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Peut-on honnêtement pratiquer une philosophie de qualité en faisant l'impasse sur les connaissances scientifiques


deja-utilise

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 992 messages
If you don't want, you Kant...,
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Je me suis certainement mal exprimé en disant que la philosophie vise le vrai ou l'absolu : exprimons donc les choses différemment.

Les connaissances scientifiques sont sensées être réfutables et temporaires (selon Popper) tout en étant purement descriptives, tandis qu'une philosophie est irréfutable dans l'absolu, tout en étant prescriptive. Et il n'est pas nécessaire pour affirmer cela de limiter la philosophie à la morale : toute philosophie consiste au contraire à fournir une réponse particulière à un certain nombre de questions abstraites, qu'elles soient d'ordre pratique ou théorique (acte et pensée) ; il n'y a pas de philosophie sans enjeux réels sur le déroulement de notre vie, ne serait-ce que dans la façon que nous aurions de structurer nos cognitions (comme l'établissement d'une méthode en philosophie des sciences).

Il est donc impossible que des connaissances réfutables (les connaissances scientifiques) puissent jamais vérifier ou même à minima éliminer certaines alternatives philosophiques.

En effet, les vérités scientifiques étant constamment sur la sellette, elles ne sauraient être elles même vérifiées (c'est l'essence même de la philosophie de Popper et de sa critique du positivisme), et la réfutabilité signifie qu'il est possible d'imaginer que les connaissances scientifiques soient réellement fausses. Mais la philosophie, qui ne saurait se dépourvoir de son idéal de lucidité, est obligée de partir d'une certaine conception du réel et de ses contenus, c'est à dire que là où la science ne se prononce pas, la philosophie est obligée de se mouiller, et c'est ce qui est à la fois sa force et sa faiblesse.

En bref pour faire simple : une connaissance scientifique, qui est donc hypothétiquement fausse (puisque c'est inhérent à la méthode scientifique) ne peut pas prétendre rigoureusement vérifier ni éliminer la moindre alternative théorique.

Merci pour ta réponse, bien que sur la partie philosophie soit encore un peu obscur pour moi.

Que Popper nous enseigne la réfutabilité pour que l'on puisse nommer science la discipline à laquelle elle se rattache avec l'expérimentation, cela ne veut pas dire qu'elle doit être réfutée, mais que sa construction puisse permettre de la réfuter si nécessaire: par exemple le système géocentrique ou héliocentrique sont appropriés tous les deux pour décrire les évènements astraux, mais il en est un qui est juste du point du vue physique du terme, car Foucault a montré la rotation terrestre avec son pendule, rejetant par la même la réalité du modèle géocentrique, alors que la théorie des cordes n'est pas réfutable, car on aura aucun moyen de connaitre les autres dimensions ou les mettre en évidence dans une expérience. La science comme description oui, mais pas uniquement, elle se doit de coller à chaque fait, de plus elle a avant tout un rôle prédictif qualitativement et/ou quantitativement. D'autre part, personne ne remet en cause par exemple la décomposition de la lumière blanche en des radiations "continues" allant du bleu au rouge, quand bien même à tout moment cela pourrait être réfuté, ceci ne le sera pas, cette connaissance scientifique n'est pas temporaire, elle est définitive, ce qui est sans doute temporaire c'est l'explication du phénomène, la partie théorie/modèle explicatif, et non pas les expériences et les faits associés, c'est pour cela que les anglo-saxons ont pendant un temps privilégié l'empirisme, pour éviter les écueils de l'abstraction. Ce qui laisse à penser, que si un philosophe utilise des phénomènes qui ne sont pas vérifiés par l'expérience, il a de fortes chances de spéculer gratuitement, de raconter des absurdités, ou d'occulter des pans de la "vérité", ( comme avec Descartes et les animaux automates ). Socrate à l'inverse faisait en sorte de partir d'un constat accepter de tous, pour arriver par analogie/comparaison/ressenti, et contribution de l'autre, à mettre en porte à faux le protagoniste, à montrer l'incohérence alors que c'est celui-là même qui aura fait le cheminement.

Alors même que je ne saisi pas complètement ton approche du sujet philosophique, peut-être serait-il judicieux que tu me précises ce que tu entends par ce terme, on ne peut pas exclure que les savoirs du philosophe soient issus soit de sa propre expérience, de celles des autres individus, ou des expériences volontaires réalisées par des professionnels, ce qui fait que si une expérience est mal interprétée, il pourra en être de même du résultat de la réflexion de notre philosophe, par exemple il existe de nombreux biais psychologiques, ou plus traditionnellement on est tous influencé par notre propre vécu, il est fort probable que celui-ci soit guidé non par sa raison, mais par son subconscient, écrive ce qui coule de source à ses yeux ( Nietzsche et le nihilisme? ), mais n'est pourtant qu'une projection de lui dans son oeuvre, et sans entrer dans une formation en psychologie, le simple fait d'être au courant de ces travers, pourra avoir une influence non négligeable sur ces écrits, comme avec cette petite expérience sur des volontaires: on leur demandait qu'ils se décrivent par téléphone à un interlocuteur passif, en étant placé de façon à voir le temps extérieur, il y a eu une très forte corrélation entre l'utilisation de termes positifs lors de la conversation si le temps était beau, et l'inverse dans le cas du mauvais temps, ensuite on a refait cette expérience mais en informant les sujets de ce biais, il n'y a plus eu cette corrélation dans la description, l'expérience n'avait pour vocation que de montrer les influences sur l'inconscient, puis de la prise de conscience, on peut facilement extrapoler à d'autres types d'influences.

Que par les temps antiques, on ait réussi à dégager les idées les plus évidentes, semble naturel, mais aujourd'hui pour progresser, on a besoin de précision, d'informations dignes de confiance, sinon on ne fera que répéter ce qui a déjà été dit, à l'instar de ce qui se passe en physique, les moyens d'investigation sont de plus en plus lourd, alors que les premières connaissances étaient assez facile à attraper.

Mon postulat est le suivant : ce n'est pas tant par ses arguments rationnels que la science réussit à évincer certaines formes de philosophie, mais par les habitudes de pensée qu'elle implique. Autrement dis, nous avons là affaire à un préjugé fort répandu qui consiste à affirmer que les sciences sont nécessaires à connaître lorsqu'on veut faire de la philosophie.

Il n'existe aucune preuve scientifique de l'absence de finalité ou de l'absence de souffle vital chez les êtres vivants. La science n'est donc pas légitime à évincer le finalisme ou le vitalisme, même si elle le fait effectivement dans les faits parce qu'elle promeut le déterminisme et le matérialisme comme idéal de vie et que personne ne souhaite avoir l'air ridicule ou être rejeté par ses pairs.

Tu sais aussi bien que moi, que même en science il n'y a aucune certitude absolue, nous en avions déjà parlé sur le sujet " connaissances vs croyances ", on ne peut donc pas se servir de cette faiblesse pour dire que ce ne sont que des habitudes de pensée, il me semble plus raisonnable de vérifier un lien de cause à effet une multitude de fois, que de me contenter d'une explication passe-partout. À ce point, il est plus que nécessaire que tu me donnes ta vision de ce que tu entends par la philosophie, car pour résumer selon moi, pour acquérir des connaissances, il faut des sens, puis constater des régularités pour en tirer des règles ( empirisme ), ensuite il faut savoir exploiter ces règles ou les résultats de nos expériences, en créant des liens entre ces différents éléments, le philosophe pointe du doigt certains de ces liens qui sont en nous, soit en créant d'autres, soit en en critiquant certains, car il estime de par sa propre expérience que ceux-ci sont non valides ou pertinents, seulement voilà la création de relation n'est pas du ressort exclusif de la raison, et tout l'enjeu toujours selon moi, est de démasquer tout cela. Le scientifique est créateur d'expériences certes, mais aussi de liens, de plus il prend en considération les objections sur les expériences ou de leurs interprétations, de leurs modélisations ou de leurs implications par ses pairs, comme par certains philosophes.

J'ai toujours dit qu'il fallait faire acte de foi envers la science pour accepter ses explications, soit on adhère à la méthode scientifique, soit on ne la considère pas comme valide, un peu comme en mathématique, soit on accepte les postulats/axiomes de départ et les règles logiques/d'inférences, soit on ne le fait pas pour diverses raisons. C'est un point de départ incontournable, on croit effectivement que demain il fera jour, on ne peut pas le prouver pour l'avenir, juste constater que cela s'est toujours produit, on a donc une très grande confiance dans sa réalisation, comme on a une confiance presque aveugle dans le déterminisme et la causalité, ce qui permet comme tu le soulignes d'écarter certaines façons de voir le monde, ce qui n'est pas un gage de non retour, comme avec l'épigénétique où Lamarck finit après 2 siècles par être à nouveau en droit de citer.

Il est clair aussi pour reprendre tes exemples, que l'on ne sait pas encore ce qui différencie le monde inanimé du vivant, on ne sait même pas classer de façon certaine les virus, et la définition de la vie elle-même n'est pas sans poser de questions, car des programmes informatiques pourraient être qualifiés de vivants.

Il y a nécessairement des frontières à la connaissance, et même si à notre échelle il est difficile d'y voir parfaitement clair, on peut regarder beaucoup plus loin, et comparer où nous en sommes dans notre savoir avec les peuples qui nous ont précédé, allant des hommes de Cro-Magnon aux philosophes contemporains, en passant par les penseurs de la Grèce antique, et pour ce qui concerne la conduite de la vie humaine, force est de constater qu'il n'y a pas eu de gros progrès, mais que sur les autres pans, nous sommes bien mieux armés pour gérer nos affaires grâce aux sciences et aux techniques, ce qui en retour impacte de plein fouet nos réflexions, par exemple la vision/représentation du "monde" antique et actuel ( Univers ) n'ont plus rien à voir ensemble, et de nouvelles et épineuses questions ont surgi, pour les premiers hommes animistes et ceux d'aujourd'hui poly-croyants ou athées et entre les deux, les explications à donner ne sont pas les mêmes.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 113 messages
Forumeur expérimenté‚
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Très bien. ( Mais même la linguistique peut bénéficier de l'apport des sciences, par exemple des chercheurs se sont intéressés à l'origine des langues, et grâce à une méthode inspirée de la génétique, ils ont pu en arriver à la conclusion d'une langue unique source de toutes les autres, qui plus est, montrer les aires géographiques et chronologique des divergences. )

((Juste une parenthèse dans la parenthèse :

Lorsque tu écris "même la linguistique peut bénéficier de l'apport des sciences", cela supposerait, ainsi formulé, que la linguistique n'est pas une science ! Pour être exact, il faudrait dire : "Même la linguistique peut bénéficier de l'apport d'autres sciences".

Mais sans doute voulais-tu dire : " même la philosophie du langage peut bénéficier de l'apport des sciences".))

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 992 messages
If you don't want, you Kant...,
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((Juste une parenthèse dans la parenthèse :

Lorsque tu écris "même la linguistique peut bénéficier de l'apport des sciences", cela supposerait, ainsi formulé, que la linguistique n'est pas une science ! Pour être exact, il faudrait dire : "Même la linguistique peut bénéficier de l'apport d'autres sciences".

Mais sans doute voulais-tu dire : " même la philosophie du langage peut bénéficier de l'apport des sciences".))

Mille excuses Tison2feu, sachant que c'est ton domaine de prédilection, cela peut te paraître outrageant, mais ne fait que révéler mon classement dans les sciences "molles", humaines, qui ne sont pas toujours bien reconnues, la preuve...!

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Ce qui laisse à penser, que si un philosophe utilise des phénomènes qui ne sont pas vérifiés par l'expérience, il a de fortes chances de spéculer gratuitement, de raconter des absurdités, ou d'occulter des pans de la "vérité", ( comme avec Descartes et les animaux automates ). Socrate à l'inverse faisait en sorte de partir d'un constat accepter de tous, pour arriver par analogie/comparaison/ressenti, et contribution de l'autre, à mettre en porte à faux le protagoniste, à montrer l'incohérence alors que c'est celui-là même qui aura fait le cheminement.

A mon avis nous pourrions pour le bien de la discussion (mais c'est sûrement discutable) reprendre une distinction classique, en disant que la philosophie s'occupe de la nature du réel et de ses contenus, tandis que la science s'occupe des relations entre ces contenus.

Si les deux (science et philosophie) peuvent se structurer selon la méthode axiomatique, alors on observera effectivement que la science ne fera que venir mettre en relation les objets fondamentaux appartenant à ses théories (pour rendre compte de l'expérience), tandis que la philosophie seule cherchera à s'interroger sur la nature de ces objets théoriques. Newton était paraît-il plutôt embarrassé par la question de la nature des forces que sa théorie de la gravitation universelle semblait mettre à jour ; mais dans le fond ce n'était pas important pour la science et le succès prédictif était suffisant.

Alors même que je ne saisi pas complètement ton approche du sujet philosophique, peut-être serait-il judicieux que tu me précises ce que tu entends par ce terme, on ne peut pas exclure que les savoirs du philosophe soient issus soit de sa propre expérience, de celles des autres individus, ou des expériences volontaires réalisées par des professionnels, ce qui fait que si une expérience est mal interprétée, il pourra en être de même du résultat de la réflexion de notre philosophe, par exemple il existe de nombreux biais psychologiques, ou plus traditionnellement on est tous influencé par notre propre vécu, il est fort probable que celui-ci soit guidé non par sa raison, mais par son subconscient, écrive ce qui coule de source à ses yeux ( Nietzsche et le nihilisme? ), mais n'est pourtant qu'une projection de lui dans son oeuvre, et sans entrer dans une formation en psychologie, le simple fait d'être au courant de ces travers, pourra avoir une influence non négligeable sur ces écrits, comme avec cette petite expérience sur des volontaires: on leur demandait qu'ils se décrivent par téléphone à un interlocuteur passif, en étant placé de façon à voir le temps extérieur, il y a eu une très forte corrélation entre l'utilisation de termes positifs lors de la conversation si le temps était beau, et l'inverse dans le cas du mauvais temps, ensuite on a refait cette expérience mais en informant les sujets de ce biais, il n'y a plus eu cette corrélation dans la description, l'expérience n'avait pour vocation que de montrer les influences sur l'inconscient, puis de la prise de conscience, on peut facilement extrapoler à d'autres types d'influences.

Ce qu'il faut bien voir dans la philosophie, que permet notamment de pressentir Nietzsche mais aussi la psychologie, c'est qu'il y a toujours une idée (consciemment ou non) intéressée derrière une position philosophique particulière. C'est à dire que la philosophie se positionne sur les contenus de réalité, certes, mais pas comme le ferait la science. Il y a toujours des débouchés pratiques, éthiques et intéressés à un moment ou un autre. C'est non seulement un idéal de savoir mais aussi un idéal de sagesse.

Quand les grecs antiques affirmaient que le cosmos (Logos) était ordonné de telle sorte à ce que chaque chose soit à sa place naturelle et y remplisse sa fonction, à l'image des organes dans un corps humain, c'est une démarche intéressée qui a des débouchés éthiques et des conséquences pratiques sur la vie quotidienne : il s'en suivra une éthique qui sacralise la nature, dans laquelle les excès n'ont pas leur place, et où chacun est sommé de trouver sa place et jouer son rôle convenablement.

Jusque chez les les sceptiques qui affirment qu'il est impossible de connaître les contenus du réel et qu'il faut suspendre son jugement dans un doute absolu en toutes circonstances, il y a derrière l'idée d'ataraxie (paix de l'âme) qui consisterait à chercher la quiétude dans la suspension de notre jugement, toute souffrance humaine provenant selon eux de nos certitudes.

Tu sais aussi bien que moi, que même en science il n'y a aucune certitude absolue, nous en avions déjà parlé sur le sujet " connaissances vs croyances ", on ne peut donc pas se servir de cette faiblesse pour dire que ce ne sont que des habitudes de pensée, il me semble plus raisonnable de vérifier un lien de cause à effet une multitude de fois, que de me contenter d'une explication passe-partout. À ce point, il est plus que nécessaire que tu me donnes ta vision de ce que tu entends par la philosophie, car pour résumer selon moi, pour acquérir des connaissances, il faut des sens, puis constater des régularités pour en tirer des règles ( empirisme ), ensuite il faut savoir exploiter ces règles ou les résultats de nos expériences, en créant des liens entre ces différents éléments, le philosophe pointe du doigt certains de ces liens qui sont en nous, soit en créant d'autres, soit en en critiquant certains, car il estime de par sa propre expérience que ceux-ci sont non valides ou pertinents, seulement voilà la création de relation n'est pas du ressort exclusif de la raison, et tout l'enjeu toujours selon moi, est de démasquer tout cela. Le scientifique est créateur d'expériences certes, mais aussi de liens, de plus il prend en considération les objections sur les expériences ou de leurs interprétations, de leurs modélisations ou de leurs implications par ses pairs, comme par certains philosophes.

Comme j'essayai de le dire, la philosophie consiste toujours à un moment ou à un autre à viser (non pas le vrai ou l'absolu) mais l'Être. Et les réponses apportées, contrairement à la science, sont toujours intéressées et admettent à chaque fois des conséquences pratiques sur le plan éthique/comportemental de l'être humain.

Tu le rappelles avec justesse : la démarche scientifique est à l'origine une forme d'humilité qui consiste à soumettre les théories pour les distinguer par l'épreuve des faits et de l'expérience. Mais il me semble que la philosophie va plus loin, et on pourrait même soupçonner que la pensée philosophique soit une sorte de réservoir à idées pour les théoriciens des sciences.

Merci de m'avoir lu, c'est toujours un plaisir.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 992 messages
If you don't want, you Kant...,
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A mon avis nous pourrions pour le bien de la discussion (mais c'est sûrement discutable) reprendre une distinction classique, en disant que la philosophie s'occupe de la nature du réel et de ses contenus, tandis que la science s'occupe des relations entre ces contenus.

Je ne suis pas sûr de te suivre sur une telle approche! Ce qui explique aussi les difficultés de compréhension de ma part.

Je suis désolé de te sembler pointilleux, mais je ne comprends pas le contenu du réel!? Doit-on voir autre chose que ce que sont les choses?

C'est non seulement un idéal de savoir mais aussi un idéal de sagesse.

Quand les grecs antiques affirmaient que le cosmos (Logos) était ordonné de telle sorte à ce que chaque chose soit à sa place naturelle et y remplisse sa fonction, à l'image des organes dans un corps humain, c'est une démarche intéressée qui a des débouchés éthiques et des conséquences pratiques sur la vie quotidienne : il s'en suivra une éthique qui sacralise la nature, dans laquelle les excès n'ont pas leur place, et où chacun est sommé de trouver sa place et jouer son rôle convenablement.

Et juste comprendre, peut-on le classer dans un idéal quelconque? ( Philosopher pour mieux appréhender notre monde, faire reculer l'ignorance ) L'idéal se trouvant dans ce que je fais de cette compréhension, non?

Il y a certainement plusieurs façon d'aborder la philosophie, et effectivement on peut chercher une conduite à tenir, c'est ce que j'appellerai une philosophie de vie, mais est ce vraiment ce que l'on entend habituellement par philosopher?

Jusque chez les les sceptiques qui affirment qu'il est impossible de connaître les contenus du réel et qu'il faut suspendre son jugement dans un doute absolu en toutes circonstances, il y a derrière l'idée d'ataraxie (paix de l'âme) qui consisterait à chercher la quiétude dans la suspension de notre jugement, toute souffrance humaine provenant selon eux de nos certitudes.

Je suis de plus en plus convaincu que ce qui nous fait souffrir, c'est aussi ce qui nous a permis de nous hisser en haut de la chaine alimentaire, notre pleine conscience, comment regarder en face nos malheurs présents et/ou à venir, sans rien pouvoir y changer!

Comme j'essayai de le dire, la philosophie consiste toujours à un moment ou à un autre à viser (non pas le vrai ou l'absolu) mais l'Être. Et les réponses apportées, contrairement à la science, sont toujours intéressées et admettent à chaque fois des conséquences pratiques sur le plan éthique/comportemental de l'être humain.

Mais il me semble que la philosophie va plus loin, et on pourrait même soupçonner que la pensée philosophique soit une sorte de réservoir à idées pour les théoriciens des sciences.

Comme toute connaissance, il est inévitable de s'en servir en tant que de besoin, mais de là à dire que ce soit le but même de la philosophie, il y a un pas que je n'ai pas franchi. Crois tu vraiment que Popper avec sa falsifiabilité ou Kant avec sa critique de la raison pure peuvent avoir des répercussions pratiques pour un lecteur assidu, ou même Socrate et sa manière de philosopher puisqu'il a soit disant dit qu'il ne savait rien, et que donc il n'y avait rien à apprendre de lui, si ce n'est sa méthode de réflexion philosophique.

Et je vais encore plus loin, en affirmant que la réciproque est vraie, que les philosophes s'appuient d'une manière ou d'une autre sur des savoirs expérimentaux, et donc aussi sur ceux de la science in fine.

Je crois que j'ai besoin encore de précisions concernant ta vision de la philosophie, car il me semble que nous ne soyons pas sur la même longueur d'onde, une fois n'étant pas coutume.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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Je ne suis pas sûr de te suivre sur une telle approche! Ce qui explique aussi les difficultés de compréhension de ma part.

Je suis désolé de te sembler pointilleux, mais je ne comprends pas le contenu du réel!? Doit-on voir autre chose que ce que sont les choses?

La confusion provient probablement de ce que tu confonds réel, apparence et perception.

La philosophie comme la science d'ailleurs, sont obligées de distinguer ces trois niveaux : les lois de l'optique permettent par exemple d'expliquer la perception que j'ai du bâton qui apparaît brisé lorsqu'il est à moitié immergé dans l'eau, tandis qu'en réalité il demeure droit.

Et juste comprendre, peut-on le classer dans un idéal quelconque? ( Philosopher pour mieux appréhender notre monde, faire reculer l'ignorance ) L'idéal se trouvant dans ce que je fais de cette compréhension, non?

Il y a certainement plusieurs façon d'aborder la philosophie, et effectivement on peut chercher une conduite à tenir, c'est ce que j'appellerai une philosophie de vie, mais est ce vraiment ce que l'on entend habituellement par philosopher?

Oui, comprendre le réel fait partie intégrante de l'idéal philosophique, et je me sens toujours d'ailleurs un peu novice face à tous ces grands penseurs qui ont traversé les siècles.

Féru de philosophie sans être philosophe moi-même, je me contente de remarquer que les grandes philosophies ont toujours promu un idéal de vie et de sagesse, parce qu'elle traite non seulement du réel mais aussi des valeurs.

C'est également ce que semblent dire de nombreux spécialistes.

Comme toute connaissance, il est inévitable de s'en servir en tant que de besoin, mais de là à dire que ce soit le but même de la philosophie, il y a un pas que je n'ai pas franchi. Crois tu vraiment que Popper avec sa falsifiabilité ou Kant avec sa critique de la raison pure peuvent avoir des répercussions pratiques pour un lecteur assidu, ou même Socrate et sa manière de philosopher puisqu'il a soit disant dit qu'il ne savait rien, et que donc il n'y avait rien à apprendre de lui, si ce n'est sa méthode de réflexion philosophique.

Et je vais encore plus loin, en affirmant que la réciproque est vraie, que les philosophes s'appuient d'une manière ou d'une autre sur des savoirs expérimentaux, et donc aussi sur ceux de la science in fine.

Il faut voir les grandes oeuvres philosophiques dans leur globalité, et non seulement se limiter à un ouvrage particulier.

L'oeuvre de Popper possède tout un pan de philosophie politique et morale, en distinguant société fermée et société ouverte.

L'oeuvre de Kant possède elle aussi des implications politiques et morales, notamment avec les impératifs catégoriques.

Sinon j'observe que la philosophie et la science étaient une seule et même discipline dans l'antiquité grecque. Chaque science serait née en s'extrayant de la philosophie originelle dans laquelle elle baignait, en acceptant de se choisir un objet d'étude et une méthode qui la caractérise.

Et je ne suis pas sans savoir que certains philosophes prétendent s'inspirer des sciences pour étayer leurs propos. A l'image de Gödel et de sa preuve ontologique de l'existence de Dieu ou même de certains philosophes anarchistes qui s'appuyaient sur le second principe de la thermodynamique pour affirmer que le désordre ne pourrait qu'augmenter dans la société et la mener à l'anarchisme.

Cela reste un mystère pour moi : dans ces cas j'ai généralement l'impression d'une imposture intellectuelle, ou au mieux, d'une interprétation partiale de certaines théories qui cherchent à se prévaloir d'une caution scientifique (et de sa réputation d'infaillibilité).

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 480 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Et je ne suis pas sans savoir que certains philosophes prétendent s'inspirer des sciences pour étayer leurs propos. A l'image de Gödel et de sa preuve ontologique de l'existence de Dieu ou même de certains philosophes anarchistes qui s'appuyaient sur le second principe de la thermodynamique pour affirmer que le désordre ne pourrait qu'augmenter dans la société et la mener à l'anarchisme.

Cela reste un mystère pour moi : dans ces cas j'ai généralement l'impression d'une imposture intellectuelle, ou au mieux, d'une interprétation partiale de certaines théories qui cherchent à se prévaloir d'une caution scientifique (et de sa réputation d'infaillibilité).

Concernant Gödel, il est le plus grand logicien du 20ème siècle et il était croyant.

Néanmoins, il n'a communiqué qu'à un cercle de proches sa preuve ontologique qui n'a été rendue publique que 9 ans après sa mort.

Il ne cherchait pas à étayer sa croyance mais à "sophistiquer" le vieil argument ontologique compte tenu de ses capacités logiques uniques.

Il n'y avait pas imposture intellectuelle, il ne l'a jamais publiée de son vivant.

En revanche, ce qui est aussi phénoménal qu'inspirant, c'est que son génie conceptuel pur l'ait amené dans la folie.

L'anecdote est la suivante.

Son théorème d'incomplétude était une véritable révolution logique (et pour le coup, c'est une découverte majeure).

Atteint de paranoia aigüe, sa conception personnelle et de croyant était de considérer que ce théorème donnait crédit à l'idée d'une nécessaire réalité au delà du monde que nous connaissons, que ce monde réel était peuplé de propriétés mathématiques pures totalement conceptuelles et que notre cerveau n'était ni plus ni moins qu'un ordinateur en connexion avec ce monde originel (un peu à l'image de ce que pensait Platon).

Il pensait que le cerveau était doté d'une fonction intuitive qui en réalité était une forme de connection à cette réalité derrière notre réalité.

Et cette conception le renforçait dans sa paranoia et sa folie.

Aussi, il pensait que Dieu cherchait la limitation de notre compréhension à cette réalité et que toutes les recherches physiques, mathématiques, philosophiques étaient en contradiction à la volonté de Dieu.

Il pensait que tous les grands penseurs étaient en danger car ils recherchaient à se rapprocher de ce monde originel conceptuel peuplé de logique et d'algorithmes conceptuels purs.

Le paradoxe est le suivant.

Il craignait que les grands esprits ne soient frappés par Dieu, devint paranoiaque au point de craindre l'empoisonnement et cessa de s'alimenter pour ne pas mourir empoisonné et, dans le même temps, mettait en place sa preuve ontologique de l'existence de Dieu en se mettant lui même en danger de trop s'approcher de sa vérité.

Dieu l'a exaucé.

Comme Icare, il s'est trop approché de sa réalité et de sa vérité et il est mort après sa démonstration ontologique alors qu'il pesait moins de 30 kilos.

Voila les motivations de Godel et de sa preuve ontologique.

Quand le génie touche à la folie.

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  • 1 mois après...
Membre, Posté(e)
LudwigVonRafal Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Depuis que je fais, à mon niveau d'amateur sans prétention, de la philosophie, je me suis aperçu à plusieurs reprises, qu'il était plus que nécessaire d'avoir un bagage de connaissances reconnues en science pour avancer sereinement dans cette discipline, et encore mieux si ces connaissances sont liées à un niveau de compréhension également.

Un philosophe quel qu'il soit peut-il vraiment faire l'économie de ce savoir scientifique, voire technique, sans faire fausse route, ou partir dans des spéculations/tergiversations gratuites, subjectives, peu probables/infondées, ou simplement incohérentes ou en contradiction avec celui-ci.

Du temps des lumières c'était encore excusable, de nos jours, cela me semble une hérésie, bien qu'un scientifique n'ait pas nécessairement le don de faire un bon philosophe, mais un philosophe inculte scientifiquement produira facilement des absurdités, ce qui ne veut pas dire que la philo soit une science, mais que pour obtenir quelques vérités il faut s'appuyer sur ce qu'il y a de plus certain, de plus sûr, et quoi d'autre que la science peut fournir cette base, l'expérience personnelle pouvant jouer parfois ce rôle, comme l'intuition qui est la somme d'expériences intériorisées.

Ensuite le travail philosophique pourra se faire plus sûrement, alliant logique et/ou humanisme sur ces fondations expérimentales.

Ou alors un philosophe qui nous fait part de ses élucubrations ne devrait-il tout simplement pas se désigner autrement, comme poète, écrivain d'essais ou romancier...

Bon il est vrai aussi, que l'erreur peut mener aussi à la vérité, que l'on apprend de ses erreurs, à la condition de les reconnaître pour en tirer des leçons.

Monod à bien traité cette question

le philosophe qui sait tout sur tout ne sait rien sur rien...

La biologie à coiffé depuis longtemps la philosophie...Voltaire l'avait dit aussi..Sans un simple médecin, je serai mort enfant , et je ne serai jamais devenu philosophe

Ce sont les connaissances totales qui nous sont indispensables

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