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un jour... un poème

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chirona

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Membre, 62ans Posté(e)
zeyas Membre 3 398 messages
Forumeur vétéran‚ 62ans‚
Posté(e)

Aux amis d'enfance.

Recueil : La part du rêve (1863)

Le temps fuit et la vie est brève,
Cependant trop riche en douleurs.
Vite, avant qu'elle ne s'achève
Pour nos amis cueillons des fleurs.

D'autres à leur lèvre altérée,
Présenteront vinaigre et fiel ;
Composons à nos amis avec du miel
Une boisson pure et dorée.

Oui, quand on les attriste ailleurs,
Efforçons-nous de leur sourire ;
Qu'auprès de nous nos amis puissent dire
Qu'ils sont plus joyeux et meilleurs.


Henri-Frédéric Amiel

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  • 2 semaines après...
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Invité Jane Doe
Invités, Posté(e)
Invité Jane Doe
Invité Jane Doe Invités 0 message
Posté(e)

La Fontaine de sang
Charles Baudelaire


Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu’une fontaine aux rhythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.

À travers la cité, comme dans un champ clos,
Il s’en va, transformant les pavés en îlots,
Désaltérant la soif de chaque créature,
Et partout colorant en rouge la nature.

J’ai demandé souvent à des vins captieux
D’endormir pour un jour la terreur qui me mine ;
Le vin rend l’œil plus clair et l’oreille plus fine !

J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux ;
Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles !

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

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Membre, 110ans Posté(e)
Selim Fracini Membre 592 messages
Forumeur accro‚ 110ans‚
Posté(e)

La chose amère


 

L'horreur dont on ne peut se défendre

Un cœur fier, n'est pas de souffrir,

Ni de lutter, ni de mourir,

Ni d'aimer sans se faire entendre;

On s'ennoblit par ces douleurs;

Mais devant soi-même descendre

Peut à l'homme arracher des pleurs.


 

Henri-Frédéric Amiel

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Membre, 59ans Posté(e)
landbourg Membre 2 483 messages
Mentor‚ 59ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Selim Fracini a dit :

La chose amère

Premier texte lu pour démarrer la journée. 

... après les pleurs ! Je suis volontaire.  La douleur semble supportable, elle ne rend pas noble.... elle cache. 

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Membre, 110ans Posté(e)
Selim Fracini Membre 592 messages
Forumeur accro‚ 110ans‚
Posté(e)
il y a 35 minutes, landbourg a dit :

Premier texte lu pour démarrer la journée. 

... après les pleurs ! Je suis volontaire.  La douleur semble supportable, elle ne rend pas noble.... elle cache. 

L'echo que suscite la poésie dans les cœurs est propre à chacun. J'espère que celui qu'elle a engendré en toi ne fut pas trop amer .

Bonne journée à toi.

Modifié par Selim Fracini
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Membre, 59ans Posté(e)
landbourg Membre 2 483 messages
Mentor‚ 59ans‚
Posté(e)
Il y a 13 heures, Selim Fracini a dit :

Bonne journée à toi.

Elle fût bonne oui. Merci. Bonne soirée à toi.  

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Membre, 110ans Posté(e)
Selim Fracini Membre 592 messages
Forumeur accro‚ 110ans‚
Posté(e)
Le 21/02/2020 à 06:10, Selim Fracini a dit :

La chose amère


 

L'horreur dont  ne peut se défendre

Un cœur fier, n'est pas de souffrir,

Ni de lutter, ni de mourir,

Ni d'aimer sans se faire entendre;

On s'ennoblit par ces douleurs;

Mais devant soi-même descendre

Peut à l'homme arracher des pleurs.


 

Henri-Frédéric Amiel

Une coquille s'était glissé dans le texte, et ça en altérait la compréhension.

C'est réparé :)

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Membre, 59ans Posté(e)
landbourg Membre 2 483 messages
Mentor‚ 59ans‚
Posté(e)

 

"Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d'eux voit, que chacun d'eux est."

M. Proust

il y a 50 minutes, Selim Fracini a dit :

Une coquille

J'adore les coquilles!

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Membre, 152ans Posté(e)
Alceste Membre 389 messages
Baby Forumeur‚ 152ans‚
Posté(e)

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,

Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;


Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.


Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,


Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !
A travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur !

 

  • Waouh 1
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  • 2 mois après...
Invité Jane Doe
Invités, Posté(e)
Invité Jane Doe
Invité Jane Doe Invités 0 message
Posté(e)

L’horloge

Charles Baudelaire

Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit :  » Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible,

Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard !  »

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

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Invité .Lowy
Invités, Posté(e)
Invité .Lowy
Invité .Lowy Invités 0 message
Posté(e)

 

Il me faut maintenant un arrêt, une halte prolongée, une place dans le creux, dans les plis, hors de l'impatience.

Voici mon lieu de vie mal situé encore, inachevé, à la frontière de la démesure, de l'utopie.

C'est une traversée extrême, infinie, du bord au rivage, d'un train aux vitres sales à un autre plus fulgurant, interminable comme dans les rêves…

Une traversée quotidienne, attendue, espérée, une découverte voluptueuse parfois.

Une table trop encombrée comme toutes les tables où l'on s'arrête souvent, voici le lieu d'où j'écris.

Là sont mes mots presque illisibles, écrits de nuit pour l'accoutumance à l'obscurité prochaine.

Écrits à contre temps, à contre espérance aussi, envolés d'une fenêtre toujours ouverte sur la lumière.

Et voici ma part d'ombre, mes infimes fragments. Ma faim, souvent occultée, tracée en poèmes maladroits, trop bavards, pour noyer l'indicible.
Ici sont mes livres amputés de bouts de phrases, de bouts de mots, par moi volés : ils répondaient à l'incisif qui me hante.

Nomade à petits pas, chassée de l'enfance, en proie au froid, à l'inquiétude…
Nomade, sans laisser de traces, passante toujours, errante, portant comme un flambeau ma part de feu autrefois si pesante...

Une porte close ? Tout s'altère, tout est à recommencer. Je ne saisis alors que le reflet, le retrait des choses, le creux abandonné. Je marche à reculons, sauvage comme une mer primitive. Anémone marine aux tentacules blessés, je me rétracte, je me love dans le silence, je m'étourdis de désarroi.


Une porte ouverte ? Tout grandit, se dévoile, se révèle : un infini intérieur, un tableau où tout devient simple, immense. Une large demeure, à ma mesure, s'ouvre enfin.


Chaque jour s'écrit lentement sur cette épure où manquent encore tant de signes, de courbes…
Voici mes tourments, mes affres sans remède, sans issue sinon cette clairière, si loin…
Longtemps, j'ai voulu lire les lignes bleues, ravageuses, destructrices qui marquent mon âme. Ces coups portés dès l'origine, entretenus par les berceuses, les chants négatifs d'une mère presque absente… À présent, c'est mon humus, le terreau où je puise la vie, ma vie, c'est mon jardin clos sur l'invisible.

Voici ma fragilité : celle d'une louve au masque rejeté qui craint d'être dévorée. Voici ma sauvagerie, contenue pour ne pas effrayer, pour ne pas trop me dire.

Me voici enfin, enveloppe de chair sur des impulsions vives, cernée de possibles jusqu'au vertige, envoûtée souvent par le fait de vivre. Toujours proche de l'explosion, d'une implosion plus grave encore, me voici jaillissante, à l'écoute de l'essentiel, d'un éternel présent ou de l'envers des choses. A l'écoute du vent telle une feuille rouillée dans l'attente de la chute inévitable.


Voici ma vie pétrie de manques et de cailloux, de rires et de caresses, de contradictions, longuement pétrie de rêves et d'impossibles, d'espace et d'herbes sauvages, de silence et de ruines, d'amour aussi, parfois…

Déjà éloignée, aimantée pourtant par les vibrations du vivant, me voici debout, dressée, guetteur d'impossibles aurores, d'aubes trop lointaines.


Me voici debout vers la fuite toujours imprévisible, un ailleurs qui doit forcément exister…

 

AGNES SCHNELL

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  • 1 mois après...
Invité .Lowy
Invités, Posté(e)
Invité .Lowy
Invité .Lowy Invités 0 message
Posté(e)

C’est peut-être ça que je sens

C’est peut-être ça que je sens,
qu’il y a un dehors et un dedans et moi au milieu,

c’est peut être ça que je suis,
la chose qui divise le monde en deux,
d’une part le dehors, de l’autre le dedans,

ça peut être mince comme une lame,
je ne suis ni d’un côté ni de l’autre,
je suis au milieu, je suis la cloison,

j’ai deux faces et pas d’épaisseur,
c’est peut-être ça, que je sens,
je me sens qui vibre,

je suis le tympan,
d’une côté c’est le crâne,
de l’autre le monde,

je ne suis ni de l’un
ni de l’autre.

Samuel Beckett

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, .Lowy a dit :

C’est peut-être ça que je sens

C’est peut-être ça que je sens,
qu’il y a un dehors et un dedans et moi au milieu,

c’est peut être ça que je suis,
la chose qui divise le monde en deux,
d’une part le dehors, de l’autre le dedans,

ça peut être mince comme une lame,
je ne suis ni d’un côté ni de l’autre,
je suis au milieu, je suis la cloison,

j’ai deux faces et pas d’épaisseur,
c’est peut-être ça, que je sens,
je me sens qui vibre,

je suis le tympan,
d’une côté c’est le crâne,
de l’autre le monde,

je ne suis ni de l’un
ni de l’autre.

Samuel Beckett

Je suis l'âme

Membrane,

Une brane

Encore moins :

Juste un fil

Une âme funambule

Somnambule

Qui déambule

Entre deux.

Et je prends garde à droite :

Néant

Et je prends garde à gauche :

Néant.

Une corde en discorde

Attachée

Une corde un peu ivre

Qui vibre

Sa liberté.

Modifié par Blaquière
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  • 1 mois après...
Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Dire une chose précisément en parlant de tout autre chose....

 

Le vase où meurt cette verveine
D'un coup d'éventail fut fêlé ;
Le coup dut l'effleurer à peine :
Aucun bruit ne l'a révélé.

Mais la légère meurtrissure,
Mordant le cristal chaque jour,
D'une marche invisible et sûre,
En a fait lentement le tour.

Son eau fraîche a fui goutte à goutte,
Le suc des fleurs s'est épuisé ;
Personne encore ne s'en doute,
N'y touchez pas, il est brisé.

Souvent aussi la main qu'on aime,
Effleurant le cœur, le meurtrit ;
Puis le cœur se fend de lui-même,
La fleur de son amour périt ;

Toujours intact aux yeux du monde,
Il sent croître et pleurer tout bas
Sa blessure fine et profonde ;
Il est brisé, n'y touchez pas.

— Sully Prudhomme,

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Membre, Conteuse aux fils d'argent, 95ans Posté(e)
Ludwige Membre 803 messages
Forumeur alchimiste ‚ 95ans‚ Conteuse aux fils d'argent,
Posté(e)

Liberté

Paul Eluard
Juan Gris, La fenêtre ouverte, 1921
Juan Gris, La fenêtre ouverte, 1921


Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard

Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 29/07/2020 à 14:02, Ludwige a dit :

Liberté

Paul Eluard
Juan Gris, La fenêtre ouverte, 1921
Juan Gris, La fenêtre ouverte, 1921


Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Paul Eluard 

Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)

Citation

« Je pensais révéler pour conclure le nom de la femme que j’aimais, à qui ce poème était destiné. Mais je me suis vite aperçu que le seul mot que j’avais en tête était le mot Liberté. Ainsi, la femme que j’aimais incarnait un désir plus grand qu’elle. Je la confondais avec mon aspiration la plus sublime, et ce mot Liberté n’était lui-même dans tout mon poème que pour éterniser une très simple volonté, très quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l’Occupant »

C'est comme ça que je le ressens ce poème en toute évidence. J'ai l'impression que le mot de "liberté" a été parachuté là par l'air du temps...

Comme su Eluard avait eu honte d'aimer pendant la guerre...

Modifié par Blaquière
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  • 1 mois après...
Invité Jane Doe.
Invités, Posté(e)
Invité Jane Doe.
Invité Jane Doe. Invités 0 message
Posté(e)

Cauchemar

J’ai vu passer dans mon rêve
- Tel l’ouragan sur la grève, -
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalier

Des ballades d’Allemagne
Qu’à travers ville et campagne,
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
Un étalon

Rouge-flamme et noir d’ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne
Ni hop ! ni cravache, entraîne
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !

Un grand feutre à longue plume
Ombrait son œil qui s’allume
Et s’éteint. Tel, dans la brume,
Éclate et meurt l’éclair bleu
D’une arme à feu.

Comme l’aile d’une orfraie
Qu’un subit orage effraie,
Par l’air que la neige raie,
Son manteau se soulevant
Claquait au vent,

Et montrait d’un air de gloire
Un torse d’ombre et d’ivoire,
Tandis que dans la nuit noire
Luisaient en des cris stridents
Trente-deux dents.


Paul Verlaine
Poèmes saturniens

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Membre, Posté(e)
Jim69 Membre 21 859 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

J'ai créé un topic finalement au lieu de poster ici une création personnelle.

Modifié par Jim69
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  • 1 mois après...
Invité Lowy..
Invités, Posté(e)
Invité Lowy..
Invité Lowy.. Invités 0 message
Posté(e)

Desiderata

Va tranquillement parmi le vacarme et la hâte,
et souviens-toi que de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation,
vis autant que possible en bons termes avec toutes personnes.
Dis doucement et clairement ta vérité
et écoute les autres,
même le simple d’esprit et l’ignorant,
ils ont eux aussi leur histoire.

Evite les individus bruyants et agressifs,
ils sont une vexation pour l’esprit.
Ne te compare à personne,
tu risquerais de devenir vain ou vaniteux.
Il y a toujours plus grand et plus petit que toi.
Jouis de tes projets aussi bien que de tes accomplissements.

Sois toujours intéressé à ta carrière, aussi modeste soit-elle,
c’est une véritable possession dans les prospérités changeantes du temps.
Sois prudent dans tes affaires, car le monde est plein de fourberies.
Mais ne sois pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe,
nombreux sont ceux qui cherchent de grands idéaux,
et partout la vie est remplie d’héroïsme.

Sois toi-même.
Surtout n’affecte pas l’amitié.
Non plus ne sois cynique en amour,
car il est en face de toute stérilité et de tout désenchantement
aussi éternel que l’herbe.

Prends avec bonté le conseil des années,
en renonçant avec grâce à ta jeunesse.
Fortifie une puissance d’esprit pour te protéger en cas de malheur soudain.
Mais ne te chagrine pas avec des chimères.
De si nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au-delà d’une discipline saine,
sois doux avec toi-même.

Tu es un enfant de l’univers,
pas moins que les arbres et les étoiles,
tu as le droit d’être ici.
Qu’il te soit clair ou non,
l’univers se déroule sans doute comme il devrait.

Sois en paix avec Dieu,
quelle que soit ta conception de lui,
et quelles que soient tes peines et tes rêves,
garde dans le désarroi bruyant de la vie,
la paix dans ton âme.

Avec toutes ses perfidies, ses besognes fastidieuses et ses rêves brisés,
le monde est pourtant beau.
Sois positif et attentif aux autres.
Tâche d’être heureux.

Max Ehrmann - 1927

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