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chirona

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Invité chekhina
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Posté(e)

Maïakovski

Poème "le Nuage en Pantalon"

Extraits. Premier chapitre.

"Me voici

colossal,

arc-boutant la fenêtre.

De mon front je fais fondre la vitre.

L'amour va-t-il ou pas naitre ?"

 

"Amoureux, de nouveau j'irai jouer,

empourprant de feu l'arc de mes sourcils

Quoi donc !

Dans un logis qui a brûlé

vivent parfois des vagabonds sans domicile."

 

"Chaque parole,

même drôle,

qu'il crache de sa bouche en proie aux flammes

tombe comme une prostituée

chassée nue d'une maison close incendiée."

Modifié par chekhina
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Membre, Posté(e)
Axo lotl Membre 19 195 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Qui pleurera pour le petit enfant
Poème du film d'Antwone Fisher.

Qui pleurera pour le petit enfant 
Seul et sans repère 
Qui pleurera pour le petit enfant 
Abandonner loin de ses frères
Qui pleurera pour le petit enfant 
Qui sanglotait dans son sommeil 
Qui pleurera pour le petit enfant 
Priver du pays des merveilles 
Qui pleurera pour le petit enfant 
Debout dans le sable brûlant 
Qui pleurera pour le petit enfant 
L'enfant dans l'homme gémissant 
Qui pleurera pour le petit enfant 
L'enfant que l'on épargne pas
Qui pleurera pour le petit enfant 
Mort cent fois  et cent fois déjà 
Qui pleurera pour le petit enfant 
Qui voulait pas faire de faux pas 
Qui pleurera pour le petit enfant 
Qui pleure au fond de moi

 

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  • 2 mois après...
Membre, Posté(e)
Dorood Membre 1 286 messages
Mentor‚
Posté(e)

Peut-on aimer un pays
Qui n’est même pas un pays ?

Un pays
Dont on n’a jamais foulé le sol
Un pays avec lequel on n’a,
Pour tout lien physique,
Qu’une lampée d’huile d’olive
Parsemée de zaatar
Qui caresse le gosier
Qui enchante les papilles de sa verdeur

Un pays
Dont on regarde de vieilles photographies,
Le cœur battant,
En y cherchant le visage de ses ancêtres
Au détour d’une ruelle de Jérusalem

Peut-on aimer un pays
Que tant de gens autour de soi
Se réjouissent de voir brûler
Un pays défiguré, englouti par la corrosion d’un seul mot :
« Terroriste »

Un pays d’enfants radieux
Transformés en pantins mutilés
En cadavres poussiéreux

Un pays dont le nom, à lui seul,
Constitue une offense
Dont le drapeau peut vous mener au commissariat
Dont les habitants
Pèsent moins qu’une plume
Sur la balance des vies humaines

Peut-on aimer un pays
Dont même vos amis
Semblent ignorer la part de douceur

Un pays qui vous rend suspecte
Qui vous isole dans le tremblement de votre effroi
Dans le chagrin qui vous réveille la nuit
Dans l’infinie litanie
De souffrances trop vertigineuses
Pour que l’esprit les saisisse

Peut-on aimer un pays entêté
Qu’il serait si facile de renier
Mais qui vous interdit de l’oublier
Un pays qui vous appelle, qui vous oblige
Un pays qui vous demande
De mettre à l’abri ses trésors
Quand vient l’heure inexorable de la destruction

Mona Chollet 

(poème que Mona Chollet a pu lire lors de l'émission la Grande Librairie du 09/10)

 

  • Waouh 1
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  • 2 mois après...
  • 2 semaines après...
Membre, ♪ ♫ ♪ ♫, Posté(e)
Herman1 Membre 11 499 messages
♪ ♫ ♪ ♫,
Posté(e)

Comme il est joli ce thon,
Quel joli thon beau.
Passant tout près d’un cargo,
Mais quel est ce cargo ?
Il se cache dans les flots,
Il se cache à l’eau.
Comme il est joli ce thon,
Quel joli thon beau.


Claude Marc

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  • 3 semaines après...
Membre, ♪ ♫ ♪ ♫, Posté(e)
Herman1 Membre 11 499 messages
♪ ♫ ♪ ♫,
Posté(e)

LE VIEUX JOUR

Le vieux jour qui n’a pas de but veut que l’on vive
Et que l’on pleure et se plaigne avec sa pluie et son vent.
Pourquoi ne veut-il pas dormir toujours à l’auberge des nuits
Le jour qui menace les heures de son bâton de mendiant ?

La lumière est tiède aux dortoirs de l’hôpital de la vie ;
La blancheur patiente des murs est faite de chères pensées.
Et la pitié qui voit que le bonheur s’ennuie
Fait neiger le ciel vide sur les pauvres oiseaux blessés.

Ne réveille pas la lampe, ce crépuscule est notre ami,
Il ne vient jamais sans nous apporter un peu de bon vieux temps.
Si tu le chassais de notre chambre, la pluie et le vent
Se moqueraient de son triste manteau gris.

Ah ! certes, s’il existe une douceur ici-bas
Ce ne peut être qu’aux vieux cimetières graves et bons
Où la faiblesse ne dit plus oui, où l’orgueil ne dit plus non.
Où l’espoir ne tourmente plus les hommes las.

Ah ! certes, là-bas, sous les croix, près de la mer indifférente
Qui ne songe qu’au temps jadis, tous les chercheurs
Trouveront enfin leurs âmes aux sourires anxieux d’attente
Et les consolations sûres des nuits meilleures.


Verse cet alcool dans le feu, ferme bien la porte,
Il y a dans mon cœur des abandonnés qui grelottent.
On dirait vraiment que toute la musique est morte
Et les heures sont si longues !

Non, je ne veux plus voir en toi l’amie :
Ne sois qu’une chose extrêmement douce, crois-moi.
Une fumée au toit d’une chaumière, dans le soir :
Tu as le visage de la bonne journée de ta vie.

 

Pose ta douce tête d’automne sur mes genoux, raconte-moi
Qu’il y a un grand navire, tout seul, tout seul, sur la mer ;
N’oublie pas de me dire que ses lumières ont froid
Et que ses vêtements de toile font rire l’hiver.

Parle-moi des amis qui sont morts il y a longtemps.
Ils dorment dans des tombeaux que nous ne verrons jamais.
Là-bas bien loin, dans un pays couleur de silence et de temps.
S’ils revenaient, comme nous saurions les aimer !

Dans le cabaret près du fleuve il y a de vieux orphelins
Qui chantent parce que le silence de leurs âmes leur fait peur.
Debout sur le seuil d’or de la maison des heures
L’ombre fait le signe de la croix sur le pain et le vin.

Oscar Vladislas de Lubicz Milosz

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Membre, Posté(e)
Axo lotl Membre 19 195 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

"Si j'avais su

à quoi ressemblait la sécurité

j'aurais passé moins de temps

à tomber dans des bras

qui n'en étaient pas"

rupi kaur

 

"Essayer de me convaincre

que j'ai le droit 

de prendre ma place

c'est comme écrire

de la main gauche 

alors que je suis née

pour me servir de la droite"

rupi kaur

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Membre, Posté(e)
Axo lotl Membre 19 195 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

je ne sais pas ce que c'est que vivre une vie équilibrée

quand je suis triste

je ne pleure pas je coule à flots

quand je suis heureuse

je ne souris pas je rayonne

quand je suis en colère

je ne hurle pas je brûle

 

l'avantage de ressentir les extrêmes c'est que 

quand j'aime je leur donne des ailes

mais ce n'est peut être pas

une si bonne chose parce que

ils ont toujours tendance à partir

et vous devriez me voir 

quand mon coeur est brisé

je n'ai pas du chagrin

je vole en éclats

 

rupi kaur

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  • 2 semaines après...
Membre, Neo Derthal, Posté(e)
Lowy Membre 2 910 messages
Maitre des forums‚ Neo Derthal,
Posté(e)

 

Dans le ciel gris des anges de faïence 
Dans le ciel gris des sanglots étouffés 
Il me souvient de ces jours de Mayence 
Dans le Rhin noir pleuraient des filles-fées

On trouvait parfois au fond des ruelles 
Un soldat tué d'un coup de couteau 
On trouvait parfois cette paix cruelle 
Malgré le jeune vin blanc des coteaux

J'ai bu l'alcool transparent des cerises 
J'ai bu les serments échangés tout bas 
Qu'ils étaient beaux les palais les églises 
J'avais vingt ans Je ne comprenais pas

Qu'est-ce que je savais de la défaite 
Quand ton pays est amour défendu 
Quand il te faut la voix des faux-prophètes 
Pour redonner vie à l'espoir perdu

Il me souvient de chansons qui m'émurent 
Il me souvient des signes à la craie 
Qu'on découvrait au matin sur les murs 
Sans en pouvoir déchiffrer les secrets

Qui peut dire où la mémoire commence 
Qui peut dire où le temps présent finit 
Où le passé rejoindra la romance 
Où le malheur n'est qu'un papier jauni

Comme l'enfant surprit parmi ses rêves 
Les regards bleus des vaincus sont gênants 
Le pas des pelotons à la relève 
Faisait frémir le silence rhénan.
 

 

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Membre, Certaines profondeurs sont des miroirs, 45ans Posté(e)
Ptitissus Membre 747 messages
Forumeur expérimenté‚ 45ans‚ Certaines profondeurs sont des miroirs,
Posté(e)

D'autres origines et que le vent s'engouffre lentement dans les racines,ne voir qu une couleur ,l'abstrait on le tient entre nos doigts ..des doigts et des mains feutrées comme un silence brillant ;la lune ce soir prendra le germe de l'amour innavoué.

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  • 3 semaines après...
Membre, 25ans Posté(e)
Marcuse Membre 1 095 messages
Mentor‚ 25ans‚
Posté(e)

Nous les gueux – Léon Gontran Damas

Nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres

Nous à qui n’appartient
guère plus même
cette odeur blême
des tristes jours anciens

Nous les gueux
nous les peu
nous les rien
nous les chiens
nous les maigres
nous les Nègres

Qu’attendons-nous
les gueux
les peu
les rien
les chiens
les maigres
les nègres
pour jouer aux fous
pisser un coup
tout à l’envi
contre la vie
stupide et bête
qui nous est faite
à nous les gueux
à nous les peu
à nous les rien
à nous les chiens
à nous les maigres
à nous les nègres

Léon Gontran Damas (1912-1978), in Black-Label, partie II (p. 50), Ed. Gallimard, 1956

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Membre, 1ans Posté(e)
Engardin Membre 1 799 messages
Maitre des forums‚ 1ans‚
Posté(e)

Ces jours-ci un poème s'impose : c'est le... marronnier du Printemps ! :shok:

Le premier ver est percutant ! Mais je ne me souviens généralement que des deux derniers vers du premier quatrain et  du deuxième à la virgule près ; et ce depuis l'école primaire ! Je le jure !

 

Premier sourire de printemps

Théophile Gautier

Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or.

Dans le verger et dans la vigne,
II s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.

La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois.

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.

Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
II met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

Modifié par Engardin
  • Waouh 1
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  • 4 mois après...
Membre, `, Posté(e)
Tequila Moor Membre 16 440 messages
`,
Posté(e)

Suite au décès de Michael Madsen, un petit texte du gazier, sorte de "memento mori" étrange entre poésie macho et pop culture :

 

CHEVEUX BLANCS

Je pense qu'il
me reste environ 10 piges
afin d'éloigner
le vieil homme.

Je l'ai vu
tard dans la nuit et
le matin
après bien trop de whiskey.
C'est un vœu solennel.***

Peut-être que c'est mon père
que je vois ou mon frère mort.
Chaque homme à sa façon
doit faire ça je crois.
Les plus malins en tout cas.

Je coure toujours plus vite
qu'une balle à toute berzingue
et je sais que Superman
s'offrait un clope
de temps en temps.

 

*** jeu de mot intraduisible où déplacer la lettre H fait tout : wHiskey devient wiHskey, donc un breuvage très alcoolisé devient un voeu solennel, à cause d'une prononciation erratique ou d'un désir inconscient qui s'exprime via l'alcool, 2 accidents typiques de soûlard.

 

WHITE HAIR 

I figure I got
about 10 years left
to chase away
the old man.

I've seen him
late at night and
in the morning
after too much whiskey.
That's wish-key.

Maybe it's my father
I see or my dead brother.
Each man in his own way
must do this I guess.
The smart ones anyway.

I can still run faster
than a speeding bullet
and I know Superman
had a cigarette
once in a while.

Modifié par Tequila Moor
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Membre, 25ans Posté(e)
Marcuse Membre 1 095 messages
Mentor‚ 25ans‚
Posté(e)

Buvant seul sous la lune

Un pichet de vin au milieu des fleurs.

je bois, sans compagnon

levant ma coupe, je convie la lune claire

avec mon ombre, nous voilà trois.

la lune hélas! ne sait pas boire,

et mon ombre ne fait que me suivre

compagnes d'un moment, lune et ombre,

réjouissons-nous, profitons du printemps

je chante, la lune musarde,

je danse, mon ombre s'égare 

encore sobres ensemble nous nous égayons

ivres, chacun s'en retourne

mais notre union est éternelle, notre amitié sans limite

sur le fleuve céleste là-haut, nous nous retrouverons

 Li po (701-762)

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  • 4 mois après...
Membre, Oiseau de nuit, pays Union européenne, 43ans Posté(e)
sovenka Membre 8 586 messages
43ans‚ Oiseau de nuit, pays Union européenne,
Posté(e)

Jasante de la Vieille

De Jehan RICTUS                                   


— Bonjour, c’est moi..., moi, ta m’man
J’ suis là, d’vant toi au cèmetière.
(Aujord’hui y aura juste un an,
un an passé d’pis... ton affaire)
 
Louis ?
Mon petit... m’entends-tu seul’ment ?
T’entends-t’y ta pauv’ moman d’ mère ?
Ta « Vieill’ », comm’ tu disais dans l’ temps.

Ta Vieill’, qu’alle est v’nue aujord’hui
malgré la bouillasse et la puïe,
et malgré qu’ ça soye loin, Ivry.
 
Alorss... on m’a pas trompée d’ lieu ?
C’est ben ici les « Condamnés » ?
C’est là qu’ t’ es d’pis eun’ grande année ?
Mon dieu mon dieu ! Mon dieu mon dieu !
 
Et où donc ? Où c’est qu’on t’a mis ?
D’ quel côté... dis-moi mon ami ?
C’est plat et c’est nu comm’ la main....
 
Y a pas eun’ tomb’, pas un bout d’ croix !
Y a rien qui marqu’ ta fosse à toi,
pas un sign’, pas un nom d’ baptême,
et rien non pus pour t’abriter....

(J’ dis pas qu’ tu l’as point mérité,
Mais pour eun’ mèr’, c’est dur tout d’ même !)
 
Louis, tu sais, faut que j’ te confesse ;
De d’pis un an..., d’pis... ton histoire
j’ suis pus tournée qu’aux idées noires
et j’ai l’ cœur rien qu’à la tristesse.

Aussi preusent j’ suis tout’ sangée,
j’ suis blanchie, courbée, ravagée
par la honte et par le tourment ;
si tu pourrais m’ voir à preusent
tu m’ donn’rais pus d’ quatre-vingts ans.
 
Et pis j’ai eu ben d’ la misère,
(ça m’a fait du tort tu comprends !)
 
Quand qu’on a su qu’ j’étais ta mère,
j’ai pus trouvé un sou d’ouvrage,
on m’a méprisée dans l’ quartier
et l’a fallu que j’ déménage.

Depis... dans mon nouveau log’ment
j’ vis seule... ej’ peux pas dir’ comment,
comme eun’ dormeuse, eun’ vraie machine ;
j’ cause à personn’ de not’ malheur,
j’ pense à toi, et tout l’ jour je pleure,
mêm’ quand que j’ suis à ma cuisine.
 
L’ matin, ça m’ prend dès que j’ me lève ;
j’ te vois, j’ te caus’... tout haut... souvent,
comm’ si qu’ tu s’rais encor vivant !
J’ mang’ pus... j’ dors pus, tant ça m’ fait deuil
et si des fois j’ peux fermer l’œil,
ça manqu’ pas, tu viens dans mes rêves.

C’te nuit encor... j’ t’ai vu... plein d’ sang,
tu t’nais à deux mains ta pauv’ tête
et tu m’ faisais : « Moman ! Moman ! »
Mais moi... j’ pouais rien pour t’aider,
moi j’étais là à t’arr’garder
et j’ te tendais mon tabellier.
 
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 
Pens’ Louis, dans l’ temps, quand t’ étais p’tit,
qui qu’ aurait cru,... qui m’aurait dit
qu’ tu finirais comm’ ça un jour
et qu’ moi... on m’ verrait v’nir ici !
 
quand t’étais p’tit t’étais si doux !

À c’t’ heur’ j’arr’vois tout not’ passé,
lorsque t’ allais su’ tes trois ans
et qu’ ton Pepa m’avait quittée
en m’ laissant tout’ seule à t’él’ver !

Comme ej’ t’aimais, comme on s’aimait,
qu’on était heureux tous les deux,
malgré des fois des moments durs
où y avait rien à la maison ;
Comme ej’ t’aimais, comme on s’aimait,
c’était toi ma seul’ distraction,
mon p’tit mari, mon amoureux.
 
C’est pas vrai, c’ pas ? C’est pas vrai
tout c’ qu’on a dit d’ toi au procès ;
su’ les jornaux c’ qu’y avait d’écrit,
ça n’était ben sûr qu’ des ment’ries...
 
Mon P’tit à moi n’a pas été
si mauvais qu’on l’a raconté !
 
(Sûr qu’étant môm’, comm’ tous les mômes,
t’étais des fois ben garnement,
mais pour crapule... on peut pas l’ dire !)
 
T’étais si doux et pis... si beau...
meugnon peut-êt’ mais point chétif,
à caus’ que moi j’ t’avais nourri ;
t’étais râblé, frais et rosé,
t’étais tout blond et tout frisé
comme un amour, comme un agneau...

(j’ai cor de toi eun’ boucle ed’ tifs
et deux quenott’s comm’ deux grains d’ riz.)
 
Mon plaisir, c’était l’ soir venu,
avant que d’ te mette au dodo,
de t’ déshabiller tout « entière »,
tant c’était divin d’ te voir nu :

et j’ t’admirais, j’ te cajolais,
j’ te faisais « proutt » dans ton p’tit dos,
et j’ te bisais ton p’tit darrière...
 
(j’ t’aurais mangé si j’aurais pu)
 
Et toi... t’ étais si caressant
et rusé... et intelligent...
Oh ! intelligent, fallait voir,
pour c’ qui regardait la mémoire
t’ apprenais tout c’ que tu voulais...
tu promettais, tu promettais....
 
J’en ai-t-y passé d’ ces jornées
durant des années, des années,
à turbiner pir’ qu’un carcan
pour gagner not’ pain d’ tous les jours
et d’ quoi te garder à l’école,
 
et... j’en ai-t-y passé d’ ces nuits,
(toi, dans ton p’tit lit endormi)
à coude auprès de l’abat-jour
jusqu’à la fin de mon pétrole !
 
Des fois, ça s’ tirait en longueur ;
mes pauv’s z’yeux flanchaient à la peine,
alorss... en bâillant dans ma main
j’écoutais trotter ton p’tit cœur
et souffler ta petite haleine...

(et rien qu’ ça m’ donnait du courage
pour me r’mett’ dar’-dare à l’ouvrage
qu’y m’ fallait livrer le lend’main.)

Que d’ fois j’ai eu les sangs glacés
ces nuits-là... pour la moindre toux ;
j’avais toujours peur pour le croup,
grâce au mauvais air du faubourg
où nous aut’s on est h’entassés.

Ah ! dir’ qu’ t’ es là-d’ssous à preusent
par tous les temps qu’y neige ou pleuve !
(Vrai ! Qué crèv’-cœur ! Qué coup d’ couteau !
on m’a ratissé mon château,
on m’a esquinté mon chef-d’œuvre.)
 
T’ rappell’s-tu, quand tu t’ réveillais,
le croissant chaud, l’ café au lait ?
T’ rappell’s-tu comme ej’ t’habillais ?
 
Eh ! ben, pis nos sorties l’ Dimanche,
tes beaux p’tits vernis,... ta rob’ blanche...
T’étais si fin, si gracieux,
tu faisais tant plaisir aux yeux
qu’on voyait les genss s’arr’tourner
pour te regarder trottiner.
 
Ah ! en c’ temps-là,... dis mon petit,
de qui c’est qu’ t’ étais la fifille,
l’amour, le trésor, le Soleil !
De qui c’est que t’ étais l’ Jésus ?
 
De ta Vieille est-c’ pas, de ta Vieille ?
 
Qui faisait tes quatr’ volontés,
qui t’a pourri, qui t’a gâté,
qui c’est qui n’ t’a jamais battu ?
Et l’année d’ ta fuxion d’ poitrine,
qui t’a soigné, veillé,... guéri ;
 
c’est-y moi ou ben la voisine ?

Et à présent qu’ te v’là ici
comme un chien crevé, eune ordure,
comme un fumier, eun’ pourriture,
avec la crêm’ des criminels,

Qui c’est qui malgré tout vient t’ voir ?
Qui qui t’esscuse et qui t’ pardonne ?
Qui c’est qu’ en est la pus punie ?
C’est ta Vieill’, tu sais, ta fidèle,
ta pauv’ vieill’ loqu’ de Vieill’ vois-tu !
 
.  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  . 
Mais j’ bavard’, moi, j’us’ ma salive ;
la puïe cess’ pas, la nuit arrive ;
faut que j’ m’en aill’ moi... il est l’heure,
maint’nant c’est si loin où j’ demeure.
 
Et pis quoi ! Qu’est-c’ que c’est qu’ ce bruit ?
On croirait de quéqu’un qui s’ plaint...
on jur’rait qu’y a quéqu’un qui pleure...
 
Oh ! Louis, réponds ? C’est p’t-êt’ ben toi
qui t’ fais du chagrin dans la terre !
Seigneur ! Si j’allais cor te voir
comme c’te nuit dans mon cauch’mar !
 
(Tu vourais point m’ fair’ cett’ frayeur !)

Oh ! Louis, si c’est toi, tiens-toi sage ;
sois mignon... j’arr’viendrai bentôt,
seul’ment, fais dodo, fais dodo,
comme aut’fois dans ton petit lit,
tu sais ben... ton petit lit-cage ?

Chut !... C’est rien qu’ ça... pleur’ pas j’ te dis,
fais dodo va... sois sage, sage,
mon pauv’ tout nu... mon malheureux,
 
Mon petiot, mon petit petiot.
 

 

 

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Membre, 25ans Posté(e)
Marcuse Membre 1 095 messages
Mentor‚ 25ans‚
Posté(e)

Hélène

Je t'atteindrai Hélène
À travers les prairies
À travers les matins de gel et de lumière
Sous la peau des vergers
Dans la cage de pierre
Où ton épaule fait son nid
Tu es de tous les jours
L'inquiète la dormante
Sur mes yeux
Tes deux mains sont des barques errantes
À ce front transparent
On reconnaît l'été
Et lorsqu'il me suffit de savoir ton passé
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent
Sans t'avoir jamais vue
Je t'appelais déjà
Chaque feuille en tombant
Me rappelait ton pas
La vague qui s'ouvrait
Recréait ton visage
Et tu étais l'auberge
Aux portes des villages

René Guy Cadou

 

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