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De la nature de l'Être

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Kairos

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
Posté(e)

"Mais il ne reste plus à présent qu'une voie
Dont on puisse parler : c'est celle du "il est".
Sur cette voie il est de fort nombreux repères,
Indiquant qu'échappant à la génération,
Il est en même temps exempt de destruction :
Car il est justement formé tout d'une pièce,
Exempt de tremblement et dépourvu de fin.
Et jamais il ne fut, et jamais ne sera,
Puisqu'au présent il est, tout entier à la fois..."

Parménide

"En l'accueillement de la rationalité par laquelle se pose cosmiquement le monde, il convient de recevoir le Tout en son inaliénable séjournement d'indivisibilité."  

Héraclite

"Si de la Terre se trouvaient illimitées
Les profondeurs, illimité le vaste éther,
-Que sont vains ces propos tenus par maints mortels
Et qui n'ont eu du Tout qu'une vision partielle."

Empédocle 

 

La densité et la profondeur de ces quelques lignes n'ont d'égal que leur concision et intensité radicale pour dire toute la substance de la pensée de l'Être indivisé en l'indivisibilité du Tout sacral.

  
Leur dépouillement apparent et sobriété formalisent l'essence de la vérité sur l'Être, alors même que l'unité cosmique perdue demeure pour quelques courts instants encore à la portée de la mémoire des Hommes.

  
Ils sont les derniers à dire la Vérité de l'Être et l'Être de Vérité propre aux communautés de l'organique primordial (ayant prévalu durant des millénaires) aux derniers instants de vie de celles-ci.


Dès lors, l'expérience originaire de la force de l'Être comme un Tout du devenir du vivant véridique et indivisible sera progressivement oubliée et perdue.


L'ontologie radicale de l'Être originaire est l'unité de l'Être en l'Être en l'unité d'une communauté d'Hommes.

 
La nature de L'Être, c'est donc le Tout de l'Être communautaire en le Tout du cosmos.

    
À partir du penser anté-socratique, la conscience historique radicale des communautés de l'Être et du Tout sacral va peu à peu se dissoudre et se perdre définitivement.

 
Il faudra attendre de longs siècles pour voir apparaître une résurgence anté-socratique de radicalité, mais ceci est une autre histoire...

 

 

Ce condensé implique inévitablement des précisions et développements ultérieurs (si le temps m'en donne la possibilité). 


 

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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 477 messages
Forumeur confit,
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Le 19/12/2021 à 16:31, Kairos a dit :

Leur dépouillement apparent et sobriété formalisent l'essence de la vérité sur l'Être,

Peut-être, mais je crains que cela risque d’augmenter le prix de l’essence ? :D

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Membre, 55ans Posté(e)
guernica Membre 22 528 messages
Maitre des forums‚ 55ans‚
Posté(e)
Le 19/12/2021 à 17:29, Enchantant a dit :

Peut-être, mais je crains que cela risque d’augmenter le prix de l’essence ? :D

Plutôt celui de l'électricité... On a 4 centrales en panne

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
Posté(e)

Ce que Parménide, Héraclite et Empédocle nous disent sur notre véritable nature, c'est qu'elle est le Tout de l'Être en le Tout cosmique.

Toute la difficulté est d'en saisir la substance puisque nous sommes devenus l'exact contraire. Suite à un long processus historique, aujourd'hui le parachèvement de l'Être de l'anti-naturalité s'est imposé.
 
L'objectif de ces quelques lignes n'a pas d'autres prétentions que de "dé-voiler" en format ultra condensé l'historique des origines de l'Être des Hommes.
Il s'agit ici d'en saisir le Tout dans sa généralité dans une "réconciliation momentanée de l'Être et du penser".
 
C'est justement la caractéristique prédominante des antiques communautés primitives de l'Être, ayant prévalu durant des millénaires : la non-dissociation de l'Être et du penser.
 
Dans le cosmos unitaire du vivre sacral, la relation historique de l'Être des Hommes aux Hommes de l'Être c'est le penser de l'agir et l'agir du penser, ainsi penser c'est être en l'agir et agir en l'être. (Le penser n'a donc absolument aucune autonomie, en revanche ce sera le propre de la civilisation du séparer et de la division post-communautaire.)
 
La détermination réelle de l'essence des Hommes ne s'élucide que dans un rapport d'essentialité avec l'Être, comme communion de l'Être et de la nature humaine communautaire, désignant ainsi le véritable Être Humain.
 
La coupure entre être et penser marque le temps du déracinement de l'Être des Hommes quand les communautés authentiquement humaines de l'Être disparaissent, mais ceci est une autre histoire...    

 

 

(Et au fait : Joyeux Solstice !)

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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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Il convient d'ajouter, pour clore ce premier triptyque "De la nature de l'Être", que dans les communautés de l'Être, le penser de l'agir en l'agir du penser est consubstantiel (logos de la phusis) au parler.

Historiquement la parole du penser découle du penser de la parole (pour pouvoir penser il faut pouvoir parler) en se manifestant uniquement et en se révélant avec, dans et par l'expression sociale dialogique du dire communautaire de l'Être des Hommes.
 
La parole qui parle n'est pas le symbole de la pensée qui pense, elle est l'expression dialectique qui exprime la nécessité naturelle de son Être communautaire comme forme spontanée de cette nécessité et comme forme nécessaire à sa spontanéité.
 
La parole est l'expression de l'Être historique de l'homme comme Être pensant de la conscience de soi, impliquant la pleine affirmation de la communauté de l'Être et donc la négation totale de l'individualisme puisque le "je" n'existe pas hors du "nous".
 
La conscience n'est jamais autre chose que l'Être conscient, la production des dynamiques de conscience est avant tout directement et intimement mêlée à l'activité matérielle de subsistance et à la concrétude du vivre ensemble quotidien.
   
De ce fait, conscience et inconscience n'ont pas d'histoire autonome, pas non plus de développement propre. Tout au contraire, ce sont les Hommes dans le développement de leur production matérielle et leurs rapports de matérialité sociale qui transforment avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée.
 
Par conséquent, c'est la réalité de l'existence qui détermine la conscience et la conscience qui réagit ensuite sur la vie réelle. L'Être conscient n'est pas autre chose que conscience de sa pratique sociale uniquement.
 
 
Pour comprendre ce que les Hommes sont advenus, il nous faut une vision du Tout de notre histoire et pas seulement parcellaire. En occultant l'Être des Hommes tel qu'il a été pendant des millénaires, c'est oublier que l'Homme n'est que le produit de son Histoire, pour autant qu'elle puisse être saisie pour ce qu'elle est vraiment.
 
L'Être de l'Humain dans sa propre essence de naturalité, c'est le lien de l'Homme en l'Homme en la communauté des Hommes.
 
Les raisons historiques de la déchirure de l'Être qui ont poussé l'Homme hors de lui-même et de sa communauté, qui ont fait advenir l'Homme "hors-sol", marquent le début de la fin de l'Être générique de l'Humain, mais ceci est une autre histoire...
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  • 2 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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La déchirure de l'Être.

 

Nous l'avons vu précédemment, la nature de l'Être est l'état naturel, l'état "bio-logique" de l'Être en l'Homme de groupe unitaire. La déchirure de l'Être fait advenir des Hommes coupés d'eux-mêmes et de leurs semblables.

La caractéristique principale et fondamentale de l'Être hors de sa nature c'est la scission sans cesse croissante entre l'Être et le penser.
 
Ce déracinement de l'Être hors du loger de son foyer est l'origine historique du fondement des sociétés post-communautés.
 
 
À ce stade de compréhension il est important de redéfinir la réalité d'existence de l'Être telle que vécue par les Hommes des communautés. Dans l'unité cosmique du Tout non-divisible pensée et parole sont la relation spontanée et immanente de l'Être à l'essence de l'Humain.
 
Le langage est le séjournement naturel de l'Être en l'Être.
 
L'Être de l'Homme communautaire n'est que pure et simple transcendance de vérité cosmique ramenée à l'immanence de son essentialité, laquelle ne renvoie pas à un Dieu (ou des Dieux) administrateur d'outre-Monde mais à l'auto-émergence du Divin du monde.
 
Le Divin primordial (ou anté-religieux) provient encore une fois d'une transcendance liée à l'essence de l'Être dans l'immanence de son déploiement sacral, c'est à dire dans une transcendance qui ne s'établit pas ailleurs que dans l'être de cette essence.
 
Le Divin de l'Être communautaire n'est pas une extériorisation qui le domine (comme un Dieu extérieur ou État supérieur...) mais le lien par lequel le monde s'accorde avec l'Être en son intérieur.
 
Après le Tout cosmique de l'Être sacral, la division post-communautaire fera naître les compartiments sociaux cristallisés dont la tri-fonctionnalité prêtres, guerriers, producteurs (et plus tard l'opposition ville-campagne) en tant que celle-ci n'exprime pas la genèse historique mais bien un processus de décadence disloquant l'unité primordiale.
 
Il n'existe pas non plus de hiérarchisation au sens propre, le seul lieu de pouvoir au sein d'une communauté primitive c'est la totalité du vivre ensemble qui le détient et l'exerce en un seul sens en animant tous les sens en un seul projet : empêcher que la non-réciprocité installe la division dans le groupe et en l'Être de chacun, de sorte que le pouvoir de vie totale en l'Éros cosmique veille à ne pas introduire au sein de la communauté, ni aliénation, ni désagrégation et encore moins d'appropriation.
 
Il n'y a donc ni art, ni religion, ni politique, ni économie, le désagréger et le morceler de la division sont les signes distinctifs de l'anti-sacralité cosmique primordiale du temps post-communautaire.
 
L'aptitude des membres communautaires à n'avoir pas de spécialisations propres mais de "pluriaptitude" leur assure une non-division pour le produire et le maintenir essentiel Humain, ainsi chasseurs un matin, pêcheurs le lendemain, producteurs le surlendemain, ils étaient tous entre-deux, des anti-spécialistes d'une dynamique de groupe cosmique.
 
Il convient de préciser que ces quelques lignes n'ont pas pour objectif de fétichiser l'existence perdue d'un hypothétique "paradis terrestre" puisque la disparition de ces communautés sera une nécessité historique, mais de définir la véritable teneur d'existence de l'Être générique des Hommes.
 
Il est aussi utile de rappeler ici, encore et toujours, que si l'Histoire n'est pas prise et apprise dans la totalité de ses longues durées elle n'indique rien ou si peu. Ce n'est que dans la synthèse dialectique des longues durées historiques que se dénoue et se clarifie le sens de l'Être à l'Humain et de l'Humain à l'Être.
 
Pour reprendre Hegel retrouvant Héraclite, il faut comprendre que le vrai c'est le Tout et que le faux n'est qu'un moment du devenir du vrai, puisque le vrai est le mouvement réel qui explique en dialogue la réponse historique du vrai à la question du faux.
 
 
La nécessité historique de l'anéantissement des communautés de l'Être est un facteur déterminant pour comprendre le devenir Humain de l'Humanité en devenir, mais ceci est une autre histoire...  
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Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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"Il ne faut penser et dire que ce qui est, car c'est seulement là en ce qui est que l'Être s'indique."

Parménide
 
"Pour les éveillés il y a un monde un et commun
Mais parmi ceux qui dorment, chacun s'en détourne vers le sien propre."
 
Héraclite
 
"La sagesse des Hommes grandit en relation avec le monde qui se présente devant eux..."
 
Empédocle
 
Pour revenir brièvement sur la non-hiérarchisation sus-citée de la communauté, il est important de souligner que s'il existe un "chef" au sein de la tribu, celui-ci est bien loin d'une représentation autoritaire du pouvoir puisqu'il n'est mandaté que temporairement dans ce rôle pour des missions bien précises. La communauté veille scrupuleusement à ne pas laisser ce pouvoir passager devenir un pouvoir permanent.
 
Si le mandataire dérive de sa fonction première, il est réprimandé, chassé du clan voir tué.
 
La communauté dispose de moyens fondamentaux pour conjurer la crainte qui l'habite de la voir se désunir, dont l'ardeur passionnelle à exister et à aimer les joies en l'Être qualitatif.
     
À rebours des préjugés communément admis, l'anthropologie de terrain démontre au contraire, que l'existence archaïque préhistorique n'est pas qu'un vagabondage de pauvreté, assurant tout juste la survie du groupe en mal de développement technique.
 
Le mythe que véhicule l'ignorance des faits, du sauvage guetté continuellement par la famine et l'angoisse, a largement été déconstruit point par point.
 
L'exemple des communautés préhistoriques (des Aborigènes et Bochimans aux communautés néolithiques d'agriculteurs primitifs telles que l'on pouvait encore, au siècle dernier, les observer en Afrique ou en Mélanésie, au Viêt Nam ou en Amérique du Sud, etc...) nous enseigne que loin d'être une dynamique de misère, la communauté primitive est essentiellement la première et, jusqu'à présent, la seule vie commune d'abondance.
 
En l'autre dimension où il n'y a pas d'entassement et d'accumulation frénétiques, l'Homme primitif n'éprouve ni le besoin ni l'envie de rentabiliser son activité, non pas parce qu'il ne sait pas le faire mais parce qu'il considère qu'il n'est de richesse que d'Être.
 
Toute l'histoire de la tradition primordiale de l'Être peut être saisit en ces termes :  la caractéristique déterminante de l'Homme de nature n'est autre que l'automouvement de son vivre (en l'immanence communautaire) rendant possibles le produire et le reproduire des conditions historiques de sa détermination existentielle en tant qu'elle est la production et la reproduction de sa vie immédiate.
 
Le Tout cosmique de l'Être sacral premier en se disloquant, comme nous l'avons déjà vu, fera naître la division sociale incarnée par la tri-fonctionnalité prêtres, guerriers, producteurs (puis vient ensuite la division du travail). L'éclatement de l'Être de l'Homme du cosmos sacral originaire rend désormais nécessaire l'émergence du rassembler ou du relier de la religion.
 
L'Artéfact religieux veut donc relier vainement ce qui a été coupé originairement en l'Homme de l'unité dans son rapport au Divin primordial.
La religion n'est là qu'un artifice puisque regroupement de division aliénatoire sacré/profane.
   
L'essence Humaine dans sa réalité rationnelle est naturellement l'ensemble des rapports historiques de la communauté de l'Être.
La véritable nature du vivre Humain n'a pas de fondements structurels économicopolitique, religieux et artistique puisque chronologiquement les générations mondiales qui s'en sont dispensées sont incomparablement plus nombreuses que celles qui y ont succombé.
 
Les divisions aliénatoires de la civilisation de l'anti-Être actuellement à l'œuvre, ne sont que le résultat d'une dialectique sociale préliminaire issue de la disparition des communautés de l'anti-Avoir, leur extinction progressive marque le surgissement des origines civilisationnelles, mais ceci est une autre histoire...      

   

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  • 2 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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"Il ne convient pas d'agir et de parler en l'illusion de l'inconscience."

 

"Le pouvoir de saisir et de dire le vrai est en la communauté des Hommes."
 
"Si ce n'est moi, mais le Logos, que vous avez écouté,
Il est sage de convenir qu'est l'Un - Tout."
 
Héraclite
 
La compréhension dialectique de l'Histoire n'est rien s'il elle n'est pas le Tout de celle-ci, y compris et avant tout, la racine de la dynamique originelle de non-séparation qui fait de l'Homme l'Être de son Humanité comme Humanité de son Être.
 
Le Tout de l'Être est d'abord et fondamentalement une question historique, Parménide, Héraclite et Empédocle principalement l'avaient bien compris et bien défini puisque à leur époque, finissaient de se désagréger les communautés organiques pour faire advenir le scissionner civilisationnel.
 
Les fragments présocratiques du questionnement sur l'unité ontologique perdue ne seront par la suite jamais, et de très loin, égalés en termes de densité et de profondeur, leurs brièvetés et simplicités incomparables élucident instantanément l'essence de la vérité de l'Être.
 
Ces fragments nous indiquent, au temps d'une grande fracture historique, tout ce qu'il y a de signifiant et de substantiel à comprendre sur l'essentialité d'un vivre authentique, dévoilant comment le sens de l'Être retrouve dialectiquement l'Être de son sens.
 
La déchirure de l'Être par le surgissement civilisationnel du temps néolithique issue de l'agrégation toujours plus poussée de l'Homme aux réserves de l'échange, ne va jamais cesser de s'intensifier. Dès lors, le parcours historique des Hommes scissionnés en leur nature Humaine sera un conflit constamment reproduit pour échapper à cette souffrance et tenter de se retrouver enfin en un agir de non-séparation d'eux-mêmes.
     
À la suite des antiques communautés qui ont perduré des dizaines de milliers d'années, c'est la révolution des stocks et surplus agricoles importants au néolithique avec les effets historiques dévastateurs des stocks à compter, qui va profondément bouleverser les rapports sociaux et faire advenir le travailler aliénatoire pour la vente et l'échange quantitatifs au détriment du produire juste nécessaire des besoins Humains.
 
L'importante accumulation des stocks agraires aura pour conséquence la désagrégation du corps organique communautaire du produire pour ses besoins stricts, en travailler aliénatoire de la division du marché échangiste des quantités.
 
Ainsi l'Homme dépossédé de l'Homme et intermédié en sa propre relation à lui-même et aux autres par le rapport mercantile aliénatoire de son dessaisissement, devient progressivement la propriété de cet Avoir qui lui échappe.
     
Toute l'histoire du néolithique jusqu'à aujourd'hui, période relativement courte eu égard aux dizaines de milliers d'années prénéolithiques, est le temps de la vie arraisonnée dans sa totalité par l'ordre anti-cosmique de l'oubli du Tout de l'Être et de la division du travail des échanges.
 
Désormais, le devenir Humain ne s'articule plus que dans cette lutte ontologique universelle de l'Être générique des Hommes contre les progrès civilisateurs domesticatoires de l'Avoir.
 
Après ces trois volets de "La déchirure de l'Être" indissociablement liés à "De la nature de l'Être", ce qu'il advient de l'Être en l'Homme de l'Avoir dans sa déchirure toujours plus consommée, sera le thème de "La déchirure achevée de l'Être", mais évidemment ceci est une autre histoire...           
Modifié par Kairos
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  • 2 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
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La déchirure achevée de l'Être

 

 

"L'Histoire n'est rien d'autre que la nature-monde de l'Être prenant conscience d'elle-même."
Hegel
 
 
Le véritable sens de l'Être ne se cherche pas ailleurs que dans l'Histoire. L'Histoire doit être vue et comprise comme une totalité dialectique.
 
Retrouver l'Histoire de l'Homme c'est retrouver l'Homme historique qui nous habite, c'est retrouver l'Être générique de l'Homme.
 
L'Être générique c'est l'Être tel qu'il est naturellement avant le néolithique dans les communautés du Tout de l'Être indivisé. L'Être générique c'est l'Être de nature de l'Homme.
 
Chez les Sioux, les Germains archaïques ou les derniers préhistoriques du siècle dernier, l'Être, qui est la puissance qui se tient debout comme exister universel (le "einai" grec), de la communauté générique y demeure comme totale impossibilité d'accepter le dépeçage possessif de l'Avoir.
 
L'animal historique qu'est l'Homme ne devient seulement qu'un animal politique à partir de la pensée post-socratique (incluant de fait Socrate) du dressage civilisationnel.
Si dans les communautés de l'Être existe un "pouvoir de faire" exprimant une non-séparation entre besoins et satisfaction de ceux-ci, il n'y a pas d'économie politique comme dans les sociétés de l'Avoir puisque celle-ci n'est qu'une relation commune des Hommes éloignés d'eux-mêmes par le pouvoir montant de la chosification.
 
Nous avons vu précédemment comment l'Homme coupé de son Être et médié par l'échange dans son propre rapport à lui-même et aux autres devient étranger à son Être. Historiquement c'est le point crucial qui fait basculer l'Être unitaire (brièvement : le parler du penser de l'agir) de l'Homme en une extériorité fractionnée et aliénée par cet Avoir qui lui échappe.
 
Ce qu'il faut retenir, c'est ce principe de médiation du rapport de l'Être divisé en l'Homme (et donc des Hommes divisés entre eux !) par l'échange dans un premier temps, puis ensuite par la valeur d'échange, qui fonde toute la cohésion de l'aliénation des représentations de l'Avoir.
 
Nous l'avons vu, le prêtre, le guerrier et le producteur du néolithique représentent la première forme aliénée de l'Être en la division de l'échange. La religion n'est là qu'un supplément d'âme aliéné qui vient suppléer la perte du divin primordial du Tout sacral.
Elle est indissociablement le faire-valoir de l'écartèlement de l'Être en l'Avoir en tant que religion de l'économie politique/économie politique de la religion.
 
Depuis le déchirement de l'unité de l'Être, ce qui en reste n'a cessé de se dissocier de la réalité à connaître pour n'en plus appréhender que la vérité fétichiste de la valorisation des échanges en une idolâtrie de l'histoire obscurantiste de la culture de l'oubli de l'Être.
 
À partir de Socrate, le règne de la métaphysique, c'est-à-dire du bavardage (hors du foyer de l'Être) sur l'Être coupé de l'Être, ne cesse de se répandre comme conscience qui ne se rapporte plus au monde cosmique de l'unité en l'Être mais à la société politique de la transaction, du divisé et du bavasser.
 
Lorsque la coupure entre l'Homme et le parler du penser de son agir advient, l'Homme du Tout disloqué théorise la perte du Tout de l'Être dans de multiples disciplines aliénées (éthiques, esthétiques, rhétoriques, physiques, métaphysiques, etc...) adéquatement à la division du travail.
 
La conception utilitariste des pesantes mécaniques platonico-aristotéliciennes posant possessivement chaque objet devant l'Homme pour en saisir la vérité, opérant donc une scission entre lui et les choses, déchire l'unité première du sacral immanent.
   
Cette décomposition post-socratique de l'Être en une myriade de départements de compétence tronçonnée présentée comme une richesse féconde, n'est en réalité qu'une terrible dégradation qui témoigne de la déliquescence de la pensée et de la dégénérescence du vivre authentique.
 
La "scolastique de l'illusoire" est désormais le temps où l'on écrit, où l'on discute en boucle de la réalité ou de l'irréalité d'une pensée qui se retire et s'isole de la pratique.
 
La naissance progressive de l'écriture vers environ - 4000 ans trouve sa source dans les transactions entre espaces distants.
À mesure que la production de l'Homme se dérobe à lui et qu'il perd son lui-même en cessant de plus en plus de produire pour ses besoins strictement Humains, il ne peut qu'engendrer de l'oubli d'Être et donc du spectacle de représentation.
   
En étant l'une des plus vieilles spécialisations de la société de l'Avoir, elle dit ce qu'elle n'écrit pas réellement...mais ceci est une autre histoire...
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  • 2 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
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Petit aparté dans ce déroulement historique de l'Être.

Les communautés primitives refusent la différenciation économique et politique et s'interdisent le superflu matériel du spectacle social de représentation, puisque l'Avoir transforme toujours de façon aliénée le produire pour l'Homme en travailler pour l'échange en générant inévitablement la désunion et l'oubli de l'Être.
(Naturellement, "primitif" et "archaïque" ne s'entendent pas au sens péjoratif !)
 
Ces communautés témoignent de manière concrète et effective que le comportement authentiquement Humain a bien entendu préexisté au temps civilisationnel de l'Être réifié dans l'imposture spectacliste de l'Avoir.
 
L'historicité de la communauté de l'Être archaïque n'a pas d'autre objectif que de penser subversivement la rationalité du sens de la communauté Humaine qui doit in fine se retrouver non plus localement, de façon restreinte et étriquée, mais universelle et surtout consciente du Tout historique de sa propre Histoire.
 
La présente illustration (sous la forme d'un documentaire) n'est pas à proprement parler le reflet fidèle d'une communauté de l'Être au sens strict mais elle reste néanmoins démonstrative sur un plan formel. Il ne s'agit pas non plus d'en exploiter sa raison d'être (récursivité ou non du langage) mais de porter un regard attentif à l'expression d'un vivre communautaire et social pleinement épanouis, pour très peu de temps encore puisque cette communauté en voie de colonisation avancée est menacée de disparaître.
 
Sa disparition, bien que perte inestimable d'un point de vue anthropologique, n'en est pas moins une nécessité historique. Son caractère localiste et donc son absence de conscience universelle constitue la principale cause de son extinction.
 
Les membres de cette communauté se contentent de vivre pleinement au présent (sans névrose obsessionnelle du temps, sans peur irrationnelle de la mort, sans angoisses compulsives, sans religion, et même sans chiffres, etc...).            

L'on retiendra avant tout la question radicale que pose leur mode d'existence sur les besoins fondamentaux et essentiels d'un vivre véritablement Humain...

 

 

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  • 3 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
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À ce niveau du dévoiler de l'Être, il est utile de resituer l'Homme dans une perspective toujours historique mais pas seulement ; même si le Tout de l'Être est pour l'instant vain, encore faut-il ne pas cultiver uniquement son antithèse...    

L'Homo sapiens dont nous sommes biologiquement issus de façon directe s'est implanté sur le territoire européen il y a environ cinquante mille ans.  
La désagrégation lente et continue des communautés de l'Être débute vers moins dix mille et culmine au Néolithique à partir de moins six mille.
 
Cette longue et douloureuse gestation des sociétés de l'Avoir n'est possible qu'au prix de la grande déportation de l'Être en dehors de son foyer d'humanitude, laquelle ne peut-être réalisable sans l'émergence d'une conscience aliénée, c'est à dire étrangère à elle-même.
 
Gardons toujours à l'esprit que cette conscience fausse est le produit de la détermination sociale historique des longues durées, il est donc difficile d'en appréhender la teneur puisqu'au travers du temps long elle s'est faussement "naturalisée" en vérité absolue, alors qu'en réalité elle ne porte en elle que l'absolue nécessité de son mensonge.
 
La conscience fausse est la nécessité intrinsèque de la dépossession humaine en l'Avoir, il faudra toute la profondeur et l'amplitude (au surgissement d'une fracture historique majeure ! En l'occurrence, la fin de l'ancien régime et les événements de 1789 en France et ses répercussions en Europe) d'un Hegel (et dans une moindre mesure Heidegger), retrouvant Héraclite, pour en formaliser la substance.
Pour faire court : la conscience aliénée en l'Homme de l'Avoir n'est que le processus de conscientisation de l'équivalent général abstrait, elle est donc l'exact contraire de la conscience réelle et pratique en l'Homme de l'Être.
   
La complexité de Hegel découle de la complexité à conscientiser cette conscience fausse (ou "Conscience malheureuse"), sur laquelle repose les fondations civilisationnelles de l'Avoir.
 
Nul doute qu'il sera nécessaire de revenir ultérieurement sur le sujet...
 
Parménide et Héraclite avaient fort bien compris (au surgissement d'une fracture historique majeure !) que la saisie correcte du Logos du monde en tant que rationalité historique du devenir telle qu'elle fixe la cohérence du Logos de la pensée prend son départ critique dans l'identification dialectique de la vérité et de l'Être.
 
À rebours du jargon post-socratique de la conscience fausse, le lieu du vrai correctement regardé n'est pas dans le jugement du regardant mais dans l'authenticité de ce qui exprime le mouvement réel et impersonnel du Tout de l'Être.
 
De fait, en épousant le Logos du monde, le monde de ma singularité personnelle n'est plus un atome narcissique perdu mais il est une parcelle de cette universalité en mouvement.
 
La parole radicale du philosopher critique est phénoménologique en ce qu'elle est essentiellement le savoir de "l'expérience de la conscience", passant de la conscience sensible aliénée à la conscience historique émancipée. La vérité de la certitude de soi-même passe par la connaissance et la compréhension de la vérité de la certitude historique, c'est cette relation pratique qui peut faire surgir la conscience de soi ou auto-conscience ; laquelle est le passage de la conscience fausse à la conscience vraie, telle que cette dernière peut alors se retirer des impasses existentielles des claustrations de maîtrise et de servitude.
   
"La vérité s'inscrit toujours en négatif des apparences."

Hegel

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Kairos Membre 58 messages
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Avant le deuxième volet de "la déchirure achevée de l'Être", un petit complément historico-linguistique s'impose.

En effet, il serait intéressant de s'attarder quelques instants sur la signification des fragments et tout particulièrement sur l'un deux. À plusieurs reprises, ce déroulé historique de l'Être mentionne la profondeur et la richesse de la pensée présocratique notamment au travers de Parménide, d'Héraclite et d'Empédocle.
 
Il a déjà été fait mention de la raison pour laquelle la pensée d'avant Socrate, en corrélation avec son contexte historique, dit la vérité de l'Être et qu'à partir de Socrate la pensée ne cesse de s'appauvrir pour ne devenir que justification des nécessités de l'éclatement de l'Être en l'Avoir. Et justement il est question ici de recontextualiser historiquement l'un des fragments d'Héraclite dans une traduction plus fidèle à sa pensée.
 
La traduction française est toujours un exercice d'appauvrissement du grec ancien, malgré sa richesse la langue française ne peut que rendre compte faiblement du foisonnement incomparable de sens et de significations du grec ancien, à tel point qu'aujourd'hui il est difficile d'en imaginer son ampleur véritable.
 
Ce fragment est le suivant : "La nature aime à se cacher" en français dans le texte et "Phusis kruptesthai philei" en grec.
Cette traduction française même si elle reste correcte d'un point de vue purement linguistique, n'en est pas moins parfaitement incomplète voire inexacte sur le fond, par conséquent elle est sans doute la forme la plus éloignée de la pensée originelle d'Héraclite.
 
Ainsi toute la difficulté des traductions dans toutes les langues et de tous les auteurs, consiste à retranscrire le plus fidèlement possible le contexte et la substance des textes traduits. Il ne suffit donc pas d'être un bon linguiste pour être un bon traducteur, à la limite il vaut mieux être un linguiste perfectible mais avoir compris le sens et l'esprit général des éléments traduits pour rendre une traduction de l'original la plus fidèle possible. Cela devrait aller de soi, pourtant nombre de traductions ne traduisent que leur incapacité à respecter le sens premier de l'original.
   
Pour revenir à "La nature aime à se cacher", l'on peut donc toujours, d'après cette traduction que l'on retrouve majoritairement, chercher en vain une signification.
 
En matière de traduction, pour faire court, il existe deux traductions, celle dite "statique" (la plus répandue et souvent universitaire) et celle dite "dynamique", la différence entre les deux renvoie à la prise en compte ou non de notre devenir historique...
 
C'est évidemment la traduction dynamique du "Sapiens" latin (qui renvoie à "sapio") qui nous intéresse ici, autrement dit les présocratiques ne se lisent qu'au travers d'une traduction dynamique, c'est à dire dépouillée dans la plus large mesure possible de l'intrication "Homo-œconomicus" et de son prisme déterministe inapproprié.
 
Dans "Phusis kruptesthai philei", la traduction de "phusis" servira d'exemple puisqu'il serait trop long d'en décortiquer ici les trois lettres.
La traduction classique que l'on retrouve dans la plupart des productions éditoriales (comme la pléiade par ex.) de "phusis" donc est "la nature" mais cette traduction est tout aussi tardive que restreinte.
Au temps d'Héraclite le terme "phusis" est encore très proche de sa racine indo-européenne et "phusis" au sens héraclitéen prémoderne est bien plus riche de signification que "la nature" seule. (En passant le seuil historique post-socratique et plus encore aristotélicien le terme s'appauvrit déjà...)
 
D'ailleurs Hegel et Heidegger retrouveront le sens héraclitéen de "phusis" dans le Tout unitaire dialectique du Logos de la Phusis en l'Être avec une traduction première et non-dégénérée.
 
En version courte, la Phusis désigne le naître et le croître de tous les engendrements de nature tels qu'ils sont rassemblés.
 
"Phusis kruptesthai philei" a donc une richesse infinie de sens mais entendu au sens primordial, au sens radical (racine).
La traduction dynamique et ouverte est la suivante : "Le naître cosmique est la force productive de son auto-croissance dont la dynamique des contraires dialectiques est toujours dissimulée au simple regard de surface" ou "la Phusis du croître doit briser les impostures de l'opinion première".
 
Cela rejoint Hegel quand il nous dit que le parcours phénoménologique du savoir de l'expérience doit passer de l'apparence à l'essence. Ce n'est qu'en l'essence du savoir de l'expérience que nous comprenons que l'opinion première est précisément ce qui doit être renversé pour accéder à la Phusis.
La Phusis s'est retirée de l'opinion première des Hommes à la fin du temps pré-civilisationnel.
 
C'est ce que nous indique Hegel "La vérité s'inscrit toujours en négatif des apparences" à la suite d'Héraclite : "La Phusis du croître doit briser les impostures de l'opinion première".
 
Le monde de l'opinion première que sont les apparences, coupé de tout arc historique, ne mène décidément nulle part !
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Kairos Membre 58 messages
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La déchirure achevée de l'Être.

 
"Éphésiens, puisse le développement de l'Avoir ne pas vous manquer de telle sorte qu'éclatent pleinement les preuves du pervertir de votre Être."
 
Héraclite
 
Peut-être est-il utile de rappeler qu'en préambule "De la nature de l'Être" précise ceci : Il s'agit ici d'en saisir le Tout dans sa généralité dans une "réconciliation momentanée de l'Être et du penser".
 
Par conséquent le nécessaire saisir doit mettre un frein (au moins le temps de la lecture...) au "cogito en roue libre" (c'est à dire le penser pratique du dessaisissement) pour être en mesure d'assimiler pratiquement et exclusivement ce qui est. (Les procès d'intention et autres extrapolations issus de lectures à l'aune d'idées préconçues ou simplement d'ignorance, même s'ils sont légion, n'en sont pas pour autant moins regrettables.)
 
Ce condensé sur la nature de l'Être dit avant tout l'essentiel à connaître sur la nature humaine dévoilée par le Tout de l'Histoire, la compréhension dialectique de notre parcours historique dans son entièreté définit l'Être de l'Humain.
 
Se connaître soi-même, c'est surtout connaître son Être historique primordial en tant qu'identité générique mais de naturalité incomplète ; comme nous l'avons déjà vu, les communautés primitives seront dissoutes par l'échange et la vente à cause de leur nature localiste et restreinte.
 
L'universalité communautaire de la naturalité enfin achevée de l'Être de l'Homme sera l'ultime étape de sa biologie pleine et entière comme Tout de l'Être en sa nature Humaine pleinement accomplie.
   
Ce format condensé implique bien sûr moult "zones d'ombre", c'est un risque à courir inhérent à ce genre d'exercice mais "De la nature de l'Être" si incomplet soit-il (pour le reste il faut chercher et "creuser" votre Histoire...), vous indique l'acquis méthodologique sur lequel prendre appui de manière rationnelle et factuelle.
       
Il n'est pas évident d'en tirer immédiatement toute la substance, puisque l'histoire communément admise, inculquée et martelée, c'est à dire institutionnelle et officiellement indiscutable tant sur la forme que sur le fond, est l'histoire du partitionner civilisationnel et de l'occultation de son essentialité en son Tout. (À dessein bien sûr tant elle épouse dialectiquement la matérialité structurante de la fausse conscience.)
   
"L'histoire est écrite par les vainqueurs" ; cette formule n'a jamais été plus appropriée pour dire la naissance de l'histoire officielle (s'autolégitimant comme telle !) depuis...la naissance de l'écriture ! En effet, les premiers écrits coïncident avec les premières civilisations de l'Avoir qui verront la naissance des villes, des États, entre -4000 et -3000.
 
L'histoire de la civilisation n'est donc qu'une toute petite partie de l'Histoire, mais elle a manifestement une propension outrageante à se donner l'importance historique et le caractère décisif qu'elle n'a jamais eu...sauf dans ses écritures justement.
 
À ce titre, le travail des préhistoriens est bien sûr crucial et prépondérant mais pas seulement, l'étude des peuples premiers du siècle dernier aussi. Toute la difficulté consiste à déconstruire les mystifications, les mythes et autres préjugés profondément ancrés dans les esprits. (Comme par exemple l'emblématique image, aussi grotesque que persistante depuis le 19 e siècle, de l'homme munit d'un gourdin et trainant sa femme par les cheveux...)
   
Ce qu'il faut retenir d'essentiel dans ce présent déroulé historique, c'est la compréhension radicale et invariante de la prise en compte de l'Histoire dans sa totalité.
 
Le découpage et le morceler de l'Histoire telle que les historiens (entre autres !) le pratique, c'est à dire en spécialités respectives (par ex : untel spécialiste de l'antiquité, un autre de la féodalité, etc...), ne peut aboutir à une lecture dialectique cohérente de son ensemble.
 
En l'absence de l'acquis méthodologique fondamental du Tout historique, l'Histoire n'a donc aucune signification propre, tout comme la destinée humaine qui lui est consubstantielle.
 
À la question : quel sera notre futur ? La réponse est partiellement contenue dans notre passé historique (d'où sa mise en relief en un Tout), puisque le futur est déjà présent en germe dans le passé...
                         
Quelques rares écrits anciens témoignent directement de la réalité des communautés de l'anti-écriture et donc de...l'anti-histoire !...  
Petit extrait de "La Guerre des Gaules" rédigé par César en 53 av. J-C :
"Les mœurs des Germains sont très différents de ceux des Celtes car ils n'ont pas de druides qui président aux choses divines et ne font point de sacrifices... Nul n'a de champs limités ni de terrain qui soit sa propriété mais les représentants de la communauté assignent tous les ans aux populations et aux familles vivant dans la communauté, des terres en tels lieux et quantités jugés à propos ; et l'année suivante ils les amènent à passer ailleurs.
Ils donnent beaucoup de raisons de cet usage : la crainte que l'attrait d'une longue habitude ne fasse perdre le goût du combat pour celui de l'agriculture ; que chacun, s'occupant d'étendre ses possessions, les plus puissants ne chassent des leurs les plus vulnérables ; qu'on ne se garantisse du froid et de la chaleur par des habitations trop commodes ; que l'appétit des richesses ne s'introduise parmi eux et ne fasse naître les factions et les discordes ; on veut enfin maintenir le peuple par un esprit de cohérence, en lui montrant un parfait équilibre de biens entre les moins vigoureux et les plus forts."
 
Tacite dans "La Germanie" fera également le même constat un siècle plus tard, même si les communautés en question s'érodaient déjà lentement mais sûrement.
 
Les Germains "archaïques" comme d'autres communautés de l'Être, vivent en un équilibre constamment maintenu et préservé, leur relation au cosmos naturel et humain est l'automouvement immanent de leur produire et reproduire la vie. Ils parlent, rient, chantent, chassent, pêchent et cultivent en un monde où il n'est pas nécessaire d'écrire puisque tout "s'agit" en un épanouir direct et spontané (en jouissance de vie pleine et immédiate !) qui va jusqu'au bout de lui-même et qui n'a donc pas l'utilité d'écrire ce qui s'en va ou ce qui manque.
 
La parole est l'expression historique de l'Être de l'Homme et dans la communauté primitive elle se suffit à elle-même.
 
À partir du moment où la vie des Hommes cesse peu à peu de s'inscrire dans les cycles naturels de la vie cosmique, l'écriture devient l'un des instruments décisifs pour assurer la succession domesticatoire des générations asservies par le règne écrit des détenteurs de l'histoire des civilisations.
 
À l'origine de l'origine, l'invention de l'écriture permet aux Hommes de faciliter le comptage de la production récoltée et le développement du commerce dès lors que le produire pour la vente prend la place du produire pour la vie.
 
Par la suite l'Homme n'écrit que pour dire la valeur vérifiée de ce qu'il échange et monnaye, ou pour établir le calendrier historiographique des légitimations fabulatrices du pouvoir politique de l'économie ou bien pour fuir poético-artistiquement dans une représentation illusoire et compensatoire de cette vie réelle délabrée qu'il n'arrive pas à agripper tant elle s'esquive et ne se concrétise qu'en médiocrité.
L'on cessera d'avoir le besoin d'écrire lorsque l'on recommencera à vivre vraiment la vérité du cosmos de l'Être. En attendant ce mouvement de retour de l'Être Humain en l'Être de l'Homme, l'on peut exposer des anti-textes radicaux rappelant que toute écriture est un lieu culturel de recomposition aliénatoire de l'unité primordiale perdue.
 
La déchirure de l'Être de l'Homme marque le point de départ de son anti-naturalité puisque le biologique et le communautaire sont indissociables l'un de l'autre, ils sont dialectiquement interactifs dès la naissance sous la forme de l'implication de leurs relations réciproques.
 
La solitude, la séparation, l'angoisse et le mal-être ne sont pas dans la nature de l'Homme mais dans la destinée réifiante du devenir humain au sein des sociétés de l'Avoir.
Cette notion d'individus atomisés et enfermés dans leur propre subjectivité narcissique qui en découle, porte en elle la vieille idée du cercle vicieux de l'isolement initial de l'humain.
 
Mais faut-il le rappeler ? L'Homme n'est pas né pour être séparé de l'Homme dans la médiation de l'Avoir et du paraître, il est fait pour être charpenté communautairement, traduisant le fait que la nature de la logique de vie est dans la logique de vie de la Nature.
 
L'Homme a cette spécificité identitaire originelle qui le distingue de l'animal comme Être génétique de la communauté consciente. La compréhension de cette spécificité de Nature consciente est l'articulation phénoménologique qui définit sa génétique communautaire.
 
Pour l'animal, ses rapports n'existent pas en tant que rapport d'intentionnalité mais seulement d'instinct.
Pour l'Homme, sa conscience n'est autre que son rapport de "vouloir", qui est donc par définition un produit social humain.
 
C'est avec Héraclite et Parménide que le temps de l'Histoire est devenu conscience historique lorsque la contradiction radicale entre le mouvement de l'Être et la temporalité de l'Avoir est devenue clairement manifeste.
 
Par la suite, c'est avec Hegel notamment que cette conscience deviendra conscience de l'histoire d'elle-même, c'est à dire conscience de la nécessité d'un retour à l'Être non séparé de lui-même, mais ceci est une autre histoire...      
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Kairos Membre 58 messages
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Avant de poursuivre plus avant "la déchirure achevée de l'Être", revenons sur un contenu un peu plus didactique.

Intéressons-nous à un point essentiel (déjà maintes fois évoqué ici) qui permet de saisir l'une des clés de compréhension de notre devenir historique.
Le passage du Paléolithique au Néolithique, des communautés de l'Être aux sociétés de l'Avoir, est historiquement le point de bascule majeur et unique (jusqu'à maintenant) du devenir de l'humanité.
 
Le point fondamental qu'il faut retenir, c'est que la caractéristique décisive de ce passage historique est bien davantage une rupture pure et dure plutôt qu'une continuité naturelle ou évolution normale entre les communautés primordiales et les sociétés qui suivront.
 
Le monde (et quel monde !) que nous connaissons aujourd'hui est déjà en germe au Néolithique.
Le mode de production détermine en durées longues le devenir conscient humain...mais il faudra bien sûr y revenir...
 
 
Pour l'instant, revenons sur le travail de terrain d'une préhistorienne ainsi que d'un anthropologue et non des moindres :
 
"Pour expliquer, excuser, la violence de l'homme actuel on trouve souvent dans la littérature grand public, mais aussi dans des livres plus scientifiques une raison toute simple. L'homme d'aujourd'hui est violent car il a toujours été comme cela, c'est dans sa nature...
 
Marylène Patou-Mathis remonte aux origines de l'Homme pour trouver les traces de cette soi-disant violence originelle. Le chasseur-cueilleur du Paléolithique était-il vraiment aussi guerrier que l'on voudrait nous le faire croire ? Et si telle était sa nature, où sont les traces de cette fureur dévastatrice... Cette agressivité aurait dû laisser des marques, des vestiges, sur les fossiles humains. Or, si l'archéologie ne trouve que très peu de preuves de violence, elle met plus souvent en lumière des indices d'altruisme et de compassion.
 
Sans non plus exagérer dans la notion de "bon sauvage", chère à Rousseau, Marylène Patou-Mathis démontre que les hommes préhistoriques n'étaient pas non plus des êtres de violence... La guerre ne faisait pas encore partie des pratiques habituelles.
 
Ce n'est qu'avec la sédentarisation, l'agriculture, la notion de propriété, que les hommes du Néolithique vont, certes, se civiliser, mais vont devoir également protéger leurs acquis... et donc user de violence guerrière..."
 
(Concernant spécifiquement l'endo ou l'exocannibalisme, là aussi les mythes et phantasmes occidentaux témoignent d'une méconnaissance totale du sujet !)  
 
Petit extrait de "Préhistoire de la violence et de la guerre" :
 
"Réalités archéologiques
S'il est aujourd'hui difficile d'apprécier l'ampleur réelle des actes de violence durant la préhistoire, l'évaluation de l'importance de ce phénomène est probablement influencée par l'état des découvertes et des études. Néanmoins, à la lumière de la recension des données archéologiques que nous avons évoquées précédemment, il est possible d'avancer quelques réflexions.
Il apparaît, d'une part, que le nombre de sites préhistoriques dans lesquels des actes de violence ont été observés est faible au regard de l'étendue géographique et de la durée de la période considérée (plusieurs centaines de milliers d'années) et, d'autre part, que si la violence envers autrui remonte à au moins 120000 ans, la guerre, elle, n'a pas toujours existé.
Apparue, il y a moins d'une douzaine de milliers d'années, elle est (sauf preuves contraires), comme le pensaient certains anthropologues évolutionnistes du XIXe siècle, le produit de la « civilisation »."
 
Deux liens relativement courts mais hautement instructifs ! (Idem pour le dernier.)
 

 

Une fois n'est pas coutume (ce sera l'une des exceptions qui confirment la règle !) voici un lien vers la page Wikipédia d'un ouvrage essentiel sur la question : "Âge de pierre, âge d'abondance" de Marshall Salhins.

(Pour diverses raisons, sachez toutefois qu'il m'arrive très rarement d'avaliser le contenu des pages Wikipédia...S'il vous arrive de les utiliser, faîtes-le avec discernement et parcimonie, encore plus avec YouTube et consorts mais ça vous le saviez déjà...)

 

 

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Kairos Membre 58 messages
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Origine historique de l'aliénation
 
Le terme "aliénation" s'entend ici comme détermination historique du mode de production, c'est un élément essentiel et décisif de compréhension.
 
Nous l'avons vu à plusieurs reprises dans ce déroulé historique, la conscience n'est jamais conscience "pure", elle est toujours déterminée.
 
Qu'est-ce qui détermine notre conscience ? Le propre de l'aliénation comme déterminisme, c'est justement notre incapacité à saisir ce qu'elle est réellement. Elle réifie les Hommes pour les rendre étrangers à eux-mêmes.
 
Sans rentrer non plus dans une description exhaustive et trop complexe, la présente définition s'applique à cerner grossièrement la question et surtout son aspect historique.
 
L'aliénation qui détermine la conscience (c'est la raison pour laquelle on la nomme aussi "conscience fausse") peut se définir schématiquement ici pour les besoins explicatifs par un exemple relativement simple :
Le temps long d'enfermement d'un prisonnier dans sa cellule pendant au moins cinquante ans ; le processus de conscientisation d'un enfermement aussi long ne peut plus lui permettre non seulement de vivre mais même de s'imaginer en dehors de sa claustration.
(Pour les cinéphiles, vous avez même un exemple parlant dans "Les Évadés" du bibliothécaire "Brooks"...)
 
Le temps long de cet enfermement se veut la métaphore du temps long de notre mode de production actuel mais cette fois génération après génération depuis le Néolithique ainsi que le sens du terme "aliénation" (pratique du dessaisissement) entendu ici.
 
Revenons maintenant à l'origine historique de la conscience aliénée.
 
Le fait élémentaire et fondamental que notre fausse conscience issue de la longue durée déterministe ne peut plus saisir est le suivant : avant que de penser, écrire, philosopher, peindre, faire de la science, des mathématiques, de l'astrologie, de la politique, de l'écologie, de croire en Dieu ou autres, etc etc... Les Hommes doivent d'abord (c'est impératif !) manger, boire, se loger, se vêtir, se soigner...bref, subvenir à leurs besoins vitaux pour se maintenir en vie et mieux encore en bonne santé.
  
Cela suppose la production des moyens matériels élémentaires d'existence surdéterminant en premier lieu et bien avant tout autre chose l'Homme dans ses rapports sociaux et conséquemment sa conscience. (Ainsi que le degré de développement économique, les institutions d'État, la justice, la religion, l'art, etc... et non l'inverse !)
 
Depuis le Néolithique, l'aliénation du temps long du mode de production de ces moyens matériels élémentaires vient dissimuler la raison historique (et l'Histoire tout court !) de notre conscience déterminée et de fait, d'une impossible remise en question de celle-ci.
 
Il faut rappeler que l'une des raisons d'être de ce déroulé historique n'est pas de faire de l'histoire pour de l'histoire et pour tuer le temps, la raison d'être de la lucidité historique c'est de se connaître véritablement soi-même, c'est à dire en tant qu'Être générique de la communauté Humaine et par-delà l'absolu mensonge de la nature réifiée de l'Homme en l'Avoir.
 
La réitération de ce qui suit tombe fort à propos :
 
La parole radicale du philosopher critique est phénoménologique en ce qu'elle est essentiellement le savoir de "l'expérience de la conscience", passant de la conscience sensible aliénée à la conscience historique émancipée.
 
La vérité de la certitude de soi-même passe par la connaissance et la compréhension de la vérité de la certitude historique, c'est cette relation pratique qui peut faire surgir la conscience de soi ou auto-conscience ; laquelle est le passage de la conscience fausse à la conscience vraie, telle que cette dernière peut alors se retirer des impasses existentielles des claustrations de maîtrise et de servitude.    
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Kairos Membre 58 messages
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"Dans la communauté originelle, l'intensité du travail est inversement proportionnelle à la quantité de forces productives disponibles".
 
Marshall Sahlins 
 
(Faut-il ajouter que c'est donc l'inverse exact de l'économie de marché ?)
 
 

Suite aux deux contenus précédents, il convient ici d'en restituer contextuellement leur raison d'être.

Le travail et les connaissances de terrain de la préhistorienne et/ou paléoanthropologue sont toujours corrélés au travail et aux connaissances de terrain de l'anthropologue et/ou ethnologue (parmi les plus rigoureux, consciencieux et intègres, ainsi que des capacités d'auto-critique intransigeante de leur condition d'individus civilisés) pour restituer fidèlement et scientifiquement les faits et les observations de la vie réelle (et non pas fantasmée !) des femmes et des hommes de l'Être.
 
Ce sont les recoupements de ces différentes disciplines qui permettent d'affiner les fondements de l'humanité pré-civilisationnelle.
 
Les peuples premiers étudiés par nombre d'anthropologues et d'ethnologues, au sein même des différentes tribus au 20ème siècle, sont un témoignage vivant et actuel de la vie au paléolithique !  
    
Dès lors, aucun doute ne subsiste sur leur propre Histoire et sur les conditions historiques de leur extinction qui verront l'avènement de la civilisation de l'Avoir.
 
La perte de l'Être de l'Homme en l'Avoir implique évidemment de très lourdes conséquences sur l'Homme et son rapport à lui-même individuellement et collectivement. 
 
Dans "préhistoire de la violence et de la guerre" évoqué précédemment, l'exemple (parmi tant d'autres de l'involution humainement parlant, au seuil du Néolithique) de cette recension dans "De la nature de l'Être" n'est pas simplement fortuite...
 
(Par ailleurs, il est évident que ces quelques lignes ne sauront dire guère plus qu'un "tract" sur les communautés de l'Être et que pour en prendre véritablement connaissance, rien ne vous sera donné (et pour cause !), c'est exclusivement à vous qu'il appartient d'approfondir et d'en saisir la substance pour remonter à la cause des causes.) 
           
La plupart des scientifiques ou autres qui ont côtoyé de près ces communautés (terme qui trouve son sens premier pour définir ce qu'est une véritable communauté et non pas le sens dévoyé qu'on lui prête aujourd'hui pour définir, somme toute, qu'un agrégat d'individualités) rapportent tous unanimement l'incroyable puissance d'être au monde, du rapport harmonieux de l'Homme avec l'Homme avec son environnement, d'un degré d'épanouissement humainement et socialement difficilement imaginable pour nous autres...
 
D'ailleurs Daniel Everett au tout début du documentaire sur les Pirahãs d'Amazonie (présenté précédemment) le mentionne d'une manière éclatante en perdant sa foi chrétienne (lui, le missionnaire !) pour devenir anthropologue et linguiste.
 
Il en va de même pour les Bochimans, les Hadza, les Guayaki, les Sioux, les Cheyennes... etc, etc... avant que ceux-ci ne périclitent.
Ces peuples hors de la domestication aliénatoire de l'Avoir seront les victimes de leurs limites intrinsèques à leur caractère localiste.
 
L'Histoire des Communautés de l'Être n'est pas une nébuleuse abstraite mais des faits réels recoupés empiriquement via des disciplines scientifiques et ce, malgré l'écrasante machine idéologique aliénatoire dominante.
 
Le Guayaki ou le Hadza moyen affiche un niveau d'épanouissement humain sans comparaison et une vie sociale qualitativement bien plus riche, la compréhension du monde complexe aliéné lui est étranger, chaque jour de sa vie est si abondante de sens et de plénitude humaine dans son rapport aux autres et à la nature qu'il n'éprouve aucun des nombreux symptômes du Mal-Être affectant (de manière directe et psychosomatique) l'Homme réifié de nos sociétés.
 
Le malaise ou l'inquiétude ne peut-être que passager car il est porté par toute la communauté et ne se mue jamais en angoisse ou névrose existentielle chronique.
 
La communauté au vrai sens du terme, répétons-le, n'est pas un agrégat d'individualités prisonnières d'elles-mêmes...et cette communauté là n'est plus reproductible (sous quelques formes que ce soit) à l'heure actuelle.
 
Les communautés Homo sapiens de l'Être ont vécu 40 000 ans sur une terre qu'ils ont laissé humainement et environnementalement saine et fertile, qu'en sera-t-il des sociétés de l'Avoir qui ont aujourd'hui à peine 7000 ans (et dont on subodore à tous points de vue presque l'échéance) ?
La comparaison n'est ténue qu'en apparence...le constat est lui pour le moins cinglant ! Cela, tout esprit normalement constitué peut, avec simplement un peu de bon sens et de lucidité, le constater.
En revanche, pour une immense majorité il y a méprise quant au "diagnostic" autant qu'au "traitement curatif de fond".     
 
"Les sociétés de l'Avoir" reviennent maintes et maintes fois dans les contenus "De la nature de l'Être", elles ne seront pas développées ici ou si peu pour une simple raison : si ce "diagnostic" n'est pas suffisamment cerné et développé, le "traitement de fond" ne le sera pas davantage. 
Pourtant la dictature démocratique de la loi de la valeur d'échange est au coeur même du processus aliénatoire et de la perte de l'Être de l'Humain. 
 
"Cela suppose la production des moyens matériels élémentaires d'existence surdéterminant en premier lieu et bien avant tout autre chose l'Homme dans ses rapports sociaux et conséquemment sa conscience. (Ainsi que le degré de développement économique, les institutions d'État, la justice, la religion, l'art, etc... et non l'inverse !)"
Cette phrase (extraite de mon précédent post) aura bien du mal à être saisie à la hauteur de son importance capitale.
Ceci démontre que pour déjouer une conscience aliénée, il lui faut d'abord s'émanciper par l'Histoire Humaine des longues durées.     
 
Sachez tout de même que "De la nature de l'Être" synthétise de façon impersonnelle la critique radicale maximaliste, qui elle, ne peut en aucun cas prétendre sortir d'un seul cerveau mais de Jalons de Conscience
issus de la critique de l'économie politique (et aucun cas de l'économie politique critique !) en conservation/dépassement de ceux-ci (ex. Hegel).
 
Au vu de tout ce que l'on peut trouver comme critique ou pseudo-critique aujourd'hui sur internet, cet adage d'une pertinence frappante n'a jamais été autant d'actualité : "afin d'avoir les armes de la critique, encore faut-il d'abord faire la critique des armes"...   
                
Appuyons-nous sur une conscience historique émancipée pour que la négation spectaculaire de l'épanouissement humain (et du Tout sacral) soit niée à son tour !
 
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Membre, Forumeur confit, Posté(e)
Enchantant Membre 17 477 messages
Forumeur confit,
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Le 19/12/2021 à 16:31, Kairos a dit :

"Mais il ne reste plus à présent qu'une voie

C'est la première fois que j'assiste à un monologue sur le Forum ?

Notre ami @Kairos enfile ses textes à la suite comme certain le font avec des perles, apparemment cela ne le dissuade pas de continuer ?

Et moi qui croyais bêtement que le forum c'était fait pour échanger ! :D

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Kairos Membre 58 messages
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il y a une heure, Enchantant a dit :

C'est la première fois que j'assiste à un monologue sur le Forum ?

Notre ami @Kairos enfile ses textes à la suite comme certain le font avec des perles, apparemment cela ne le dissuade pas de continuer ?

Et moi qui croyais bêtement que le forum c'était fait pour échanger ! :D

Vous tenez bien l'impertinence de votre rôle comme moi le monologue ad vitam aeternam, à chacun son truc !
 
Ce déroulé historique n'est pas fermé aux commentaires et questions pour peu qu'il me soit donné le temps nécessaire d'y répondre correctement et de la manière la plus exhaustive possible.
 
Mon expérience des forums (au sens large) est suffisamment conséquente pour savoir de quoi il retourne exactement, si vous voulez un bavardage de comptoir, ce sera sans moi.
En revanche, si une interrogation survient uniquement dans le contexte et la trame de fond des contenus exposés ici, elle sera la bienvenue, il n'a jamais été mentionné le contraire.
 
Certains dégainent plus vite leur clavier que de porter à maturité une vraie réflexion de fond (vous l'avez compris, le "penser tout haut" n'est pas ma tasse de thé), il m'est loisible d'en accepter ou pas le jeu comme il m'est loisible de sélectionner l'intervenant ou la réponse qui me paraît pertinente dans le cadre d'un échange en lien avec le sujet, qui plus est bienveillant, constructif, où chacun peut faire de son temps d'intervention (ou peut essayer en toute bonne foi) un acte bénéfique pour tous les lecteurs et/ou intervenants. 
 
Toutes autres modalités que celles exposées ici ne m'intéressent pas.    
 
Bonne soirée       
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  • 3 mois après...
Membre, 54ans Posté(e)
Kairos Membre 58 messages
Forumeur inspiré‚ 54ans‚
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Suite et fin de "La déchirure achevée de l'Être".

"L'esprit ne peut conquérir sa vérité qu'à la condition de se retrouver soi-même dans et par-delà l'absolu déchirement."
 
"Seuls ceux qui ne sont point en situation d'accéder à la rigueur du méthodique, s'inquiètent de dépasser leur subjectivité dans l'objectif... Leur inquiétude subjective n'est - en effet - pas apte à la quiétude du connaître..."
 
Hegel
       
"Le spectacle, comme organisation sociale présente de la paralysie de l’histoire et de la mémoire, de l’abandon de l’histoire qui s’érige sur la base du temps historique, est la fausse conscience du temps."
 
Debord
 
L’Homme est un animal historique qui peut accéder à la conscience de l’Histoire et c’est l’histoire de cette conscience qui lui permet d’accéder à lui-même. 
Tout en accédant à lui-même il accède à la nature de son Être générique.
 
En un temps où l'existence de l'Homme ne sait plus conjuguer le verbe "être" que sous la forme de l'auxiliaire "avoir" et que le nom masculin "Être" n'a plus de signification substantielle, "l'Être de l'Humain" en son essence nous rappelle avant tout que l'Être, c'est l'Être de l'unité de l'Homme en l'Homme communautaire du Tout cosmique.
 
De façon succincte : le fondement historique (via entre autres de très anciennes racines étymologiques indo-européennes) de l'Être, c'est le tenir debout (par opposition à la génuflexion domesticatoire) dans un jaillir de conscience en la vie de l'auto-épanouir de sa qualité radicale anti-quantitative.
 
Fondamentalement irréconciliables, l'Avoir ne peut coexister avec l'Être qu'au détriment de ce dernier, dès lors l'Être de naturalité achevée ne peut advenir qu'en la négation de ce qui fonde sa propre négation ontologique.
 
La présente critique radicale des dévastations infinies de l'Avoir sur nos Êtres n'est pas simplement un vulgaire pamphlet idéologique contre l'idéologie dominante mais justement l'abolition de toute idéologie.
Ceux qui voudraient voir entre ces lignes un manifeste insurrectionnel des consciences ne projettent là que leur propre incapacité à discerner (et en passant à s'économiser l'effort de creusement !) la trame de la nature de l'Être ontologique.
Il convient donc d'insister sur l'objectif de ces présentes lignes, qui n'est autre que la mise en lumière de la dialectique historique des longues durées.
     
L'appréhension juste de ces présentes lignes requiert un minimum de mise à distance critique de l'histoire de l'écume des choses, la mise en perspective des profondeurs de l'Histoire réelle ne peut être saisie qu'à la condition de l'appréhender à partir de sa racine protohistorique. (Métaphoriquement parlant, même si elle se dissimule et à force de se dissimuler, la racine n'en perd pas pour autant son essentialité...)
   
Après sa lente et longue progression, aujourd'hui l'économie politique de la société de l'Avoir occupe universellement la totalité des champs sociaux et l'ensemble des espaces de l'intimité humaine dans un reniement toujours plus consommé de l'Être de l'Homme, en mettant l'humanité hors d'état de nuire à sa propre inhumanisation, jusqu'à l'impossibilité même d'un discernement historique, c'est-à-dire d'une compréhension radicale des contradictions qui font le mouvement temporel de l'existence humaine.
 
(Petite parenthèse : peut-être faut-il répéter rapidement que "l'Avoir" n'est autre que le mode de production où l'Homme s'aliène dans son rapport de production depuis le Néolithique (qui deviendra le cycle de la valeur d'échange s'autonomisant) en tant que producteur du rapport de sa propre production sociale aliénée.
 
Les différents modes de production au cours de "l'histoire officielle de la mémoire sélective" (tant que celle-ci ne fait pas son auto-critique déterministe) sont définis succinctement comme suit :  esclavage - servage - salariat (en réalité le salariat ne diffère de l'esclavage que dans la servitude volontaire d'une forme d'aliénation supérieure des consciences), en occultant à dessein (de manière immanente, ce n'est pas un complot !) l'essentiel : le mode de production pré-civilisationnel !
 
Prenons l'exemple de l'esclavage : la vérité officielle n'y essentialise là que des conflits de domination interethniques, raciaux, supranationaux, etc... Alors que ce n'est rien d'autre que la manifestation réelle de la forme phénoménologique des forces productives à un seuil historique donné...
 
De façon très schématique, puisqu'il reste ici à en préciser les termes exacts, il existe différents degrés d'aliénation ; bien évidemment les formes supérieures d'aliénation se retrouvent exacerbées chez le maître, le seigneur et le capitaliste tandis que l'esclave, le serf et le prolétaire l'éprouvent dans des formes inférieures. Fin de la parenthèse.)
 
Sans se référer à un prérequis historico-méthodologique, l'opinion personnelle de tout un chacun et plus encore celui de l'intellectuel (qui se place en tant qu'égotiste locutant et divaguant en bonne place dans la hiérarchie de la division du travail aliéné en escomptant valoriser son désir d'aliénation dans la promotion de sa propre misère et dans l'apparence de la réussite sociale du parvenir autolâtre) qui est condamné à vendre (puisqu'il en vit exclusivement) ses idées mais pour autant qu'elles se vendent...au mieux en diverses recompositions auto-justificatrices de l'économie politique critique comme larbin utile de la marchandise.
 
L'opinion personnelle subjective est la forme matricielle objective de la fausse conscience, elle ne peut donc éclairer la temporalité de l'Avoir que sous l'angle de sa reproduction aliénatoire.
La nécessité pathologique propre à tous les penseurs de la modernité de noircir des centaines de pages pour arriver à formuler une malheureuse et courte idée est l'avertissement implacable du fait que le penser post-socratique, puisqu'il se tient en dehors du domaine ontologique du cosmos primordial, est simplement condamné à pauvrement reproduire le temps particulier de la misère de l'Être qu'il traduit, personnifie et renouvelle.
 
Ce qu'il nous reste des Fragments de Parménide ne tient que sur un mince cahier lequel - c'est l'évidence ! - réduit pourtant à néant les prétentions de bibliothèques entières d'ouvrages philosophique qui s'imaginent obligés de croire à la nécessité de leur existence.
 
Onanisme textuel spéculatif ou agir existentiel pratique en tant qu'exigence méthodique de découverte et de dévoilement de l'Être générique, c'est donc bien en ce choix fondamental que se résout d'abord la question historique du vrai penser de l'essence de l'Être de l'Homme...
 
Toute l'histoire de la philosophie (qui naîtra justement de la décomposition communautaire primordiale du Tout de l'Être en un questionnement compensatoire sur la quête de sens depuis sa perte ontologique ; les Pirahãs d'Amazonie ne font pas de philo et ne sont pas en vaine recherche de sens puisque celui-ci leur est immanent) depuis le jargon subjectif de Socrate est l'histoire de cette perte d'être où l'esprit, séparé du lien organique de la vie communautaire des vrais plaisirs de l'habitement de terre, s'en va délirer dans des échappées d'autophilie spéculative qui cherchent vainement l'origine de ce qui advient dans un fondement situé nécessairement ailleurs que dans la contradiction réelle entre Communauté de l'Être et Société de l'Avoir.
 
"De la nature de l'Être" en synthèse des Jalons de Conscience de la radicalité critique, vous livre le préambule d'une compréhension du dévoiler historique décisive...à vous d'en faire bon usage et de creuser davantage.     
 
Modifié par Kairos
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