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casper2 Blog

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zwijgen2


casper2

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Comme tous les soirs où je me retrouve à mon poste, je regarde ce magnifique paysage. C'est si beau, j'ai de la chance. Mais pourtant ce soir, je suis triste, j'ai le coeur si gros. Je regarde l'horizon, là où le ciel et l'immensité de l'océan se rejoignent et ne font plus qu'un. Le soleil se couche dans un dernier embrasement de superbes couleurs. Mais la nuit et toutes les ombres se fondent en un noir gluant qui se pose et envahit tout. Il ne restera bientôt plus que moi. Tout là-haut, je me sens si petit, si insignifiant au milieu de ce noir flippant. Le noir de la nuit, le noir de l'océan si grand...

Je me sens si ridiculement petit. Je me sens si minuscule et insignifiant. Comme un de ces petits grains de poussière qui flottent et scintillent dans un rayon de lumière. Oui, c'est cela, je suis un grain de poussière parmi tant d'autres. Sans aucune importance normalement, et pourtant...

Cela dépend beaucoup et surtout de la façon dont on le regarde finalement. A certains yeux, il peut soudain devenir tellement important. Comme ce grain de poussière qui, on ne sait comment, est arrivé dans son oeil. C'est insupportable, elle a mal. Elle en pleure. Ce petit grain, si petit, si insignifiant arrive à la faire pleurer. C'est si dur à croire et pourtant...

C'est ce qu'elle m'a dit quand c'est arrivé. Mais je sais que cela n'est pas vrai. C'est pour cela que je suis si triste. Je l'ai vu pleurer sur ce quai. Et ce soir, je la revois pleurer par ma faute. C'est moi qui l'ai faite pleurer, je le sais. Je l'aime. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point je l'aime. Je l'aime comme un fou. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé quiconque. C'est l'amour de ma vie, celui dont j'avais toujours rêvé. Et de savoir qu'elle a pleuré, et qu'elle pleure peut-être encore, à cause de moi, c'est horrible à supporter. J'ai peur...

J'ai peur pour elle. J'ai peur pour moi. J'ai peur pour notre amour. Résistera-t-il à l'avenir? Et j'ai si peur qu'un jour, tout là-haut à mon poste, je finisse par craquer. C'est si difficile de la voir ainsi pleurer, chaque fois par ma faute. Pourtant il ne faut pas. Je n'en ai pas le droit. Je suis si important. Je suis si petit mais mon rôle est si important. Je dois résister, toute la nuit, malgré mes idées noires. Il faut que je les chasse au loin et qu'elles rejoignent les ombres qui envahissent le monde entier, sauf ici. C'est le seul endroit qui reste illuminé sans arrêt. L'endroit où le feu ne doit jamais s'éteindre. Et mon rôle est d'alimenter son foyer. Je suis le gardien du phare...

Et je me dis que mon amour doit rester comme ce phare qui brille toujours et par n'importe quel temps. Il traverse le temps et l'espace. Il brûle le jour, la nuit, dans la clarté comme dans la brume. Il est là, pour nous guider, toujours à la même place, solide et fort comme un roc. Depuis que je suis né, il est là et ne bronche pas. Il a été construit par nos ancêtres et se dresse sur ces quelques rochers depuis toujours et il n'a jamais vacillé. Rien ne l'altère, il a l'air si fort qu'il n'a pas peur de l'éternité. Invincible...

Mon amour est plus fort que tout, je le sais. Alors pourquoi aurais-je donc peur ce soir? Je n'en ai aucune raison. Mais je sens bien cette boule au ventre qui me pèse et qui m'empêche de respirer. Je ne sais pas pourquoi mais les larmes dans ses yeux me font si peur...

Cela devrait plutôt me rassurer, de savoir qu'elle pleure parce que je vais lui manquer, mais c'est tout le contraire. J'ai peur que le mal que je lui inflige la détourne un jour de moi. J'ai peur que son amour n'y résiste pas. Elle souffre comme moi, mais elle, est restée là-bas avec eux. J'ai peur qu'elle finisse un jour par m'oublier. Pourtant il lui suffit de lever les yeux et de regarder vers ici pour apercevoir le phare se dresser entre ciel et mer...

Son amour est-il aussi fort que le mien? Je n'en sais trop rien. J'ai des doutes. Voila pourquoi j'ai peur. Ces doutes qui se sont immiscés insidieusement dans mon esprit, et qui ressurgissent dès que je ne suis plus heureux. Dès que je suis loin d'elle, ici...

Comme des vagues déferlantes et furieuses qui viennent et reviennent s'abattre sur les rochers au pied de la grande falaise. Comme le phare, la falaise semble solide et imperturbable, mais elle se creuse et recule imperceptiblement. A la moindre petite faille, la moindre petite fissure, l'eau et le sel s'infiltrent et rongent au coeur du plus dur des rochers. Et les vagues reviennent inlassablement à chaque marée et lentement mais sûrement, sapent et grigrotent toujours un peu plus profondément...

Et maintenant, j'ai peur, en cette nuit de tempête dans ma tête, car les doutes ressurgissent, m'envahissant et m'inondant de toutes parts. Submergé juste par quelques larmes aux yeux, et d'un grain de poussière pourtant si petit et si insignifiant normalement...

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