Je voudrais tant l'amadouer, qu'elle puisse enfin avoir confiance en moi. Je ne lui veux aucun mal. Je crois qu'elle le sait, qu'elle le sent. Alors je lui parle doucement mais elle reste insensible à mes paroles. Pourtant, elle demeure toujours là à m'écouter. Je me baisse et accroupis, je lui tend gentiment la main. Elle fait d'abords un pas en arrière puis se ravise et se rapproche à nouveau. Elle étend son cou et hume l'air de son petit museau tellement mignon. Mais elle reste toujours hors de portée. J'ignore ce qui lui fait si peur en moi. Sa crainte est-elle que je la dévore? Ai-je l'air d'un monstre qui essaye de l'ensorceler? De fait, elle maintient et garde toujours ses distances, prête à détaler. Elle est pourtant si proche et si loin à la fois...
Je sais que mon bonheur est là, à portée de voix et presque à portée de main. Mais voilà, si j'approche, si je fais un mauvais pas, elle va s'enfuir et je ne la reverrais pas. Je risque de la perdre. Alors je n'ose pas. Mon bonheur est là devant moi mais je ne peux pas l'atteindre. C'est affreux comme sensation, une immense frustration comme le supplice de Tantale. Je voudrais qu'elle vienne vers moi mais je ne peux pas la forcer à s'approcher. Il faut que ce soit elle qui le veuille, que ce soit uniquement de par sa propre volonté. Car même si je souhaite son bonheur de tout mon coeur, je ne suis pas sûr de pouvoir le lui assurer, d'être celui qui pourrait le lui donner...
Alors je n'oserais pas. Je n'irais pas au-delà. Je suis coincé et frustré face à mon bonheur que je ne peux pas atteindre. Ce dernier pas est trop difficile pour moi. Je n'y arriverais pas. Je me sens et je suis damné. Mon bonheur inaccessible me tournera ainsi le dos et va s'évanouir sous mes yeux sans que je puisse réagir. J'aurais tant voulu qu'elle accepte de me laisser approcher si près que je puisse enfin la toucher. Pouvoir sentir son odeur et caresser de mes mains ses si douces et jolies courbes. Enlacer son cou en posant ma tête sur son flanc. Déposer quelques doux baisers sur son corps frissonnant. Ne faire plus qu'un avec elle...
Pour qu'elle n'ai plus peur de ce monde sans pitié où rôdent tant de prédateurs. Je voudrais être toujours à ses cotés pour la soutenir et faire face aux difficultés. Etre là pour lui faciliter la vie. Lui donner tout ce que je peux et notamment l'immense amour qui déborde en moi. Lui donner le meilleur de moi-même. Mais je sais que pour elle, cela ne sera jamais suffisant...
Alors mon coeur continuera de brûler de ce feu jamais éteint mais qui s'est brusquement ravivé. Il me dévore. Il me consume. Je vais finir en un petit tas de cendres. Juste un peu de poussière brune qui se soulève sous les pas de ses sabots pressés. La jolie biche finira par s'éloigner. Si loin, si près...
Je t'aime...
Des mots si simples mais si difficiles à prononcer et à assumer...
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