la limite de l’insulte. Si je vexe quelqu’un, c’est que je me suis mal exprimé, et ce n’est pas mon intention. Je préfère travailler sur l’autodérision, découdre un problème pour le remonter d’une façon différente et découvrir une absurdité. Je refuse d’être un donneur de leçons et ne partage pas mes opinions politiques sur scène.

«Il n’y a pas plus de tabous, et, s’il y a des choses interdites, c’est à nous de jouer avec ces contraintes. C’est une mode de dire qu’on ne peut plus rien dire, mais c’est à nous de passer outre et de trouver des solutions, comme le fit Victor Hugo avec Napoléon III. Nous avons la responsabilité de faire rire tout le monde et d’ouvrir les gens aux autres. Si je fais une blague sur le FN, il faut que les pros et les antis se voient en train de rire, qu’ils se disent : «C’est vrai qu’on est un peu con quand même.» Et la tension retombe. L’humour est comme un art martial. Il faut utiliser la force de son ennemi pour créer un déséquilibre.

«Le mouvement qui a suivi les attaques de Charlie a représenté un message d’espoir. Mais dans les faits il a eu peu d’impact. Il y a même eu une période où l’humour a régressé. Les humoristes ont été victimes des médias. Ils ont trop endossé un statut d’animateur, qui doit entretenir le rire, être efficace, fournir. Et puis des gens qui ne sont pas des humoristes se sont emparés de l’humour. Ils en font comme dans une cour de récré. Mais avec le stand-up, on retrouve une progression. Il y a un retour des humoristes avec une pensée.»

Denis Ramond, chercheur en sciences politiques : «Le critère, c’est la vulnérabilité»

«Il y a un trouble qui touche à la confusion entre satire et humour. La satire n’invite pas à rire de soi mais des autres, l’humour ne cible personne si ce n’est soi-même. Dans la codification moderne de la liberté d’expression, l’exercice de la satire était dirigé contre les institutions politiques et religieuses en ce qu’elles étaient puissantes. C’est un exercice dont on vante les qualités morales quand il est dirigé contre les «forts». Charlie a été accusé de le subvertir en se moquant des «faibles», dans une sorte d’inversion du pacte initial, et aujourd’hui toute satire est devenue suspecte. C’est symptomatique de la mutation de ce que l’on entend par liberté d’expression, mutation qui remonte aux années 70 quand la cible de la satire est devenue le «politiquement correct». Il y a toujours une victime dans la satire mais comment déterminer qui est le fort et qui est le faible ? C’est sur ce brouillage que l’on s’oppose aujourd’hui, chacun prétendant être plus faible que l’autre.

On en vient à un stade où l’on évalue la pertinence de l’exercice satirique à l’aune de la vulnérabilité des cibles. Ce n’est pas qu’on nous empêchera légalement de rire des faibles, c’est juste qu’on réalisera que ce n’est pas drôle. Encore faut-il étudier plus finement les différents types d’humour que ne le font ces gens de mauvaise foi qui clament qu’on «ne peut plus rien dire», que «Desproges et Coluche, eux…». Ce qui est stupide. Il y a des blagues racistes antiracistes et il y a des blagues racistes racistes. Et il n’y a jamais eu d’ambiguïté avec ces deux humoristes.»

Charline Vanhoenacker, journaliste satirique : «La question reste de viser juste»

«Rien n’a changé dans ma façon d’écrire. Au contraire. Avec Charlie Hebdo, nous faisons partie de la même famille comique, celle de la satire. Avant l’attaque, nous étions quasi sûrs de ne jamais nous autocensurer. Après l’attaque, nous en étions certains. Nous nous faisons un devoir de ne pas lâcher un millimètre de liberté d’expression. La seule chose qui a changé, c’est que Charlie Hebdo est tombé entre toutes les mains. Charlie est fait pour parler à des initiés, c’est un truc de niche. Quand tous les projecteurs du monde se braquent sur Charlie et qu’il est commenté, c’est un non-sens.

«Je ne crois pas beaucoup à la tyrannie de la morale. Oui, il faut rire de tout et s’affranchir de l’hubris des réseaux. Il ne faut pas qu’ils nous influencent. Twitter, ce n’est pas du débat, c’est de la communication.

«Je ne crois pas que les humoristes se brident. L’important, c’est d’équilibrer. Un coup à droite, un coup à gauche, une blague sur les Juifs, une sur les Arabes. Les scrupules sont des garde-fous. Je n’avais pas entendu avant la notion de «rire avec» ou «rire contre». Charlie a peut-être été un déclencheur, même si des féministes pur jus ont sans doute déjà raisonné comme ça. La question reste de viser juste. On peut se moquer de tout, mais il faut l’art, la manière et le timing. C’est hallucinant qu’on ait débattu pendant quinze jours autour de l’affaire Tex. Sa grammaire n’est pas mauvaise mais sur le fond sa vanne est mauvaise. Elle ne fait pas sens. Même si c’est outrancier, l’humour doit faire sens.»

Jean-Marc Dumontet, producteur de spectacles : «On est hélas moins Charlie»

«Après les attaques, on s’interroge sur la façon dont on va traiter certains sujets. Mais les changements ont été minimes. Des humoristes les ont éludés. D’autres ont été courageux et ont continué, je pense à quelqu’un comme Stéphane Guillon. D’autres, enfin, parmi les jeunes, se sont révélés, comme Vérino, et se sont emparés de sujets où on ne les attendait pas. Nous avions fait une soirée avec des humoristes après Charlie. Il y avait des césures entre ceux qui avaient envie de bénéficier de cette liberté d’expression forte et ceux qui refusaient. Ces fractures sont toujours présentes. L’élan après Charlie était très fort. Aujourd’hui, hélas, on est beaucoup moins Charlie. Les humoristes sont au diapason de la société française.

«Je n’ai pas du tout changé mes habitudes de producteur, je ne cherche pas à me surprotéger juridiquement, je ne trie pas les sujets. La liberté que nous avons, il faut en user et en abuser. Aucun tabou. Des artistes m’ont demandé de relire leur texte, après les attentats, je leur ai dit de ne rien modifier.

«Comme tout le monde, les humoristes ont aussi le droit de se tromper. Ceux qui prennent des risques avancent. Par exemple, avec Canteloup, on avait dérapé sur l’affaire Théo. C’était nul, on s’est plantés, on s’est excusés. L’humour, c’est d’être un sale gosse. Si on doit être gentil et aimable, ce n’est pas de l’humour. Et si on a peur d’un procès, on n’est plus humoriste. En trois ans, l’humour n’a pas changé, mais la société française a changé.»

Nelly Quemener, chercheuse en sciences de la communication : «L’humour pâtit d’un déficit d’analyse»

«Il me semble que quelque temps après les attentats, il était possible de noter une certaine division entre des artistes qui marquaient leur adhésion pleine et entière à la conception de la liberté d’expression telle que définie et défendue par Charlie et une attitude plus critique, distanciée, à l’égard de cette notion lorsqu’elle amène à stigmatiser certaines minorités, comme les musulmans - Océanerosemarie est l’une des rares à défendre ouvertement cette position.

«On aurait pu s’attendre à ce que les attentats poussent les humoristes à s’emparer davantage de la question de la religion, mais ça n’a pas été le cas. Jérémy Ferrari, par exemple, s’y attelait avant les attentats et s’y attelle encore aujourd’hui, de même que Sophia Aram. Mais je ne crois pas qu’il y ait eu de mutation majeure. Une certaine dépolitisation du rire, sur la scène stand-up, a continué. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, les associations féministes et antiracistes, les possibilités de critique d’un humour dominant (blanc, hétérosexuel, masculin) sont beaucoup plus étendues, il y a un éclatement des contradicteurs. Ce qui est surtout frappant, c’est que l’humour est au cœur des débats sociétaux mais pâtit toujours d’un déficit d’analyse. Ce n’est pas un champ constitué à part entière, ni à l’université ni dans les médias. Or la question ne peut plus être aussi binaire que : les censeurs d’un côté, les défenseurs de la liberté d’expression de l’autre. Ne devrait-on pas surtout apprendre à critiquer davantage les productions humoristiques ?»

Pierre-Emmanuel Barré, humoriste : «Le principe reste la moquerie»

«Autocensure. C’est quand on empêche les gens de conduire des voitures ? Ouais, bon. Par exemple ça, c’était pas très drôle, j’aurais dû m’autocensurer. La seule autocensure intelligente, c’est quand c’est pas assez drôle.

«Autodérision. C’est quand on se moque des gens qui conduisent ? Pardon, je le ferai plus.

«Attaque. Attaquer une communauté dominante, c’est drôle ; attaquer une communauté opprimée, c’est lâche. C’est plus tentant de faire une blague sur un homme politique blanc qui a des actions Monsanto que sur un rom myopathe noir musulman et transsexuel qui vient de fuir la Libye pour l’Angleterre, même si, vu le poids de son fauteuil roulant, il est plus probablement au fond de la Méditerranée qu’à Londres.

«Tabous. Il n’y en a pas. Juste des thèmes qui sont plus compliqués à traiter. Mais si on arrive à être drôle, il n’y a pas de raison de ne pas le faire. Et si c’est raté, c’est pas grave, ça arrive à tout le monde de se tromper. Si on met en prison les gens qui font mal leur métier, Gérard Collomb va rapidement aller explorer sa sexualité sous les douches de Fleury.

«Victimes. Le principe de l’humour reste la caricature et la moquerie, si c’est bien fait, ça peut faire rire tout le monde. Une bonne vanne sur le programme d’Emmanuel Macron est censée faire rigoler de la même manière un ouvrier Whirlpool et Pierre Gattaz, même si Pierre sera moins d’accord puisque c’est lui qui a écrit le programme.»

http://www.liberation.fr/evenements-libe/2018/01/05/charlie-que-reste-t-il-de-nos-humours_1620676

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Membre, 50ans Posté(e)
SPQR Membre 879 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
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Membre, 50ans Posté(e)
SPQR Membre 879 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
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Membre, 57ans Posté(e)
landbourg Membre 2 075 messages
Forumeur expérimenté‚ 57ans‚
Posté(e)

J'ai lu longtemps charlie jusqu'à l'affaire siné. Le numéro après les attentats c m'a buraliste qui  me l'a offert. J'étais le seul à lui prendre pendant des années. L'unanimité post attentat m'a fait tout drôle. D'un seul coup ils devenaient fréquentables pour la majorité. Une autre époque commencait. 

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Membre, 50ans Posté(e)
SPQR Membre 879 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
Posté(e)
il y a 35 minutes, landbourg a dit :

J'ai lu longtemps charlie jusqu'à l'affaire siné. Le numéro après les attentats c m'a buraliste qui  me l'a offert. J'étais le seul à lui prendre pendant des années. L'unanimité post attentat m'a fait tout drôle. D'un seul coup ils devenaient fréquentables pour la majorité. Une autre époque commencait. 

Je possède une dizaine de numéros de la Grosse Bertha (achetés entre 1991 et 1992), ça t'intéresse ?

C'était très con, pire que Charlie selon moi, mais plus marrant je trouve aussi. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grosse_Bertha_(journal)

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Membre, 57ans Posté(e)
landbourg Membre 2 075 messages
Forumeur expérimenté‚ 57ans‚
Posté(e)
il y a 38 minutes, SPQR a dit :

C'était très con, pire que Charlie selon moi, mais plus marrant je trouve aussi. 

Je prenais aussi. Ouais c'était décapant. Ils osaient tout et si t'étais choqué tu lisais pas et puis c tout. 

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Membre, 50ans Posté(e)
SPQR Membre 879 messages
Baby Forumeur‚ 50ans‚
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Oui, c'était décapant, ado j'aimais beaucoup la Grosse Bertha :D

 

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Invités, Posté(e)
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A qui profite le rire ?

A quoi sert l’humour ? Qui sert-il ? Si l’on peut rire de tout, encore faut-il savoir le faire «avec» et non «contre».

 

«Peut-on (encore) rire de tout ?» titrait il y a quelques jours le Parisien, posant une double question : a-t-on moins de liberté aujourd’hui en tant qu’humoriste quant aux sujets qu’on peut aborder, et quel est cet «avant», ce temps béni des… oups, je m’égare, ce temps où on pouvait rire de tout et où le «vivre-ensemble» régnait, paraît-il, dans la société française ?

Force est de constater une immense confusion dès qu’on parle d’humour et de «liberté d’expression». Apparemment, l’humour serait un lieu sacré et intouchable, et exprimer toute opinion quant à ce qui est drôle ou pas est immédiatement perçu comme du fascisme et assimilé à de la «censure»…

Petit préalable à mon propos : je tiens à rappeler que je n’ai pas le pouvoir de la censure. En effet, la censure vient, par définition, de l’Etat et des lieux de pouvoir - auquel ni moi ni mon amie Rokhaya Diallo n’appartenons (pas faute d’avoir tenté, hein !)

Néanmoins, tous ces défenseurs de la liberté sont d’accord, et moi avec, pour que Dieudonné n’ait plus droit à la parole dans les médias traditionnels parce que lui, c’est «de l’incitation à la haine et plus de l’humour».

Charlie Hebdo, qui s’autoproclame grand maître de l’humour noir et que si-on-trouve-pas-ça-drôle-c’est-qu’on-est-vraiment-des-gros-cons-coinços, journal sans limite aucune, disent-ils, ont pourtant viré Siné en trois minutes en expliquant que ses dessins «pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n’était ni acceptable ni défendable devant un tribunal». On est donc d’accord : l’antisémitisme n’est pas acceptable, même déguisé en blague !

Mais Riss, dans son édito du 20 décembre, fait mine de n’avoir toujours pas compris la différence entre «rire avec» et «rire contre». Quand le journal, au lendemain des attentats de Barcelone titre «Islam, religion de paix… éternelle !» avec un dessin de cadavres, il manque, à mon sens, une occasion unique de «rire avec» : en effet, les musulmans sont de loin la première cible des terroristes. Charlie Hebdo aurait donc eu tout le loisir d’acter ce sinistre point commun et de rire avec les musulmans, et avec tout le cynisme qui les caractérise, contre Daech, non ? Bah, non. C’est plus marrant de rire contre les musulmans et de, une fois encore, faire l’amalgame entre une religion et des terroristes politiques. C’est plus marrant ou… ça fait plus vendre ? Je vous laisse juger.

Mais alors, à quel moment ce n’est plus de l’humour ? Ça commence quand, «l’incitation à la haine» ? Et, surtout, qui a la légitimité de définir cette limite entre gaudriole et violence ? Je me permets une hypothèse : et si c’était, tout simplement, les personnes concernées ? Est-ce que, quand Griezmann fait un «blackface», plutôt que de rabâcher en boucle «on peut pu’ rire de rien !» et «j’le connais, il est pas raciste !», ne pourrait-on pas plutôt écouter les personnes concernées qui nous expliquent pourquoi le blackface, c’est pas drôle ?

Il faut en finir avec la mauvaise foi et regarder les choses en face : ceux qui hurlent à la censure dès que les groupes discriminés s’expriment sont bien les nostalgiques d’une époque où ces groupes étaient suffisamment silenciés pour qu’on puisse se foutre de leur gueule sans en subir la moindre conséquence. Mais ce temps-là est révolu, et vous savez quoi, en tant que militante, je m’en réjouis.

Et en tant qu’humoriste, il me semble fort intéressant de nous demander à quoi servent nos blagues et surtout qui elles servent. A l’accusation «qu’est-ce qu’on va se faire chier si on peut plus rire de tout !» ce «tout» désignant implicitement les personnes discriminées, je réponds que beaucoup d’humoristes aujourd’hui parviennent à être très drôles, sur tout, sans dégueuler haine ni mépris.

Pour exemple, Nicole Ferroni fait des chroniques depuis plus de quatre ans sur France Inter sans offenser personne, si ce n’est les politiques et les grands patrons qui le valent bien. VDB et Madenian parviennent à faire des pastilles quotidiennes sur un média hyperpopulaire sans taper systématiquement sur les bonnes femmes, les grosses ou les Arabes, comme quoi, humour populaire ne rime pas forcément avec clichés haineux ; la liste d’humoristes de talent est longue, surtout, si on y glisse les humoristes anglo-saxons, Ricky Gervais en tête, qui composent avec les minorités depuis bien longtemps et n’en sont pas moins à hurler de rire, cyniques s’ils le souhaitent, et n’évitant aucun sujet.

La question n’est pas de créer des tabous, mais de prendre en compte une réalité : si toute la journée, à la télé, on balance des blagues sexistes, qui dédramatisent le viol, le racisme ou l’homophobie et ben, devinez quoi ? les actes racistes, sexistes, ou homophobes s’en retrouvent banalisés et progressent. Ce n’est pas moi qui le dis mais des sociologues qui se sont penchés sur la question. Il me semble donc intéressant de quitter cette posture de «oh ça va, c’est de l’humour !» comme si l’humour était déconnecté d’un contexte social et qu’ils ne s’interpénétraient pas. Et arrêtez de dire que bientôt on ne pourra plus faire de blagues sur les Bretons ou les pigeons. Ni les uns ni les autres ne subissent de discrimination de la part de l’Etat, de l’entreprise ou dans l’accès au logement !

Et pour ceux qui citent inlassablement Coluche et Desproges en référence, rappelez-vous que leurs positions étaient très claires : ils se moquaient des dominants, et quand Coluche faisait une blague sexiste, il était clair qu’il se moquait du gros beauf sexiste et pas des femmes. Quand Desproges riait du cancer ou de la Shoah, il ne se foutait pas de la gueule des cancéreux ou des Juifs mais nous offrait une salvatrice catharsis. Donc oui, nous sommes d’accord, on peut rire d’absolument tout : la pédophilie, le handicap, les religions, les homos, le viol… Encore faut-il avoir le talent et la générosité de le faire en incluant et non pas en écrasant.

Océanerosemarie Auteure et comédienne

http://www.liberation.fr/debats/2018/01/02/a-qui-profite-le-rire_1619966

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 779 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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A quoi sert l'humour? Quelle question idiote! Et de quel droit tu te permets de juger de quoi on a le droit de rire?

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il y a 13 minutes, Gouderien a dit :

A quoi sert l'humour? Quelle question idiote! Et de quel droit tu te permets de juger de quoi on a le droit de rire?

En l’occurrence ce n'est pas ce qu'elle fait, elle explique surtout pourquoi quand c'est fait pour les mauvaises raisons ça ne fait pas rire.

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 779 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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il y a 6 minutes, fx. a dit :

En l’occurrence ce n'est pas ce qu'elle fait, elle explique surtout pourquoi quand c'est fait pour les mauvaises raisons ça ne fait pas rire.

Et qui juge des bonnes et des mauvaises raisons de rire? Tout cela me paraît participer du "politiquement correct" ambiant, qui est l'Inquisition moderne.

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Invité fx.
Invités, Posté(e)
Invité fx.
Invité fx. Invités 0 message
Posté(e)
à l’instant, Gouderien a dit :

Et qui juge des bonnes et des mauvaises raisons de rire? Tout cela me paraît participer du "politiquement correct" ambiant, qui est l'Inquisition moderne.

Voilà de quoi te mettre sur la voie puisque visiblement l'article n'infuse pas :

bingo-humour-oppressif5.jpg

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 779 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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L'article n'infuse pas, et ton tableau "Bingo de l'humour oppressif" non plus. Je trouve ça juste gonflant.

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Invité s
Invités, Posté(e)
Invité s
Invité s Invités 0 message
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il y a une heure, fx. a dit :

A qui profite le rire ?

A quoi sert l’humour ? Qui sert-il ? Si l’on peut rire de tout, encore faut-il savoir le faire «avec» et non «contre».

 

«Peut-on (encore) rire de tout ?» titrait il y a quelques jours le Parisien, posant une double question : a-t-on moins de liberté aujourd’hui en tant qu’humoriste quant aux sujets qu’on peut aborder, et quel est cet «avant», ce temps béni des… oups, je m’égare, ce temps où on pouvait rire de tout et où le «vivre-ensemble» régnait, paraît-il, dans la société française ?

Force est de constater une immense confusion dès qu’on parle d’humour et de «liberté d’expression». Apparemment, l’humour serait un lieu sacré et intouchable, et exprimer toute opinion quant à ce qui est drôle ou pas est immédiatement perçu comme du fascisme et assimilé à de la «censure»…

Petit préalable à mon propos : je tiens à rappeler que je n’ai pas le pouvoir de la censure. En effet, la censure vient, par définition, de l’Etat et des lieux de pouvoir - auquel ni moi ni mon amie Rokhaya Diallo n’appartenons (pas faute d’avoir tenté, hein !)

Néanmoins, tous ces défenseurs de la liberté sont d’accord, et moi avec, pour que Dieudonné n’ait plus droit à la parole dans les médias traditionnels parce que lui, c’est «de l’incitation à la haine et plus de l’humour».

Charlie Hebdo, qui s’autoproclame grand maître de l’humour noir et que si-on-trouve-pas-ça-drôle-c’est-qu’on-est-vraiment-des-gros-cons-coinços, journal sans limite aucune, disent-ils, ont pourtant viré Siné en trois minutes en expliquant que ses dessins «pouvaient être interprétés comme faisant le lien entre la conversion au judaïsme et la réussite sociale, et ce n’était ni acceptable ni défendable devant un tribunal». On est donc d’accord : l’antisémitisme n’est pas acceptable, même déguisé en blague !

Mais Riss, dans son édito du 20 décembre, fait mine de n’avoir toujours pas compris la différence entre «rire avec» et «rire contre». Quand le journal, au lendemain des attentats de Barcelone titre «Islam, religion de paix… éternelle !» avec un dessin de cadavres, il manque, à mon sens, une occasion unique de «rire avec» : en effet, les musulmans sont de loin la première cible des terroristes. Charlie Hebdo aurait donc eu tout le loisir d’acter ce sinistre point commun et de rire avec les musulmans, et avec tout le cynisme qui les caractérise, contre Daech, non ? Bah, non. C’est plus marrant de rire contre les musulmans et de, une fois encore, faire l’amalgame entre une religion et des terroristes politiques. C’est plus marrant ou… ça fait plus vendre ? Je vous laisse juger.

Mais alors, à quel moment ce n’est plus de l’humour ? Ça commence quand, «l’incitation à la haine» ? Et, surtout, qui a la légitimité de définir cette limite entre gaudriole et violence ? Je me permets une hypothèse : et si c’était, tout simplement, les personnes concernées ? Est-ce que, quand Griezmann fait un «blackface», plutôt que de rabâcher en boucle «on peut pu’ rire de rien !» et «j’le connais, il est pas raciste !», ne pourrait-on pas plutôt écouter les personnes concernées qui nous expliquent pourquoi le blackface, c’est pas drôle ?

Il faut en finir avec la mauvaise foi et regarder les choses en face : ceux qui hurlent à la censure dès que les groupes discriminés s’expriment sont bien les nostalgiques d’une époque où ces groupes étaient suffisamment silenciés pour qu’on puisse se foutre de leur gueule sans en subir la moindre conséquence. Mais ce temps-là est révolu, et vous savez quoi, en tant que militante, je m’en réjouis.

Et en tant qu’humoriste, il me semble fort intéressant de nous demander à quoi servent nos blagues et surtout qui elles servent. A l’accusation «qu’est-ce qu’on va se faire chier si on peut plus rire de tout !» ce «tout» désignant implicitement les personnes discriminées, je réponds que beaucoup d’humoristes aujourd’hui parviennent à être très drôles, sur tout, sans dégueuler haine ni mépris.

Pour exemple, Nicole Ferroni fait des chroniques depuis plus de quatre ans sur France Inter sans offenser personne, si ce n’est les politiques et les grands patrons qui le valent bien. VDB et Madenian parviennent à faire des pastilles quotidiennes sur un média hyperpopulaire sans taper systématiquement sur les bonnes femmes, les grosses ou les Arabes, comme quoi, humour populaire ne rime pas forcément avec clichés haineux ; la liste d’humoristes de talent est longue, surtout, si on y glisse les humoristes anglo-saxons, Ricky Gervais en tête, qui composent avec les minorités depuis bien longtemps et n’en sont pas moins à hurler de rire, cyniques s’ils le souhaitent, et n’évitant aucun sujet.

La question n’est pas de créer des tabous, mais de prendre en compte une réalité : si toute la journée, à la télé, on balance des blagues sexistes, qui dédramatisent le viol, le racisme ou l’homophobie et ben, devinez quoi ? les actes racistes, sexistes, ou homophobes s’en retrouvent banalisés et progressent. Ce n’est pas moi qui le dis mais des sociologues qui se sont penchés sur la question. Il me semble donc intéressant de quitter cette posture de «oh ça va, c’est de l’humour !» comme si l’humour était déconnecté d’un contexte social et qu’ils ne s’interpénétraient pas. Et arrêtez de dire que bientôt on ne pourra plus faire de blagues sur les Bretons ou les pigeons. Ni les uns ni les autres ne subissent de discrimination de la part de l’Etat, de l’entreprise ou dans l’accès au logement !

Et pour ceux qui citent inlassablement Coluche et Desproges en référence, rappelez-vous que leurs positions étaient très claires : ils se moquaient des dominants, et quand Coluche faisait une blague sexiste, il était clair qu’il se moquait du gros beauf sexiste et pas des femmes. Quand Desproges riait du cancer ou de la Shoah, il ne se foutait pas de la gueule des cancéreux ou des Juifs mais nous offrait une salvatrice catharsis. Donc oui, nous sommes d’accord, on peut rire d’absolument tout : la pédophilie, le handicap, les religions, les homos, le viol… Encore faut-il avoir le talent et la générosité de le faire en incluant et non pas en écrasant.

Océanerosemarie Auteure et comédienne

http://www.liberation.fr/debats/2018/01/02/a-qui-profite-le-rire_1619966

Je la rejoins dans ces propos  et particulièrement savoir le faire avec et non contre.

Car en effet, par exemple, une personne qui vit très  mal le racisme et qui va en faire de l’humour, va le faire avec provocation, moquerie…Ceux qui vont en rire, c’est ceux qui seront contre le racisme mais les racistes peuvent le prendre mal car c’est rire contre eux. Alors qu’une personne qui en a un certain recul peut faire rire même les racistes car c’est rire avec eux. Pour être un bon humoriste, celui-ci doit pouvoir rire lui-même de toutes situations qu’il évoque. L’humoriste transmet un message à tous, si la personne a une certaine distance avec le sujet qu’elle aborde alors que s’il en ressent un mépris, cela se reflétera à travers son discours d’où ceux concernés n’y verront pas de l’humour. En dehors de cela bien sûr cela n’empêche pas que certains humoristes peuvent être accusés à tort d’avoir eu des propos racistes ou autres…

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 11 377 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)

Je n'ai rien comprit .. en même temps je n'ai aucun humour .. :pardon:

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Membre, 7ans Posté(e)
bouddean Membre 10 307 messages
Maitre des forums‚ 7ans‚
Posté(e)
il y a 27 minutes, Sittelle a dit :

Je n'ai rien comprit .. en même temps je n'ai aucun humour .. :pardon:

:hi:

Tiens, vous fonctionnez à l'inverse des autres vous, d'habitude, quand on ne comprend pas c'est les autres qu'on accuse de ne pas avoir d'humour .:D 

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Membre, 57ans Posté(e)
landbourg Membre 2 075 messages
Forumeur expérimenté‚ 57ans‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, SPQR a dit :

Oui, c'était décapant, ado j'aimais beaucoup la Grosse Bertha :D

 

C marrant ce que tu dis me rappelle quelqu'un de ma famille qui avait acheté Charlie après la tuerie, il croyait que c'était un truc genre Marius ou le hérisson, p'tain il a été déçu. 

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Membre, 113ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 113ans‚
Posté(e)
Il y a 7 heures, fx. a dit :

«Rire avec» versus «rire contre» ?

rire avec ou contre une kalachnikov ça n'est pas du tout la même chose ...

il y a eu l'humour avant Charlie et l'humour après ...on ne peut plus rire de tout avec tout le monde ,et si on ne peut plus rire de l'islam ,on ne pourra non plus rire des juifs ou des chrétiens ,ou des handicapés ,sous peine de se faire remettre en place avec une allusion à un manque de courage .....

on comprend bien le malaise des humoristes ...

 

 

 

 

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Invité fx.
Invités, Posté(e)
Invité fx.
Invité fx. Invités 0 message
Posté(e)
il y a 25 minutes, stvi a dit :

rire avec ou contre une kalachnikov ça n'est pas du tout la même chose ...

il y a eu l'humour avant Charlie et l'humour après ...on ne peut plus rire de tout avec tout le monde ,et si on ne peut plus rire de l'islam ,on ne pourra non plus rire des juifs ou des chrétiens ,ou des handicapés ,sous peine de se faire remettre en place avec une allusion à un manque de courage .....

on comprend bien le malaise des humoristes ...

 

 

 

 

Visiblement le passage sur l'humour a l'encontre des dominants a un peu de mal à passer mais n'etait ce pas la devise d'un ancien premier ministre cher à ton coeur que d'être fort avec les faibles et faible avec les forts ? 

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Membre, Posté(e)
LouiseAragon Membre 14 351 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 12 heures, Gouderien a dit :

Et qui juge des bonnes et des mauvaises raisons de rire? Tout cela me paraît participer du "politiquement correct" ambiant, qui est l'Inquisition moderne.

Il y a la liberté de faire une "bonne blague" pour faire rire et celle de ne pas rire à toutes les blagues ! C'est politiquement correct aussi de ne pas trouver drôles les blagues racistes par exemple... C'est ça la liberté, non ? 

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