Aller au contenu

casper2 Blog

  • billets
    20
  • commentaires
    27
  • vues
    108 405

zwigen 8


casper2

1 015 vues

Cela aurait pu être un matin ordinaire quelque part sur la terre. Pourtant je m'en souviens encore très bien. Un beau soleil était au rendez-vous, montant tranquillement dans un grand ciel bleu de fin Juin. Un nouveau jour et un de plus, s'ajoutait ainsi à ma vie trop bien huilée qui se passe lentement et sans passion. Je me suis levé sans enthousiasme, non pas que je sois la tête dans le cul par un réveil difficile, mais parce qu'il faut simplement continuer à assurer cette inutile survie. Cela dure depuis quelques années maintenant où je me contente de survivre comme un automate. Je n'ai plus de but. Enfin si, il m'en reste un, et je l'attends impatiemment car elle tarde à venir. La fin...

Mais elle n'était donc pas pour ce matin-là. Je m'en souviens tellement bien. Je me demande toujours pourquoi. Encore une nouvelle parmi toutes ces nombreuses questions sans réponses qui me polluent sans cesse l'esprit, de celles qui, à la longue vous rendent fou. Et ce matin-là, j'en fus servi plus qu'il n'en fallait. Elles tournent, elles virent, elles virevoltent. J'en ai le vertige. Et j'en perds la raison...

Au pied levé, je descendais de ma chambre. J'ignorais ce qui m'attendait en bas. Comme à chaque fois, mon premier geste fut simplement d'ouvrir grands les volets pour faire entrer la lumière dans ma tanière. J'ouvrais ainsi la porte fenêtre sur un flot d'incompréhension dont je subissais l'assaut aussitôt. Je restais interdit et debout devant ce truc là, à deux mètres sous mes pieds...

Je restais là debout au dessus du vide, pris de vertiges. Pile en face de moi, sur la partie plus noire du goudron refait dans ma petite ruelle, était écrit, sans doute à la craie, ce qui ressemblait à un message en partie effacé. Une inscription se trouvait marquée sur deux niveaux. Au premier, en haut sur la gauche, était vaguement dessiné un espèce de grand cercle vide. Dans son prolongement, étaient écrits deux mots en majuscules: MERCI POUR...

Sous ses deux mots, sur un deuxième niveau, autre chose maintenant illisible avait visiblement été inscrit aussi. Le problème, c'est que ce niveau correspondait apparemment au passage des roues des voitures ayant pu circuler dans la rue. Seules donc quelques traces de craies subsistantes laissaient deviner une suite mais impossible à déchiffrer. J'ai juste essayé d'estimer peut-être un A comme première lettre et encore, c'était même pas sûr. Pour le reste, rien à faire, pendant de longues minutes d'en haut, puis d'en bas dans la rue, je suis resté là à observer, submergé par les questions qui se bousculaient maintenant dans ma tête...

Toutes ces questions qui restent sans réponses. Je ne comprends toujours pas. Et elles reviennent sans cesse. Elles me rendent fou. Mon esprit était déjà si perturbé auparavant. Alors imaginez maintenant. Il part dans tous les sens. Et pourtant immanquablement il me ramène toujours au même endroit. Il me ramène vers elle. Parce que je l'aime et que je ne peux pas l'oublier...

Des questions, toujours les mêmes, telles des boules de billards ricochant dans tous les sens, sur un tapis sans trous, se bousculent sans cesse sous mon crâne. Qui? Quoi? Quand? Comment? Pourquoi? Je ne comprenais pas ce que je voyais ici, pile devant chez moi. J'ai pourtant l'intime conviction que ce message, si cela en était un, s'adressait bien à moi. Ce ne pouvait pas être le hasard pour qu'il soit orienté si parfaitement, juste sous cette fenêtre. Mais que pouvait-il vouloir dire? Quelle en était donc la signification? N'était-ce pas qu'une simple farce? Ou peut-être une erreur? Quelqu'un se serait-il ainsi trompé de maison? Pourquoi et de quoi voudrait-on me remercier? Je l'ignore totalement...

Mais surtout qui? Quelle était donc cette étrange personne qui se serait déplacée jusque devant chez moi pour me remercier sans taper simplement à ma porte? A-t-on eu peur de me déranger par une visite tardive et assurément nocturne? Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir laisser un mot dans ma boîte aux lettres? N'avait-elle pas de papier ou de crayon? Aurait-elle écrit avec un caillou trouvé à proximité et non pas avec une craie? Mais de nos jours, comment imaginer qu'une personne puisse agir de la sorte avec tous les moyens de communications dont on dispose? Qui?

Une personne qui savait exactement où j'habite. Il n'y en a pas tant que ça. Une personne qui savait que je tomberais forcément pile sur son message en ouvrant cette fenêtre là. Cela ne peut être qu'un proche, un membre de ma famille, un ami ou une amie. Mais un proche de ma famille ne se serait pas comporter de la sorte. Alors, cela devrait être un ami ou une amie. Mais j'en ai si peu aujourd'hui. Et là encore, pourquoi aurait-il agi ainsi? Non, cela ne colle pas tout ça. Alors qui, bon sang, qui?

Inévitablement, mon esprit chahuté se tourne naturellement vers elle. Je pense sans arrêt à elle. Il ne reste qu'elle, celle qui hante chacun de mes jours et chacune de mes nuits depuis toujours et depuis si longtemps. Elle me manque tellement. C'est devenu une terrible obsession qui me ronge comme une mauvaise gangrène. Je ne vois qu'elle. Pourtant rien dans ce message incomplet et énigmatique ne prouve qu'il puisse provenir d'elle. Mais je ne vois plus qu'elle. Je suis fou. Je le sais. Ma capacité de raisonnement est annihilée par elle.C'est elle, je le crois. Je l'en crois capable. Elle...

Elle aurait pu le faire. Notre relation était déjà si étrange. Notre histoire était si peu ordinaire. Alors oui, je crois qu'elle aurait pu le faire. En plus, il est possible qu'elle ai pu avoir des raisons de le faire, pas de me remercier de quoi que ce soit, mais des raisons de me répondre. Je lui avais tant posé de questions qui sont toujours restées sans réponses. Toutes ces questions qui me polluent la vie depuis. J'ai peur de mourir sans jamais en connaître un jour les réponses...

Alors depuis ce matin-là, c'est encore pire. J'ai peur que ce soit elle. J'ai une horrible sensation. J'imagine ma princesse prisonnière, hurlant et pleurant en me disant avoir jeter la clef de la porte de son donjon, et moi incapable de la retrouver, à quatre pattes dans cette herbe trop haute. Un véritable cauchemar. C'est horrible. Je vais devenir fou...

J'ai l'impression d'être resté sur le quai et de voir partir au loin le bateau emportant ma belle vers des rives inaccessibles...

1 Commentaire


Commentaires recommandés

Invité
Ajouter un commentaire…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×