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Ces pays qu'on appelle -allégoriquement- les pays des Arabes


bena11

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

:noel: peau-aime

J'essaie, depuis l'enfance, de dessiner ces pays

Qu'on appelle-allégoriquement-les pays des Arabes

Pays qui me pardonneraient si je brisais le verre de la lune...

Qui me remercieraient si j'écrivais un poème d'amour

Et qui me permettraient d'exercer l'amour

Aussi librement que les moineaux sur les arbres...

J'essaie de dessiner des pays...

Qui m'apprendraient à toujours vivre au diapason de l'amour

Ainsi, j'étendrai pour toi, l'été, la cape de mon amour

Et je presserai ta robe, l'hiver, quand il se mettra à pleuvoir...

J'essaie de dessiner des pays...

Avec un Parlement de jasmin...

Avec un peuple aussi délicat que le jasmin...

Où les colombes sommeillent au dessus de ma tête

Et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes

J'essaie de dessiner des pays intimes avec ma poésie

Et qui ne se placent pas entre moi et mes rêveries

Et où les soldats ne se pavanent pas sur mon front

J'essaie de dessiner des pays...

Qui me récompensent quand j'écris une poésie

Et qui me pardonnent quand déborde le fleuve de ma folie...

J'essaie de dessiner une cité d'amour

Libérée de toutes inhibitions...

Et où la féminité n'est pas égorgée... ni nul corps opprimé

J'ai parcouru le Sud... J'ai parcouru le Nord...

Mais en vain...

Car le café de tous les cafés a le même arôme...

Et toutes les femmes une fois dénudées

Sentent le même parfum...

Et tous les hommes de la tribu ne mastiquent point ce qu'ils mangent

Et dévorent les femmes une à la seconde

J'essaie depuis le commencement...

De ne ressembler à personne...

Disant non pour toujours à tout discours en boîte de conserve

Et rejetant l'adoration de toute idole...

J'essaie de brûler tous les textes qui m'habillent

Certains poèmes sont pour moi une tombe

Et certaines langues linceul.

Je pris rendez-vous avec la dernière femme

Mais j'arrivai bien après l'heure

J'essaie de renier mon vocabulaire

De renier la malédiction du "Mubtada" et du "Khabar"

De me débarrasser de ma poussière et me laver le visage à l'eau de pluie...

J'essaie de démissionner de l'autorité du sable...

Adieu Koraich...

Adieu Kouleib...

Adieu Mudar...

J'essaie de dessiner ces pays

Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,

Où mon lit est solidement attaché,

Et où ma tête est bien ancrée,

Pour que je puisse différencier entre les pays et les vaisseaux...

Mais... ils m'ont pris ma boîte de dessin,

M'interdisent de peindre le visage de mon pays... ;

J'essaie depuis l'enfance

D'ouvrir un espace en jasmin.

J'ai ouvert la première auberge d'amour... dans l'histoire des Arabes...

Pour accueillir les amoureux...

Et j'ai mis fin à toutes les guerres d'antan entre les hommes et les femmes,

Entre les colombes... et ceux qui égorgent les colombes...

Entre le marbre... et ceux qui écorchent la blancheur du marbre...

Mais... ils ont fermé mon auberge...

Disant que l'amour est indigne de l'Histoire des Arabes

De la pureté des Arabes...

De l'héritage des Arabes...

Quelle aberration !!

J'essaie de concevoir la configuration de la patrie ?

De reprendre ma place dans le ventre de ma mère,

Et de nager à contre courant du temps,

Et de voler figues, amandes, et pêches,

Et de courir après les bateaux comme les oiseaux

J'essaie d'imaginer le jardin de l'Eden?

Et les potentialités de séjour entre les rivières d'onyx?

Et les rivières de lait...

Quand me réveillant... je découvris la futilité de mes rêves.

Il n'y avait pas de lune dans le ciel de Jéricho...

Ni de poisson dans les eaux de l'Euphrate...

Ni de café à Aden...

J'essaie par la poésie... de saisir l'impossible...

Et de planter des palmiers...

Mais dans mon pays, ils rasent les cheveux des palmiers...

J'essaie de faire entendre plus haut le hennissement des chevaux ;

Mais les gens de la cité méprisent le hennissement !!

J'essaie, Madame, de vous aimer...

En dehors de tous les rituels...

En dehors de tous textes.

En dehors de tous lois et de tous systèmes.

J'essaie, Madame, de vous aimer...

Dans n'importe quel exil où je vais...

Afin de sentir, quand je vous étreins, que je serre entre mes bras le terreau de mon

pays.

J'essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,

Des sages des Arabes... des poètes des Arabes...

Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife

pour une poignée de riz... et cinquante dirhams...

Quelle horreur !!

Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes...

Et les dates mûres...

Quelle horreur !!

Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes...

Devant tout président venant de l'inconnu..

Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple...

Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d'or...

Quelle horreur !!

Moi, depuis cinquante ans

J'observe la situation des Arabes.

Ils tonnent sans faire pleuvoir...

Ils entrent dans les guerres sans s'en sortir...

Ils mâchent et rabâchent la peau de l'éloquence

Sans en rien digérer.

Moi, depuis cinquante ans

J'essaie de dessiner ces pays

Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,

Tantôt couleur de sang,

Tantôt couleur de colère.

Mon dessin achevé, je me demandai :

Et si un jour on annonce la mort des Arabes...

Dans quel cimetière seront-ils enterrés ?

Et qui les pleurera ?

Eux qui n'ont pas de filles...

Eux qui n'ont pas de garçons...

Et il n'y a pas là de chagrin

Et il n'y a là personne pour porter le deuil !!

J'essaie depuis que j'ai commencé à écrire ma poésie

De mesurer la distance entre mes ancêtres les Arabes et moi-même.

J'ai vu des armées... et point d'armées...

J'ai vu des conquêtes et point de conquêtes...

J'ai suivi toutes les guerres sur la télé...

Avec des morts sur la télé...

Avec des blessés sur la télé...

Et avec des victoires émanant de Dieu... sur la télé...

Oh mon pays, ils ont fait de toi un feuilleton d'horreur

Dont nous suivons les épisodes chaque soir

Comment te verrions-nous s'ils nous coupent le courant ??

Moi, après cinquante ans,

J'essaie d'enregistrer ce que j'ai vu...

J'ai vue des peuples croyant que les agents de renseignements

Sont ordonnés par Dieu... comme la migraine... comme le rhume...

Comme la lèpre... comme la gale...

J'ai vue l'arabisme mis à l'encan des antiquités.

:hu:

NIZAR QABBANI

.

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 955 messages
Forumeur confit,
Posté(e)

C’est bien gentil la poésie !

Mais si les pays arabes pouvaient essayer d’abord de s’entendre entre eux, le monde et l’humanité entière s’en porterait beaucoup mieux.

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 283 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Vous négligez tous les apports des Arabes à la civilisation du monde. C'est vrai que depuis qu'ils ont connu l'Islam, ils n'ont rien créé, sauf des dissensions. Vive la religion !

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Membre, 60ans Posté(e)
Laurent13 Membre 2 608 messages
Baby Forumeur‚ 60ans‚
Posté(e)

C'est vrai une belle poésie. Mais combien d'arabes se reconnaissent dans ces vers. Dans cette paisible vie, combien ?

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Membre, 65ans Posté(e)
2strass Membre 1 234 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

C’est bien gentil la poésie !

Mais si les pays arabes pouvaient essayer d’abord de s’entendre entre eux, le monde et l’humanité entière s’en porterait beaucoup mieux.

Mais TOUS les PAYS et ETHNIES arabes se sont mis d'ACCORD sur le fait ........

de ne JAMAIS être d'accord :sleep:

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Mais TOUS les PAYS et ETHNIES arabes se sont mis d'ACCORD sur le fait ........

de ne JAMAIS être d'accord :sleep:

;)

De terrorisme on nous accuse

Si nous osons prendre défense

De notre femme et de la rose

Et de l'azur et du poème

Si nous osons prendre défense

D'une patrie sans eau sans air

D'une patrie qui a perdu

Sa tente et sa chamelle

Et même son café noir.

De terrorisme on nous accuse

Si nous osons prendre défense

De la crinière

De la reine de Saba

Des lèvres de Maysoun

Des noms de nos plus belles filles,

Du khol qui de leurs cils

En pluie retombe

Comme une chose révélée.

Certes vous ne trouverez pas

En ma possession

De poésie secrète

Ni de parler énigmatique

Ou des ouvrages clandestins,

Et par devers moi je ne garde

Aucun poème traversant

La rue, caché derrière son voile.

De terrorisme on nous accuse

Quand nous décrivons les dépouilles

D'une patrie

Décomposée et dénudée

Et dont les restes en lambeaux

Sont dispersés aux quatre vents…,

D'une patrie

Cherchant son adresse et son nom…

D'une patrie ne conservant

De ses antiques épopées

Que les élégies de Khansa…,

D'une patrie

Où ni le rouge, ni le jaune, ni le vert

Ne teignent plus les horizons…,

D'une patrie qui nous défend

D'écouter les informations

Ou d'acheter quelque journal…,

D'une patrie où les oiseaux

Sont censurés dans leurs chansons,

D'une patrie où, terrifiés,

Les écrivains ont pris le pli

D'écrire la page du néant…,

D'une patrie

Qui ressemblerait dans sa forme

A la poésie

Dans notre pays

Sorte de langage égaré

Improvisé

Sans aucun lien avec les êtres

Sans aucun lien avec leur terre

Ni avec les problèmes

Dans lesquels ils se débattent vainement,

D'une patrie allant pieds nus

Et sans aucune dignité

Vers la paix négociée…

D'une patrie

Où les hommes pris de panique

Ont fait pipi dans leurs culottes

Et où ne restent que les femmes.

Le sel amer est dans nos yeux

Et sur nos lèvres,

Il est dans nos propres propos.

Notre âme a-t-elle été touchée

De stérilité héritée

Léguée par la tribu Kahtane.

Dans notre nation,

Il n'y a plus de Mu'awya

Plus de Abu Sufiane

Plus personne pour crier « Gare » !

A la face de ceux qui ont abandonné

A autrui notre foyer

Et notre huile et notre pain

Transformant notre maison

Si heureuse en capharnaüm.

Il ne reste plus rien de notre poésie

Qui n'ait sur le lit sur tyran

Perdu sa virginité.

Du mépris nous avons pris

Le pli de l'habitude.

Que reste-t-il donc de l'homme

Lorsqu'il s'habitue au mépris ?

Je recherche dans les feuilles de l'Histoire

Usaman Ibn Munkid

Okba Ibn Nafi',

Je recherche Omar,

Je recherche Hamza,

Et Khalid chevauchant

Vers la Grande Syrie,

Je recherche al Mu'tacim

Sauvant les femmes

De la barbarie des envahisseurs

Et des furies des flammes,

Je recherche dans ce siècle attardé

Et ne trouve dans la nuit

Que des chats apeurés

Craignant pour leur personne

Le pouvoir des souris.

Avons-nous été atteints

De nationale cécité ?

Ou bien tout simplement

Souffrons-nous de daltonisme ?

De terrorisme on nous accuse

Quand nous refusons notre mort

Sous les râteaux israéliens

Qui ratissent notre terre

Qui ratissent notre Histoire

Qui ratissent notre Évangile

Qui ratissent notre Coran

Et le sol de nos prophètes.

Si c'est là notre crime

Que vive le terrorisme !

De terrorisme on nous accuse

Si nous refusons que les Juifs

Que les Mongols et les Barbares

Nous effacent de leur main.

Oui, nous lançons des pierres

Sur la maison de verre

Du Conseil de Sécurité

Soumis à l'empereur suprême.

De terrorisme on nous accuse

Lorsque nous refusons

De négocier avec les loups

Et de tendre nos deux bras

A la prostitution.

L'Amérique

Ennemie de la culture humaine

Elle-même sans culture,

Ennemie de l'urbaine civilisation

Dont elle-même est dépourvue,

L 'Amérique

Bâtisse géante

Mais sans murs.

De terrorisme on nous accuse

Si nous refusons un siècle

Où ce pays de lui-même satisfait

S'est érigé

En traducteur assermenté

De la langue des Hébreux.

.

NIZAR QABBANI

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Invité Atrebate
Invités, Posté(e)
Invité Atrebate
Invité Atrebate Invités 0 message
Posté(e)

Quand je fais caca je suis tout rouge

Quand je suis malade je suis tout gris

Quand je mange de la salade je suis tout vert

Et tu dis que j'ai une couleur

Ca me fait penser à ce poème QU'ILS OBLIGENT à apprendre aux enfants aujourd'hui.

1 ) "je ne suis pas ce que tu crois"

2 ) "je suis un peu ce que tu crois, mais c'est pas de ma faute tu est prié de ne pas en tenir compte"

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Membre, 60ans Posté(e)
Laurent13 Membre 2 608 messages
Baby Forumeur‚ 60ans‚
Posté(e)

Ce pays qui accueille les arabes...

Je vous salue, ma France, où les vents se calmèrent !

Ma France de toujours, que la géographie

Ouvre comme une paume aux souffles de la mer

Pour que l’oiseau du large y vienne et se confie.

Patrie également à la colombe ou l’aigle,

De l’audace et du chant doublement habitée !

Je vous salue, ma France, où les blés et les seigles

Mûrissent au soleil de la diversité…

Je vous salue, ma France, où le peuple est habile

À ces travaux qui font les jours émerveillés

Et que l’on vient de loin saluer dans sa ville

Paris, mon cœur, trois ans vainement fusillé !

Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe

Cet arc-en-ciel témoin qu’il ne tonnera plus,

Liberté dont frémit le silence des harpes ,

Ma France d’au-delà le déluge, salut !

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Quand je fais caca je suis tout rouge

Quand je suis malade je suis tout gris

Quand je mange de la salade je suis tout vert

Et tu dis que j'ai une couleur

Ca me fait penser à ce poème QU'ILS OBLIGENT à apprendre aux enfants aujourd'hui.

1 ) "je ne suis pas ce que tu crois"

2 ) "je suis un peu ce que tu crois, mais c'est pas de ma faute tu est prié de ne pas en tenir compte"

-_-

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Membre, 76ans Posté(e)
Anatole1800 Membre 4 346 messages
Baby Forumeur‚ 76ans‚
Posté(e)

Vous négligez tous les apports des Arabes à la civilisation du monde. C'est vrai que depuis qu'ils ont connu l'Islam, ils n'ont rien créé, sauf des dissensions. Vive la religion !

On ne néglige rien, et encore moins ce que les égyptiens, grecs, romains ou chinois (et autres), ont pu apporté au monde.

Si hier le monde arabe et même l'islam étaient, "brillants" cela n'empêche pas qu'aujourd'hui ce monde est dans un obscurantisme total !

Quand on tue pour des histoires à dormir debout, comme par exemple le blasphème, c'est que l'on est encore au moyen-âge et c'est inacceptable !

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

On ne néglige rien, pas plus ce que les égyptiens, grecs, romains ou chinois (et autres), ont pu apporté au monde.

Si hier le monde arabe et même l'islam étaient, "brillants" cela n'empêche pas qu'aujourd'hui ce monde est dans l'obscurantisme total !

:bad:

Belkis

lundi 22 décembre 2003.

Belkis : Nom de la femme de NIZAR QABBANI; c’est le nom, chez les Arabes, de la reine de Saba.

La femme du poète, diplomate à l’Ambassade d’Irak à Beyrouth, fut tuée dans un attentat à la bombe perpétré contre cette ambassade.

On n’a pas retrouvé son corps.

Belkis

Merci à vous,

Merci à vous,

Assassinée, ma bien aimée !

Vous pourrez dès lors

Sur la tombe de la martyre

Porter votre funèbre toast.

Assassinée ma poésie !

Est-il un peuple au monde,

Excepté nous-

Qui assassine le poème ?

O ma verdoyante Ninive !

O ma blonde bohémienne !

O vagues du Tigre printanier !

O toi qui portes aux chevilles

Les plus beaux des anneaux !

Ils t’ont tuée, Balkis !

Quel peuple arabe

Celui-là qui assassine

Le chant des rossignols !

Balkis, la plus belle des reines

Dans l’histoire de Babel !

Balkis, le plus haut des palmiers

Sur le sol d’Irak !

Quand elle marchait

Elle était entourée de paons,

Suivie de faons.

Balkis, ô ma douleur !

O douleur du poème à peine frôlé du doigt !

Est-il possible qu’après ta chevelure

Les épis s’élèveront encore vers le ciel ?

Où est donc passé ?

Où est donc parti ?

Les anciens preux, où sont-ils ?

Il n’y a plus que des tribus tuant des tribus,

Des renards tuant des renards,

Et des araignées tuant d’autres araignées.

Je te jure par tes yeux

Où viennent se réfugier des millions d’étoiles

Que, sur les Arabes, ma lune,

Je raconterai d’incroyables choses

L’héroïsme n’est-il qu’un leurre arabe ?

Ou bien, comme nous, l’Histoire est-elle mensongère ?

Balkis, ne t’éloigne pas de moi

Car, après toi, le soleil

Ne brille plus sur les rivages.

Au cours de l’instruction je dirai :

Le voleur s’est déguisé en combattant,

Au cours de l’instruction je dirai :

Le guide bien doué n’est qu’un vilain courtier.

Je dirai que cette histoire de rayonnement (arabe)

N’est une plaisanterie, la plus mesquine,

Voilà donc toute l’Histoire, ô Balkis !

Comment saura-t-on distinguer

Entre les parterres fleuris

Et les monceaux d’immondices ?

Blakis, toi la martyre, toi le poème,

Toi la toute-pure, toit la toute-sainte.

Le peuple de Saba, Balkis, cherche sa reine des yeux,

Rends donc au peuple son salut !

Toi la plus noble des reines,

Femme qui symbolise toutes les gloires des époques

sumériennes ! Balkis, toi mon oiseau le plus doux,

Toi mon icône la plus précieuse,

Toi larme répandue sur la joue de la Madeleine !

Ai-je été injuste à ton égard

En t’éloignant des rives d’Al A’damya ?

Beyrouth tue chaque jour l’un de nous,

Beyrouth chaque jour court après sa victime.

La mort rôde autour de la tasse de notre café,

La mort rôde dans la clé de notre appartement,

Elle rôde autour des fleurs de notre balcon,

Sur le papier de notre journal,

Et sur les lettres de l’alphabet.

Balkis ! sommes-nous une fois encore

Retournés à l’époque de la jahilia ?

Voilà que nous entrons dans l’ère de la sauvagerie,

De la décadence, de la laideur,

Voilà que nous entrons une nouvelle fois

Dans l’ère de la barbarie,

Ere où l’écriture est un passage

Entre deux éclats d’obus,

Ere où l’assassinat d’un frelon dans un champ

Est devenu la grande affaire.

Connaissez-vous ma bien aimée Balkis ?

Elle est le plus beau texte des œuvres de l’Amour,

Elle fut un doux mélange

De velours et de beau marbre.

Dans ses yeux on voyait la violette

S’assoupir sans dormir.

Balkis, parfum dans mon souvenir !

O tombe voyageant dans les nues !

Ils t’ont tuée à Beyrouth

Comme n’importe quelle autre biche,

Après avoir tué le verbe.

Balkis, ce n’est pas une élégie que je compose,

Mais je fais mes adieux aux Arabes,

Balkis, tu nous manques... tu nous manques...

Tu nous manques...

La maisonnée recherche sa princesse

Au doux parfum qu’elle traîne derrière elle.

Nous écoutons les nouvelles,

Nouvelles vagues, sans commentaires.

Balkis, nous sommes écorchés jusqu’à l’os.

Les enfants ne savent pas ce qui se passe,

Et moi, je ne sais pas quoi dire...

Frapperas-tu à la porte dans un instant ?

Te libéreras-tu de ton manteau d’hiver ?

Viendras-tu si souriante et si fraîche

Et aussi étincelante

Que les fleurs des champs ?

Balkis, tes épis verts

Continuent à pleurer sur les murs,

Et ton visage continue à se promener

Entre les miroirs et les tentures.

Même la cigarette que tu viens d’allumer

Ne fut pas éteinte,

Et sa fumée persistante continue à refuser

De s’en aller.

Balkis, nous sommes poignardés

Poignardés jusqu’à l’os

Et nos yeux sont hantés par l’épouvante.

Balkis, comment vas-tu pu prendre mes jours et mes rêves ?

Et as-tu supprimé les saisons et les jardins ?

Mon épouse, ma bien aimée,

Mon poème et la lumière de mes yeux,

Tu étais mon bel oiseau,

Comment donc as-tu pu t’enfuir ?

Balkis, c’est l’heure du thé irakien parfumé

Comme un bon vieux vin,

Qui donc distribuera les tasses, ô girafe ?

Qui a transporté à notre maison

L’Euphrate, les roses du Tigre et de

Balkis, la tristesse me transperce.

Beyrouth qui t’a tuée ignore son forfait,

Beyrouth qui t’a aimée

Ignore qu’elle a tué sa bien aimée

Et qu’elle a éteint la lune.

Balkis ! Balkis ! Balkis !

Tous les nuages te pleurent,

Qui donc pleurera sur moi ?

Balkis, comment vas-tu pu disparaître en silence

Sans avoir posé tes mains sur mes mains ?

Balkis, comment as-tu pu nous abandonner

Ballottés comme feuilles mortes par le vent ballottées,

Comment nous as-tu abandonnés nous trois

Perdus comme une plume dans la pluie ?

As-tu pensé à moi

Moi qui ai tant besoin de ton amour,

Comme Zeinab, comme Omar ?

Balkis, ô trésor de légende !

O lance irakienne !

O forêt de bambous !

Toi dont la taille a défié les étoiles,

D’où as-tu apporté toute cette fraîcheur juvénile ?

Balkis, toi l’amie, toi la compagne,

Toi la délicate comme une fleur de camomille.

Beyrouth nous étouffe, la mer nous étouffe,

Le lieu nous étouffe.

Balkis, ce n’est pas toi qu’on fait deux fois,

Il n’y aura pas de deuxième Balkis.

Balkis ! les détails de nos liens m’écorchent vif,

Les minutes et les secondes me flagellent de leurs coups,

Chaque petite épingle a son histoire,

Chacun de tes colliers en a plus d’une,

Même tes accroche-cœur d’or

Comme à l’accoutumée m’envahissent de tendresse.

La belle voix irakienne s’installe sur les tentures,

Sur les fauteuils et les riches vaisselles.

Tu jaillis des miroirs

Tu jaillis de tes bagues,

Tu jallis du poème,

Des cierges, des tasses

Et du vin de rubis.

Balkis, si tu pouvais seulement

Imaginer la douleur de nos lieux !

A chaque coin, tu volettes comme un oiseau,

Et parfumes le lieu comme une forêt de sureau.

Là, tu fumais ta cigarette,

Ici, tu lisais,

Là-bas tu te peignais telle un palmier,

Et, comme une épée yéménite effilée,

A tes hôtes tu apparaissais.

Balkis, où est donc le flacon de Guerlain ?

Où est le briquet bleu ?

Où est la cigarette Kent ?

Qui ne quittait pas tes lèvres ?

Où est le hachémite chantant

Son nostalgique chant ?

Les peignes se souviennent de leur passé

Et leurs larmes se figent ;

Les peignes souffrent-ils aussi de leur chagrin d’amour ?

Balkis, il m’est dur d’émigrer de mon sang

Alors que je suis assiégé entre les flammes du feu

Et les flammes des cendres.

Balkis, princesse !

Voilà que tu brûles dans la guerre des tribus.

Qu’écrirais-je sur le voyage de ma reine,

Car le verbe est devenu mon vrai drame ?

Voilà que nous recherchons dans les entassements des victimes Une étoile tombée du ciel,

Un corps brisé en morceaux comme un miroir brisé.

Nous voilà nous demander, ô ma bien aimé,

Si cette tombe est la tienne

Ou bien celle en vérité de l’arabisme ?

Balkis, ô sainte qui as étendu tes tresses sur moi !

O girafe de fière allure !

Balkis, notre justice arabe

Veut que nos propres assassins

Soient des Arabes,

Que notre chair soit mangée par des Arabes,

Que notre ventre soit éventré par des Arabes,

Comment donc échapper à ce destin ?

Le poignard arabe ne fait pas de différence

Entre les gorges des hommes

Et les gorges des femmes.

Balkis, s’ils t’ont fait sauter en éclats,

Sache que chez nous

Toutes les funérailles commencent

Et finissent à Karbala

Je ne lirai plus l’Histoire dorénavant,

Mes doigts sont brûlés

Et mes habits sont entachés de sang.

Voilà que nous abordons notre âge de pierre,

Chaque jour, nous reculons mille ans en arrière !

A Beyrouth la mer

A démissionné

Après le départ de tes yeux,

La poésie s’interroge sur son poème

Dont les mots ne s’agencent plus,

Et personne ne répond plus à la question,

Le chagrin, Balkis, presse mes yeux comme une orange.

Las ! je sais maintenant que les mots n’ont pas d’issue,

Et je connais le gouffre de la langue impossible ;

Moi qui ai inventé le style épistolaireBR> Je ne sais par quoi commencer une lettre,

Le poignard pénètre mon flanc

Et le flanc du verbe.

Balkis, tu résumes toute civilisation,

La femme n’est-elle pas civilisation ?

Balkis, tu es ma bonne grande nouvelle.

Qui donc m’en a dépouillé ?

Tu es l’écriture avant toute écriture,

Tu es l’île et le sémaphore,

Balkis, ô lune qu’ils ont enfouie

Parmi les pierres !

Maintenant le rideau se lève,

Le rideau se lève.

Je dirai au cours de l’instruction

Que je connais les noms, les choses, les prisonniers,

Les martyrs, les pauvres, les démunis.

Je dirai que je connais le bourreau qui a tué ma femme

Je reconnais les figures de tous les traîtres.

Je dirai que votre vertu n’est que prostitution

Que votre piété n’est que souillure,

Je dirai que notre combat est pur mensonge

Et que n’existe aucune différence

Entre politique et prostitution.

Je dirai au cours de l’instruction

Que je connais les assassins,

Je dirai que notre siècle arabe

Est spécialisé dans l’égorgement du jasmin,

Dans l’assassinat de tous les prophètes,

Dans l’assassinat de tous les messagers.

Même les yeux verts

Les Arabes les dévorent,

Même les tresses, mêmes les bagues,

Même les bracelets, les miroirs, les jouets,

Même les étoiles ont peur de ma patrie.

Et je ne sais pourquoi,

Même les oiseaux fuient ma patrie.

Et je ne sais pourquoi,

Même les étoiles, les vaisseaux et les nuages,

Même les cahiers et les livres,

Et toutes choses belles

Sont contre les Arabes.

Hélas, lorsque ton corps de lumière a éclaté

Comme une perle précieuse

Je me suis demandé

Si l’assassinat des femmes

N’est pas un dada arabe,

Ou bien si à l’origine

L’assassinat n’est pas notre vrai métier ?

Balkis, ô ma belle jument

Je rougis de toute mon Histoire.

Ici c’est un pays où l’on tue les chevaux,

Ici c’est un pays où l’on tue les chevaux.

Balkis, depuis qu’ils t’ont égorgée

O la plus douce des patries

L’homme ne sais comment vivre dans cette patrie,

L’homme ne sait comment vivre dans cette patrie.

Je continue à verser de mon sang

Le plus grand prix

Pour rendre heureux le monde,

Mais le ciel a voulu que je reste seul

Comme les feuilles de l’hiver.

Les poètes naissent-ils de la matrice du malheur ?

Le poète n’est-il qu’un coup de poignard sans remède porté au cœur ?

Ou bien suis-je le seul

Dont les yeux résument l’histoire des pleurs ?

Je dirai au cours de l’instruction

Comment ma biche fut tuée

Par l’épée de Abu Lahab,

Tous les bandits, du Golfe à l’Atlantique

Détruisent, incendient, volent,

Se corrompent, agressent les femmes

Comme le veut Abu Lahab,

Tous les chiens sont des agents

Ils mangent, se soûlent,

Sur le compte de Abu Lahab,

Aucun grain sous terre ne pousse

Sans l’avis de Abu Lahab

Pas un enfant qui naisse chez nous

Sans que sa mère un jour

N’ait visité la couche de Abu Lahab,

Pas une tête n’est décapitée sans ordre de Abu Lahab

La mort de Balkis

Est-elle la seule victoire

Enregistrée dans toute l’Histoire des Arabes ?

Balkis, ô ma bien aimée, bue jusqu’à la lie !

Les faux prophètes sautillent

Et montent sur le dos des peuples,

Mais n’ont aucun message !

Si au moins, ils avaient apporté

De cette triste Palestine

Une étoile,

Ou seulement une orange,

S’ils nous avaient apporté des rivages de Ghaza

Un petit caillou

Ou un coquillage,

Si depuis ce quart de siècle

Ils avaient libéré une olive

Ou restitué une orange,

Et effacé de l’Histoire la honte,

J’aurais alors rendu grâce à ceux qui t’ont tuée

O mon adorée jusqu’à la lie !

Mais ils ont laissé la Palestine à son sort

Pour tuer une biche !

Balkis, que doivent dire les poètes de notre siècle !

Que doit dire le poème

Au siècle des Arabes et non Arabes,

Au temps des païens,

Alors que le monde Arabe est écrasé

Ecrasé et sous le joug,

Et que sa langue est coupée.

Nous sommes le crime dans sa plus parfaite expression ;

Alors écartez de nous nos œuvres de culture.

O ma bien aimée, ils t’ont arrachée de mes mains,

Ils ont arraché le poème de ma bouche,

Ils ont pris l’écriture, la lecture,

L’enfance et l’espérance.

Balkis, Balkis, ô larmes s’égouttant sur les cils du violon

! Balkis, ô bien aimée jusqu’à la lie !

J’ai appris les secrets de l’amour à ceux qui t’ont tuée,

Mais avant la fin de la course,

Ils ont tué mon poulain.

Balkis, je te demande pardon ;

Peut être que ta vie a servi à racheter la mienne

Je sais pertinemment

Que ceux qui ont commis ce crime

Voulaient en fait attenter à mes mots.

Belle, dors dans la bénédiction divine,

Le poème après toi est impossible

Et la féminité aussi est impossible.

Des générations d’enfants

Continueront à s’interroger sur tes longues tresses,

Des générations d’amants

Continueront à lire ton histoire

O parfaite enseignante !

Les Arabes sauront un jour

Qu’ils ont tué une messagère

QU’ILS...ON....TU...E...UNE....MES...SA...GERE.

NIZAR QABBANI

Samwa’al (Ibn’Adya’), poète judéo-arabe (Vième siècle avant J.C.). On connaît de lui peu de pièces (88 vers), Abu Tammam incorpora de lui dans sa Hamassa un poème de fakhr. Il doit sa renommée à son histoire plutôt qu’à sa poésie. A donné naissance au dicton "plus loyal que Al Samaw’al. Le prince poète Imru’Al Kays avait confié ses armes à Al Samaw’al. Lorsque le philarque ghassanide Al Harith en eut vent, il se disposa à l’affronter. Celui-ci se retrancha dans sa forteresse. Or Al Harith s’assura de la personne du fils de Al Samwa’al, qui se trouvait hors du château et menaça de le tuer si Simawel refusait de lui livrer les armes en dépôt, mais celui-ci préféra voir son fils exécuté plutôt que trahir la confiance qui avait été mise en lui.

- Al Muhalhil (Ady Ibn Rabia) : poète arabe anté-islamique, un des héros de la Geste arabe. Oncle du poète prince Imru’ul Kays, connu pour son éloquence, sa finesse en poésie et sa beauté, il aimait les femmes et les chantait. Son frère ayant été tué, il cessa de boire et de fréquenter les femmes pour venger l’honneur de la famille. Dans la guerre entre les tribus de Bikr et de Thaghlab qui a duré quarante ans, Al Muhalhil a brillé par sa bravoure et ses nombreuses actions guerrières où il démontra un courage exemplaire.

- Jahilia : Epoque anti islamique où les arabes enterraient vivantes leurs filles.

- Marie Madeleine : a assisté à la passion du Christ et a essuyé ses pieds en pleurant.

- Al A’damya : Quartier de Baghdad.

- Ruçafa : Quartier de Baghdad.

- Karbala : Ville d’Irak où a eu lieu la bataille qui s’est terminée par la mort tragique de Hussein, fils de Ali gendre et cousin du Prophète. Les chi’ites en ont fait un lieu de pèlerinage en souvenir de ce martyrologue.

.

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Membre, 65ans Posté(e)
2strass Membre 1 234 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Qu'est ce que se topic fout dans internationale :dort:

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonne question.

C'est tout simplement des poèmes à connotation politique en relation avec la monde dit arabe.

:p

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Membre, Forumeur discret, 63ans Posté(e)
Kid_Ordinn Membre 9 594 messages
63ans‚ Forumeur discret,
Posté(e)

Mais heu...L'Arabie c'est ou,dites ?

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Membre, 114ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 114ans‚
Posté(e)

tu trouves ?

:bad:

Belkis

lundi 22 décembre 2003.

Belkis : Nom de la femme de NIZAR QABBANI; c’est le nom, chez les Arabes, de la reine de Saba.

La femme du poète, diplomate à l’Ambassade d’Irak à Beyrouth, fut tuée dans un attentat à la bombe perpétré contre cette ambassade.

On n’a pas retrouvé son corps.

Belkis

Merci à vous,

Merci à vous,

Assassinée, ma bien aimée !

Vous pourrez dès lors

Sur la tombe de la martyre

Porter votre funèbre toast.

Assassinée ma poésie !

Est-il un peuple au monde,

Excepté nous-

Qui assassine le poème ?

O ma verdoyante Ninive !

O ma blonde bohémienne !

O vagues du Tigre printanier !

O toi qui portes aux chevilles

Les plus beaux des anneaux !

Ils t’ont tuée, Balkis !

Quel peuple arabe

Celui-là qui assassine

Le chant des rossignols !

Balkis, la plus belle des reines

Dans l’histoire de Babel !

Balkis, le plus haut des palmiers

Sur le sol d’Irak !

Quand elle marchait

Elle était entourée de paons,

Suivie de faons.

Balkis, ô ma douleur !

O douleur du poème à peine frôlé du doigt !

Est-il possible qu’après ta chevelure

Les épis s’élèveront encore vers le ciel ?

Où est donc passé ?

Où est donc parti ?

Les anciens preux, où sont-ils ?

Il n’y a plus que des tribus tuant des tribus,

Des renards tuant des renards,

Et des araignées tuant d’autres araignées.

Je te jure par tes yeux

Où viennent se réfugier des millions d’étoiles

Que, sur les Arabes, ma lune,

Je raconterai d’incroyables choses

L’héroïsme n’est-il qu’un leurre arabe ?

Ou bien, comme nous, l’Histoire est-elle mensongère ?

Balkis, ne t’éloigne pas de moi

Car, après toi, le soleil

Ne brille plus sur les rivages.

Au cours de l’instruction je dirai :

Le voleur s’est déguisé en combattant,

Au cours de l’instruction je dirai :

Le guide bien doué n’est qu’un vilain courtier.

Je dirai que cette histoire de rayonnement (arabe)

N’est une plaisanterie, la plus mesquine,

Voilà donc toute l’Histoire, ô Balkis !

Comment saura-t-on distinguer

Entre les parterres fleuris

Et les monceaux d’immondices ?

Blakis, toi la martyre, toi le poème,

Toi la toute-pure, toit la toute-sainte.

Le peuple de Saba, Balkis, cherche sa reine des yeux,

Rends donc au peuple son salut !

Toi la plus noble des reines,

Femme qui symbolise toutes les gloires des époques

sumériennes ! Balkis, toi mon oiseau le plus doux,

Toi mon icône la plus précieuse,

Toi larme répandue sur la joue de la Madeleine !

Ai-je été injuste à ton égard

En t’éloignant des rives d’Al A’damya ?

Beyrouth tue chaque jour l’un de nous,

Beyrouth chaque jour court après sa victime.

La mort rôde autour de la tasse de notre café,

La mort rôde dans la clé de notre appartement,

Elle rôde autour des fleurs de notre balcon,

Sur le papier de notre journal,

Et sur les lettres de l’alphabet.

Balkis ! sommes-nous une fois encore

Retournés à l’époque de la jahilia ?

Voilà que nous entrons dans l’ère de la sauvagerie,

De la décadence, de la laideur,

Voilà que nous entrons une nouvelle fois

Dans l’ère de la barbarie,

Ere où l’écriture est un passage

Entre deux éclats d’obus,

Ere où l’assassinat d’un frelon dans un champ

Est devenu la grande affaire.

Connaissez-vous ma bien aimée Balkis ?

Elle est le plus beau texte des œuvres de l’Amour,

Elle fut un doux mélange

De velours et de beau marbre.

Dans ses yeux on voyait la violette

S’assoupir sans dormir.

Balkis, parfum dans mon souvenir !

O tombe voyageant dans les nues !

Ils t’ont tuée à Beyrouth

Comme n’importe quelle autre biche,

Après avoir tué le verbe.

Balkis, ce n’est pas une élégie que je compose,

Mais je fais mes adieux aux Arabes,

Balkis, tu nous manques... tu nous manques...

Tu nous manques...

La maisonnée recherche sa princesse

Au doux parfum qu’elle traîne derrière elle.

Nous écoutons les nouvelles,

Nouvelles vagues, sans commentaires.

Balkis, nous sommes écorchés jusqu’à l’os.

Les enfants ne savent pas ce qui se passe,

Et moi, je ne sais pas quoi dire...

Frapperas-tu à la porte dans un instant ?

Te libéreras-tu de ton manteau d’hiver ?

Viendras-tu si souriante et si fraîche

Et aussi étincelante

Que les fleurs des champs ?

Balkis, tes épis verts

Continuent à pleurer sur les murs,

Et ton visage continue à se promener

Entre les miroirs et les tentures.

Même la cigarette que tu viens d’allumer

Ne fut pas éteinte,

Et sa fumée persistante continue à refuser

De s’en aller.

Balkis, nous sommes poignardés

Poignardés jusqu’à l’os

Et nos yeux sont hantés par l’épouvante.

Balkis, comment vas-tu pu prendre mes jours et mes rêves ?

Et as-tu supprimé les saisons et les jardins ?

Mon épouse, ma bien aimée,

Mon poème et la lumière de mes yeux,

Tu étais mon bel oiseau,

Comment donc as-tu pu t’enfuir ?

Balkis, c’est l’heure du thé irakien parfumé

Comme un bon vieux vin,

Qui donc distribuera les tasses, ô girafe ?

Qui a transporté à notre maison

L’Euphrate, les roses du Tigre et de

Balkis, la tristesse me transperce.

Beyrouth qui t’a tuée ignore son forfait,

Beyrouth qui t’a aimée

Ignore qu’elle a tué sa bien aimée

Et qu’elle a éteint la lune.

Balkis ! Balkis ! Balkis !

Tous les nuages te pleurent,

Qui donc pleurera sur moi ?

Balkis, comment vas-tu pu disparaître en silence

Sans avoir posé tes mains sur mes mains ?

Balkis, comment as-tu pu nous abandonner

Ballottés comme feuilles mortes par le vent ballottées,

Comment nous as-tu abandonnés nous trois

Perdus comme une plume dans la pluie ?

As-tu pensé à moi

Moi qui ai tant besoin de ton amour,

Comme Zeinab, comme Omar ?

Balkis, ô trésor de légende !

O lance irakienne !

O forêt de bambous !

Toi dont la taille a défié les étoiles,

D’où as-tu apporté toute cette fraîcheur juvénile ?

Balkis, toi l’amie, toi la compagne,

Toi la délicate comme une fleur de camomille.

Beyrouth nous étouffe, la mer nous étouffe,

Le lieu nous étouffe.

Balkis, ce n’est pas toi qu’on fait deux fois,

Il n’y aura pas de deuxième Balkis.

Balkis ! les détails de nos liens m’écorchent vif,

Les minutes et les secondes me flagellent de leurs coups,

Chaque petite épingle a son histoire,

Chacun de tes colliers en a plus d’une,

Même tes accroche-cœur d’or

Comme à l’accoutumée m’envahissent de tendresse.

La belle voix irakienne s’installe sur les tentures,

Sur les fauteuils et les riches vaisselles.

Tu jaillis des miroirs

Tu jaillis de tes bagues,

Tu jallis du poème,

Des cierges, des tasses

Et du vin de rubis.

Balkis, si tu pouvais seulement

Imaginer la douleur de nos lieux !

A chaque coin, tu volettes comme un oiseau,

Et parfumes le lieu comme une forêt de sureau.

Là, tu fumais ta cigarette,

Ici, tu lisais,

Là-bas tu te peignais telle un palmier,

Et, comme une épée yéménite effilée,

A tes hôtes tu apparaissais.

Balkis, où est donc le flacon de Guerlain ?

Où est le briquet bleu ?

Où est la cigarette Kent ?

Qui ne quittait pas tes lèvres ?

Où est le hachémite chantant

Son nostalgique chant ?

Les peignes se souviennent de leur passé

Et leurs larmes se figent ;

Les peignes souffrent-ils aussi de leur chagrin d’amour ?

Balkis, il m’est dur d’émigrer de mon sang

Alors que je suis assiégé entre les flammes du feu

Et les flammes des cendres.

Balkis, princesse !

Voilà que tu brûles dans la guerre des tribus.

Qu’écrirais-je sur le voyage de ma reine,

Car le verbe est devenu mon vrai drame ?

Voilà que nous recherchons dans les entassements des victimes Une étoile tombée du ciel,

Un corps brisé en morceaux comme un miroir brisé.

Nous voilà nous demander, ô ma bien aimé,

Si cette tombe est la tienne

Ou bien celle en vérité de l’arabisme ?

Balkis, ô sainte qui as étendu tes tresses sur moi !

O girafe de fière allure !

Balkis, notre justice arabe

Veut que nos propres assassins

Soient des Arabes,

Que notre chair soit mangée par des Arabes,

Que notre ventre soit éventré par des Arabes,

Comment donc échapper à ce destin ?

Le poignard arabe ne fait pas de différence

Entre les gorges des hommes

Et les gorges des femmes.

Balkis, s’ils t’ont fait sauter en éclats,

Sache que chez nous

Toutes les funérailles commencent

Et finissent à Karbala

Je ne lirai plus l’Histoire dorénavant,

Mes doigts sont brûlés

Et mes habits sont entachés de sang.

Voilà que nous abordons notre âge de pierre,

Chaque jour, nous reculons mille ans en arrière !

A Beyrouth la mer

A démissionné

Après le départ de tes yeux,

La poésie s’interroge sur son poème

Dont les mots ne s’agencent plus,

Et personne ne répond plus à la question,

Le chagrin, Balkis, presse mes yeux comme une orange.

Las ! je sais maintenant que les mots n’ont pas d’issue,

Et je connais le gouffre de la langue impossible ;

Moi qui ai inventé le style épistolaireBR> Je ne sais par quoi commencer une lettre,

Le poignard pénètre mon flanc

Et le flanc du verbe.

Balkis, tu résumes toute civilisation,

La femme n’est-elle pas civilisation ?

Balkis, tu es ma bonne grande nouvelle.

Qui donc m’en a dépouillé ?

Tu es l’écriture avant toute écriture,

Tu es l’île et le sémaphore,

Balkis, ô lune qu’ils ont enfouie

Parmi les pierres !

Maintenant le rideau se lève,

Le rideau se lève.

Je dirai au cours de l’instruction

Que je connais les noms, les choses, les prisonniers,

Les martyrs, les pauvres, les démunis.

Je dirai que je connais le bourreau qui a tué ma femme

Je reconnais les figures de tous les traîtres.

Je dirai que votre vertu n’est que prostitution

Que votre piété n’est que souillure,

Je dirai que notre combat est pur mensonge

Et que n’existe aucune différence

Entre politique et prostitution.

Je dirai au cours de l’instruction

Que je connais les assassins,

Je dirai que notre siècle arabe

Est spécialisé dans l’égorgement du jasmin,

Dans l’assassinat de tous les prophètes,

Dans l’assassinat de tous les messagers.

Même les yeux verts

Les Arabes les dévorent,

Même les tresses, mêmes les bagues,

Même les bracelets, les miroirs, les jouets,

Même les étoiles ont peur de ma patrie.

Et je ne sais pourquoi,

Même les oiseaux fuient ma patrie.

Et je ne sais pourquoi,

Même les étoiles, les vaisseaux et les nuages,

Même les cahiers et les livres,

Et toutes choses belles

Sont contre les Arabes.

Hélas, lorsque ton corps de lumière a éclaté

Comme une perle précieuse

Je me suis demandé

Si l’assassinat des femmes

N’est pas un dada arabe,

Ou bien si à l’origine

L’assassinat n’est pas notre vrai métier ?

Balkis, ô ma belle jument

Je rougis de toute mon Histoire.

Ici c’est un pays où l’on tue les chevaux,

Ici c’est un pays où l’on tue les chevaux.

Balkis, depuis qu’ils t’ont égorgée

O la plus douce des patries

L’homme ne sais comment vivre dans cette patrie,

L’homme ne sait comment vivre dans cette patrie.

Je continue à verser de mon sang

Le plus grand prix

Pour rendre heureux le monde,

Mais le ciel a voulu que je reste seul

Comme les feuilles de l’hiver.

Les poètes naissent-ils de la matrice du malheur ?

Le poète n’est-il qu’un coup de poignard sans remède porté au cœur ?

Ou bien suis-je le seul

Dont les yeux résument l’histoire des pleurs ?

Je dirai au cours de l’instruction

Comment ma biche fut tuée

Par l’épée de Abu Lahab,

Tous les bandits, du Golfe à l’Atlantique

Détruisent, incendient, volent,

Se corrompent, agressent les femmes

Comme le veut Abu Lahab,

Tous les chiens sont des agents

Ils mangent, se soûlent,

Sur le compte de Abu Lahab,

Aucun grain sous terre ne pousse

Sans l’avis de Abu Lahab

Pas un enfant qui naisse chez nous

Sans que sa mère un jour

N’ait visité la couche de Abu Lahab,

Pas une tête n’est décapitée sans ordre de Abu Lahab

La mort de Balkis

Est-elle la seule victoire

Enregistrée dans toute l’Histoire des Arabes ?

Balkis, ô ma bien aimée, bue jusqu’à la lie !

Les faux prophètes sautillent

Et montent sur le dos des peuples,

Mais n’ont aucun message !

Si au moins, ils avaient apporté

De cette triste Palestine

Une étoile,

Ou seulement une orange,

S’ils nous avaient apporté des rivages de Ghaza

Un petit caillou

Ou un coquillage,

Si depuis ce quart de siècle

Ils avaient libéré une olive

Ou restitué une orange,

Et effacé de l’Histoire la honte,

J’aurais alors rendu grâce à ceux qui t’ont tuée

O mon adorée jusqu’à la lie !

Mais ils ont laissé la Palestine à son sort

Pour tuer une biche !

Balkis, que doivent dire les poètes de notre siècle !

Que doit dire le poème

Au siècle des Arabes et non Arabes,

Au temps des païens,

Alors que le monde Arabe est écrasé

Ecrasé et sous le joug,

Et que sa langue est coupée.

Nous sommes le crime dans sa plus parfaite expression ;

Alors écartez de nous nos œuvres de culture.

O ma bien aimée, ils t’ont arrachée de mes mains,

Ils ont arraché le poème de ma bouche,

Ils ont pris l’écriture, la lecture,

L’enfance et l’espérance.

Balkis, Balkis, ô larmes s’égouttant sur les cils du violon

! Balkis, ô bien aimée jusqu’à la lie !

J’ai appris les secrets de l’amour à ceux qui t’ont tuée,

Mais avant la fin de la course,

Ils ont tué mon poulain.

Balkis, je te demande pardon ;

Peut être que ta vie a servi à racheter la mienne

Je sais pertinemment

Que ceux qui ont commis ce crime

Voulaient en fait attenter à mes mots.

Belle, dors dans la bénédiction divine,

Le poème après toi est impossible

Et la féminité aussi est impossible.

Des générations d’enfants

Continueront à s’interroger sur tes longues tresses,

Des générations d’amants

Continueront à lire ton histoire

O parfaite enseignante !

Les Arabes sauront un jour

Qu’ils ont tué une messagère

QU’ILS...ON....TU...E...UNE....MES...SA...GERE.

NIZAR QABBANI

Samwa’al (Ibn’Adya’), poète judéo-arabe (Vième siècle avant J.C.). On connaît de lui peu de pièces (88 vers), Abu Tammam incorpora de lui dans sa Hamassa un poème de fakhr. Il doit sa renommée à son histoire plutôt qu’à sa poésie. A donné naissance au dicton "plus loyal que Al Samaw’al. Le prince poète Imru’Al Kays avait confié ses armes à Al Samaw’al. Lorsque le philarque ghassanide Al Harith en eut vent, il se disposa à l’affronter. Celui-ci se retrancha dans sa forteresse. Or Al Harith s’assura de la personne du fils de Al Samwa’al, qui se trouvait hors du château et menaça de le tuer si Simawel refusait de lui livrer les armes en dépôt, mais celui-ci préféra voir son fils exécuté plutôt que trahir la confiance qui avait été mise en lui.

- Al Muhalhil (Ady Ibn Rabia) : poète arabe anté-islamique, un des héros de la Geste arabe. Oncle du poète prince Imru’ul Kays, connu pour son éloquence, sa finesse en poésie et sa beauté, il aimait les femmes et les chantait. Son frère ayant été tué, il cessa de boire et de fréquenter les femmes pour venger l’honneur de la famille. Dans la guerre entre les tribus de Bikr et de Thaghlab qui a duré quarante ans, Al Muhalhil a brillé par sa bravoure et ses nombreuses actions guerrières où il démontra un courage exemplaire.

- Jahilia : Epoque anti islamique où les arabes enterraient vivantes leurs filles.

- Marie Madeleine : a assisté à la passion du Christ et a essuyé ses pieds en pleurant.

- Al A’damya : Quartier de Baghdad.

- Ruçafa : Quartier de Baghdad.

- Karbala : Ville d’Irak où a eu lieu la bataille qui s’est terminée par la mort tragique de Hussein, fils de Ali gendre et cousin du Prophète. Les chi’ites en ont fait un lieu de pèlerinage en souvenir de ce martyrologue.

.

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Membre, Posté(e)
Zelig Membre 5 446 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

C'est surtout un bon moyen de pouvoir distiller un message antisémite tout en se cachant derrière l'alibi poétique, l'alibi de l'art et de l'artiste.

Certains des poèmes cités (qui figurent parmi l'oeuvre tardive d'un Qabbani déclinant sur le plan intellectuel et se radicalisant sans cesse) ont en effet soulevés d'énormes polémiques et sont clairement antisémites, marqués qu'ils sont par la théorie du complot Juif international omniprésent et seul responsable du malheur des Arabes. Plusieurs intellectuels arabes ont d'ailleurs osé le dire et ont pris leurs distances avec cette posture haineuse et irresponsable, Adonis par exemple.

La haine et la bigoterie nationaliste n'ont jamais constitué de très bons sujets poétiques... simple opinion personnelle...

Quand il était plus jeune ou qu'il parlait des femmes, Qabbani écrivait bien mieux et semblait déjà plus inspiré.

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Invité Atrebate
Invités, Posté(e)
Invité Atrebate
Invité Atrebate Invités 0 message
Posté(e)

Tiens, il remonte dans mon estime finalement, ce poète

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Membre, Posté(e)
LouiseAragon Membre 14 351 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

C’est bien gentil la poésie !

Mais si les pays arabes pouvaient essayer d’abord de s’entendre entre eux, le monde et l’humanité entière s’en porterait beaucoup mieux.

On voit tout de suite que vous

avez lu le po'aime' !

C'est quoi cette idée que les arabes devraient

s'entendre entre eux ?

Est-ce que l'Europe s'entend ou s'entretue au cours

de deux guerres mondiales ! 2 exemples mais malheureusement

il y en a d'autres ...

Est-ce que l'Amérique s'entend ou les pays d'Amérique

subissent-ils l'hégémonie étasunienne, les coups d'états et intrusions

territoriales des USA qui se sont arrogés le rôle de

gendarme du continent et du monde ?

Croyez-vous qu'en Amérique le Chili, le Vénézuela ,

et tous les autres mènent une politique et sont souverains

dans leur pays ?

Et vous qui n'avez pas lu le poème vous venez

avec un air supérieur faire la morale et dispenser

sans honte votre vision péjorative des pays arabes !

Enchantant, lisez lisez et puis jugez :)

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Membre, 114ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 114ans‚
Posté(e)

...........

C'est quoi cette idée que les arabes devraient

s'entendre entre eux ?

..............

et puis ,quelle légitimité avons nous pour parler des arabes,au nom des arabes ,pour les arabes ?

qu'on soit de gauche ou de droite , il vaudrait mieux que l'on s'occupe de nos fesses plutôt que partir en croisade pour ou contre les arabes ...

Finalement d'un problème qui ne nous intéresse pas ,nous en faisant un sujet de polémique :gurp:

cependant pourquoi faut il qu'un arabe ouvre un sujet sur les arabes depuis une ville d’Amérique du nord ...

je serais curieux de connaitre la réponse ...

J'ai ma petite idée ,il me semble que c'est parce que les arabes se sentent seuls au monde ,et ils font tout pour qu'on fasse attention à eux ...

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Membre, Posté(e)
bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

tu trouves ?

:noel:Me permettez-vous ?

Dans des pays où l’on assassine les penseurs, où les écrivains sont des mécréants et où l’on brûle les livres. Dans des pays où l’on rejette l’autre, où l’on scelle les bouches et où l’on enferme les idées. Dans des pays où poser une question est blasphématoire, il m’est nécessaire de vous demander de me permettre…

Me permettez-vous d’élever mes enfants comme je le veux et de ne pas me dicter vos envies et vos ordres ?

Me permettez-vous d’apprendre à mes enfants que la religion est d’abord pour Dieu et non pas pour les gens, les Imams et les Oulémas ?

Me permettez-vous de dire à ma petite fille que la religion est morale, éducation, courtoisie, politesse, honnêteté et sincérité, avant de lui apprendre par quel pied elle doit d’abord entrer dans les toilettes et avec quelle main manger ?

Me permettez-vous de dire à ma fille que Dieu est amour et qu’elle peut lui parler et lui demander ce qu’elle veut ?

Me permettez-vous de ne pas rappeler à mes enfants la souffrance de la tombe alors qu’ils ne savent pas encore ce qu’est la mort ?

Me permettez-vous d’apprendre à ma fille les bases de la religion et le respect qu’elle impose avant de lui imposer de porter le voile ?

De dire à mon jeune fils que faire du mal aux gens, les humilier et les mépriser pour leur origine, couleur ou religion est un grand pêché pour Dieu ?

Me permettez-vous de dire à ma fille que faire ses devoirs et se concentrer sur son éducation est beaucoup plus important pour Dieu que d’apprendre les versets du Coran par cœur sans même qu’elle n’en comprenne le sens ?

Me permettez-vous de dire à mon fils que suivre le Prophète commence par prendre exemple sur sa droiture et honnêteté avant sa barbe et la longueur de son habit ?

Me permettez-vous de dire à ma fille que les autres ne sont pas des mécréants et qu’elle n’a pas besoin de pleurer de peur qu’ils n’aillent en enfer ?

Me permettez-vous de crier que Dieu n’a, après le Prophète, demandé à personne de parler en son nom, ni autorisé quiconque à vendre des indulgences ?

Me permettez-vous de dire que Dieu a interdit de tuer une âme humaine et que celui qui tue un homme est comme s’il avait tué l’humanité entière ? Qu’un musulman n’a pas le droit d’en intimider un autre ?

Me permettez-vous de dire à mes enfants que Dieu est plus grand, plus miséricordieux et plus juste que tous les Oulémas (docteurs en religion) réunis de la terre ? Que ses principes n’ont rien à voir avec ceux des marchands de religion ?

Me permettez-vous ?

:hu:

Nizar Qabbani

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