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halman

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Billets posté(e)s par halman

  1. halman
    Le collège, le lycée, la famille je supportais pas. Impression d'être dans un asile de fous, que ce soit vis à vis des profs que des autres élèves.
    Calculait la vitesse du vaisseau Apollo autour de la Lune et ces choses là sur une des premières calculatrices scientifique programmable Casio 180 plutôt que d'écouter des cours de merde sur Molière.
    Attendre 18 ans pour l'armée de l'air, putain 4 ans a attendre...
    Lisait et relisait Saint Exupery, Vol de Nuit, Terre des Hommes, Courrier Sud et Clostermann : Le Grand Cirque, Feux du Ciel.
    Pendant les après midi gym, dessin et musique, foutait le camp. Allait dans une boutique d'aviation à Paris ou faisait les bouquinistes le long de la Seine et m'achetait des bouquin sur l'aviation.
    Passé mon Brevet d'Initiation Aeronautique pour avoir des bourses pour me payer mes heures de vol.
    Inscrit au Club de Vol à Voile de Chartres, fait mes premiers stages de pilotage à 16 ans avec un pilote de Super Mystère B2 et de Mirage III comme instructeur. Putain comment ça dépotait sérieux avec lui. C'était pas du tout du pilotage de touriste du dimanche, c'était du chaud bouillant. Totalement lessivé vidé à chaque vol.
    Rencontré toute une armada de pilotes de chasse, pilotes de lignes, pilotes professionnels, toute une armada de gens de chez Air France, armée de l'air, artistes, architectes, anciens pilotes de la guerre de 40, musiciens, et plein de monde d'univers différents, des plus cons aux plus fascinants.
    Me retrouvait tout con parmi des dizaines de gens ultra passionnant.
    Assisté aux premiers vols de navettes spatiales en direct à la télé. Choc émotionnel pour toute la vie.
    Après pendant toute mon enfance avoir assisté à la télé aux vols des premières fusées Mercury, Gemini et aux vols Apollo, c'était géantissime.
    On étaient une génération à déjà se voir pilote de navette Hermes et à aller sur la Lune et sur Mars.
    Assisté à des tas d'histoires de cul, de cocufiages, de coucheries, de viols, de dépucelages de tas de folles, de gens qui se servaient des chambres du club house comme baizodrome qui m'ont plus dégouté du cul que de m'y avoir intéressé.
    Devenu parmi la bande de furieux qui volaient de l'aube au coucher du soleil dès que c'était possible.
    Passé mes hivers avec la bande de furieux à aller voler dans le Lubéron pour faire du vol d'onde et des gains d'altitude de 5000 mètres.
    Passé mes Noël et jour de l'an à faire des méchouis sur la piste avec la bande d'inséparables plutôt qu'en famille. On écoutait les Pink Floyd, Jean Ferrat, Supertramp, Jonhatan Livingston le Goeland, etc, sur un vieux Tepaz qui marchait à pile, posé sur une chaise dans la neige et le brouillard. Ensuite on se faisait un feu d'artifice.
    Jamais passé des fêtes aussi sublimes.
    Dégouté des gens qui partaient en boite de nuit quand on organisait un vol crépusculaire.
    Dégouté des gens, ces pilotes de tourisme du dimanche, qui volent juste 3/4 d'heure quand c'est des temps à voler 9 heures dans la journée.
    Dégouté des jeunes pilotes de ligne de l'ENAC. Tellement n'importe quoi qu'à chaque fois qu'ils l'ouvraient et qu'ils volaient tout le monde se foutait de leur tronche.
    Vu comment ça se passe les championnats régionaux, de France et d'Europe. Comment tous ces cons se prennent grave au sérieux.
    Vecu des tas de moments magiques que les gens d'aujourd'hui ne peuvent pas imaginer.
    Vu la magie d'un Spitfire en vol. Emotion à l'état pure que les non pilotes ne peuvent pas imaginer
    Vu l'arrivé des nouvelles technologies aéronautiques, des premiers moto planeurs a réaction, des premiers planeurs à ailes en carbone et à volets, découvert grâce aux pilotes de chasse et aux vieux pilotes de ligne des millions de choses fascinantes, nous donnaient des cours de mécanique du vol et d'aérodynamique dans le hangar dans les courants d'air, on essayait des tas de nouvelles techniques en vol et on les calculaient avec les premiers ordinateurs de l'époque.
    Avoir pu essayé des tas de prototypes de nouvelles technologies, c'était l'époque bénie où on expérimentait tout et n'importe quoi. Fini ça.
    Vu l'arrivée en 77 des premiers ordinateurs Commodore sur lesquels ont programmait des tas de choses fascinantes comme les calculs d'une aile ou d'un modèle météo pour la journée où les premiers programmes d'astronomie, les fiches et les factures des pilotes, etc.
    Vu les premières vidéos des X15 rapportées par les pilotes de chasse qui allaient faire leurs stages d'appontages aux Etats Unis.
    Choc philosophique définitif avec 2001 l'Odyssée de l'Espace et l'Etoffe des Héros et comprendre la place de la conscience, son passé, son présent et son futur dans l'évolution.
    Eclate totale avec le film Nimitz. A l'époque c'étaient de vrais avions dans les films, les images de synthèse de merde ça n'existait pas encore.
    Vu les premières copies volées par des pilotes de chasse qui draguaient les nanas des archives de la NASA, des archives des missions Apollo sur la Lune .
    Premières cuites au champagne et à la gnole à 3 heures du matin au fond du hangar avions.
    Premiers vols en passager et toucher les nuages de l'aile sur Fouga Magister.
    Découverte que les nouvelles technologies des nouveaux planeurs permettaient la voltige douce à 3 g et première compétition de voltige planeur à Faïence.
    Grosses discussions toute la nuit sur les commandes de vol électriques du prototype du Mirage 2000 contre les classiques du F1.
    Grosses discussions (c'était l'époque de la guerre froide) sur les interceptions des MIG25 par les Mirage III E de Luxueil.
    Assister en vol aux man¿uvres internationales ultra géantes de l'époque. Vu défiler toutes les deux minutes des patrouilles de F15, Harrier, Mirage, Jaguar, F104, etc dans tous les sens, pendant qu'on étaient dans nos ascendances.
    Se demander ce qu'on foutaient là dans nos petits planeurs sans moteurs alors qu'eux se mettaient en orbite à mach 2.5 à 30 000 mètres.
    Premières démonstrations en vol qui coupent le souffle de la Patrouille de France la première année où ils avaient leurs Alpha Jet.
    Des tas de gags et conneries insensées genre repeindre en plusieurs couleurs les voitures des gens épouvantables qui se faisaient péter la tronche par les pilotes de chasse.
    Larguer des paquets de papier toilette dans les ascendances pour essayer de les visualiser et des dizaines d'autres conneries de ce genre qu'on a tous fait.
    Bricoler avec des miroirs et des vieux hud de Mirage réformés des hud sur planeur. Evidemment ça marche pas.
    Demander aux mécanos de l'armée de l'air de nous ramener les détécteurs infra rouges des missiles réformés pour qu'on les mette dans le nez des planeurs pour visualiser les ascendances. Nous ont expliqué comme à des débiles profonds que techniquement c'est même pas la peine d'y penser.
    Assister à la guerre totale entre les anciens pilotes de ligne qui ont appris à voler pendant la guerre sur bombardiers et avions de chasse contre la nouvelle générations de jeunes pilotes de l'ENAC. Long débats qui prenaient des soirées entières et des grosses crises de nerfs.
    Peindre le ventre d'un planeur d'une nana en rouge et lui faire croire qu'elle a eu son problème mensuel en vol.
    Rencontré des super nanas championnes du monde de voltige, parachutisme, vol à voile.
    Des dizaines d'histoires de vol et au sol qui laissent des souvenirs qui ne me font pas devenir dingue aujourd'hui dans cette société de dingues.
    Alors forcement quand on rentre dans sa banlieue, on se fait chier la mort grave.
  2. halman
    Mais ils sont qui ces gens qui nous disent ce que Dieu pense et dit ?
    Dieu leur a parlé, à eux personnellement ?
    Pour qui se prennent ils pour savoir ce que Dieu pense et dit, et c'est quoi cette prétention insupportable de nous dire ce que l'on doit penser ou dire ou faire ?
    Nous n'avons pas encore le niveau de conscience requis pour en parler.
    Nous ne somme qu'une étape foireuse, hasardeuse, incertaine, entre le singe et notre successeur qui sera bien mieux doté que nous pour en parler.
    Nous ne faisons que prendre conscience de notre conscience.
    NOUS N'EN SOMMES QUE LA !
    De là à prétendre nous croire assez évolués pour parler de Dieu c'est de la prétention et de l'irrespect absolu envers Lui.
    Le plus grand respect que nous devons envers Dieu est de la boucler et de ne pas en parler.
    C'est très exactement le message de la Bulle de Pierre.
    Nous n'aurons le niveau pour en parler que dans quelques millions d'années, quand nous serons passés du cerveau d'un QI de gorille de 90 à celui d'Humain d'au moins 300 de QI et il faudra quelques millions d'années pour y arriver.
    Parce que oui, le cerveau de certains gorille a été mesuré à 90 de QI alors que le QI moyen du français n'est que de 110, à comparer avec le 180 de Stephen Hawking et d'Einstein.
    Nous n'avons pas encore le droit ni le niveau pour parler de Dieu.
    En clair ce sont les athées qui respectent le mieux Dieu, en lui foutant la paix.
    Alors que les croyants fassent preuve d'un minimum d'humilité et de lucidité et se taisent à ce sujet.
    Merci.
  3. halman
    Pendant des années j'ai été comme ça. Dans un état d'asthénie et dans le cirage total.
    Même plus capable de savoir si c'était le matin ou l'après midi quand je me réveillais. Si j'avais pris mes médicaments, si j'avais mangé.
    Incapable de me concentrer sur quoi que ce soit, même mes livres et films préférés.
    Rien que le fait d'aller aux toilettes et de manger quelque chose, ça m'avait vidé pour la journée et je retournais me coucher tel le zombie, me tenant aux murs, incapable de comprendre quoi que ce soit quand on m'adressait la parole.
    Les gens qui n'ont pas cette maladie ne peuvent pas comprendre que le moindre geste, il faut se forcer. Se forcer à se forcer à se convaincre de le faire, se forcer à physiquement bouger un corps ralenti qui pèse des tonnes.
    Et se retrouver épuisé, vidé de toute substance pour le moindre geste anodin. Qu'il faut un quart d'heure ou deux jours pour récupérer de certaines choses qui sont anodines pour les gens normaux.
    Il faut leur expliquer aussi que les 10 minutes que l'on prenait avant pour prendre un bain, on est incapables d'expliquer pourquoi maintenant cela peut nous prendre une demi heure comme une heure. On est incapables d'expliquer ça. On se fait surprendre à chaque fois.
    On regarde l'heure, on est persuadé que ça nous a pris 10 minutes, et surprise il s'est passé presque une heure. C'est insupportable.
    Et je redormais comme une masse pendant 3 ou 8 heures d'affilée.
    J'étais toujours en colère contre moi d'être comme ça et me demandais pourquoi je n'étais pas en pleine forme au boulot comme avant.
    Cela fait 10 ans. Ca va mieux. J'ai pu reprendre un travail a mi temps thérapeutique comme un zombie, puis à temps plein.
    Mais totalement épuisé en permanence. Je suis en colère contre moi d'être tout le temps épuisé, que les gens me disent 10 trucs et que je n'en percute qu'un, qu'ils fassent 10 choses au boulot dans la journée et que j'arrive tout juste à en faire une ou deux mais totalement épuisé et avec une lenteur pas possible.
    C'est déjà considérablement mieux qu'il y a 10 ans mais ça donne envie de se taper la tête contre les murs tellement on s'en veut d'être naze à ce point là.
    Mais on finit quand même par se rendre compte qu'au boulot on est arrivé à faire et à participer à des projets pas mal qui ont bien avancé, parfois commencés à partir de rien et bien instaurés à la fin.
    Mais les gens ne se rendent pas compte à quel point c'est mille fois plus éprouvant et usant que pour les gens non dépressifs.
    Quand même pour s'habiller pour sortir ça prend une demi heure ou une heure à essayer de se convaincre de le faire avec des nausées et envie de vomir, les gens ne se rendent pas compte de ce genre de choses.
    Petit à petit, selon les jours, les périodes, ça va plus ou moins bien.
    Ma dépression a commencé un jour au boulot.
    J'étais aide soignant en gériatrie à l'époque.
    Je suis arrivé au travail, pourtant dans un service que je connaissais par coeur, des patients que je connaissais bien, une collègue aide soignante et une collègue infirmière vraiment supers, un bonheur de travailler avec elles.
    Et pendant qu'elles me faisaient les transmissions, je me suis senti bizarre.
    Je me disais en même temps que je les connaissais bien, et en même temps, mais c'est qui et de quoi elle me parle.
    Le cerveau avait fermé les écoutilles.
    J'avais perdu toutes notions de tout, même du temps.
    Je me suis retrouvé assis dans le poste de soins pendant qu'elles bossaient en me demandant mais qu'est ce qu'elles font, pourquoi elles courent partout comme ça. Qu'est ce que je fais là ? Je suis censé faire quoi ?
    J'ai remarqué que j'étais en blouse blanche et que j'avais un badge. J'ai lu le badge. C'est moi ça, c'est mon métier ça ? Et qu'est ce que je fais là en blouse blanche.
    Et sans rien comprendre je me suis retrouvé dans le bureau des cadres à raconter n'importe quoi en boucle, pleurant et rigolant, voulant me lever et aller bosser et en même temps plus la moindre force pour me lever. Une partie du cerveau voulait se trouver normal et continuer à bosser comme si de rien n'était et l'autre avait fermé les écoutilles et ne se sentait plus concerné par rien du tout.
    Ca fait vraiment bizarre.
    Et je me suis retrouvé à rentrer chez moi à minuit alors que les surveillantes m'avaient fait partir à 16h20. Incapable de savoir ce que j'ai fais pendant ces 7 heures, le trou noir.
    Ma mère était là en train de faire des mots croisés.
    Je lui annonce tout ça, je lui explique.
    Rien, pas une réaction, pas une émotion, elle ne bouge pas, elle me demande juste : "donc demain tu ne vas pas travailler ?".
    Le sol qui s'effondre sous mes pieds, je comprend qu'il ne me faudra même pas le moindre soutien ou compréhension de la seule personne de ma famille proche.
    Le lendemain chez mon médecin de famille qui a eu des réactions comme je ne l'ai jamais vu et qui m'a dit d'aller voir tout de suite un collègue psychiatre.
    Et je me suis retrouvé, dans un état bizarre, comme un zombie, chez un psychiatre qui m'a fait mon dossier de longue maladie pour 6 mois, du prozac et du lexomyl et le médecin du travail qui me dit "prenez 2 ou 3 ans s'il le faut mais reposez vous c'est urgent".
    Comment ça 2 ou 3 ans ?
    Mais dans deux semaines ça va aller je serais au boulot.
    Incapable d'accepter que j'étais malade à ce point là.
    Me suis retrouvé à la maison, juste à manger et dormir. Le travail qui faisait partie d'une autre planète, qui ne me concernait plus pendant certaines périodes, et d'autres périodes où je me disais mais qu'est ce que je fais là, allez hop au boulot.
    Pendant plus de 2 ans.
    Une psychologue m'a fait comprendre pourquoi j'en étais arrivé là. Accumulation aussi bien au niveau familial que professionnel de trop de choses trop lourdes pendant 40 ans, sans aides, sans personne à qui parler. Les émotions refoulées qui ont éclaté d'un seul coup et qui ont détruit le cerveau comme une grenade qui explose et détruit toute la cervelle d'un seul coup.
    Cela fait 10 ans et pourtant aujourd'hui malgré qu'au boulot j'ai acquis des compétences et que je sois plus énergique et plus lucide, ce ne sera jamais comme avant.
    Surtout que je dois gérer aussi un diabète important et des séquelles d'un infarctus qui aurait du me laisser sur le carreau.
    Que je dois gérer des médicament contre le diabète qui agissent sur le coeur, des antidépresseurs qui posent des problèmes cardiaques, et bien sur des médicaments qui donnent la nausées, font vomir, donnent mal à la tête, déséquilibrent le diabète et les paramètres cardiaques et donnent la diarrhée.
    Et bien sur l'insuline, bien calculer ses doses, ne pas se planter pour faire une hypoglycémie ou un coma diabétique le lendemain, selon ce que j'ai à faire.
    Je dois en permanence jongler avec tout ça.
    Et ça m'énerve, et ça m'épuise.
    Certains jours c'est la routine, les médocs et les examens c'est la routine, d'autres périodes on se demande si on aurait pas du crever le jour de l'infarctus.
    La famille de psychopathes qui ne m'a jamais parlé normalement qui se met à me parler des histoires de famille dès les premiers jours de mon infarctus. Ont pas compris pourquoi ça m'a fait péter les plombs et que je leur ai dit que c'était trop tard, qu'ils auraient du me parler de tout ça quand j'avais 20 ans. Que j'ai du apprendre à faire le deuil de la vie de famille.
    Toujours impossible de me concentrer sur les conversations. J'arrive à écouter une personne sur un sujet pendant une minute au grand maximum.
    Et les gens ont du mal avec ça, mais pour que j'arrive à les écouter il faut que je ferme les yeux, sinon, j'entends juste du bla bla sans aucun sens. Pour arriver à me forcer à faire entrer dans mon cerveau ce qu'ils veulent me dire.
    Mais je me surprend à leur répondre en souriant des choses totalement automatiques dont je n'ai pas conscience. Et je retourne dans mon bureau, vidé, me demandant de quoi ils m'ont parlé. Mettant un bon quart d'heure à commencer à comprendre de quoi ils me parlaient.
    Mon cerveau qui ne veut pas entendre ce qui se passe, mais une autre partie du cerveau qui a gardé des automatismes et des réflexes dont je n'ai pas conscience.
    Mes livres et films préférés j'y arrive un peu plus. Mais seulement les jours où je suis en arrêt, quand j'arrive à faire tout un travail sur moi pour oublier le boulot.
    99% de ce que disent et de ce qui intéresse les gens dans les conversations, toujours incapable de me sentir concerné et de faire un effort pour m'y concentrer.
    Ce n'est plus mon univers.
    Mais est ce que cela a été mon univers avant ?
    Mon impression est que mon cerveau a passé 40 ans à supporter des gens et des modes de vies que je ne pouvais pas supporter et qu'un jour il a tout simplement saturé. C'est peut être pourquoi quand je vois certains mecs dans la rue je pars en fou rire tellement je ne supporte pas leur mode de vie.
    Très souvent en arrêt maladie ou en rtt parce que le cerveau a refermé les écoutilles, saturé par la folie du boulot, les énervés du boulot qui courent et gueulent partout.
    Totalement vidé tel le zombie pendant deux ou trois jours, nausées, vomissements, et une semaine après c'est fini je peux reprendre le boulot à mon petit rythme de naze, à condition que la bande de furieux ne soit pas là. Alors là ça va je peux commencer ma journée zen et me concentrer sur mon boulot.
    Mais les jours où ils sont là, à gueuler et courir pour n'importe quoi, je fuis. Je vais faire des choses ailleurs dans l'hôpital, m'isoler avec mes docs sur clés usb dans une salle de formation pour avoir le silence pendant la journée et ne pas avoir envie de leur enfoncer un clavier dans la gueule pour les faire taire.
    Quand ils n'étaient pas là, avec un collègue nous passions notre temps en interventions, changer des pc, des écrans, des imprimantes, etc. Mais on ne disait rien. On prenait la fiche, on préparait l'écran, on téléphonait à l'utilisateur qu'on arrivait, on allait remplacer l'écran, on revenait mettre le logiciels de base de données du matériel à jour et clore la fiche. Tout ça tranquille, sans courir, sans gueuler, sans s'énerver, etc.
    Mais la bande de nouveaux furieux, ils sont à 10 pour faire le travail qu'on faisait à deux. Et pour le moindre écran ou imprimante, ou panne, ça court partout, ça gueule dans tout le service, à tel point que je sors de mon bureau en me demandant ce qu'il se passe.
    Et à 17 heures quand ils partent, putain de dieu de soulagement de calme de silence. Tout le monde respire, se détend, on se dit tous "ça y est le calme est revenu".
    Il y en a un je l'appelle le kangourou. Il court partout, saute par dessus tout, et quand il débarque dans un bureau c'est en courant et en mettant un grand coup de pieds dans le chambranle de la porte pour s'arrêter !!!

    Incapable de supporter qui que ce soit qui m'adresse la parole. D'ailleurs pendant ces jours là on me parle je ne comprend même pas de quoi on me parle, le cerveau totalement saturé des autres. Sauf les collègues calmes qui parlent normalement sans hurler et s'énerver et se mettre en panique pour des riens du tout.
    Pourtant, je m'entend leur répondre des choses du boulot, je ne sais pas quoi, en automatique, inconsciemment.
    Le matin pour arriver à partir au boulot je dois faire un truc de dingue.
    Au lieu de me dire je vais dans un hôpital de merde avec des furieux excités qui font n'importe quoi n'importe comment en gueulant et sans la moindre compréhension du personnel soignant, je me dis que c'est comme il y a 25 ans quand j'allais piloter.
    Au lieu d'aller au boulot je vais piloter. Dans ma tête.
    Quelques fois je me retrouve au boulot à m'occuper de mes dépannages informatiques mais dans l'état d'esprit du pilote qui prépare son vol pour ne pas penser que je suis au boulot. Dehors je prend mon temps et je regarde les avions et les hélicos, me foutant de la gueule de ceux qui pilotent n'importe comment, admirant des faucon crècerelle, admirant un pilote de Transall qui fait des trucs supers. Je ne suis pas au boulot, je suis en vol, je pense à mes vols en planeurs et avions quand je pilotais.
    Ce que disent les autres au boulot, rien à péter royal.
    Quelques fois ça marche tellement bien qu'au lieu, en sortant de chez moi, de prendre à gauche pour prendre le bus pour aller bosser, je prend sans m'en rendre compte à droite pour aller prendre le métro et je me retrouve gare Montparnasse à prendre un billet pour Chartres comme si j'allais piloter.
    Je me retrouve dans l'état d'esprit quand j'avais entre 16 et 22 ans quand je pilotais et que je passais mes tests pour l'armée de l'air et que je passais mes week end et vacances à piloter à la moindre occasion.
    Alors quand la réalité me remonte d'un seul coup dans la cervelle, mes problèmes de famille, tous les drames de la famille qui m'ont traumatisés tellement ils sont énormes, mes problèmes cardiaque, de diabète, de dépression, je suis tellement sonné et épuisé par mes maladies que je m'assois quelque part et au bout de plusieurs heures je commence à me réveiller et je rentre chez moi et je vomis.
    Et je me dis pour la 10000 fois de la journée "putain qu'est ce que je fous là pourquoi je suis pas en vol avec les copains ?"
    Une collègue aide soignante avec qui j'ai bossé dur pendant des années m'a dit que je vomissais ma vie.
    Elle a tout compris.
    Conséquence : je ne supporte et ne m'entend bien qu'avec les gens calmes et silencieux, et plus les gens sont
    excités, gueulards, bruyants, plus je les fuis et plus j'ai des envies de meurtres.
    Je ne vous parlerai pas de ma famille.
    Le genre qui a été capable de faire, par leurs comportements épouvantables, que mon grand père paternel se pende dans son jardin, qu'une cousine éloignée trisomique saute par la fenêtre. Le genre qui va habiter, construire son pavillon près du patelin où on a les plus vieilles traces de la famille. Le genre qui se laisse mourir d'un cancer et qui se soigne par les plantes, totalement allergique au système hospitalier, et qui en meurt. Le genre qui a fait 3 infarctus et des avc mais qui continue à fumer et à boire de la bière (mon père) et que je retrouve mort dans son lit le jour de mes 18 ans. Le genre d'oncles et de cousins, on ne s'est pas vu pendant 20 et 30 ans et quand on se voit, rien, pas une émotion, rien, comme si on s'étaient quittés il y a deux heures. Vous je ne sais pas, mais moi ça me rend malade, j'en tremble, j'en ai froid.
    Voilà quelques exemples de ma famille que je dois supporter.
    Alors normal qu'aujourd'hui, je ne puisse plus les voir et que je ne supporte plus que le calme et le silence.
    Si l'administration fait que je puisse me barrer du boulot à 50 ans, alors je vais vivre dans le patelin calme de ma mère et surtout qu'on ne me parle plus d'informatique.
    Parce que dans les années 80/90 j'étais fana d'informatique, mais comme cela se passe au boulot ils ont réussi à m'en donner la nausée.
    J'ai juste besoin, après ces 40 ans où on ne m'a pas laissé vivre, que mon cerveau respire de l'air frais, c'est urgentissime pour que je ne devienne pas dingue.
    Ils nous mettent la retraite à 62 puis à 67 ans.
    Mais je ne tiendrai pas le choc jusque là. Pas la peine d'y penser.
    Surtout comme cela fonctionne au boulot.
    On conçoit, instaure, met au point des choses, des logiciels, des formations, on corrige les bugs, on s'y met à plusieurs, avec des cadres, des formations, mais c'est à peine rentré dans les moeurs des gens que c'est détruit par autre chose, que des gens, on ne sait pas qui mettent la mains dessus et y mettent leur n'importe quoi personnels et provoquent des tonnes de problèmes en traficotant les paramètres en faisant n'importe quoi sans y connaitre rien.
    Alors si c'est pour travailler pour que tout ce que l'on fait soit détruit, qu'ils aillent se faire voir.
    C'est terminé, je n'ai plus aucun scrupule pour le boulot.
  4. halman
    Je me permet de recopier un dossier paru dans Sciences et Avenir en 2003 sur les neurones du divin :
    Aurions- nous des neurones spécialisés dans le divin ? Seraient-ils le fruit de l'évolution multimillénaire de notre néocortex ? Enquête sur ces " neuro-apôtres ", surtout américains, qui dissèquent la religion et la foi.
    L'arrivée de la conscience s'est réalisée comme une métamorphose : c'est l'effet papillon, un battement d'ailes neuronal, qui nous a emportés dans un monde d'intelligence, de représentation, de démence", résume joliment le neuropsychiatre Boris Cyrulnik.
    Retour sur la préhistoire de la spiritualité. Au commencement était un singe hardi, pas trop mal pourvu en cervelle, quittant de plus en plus souvent ses arbres pour explorer, en bipède, de nouveaux territoires rendus accessibles par la sécheresse. A quoi songe-t-il alors, il y a des millions d'années, dans sa savane africaine, à part à boire, manger et copuler ? Son instinct lui dicte de s'éloigner la nuit des points d'eau où les prédateurs guettent les proies venues s'abreuver. Il tire parti de l'expérience de son groupe, où ses chances de survie sont plus fortes. D'ailleurs, en même temps qu'il développe une habileté manuelle (étant moins occupé à grimper), notre grand ancêtre perfectionne surtout, dès quatre millions d'années avant notre ère, une aptitude vitale à reconnaître les siens.
    Vitale, et peut-être même sublimée : on a retrouvé sur un site d'australopithèques, en Afrique du Sud, un galet rond percé de deux trous (deux yeux ?) et rayé d'une fente (une bouche ?). Anthropomorphe mais a priori inutile, cet objet façonné par les éléments a été récolté il y a trois millions d'années et conservé à une dizaine de kilomètres de sa carrière d'origine.
    Son propriétaire a-t-il pu être fasciné par son reflet sculpté ? Avait-il la capacité de s'y reconnaître ? Rien n'interdit de le penser.
    Les paléontologues suivent aujourd'hui aisément l'évolution cérébrale des hominidés, car tous les vaisseaux méningés s'impriment en creux dans les boîtes crâniennes qu'ils récoltent. Or, ils constatent que les hominidés ont commencé très tôt à développer des asymétries - ou petalia - au niveau des lobes frontaux. . . (Voir Sciences et Avenir n° 622, décembre 1998.) Ces mêmes lobes - qui seront amenés, au fil de l'évolution, à traiter de plus en plus d'informations entre les aires auditives, visuelles, sensorielles et motrices - ont aussi contribué à faire émerger la conscience de soi et celle d'autrui. Leur asymétrie ne cessera d'ailleurs de se développer jusqu'à culminer chez Homo sapiens sapiens, l'homme moderne capable de morale, de symbolisme et d'abstraction.

    A cerveau différent, monde différent
    Il y a 2,5 millions d'années, le premier Homo développe des bosses du langage (les aires de Broca et de Wernicke). A défaut de parler, il vocalise, en même temps qu'il perfectionne une industrie lithique : aligner des sons ou enchaîner une série de gestes participe du même processus, selon les neurologues. Et c'est armé d'outils de plus en plus tranchants que, non content de dépecer des cadavres (y compris ceux de son espèce, le cannibale !), il s'enhardit à chasser. Sur le plan cérébral et social, c'est une révolution. Chasser requiert une stratégie inventive, la répartition des morceaux de choix, une hiérarchie subtile et des comportements complexes d'offrandes, d'échanges, de suppliques... "La viande et ses protéines ont agi comme un supercarburant pour le cerveau", analyse le paléontologue Pascal Picq, du Collège de France. La cuisson, via la domestication puis la maîtrise du feu, entre 1,4 million d'années et 550 000 ans avant notre ère, a considérablement accéléré le processus, selon des diététiciens anglais et américains. Nous ne sommes plus seulement ce que nous mangeons, nous devenons ce que nous cuisinons.
    Notre crâne n'étant pas franchement élastique, la surface de notre cerveau se plisse, favorisant de nouvelles connexions cérébrales. Les zones frontales du cerveau prennent toujours plus de volume chez les premiers hommes, confrontés sans cesse à de nouveaux défis sociaux et environnementaux. Ils s'aventurent hors d'Afrique, s'adaptent aux rigueurs hivernales de l'Europe et de l'Asie, construisent des abris durables, renforcent les liens de leur clan, dont la démographie et la durée de vie ne cessent de croître. "Chez tous les primates, le volume du néocortex - spécialement le lobe frontal - est directement corrélé à la taille du groupe et à ses habiletés sociales", observe sur le terrain Robin Dunbar, de l'université de Liverpool (Grande Bretagne). Une gestation de plus en plus en longue a certainement favorisé, chez les primates, le développement cérébral des f¿tus, tandis qu'une enfance prolongée permettait un plus long apprentissage social. Nous sommes - comme les chimpanzés de grands enfants qui passons un quart de notre vie à devenir adultes. Et c'est ainsi qu'adolescents attardés, nous acquérons la maîtrise consciente et toujours plus efficace des paysages et de leurs ressources.
    Théorie du corps, théorie de l'esprit.
    Qu'est-ce qui anime nos croyances ? Une porte qui claque ? C'est un courant d'air, se dit-on. Nous faisons alors appel à un système de physique naïve, encore appelé théorie du corps. Des sourcils se froncent chez un interlocuteur ? Nous imaginons, via une psychologie intuitive, qu'il est en proie au doute, voire à la colère. Cette théorie de l'esprit implique la détection de l'état émotionnel de son interlocuteur. Les bébés de 5 mois sont déjà capables de physique naïve, ont démontré les pédiatres. Chez les hominidés, pour qui établir des liens sociaux était une question de vie ou de mort, la faculté de "deviner" ses congénères a été favorisée par l'évolution en même temps que se développait l'anthropomorphisme, ce qui explique pourquoi, sur de multiples continents, les dieux sont à l'image des hommes.
    Ces deux dispositions, théorie de l'esprit et théorie du corps, nous ont conduits à attribuer des intentions à toute chose, ou plutôt à rechercher pour tout des causes intentionnelles. Cet agent intentionnel nous est devenu indispensable, comme la lumière à une plante verte. Quitte à prendre le pas sur la véracité des faits.

    Un altruisme intéressé
    Est-ce alors que l'inceste devient réellement tabou ? Cet "interdit" est pratiquement respecté chez des singes dotés de lobes frontaux bien moins développés que les nôtres, comme chez d'autres mammifères. A-t-il quelque chose à voir avec la morale ? Sur le plan évolutif, s'apparier avec un individu trop proche génétiquement contribue au suicide de l'espèce : c'est courir le risque d'accouchements prématurés, de maladies génétiques ou de débilité congénitale. Encore faut-il, pour l'éviter, pouvoir se montrer sélectif, c'est-à-dire vivre comme notre homme premier dans des groupes dont la taille ne cesse de se développer.
    Ce dernier se montre de plus en plus respectueux envers les membres de son clan. Il est intéressé lorsqu'il favorise l'altruisme et la coopération : un tel comportement renforce les chances de survie de toute société, y compris celle d'insectes à peine pourvus de neurones comme les fourmis, ainsi que l'a démontré l'Américain Richard Dawkins, auteur du Gène égoïste. Mais via ses lobes frontaux, notre homme préhistorique développe aussi l'empathie, c'est-à-dire la capacité à se mettre à la place d'un autre, prélude indispensable à l'établissement d'une morale.
    Mort de l'individu et naissance de l'art
    Vie sociale organisée, empathie... L'homme en devenir entretient chaque jour une vie fragile. Sous l'emprise de la mort, inéluctable et omniprésente. Il y a 400 000 ans, les néandertaliens choyaient ainsi leurs cas sociaux atteints de torticolis congénital ; il y a 200 000 ans, ils mâchaient la viande de congénères édentés (voir Sciences et Avenir n° 656, octobre 2001). Sinon, comment ces derniers auraient-ils survécu plusieurs années à leur handicap, comme le révèlent les fouilles archéologiques ? Son larynx s'étant peu à peu abaissé, notre homme est bientôt capable de mettre en mots ces nouvelles règles qui régissent la vie sociale du groupe. Sur le plan de l'évolution, un "effet papillon ", dirait Boris Cyrulnik.
    Est-ce alors qu'il devient un être spirituel ? Ce processus s'est en fait amorcé beaucoup plus tôt, dès que l'homme a commencé à entretenir des relations angoissées avec la mort.
    Il faut s'y résoudre : les croyances sont bien plus anciennes que l'homme moderne, apparu il y a seulement 160000 ans environ (lire Sciences et Avenir n° 677, juillet 2003). 350 000 ans avant notre ère, de très vieux néandertaliens jettent ainsi leurs cadavres au fond d'une même tombe -un puits alors naturel-, révèlent des fouilles menées dans la sierra Atapuerca en Espagne. ils leur font même vraisemblablement des offrandes symboliques.
    Peut-être ne songent-ils d'abord qu'à s'épargner l'incommodante putréfaction des cadavres. Mais au fil des millénaires, les rites mortuaires deviennent de plus en plus sophistiqués : en Afrique, on écorche le crâne des morts que l'on polit et conserve amoureusement, au Moyen-Orient, on couche les corps sur des litières de fleurs, ailleurs on les enterre, puis on les brûle, avec force incantations. Peut-on poser la question : "pourquoi ?", de façon plus claire ?
    "Les préoccupations d'Homo sapiens avaient un caractère existentiel et philosophique", ose Emmanuel Anati, spécialiste de l'art préhistorique. Car l'art des origines témoigne avec brio des capacités d'abstraction de ces esprits humains, dès 50 000 ans avant le présent.
    On devine qu'il se double de rites initiatiques qui ne sont pas accessibles au commun des mortels. Sinon, comment préserver le mystère ? Les chefs d'¿uvre décorant les parois des cavernes déclenchent alors des émotions qui constituent une sorte d'antidote rassurant à l'angoisse de la mort. "L'homme se projette dans l'au-delà, croit en l'existence d'un autre monde, à la différence de l'animal qui vit dans le présent, analyse le préhistorien Jean-Pierre Mohen. Il s'extrait ainsi de sa condition biologique, de son statut de mortel."
    Cette maturation, dont on commence à savoir laquelle, de la biologie ou de l'évolution sociétale, a permis à l'homme mystique d'émerger, est au c¿ur de l'ouvrage de Patrick Jean Baptiste*. Journaliste à Sciences et Avenir, il nous détaille l'essentiel de ses recherches en montrant comment les sciences du cerveau expliquent, voire localisent la religion et la foi qui animent notre espèce depuis des millénaires.
    Rachel Fléaux-Mulot
    * La Biologie de Dieu, Patrick Jean-Baptiste, Agnès Viénot Editions,

    Homo religiosus.
    La biologie de la foi
    Et si Dieu, les rituels, le mysticisme... bref, la religion dans son ensemble n'était qu'une activité cérébrale particulière ? Des neurobiologistes répondent oui. Les expériences se multiplient. Le triomphe du scientisme ?
    Même de grands scientifiques s'y laissent prendre.
    Récemment, Richard Dawkins, le célèbre promoteur du "gène égoïste", s'est livré en personne au psychiatre canadien Michael Persinger, presque pieds et poings liés, puisque ce dernier lui a mis sur le chef son fameux casque Octopus, un dispositif de stimulation magnétique transcrânienne (voir Sciences et Avenir n° 652, janvier 2001). Objectif : provoquer chez le grand savant une altération de conscience particulière proche de l'extase mystique, au dire de Dawkins, l'expérience ne fut guère probante, le simple fait qu'une célébrité cautionne les travaux de Persinger est un signe des temps, d'ailleurs finement analysé par le journaliste scientifique américain John Horgan. Dans son livre Rational Mysticism (1), il part à la rencontre de ces grands scientifiques, de plus en plus nombreux outre-Atlantique, qui ont aujourd'hui tendance à se prendre pour des gourous ou s'intéressent davantage à la spiritualité et à la métaphysique qu'à la physique. De son côté, Michael Persinger est persuadé que les expériences religieuses, les extases ou les transes, les théophanies c'est-à-dire les apparitions de Dieu (ou de la Vierge, ou de quelque autre déité) - dépendent strictement d'une modification interne au cerveau, en l'occurrence des lobes temporaux. Avec son accessoire électromagnétique, le neuropsychiatre canadien pense modifier l'activité électrique du lobe temporal droit, prétendument responsable, à l'occasion de crises d'épilepsie partielles, de ces apparitions mystiques, mais aussi des lobes pariétaux, susceptibles quant à eux de produire ce sentiment de fusion avec le cosmos que d'aucuns appellent le nirvana.
    Depuis une trentaine d'années maintenant, des scientifiques, américain, pour la plupart, traquent Dieu dans le cerveau. A la suite des travaux pionniers de Wilder Penfield, dans les années 1950 et 1960 - qui stimulait directement le cortex lors d'opérations neurochirurgicales -, ils tentent de démonter les mécanismes neuropsychologiques de la foi et de la religion, ravalant du même coup Homo religiosus au rang d'un primate de laboratoire. On peut les qualifier de neuro-apôtres, car ils nous apportent une bonne nouvelle, comme les apôtres des Evangiles : Dieu existe, au moins dans les méninges. Si l'on peut mettre en doute le sérieux d'un Persinger, d'autres chercheurs moins farfelus comme Eugene d'Aquili ont bien étudié les mécanismes neurophysiologiques de la prière ou de la méditation. D'autres encore, sans se revendiquer de cette tendance "neuro-apostolique ", ouvrent, tel Marc Jeannerod, d'intéressantes perspectives quant aux raisons cognitives de la croyance en Dieu.
    La neurobiologie est sortie de ses frontières habituelles. Les travaux des neuro-apôtres en sont un indice assez révélateur, celui d'une dérivation, souhaitable ou non, de cette science.
    De ce point de vue, la recherche d'une explication biologique aux phénomènes religieux ne diffère en rien des travaux visant à comprendre ce qui déclenche l'acte d'achat dans le cerveau du consommateur (voir S. et n° 631, septembre 1999) ou à expliquer les rêves sans Freud (voir S. et A. n° 668, octobre 2002). En ce début de XXIe siècle le positivisme (2) - et réductionnisme matérialiste qui lui est inhérent - est arrivé à un point de rupture. Les sciences du vivant, en particulier, les neurosciences, prétende même implicitement qu'un jour elles pourront tout expliquer, tant en théorie qu'en pratique. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'est pratiquement plus un spécialiste du comportement humain pour se passer d'une dimension " neurologique" dans ses recherches et que se multiplient les spécialités à préfixe " neuro" : les neuropsychiatres - persuadés que les maladies mentales dépendent toutes de dysfonctionnements physiques dans le cerveau (la pierre de folie médiévale remise au goût du jour) -, les neuropsychologues, Ou même les neuro-anthropologues et les neurolinguistes.
    Au-delà des problèmes de méthode - plus exactement d'épistémologie - que posent ces différentes dénominations, il ne fait cependant aucun doute que les neurosciences obtiennent des résultats tangibles. Les progrès de l'imagerie cérébrale ou l'inventaire sans cesse réactualisé des déficits cognitifs associés à des lésions du cerveau permettent maintenant de comprendre grosso modo où a lieu telle ou telle opération cognitive, comment fonctionne la perception, ou encore de localiser les régions cérébrales impliquées dans tel ou tel comportement... Pourquoi pas religieux ? Ce n'est donc pas sans bonnes raisons que les neuro-apôtres se sont lancés dans leur croisade.
    Toutefois, leur démarche n'est légitime qu'à une condition : que le fait religieux ou l'expérience religieuse soit d'une nature spécifique et distincte du reste des expériences humaines.
    Sans quoi, rien ne différencieraient "neurologiquement parlant" l'extase mystique de l'orgasme ou l'illumination d'une banale hallucination due, par exemple, à une épilepsie temporale. Il est en fait quasi impossible de ne pas tenir compte des attentes culturelles de ceux qui vivent ce type d'expérience, mais ce problème n'est pas insoluble.
    Contrairement à l'école française de psychologie, relativement peu intéressée par la religion, l'école américaine dont héritent les neuro-apôtres a toujours considéré, depuis l'époque de William James (18421910), que la psychologie de la religion était une discipline à part entière, tout à fait légitime. Autrement dit, que les attentes culturelles restaient fondamentalement déterminées par leur substrat humain, entendez psychologique ou, pour parler en termes modernes, neuropsychologique. Pour l'école américaine, la culture ainsi que la religion, évidemment fonction l'une de l'autre, peuvent s'étudier par la neurobiologie. D'une certaine manière, les neuro-apôtres vont jusqu'au bout du postulat matérialiste, et c'est ce qui les rend intéressants.
    Pas un aspect du phénomène religieux ne leur échappe. Tout les intéresse, même si, la plupart du temps, ce sont les expériences mystiques et certaines altérations de conscience comme les expériences de mort imminente, les transes ou encore les visions qui suscitent le plus d'observations directes et la construction des modèles physiologiques les plus complets. Ils ne se limitent toutefois pas à la simple description de ces phénomènes. Leur attribuer une cause première est l'autre tâche qu'ils s'imposent. Au "comment" croit-on en un être divin s'ajoute donc le "pourquoi". La question existentielle par excellence.
    Or ici, l'avantage des neuro apôtres sur tous leurs prédécesseurs philosophes ou théologiens est évident : leur matérialisme les libère de tout scrupule, de toute culpabilité. Que Dieu existe ou non leur est généralement indifférent. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'ils soient totalement dépourvus de croyances. En la matière, leur dogme est celui que tous les biologistes partagent, à quelques rares exceptions : le darwinisme. Si une grande majorité d'humains possèdent une religion et croient en Dieu, c'est qu'au cours de l'évolution s'est opérée une sélection naturelle qui a fini par favoriser, au moins dans leur cerveau, les structures qui allaient tout aussi naturellement les conduire à croire. Comme on le voit, ces scientifiques n' ont pas l'intention de froisser les croyants. Après tout, s'il existe et s'il a créé la nature, il est assez logique qu'elle ait fini par produire Homo religiosus. Le statut le plus précaire, dans toute cette affaire, ce serait plutôt celui d'Homo scientificus !

    Le croyant et son cerveau
    3 expériences religieuses au microscope
    Visions, rituels, hallucinations ou simples démarches spirituelles librement choisies... Ces phénomènes présentent d'étranges similitudes neuronales. Quelles frontières entre pathologie et sentiment divin ? C'est tout l'objet des recherches actuelles.
    Scanner de l'extase
    "j'avais une sensation d'énergie centrée en moi, qui partait vers l'espace infini puis me revenait, avec un profond sentiment d'amour. Les frontières autour de moi se dissolvaient. Je me sentais intensément relié à toute chose" (1), témoigne le bouddhiste Michael Baime.
    "J'ai ressenti un sentiment de communion, de paix, d'ouverture. La sensation d'être tantôt centrée dans le silence et le vide absolu, tantôt remplie par la présence de Dieu, comme s'il infiltrait tout mon être" (1), lui répond en écho Soeur Céleste, nonne franciscaine.
    L'un se fond dans le cosmos, l'autre se sent en union avec Dieu. Malgré leurs différences culturelles, leurs expériences de l'extase ont d'étranges résonances.
    Le bouddhiste et la franciscaine font partie d'un groupe de moines et de moniales invités à méditer et prier dans le laboratoire d'Andrew Newberg et d'Eugene d'Aquili, respectivement neurophysiologiste et anthropologue des religions à l'Université de Pennsylvanie (Etats-Unis). Les cobayes devaient tirer sur une cordelette libérant l'injection d'un traceur radioactif dans leurs veines lors qu'ils pensaient être parvenus au sommet de leur expérience. Les chercheurs ont alors enregistré en direct les variations chimiques de leur cerveau, via un tomographe à émissions de positons, appareil ultra-sophistiqué d'imagerie cérébrale.
    Chez tous leurs sujets, les scientifiques ont observé alors une nette diminution du flux sanguin au niveau des lobes pariétaux supérieurs (voir images ci-dessous). Comme si certains faisceaux neuronaux se mettaient en veilleuse.
    Or ces aires cérébrales ainsi "éteintes" traitent les informations sur le temps et l'espace.
    Elles sont dévolues à la distinction entre le soi et le non-soi. "Si l'on empêche l'influx sensoriel d'accéder à cette région, comme lors de la méditation, le cerveau perçoit alors le moi comme sans fin, étant lié à tout et à toute chose", analyse Andrew Newberg. Prudent, il. précise : " Il n'y a aucun moyen de déterminer si les modifications neurologiques associées à l'expérience spirituelle signifient que c'est le cerveau qui provoque ces expériences ou si, au contraire, ce dernier perçoit une réalité spirituelle. "

    La cité de la joie
    "Cela fait 2500 ans que les bouddhistes enquêtent sur le travail de l'esprit ", rappelle Tenzin Gyatso (2). Le XIV me dalaï lama encourage depuis bientôt quinze ans la collaboration entre bouddhistes et scientifiques, et notamment Richard Davidson, de l'Université du Wisconsin (Etats-Unis). Ce dernier a observé que les bouddhistes pratiquants avaient un lobe frontal plus irrigué - plus lumineux au scanner - même en dehors de l'exercice de méditation. Un acte volontaire purement mental, cognitif, altère profondément la conscience et les équilibres physiologiques de l'organisme. "Ils sont également capables de mieux contrôler leurs amygdales (lire pp. 14-15), des parties du cerveau associées à la peur et à la colère", remarque-t-il. De même, ils encaissent avec beaucoup plus de "flegme" que n'importe qui des sons brusques et inattendus, un coup de feu par exemple. " Non que les bouddhistes tibétains soient nés plus calmes ou plus heureux que toute autre personne, mais ils ont développé des réponses méditatives au stress ", conclut le chercheur.
    Et c'est là la bonne nouvelle : exercice volontaire purement mental, la méditation est accessible - à force de concentration évidemment - aux athées.

    Les visions révélées par l'épilepsie
    Même bonne chrétienne, rien ne prédisposait l'Américaine Gwen Tighe à donner un jour naissance à l'Enfant Jésus. Pourtant, quand son petit Charlie est né, elle a cru avoir accouché du Sauveur. " N'est-il pas merveilleux de former la Sainte Famille ? "rayonnait-elle, au grand désarroi de son mari Bernie, qui ne se voyait pas dans la peau de Joseph.
    Rudi Affolter, de son côté, était à 43 ans totalement athée... jusqu'à ce qu'une vision terrifiante le persuade qu'il était mort et avait plongé tout droit en enfer en raison de son impiété.
    Au XVIe siècle, ces deux " illuminés" auraient été brûlés. Au XXIème siècle, ils ont été invités à témoigner à la BBC, dans un documentaire diffusé en avril. Tous deux souffrent d'une épilepsie du lobe temporal (ELT). Un syndrome caractérisé par une forte incidence de convulsions fébriles, des sensations de déjà-vu, voire des hallucinations visuelles ou auditives.
    Le cerveau des épileptiques serait-il ainsi plus disposé aux crises de foi, aux conversions subites ? L'hypothèse n'est pas nouvelle. Freud suspectait déjà un lien entre les élans mystiques de Dostoïevski et sa maladie. Gregory Holmes, neurologue de la Dartmouth Medical School (New Hampshire, Etats-Unis) a démontré que l'Américaine Ellen White, fondatrice d'un mouvement de douze millions de fidèles, les adventistes du septième jour, " avait souffert d'un choc à la tête, responsable chez elle d'une centaine de visions". L'histoire est ainsi jalonnée de grands mystiques témoins d'apparitions : Moïse, saint Paul, Bernadette Soubirous ou sainte Thérèse de Lisieux ont également d'intéressants profils d'épileptiques. Il serait ridicule de limiter la religion à une pathologie. Par ailleurs, la psychologie du mystique, ses constructions intellectuelles, son histoire et surtout le contexte de sa conversion déterminent puissamment le sens que l'épileptique donne à ses visions.
    A l'Université de San Diego (Californie), Vilayanur Rarnachandran travaille à préciser ainsi jusqu'à quel point les lobes temporaux jouent un rôle clef dans l'expérience mystique. Le chercheur a confronté des sujets normaux et des patients atteints d'ELT, comme Rudi et Gwen, à des mots neutres (table, chaise), érotiques (sexe, coït) ou religieux (Dieu, prière), etc. il a ensuite enregistré la réaction physiologique de ses cobayes et notamment leur sudation. Tous les sujets montraient plus ou moins d'excitation devant les mots à connotation sexuelle. Sauf les patients atteints d'ELT, qui transpiraient abondamment devant les mots à connotation religieuse. " Leur peau était comme galvanisée ", témoigne le neurologue. " Cela leur faisait une impression bien plus forte que le sexe. "
    Des rituels pour des toqués
    Les pratiquants fervents sont-ils plus fréquemment victimes de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) que les personnes moins religieuses ? Claudio Sica, de l'Université de Parme (Italie), a identifié une corrélation entre le degré de piété et la fréquence des TOC. Du moins chez les catholiques romains. Des prêtres, des nonnes, des diacres, de simples pratiquants et des personnes dépourvues de tout engagement religieux ont été soumis à des tests visant à détecter ce type de désordres psychologiques qui font se laver les mains jusqu'à vingt fois par jour ou vérifier cent fois que la porte est bien fermée. Résultat : les dévots sont les plus atteints.
    Attention, souligne Lyrme Drummond, psychiatre au St. George Hospital de Londres : un patient doit avoir des prédispositions génétiques pour développer de tels syndromes. Toutefois, la majorité d'entre eux avoue avoir reçu une éducation stricte, où chaque action était définie, sans nuance, comme blanche ou noire, bien ou mal... Aurait-on ainsi fabriqué des lignées de TOCqués ?
    Plusieurs théories neurophysiologiques supposent que les mécanismes cérébraux impliqués lors des rites religieux, très stéréotypés et répétitifs, sont les mêmes que durant les TOC. L'anthropologue californien Alan Fiske a ainsi recensé au moins cinq points communs entre les TOC et les rituels religieux. Tous deux ont notamment à voir avec l'idée de contamination et de pureté. D'où des rites de purification ou de lavage de mains dix fois par jour.
    TOC et rituels peuvent traduire la crainte d'un événement terrible à venir si des gestes préventifs ne sont pas accomplis. Les prescriptions rituelles, règles de précaution, visent à écarter le danger.
    Tous deux consistent encore en des comportements répétitifs et séquentiels ou encore sous-tendent souvent un refus des pulsions sexuelles. Enfin, ils accordent une grande importance aux couleurs et aux nombres.
    En somme, la religion et ses rites rassurants attirerait les " toqués ", et les chamans, les premiers, l'auraient bien compris, il y a des millénaires de cela, en inventant les rituels sacrés ! Le rite en effet joue un formidable rôle anti-stress... Qu'il s'agisse de s'endormir avec son nounours, de croiser les doigts avant un rendez vous ou de formuler une prière.
    R. F.-M.

    Chimie de la terreur
    Le fanatisme est-il une molécule ?
    Le fanatisme est un comportement présent dans de nombreuses sociétés, qui relève rarement de la pathologie. Plutôt d'une activité spécifique de certaines régions d'un cerveau sous influence.
    Parce que le terrorisme est aujourd'hui principalement le fait de groupes islamistes et parce que les extrémismes semblent particulièrement vivaces au sein de certaines grandes religions, la tentation est forte de vouloir réduire le fanatisme en général au fanatisme religieux. Ce serait bien entendu une erreur s'il fallait s'en tenir aux définitions. Toutefois, force est de constater que même les extrémistes du marxisme ou du nationalisme développent, dans leurs actes comme dans leur rhétorique, un comportement que le sens commun qualifierait volontiers de religieux. Le sacrifice de soi (et surtout des autres) au nom d'une cause finit par faire de cette cause un efficace succédané divin, en tout cas un objet virtuellement doué d'intention, pourvoyeur de règles et de lois, d'une morale et de valeurs, d'une vérité transcendante, exactement comme Dieu (ou les dieux s'il s'agit d'un polythéisme). Auquel cas, le fanatisme, quel qu'il soit, est toujours un autodafé, c'est à dire un acte de foi, comme l'ont encore illustré récemment les immolations par le feu de Moudjahidin du peuple d'Iran. Et puisqu'il s'agit ici de traiter de la biologie de la foi, considérons que le fanatisme en fait partie, et même qu'il est la quintessence de la psychologie religieuse, sous sa forme sectaire.
    En effet, ce qui caractérise le fanatique est qu'il appartient nécessairement à une organisation ou une coalition restreinte se tenant soit en marge de la société, soit en son sein, mais disposant sur elle d'un fort pouvoir. Les sectes comme celle des davidiens aux Etats-Unis, qui s'est retranchée dans une lutte suicidaire contre le FBI, ou les zélotes de Massada, il y a 2000 ans en Israël, sont des exemples de groupes fanatiques marginaux. Ce qui n'était pas le cas en revanche des SS dans l'Allemagne nazie, des Khmers rouges au Cambodge ou des Assassins à l'époque des croisades. Le fanatisme n'est donc pas un phénomène individuel, mais collectif. Cette remarque est un préalable important si l'on souhaite en comprendre les causes biologiques, ou plutôt neuropsychologiques. Les sciences sont contraintes de généraliser, ce qui serait impossible si le phénomène à étudier n'était pas reproductible.
    A l'heure actuelle, relativement peu de scientifiques " durs "s'y sont attaqués hormis des anthropologues ayant acquis quelques notions de neurosciences ou des neuropsychiatres, si bien que les raisons invoquées pour expliquer ce comportement restent encore très largement du domaine de la psychologie traditionnelle. Par exemple, un psychiatre américain, Jerrold Post, distingue deux types de personnalité, l'" anarchiste idéologue " et le " nationaliste sécessionniste " chez les terroristes, tous deux résultant de traumatismes de l'enfance, et considère que ce genre de fanatique agit " plus en fonction de ses besoins psychologiques qu'en raison du désir d'améliorer la situation sociopolitique des masses". L'anarchiste idéologique serait en rébellion contre l'autorité de ses parents, le nationaliste ne souhaitant qu'une chose : s'en dissocier. La tendance à vouloir considérer le fanatisme comme une pathologie psychiatrique est très majoritaire à l'heure actuelle. Elle a cependant le défaut de ne s'en tenir qu'à la personnalité du fanatique ainsi qu'à d'éventuelles (et possibles) prédispositions traumatiques infantiles, qui n'expliquent pas vraiment pourquoi ce comportement est si répandu de par le monde.
    Le fanatisme s'apparente plutôt à une tendance de fond. Une expérience d'économie expérimentale (voir Sciences et Avenir n° 664, juin 2002), réalisée par Damel Zizzo et Andrew Oswald, de l'Université de Warwick, en Grande-Bretagne, avait ainsi défrayé la chronique en montrant pour la première fois que certaines des motivations les plus profondes de notre espèce pouvaient nous conduire à la ruine ou au suicide plutôt qu'à la reddition. Les deux économistes avaient demandé à des volontaires sains d'esprit de participer à un jeu d'argent dont l'objectif était de faire perdre, après une loterie, les autres joueurs en dépensant ses propres gains. Le résultat de l'expérience contredisait toutes les théories économiques en vigueur puisque près des deux tiers des participants avaient préféré tout perdre plutôt que de voir leurs concurrents les plus chanceux repartir gagnants. Agir contre ses propres intérêts et en dépit du bon sens n'est donc pas l'indice d'une pathologie mentale, forcément rare, mais bien une tendance de la psychologie humaine.
    Cette tentation de la terre brûlée, jadis repérée par Nietzsche comme l'une des conséquences du ressentiment, est l'un des aspects primordiaux des comportements fanatiques. Quelque part dans le cerveau et sous certaines conditions, un mécanisme à priori contre productif pour l'individu se met en place, une sorte de machine infernale dont nous serions dotés pour la majorité d'entre nous et qui nous pousserait à commettre l'irréparable. Ce sont là les termes d'une équation à x inconnues que la biologie pourrait résoudre. Bien entendu, les volontaires de Warwick ne vont pas tous adhérer aux Moudjahidin du peuple. Mais on sait en revanche jusqu'à quelles extrémités peut conduire le ressentiment : à des actions individuelles aussi suicidaires que meurtrières, telles celles d'un Richard Durn, qui fit feu sur le conseil municipal de Nanterre, ou d'un Baruch Goldstein, qui assassina 29 musulmans au caveau des Patriarches à Hébron. En l'occurrence, ni l'un ni l'autre ne présentaient de troubles psychiatriques avérés et rien ne les prédisposait, au moins dans le cas de Baruch Goldstein, qui était un médecin dévoué et apparemment d'une grande gentillesse, à agir ainsi. Durn ou Goldstein étaient-ils pour autant des fanatiques ? Non, à moins de considérer Durn comme un moudjahid de l'ANPE.
    Certains, comme le neuropsychiatre Rhawn Joseph, avancent l'hypothèse que ce genre d'actes isolés résulte d'un dysfonctionnement soudain des corps amygdaloïdes. La stimulation de ces deux glandes nerveuses placées sous les lobes temporaux provoque, chez l'animal, une agressivité durable.
    Chez l'homme, pareille corrélation a rarement été observée depuis le cas de Charles Whitman. En 1966, cet Américain au demeurant parfaitement intégré dans la société fut pris d'une pulsion meurtrière irrépressible et se mit à tirer sur des étudiants avec un fusil de chasse. Il fut abattu par la police, et son cerveau disséqué. On y découvrit une grosse tumeur faisant pression sur ses corps amygdaloïdes. Fait troublant, Whitman était resté lucide jusqu'aux derniers moments et regrettait ce qu'il ne pouvait s'empêcher de faire ! Bien qu'il soit possible d'invoquer un éventuel "syndrome amygdalien" pour caractériser ces conduites extrêmes, leur rareté empêche d'y voir une explication satisfaisante au fanatisme. Les fanatiques ne sont jamais seuls comme pouvaient l'être Durn ou Goldstein. Mais membres d'un groupe. Leur comportement résulterait de l'interaction entre leur cerveau et les règles imposées par le groupe.
    Comme l'a bien décrit l'anthropologue Pascal Boyer, toutes les coalitions, et les religions en font partie, reposent sur une initiation durant laquelle l'impétrant subit soit des sévices corporels, soit assiste à un sacrifice (à valeur exemplaire) et renonce ainsi à sa liberté pour rejoindre la communauté. D'après l'anthropologue, la sévérité de l'initiation ou du bizutage est inversement proportionnelle à la taille du groupe. A cela, le chercheur trouve une explication rationnelle : plus le groupe est restreint, plus la défection d'un de ses membres lui serait préjudiciable. Par l'initiation cruelle et surtout terrorisante, le groupe montrerait au nouveau venu ce qu'il lui en coûterait de démissionner.
    "Le châtiment précède la faute et crée chez l'initié un sentiment de gratitude exacerbée envers ce groupe qui l'a épargné", résume-t-il... Quant au sacrifice exemplaire, il procède de la même logique, celle de l'image frappante, par exemple un homme en croix ou la photo d'un chahid (" martyr " en arabe) de quinze ans qui s'est fait exploser dans un bus. L'efficacité de l'initiation est en général accrue par le type de sévices infligés. Les initiateurs témoignent souvent d'une étonnante connaissance des peurs humaines les plus viscérales, peurs qui dépendent d'ailleurs aussi des corps amygdaloïdes et plus généralement de structures cérébrales hypothétiques dont l'existence a été envisagée notamment par Eugene d'Aquili et John MacManus : les structures neurognostiques, littéralement les " neurones-qui-savent ". Elles seraient notamment le siège des peurs instinctives de certains animaux comme les serpents ou les araignées, des cadavres ou de la souillure. Elles causeraient, en cas de dysfonctionnement, nos phobies si caractéristiques.
    C'est bien entendu sur ces peurs-là que vont insister les initiateurs. Ils déclencheraient alors chez l'impétrant une surstimulation amygdalienne suffisamment modérée toutefois pour ne pas nuire à la mémorisation. Plusieurs expériences montrent en effet que la peur favorise l'apprentissage. Les corps amygdaloïdes facilitent les phénomènes de LTP (Long Term Potentiation, une modification de la sensibilité de certains neurones lors de l'apprentissage) dans les structures voisines que sont les hippocampes. Mais ils peuvent les inhiber brutalement en cas de suractivité, lors d'un choc psychologique par exemple, provoquant ainsi une amnésie post traumatique. C'est l'hypothèse habituelle des neuropsychologues.
    Quoi qu'il en soit, si le contrôle de la peur est maîtrisé, il favorise l'apprentissage ou l'endoctrinement. Bien entendu, tous les bizutages ne produisent pas nécessairement des fanatiques. A moins de scruter d'un ¿il suspicieux nos médecins ou nos ingénieurs Gadzarts (dont le bizutage fait frémir), le but de l'initiation n'est que de renforcer la coalition. La dernière inconnue de l'équation du fanatique dépend donc de son endoctrinement. La remarque de Pascal Boyer concernant la reconnaissance par anticipation de l'initié offre un début d'explication. Cette attitude rappelle irrésistiblement nos cousins les grands primates quand ils se soumettent à un mâle dominant. Que l'on se souvienne de la formule lucide d'Albert Cohen dans Belle du Seigneur à propos des subalternes de notre société : "féminine posture du babouin dominé ". Elle suppose que la gratitude est parfois un paradoxe qui pourrait naître par-delà l'humiliation, le ressentiment et la peur.
    Plutôt que de gratitude, les neuropsychologues préfèrent d'ailleurs le terme de "gratification". Elle résulte d'une sorte de "rebond" physiologique dans le fameux "circuit de la récompense ", cette zone critique du cerveau découverte par Olds et Milner dans les 1950. Il s'agit d'un faisceau de fibres à dopamine se projetant sur le noyau accumbens, faisceau parfois défini comme la source de toutes les gratifications et de toutes les motivations, et aussi, pour emprunter à Freud, de toutes les sublimations. Lorsque l'on offre à un rat la possibilité de se l'autostimuler, via des électrodes implantées dans la cervelle, celui ci en oubliera de manger et de boire. En vrai fanatique, il en mourra (si personne n'éteint le dispositif).
    La neuropsychologie du fanatique repose peut-être sur un déséquilibre complexe et délibérément provoqué, entre la peur, la rage et le plaisir, et les deux ensembles nerveux qui les produisent, les corps amygdaloïdes et les fibres dopaminergiques du mésencéphale. Toute l'astuce de l'endoctrinement est alors d'orienter la gratitude de l'épargné -le fanatique - vers
    une cause, un dieu, un homme. Pour paraphraser l'éthologue Desmond Morris, quelque chose de l'ordre du mâle dominant symbolique, tyrannique et dangereux, mais aussi miséricordieux envers ses zélateurs.
    Patrick Jean-Baptiste
    SCIENCES ET AVENIR
    SEPTEMBRE 2003
  5. halman
    Les lois de la physiques se suffisent à elles mêmes pour créer l'univers, les systèmes solaires, et même la vie.
    Comment les croyants ne voient ils pas cette évidence limpide et pourquoi ce réflexe de l'humain à avoir besoin de se créer des divinités inutiles pour les lois de la nature ?
    J'ai refais quelques simulations numériques d'exoplanètes, c'est tellement limpide.
  6. halman
    Je suis en train de faire tourner des simulations des orbites des trois satellites de Pluton : Charon, Nyx et Hydra.
    Sur un bon vieil Ibm qui tient le choc, pas le genre de pc du commerce que les gens achètent et qui pleurent au bout de quelques mois que la carte mère, le bios, le disque dur plantent et des tas d'instabilités et de bidouilles persos à la noix et ça sort sa science.
    Et qui se permettent de vous faire la leçon et de vous insulter quand on les aide.
    C'est fascinant les paramètres des orbites prises, je fais des tas de calculs dessus, genre limites de Roche, limites de Hill, etc.
    Mais il faudra quand même que les astronomes fournissent des chiffres nettement plus précis que ceux que l'on connait actuellement.
    Quand ça me prendra je posterai une copie d'écran des orbites.
    Mais il va falloir que petit à petit j'affine les données.
    Il faudrait que je fasse la même chose avec les exoplanètes, mais il y en a beaucoup trop, je j'ai pas le temps entre mon boulot les courses, et tout le tintouin.
    http://exoplanet.eu/catalog-all.php
    Vivement la retraite que je m'en occupe, plutôt que de dépanner des gens qui font n'importe quoi avec leurs pc et qui achètent n'importe quoi comme pc.
    Mais je vais avoir une semaine crevante.
  7. halman
    Il a dit avec une totale inconscience : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme"
    Hors en réalité, faire de la science c'est faire preuve d'une haute conscience de ce qui nous entoure.
    L'animal ne se questionne pas sur les lois de la Nature, les étoiles, la gravité, ce qu'il y a derrière sa forêt.
    Je dis donc : "Conscience sans science n'est que ruine de l'âme"
    Einstein lui même a bien écrit une phrase du genre "quelqu'un qui ne s'intéresse pas à la science, il lui manque quelque chose de fondamental".
  8. halman
    Cela fait un moment que cela me démangeait.
    Décrire le voyageur en bus de la région parisienne.
    Cela fait 20 ans que je prend des bus de banlieue pour aller travailler. Je commence à avoir des choses à dire, il me semble.
    Parce que voyager en bus en région parisienne, mais c'est toute une aventure. Les gens y font leur vie dans le bus.
    Celui et celle qui le matin et le soir se change dans le bus. Et oui, il y en a qui passent du jogging au costume où à la robe, comme ça, devant tout le monde.
    Ceux qui finissent leur petit déjeuner, qui s'installent tranquillement, sortent leurs victuailles et les engouffrent comme s'ils étaient au pique nique. Déballant des choses on se demande si ça se mange de papiers et de petits sacs.
    Ceux qui montent avec leur vélo, virant un petit vieux assis sur le strapontin. Et en plus ce n'est pas content, ça regarde les gens mauvais d'un air de dire bin oui les cyclistes aussi pourquoi on ne peut pas prendre le bus ! Et bien sur aux heures de pointes.
    Ce sont aussi les papys et mamies qui bien sur, c'est bien connu, vont faire leur marché avec leurs caddies aux heures de pointe.
    C'est la mama arabe qui entre avec son caddie qui n'en peut plus, qui a l'air d'avoir subi tous les bombardements de Gaza, sort sont attirail à tricotage et se met à tricoter peinarde.
    Celui qui prend tout le monde à partie pour critiquer tout. Les horaires des bus, les emplacements des stations. Bref, celui qui donne envie de lui fermer le claque merde avec un gros bouchon pour qu'il se taise.
    Ceux qui ouvrent en grand leurs journaux, vous mettant une page deux centimètre devant le nez. Quand ce n'est pas votre voisin qui vous met le coude dans les côtes pour pouvoir lire les nouvelles déprimantes du 20minutes du jour. Comme si c'était indispensable.
    Certains jours j'ai droit, dans ce tassement de voyageurs, à des visions du genre, face à l'oeil gauche la burka, et je tourne la tête à droite, l'aisselle du mec balaise sportif tatoué qui pue le dessous de bras.
    Celles qui sortent leur barda de maquillage et vont jusqu'à se parfumer, sortent le miroir, le rouge à lèvres et autres produits pour se pomponner, comme si elles étaient chez elles, ne faisant plus la différence entre leur intimité de leur chambre et un lieu public.
    Ceux qui malgré qu'on soit tellement serrés qu'on ait plus besoin de se tenir pour rester debout arrivent par je ne sais quel prodige à sortir un livre de je ne sais où et à le lire d'une main quand même. Quelque fois le livre posé sans respect et sans vergogne sur le dos d'un voisin.
    Ceux qui s'installent faire leur courrier. Ils ouvrent leurs sac, sortent leurs enveloppent, les ouvrent, les lisent, sortent leur téléphone portable et règlent rendez vous et détails techniques avec leurs banquier, assureur, architecte, médecins, en en faisant profiter tout le bus, tous papiers étalés sur la place vide voisine, empêchant une mamie de s'y assoir.
    Ca débarque avec les landaus, il y a déjà 5 landaus dans le bus, les gens sont obligés de les enjamber pour passer mais ça force le passage et ça arrive au bout de 10 minutes d'impatiente de tout le monde et surtout du chauffeur à en caser 3 de plus on se demande comment. Bloquant tous les passages, empêchant les gens de sortir et rentrer à chaque station. Et qui se font insulter quand on réalise que tout ce foutoir c'était juste pour descendre à la station suivante, 200 mètres plus loin !!!!
    Il y a les bandes d'ados qui débarquent en furies, entrant comme des sauvages en force par la porte arrière, rien à faire de ne pas composter un ticket ou leur passe navigo, foncent envahir la rotonde du fond et font leur cirque, musique hurlante, discussions hurlantes, chahutant, se tapant dessus, bouffant leurs chips et sodas, laissant les paquets et bouteilles trainer partout.
    Il y a les rastas. Avec leurs énorme coiffure rasta maintenue dans un énorme bonnet couleur Afrique, trois fois plus gros que leur tête, mettant un coup dans la tête des gens tassés derrière eux à chaque fois qu'ils tournent la tête. Le pire est quand ils dodelinent du membre cranien au rythme de leur mp3 qui passe du Bob Marley.
    Il y a les geecks.
    Ceux qui ont le téléphone portable, l'ipad et l'ordinateur portable dans je suppose leurs au moins 3 mains de mutants technologiques. Ceux qui zappent d'un morceau à l'autre sur leur ipad toutes les deux minutes. Qui essaient d'écouter la musique malgré qu'ils ont du mal à se tenir accrochés à la barre, qui mettent deux stations à démêler les fils, écoutent leurs trucs pendant 3 stations et mettent une station à ranger leur barda avant de descendre. Tout ça pour trois minutes de zapping sur leur ipod en ayant du mal à se tenir dans le bus.
    Ceux qui se plongent dans quelque chose de super important pour le boulot sur leurs ordinateurs portables. A propos de ceux là, ils doivent avoir des yeux de mutants. Parce que sur les écrans de leurs ordis, entre le soleil et la luminosité au minimum de leurs écrans, et bien on ne voit que dalle, à croire même que leur pc est éteint. Malgré que moi même j'aime lire des livres électronique au Soleil, j'y vois à peine sur leurs écrans.
    Les accros à leurs jeux sur leurs iphones. Ceux qui passent une heure à rédiger des tonnes de sms sur leur téléphones portables derniers modèles.
    Ceux qui jouent à leurs jeux électroniques. Tellement adictes qu'ils en ont des tics qui font peurs aux autres voyageurs qui s'exilent à l'autre bout du bus.
    Ceux qui regardent un dvd de science fiction sur leur ordinateur portable en écoutant le son avec un casque.
    Ceux qui, comme une sorte de tic obsessionnel, téléphonent toutes les deux minutes pour dire à quelle station ils sont.
    Ceux qui, déjà dès le matin à 7 heures ont des millions de choses à raconter au téléphone.
    Celles qui au téléphone font profiter à tout le monde que leur mari dors encore et qu'il doit bien donner telle bouillie au bébé et telles cornes flakes à la plus grande. Puis qui appelle sont boulot et nous déballe tous ses problèmes relationnels pourris avec ses collègues. Ainsi on apprend que sa tarée de collègue qui doit la remplacer pour les vacance n'est même pas foutue d'envoyer un email et de se servir du traitement de textes. Et autres joyeusetés de ce genre.
    Il y a les mamas, avec quatre gamins excités à surveiller et des tonnes de sacs de courses qui s'installent prenant la place de trois personnes.
    Ca s'entasse à 40 à la petite porte d'entrée du bus pour essayer d'y entrer. Bien sur attendant d'être devant le composteur pour fouiller pendant une heure au fond du sac pour trouver la carte navigo, la passer 10 fois devant le lecteur parce que bien sur ce n'est même pas capable de s'en servir. Et tout le monde de perdre patience parce qu'on perd un quart d'heure à chaque station pour faire entrer tout ce petit monde.
    Paradoxe qui me surprend à chaque fois. Ca se presse et ça court pour attraper le bus. Mais une fois dans le bus, tous à se bouger aussi rapidement que des paresseux surgavés d'eucalyptus. Mettant encore 5 minutes à se diriger à la vitesse d'une limace vers le fond du bus. Et encore 10 minutes à attendre que tout ces veaux finissent par se décider à monter pour que le chauffeur puisse démarrer.
    Et à chaque fois que le bus démarre, on y a droit. Des passagers courent pour attraper le bus, forçant le chauffeur à stopper 10 fois de suite alors qu'il essaie de partir de la station.
    Il y a les bandes d'adolescentes. Hurlantes, inondant le bus de leurs parfums puants et donnant la nausée. Parce que les ados ça n'a pas de limites, ça ne se met pas 3 goutes de parfum mais ça se vide la bouteille dessus. Et ça papote en hurlant, saoulant tout le monde. Et ça vient de passer son épreuve de géographie du brevet et ça hurle des "mais euuu l'Asie euuuu c'est en Afrique ou en Europe euuuuuu ?" Et c'est habillé et maquillé comme pour sortir en boites.
    Hier matin j'ai entendu des chose du genre (j'ai préféré penser ne pas être bien réveillé), le tout entrecoupés de rires et cris hystériques : "mais euu hier le Julien y m'a peloté les einses, et qui le ahmed y m'a mis la mains dans la culotte euuuu". Hurlant de rire, totalement inconscientes.
    Et ça se vautre dans la porte de sortie du bus ouverte, se mettant à se hurler dessus bloquant le passage et faisant perdre patience au chauffeur que ça veuille bien monter ou descendre et qui se met à leur hurler dessus. Mais comme les ados de toute manière tout ce que leur disent les adultes c'est de l'agression, elles hurlent plus fort que le chauffeur et tout le bus s'y met pour leur crier dessus.
    Il y a ceux qui, à la moindre petite pluie s'engouffrent dans les bus. Mettant un temps fou à s'y installer. Tout ça pour 1 ou 2 stations. Et encore 5 minutes de perdues à chaque station le temps que 20 personnes descendent pour en laisser sortir deux, et puis de remonter s'engouffrer comme ils peuvent.
    Et ceux, j'ai envie de les assommer. Qui entrent, bousculent tout le monde pour aller s'assoir au fond, et descendent à la station suivante, et rebousculent tout le monde pour sortir. Ceux là faudrait les interner !!!!
    Et je ne vous parle pas des clochards qui embaument le bus de leurs parfums ultra personnels.
    Et je ne vous parle pas des africaines qui se parlent d'un bout du bus à l'autre critiquant la France et les français sans la moindre honte et respect.
    C'est le jeune de 20 ans, on dirait que cette mode revient, qui s'habille comme il y a 50 ans. Le costume gris, le pardessus gris à la Colombo et le chapeau gris à la Delon dans ses vieux films, genre Borsalino de banlieue crade et sinistre.
    C'est l'homme de 50 ans mais qui fait 20 de plus, habillé gris sinistre comme dans les années 50, qui lit Mme Bovary. Et qui est tout interloqué de voir que son voisin (moi) lit aussi Mme Bovary mais en format livre électronique sur mon pda.
    Tous ces petits mondes forcés à se côtoyer à quelques centimètres, à l'intérieur de leurs sphères d'intimité. Quand ils ont une sphère d'intimité, car on se rend vite compte que beaucoup de gens n'en on même pas, violant celle des autres en bon psychopathes.
    Résultat, grâce à ce petit monde qui fait sa vie dans le bus, oubliant la frontière entre sa vie privée et les lieux publics, un trajet qui met 40 minutes en temps normal, met 2 heures 20 minutes certains jours.
    Et quand on sort du bus, oufffff. On respire et on a oublié que le ciel, le soleil, le vent ça existe, et on s'en met plein les mirettes et les poumons.
    Et ça râle contre la RATP.
    Alors que la première cause des lenteurs des bus certains jours mais c'est le passager lui même !
    Ainsi on arrive au travail déjà dans un bel état de dépression, ayant eu pendant une heure et demie une vision de l'espèce humaine qui donne envie d'aller directement se faire larguer en parachute sur une ile déserte et de ne plus jamais en revenir.
    Alors on se jette dans le boulot pour se changer l'esprit, c'est tout ce qu'il reste à faire.
  9. halman
    Bon, vendredi soir, cause chaleur, fatigue, émotions, stress de ces derniers temps, malaise, rentré chez moi et patati.
    Hier, sur je ne sais plus quelle chaine, un reportage sur les eopn, les élèves officiers personnel navigants, les élèves pilotes de chasse sur Cap20.
    Leurs premieres émotions de pilotes, leur premier contact avec l'armée, leurs premières combinaisons de vols qu'ils essaient avec émotion, etc.
    Du coup, oubliés ma fatigue, mes douleurs, mes nausées, c'était comme si j'y étais, des questions de leurs tests que j'arrivais à résoudre.
    Et je me suis senti bien, plus malade, mais qu'est ce que je fous là, pourquoi je n'y suis pas.
    Depuis, total zen, plus d'hypertension.
    Je suis au boulot, physiquement, mais dans ma tête je suis en l'air. Je regarde le ciel et je ne me dis pas que cet après midi je vais préparer des tablettes pc, mais que je vais voler, en combinaison de vol, avec débriefing de mon instructeur, épreuves écrites éliminatoires, etc.
    Du coup je ne parle à personne, je ne suis pas là, ce qui se raconte sur les forum, mes problèmes de santé, familiaux, mais ce n'est même plus ma planète, je suis en l'air, c'est tout.
    Incapable de m'interresser à ce qu'il se passe au boulot, aux conversations de mes collègues.
    A midi dans ma tête je n'étais pas au boulot, mais en train de saouler mon instructeur avec les Guynemer, Guedj, Clostermann, Auriol, Mermoz, etc.
    Pas un temps à bosser, mais un temps à voler.
  10. halman
    Tout est dans le titre.
    C'est la grosse mode des gros abrutis dégénérés ces derniers temps.
    Ca claque les portes et les fenêtres comme si ça voulait les exploser même à 2 heures du matin mais quand on les engueule c'est nous les emmerdeurs.
    S'en foutent que l'on soit cardiaque et que cela réveille en sursaut et que cela fasse mal à la poitrine.

    Ca ne parle pas normalement ça hurle tellement qu'on les entend dans la moitié de l'immeuble mais quand on leur dit on passe pour des emmerdeurs.
    Epoque de gros casses ******** et d'emmerdeurs pauvres d'esprits.
    Alors maintenant je fais comme tout le monde, je met là télé à hurler pour ne pas les entendre, je ne fais plus attention et je claque les fenêtres et les portes. Je passe l'aspirateur à fond le dimanche matin à 9 heures quand ces gros tarés pioncent.

  11. halman
    Vendredi soir tellement épuisé, mal partout, dans la poitrine, à la tête, dans les articulations, courbaturé, me disait que le jour de mon infarctus j'aurai du crever plutot que de subir ça. Même plus capable d'articuler une phrase au téléphone avec ma mère.
    Samedi un peu récupéré
    Dimanche, passé une bonne partie de la journée à lire sur le balcon au soleil.
    Mes Fana de l'Aviation en retard et mes Ciel Et Espace en format électronique sur mon portable.
    Aujourd'hui au boulot c'est le calme.
    Après une semaine vraiment pas tranquille du tout pour bosser correctement.
    Fait beau.
    Les énervés et les bruyants ne sont pas là.
    Des collègues sont malades ou en vacances.
    Je respire.
    Je me détends.
    Je peux faire mon boulot tranquille sans stresser.
    Autant ce week end j'ai fais des cauchemars du boulot. Revé que deux anciennes cadres me convoquaient en réunion urgente un samedi après midi pour discutter de problèmes de sécurité sur les ordinateurs des services de soins. Et puis énorme tempête, impossible de pouvoir fermer les fenetres.
    Autant là je me détends, mes courbatures et mes nerfs qui se relachent.
    Qu'est ce qu'il n'y a rien de mieux que la tranquilité.
    Une cadre m'a dit au téléphone tout à l'heure, alors que l'on préparait plein de choses à faire pour tous les jours dans deux semaines, qu'elle me faisait confiance.
    Quel réconfort.
    Surtout venant de quelqu'un qui est dure au boulot.
    Ce n'est pas en famille que j'aurai ce genre de réconfort.
    Malgré que pour chaque chose la plus benigne je doive me forcer comme il n'y a pas de mot pour le dire. Me forcer pour manger, pour m'habiller, pour sortir, pour absoluement tout faire. Devoir faire un travail sur soi épuisant et quelque fois long.
    Ne pas comprendre pourquoi quelque chose qui me prennait 5 minutes avant il me faut le triple, même en ayant l'impression d'avoir foncé et d'en être totalement vidé.
    En colère contre moi d'être aussi incapable par rapport à avant.
    Voilà, j'ai plein de choses à voir, mais pouvoir les voir et le faire zen, comme j'aime travailler.
    Pouvoir enchainer 5 interventions simples, mais vite fait bien fait, mais dans le silence.
  12. halman
    De plus en plus souvent on me dit que j'ai le look de l'informaticien.
    Je débarque dans un service pour une réparation, et on me dit "tiens voilà l'informaticien".
    Non pas que les gens me reconnaissent personnellement, mais ils voient un informaticien type arriver.
    Petit à petit donc j'ai pris le look de mon métier.
    Quand j'étais aide soignant on m'appelait docteur parce que je devais avoir un look de docteur.
    Deux ans et demi que je suis au service informatique et mon look se serait transformé à ce point là.
    :D
  13. halman
    Aujourd'hui, je reprend le boulot après deux semaines d'arrêt de travail et reprise d'anxiolytiques.
    C'est les vacances.
    C'est ultra calme.
    Les énervés ne sont pas là.(Vous savez, le genre qui change un écran dans sa journée et qui saoule tout le monde le reste du temps en racontant ses super méthodes de travail...)
    Quelle paix.
    Et en plus grand soleil dans le bureau.
    La détente, trop rare.
    Un luxe de nos jours.
    Quand on a subit des années de dépression suite au burn out de surcharge de travail, que les médecins vous interdisent de stresser et de s'en faire pour le boulot, désolé mais on ne peut même plus se permettre de culpabiliser.
    :mef2:
    C'est vraiment très contradictoire la dépression.
    Le cerveau lâche la rampe parce qu'on est trop concerné, trop dans le travail. Il ferme les écoutilles pour ne pas véritablement devenir fou. Plus rien ne l'atteind. Ni l'actualité, ni ce que les autres vous disent, ni ce qu'il se passe autour de vous. Il fait un vide salutaire que les autres ne comprennent pas. Le cerveau est tellement épuisé qu'il fait dormir comme une souche pendant des mois. Il ne veut plus rien savoir, trop c'est trop. La vie que les autres veulent vous faire mener, comment ils veulent vous formater l'esprit, trop c'est trop.
    Mais un jour il ferme les écoutilles et ne peux plus rien enregistrer sur quoi que ce soit, en particulier sur le travail, mais sur absolument tout en réalité.
    Et les médecins de vous dire qu'il faut oublier tout ça. Oublier tout votre mode de pensée pour ne pas devenir dingue, oublier le boulot.
    Donc se transformer de personne trop dans l'empatie à personne qui doit oublier son empatie. Se tranformer de personne sensible et humaine à psychopate.
    Je carricature, mais c'est vraiment l'effet que cela fait.
    Faire le deuil de sa personnalité pour en accepter une autre.
    Facile à dire.
    Mais chassez le naturel il revient au galop.
    Mon cerveau est comme le balancier d'une pendule.
    Il balance sans arrêt plusieurs fois par jour d'une personnalité à l'autre. Du gars qui se sent responsable de plein de choses, à celui qui ne peut plus se le permettre pour prendre soin de son coeur malade et de son cerveau en bouillie.
    Expérience interessante au point que certains écrivent un livre et passent à la télé pour moins que ça.
    Mais tellement épuisant et stressant.
    ÿtre obligé de se controler en permanence, de prendre du recul en permanence, de jongler avec les médicaments pour le cerveau mais qui ont des effets secondaires sur le coeur malade.
    Enfer à certains moments.
    De quoi devenir dingue et schyzophrène.
    Mais qui à d'autres moments met dans un état de totale indifférence : c'est il me semble le cerveau qui provoque cet état pour je pense se sauvegarder, ne pas devenir dingue à nouveau.
    Tellement épuisant que les gens en ont marre de mes arrets de travail toutes les deux ou trois semaines.
    Agaçant pour eux.
    Mais tellement usant et ma conscience professionnelle qui en prend un coup pour moi, à un point qu'il n'y a pas de mot pour le dire.
    Aujourd'hui ça va, les anxiolitiques me déconnectent de la réalité et je me sens trop zen pour que cela dure et pour que cela corresponde à la réalité.

    Je prend tout relativement zen. Je n'ai plus l'habitude. Cela me déconcerte.
    Moi qui ai toujours eu l'habitude de courir faire 36000 choses dans la journée.
    Je regarde les autres s'exiter dans une totale indiférence.
    Et j'ai interdiction des médecins de culpabiliser.
    Vraiment drôle d'impression.
    Je vais tenir encore combien de temps dans ces dilemes ?
    Deux semaines, trois, un mois ?
    Mais je suis bien obligé, pour faire attention à mon coeur malade qui ne peut plus soulever une imprimante sans douleur et sans me rendre malade une semaine. Je dois (je suis obligé) de vivre au ralentit comme un petit vieux. Ne pas courir, ne pas stresser, ne pas soulever, ne pas faire d'efforts physiques sauf marcher ou faire un peu de vélo d'appartement sans avoir de nausées et de douleurs dans la poitrine pendant plusieurs jours.
    Certains moment je suis content d'en profiter pour me reposer.
    Mais certains moments quand je suis reposé : mais ça va qu'est ce que je fais là ? allez hop au boulot !
    Et au bout de quelques minutes l'épuisement et les douleurs reprennent. Et on s'affale déprimé de voir les autres déménager des tas de trucs alors qu'on est même plus capable de déplacer un canaper sans que le coeur proteste.
    Douche froide pernamente 20 fois par jour.
    Certains jours ça va, on a l'habitude, le rythme est pris, mais d'autres jours les nerfs craquent et on ne se supporte plus d'être tellement incapable de faire quoi que ce soit sans que le coeur rende malade. Alors la dépression revient et le cerveau ferme les écoutilles pour plusieurs jours.
    Le balancier permanent dans la tête...
  14. halman
    Impressions de vol.
    Sensations de vol.
    Sensation, au petit matin, de se sentir seulement, uniquement, surtout aviateur, de n'avoir en tête que l'atmosphère, le besoin irrépressible et inné de voler, qui comme moi se réveille, esprit embrumé, piste embrumée, l'aérodrome, les odeurs inoubliables, indescriptibles, des avions et des planeurs dans le hangar, de voir la piste encore vide, mais pas pour longtemps.
    Les posters de la Patrouille de France, de Mirage dans le club house, dans le hangar.
    Un énorme Morane Saulnier 733 Alcyon jaune réformé de l'Aéronavale qui s'ennuie au fond du hangar.
    Ouverture des énormes portes du hangar, lourdes.
    Déhousser tous les planeurs.
    Sortir de leurs housses tous les parachutes, les vérifier, les installer dans leurs planeurs respectifs.
    Idem des batteries remises à charger tous les soir.
    Aller chercher les cartes météo à la station de la base militaire voisine avec un vieux Solex dans la fraicheur du matin.
    Sortir les 33 planeurs du hangar, les emmener sur la piste soit en les poussant à la main, soit tractés au pas par une voiture.
    Si on utilise la piste 028, ça va vite, le seuil de piste est proche, mais si c'est la 010, il faut les emmener à l'autre bout des 800 mètres de piste.
    C'est long, très long.
    10 h 30 : briefing général du chef pilote.
    On est tous réunis, assis sur des chaises, des bancs, en face de lui, avec nos notes, consignes. On prend les consignes pour la journée, priorité aux vols d'entraînement, un peu de double, d'école, probablement des lâchés solos pour la première fois, il ne faudra pas trop étaler les circuits sur la campagne aujourd'hui, zones militaires réservées pour la journée, etc.
    Savoir que nous sommes dans un aéro club historique.
    Qui a connu Guynemer et l'escadrille Lafayette, Hélène Boucher et ses records du monde de vitesse dans les années 1930 en Caudron Rafale, les avions allemands puis américains pendant la seconde guerre mondiale et l'Otan.
    Impression émouvante que si j'ouvre la porte de la salle de briefing sur le hangar, que je ne serai absolument pas étonné de voir un Guynemer et son Spad décoller, une Jaqueline Auriol et son Mirage IIIC se préparer à un record du monde de vitesse à mach 2, un Mermoz s'installer dans son Laté 28 ou dans son Couzinet Arc En Ciel, ou bien encore un Turcat monter dans son Griffon pour aller voler à mach 2.
    Sensation incroyable d'être là, moi, gamin de 18 ans, assis entre un champion du monde de vol à voile, une future championne du monde de voltige, une recordwomen du monde de vitesse en planeur, des pilotes de chasse et des pilotes de ligne.
    Je crois rêver debout¿
    Moi qui, il y a quelques mois seulement rêvait de Mermoz et de Chuck Yeager sur les banc de mon lycée.
    Et j'écoute et note les consignes de notre chef pilote, pilote de Super Mystère B2, religieusement.
    Midi / midi trente.
    On a tout juste fini de mettre les 33 planeurs en piste.
    On est crevés.
    Sauf ceux, toujours les mêmes qui ont regardé les autres travailler.
    10 qui bossent, 30 qui regardent.
    Comme partout, comme toujours.
    Repas froid mais copieux vite fait.
    Salade de tomates, jambon, thon, ¿uf, salade, fromage, maïs, etc.
    Yaourt, bananes.
    Avalé en un quart d'heure par nos organismes jeunes et solides.
    Sensation juste avant le vol, de se demander si on a bien fait sa prévol, si le parachute est bien réglé et vérifié, si la carte est prête, les documents de vols prêts et signés par le chef pilote, si on a bien pris à manger et à boire, parachute réglé, gueuses installées, lunettes de soleil, casquette, etc.
    Sensation de se demander à chaque fois par quel miracle moi, simple quidam de la ville, en suis arrivé là, pilote parmi les pilotes, à qui on confie un planeur de plusieurs millions de francs.
    Sensation à hurler de bonheur face à tout l'univers d'être admis parmi les aviateurs.
    Jubilation infinie d'être de ceux vers qui tend le but ultime de l'évolution depuis les premières cellules vivantes : évoluer et explorer les espaces nouveaux pour y insuffler la vie, pour y chercher un biotope nouveau pour y perpétrer la survie, pour fuir un biotope terrien qui s'essouffle, exsangue de nourriture, d'eau potable, d'atmosphère respirable.
    Avoir son aéronef à soi, une merveille en résine, fibre de verre et gelcoat de 37 de finesse, machine d'une pureté inouïe dont des Eric Nessler et des Lilienthal n'auraient jamais osé rêvé de leur vie.
    Avoir réussi on ne sait pas comment les brevets, les heures de double commande, les épreuves en vol, les épreuves théoriques à Athis Mons.
    Se demander comment se fait il que l'on soit passé de ce petit gosse qui rêvait de Mermoz, de Clostermann, de Neil Armstrong à jeune adulte aviateur.
    Oui, c'est bien moi, parachute de secours ajusté sur le dos, avec mon planeur pour la journée.
    Ne plus avoir envie de rien dire, savoir que désormais tout mot est inutile.
    Savoir que tous les livres de Saint Exupery, Clostermann, Mermoz lus des dizaines de fois pendant les récréations au collège, les week end, les vacances mortellement ennuyeuses avec les parents et la famille sont présents à l'esprit de chacun de nous tous, et surtout, tellement exacts !!
    Tellement stupéfaits que ce que décrivent Saint Exupery et Clostermann de leurs vols on le retrouve tellement exactement dans nos petits vols en planeur !
    Se demander pour la cent milliardième fois pourquoi moi je pensais déjà à tout ça dès le collège alors que les autres ça ne leur effleure l'esprit pas une seule seconde de leur vie !
    Prier très fort de ne jamais avoir la réponse à cette question, mais en ressentir tellement profondément le sens ultime¿
    Comprendre ce que les copains pilotes pensent et font seulement en les regardant.
    Ne déjà plus faire partie de cette planète.
    Avoir un trac monstre. Mais l'entraînement qui fait faire chaque geste qui doit être fait. Prévol, Cris¿
    Se demander se que feraient Mermoz, Neil Armstrong, Chuck Yeager, Jaqueline Auriol, tous ces aviateurs et aviatrices qui ont fait l'aviation telle qu'on la connaît.
    Se demander ce que pense notre chef pilote en attendant que les première ascendances se déclanchent, ce pilote de Super Mystère B2 supersonique.
    Regarder les gens qui restent au sol à se bronzer sur le bord de la piste avec l'impression évidente d'être déjà à des années lumières de ces gens là. De ne plus faire partie de leur monde, mais ai je jamais fait partie du monde de ces gens là pour en être arrivé où j'en suis aujourd'hui.
    Ils sont sur un aérodrome, des avions, des planeurs, des moto planeurs à disposition et ils restent au sol !!!!!
    Inconcevable !!!
    « La plage c'est pour les gens couchés avec des cervelles de plomb, l'aérodrome c'est pour les gens debout avec des ailes dans la tête »
    Ca, c'est de moi.
    Je serais sur Mars à leur construire leurs stations-hôtel de touristes qu'ils seront toujours plantés sur Terre à se bronzer !
    Les premières petites rafales douces et molles d'air tiède des ascendances qui commencent à se réveiller.
    Le chant des oiseaux dans le ciel.
    L'herbe de la piste à perte de vue.
    Le soleil qui tape.
    Les trois avions remorqueurs alignés cote à cote sur le bord de la piste, verrières ouvertes, les pilotes assis à leurs places qui attendent l'ordre du chef pour la mise en route et la mise en l'air des planeurs.
    Les oiseaux qui chantent, dans un air qui commence à chauffer.
    Les 33 planeurs alignés l'un derrière l'autre en trois colonnes de 11.
    Prêts au décollage.
    Alignés avec leurs grandes ailes blanches comme des F14 avant le catapultage sur leur porte avions.
    Frime puérile : on se ballade inutilement avec le parachute négligemment porté par une brettelle à l'épaule devant les touristes derrière les barrières, bloqués par le panneau « interdit au public », que nous franchissons à l'aise devant eux, assis à la terrasse du club house de l'aéro club, faisant admirer les avions et les aviateurs à leur marmaille, c'est leur sortie du week end, comme on va à Disney Land ou à la foire du Trône.
    Bonheur d'être aviateur alors que les autres préfèrent, par ce temps, bronzer, s'étaler sur l'herbe et ne rien faire, écouter une musique simpliste et ridicule faite par des humains qui n'ont jamais été dans le ciel, qui me laisse indifférent.
    Sensation de victoire, de jubilation d'être à la bonne place au bon moment.
    De ne pas faire partie de ceux qui restent à terre, mais d'être de ceux qui vont explorer un nouveau monde.
    Après les océans, l'atmosphère.
    Et au delà de l'atmosphère : l'espace !!!
    Ceux qui vont dans le ciel, et ceux qui restent par terre.
    S'installer dans le cockpit.
    Gestes éternels du pilote qui s'installe dans son cockpit, par la gauche, toujours par la gauche, comme un pilote de Spitfire, de Mirage.
    Trac qui disparaît comme par miracle.
    Les bretelles du parachute.
    Les bretelles du siège.
    L'énorme poignée métallique ronde en bleu.
    Glang, glang, glang, glang, glang, pour chaque bretelle énorme, solide.
    Ca y est, on ne fait plus partie de cette planète.
    On fait partie intégrante du planeur, on ne fait plus qu'un, on a déjà la cervelle dans l'atmosphère.
    On pense naturellement que dans quelques heures, quelques jours, quelques semaines, on sera en orbite, sur la Lune, sur Mars.
    Cris. Commandes, réglages, instruments, sécurité¿
    Odeur inimitable, indéfinissable, inoubliable de cockpit.
    On referme la verrière.
    Dernier réglage de l'altimètre.
    Re vérification de la radio vhf.
    Toute cette préparation, mise en place devient tellement évidente, normale.
    Ca y est, on est dans son monoplace, le sien.
    Dans une bulle de plexiglas, impression d'être dans un Mirage qui va nous emmener à mach 2.2 à 20 000 mètres.
    Mieux, dans un X15, celui de Neil Armstrong qui va vous emmener à 107 000 mètres à 7 000 km/h au delà de l'atmosphère, dans l'espace, là où on ne pilote plus avec des commandes aérodynamiques mais avec des fusées d'attitude, les mêmes que sur les vaisseaux Mercury de Shepard et Glenn plus tard, là où l'atmosphère est quasi inexistante, là où il ne reste qu'un pas à faire pour la Lune, pour Mars.
    Le stagiaire ou le copain qui reste au sol parce que fatigué, grippé, chacun son tour, moi, c'était la semaine dernière, qui accroche le câble de remorquage, l'avion remorqueur qui vient se placer devant dans mon axe.
    On vérifie pour la centième fois la poignée bleue des aéro freins rentrés verrouillés, la petite poignée verte du compensateur un peu en avant à piquer.
    Le stagiaire qui vérifie la sécurité du circuit, si aucun planeur dans le circuit de piste et si le b.o., la roulette de queue, est retiré.
    Je lève le pouce pour lui indiquer que le décollage est possible.
    Qui mets les ailes à l'horizontale.
    Le pilote du remorqueur qui regarde dans son rétroviseur et sait à ce signe qu'il peut décoller.
    Le câble qui se tend, légèrement élastique, tendu par les à coups et les mouvements à droite, à gauche de l'avion.
    Les gaz en grand, couple moteur de l'avion remorqueur corrigé au palonnier.
    C'est parti.
    Le planeur qui accélère.
    Ca a toujours été automatique chez moi, à chaque décollage, un large sourire qui se fige sur mon visage à chaque accélération du décollage.
    Mottes de terre qui font sautiller le planeur.
    Les réflexes appris qui agissent, garder les ailes horizontales, s'axer dans l'axe du remorqueur avec le palonnier tant que le planeur est au sol.
    Gestes devenus automatiques à force de travail épuisant avec un instructeur qui vous même la vie dure ; à raison !
    Et chaque fois ce miracle qui coupe le souffle et qui fait couler des larmes.
    Plus de vibrations, les ailes ont pris le relais sur le train d'atterrissage, ça y est : elles portent ! On ne fait plus partie de ce monde terrestre, on regarde en l'air, vers l'espace !
    Ces ailes de 15 mètres d'envergure qui soulèvent 350 kg à 80 km/h !
    Les commandes qui ont de l'effet dans l'air, par quel miracle à chaque décollage ?
    Ca y est, après des millions d'années d'évolution humaine, je suis enfin en l'air, arraché à cette planète ancestrale qui nous a nourri avec patience depuis des milliards d'années.
    « La Terre est notre berceau ».
    A.C. Clarke.
    « La Terre est notre berceau, mais on ne reste pas indéfiniment dans son berceau. »
    Alexandre Tsiolkovski.
    Extension de mon esprit sur les ailes au travers des commandes mécaniques, des câbles, des tiges, des renvois, des ailerons, profondeur, dérive, pour faire évoluer cette merveille de planeur de 15 mètres, blanc brillant aux courbes parfaites, magnifiques, pures comme le ciel.
    Le remorqueur qui corrige sa dérive, on reste pile dans son axe pour ne pas lui infliger des efforts de travers qui lui rendraient le pilotage difficile et dangereux.
    L'horizon qui s'éloigne.
    Le sol qui s'éloigne.
    De plus en plus de détails au fur et à mesure que le sol et l'horizon s'éloignent.
    Ca y est !!
    Le moment rêvé depuis gosse, tous les jours, pendant les cours d'école ennuyeux est arrivé !
    Je suis en l'air !
    Je pilote !
    Il y a 5 minutes encore je me demandais ce que je faisais là, par quelle hallucination collective on nous avait tous foutu dans les esprits qu'on allait voler !
    Sensations des mouvements légèrement en retard du planeur dans l'atmosphère, dus à la souplesse des ailes et à l'élasticité de l'air, des mains et pieds qui corrigent automatiquement sans qu'on en ait vraiment conscience.
    Gestes qui ont appris à subtilement anticiper par automatismes avec l'entraînement.
    Le soleil qui chauffe à travers la bulle de plexiglas.
    L'air de plus en plus frais au fur et à mesure que l'on monte sur les pieds et dans les aérations.
    Réglages fins et sensations du câble qui se tend, se détend, s'étire, un peu élastique pour ne pas casser net sous les à coups brutaux des pilotes débutants et des turbulences fortes.
    300 mètres on rentre le train d'atterrissage.
    La grosse poignée noire, lourde, la roue et son système qui pèsent et qu'il faut remonter et verrouiller.
    L'horizon qui se dérobe.
    Qui ne montre en fin de compte que toujours la même chose : lotissements de pavillons tous identiques, routes, autoroutes, stations essences, supermarchés, casernes, fermes, château d'eau, lignes à haute tension, relais téléphoniques, champs, fermes, patelins tous identiques vu d'en haut, lignes de chemin de fer, gares, zones industrielles, cimetières, carrières, toujours l'étalage humain à perte de vue, d'un horizon à l'autre, finalement répandu sur toute la surface de la planète.
    Noyés sous la brume de chaleur et de pollution.
    Alors on regarde en l'air.
    C'est plus joli.
    Là est notre futur.
    Loin de cette planète sursaturée de pollution, de bruit, d'humains excités et bruyants.
    Ils en sont toujours à se chamailler avec leurs petits problèmes relationnels infantiles que nous nous sommes déjà là haut, au dessus d'eux, partis pour les étoiles.
    Tout à l'heure, juste à l'aide des ascendances thermiques je serais à 2500 mètres, et je verrai toute l'atmosphère évoluer sur 100 km à la ronde.
    Et mine de rien entre les limites de l'espace interplanétaire et mon planeur à 2500 mètres il ne me restera au dessus de moi que les Ÿ de pression atmosphérique avant l'espace..
    Un bon habitacle, une bonne combinaison spatiale, un bon moteur, des moteurs d'attitude et cela suffit pour aller voir là haut à plus de 80 km d'altitude, là ou on sort de l'atmosphère, là ou on est dans l'espace, là ou un simple véhicule spatial, de l'oxygène, de la nourriture et du carburant suffisent pour aller visiter les planètes du système solaire.
    Facile.
    50 ans qu'on sait faire ça.
    50 ans que nos politiques ne se décident toujours pas.
    Lamentable.
    500 mètres.
    Battement des ailes du remorqueur ordonnant le largage,
    Je devais rêver, d'habitude on a pas besoin d'attendre que le pilote du remorqueur s'impatiente pour qu'on se largue.
    Poignée jaune.
    Clong !
    Les anneaux d'acier libérés qui bondissent loin devant, le câble se détend en ondulant, et le pilote de remorqueur, pressé de redescendre parce que je ne suis pas le seul à faire décoller, passe sur le dos, tire sur le manche, plonge vers le sol, le câble qui suit l'avion dans une longue et élégante courbe à 200 km/h. Les becs de bord d'attaque des ailes du remorqueur qui s'ouvrent sous la forte accélération.
    Moi qui tire doucement sur le manche pour transformer mes 150 km / h en un petit 100 mètres de gain d'altitude.
    Et je me retrouve à 95 km / h à spiraler dans ma première ascendance.
    Pas le moment de rêver, il faut s'accrocher, gagner les 2500 mètres, la base noire des cumulus.
    Serrer le virage dos au vent, l'élargir face au vent.
    Pas d'angoisse à avoir, un planeur c'est fait pour résister à 2.5 g et encore il y a une marge de sécurité. Je peux incliner jusqu'à plus de 60 degrés.
    Les pilotes de ligne ont horreur de faire ça.
    Les pilotes de chasse, habitués à la voltige et au supersonique eux savent qu'on peut le faire, alors ils le font. Pas un problème pour eux, Les limites ils savent où elle sont, eux.
    Les ascendances ne sont jamais bien rondes, bien circulaires.
    Il faut les visualiser dans sa petite caboche, se faire une simulation visuelle personnelle comme un ordinateur se fait sa simulation informatique 3d, interpréter les informations du variomètre, des sensations au fesses, au manche, à la vue, au badin, à l'altimètre, les variations plus ou moins rapides, les retards et accélérations des aiguilles plus ou moins importants et se faire une représentation mentale 3d de l'air que l'on traverse.
    A chaque fois, corriger le lacet inverse au palonnier, l'incidence et le roulis induit au manche.
    Aider un peu le planeur à s'incliner en poussant un poil sur le palonnier du côté du virage.
    Ne jamais relâcher une seconde sa concentration sur les informations données par le fil de laine qui indique la direction relative de l'air par rapport au planeur, la bille qui indique la direction du poids apparent (si on dérape à l'extérieur du virage ou si on glisse à l'intérieur, si on est bien symétrique en virage), les différents variomètres qui indiquent la vitesse verticale de l'air par rapport au planeur, le badin (la vitesse) et l'altimètre.
    Et surtout, presque le principal, les sensations dans les commandes, au moins aussi importantes que les indications quantitatives du tableau de bord, quoi que certaines sont aussi un peu qualitatives. Sans oublier les différents bruits de l'air sur les ailes, le fuselage, qui sont des indications très précieuses de ce qu'il se passe.
    Et au bout de plusieurs tours, on sait si on est dans une ascendance en forme de croissant, d'¿uf, hachée, écrasée par le vent, stable, régulière ou non, une suite de bulles, etc.
    Et de modifier chaque seconde de son évolution pour coller au plus près à la partie la plus chaude de la « pompe », ascendance en jargon de pilote.
    Pas le temps de regarder le paysage.
    Pas le temps de penser à ce que font les autres restés lamentablement par terre.
    Le paysage au sud de la région parisienne, pour ce qu'il a d'intéressant, toujours les mêmes activités humaines citadines au sol de toute manière.
    Constatation à chaque fois angoissante : plus on monte et plus les activités humaines vues d'en haut semblent lentes, les rues de plus en plus désertes, les trains de plus en plus lents, les voitures de petites fourmis lentes insignifiantes.
    Plus on monte, plus la présence humaine au sol ralentit et disparaît.
    De toute manière, voler c'est aller vers le haut, pas regarder en bas, vers le sol.
    Pas le temps de penser à ce qu'on va bouffer le soir au club house.
    Pas le temps de penser à la nulasse restée au sol et qui n'a d'autre préoccupation pour sa petite vie de rampante que de se trouver un mec à marier, pour se « caser » s'assurer son pauvre petit avenir de citadine aux crocs du mâle reproducteur qui assura sa subsistance et sa descendance.
    Et les premières barbules sont là.
    Les petits nuages cotonneux au bord des cumulus et plus bas que leur base noire et glaciale comme l'enfer.
    2500 mètres.
    L'air est glacial.
    30 degrés au sol, -5 sous les cumulus.
    On est au dessus des barbules qui orbitent autour de la base du cumulus mais plus bas.
    L'ascendance, comme toujours avec l'altitude s'est élargie, stabilisée, est devenue régulière, stable et large, mais considérablement renforcée.
    Il ne faut pas y rester sous peine de finir aspiré dans le cumulus noir d'enfer glacial.
    Et oui, vu du sol un cumulus ça à l'air joli, inoffensif, mais il ne faut pas se fier aux apparences.
    On s'est fixé un cap général 200, presque sud, on regarde comment est le temps vers ce cap là, et on fonce sous le cumulus le plus proche de ce cap.
    C'est un tantinet plus compliqué que ça bien sur, des tas de paramètres sont à observer, comme la direction du vent, la nature du sol, l'angle du soleil, l'évolution de la situation locale, l'évolution générale en entendant les autres à la radio, entre autre.
    Et c'est parti pour aller se balader sur la campagne.
    Je suis à 2500 mètres, à 37 de finesse je peux donc me permettre une ligne droite de 70 km avant de songer à reprendre une ascendance, à condition de ne pas rencontrer de mouvements descendants, de descendances. Donc en pratique au maximum 40 / 50 km.
    Loin de Paris, de son bruit, de son excitation de sa bulle de pollution immonde qui se répand et s'étale sur les campagnes environnantes.
    Dôme gris jaune atroce qu'on voit à des centaines de kilomètres.
    Et à chaque tour dans l'ascendance, voir au loin, au nord est, Paris, noyé sous un gigantesque dôme de brume grise et jaune de pollution qui s'étale sur les côtés.
    Nettement mieux là dans l'air pur d'altitude !
    Prendre comme vitesse indiquée ce que donne le MacCready, petite couronne transparente graduée plaquée sur un variomètre, pour perdre le moins de temps possible entre deux ascendances, donc perdre le moins d'altitude possible.
    En général dans les 120 / 140.
    Cela peut durer des heures comme ça.
    Vol dont on ne peut jamais savoir si ce sera un vol de routine, ou un vol plein de surprises.
    Titiller le sommet de la couche d'inversion brumeuse, y replonger pour aller chercher une autre ascendance.
    Faire des rencontres.
    D'autres planeurs avares d'informations qui se la jouent silence radio, qui ne veulent rien dire de ce qu'ils sont trouvé comme conditions atmosphériques, de leurs projets de vol.
    Bonjour le vol d'équipe.
    Des hélicos, des avions de tourismes aux trajectoires des plus incertaines et douteuses, qui affichent leur correction de dérive des plus approximativement, pas vraiment sûrs d'eux.
    Des busent qui prennent les mêmes ascendances, qui grimpent plus vite et plus serré, qui vous grattent vite fait bien fait dans le c¿ur de l'ascendance, jetant un couac et un coup d'¿il méprisant à cet engin blanc énorme, lourd, pataud qu'elle dépassent sans beaucoup d'effort.
    Des Mirage, des Jaguar, des Puma, des Fouga qui passent très vite et très bas en dessous.
    Un Noratlas qui s'amuse à passer 50 mètres en dessous.
    Un militaire hilare qui vous regarde dans la bulle de l'astrodome au dessus en arrière du cockpit.
    Impression d'être un miniature plongeur de chez Cousteau qui se fait frôler par une baleine volante colossale aux bruyants moteurs à pistons.
    Soudain impression pendant une demi heure que le ciel est vide. Personne ne parle à la radio, personne à l'horizon.
    La première fois on panique.
    Catastrophe mondiale ?
    Seul rescapé ?
    Malaise ? Perte de la vision, de l'audition ?
    Seul dans un volume de plusieurs centaines de kilomètres.
    Et d'un seul coup ils sont tous là à vous frôler.
    Et re seul dans l'atmosphère.
    Visions de centrales nucléaires au loin, de Mont Saint Michel, de champs, de fermes, de hameaux, de monorail en béton pour aérotrain, de base militaire, d'avions militaires qui s'y posent et y atterrissent.
    Sensation de l'atmosphère qui évolue au fur et à mesure de la journée.
    Frais qui se dégourdit et se réveille en milieu de journée, chaud, turbulent, dur, excité par le soleil à 15 heures, qui se calme par à coups et par phases en fin d'après midi et jusqu'au soir, de moins en moins réchauffé par le soleil qui descend sur l'horizon.
    S'imaginer que tous les aviateurs des années 20/30, de la guerre de 40, des années 50/60/70/80 on tous eu les mêmes altimètres, badins, variomètres, billes et fil de laine, manche à balais, palonniers, compensateurs, aéro freins à manipuler et utiliser, que ce soit dans un Morane, un Latécoère, un Mirage, un F86, un Spitfire, un Mustang, un avion fusée X1 ou X15.
    Se rappeler les formules et courbes inscrites au tableau noir par l'instructeur, les journées de mauvais temps où il nous faisait des cours de mécanique du vol, les formules de cx, cz, énergie cinétique, énergie potentielle, polaires, les subtilités du domaine de vol, etc.
    Penchés sur les calculatrices scientifiques à calculer des tas de courbes sur du papier froid, dans un hangar glacé par les courants d'air. Des tas de formules avec des cosinus, des carrés, des racines carrées¿
    Et les comprendre en essayant des petits trucs en l'air quand le chef est loin.
    18 heures.
    Le soleil baisse, l'air est nettement moins chaud, presque frais par rapport à il y a 3 heures, moins turbulent, les ascendances deviennent difficiles, molles, faiblissantes.
    Trois heures avant elles étaient puissantes et violentes, maintenant il faut exploiter finement la moindre bulle un peu tiède.
    Il y a encore un heure c'était du pilotage presque d'avion de chasse, à la dure, maintenant cela ressemble plus à du pilotage de ligne, beaucoup plus doux, un autre genre, à la fois calme, presque trop calme mais reposant.
    Le plafond des cumulus est doucement passé de 2500 à 1400 mètres, il faut commencer à se la jouer tout en finesse pour rentrer, parce que bientôt il ne sera plus qu'à 700 mètres et les ascendances des plus faibles et délicates à exploiter.
    Et on se pose dans un air qui commence à s'humidifier, de la rosée sur le bord d'attaque des ailes, et au niveau des longerons, le soleil bas qui rougit, les myriades de moucherons et moustiques écrasés contre le nez et les ailes qui commencent à puer.
    Luminosité du soir, couleurs du soir, odeurs du soir, humidité du soir, longues ombres du soir.
    L'heure où les hirondelles sortent en bandes chasser le moustique et le moucheron haut dans les ascendances.
    Traverser les bancs d'hirondelles en se demandant par quel miracle jamais une seule ne touche le planeur !
    Meilleures pilotes et voltigeuses que les humains, assurément.
    Les douleurs et la fatigue qui se font connaître au cerveau et au corps.
    Coups de soleils sur le visage et les avant bras, les fesses et le dos meurtris en compote, la sueur qui brûle les yeux, les ampoules éclatées dans la main droite qui a manipulé sans relâche le manche, les doigts meurtris, raidis douloureux d'être restés crispés sur le manche et les autres commandes, la vessie qui s'est retenue pendant des heures, douloureuse, gonflée à exploser.
    Cervelle totalement emplie du pilotage, man¿uvres difficiles du début du vol devenues une deuxième nature à la fin du vol.
    Le planeur qui occupe tout l'esprit, pièce par pièce, incrusté dans les neurones au fil de la journée, à force de s'être totalement concentré pilotage.
    Chaque mouvement, bruit, infime, qu'un pilote débutant ne ressentirait pas, qui en raconte énormément sur son état, sur l'air traversé¿
    Machine qui fait partie intégrante de l'esprit du pilote dans chacun de ses atomes. Ressentir jusqu'au renvoi de commande planqué quelque part dans l'aile que l'on sait commencer à manquer un peu de graisse ou pas assez serré, les infimes efforts de la profondeur monobloc qu'on ressent presque comme si elle nous faisait de la transmission de pensée.
    Intimité homme machine volante absolue.
    Ressentir l'infime et subtile dégradation des performances des ailes dont les bords d'attaque sont recouverts de moucherons écrasés.
    Ressentir l'infime et subtile variation de comportement des filets d'air sur les gouvernes à chaque changement de masse d'air, infimement plus vif là, infimement plus mou là.
    Sensation que seule une machine avec qui on a fourni des efforts pour rester en l'air pendant des heures daigne vous délivrer un peu.
    Comme on ne connaît bien quelqu'un qu'après des années de choses communes vécues ensemble, épreuves et moments magiques à la fois.
    Avoir ressenti le léger mouvement infime de la profondeur de ce type de planeur qui a telle réaction au moment de l'entrée dans une masse d'air de telle composante de mouvement vertical.
    Et savoir en analyser la masse d'air et l'attitude du planeur et faire le mouvement à peine visible à l'¿il nu sur le manche à balais qui s'impose logiquement.
    Et le planeur est content en ne vous infligeant pas des réactions parce que vous l'avez laissé faire, alors qu'un débutant aurait tenté une réaction trop anticipée, exagérée, inutile aux commandes pour corriger ce que le planeur corrige en fait de lui même, aérodynamique parfaite.
    Savoir laisser faire la Nature lorsque c'est nécessaire.
    Elle sait mieux que nous la Nature.
    La fatigue et l'émotion qui assaillent.
    J'ai volé 6 heures concentré au maximum sur tellement de choses. Mal à la tête. Impression que si l'on s'installe ensuite dans un Mirage ou un Concorde on saura le piloter à l'aise.
    Le cerveau fatigué qui revient petit à petit à sa condition initiale de terrien, douloureusement, les souvenir d'une autre vie au sol tellement lourde, terre à terre, usante, comme un fardeau, qui se réinstallent un à un dans un cerveau fatigué, douloureux.
    Il va falloir demain reprendre le train pour bosser avec des gens qui sont passé leur week end enfermés dans des boites de nuits et des restaurants. Qu'est ce que je vais leur raconter du mien de week end, à part que je l'ai passé avec des copains à la campagne.
    Se demander avec mauvaise humeur si le pilote qui prendra ce planeur demain saura ressentir et aimer mon Cirrus Charlie 10 parfaitement équilibré aussi bien.
    Magouiller pour le refiler à un pilote de chasse plutôt qu'à un stagiaire, encore moins à un pilote de ligne que le laissera à trop bas à 700 mètres alors que les autres grimperont sans problème à 2500 !
    Sourire puéril de savoir qu'on va larguer, ce soir dans le bureau, aux autres un : « oh moi, 7 h 45 de vol aujourd'hui ».
    A ceux qui n'ont fait que leur petite heure peinarde, juste pour faire le minimum d'heure de vol requis pour conserver la licence, juste pour épater une nana draguée pour le week end¿ Minable.
    Ceux dont on ne sait pas à quoi ils ressemblent.
    Qui arrivent au club quand on est déjà en l'air, qui repartent quand on est encore en l'air.
    Quel gâchis !
    3 ou 4 fois 20 minutes de vols ce matin pour essayer des planeurs après leur visite technique annuelle. Le circuit de 300 km peinard à petite vitesse, (les épreuves de performances en circuit ce n'est pas pour moi, par contre la voltige et les longs vol à l'altitude maximale, alors là, je me régale), deux baptêmes de l'air entre 17 et 18 heures, et le vol crépusculaire de 1 heure 40.
    Les images fortes, les sons, les différents bruits de l'air sur les surfaces du planeur, légers tourbillons qui viennent faire un plop plop mou sur le fuselage, sifflement chuintant, on dirait un fantôme, de l'air dans les interstices des aérofreins, les sensations des moments difficiles tout comme des moments magiques qui s'incrustent dans l'esprit, dans les oreilles, dans les sens.
    Epuisé, vidé de toute substance, mais rempli de sensations de vols pour la vie, (une vie de galère pour une seule journée de vol, ça vaut largement le coup !), le parachute dégrafé sur le dos, on se dirige vers le bureau du chef pilote pour remplir son carnet de vol, satisfait, très satisfait.
    On peut tutoyer Neil Armstrong. Chuk Yeager serait à côté descendant de son X1 on trouverait ça des plus normal.
    Muroc. (Edwards AFB)
    Que l'on se repasse dans l'esprit à volonté la semaine au boulot ou dans les transports.
    Revivre un vol crépusculaire dans le bus ou pendant le repas du midi la semaine au boulot.
    Et les autres, à quoi pensent'ils ?
    Faire un atterrissage peinard, avoir la piste de 800 mètres pour soi tout seul, découvrir que la plupart des autres ont déjà rentré leurs planeurs dans le hangar depuis longtemps, qu'on est l'avant dernier à se poser.
    Le copain sympa qui est resté vous attendre en piste qui nous apprend qu'ils sont déjà tous partis baffrer au restaurant ou rentrés chez eux dans la banlieue parisienne sordide puante.
    Découvrir comme d'habitude que la plupart des gens sont rentrés chez eux à des heures « raisonnables », c'est à dire dans les 17 heures, heures de bureaux imprimés dans leurs cerveaux de citadins indécrottables.
    Pour ne pas louper quelque chose à la télé, pour ne pas se coucher trop tard, parce qu'on est invité chez la belle mère, parce que demain on travaille vous comprenez.
    Moi aussi je travaille demain et non je ne comprends pas.
    Et dans 20 ans que raconteront ils à leurs enfant ?
    Avoueront ils un jour qu'ils ont préféré rentrer douillettement à la maison plutôt que de faire un vol crépusculaire ?
    Moi je sais bien que non.
    Ressentir la planète tourner, traverser le terminateur.
    Découvrir qu'en quelque mots, rires, sourires, plaisanteries les derniers posés se racontent un vol rempli de péripéties, et que quelques regards, gestes, mots suffisent pour tout se raconter.
    « Ah oui, le front pluvieux à l'est de Châteaudun toi aussi tu as vu comme il s'est super vite développé ? »
    « Oui, j'ai essayé de le traverser avant qu'il soit trop important mais j'ai fait demi tour en moins de deux minutes ! »
    « La pluie c'est pire que les aéro freins grands ouverts !»
    « Bin oui ça c'est sur ! »
    « Alors j'ai foncé sur la pompe de service au nord de la base et je me suis refait jusqu'à 2100 quand même et je suis reparti vers le sud ouest pour rallonger ma branche ».
    « Super. »
    « Bin moi un Jaguar est passé à côté de moi tout sorti, aux grands angles, à basse vitesse pour venir m'identifier, je suis passé un peu limite de la zone interdite de Chateaudun ».
    « Yeaaaahhh »
    « Il croyait m'impressionner mais je lui ai fait une telle démo de voltige qu'il a eu peur il a foutu le camp pc allumée ! »
    « Bin voyons, mais oui, mais oui »
    Découvrir qu'il faut, comme d'habitude, comme presque tous les soirs, prendre une ou deux voitures avec une remorque planeur pour aller chercher ceux qui se sont posés dans un champ, bien sur à 100 / 150 km de là à côté d'un patelin paumé qu'on trouve à peine sur la carte, qu'il va encore falloir faire le démontage du planeur dans sa remorque dans les 23 heures à la nuit, dans un champ on sait très vaguement où.
    Que l'on va mettre une heure à chercher, lampe torche sur la carte.
    Qu'au retour il va falloir le remonter, que je nettoie mon planeur, que je range et vérifie mon parachute dans sa housse spéciale dans la pièce climatisée, que je mette la batterie en charge, nettoyer les ailes, la verrière, la dérive, la profondeur à la peau de chamois, housser les ailes, le cockpit, ranger le fragile tube pitot (tube en acier chromé délicat qui sert de prise d'air pour le badin principalement) dans sont logement spécial dans le cockpit.
    Et enfin pouvoir manger, prendre une douche et dormir.
    Ah non, toute la paperasserie.
    Inscrire les heures de vol des pilotes sur les carnets de vols, les cahiers pour la comptabilité et la facturation, mes heures de la journée dans mon carnet de vol et dans le carnet de bord de mon aéronef.
    Sortir du hangar, dans la nuit chaude de l'été, sentir les odeurs de la piste, du tarmac, du hangar encore chauds de la journée.
    Se rappeler que quelques heures avant un Jaguar est venu me renifler de près à 2000 mètres au large de Châteaudun.
    Curieusement être plus ému par mon atterrissage très doux dans une soirée bien avancée, que par ma bagarre dans les ascendances.
    Regarder le ciel et la piste qui se demandent ce que je fous là par terre comme un péquenot bouseux aux jambes et à l'esprit plantés, enraciné depuis des millénaires dans son champs de terrien. Lourd, très lourd, la pesanteur a repris ses droits !
    Mais pas pour longtemps !
    Demain je remets ça. Et pour des années jusqu'à la fin de ma vie tant que je n'ai pas de problème de santé !
    Mais cela n'est qu'un début : d'ici quelques générations¿. Nous serons sur la Lune avec son sixième de g et sur Mars avec son tiers de gravité.
    Des gens qui réapparaissent dans le noir, de je ne sais d'où.
    Un ancien pilote de ligne, de ceux qui étaient pilote de chasse ou de bombardier pendant la deuxième guerre mondiale, abattu, déporté, évadé non pas une, mais quatre fois, pas le genre à écrire ces choses là dans un livre et à réclamer la légion d'honneur, qui ont défriché les lignes africaines d'Air France avec des DC3, DC4, DC6 et cette merveille absolue de Lookheed Constellation ; dans les années 1950 / 1960.
    Et qui se met à nous faire un cours d'astronomie le soir, de mécanique du vol et de technologie les après midi où on ne vole pas.
    Tout simplement, comme ça.
    Encore un grand moment magique que ceux rentrés trop tôt chez eux dans leur vie parisienne ne peuvent pas connaître.
    Moi je ne dis rien, j'enregistre tout.
    Ce que je vois, les odeurs, ce qu'il dit, l'air tiède, la silhouette du hangar dans la nuit, les étoiles, Mars, Jupiter¿ Surtout sans rien dire pour ne pas gâcher ce moment magique.
    Déjà quand il pleut ils nous font des cours de technologie aéronautique, de mécanique du vol, de météo, de navigation, d'aérodynamique et même de programmation informatique pour calculer la polaire d'une aile, son cx, son cz dans toutes les conditions de masse d'air possibles !!
    Et ces quelques soirs où, sans presque se concerter tellement cela nous est naturel, laisser des planeurs et les trois avions remorqueurs en piste.
    Sachant que la législation autorise les vols vfr ( vol à vue ) une demie heure avant le lever du soleil et une demie heure après le coucher du soleil, bien sur qu'on n'allait pas passer à coté de ça !
    En plein été !
    Il faut être définitivement fou pour passer à côté de ça !
    Décoller en double remorquage (deux planeurs par avion remorqueur, un planeur avec un câble de remorquage court, et l'autre avec un câble long, c'est une technique qui n'est pas pour novice !), grimper à 6 planeurs et 3 remorqueurs à 2000 mètres.
    Larguer les câbles tous au top radio du chef.
    Et se laisser glisser en vitesse de taux de chute minimum (-0.85 mètre seconde). 50 minutes pour descendre de 2500 mètres à ce taux de chute.
    Encadrés de loin par les remorqueurs avec leurs feux allumés.
    Admirer le coucher du soleil à 1500 mètres tous en formation large dans l'air frais du soir avec les odeurs et les sons de l'activité humaine au sol qui remontent verticalement jusque dans nos cockpits.
    Un chien qui aboie, une voiture qui démarre, une porte qui claque, des voix d'un couple qui se crie dessus.
    Se poser presque dans le noir avec juste les lumières de la ville et des phares des remorqueurs qui se sont posés avant nous au bord de la piste.
    Comme Mermoz posait son Breguet 14 à une époque où les infrastructures nocturnes et les radio navigation étaient inexistantes.
    Pousser tranquillement les planeurs trempés de l'humidité du soir, à pieds, à deux jusqu'au hangar.
    Contents de nous et du grand moment magique gravée à vie dans la cervelle.
    Au moins quand on sera vieux on aura quelques moments magiques d'aviateurs à raconter les soirs d'hivers aux petits neveux et petits enfants.
    Et ranger et nettoyer les planeurs.
    Et surtout ne rien dire.
    Avec le bruit des moteurs des avions et de l'air sur les planeur ; les visions magnifiques des autres planeurs et remorqueurs dans la nuit qui tombe au dessus de la Beauce ; les odeurs de l'air d'altitude ; les sensations aux commandes des ailes d'un blanc fantomatique dans un air de nuit invisible qui semblent vouloir rester pour l'éternité dans nos têtes.
    Et de retourner dans le bureau, content, marquer 1 h 40 de vol en plus pour la journée !
    Oui je sais, l'autre là avec ses 20 000 heures ça le fait rigoler.
    Les autres soirs de pluie ou de brouillard, attendre que les autres, ceux qui pilotent comme ils vont au tennis ou au golf ou au cinéma, les gamins que les parent ont inscrits au stage de pilotage de deux semaines comme on les inscrit en colonie de vacance ou chez les scouts, on attend qu'ils soient au lit.
    Le reste ça ne les regarde pas.
    Et on sort les cassettes des films pris sur la Lune en 69, ou des vols des X15 au delà de l'atmosphère. Neil Armstrong sur la Lune, Neil Armstrong dans son X15 moins de 10 ans avant.
    Et on se les regarde, crevés, chacun une bouteille de champagne à la main, silence religieux et émus en pensant tous « nous aussi un jour on y sera là haut ! »
    Nous aussi nous feront partie de ceux qui sortent de l'atmosphère, biotope de la vie sur Terre depuis 4 milliards d'années.
    Les premiers terriens à sortir de l'atmosphère, à se libérer de notre gravité, comme les premiers poissons sortis de l'océan pour explorer les terres asséchées.
    Finalement, explorer d'autres milieux, mais ça fait partie de nos gènes, depuis des milliards d'années, depuis nos plus anciens ancêtres qui ont dû explorer d'autres conditions pour survivre.
    Maintenant, c'est à nous, c'est notre tour d'aller explorer les planètes, les étoiles.».
    Et le lendemain matin pendant que les autres dorment encore.
    On est sur un aérodrome, il fait beau et ils dorment !
    Se retrouver à 1000 mètres à l'aube dans le rustique et simple mais fiable moto planeur des années 1960, pas rasé, pas douché, avec juste un bol de café au lait dans le ventre.
    Seul au dessus de la planète endormie.
    Il fait déjà 20 degrés, un grand soleil, brume du matin qui s'élève doucement en stratus qui disparaîtront dès que la chaleur montera, et ils n'ont rien d'autre à faire qu'à dormir !
    Quand ils seront vieux ils se diront « si j'avais su quand j'étais jeune, maintenant que mon corps me refuse ces choses là. ». Mais non, c'est trop tard. Je sais, ça agace, mais c'est tellement vrai !
    En communion absolue avec l'atmosphère qui commence mollement à frémir sous les premiers rayons du soleil.
    Humidité de la rosée du matin sur les ailes.
    Odeur forte et très particulière du cockpit dans la fraîcheur du matin.
    Voir sur des dizaines de kilomètres les brumes du matin monter et se transformer lentement et majestueusement en stratus. Puis se diluer et s'évanouir dans un air qui se réchauffe vite les matins d'été.
    Et ne pas avoir besoin de carte météo pour visualiser dans sa petite caboche tout l'enchaînement logique de l'évolution de l'atmosphère pour la journée, avec une telle température, une telle humidité, un tel sol, un tel ensoleillement, une telle pression, toute la suite des événements météo est tellement logique.
    C'est tellement simple, cela ne peut vraiment pas se passer autrement.
    Redescendre, tout doucement, très doucement, moteur au ralenti, se demander toutes les deux secondes si ce n'est pas mieux de le couper pour économiser un peu d'essence, mais non, préférer se conserver quelques minutes de vol en plus, moment magique du pilote qui descend de son cockpit après le vol, douche rapide, vrai petit déjeuner avec les autres qui émergent, trop embrumés pour remarquer les portes du hangar déjà ouvertes et le moto planeur sur le tarmac, puis, zen, faire les premiers vols de sécurité des planeurs qui sortent de visite technique annuelle avec un copain et un pilote remorqueur bougon le matin.
    Pendant que les autres font les courses, jouent au ping pong, font la grasse matinée¿
    Pendant que ceux là n'ont rien d'autre à faire de leur jeunesse¿
    Voir la tête des pilotes du dimanche qui se pointent avec la famille et la marmaille en fin de matinée et début d'après midi, très étonnés de découvrir que nous avons déjà des heures de vol dans la matinée¿
    En colère de s'apercevoir que tous les planeurs sont déjà pris, que s'ils avaient été là plus tôt ils auraient pu s'inscrire au tableau de vols de la journée avant 10 heures, pour que le chef puisse organiser la répartitions des machines assez tôt pour que cela puisse se faire, selon les pilotes et les vols à faire.
    Ce n'est sûrement pas à midi que l'on se pointe dans un club de vol à voile lorsque les décollages commencent justement entre midi et 13 heures l'été !
    Certains ne comprendront jamais que l'on ne donne pas rendez vous à la météo !
    Toujours les mêmes.
    Expliquer à un jeune cadre dynamique, raide dans son magnifique costard bleu pétrole, la coupe de cheveux absolument parfaite, qui regarde avec mépris mon vieux blue jeans, mon vieux tee shirt, mes basquettes usagées ; que l'argent qu'il met dans de superbes chaussures en cuir très chères qu'il entretient avec minutie, bien sûr assorties à sa cravate de grande marque, des lunettes de soleil et une montre plaqués or épouvantablement chères ; que je préfère le mettre dans des heures de vol pendant que je suis jeune.
    Et que je préfère attendre d'être vieux et que mon corps ne me permette plus de voler pour m'acheter de jolis vêtements très chers mais très futiles.
    « Bin oui tu vois, avec tout le pognon que tu portes sur toi, moi je me paie quand même une centaine d'heures de vol de planeur».
    « Mine de rien. »
    Choc des cultures.
  15. halman
    "Il y a piété à dire et sagesse à soutenir que la Sainte ÿcriture ne peut jamais mentir chaque fois que son vrai sens a été saisi. Or je crois que l'on ne peut nier que, bien souvent, ce sens est caché et qu'il est très différent du pur sens des mots. Il s'ensuit que, si l'on voulait s'arrêter toujours au pur sens littéral, on risquerait de faire indûment apparaître dans les ÿcritures non seulement des contradictions et des propositions éloignées de la vérité, mais de graves hérésies et même des blasphèmes."
    Galilée
  16. halman
    Un jour Kubrick va voir Clarke pour lui demander d'écrire le « bon vieux légendaire film de science fiction ». Parce que pour lui, il n'y avait pas encore de bon film de science fiction.
    Clarke réfléchit et, à partir de sa nouvelle « La Sentinelle », commence, chapitre par chapitre à écrire 2001 l'Odyssée de l'Espace. Cette nouvelle raconte la découverte par une expédition scientifique sur la Lune, d'un objet qui espionne l'espèce humaine depuis des millions d'années.
    Une fois un chapitre terminé, Clarke en envoie un exemplaire à Kubrick qui se met à écrire le synopsis et au tournage du film. Il emploi des ingénieurs de la NASA pour concevoir les combinaisons, l'ordinateur HAL9000, les vaisseaux spatiaux. D'où un certain réalisme qui rend le film crédible et indémodable. La rumeur dit que le nom de Hal vient du décalage aphabétique du sigle IBM. Il n'en est rien Clarke explique lui même dans un reportage que HAL signifie Heuristic Algorithm.
    Kubrick, dans un interview dit que si le film parait si lent c'est qu'il n'a pas voulu se moquer du spectateur. Dans l'espace les gestes doivent être lents, il n'y a pas de bruit dans l'espace puisque pas d'atmosphère, etc.
    Clarke lui-même est ingénieur et astronome. Les données et descriptions du système solaire sont donc rigoureusement exacts.
    Tous les astronautes d'Apollo qui sont partis sur la Lune ont lu le livre, certain ont vu le film.
    Les astronautes d'Apollo 15 ont envoyé des souvenirs de la Lune à A.C. Clarke et l'ont remercié pour cette vision de l'Espace.
    2001 raconte en fait l'histoire de la conscience sur Terre. Pas de l'humanité.
    Il y a trois parties : le passé, le présent et le futur.
    Le passé : Chez les préhumains il y a 4 millions d'années. Une horde est en train de quasiment mourir de faim. Le monolithe arrive, les examine, repère les plus aptes, et leur inscrit dans leurs cerveaux les débuts de la curiosité et de l'inventivité. Ainsi un jour l'un d'eux imagine puis utilise un outils qui ne les fera plus mourir de faim. L'aube de l'humanité, les prémices de la conscience.
    Le présent : L'homme dans l'espace. Une expédition découvre sur la Lune un monolithe qui espionnait l'humanité depuis des millions d'années. Il attendait qu'on le découvre pour envoyer à ses constructeurs, dans une autre galaxie, un signal. Une expédition est envoyée vers Japet, un satellite de Saturne où se trouve un monolithe. Hal9000, l'ordinateur du bord, qui a reçu des instructions contradictoires de son programmeur et des dirigeants politiques n'arrive pas à prendre les bonnes décisions et tue l'équipage sauf un. Celui-ci reprend le contrôle manuel du vaisseau et arrive finalement sur Japet où il se fait avaler par la porte des étoiles : un monolithe qui patientait là depuis des millions d'années. Il traverse des galaxies, des gares de vaisseaux stellaires. Il se retrouve dans une suite d'hôtel factice, protégé de l'extérieur par les constructeurs des monolithes.
    Le futur : Un monolithe examine ses plus profondes pensées. L'astronaute se retrouve à ses derniers instants, et comme le préhumain d'il y a 4 million d'années tente de toucher le monolithe. Celui-ci s'empare de tout ce qui a fait l'astronaute, et en fait un nouvel être sous forme de f¿tus. En réalité un nouvel être hybride entre un humain et un constructeur du monolithe. Un être fait uniquement d'énergie, sans corps, qui peut se déplacer comme il veut dans tout l'univers. Il se retrouve ainsi à faire l'apprentissage de ses pouvoirs en allant visiter les océans Europe, une lune de Jupiter où grouille la vie. Ses constructeurs le manipulent, il en est conscient, mais il ne comprend pas encore bien leur dessein. Puis il se retrouve près de la Terre à empêcher avec une facilité qui le surprend, une explosion nucléaire.
    Une entité descendante de l'espèce humaine et précurseur d'une nouvelle espèce aux pouvoirs illimités est née.
    "Et parce qu'ils n'avaient rien trouvé de plus précieux que l'Esprit dans toute la galaxie, ils aidèrent à sa naissance de toutes parts. Ils devinrent de véritables fermiers dans le champs des étoiles et ils récoltèrent parfois. Parfois aussi, sans passion, ils durent arracher les mauvaises herbes."
    2001, chapitre 27
    2001 est le premier roman d'une suite : 2010 Odyssée Deux, 2061 Odyssée Trois et 3001 Odyssée Finale.
    2010 est l'histoire d'une expédition américano russe qui va s'arrimer à Explorateur 1, le vaisseau de 2001 pour y récupérer les données de Hal. Un monolithe les y attend. Il les contacte sous forme d'une reconstitution fantomatique de Bowman, l'astronaute, pour leur dire qu'ils doivent partir dans quelques jours. Ils y arrivent. Pendant le retour vers la Terre, les monolithes se multiplient, transforment Jupiter, augmentent sa densité et finalement la planète gazeuse se transforme en petite étoile. La chaleur de la nouvelle étoile fait fondre la banquise de son satellite Europe et une nouvelle vie y apparaît, observée par un monolithe.
    2061 retrouve Floyd, un des astronautes de 2001 et de 2010 dans un vaisseau de touristes pour aller visiter la comète de Halley. Pendant les ballades extravéhiculaires sur Halley on apprend que le vaisseau jumeau du leur s'est écrasé sur Europe, qui pourtant était interdite d'approche par les monolithes. Une expédition de secours est organisée à la va vite. On charge l'eau sale de Halley pour alimenter les propulseurs et on se lance sur la trajectoire de Europe.
    Sur place on découvre qu'il s'agit en fait d'un détournement. Une passagère membre d'une secte voulait atterrir sur Europe malgré les dangers. En effet, des savants se sont aperçu que lors de la transformation de Jupiter en Lucifer, de gigantesques diamants avaient étés créés et étaient tombés dans les océans de Europe. Attirant ainsi les fous fanatiques avides.
    Dans ce vaisseau le fils de Floyd découvre le monolithe qui surveille la naissance de la vie. Il y découvre aussi une entité faite par les constructeurs du monolithe. Un assemblage de Bowman, de Hal9000 et d'un monolithe, une atmosphère mortelle pour l'homme, mais des océans qui grouillent de de vie, de prédateurs qui ressemblent curieusement à nos requins, et des proies.
    Finalement la récupération des passagers se passe bien, tout comme le retour.
    3001 c'est un des astronautes de Explorateur 1 que Hal avait tenté de tuer qui est retrouvé par une station spatiale humaine mille ans plus tard. L'humanité a bien changé. Il est remis en vie, on lui confectionne une coiffe de pensée pour lui faire une mise à jour expresse des mille ans qu'il a ratés.
    Il se retrouve dans un hôpital en orbite dans une des stations reliées à la Terre par des ascenseurs spatiaux.
    Il fait la connaissance d'un capitaine de vaisseau et se retrouve parti vers Ganymède, un satellite de Jupiter, bien à l'abri dans un hôtel pour touristes et scientifiques.
    Rencontre avec les europiens, avec Halman, avec les monolithes.
    Chaque livre est une merveille d'aventure, de philosophie, d'astronomie, de technologie, de suspense, d'humour aussi, de réalisme scientifique. On ne s'y ennuie pas à une seule page. Une saga d'aventure spatiale.
  17. halman
    Bonjour,
    Nouveau sur ce forum, mais fréquente d'autres forum depuis plus de 10 ans.
    Pilote de planeur, astronome amateur, fasciné par les simulations gravitationnelles (je passe mon temps à simuler les orbites des exoplanètes, et j'ai écris un programme de simulation gravitationnelle que j'utilise), Star Treck et les Chevaliers du Ciel. (Pas les derniers films, mais les premiers, des années 1960)
    Mais surtout fasciné par les livres d'A.C. Clarke dont la fabuleuse quadrilogie des Odyssée de l'Espace. (2001, 2010, 2061, et 3001 l'Odyssée Finale) que je relis avec délectation.
    Aide comptable puis aide soignant. Pour très grossièrement résumer, mais c'est plus compliqué que cela. Engagé dans l'armée pour être pilote militaire, puis des centaines de missions d'interime de tout et n'importe quoi, d'opérateur de saisie à standardiste, archiviste, puis cap de comptabilité, puis ras le bol de ces gens là qui préfèrent partir à la retraite ou faire grève plutôt que de se mettre à un nouveau plan comptable et à l'informatique, devenu aide soignant.
    Depuis 2 ans pour cause de gros problèmes de santé, formateur et technicien de réparation au service informatique de mon hôpital, après des années de longue maladie et de mi temps thérapeutique au service du personnel.
    J'ai tenu un blog pendant 4 ans sur lequel je mettais mes idées du jour. Je l'ai fermé depuis environ 5 ans.
    J'avais trop l'impression de me répéter.
  18. halman
    Mes problèmes de santé : infarctus, diabète, les effets secondaires, ma fatigue permanente, je me traine et dois me forcer pour la moindre petite chose, etc.
    Ma soeur dans ses dernières semaines : cancer. Même l'eau gelifiée elle n'avale plus.
    Ma copine furieuse parce qu'avec tout ça on ne se voit plus et je ne vois pas le temps passer.
    Le décès d'une de mes tantes, les problèmes de famille, etc.
    Le froid qui accentue ma fatigue et mes douleurs de poitrine.
    Je passe mes week end à dormir. Le téléphone sonne, les gens sonnent à ma porte je n'entend rien.
    Quelle vie passionnante.
    Besoin urgent de silence, de calme, pourquoi est ce que je ne me mets pas à la COTOREP pour rester au calme et au repos ?

  19. halman
    Le site de recherche d'intelligence extraterrestre seti@home vient de redémarrer ce matin.
    Après pratiquement un an de problèmes de serveurs, plantages récurrents dus à de trop grandes demandes des internautes, les serveurs neufs installés la semaine dernière sont fonctionnels.
    Les premières unités de calculs sont réenvoyées ce matin.
    http://boinc.berkeley.edu/
    http://setiathome.ssl.berkeley.edu/
    Le projet historique de mise en commun des ordinateurs personnels pour calculer les projets de calculs partagés par internet est reparti.
    Seti@home ne sert pas qu'à rechercher des extra terrestres. Il utilise aussi les signaux des radio télescopes pour analyser par le programme Astropulse les rayonnement électromagnétiques des étoiles exotiques comme les pulsars et les trous noirs, qui donnent des renseignement fondamentaux aux astrophysiciens.
    C'est le plus gigantesque calcul scientifique jamais effectué dans l'histoire de l'informatique et donc de l'humanité.
    Vous pouvez participer à d'autres projets de calculs contre les maladies telles le cancer, le diabète, Alzheimer, etc.
    Vous ne soupçonnez pas la puissance de calcul colossale de vos pc de bureaux ou personnels.
    N'oubliez pas qu'un ordinateur est fondamentalement un calculateur.
    La preuve, si vous utilisez un petit logiciel de mesure de température et d'utilisation de vos processeurs tel Core Temp vous vous apercevrez que lorsque vous naviguez sur le net ou utilisez votre suite bureautique, l'activité de vos processeurs dépasse rarement 20% et encore, lors de pointes exceptionnelles.
    Hors en utilisant votre puissance de calcul avec Boinc, vos processeurs seront utilisés quasiment en permanence à 100%, mais rassurez vous, sans vous en rendre compte puisque Boinc laisse l'utilisation principale de votre ordinateur à vos logiciels et applications. Boinc ne travaille qu'en tâche de fond.
    Le programme de calcul Seti@home fait partie du classement des top50 des ordinateurs les plus puissants de la planète.
  20. halman
    VOL A VOILE SUR MARS


    Club de vol à voile de l'armée de l'air de Tharsis.

    Comme tous les week ends d'été, le petit aérodrome fourmille de monde.

    Dans le club house, dans les chambres, dans le hangar, chacun se prépare. Le briefing est terminé. On finit de s'habiller pour le vol, on vérifie les cartes, le macready, la batterie, le parachute. On reste devant les cartes météo. On refait mille fois des calculs. On discute le coup. On mange quelque chose sur le pouce. Certains en sont déjà à faire une prévol (examen minutieux et obligatoire de toutes les parties d'un aéronef avant chaque vol) particulièrement minutieuse et soignée. D'autres, silencieux, s'affairent méticuleusement.

    Carl, après avoir soufflé dans le tube pitot pour vérifier son bon fonctionnement, s'installe dans le cockpit, règle l'avance du palonnier, vérifie qu'il a le nombre suffisant de gueuses pour avoir un centrage parfaitement équilibré de son planeur.

    Il aime bien ce planeur. Il est en matériaux modernes, carbone, kevlar, titane, fibre de verre, gelcoat, mais dérivé d'un très vieux planeur terrestre classique et apprécié de tous les pilotes. Il a été l'un des premiers modèles à avoir été adapté à la nouvelle atmosphère de Mars. C'est un appareil de type course, de vingt deux mètres d'envergure, avec des volets hypersustentateurs. Il est stable, équilibré aux commandes, sans vice particulier, solide, agréé voltige douce.

    Parfait pour les vols de compétition.

    Sur la piste en herbe de huit cent mètres de long et de deux cent de largeur, les soixante dix planeurs sont alignés en quatre colonnes. Les pilotes s'affairent, les amis et familles restent sur le coté de la piste, regardant le spectacle. Des femmes s'occupent des bébés, les fiancées s'occupent à se faire bronzer tout en papotant ou en écoutant de la musique stressante et horrible au baladeur, n'ayant vraiment rien d'autre à faire de leur jeunesse. D'autres prennent des photos ou filment, pour l'album de famille. Pour raconter aux amis, dans les soirées, après le dîner. Comme il est formidable le mari, comme il a la classe le fiston.

    Malgré toute l'importance de la situation ; et oui, c'est jour de compétition ; des épouses s'avancent inconsidérément vers leurs pilotes de maris, se frayant maladroitement un passage entre les ailes et les fuselages fragiles, risquant de marcher sur une aile et de la percer ; et leur demandant le plus sérieusement du monde de ne pas redescendre trop tard pour ne pas avoir à se taper la foule dans les transports ce soir. Bien sur, elles se font aller voir ailleurs, et ne comprennent pas qu'on leur réponde que c'est la météo qui décidera de l'heure d'amarsissage, et seulement la météo.

    Alors elles retournent, boudeuses, se faire bronzer sur le tarmac, furieuses et vexées.

    De temps en temps, une rafale de vent apporte un peu de poussière rouge.

    Malgré les siècles de terraformation, il en reste encore un peu.

    La végétation et les processeurs atmosphériques en ont encore pour quelques dizaines d'années avant de terminer de transformer complètement la planète rouge en planète verte et bleue.

    Et il faut nettoyer encore et encore les verrières, les ailes, les volets, les articulations des gouvernes.

    Carl, lui, n'a pas besoin d'emporter de bouteille d'oxygène. Malgré que l'atmosphère de Mars soit considérée comme viable pour les humains, certaines zones conservent encore une géologie et une aérologie de type désert martien. Très peu de végétation, du sable rouge, une atmosphère avec un fort pourcentage de gaz carbonique. Ces zones envoient en permanence dans l'atmosphère environnante ce que les pilotes appellent des voiles rouges, faits de poussière et de gaz carbonique.

    Ces zones sont dites « rouges » et l'emport de bouteilles d'oxygène y est obligatoire.

    Il n'a pas besoin de cartes. Il les a dans sa mémoire holographique.

    Ses concurrents et amis humains, eux, ont besoin de petits ordinateurs de poches qui leurs affichent les cartes en couleurs et en relief, avec toutes les données topologiques, géologiques, et de navigation.

    Carl, depuis peu sur Mars, à sa propre demande, est ici à son aise. On ne refuse pas grand chose aux synthétiques. Ils ont trop coûté à la société. Ses ressources ne sont plus accaparées par cette mentalité terrienne qui a encore du mal à accepter les androïdes dans la vie courante. Ici on est sur Mars, une planète de conquérants, de visionnaires, d'audacieux, de gens qui voient plus loin que le bout de leur nez, qui n'ont pas ce genre de problèmes.

    Il peut s'adonner à cent pour cent à ses passions. Le jour instructeur de planeur, et l'astrophysique la nuit, son nouvel emploi.

    Sur Mars, on a accepté l'idée que les androïdes soient employés comme intérimaires, comme bouches trous, pour remplacer les personnes qui partent en vacances, qui sont malades. Ainsi, personne ne se plaint d'un remplacement des humains au travail, mettant tout le monde au chômage. Idée reçue bien entendue ridicule, issue des médias incompétents en mal de titres à sensations ; qui pourtant ont encore cours sur Terre. Alors qu'en réalité, l'industrie robotique a, à elle seule, créé considérablement plus d'emplois qu'elle n'a induit de chômage dans l'industrie.



    Les lieutenants Larsen et Lorius, sont eux aussi quasiment prêts à décoller. Mais ils paraissent vraiment tendus, eux, les humains.

    Ils ont vérifié et mis leurs masques à oxygène. Sécurité obligatoire. Le processeur incorporé au masque commence à régler automatiquement le mélange air extérieur et oxygène. Il fait chaud sous ce masque en plastique pourtant souple et léger. Lorius se rappelle encore d'une époque où son arrière-arrière-grand-père lui racontait que c'était en forçant sa respiration qu'on déclenchait les valves d'ouverture et de fermeture d'arrivée d'oxygène, dans les avions de chasse à réaction de la moitié du vingtième siècle. ÿpuisant.



    Le chef pilote fait un large mouvement circulaire avec son bras.

    Aussitôt les moteurs des dix avions remorqueurs se mettent à tourner plus ou moins laborieusement. Les moteurs des avions martiens, contrairement à ceux de la planète mère, sont à énergie mixte. Les pics de puissance sont assurés par un moteur à hydrogène, mais des panneaux solaires sur les ailes et le fuselage alimentent des accumulateurs électriques qui eux même font tourner des moteurs électriques couplés au moteur à hydrogène. Les moteurs électriques assurant eux, une puissance de fond, régulière.

    Les moto planeurs, eux, avec leurs petit moteur dans la dérive, faisant tourner une hélice à l'arrière de la queue et alimentés par les panneaux solaires des ailes tournent silencieusement.

    Et la noria des remorqueurs commence.

    L'un derrière l'autre, ils s'alignent devant un planeur en traînant chacun leur câble de remorquage. Un préposé au service de piste court après l'anneau d'arrimage peint en orange fluorescent et, après quelques vérifications, glisse un peu maladroitement sur l'herbe encore un peu humide, l'accroche au nez du planeur, vérifie la solidité de l'ensemble, cours vers la plume, le bout de l'aile du planeur et met le planeur à l'horizontale. Ainsi, le pilote de l'avion remorqueur, en regardant dans son rétroviseur, est averti que le décollage peut avoir lieu.

    Pas de temps à perdre en messages radio qui risquent d'être incompréhensibles, sujets à erreurs d'interprétations, mauvaise articulation, pannes, brouillages, interférences, donc dangereux.

    Le remorqueur met les gaz lentement pour tendre doucement le câble. Le pilote surveille dans son rétroviseur, et met les gaz.



    Treize heures.

    Et c'est parti.

    Le câble se tend, très vite la vitesse monte, les mottes de terre secouent un peu Carl, puis, soudain c'est le calme. Juste un léger balancement du planeur de droite et de gauche, le temps que Carl le rattrape. Il est en l'air. Il maintient le planeur dans l'axe de l'avion tant que celui ci est au sol pour ne pas que le pilote du remorqueur perde le contrôle de son appareil. Puis dès que l'avion est en l'air, il positionne son planeur toujours dans l'axe de l'avion mais pour cette fois corriger la dérive due au vent.

    Les soixante dix planeurs sont mis en l'air en une heure par les dix remorqueurs.

    Sept cent pieds, le train d'atterrissage est rentré.

    Mille cinq cent pieds d'altitude, le pilote du remorqueur a amené Carl dans une ascendance, pas très puissante mais large et régulière. Parfait. Carl tire sur la poignée jaune du largage du câble. Les anneaux d'acier, en se libérant, font un bruit sourd et métallique. L'avion remorqueur passe sur le dos, et, traînant le câble dont l'anneau gigote dans le vent, fait un demi-looping par le bas et pique directement vers l'aérodrome, hélice à la limite de la survitesse. Le câble de remorquage est traîné en une courbe gracieuse et agitée par les turbulences.

    Le bruit de l'avion s'atténue vite. On n'entend plus que le bruit soyeux de l'air autour du planeur. Les variations du bruit, les sensations dans les commandes et sous les fesses et le dos, les mouvements de ses instruments sont autant de renseignements précis et indispensables pour que Carl ait une idée très précise de la masse d'air dans laquelle il évolue.

    Les couleurs du ciel sont magnifiques. Des bleus, des blancs et gris des nuages, des roses et marrons des voiles rouges se mélangeant à l'air neuf fabriqué par les processeurs, sont diversement éclairés par le soleil, formant un tableau sublime, donnant des effets de reliefs et de profondeur d'une pureté inouïe. L'atmosphère de Mars n'étant en rien polluée comme celle de la Terre.

    Ses mini gyroscopes laser intégrés à son cerveau lui fournissent aussi des indications précises et précieuses.

    Carl tire un peu sur le manche tout en inclinant son Charlie dix du coté de l'ascendance. Forçant un peu le mouvement en exagérant un peu avec le palonnier. Ainsi, il récupère l'excédent de vitesse que le remorqueur lui a procuré, en altitude très précieuse.

    Concentré, Carl grimpe jusqu'au sommet de l'ascendance, adaptant en permanence chaque inclinaison et vitesse du planeur à la forme de l'ascendance qu'il rencontre. Il arrive à la base des cumulus. Il vole au dessus des petits nuages diffus qui entourent la base du cumulus, et il est sous la base noire, froide et menaçante de la base du gros nuage, qui semble l'attirer comme un oeil noir. Pourtant, vu du sol, il semble comme un joli petit nuage moutonneux de beau temps pour les gens restés au sol.

    Les informations du tableau de bord, humidité, température, altitudes, etc, il les intègre à ses calculs. Son cerveau électronique simule ainsi des diagrammes ultra précis de la masse d'air et des cartes de situations en 3D. Il prend la mesure de la qualité de l'air en ce début d'après midi. Il modifie donc son plan de vol en conséquence. Il affine les courbes de son Mac Cready.

    Il a pris sa décision, il ira un peu plus vite que prévu entre les ascendances, et il prendra un peu moins de temps pour spiraler dans les masses d'air chaudes et montantes. Ainsi, il perdra moins de temps en importantes variations d'altitudes. Il prendra même un cap un peu plus nord que prévu de quelques degrés, ayant compris que les ascendances dureront un peu moins longtemps que prévu vers la fin de l'après midi. Il doit donc écourter un peu son option prévue.



    Seize heures.

    Carl est sur la dernière branche de son circuit en triangle de cinq cent kilomètres. Plus le vol a évolué, plus il a affiné ses calculs. Il est encore loin de voir l'aérodrome.

    Les turbulences sont déjà nettement plus calmes depuis un moment. Les ascendances aussi. Le soleil commence à baisser sur l'horizon. Il réchauffe moins les masses d'air qui sont moins excitées par la chaleur.

    La grande difficulté a été de ne pas se retrouver dans les effluves de la zone rouge que le circuit contourne.

    Car si Carl avait traversé un courant rouge de poussière et de gaz carbonique, les ailes de son planeur auraient perdu une grande partie de leur portance, mordant dans un air très peu porteur, se couvrant de poussière dégradant la qualité des écoulements de l'air, rendant la fin du vol des plus aléatoire. Sur Terre, il aurait fallu, de plus, nettoyer les innombrables insectes qui s'écrasent sur le bord de l'aile. Mais sur Mars, encore trop peu de moucherons, moustiques n'arrivent à subsister pour qu'on les remarque. Encore qu'aucun pilote n'ait trouvé la mort dans ces voiles rouges, ce n'est pas une raison pour que cela commence aujourd'hui.

    Carl est bien. Il est concentré, serein, en totale osmose avec le planeur, l'atmosphère, la planète. A travers les commandes, il ressent tout.

    Tous ses systèmes se régalent.

    Les voyants internes de ses auto tests sont au vert depuis le décollage. Il est zen, diraient les humains. Parfait. Vraiment parfait.

    Petit à petit, sa mémoire, s'est vidée de toutes les notions que le contact avec les humains ont polluée ; pour faire place à ce que ses neurones artificiels apprécient le plus. Tout redevient clair et limpide dans son esprit. Les pures lois de la physique, il les éprouve avec délice.

    Il se demande si ses prédécesseurs humains, il y a des siècles éprouvaient les mêmes impressions quand l'atmosphère de la Terre permettait encore le vol à voile, les merveilleux vols en planeurs, pendant des heures entières, à se promener dans les masses d'air mouvantes et subtilement variées.

    Les conversations radio lui indiquent que tout va à peu près bien pour tout le monde. Mieux, une des jeunes concurrentes dont c'est la première compétition aujourd'hui a réussi l'exploit à être un quart d'heure devant tout le monde.



    Au sol, dans le hangar, les journalistes suivent et retransmettent avec force suspense, les exploits de la débutante, insérant en direct les relevés géographiques de son ordinateur de bord, les prises de vues de sa caméra embarquée. Un bref curriculum vitae de la demoiselle est vite monté et diffusé plusieurs fois sur les ondes. Vingt cinq ans, étudiante en biologie, dynamique, sympathique, brune, les cheveux cours et ondulés, pas le genre à perdre du temps le matin dans la salle de bains en maquillages et autres bijoux. Le matin les gens sont encore en train de dormir, elle est déjà en motoplaneur pour observer l'aube à 1000 mètres d'altitude, et le soir, elle est en vol avec d'autres planeurs en formation pour voir le coucher du Soleil.



    Mais, depuis près d'une heure on s'inquiète pour Lorius et Larsen qui ne donnent plus la moindre nouvelle. Ils ont débranché leurs radios, leurs transpondeurs. Panne ou crash ?

    Bob, le chef pilote a déjà ordonné le décollage des motoplaneurs de secours ; des planeurs avec un petit moteur leur permettant de décoller sans aide et de voler sans ascendances ; pour aller survoler les zones possibles de leurs crashs.

    Bob est un ex pilote de chasse. Il n'a pas l'habitude d'attendre passivement que les évènements prévisibles arrivent. Il prend toujours les devants. Il anticipe.



    Au même moment, Carl est en train d'essayer de remédier aux pannes de ses radios et émetteurs. Sans eux, au sol, ils ne sauront pas ce qu'il est devenu.

    Il vient de réaliser que les pannes, dues à des virus informatiques, sont multiples et irréparables en vol, quand, loin, il aperçoit des reflets brillants, exactement ceux du soleil sur les panneaux solaires et le revêtement en gelcoat blanc brillant d'un planeur. Il y a deux planeurs. Ils se rapprochent de lui, sur un cap presque parallèle, mais au moins cinq cent pieds plus bas que lui. Curieusement, ils ne spiralent pas dans les ascendances et ne perdent pas d'altitude. Donc, ce sont des planeurs qui sont équipés de petits moteurs embarqués. Des motoplaneurs. Il croit d'abord à du secours venu à sa rescousse. Mais seulement quelques minutes après ses pannes, impossible.

    Autre solution, deux pilotes d'un autre aéro club qui se sont égarés dans le circuit de la course. C'est très courant. Le nombre de pilotaillons du dimanche qui foncent n'importe où n'importe comment sans vérifier les zones interdites, est effarant.

    Carl peut maintenant se permettre d'utiliser le léger zoom numérique de ses yeux.

    Lorius et Larsen !!

    Ils n'ont rien à faire là, ils n'ont pas pris les mêmes options de circuit que lui.

    Il n'aurait dû les rencontrer qu'à une dizaine de miles de l'arrivée !!

    Les deux planeurs se rapprochent vite.

    On distingue clairement leurs hélices, de petites bipales rapides, battant l'air encore jeune de la planète, accrochées à un moteur de petite puissance qui se rétracte dans le dos du fuselage, une fois les besoins en propulsion devenus inutiles.

    Lorius et Larsen, en utilisant leurs moteurs, se sont donc mis hors concours.

    Mais qu'ont ils en tête ?

    L'ont ils vu ?

    A deux secondes d'intervalle, ils mettent leurs moteurs à fond et grimpent doucement mais régulièrement. Pile sur une trajectoire pour intercepter Carl.

    Carl sait que ce sont des mécaniciens. Pas des pilotes de chasse. Ils n'ont donc pas l'expérience du combat aérien.

    La preuve en est qu'ils ne maîtrisent pas leurs trajectoires d'interception. Ils doivent les corriger très souvent.

    Même s'il n'a pas de moteur, il n'est pas inquiet. Il suit toute une série d'ascendances créées par des carrières à ciel ouvert.

    Pour les dérouter, il fait semblant de ne pas les avoir vu, il les laisse se positionner comme bon leur semble.

    Bien sur, ils se préparent à une bête prise en ciseaux.

    L'erreur à ne pas faire.

    Un virage serré au dernier moment, et les agresseurs ne peuvent plus rien faire.

    Mais Carl, sachant que ce sont des humains, s'attend surtout à des comportements trop facilement prévisibles, quoique peu logiques pour des pilotes débutans. Ils font comme s'ils disposaient d'un registre de réactions à une situation, très limité, mais incapables d'appliquer la réaction logique à un problème donné. Comme s'ils réagissaient en piochant au hasard dans quelques comportements enregistrés dans leurs cerveaux.

    Pire, il a fait quotidiennement l'expérience de poser une même question à des humains, à plusieurs jours d'intervalle. Il a eu le déroutant résultat qu'aucun humain ne lui a jamais donné la même réponse. Et pourtant, c'était une question scientifique très facile.



    Lorius s'est approché très vite par derrière.

    Larsen s'est mis devant et ralentit, aéro freins sortis en grand.

    Carl se retrouve coincé, entre Lorius à un mètre de sa dérive, Larsen à un mètre de son nez. Il est bloqué. La moindre manoeuvre et c'est la collision.

    Il essaie quand même.

    Du pied à droite, un peu de manche à piquer et à droite pour ne pas prendre le risque d'un trop grand dérapage. Lorius, plus agressif, brutal, le bloque instantanément.



    Au sol, les techniciens sont déjà au travail. Ils ont localisé les émetteurs des planeurs en panne. Puis, par utilisation d'autres canaux tenus secrets des utilisateurs, vérifient leurs programmations, sans que les pilotes se rendent compte de quoi que ce soit, et passent des antivirus dans les logiciels.

    Et les caméras embarquées sont reconnectées.

    Et tout le monde peut suivre l'agression du planeur de Carl en direct sur les grands écrans du hangar et sur les petits écrans des ordinateurs de poche personnels.



    Larsen et Lorius, trop tendus, ne se sont pas aperçu que leurs caméras et radios se sont réallumés.

    Larsen prend un cap plus à l'ouest. Vers la zone rouge.

    Carl est piégé.

    C'est du moins ce que les deux mécaniciens pensent, étant de ceux qui en sont encore à croire de façon trop primaire qu'un ordinateur ne peut pas penser, et ne peux même pas s'adapter et apprendre.



    Il est entraîné par les deux comparses vers la zone désertique.

    Il a compris.

    Ils veulent l'emmener au sol dans la zone rouge et lui faire un sort.

    Même sur Mars il y en a des comme eux.



    Mais ce ne sont que des humains.

    Incapables de s'adapter instantanément à une situation qu'ils n'ont pas planifiée.



    Carl sort son train d'atterrissage. Deux petits panneaux blancs s'ouvrent sous le ventre du planeur, une roue en sort.

    Petit coup de manche en avant très sec, à piquer.

    La roue tape sur la verrière en altuglas du planeur de Lorius, y laissant une trace de caoutchouc noire.

    Surpris, Lorius fait un écart vert le bas. Sous le choc, les longues ailes de sa machine ondulent lentement sur toute leur longueur, à la limite de la rupture. Il se retrouve déjà trop loin.

    Trop tard.

    Carl a le temps de se dégager par un virage très sec à droite.

    Lorius, encore surpris mets trop longtemps à réagir, et encore plus longtemps à reprendre le contrôle de son planeur.

    Carl reprend de la vitesse, transforme sa vitesse en hauteur se colle sous le ventre du planeur de Larsen qui se retrouve forcé à virer serré à gauche pour ne pas entrer en collision.

    Lorius ne peut rien faire d'autre que de regarder ; manquant d'expérience il ne sait comment faire pour les rejoindre, et encore moins comment remédier à la situation.

    Les deux planeurs, presque à se toucher virent de plus en plus inclinés, de plus en plus serrés.

    Et c'est le départ en virage engagé, de plus en plus à piquer vers le sol.

    Carl ne lâchera pas le morceau.

    Larsen ne peut rien faire sans toucher le planeur en dessous de lui.

    Tel est pris qui croyait prendre. Larsen se retrouve piégé à son propre jeu.

    Et s'ils se touchent, c'est la mort assurée pour les deux.

    Carl continue à le serrer.

    La vitesse augmente.

    L'inclinaison augmente.

    L'accélération qui plaque les pilotes contre leurs sièges, qui fait peser les bras, la mâchoire, tire sur les joues, fait peser la tête ; commence à se faire sentir.

    Carl passe un peu devant le planeur de Larsen.

    Larsen est obligé de réduire sa vitesse, donc sa portance.

    Le planeur Charlie dix de Carl a des volets hypersustentateurs. Il peut les sortir pour augmenter sa portance. Pas Larsen.

    L'altitude a baissé, mais pas assez pour inquiéter Carl.

    Larsen tremble, son coeur bat, ses genoux tremblent, il n'arrive plus à se concentrer sur son pilotage. Il ne s'est jamais trouvé dans une telle position. Il ne sait pas quoi faire.

    Carl n'a pas ce genre de problème.

    Et l'aile gauche de Larsen décroche.

    Et le planeur, entraîné par la masse de l'aile qui n'a plus de portance, part en vrille.

    Larsen, qui a très peu travaillé la sortie de vrille pendant son apprentissage, ne tente même pas de sauter en parachute, trop occupé à essayer de se débattre avec les commandes.

    Lorius, effrayé, voit le planeur de son collègue éclater contre le sol un peu rouge, mais qui a tout de même un peu de végétation et de lichens.



    Lorius, veux fuir.

    Carl, transforme les mille cinq cent pieds d'altitude en vitesse, il pique. Pas trop. La finesse de son planeur est telle qu'il arrive très vite à deux cent cinquante kilomètre heures en n'ayant perdu que six cent pieds. Il se retrouve plus bas et plus rapide que Lorius qui ne peut le voir. Carl cabre et coupe la trajectoire de son agresseur en un lent et parfait tonneau barriqué qui l'amène pile sous Lorius. Celui ci n'a pas le temps de sortir son moteur que Carl lui fait le même coup qu'à Larsen.

    Lorius rêve debout. Il croit que son moteur va lui éviter la vrille. Mais il n'a pas assez étudié ses cours de mécanique du vol pour comprendre qu'il se berce d'illusions. Le moteur n'est pas assez puissant pour l'énorme résistance aérodynamique d'un virage trop serré à grande vitesse.

    Cette fois ci, sans que son pilote comprenne comment, à force de se faire serrer par-dessous, le planeur de Lorius, malgré son moteur à fond, passe sur le dos au bout de deux tours de virage engagé.

    Là, c'est la vrille sur le dos.

    Trop bas pour sauter.

    Trop bas pour sortir de vrille.



    Carl, sans état d'âme mais stimulé par une sorte de ras le bol qui frise l'agacement, récupère in extremis une petite ascendance à trois cent pieds d'altitude. Et il finit son parcours, à peine retardé de quelques minutes.



    Les caméras vidéo ont tout de même fonctionné, et tout enregistré.

    Malgré l'enquête policière et le procès que l'armée de l'air a intenté au parti d'extrémiste de droite anti robots, pour qui être anti tout ce qui n'est pas bon terrien est de bon ton ; Carl s'en sort avec les honneurs, et les chefs du parti politique en question, sont destitués de leurs droits civiques et renvoyés manu militari sur Terre.

    Marjorie, la petite étudiante en biologie, se voit remettre la coupe du monde martienne de vol à voile de l'année 2484.

    Carl, lui, a un mal fou à ne pas dévoiler son statut de robot pendant les interrogatoires de la police.

    Entre chaque interrogatoire, il se connecte au réseau et se fait inspecter les circuits par son concepteur, un descendant direct de Chandra, le concepteur de Hal9000.

    Pour se détendre et restructurer ses circuits, sa psychothérapie de robot, il devient instructeur de voltige en planeur et gagne quelques compétitions.

    Et la nuit, dans le silence de son observatoire, il se délecte des nouvelles données sur les exoplanètes et de leurs simulations informatiques. Ses collègues humains ne lui parlent que de mécanique céleste, de relativité, de formation d'exoplanètes et d'exobiologie. Avec eux il est serein et en confiance. Il commence à faire le projet d'être le premier à poser le pied sur une nouvelle planète susceptible d'abriter la vie. Avec juste quelques scientifiques de collègues. Tranquille. Très tranquille.

    Un être synthétique qui est le premier à poser le pied sur une autre planète et non un humain. Quel symbole lourd. Peut être la preuve que ce sont les successeurs des humains qui sont destinés à répandre la pensée dans l'Univers, et pas les humains eux-mêmes. Ils ont besoin d'un scaphandre pour subsister seulement quelques heures ailleurs que sur Terre.

    Pas Carl. Pas les synthétiques. Tout de même dépositaires de la pensée de leurs créateurs.

    Avec juste le regret que la faible autonomie de ses piles ne lui permettent pas de rester des millions d'années sur une planète, à ne rien faire d'autre que d'observer, fasciné, son évolution et ses premières traces de vies, les variations d'orbites.

  21. halman
    Ils sont capables de tout les utilisateurs de pc.
    Règle numéro 1 de tout utilisateur et de tout informaticien : tout ce que disent les autres en informatique c'est des conneries.
    De toute manière comme c'est mon travail de dépanner des pc, je sais par expérience quotidienne depuis 20 ans que 9 fois sur 10 entre ce que décrit la personne comme panne et ce que l'on découvre sur place cela n'a presque jamais rien à voir.
    Forcement, ils ne vont pas dire qu'ils manipulent leur portable à coups de pieds, qu'ils arrachent les prises ps2 des claviers pendant le fonctionnement et qui sont tout étonnés qu'au bout de 20 fois le clavier soit mort, qu'ils se servent de leur portable dans le bus et le métro comme repose pieds, les mettent dans un sac a dos et s'adossent dessus sur leur siège, et autres gags de ce genre dont je pourrai en décrire des dizaines de pages.
    Qu'ils ont ouvert leur pc pour changer des barrettes sans rien y connaitre mais qui fait le genre qui s'y connait et comprennent pas pourquoi ça bipe quand ils allument le pc. Ce n'est pas eux c'est arrivé comme ça.
    Quand je vois dans des reportages scientifiques qu'ils font leurs simulations informatiques sur des vieux modèles portables de quincaillerie qui ont bien 10 ans et que nous avons mis à la poubelle il y a déjà quelques années tellement ils étaient inutilisables.
    Qu'ils ont mis des pots de fleur ou un aquarium sur l'écran et que ça l'a fait cramer quand ils ont cogné d'un coup de coude dedans et que ça a débordé.
    Ils ne vont pas vous expliquer qu'ils se sont énervés sur leurs portables et qu'ils ont arraché la moitié des touches et le trackpoint. C'est forcement le pc qui est de la quincaille, bin voyons ! Un pc tout neuf de marque qui n'a pas 3 mois !
    Ceux qui vous appellent au secours parce que l'écran ne marche plus.
    On arrive sur place et on découvre que le cable svga a disparu !
    Bien sur ce n'est jamais personne !
    Ceux qui refusent d'utiliser un portable ou une tablette pc sans souris. Qui vous disent comme prétexte que le touchpad ils n'y arrivent pas. Qui donc font la queue pendant une heure derrière le pc du poste de soins pour faire leurs transmissions et bien sur partent parce sans faire leurs transmissions parce que c'est l'heure de partir.
    Gros poil dans la main oui !
    Et qui font une tête vexée et s'enfuient quand je leur allume le portable et leur montre qu'il fonctionne parfaitement bien. Parce que bien sur ils nous appellent parce que le portable ne fonctionne pas alors que c'est eux qui sont incapables de se servir d'un touchpad.
    Désolé, mais je ne peux pas leur dépanner leurs cerveaux handicapés psychomoteurs pour leur faire arriver à se servir d'un touchpad.
    Le genre qui achète la marque de daube la pire quincaillerie sur le conseil d'un qui s'y connait et qui pleure parce que la carte graphique crame au bout de 2 mois. Et qui vous l'amène au service informatique pour faire un miracle.
    Le genre qui détruit les câbles d'alimentation au point que le fils électriques soient à l'air libre et qu'ils fassent des étincelles et qui vous disent que c'est leur disque dur qui est mort. C'est le 1er avril je suppose ?
    J'adore mes collègues dépanneurs qui, pour un pc qui a surchauffé et leur bipe des messages incompréhensibles à l'allumage, change carrément le pc. Alors quand je leur montre juste qu'il faut remettre les paramètres à jours du bios et le pc redémarre normalement, qui ne comprennent pas.
    Cette génération de techniciens désormais incapables de se servir du bios pour faire redémarrer un pc, mais qui ont des théories fantastiques sur la gestion des réseaux et des ip.
    Je ne comprend pas cette génération de techniciens qui remplacent un pc, reformatent un disque dur à la moindre panne, quand la plupart du temps il suffit de se souvenir comment fonctionne un ordinateur pour trouver et réparer la panne rapidement.
    Ils me disent qu'ils n'ont pas le temps de passer des antivirus, faire des scandisk, des défragmentations, du ménage dans le disque dur, dans le registre, etc.
    Alors hop, on travaille à la Attila, on refait la config de a à z. Tant pis pour les documents des gens qu'ils n'ont pas sauvegardés.
    Ah oui, aussi, tous ces gens qui pleurent parce qu'ils n'ont jamais fait de sauvegarde sur une clé usb de leurs documents quand leur disque dur lâche.
    Il y a ces secrétaires, qui, je me demande par quel automatisme, n'ont pas de problème de vue mais ça cliquette partout histoire de faire sa pro, et ça se retrouve avec un écran bizarre, elles n'y comprennent plus rien, nous appellent au secours. Elles ont réussi sans savoir pourquoi à mettre la loupe. Alors forcement sont paniquées du truc bizarre que fait leur écran et ne font plus rien tant qu'on arrive pas.
    Certaines c'est tous les jours.
    Et au lieu, mauvaise foi oblige de se remettre en question nous traitent "d'informatique de merde". Là je leur renvoie à deux cm de leur tronche "l'informatique de merde a dépanné une utilisatrice de merde !"
    Le genre qui on se demande comment, parce qu'il en a marre de son écran ou de son portable, détruit l'écran avec au minimum un énorme tourne vis ou un marteau. On trouve des boitiers d'écrans cathodiques ouverts avec des trous de la taille d'une main. Bien sur allumé au risque que quelqu'un y mette la main et s'électrocute.
    On trouve des tablettes pc et des portables avec des touches qui n'ont pu être arrachées qu'avec un tourne vis ou une grosse paire de ciseaux.
    Oh on comprend très bien.
    Ils n'arrivent pas à se servir de leur pc (qui comme oh miracle fonctionne parfaitement bien quand je l'utilise devant eux !) alors ils se défoulent dessus.
    Alors pour les tablettes et les portables je leur dit, ce qui est la vérité, que nous n'avons plus de budget pour les remplacer et qu'ils se débrouillent avec.
    Le genre qui met l'unité centrale du pc sur une étagère entre une fenêtre et un pot de fleur, et comme ça tire sur les câbles du clavier et de la souris, le pc qui tombe tous les deux jours par terre et qui est mort évidemment.
    Le genre qui bouche les ouvertures d'air du pc par des tonnes de dossiers et qui s'étonne que le ventilateur fasse un bruit de turbine et que le pc s'arrête 10 fois par jours en surchauffe. Dites leur, mais revenez deux jours plus tard et vous retrouvez le pc coincé sous des tonnes de dossiers.
    Ceux qui vous disent qu'ils ne peuvent plus se servir de leur pc, la souris est morte. Mais une fois arrivé sur place, vous disent qu'on a remplacé la souris de leur collègue par une optique toute neuve. Alors que leur souris à boule est juste un peu sale et qu'il suffit de la nettoyer.
    Grosse crise de jalousie : "je veux la même souris neuve que ma collègue il y a du favoritisme !"
    Le genre qui vous dit que le pc est mort et quand on se déplace il suffisait de remettre le cordon d'alimentation du portable pour qu'il fonctionne parfaitement, déboussolés par le mode mise en veille prolongé et batterie vide ! Ca c'est 4 fois par jour !
    Que le pc met des messages partout dans tous les sens, ça s'affole, alors que c'est le bios qui empêche de redémarrer par surchauffe et on leur ouvre leur pc c'est une masse de poussières et de cendres de cigarettes qui bloquent les refroidissements, les ventilos, le pc qui surchauffe.
    Etonnés qu'on revienne avec un aspirateur pour nettoyer un pc.
    Qui installe n'importe quelle version de windows sur n'importe quel pc sans les drivers et pourquoi ça plante ?
    Un grand classique. Ca se plaint à la hotline qu'ils n'ont plus accès à leurs logiciels en ligne et quand on débarque dans le bureau on découvre, des câbles réseaux et prises réseaux arrachés par les roulettes des fauteuils, les câbles tirés à mort parce qu'on veut l'imprimante là sur le bureau et non pas près des prises.
    Qui essaie de copier Office du pc du bureau sur un cd et qui ne comprend pas pourquoi copié sur le pc de la maison ça ne marche pas.
    Qui ouvre 36 fois sur sa session un logiciel et qui hurle à la hotline que le pc est planté et qui pique sa crise. En général des médecins. Et l'on trouve dans la barre d'icônes 36 sessions du logiciel qui essaient de lancer leurs sessions. Contrariés qu'ils suffisait seulement de fermer une à une ces sessions pour que leur logiciel se connecte normalement.
    Il est comme ça l'utilisateur, ça met plus de 2 seconde pour lancer un logiciel et ouvrir sa session, alors ça n'a pas la patience et ça double clique 36 fois sur l'icône pour insister et ça s'énerve parce qu'ils ont tout bloqué.
    Et il faut encore et encore courir en urgence à l'autre bout de l'hôpital pour juste quelques clics.
    Quand pour simplement changer un écran ou une imprimante c'est comme si c'était la guerre. Ca crie, ça court partout, on dirait qu'il y a le feu.
    Quand ça change un écran dans une journée et que ça raconte son « exploit » à tout le monde pendant toute la journée.
    Quand ça met des heures dans un magasin à choisir une souris.
    Quand ça n'en dort pas de la nuit pendant une semaine pour changer une imprimante.
    Qui revient de vacances et qui a oublié les mots de passe de windows, de sa session bureautique, de ses logiciels professionnels et qui ne comprend pas pourquoi on ne connait pas par c¿ur tous les codes de tous les logiciels de tous les agents de l'hôpital.
    Qui au lieu de mettre toutes ses données dans un même fichier excel ça ouvre un nouveau fichier à chaque fois et se fait une arborescence de sous dossiers qui crament les neurones et les yeux.
    Qui transforment les portables et tablettes pc en juke boxe avec le disque dur rempli de vidéos et musiques avec juste 200 mo de libre et qui s'étonnent qu'il soit lent et qui vous explique que cette marque c'est de la merde.
    Qui font des déménagements d'ordis du service à la sauvage sans nous prévenir, les branchant sur des prises réseaux non brassées, et après nous on cherche le pc concerné par la panne pendant deux heures dans tout l'hôpital.
    Et par quelle bizarrerie à chaque fois que les gens s'installent dans un bureau, c'est bien sur à l'autre bout de la pièce où se trouvent les prises réseaux et électriques. Alors ce sont des histoires pour trouver des câbles réseaux de 10 mètres, des tas de rallonges électriques interdites par la sécurité incendie, des câbles tirés à blocs dont les prises s'arrachent. Et il faut encore et encore faire déplacer le service technique pour refaire les prises réseaux et électriques.
    Quand vous passez des semaines à leur pondre des documents sophistiqués avec des dizaines de colonnes de formules de calculs et saisies automatiques, des tableaux croisés dynamiques, des liaisons avec des fichiers word, des tas de documents automatiques, et qu'au final ils préfèrent utiliser leurs vieux documents et passer des journées à saisir les coordonnées et données de 200 personnes sur 4 documents différents.
    Alors que vous avez passé un temps de délire à leur saisir toutes les informations des 5000 agents de l'hôpital, avec toutes leurs carrières détaillées au jour près sur 30 ans.
    Zeeennnnn¿..
    Qui écrivent au crayon sur les écrans des tablettes, et au marqueur sur les écrans des pc. Et qui s'étonnent qu'au bout de 3 mois la tablette est morte. Qui sont tout étonnés quand je leur dit que mes portables personnels ont 10 ans et sont comme neufs.
    Ceux qui branchent un disque dur externe et qui n'ont pas la patience d'attendre 2 minutes 3 secondes que le pc lise sa fat et qui diagnostiquent que leur disque est cramé. Alors que la plupart du temps il suffit juste d'attendre un tout petit peu.
    Le genre qui appelle au secours c'est super urgent la hotline parce que des icones ont disparues. J'y vais, des tonnes de post its géants autour de l'écran, je les soulève, et oh miracle l'icone qui manquait qui était cachée derrière le post it.
    Comment rester zen quand ils vous expliquent que "de toute manière c'est le service informatique qui bidouille les pc des gens et effacent des trucs" !!!!!!!!!!!!!!
    Qui, on se demande pour quelle raison, par quelle sorte de réflexe, débranchent la prise d'alimentation d'un portable dès qu'ils en ont plus besoin et sont étonnés que la batterie ne soit pas chargée quand ils veulent s'en servir et nous appellent "le pc est planté" et nous diagnostiquent un super savant "la batterie est morte".
    Tiens, dommage je n'avais pas d'appareil photo, mais il y a deux semaines on me l'a refait : un cadre de la pharmacie qui avait COLLE DES AIMANTS sur son uc pour tenir des post it !!!!
    J'ai les ai embarqués et foutus à la poubelle. C'est marrant mais depuis il ne nous appelle plus tous les jours parce qu'il se passe des choses bizarres.
    Véridique !
    Vous en voulez d'autres ?
    Ca c'est 10 fois par jours.
    Et j'en ai marre de répondre aux gens qui vous disent que de toute façon leurs petit cousin de 10 ans les a soi disant dépannés.
    J'en ai marre de préparer des pc haut de gamme fignolés aux petits oignons et que le petit neveu qui s'y connait à la c*** passe par derrière et le change pour une quincaille trouvée dans une brocante dont il manque des vis et dont le lecteur de disquette n'est même pas connecté, ne voyant pas le problème d'installer Win95 sur un 8086.
    Il y en a eu un qui m'a expliqué le plus tranquillement du monde qu'il allait installer Windows Xp sur un 80486.
    Avec ces fous là, il ne vaut mieux rien dire.
    Maintenant quand je vais chez les gens et qu'ils ont un problème informatique, maintenant je ne dis plus rien, je les laisse se dépatouiller. Puisqu'ils savent tout mieux que tout le monde.
    C'est bizarre que le simple fait de sortir un ordinateur neuf de sa boite et de l'allumer fait par miracle de l'utilisateur un super pro qui se met à dépanner la famille et même au boulot.
    Ces gens qui ramènent leurs sciences pendant des heures pour installer internet mais quand il s'agit seulement de mettre le câble jaune dans la prise jaune, le câble blanc dans la prise blanche, de mettre le cd d'installation et de copier les codes et emails donnés dans le courrier et de cliquer sur ok quand on leur demande et que ça leur prend des plombes même quand ils s'y mettent à 5.
    Et qui s'énervent sur la hotline.
    Ca blablablabla, et moi ducon je le fais en quelques minutes sans rien dire.
    Il y a les mignons "j'ai pleins de virus dans mon pc". Hors il s'agit du vieux pc de la lingère d'un service qui n'a jamais été connecté au réseau. Donc aucun virus possible. Juste un nettoyage defragmentation du disque dur, nettoyage de la souris, nettoyage des ventilos et c'est reparti pour un tour.
    Il y a aussi les gavants "J'ai plein de virus dans mon pc". Alors que les antivirus pros automatiques n'ont rien détecté. Arrivé sur place on découvre que l'utilisateur a sorti sa science et a fait mumuse avec tous les raccourcis claviers possibles et se retrouve avec un pc en plein délire.
    Quelques raccourcis claviers.
    Tout est revenu dans l'ordre.
    Et là on nous dit qu'on est des magiciens.
    Il y a aussi ces cadres de services qui accumulent dans leurs bureaux les tablettes "en panne" et qui font une fiche d'alerte quand leur service est dans la mouise au lieu de nous appeler à chaque fois.
    On se déplace en panique.
    Et on trouve dix tablettes dont il suffisait d'appuyer sur le bouton du wifi pour qu'elles refonctionnent parfaitement ou plus simplement qui avaient juste le stylet cassé à remplacer.
    Et il faut rester zen avec des gens comme ça.
    On reconnait la période des vacances scolaires et de l'arrivée en masse de petits jeunes dans les services employés pour le mois d'été uniquement au fait qu'on nous appelle 10 fois par jour parce que la secrétaire ou l'infirmière trouve l'écran "à l'envers".
    Et oui, il est comme ça l'étudiant embauché pour les vacances, il ne peut s'empêcher de faire des blagues de potaches.
    Alors on passe la moitié de la journée à aller faire des ctrl alt fleches pour remettre un affichage normal
    Ca achète des fortunes des antivirus à des « dépanneurs professionnels » alors qu'on les trouve gratuitement sur internet.
    C'est vrai, faire antivirus sur google il faut être au moins ingénieur pour faire ça.
    Pendant les formations, ça oublie ses lunettes, ça oublie ses convocations, ça vient avec la copine pour l'accompagner, ça téléphone et ça papote pendant que le prof parle. Relax, décontracté quoi.
    Et c'est tout étonné quand on pousse une gueulante pour les faire taire.
    Et ça met un quart d'heure à sortir tout son petit barda du fond d'un cabas gigantesque. Un vrai spectacle. Ca sort les feuilles de papiers et le stylo, ça pose des lunettes à coté du clavier au lieu de les mettre, ça sort son téléphone portable on se demande pourquoi, et puis la bouteille d'eau, ou bien les cannettes de jus de fruits, on voit surgir des trousseaux de clés on se demande pourquoi, et le paquet de pastille contre la toux, et le paquet de mouchoirs en papiers, et j'en oublie.
    Un vrai spectacle.
    Les formations sont aussi un lieu de confidences toutes aussi révélatrices de comportements aussi stupéfiants qu'irresponsables.
    Parce que c'est à ce moment là que les élèves viennent nous voir le plus innocemment du monde, et nous annoncent que leur code de session du service est grillé.
    Ils nous disent, sans la moindre conscience de la gravité du problème "oh mais de toute façon cela fait 6 mois et je travaille sur le code de ma collègue".
    Moi, il me faut bien 30 secondes pour éviter la crise cardiaque. Et réaliser qu'ainsi donc avec la moitié des agents qui travaillent sur les codes de quelqu'un d'autre, les audit des commissions de sécurité et les statistiques d'utilisation du logiciel médical ne servent strictement à rien, sont donc totalement faussés.
    Et je leur explique que si ils font une erreur de transmissions et que la famille porte plainte, c'est la collègue qui part en prison, que leur code d'accès fait office de signature électronique légale. A voir les têtes, vertes, blanches, grises, ça leur fait un véritable électrochoc.
    Là c'est eux qui deviennent verts et qui sont au bord de l'infarctus.
    Hallucinant que des gens normalement adultes ne réalisent pas la gravité de cette situation.
    Et il y a soudain comme un silence studieux dans la salle de formation.
    Le cours peut commencer sereinement.
    Dans les formations il y a 3 types d'élèves.
    Ceux qui n'ont jamais touché une souris et à qui il faut même apprendre à cliquer et pour qui mettre son login et mot de passe prend la matinée. Cherchant les touches avec un seul doigt, le nez sur le clavier malgré les lunettes.
    Ils ne se sont jamais servi d'un ordinateur, alors que cela fait 7 ans qu'ils en ont dans les services de soins, qu'on leur a procuré leur login et codes sessions. Donc ils N'ONT JAMAIS FAIT LA MOINDRE TRANSMISSION DE SOINS DANS LE LOGICIEL C'EST COMME S'ILS N'AVAIENT JAMAIS RIEN FAIT AU PATIENT !
    On doit s'y mettre à 3 pour leur faire comprendre ça !
    Cela fait 7 ans qu'ils ont des ordinateurs dans leurs service et ils n'y ont jamais touché !!!!!!!!!!!!
    Ceux qui savent se servir de leur logiciel, qui savent qu'il faut cliquer là et là et saisir ceci ou cela. Mais ceux là il ne faut pas leur en demander plus. Ceux là ils ont pris leurs petites habitudes, la plupart du temps mauvaises, expliquée par une collègue qui leur apprend une manière de travailler, justement celle à ne pas faire bien évidemment et qui nous cause des problèmes de paramétrages et de récupérations de données.
    Et ceux qui se croient malins et bidouillent tout et foutent le binz. Qui plantent les elearnings, font mumuse avec les fond d'écran et les dispositions des icônes. Effacent des icônes des didactitiels on se demande pourquoi. Ceux qui nous font perdre un temps fou à tout leur récupérer pendant toute la session de formation.
    Et ils ne comprennent pas qu'ils ne trouvent pas leurs patients sur la base de données.
    Il faut donc même leur expliquer qu'en formation il est bien sur hors de question de travailler sur les dossiers des vrais patients !
    Hallucinant non ?
    Ceux là ont un curieux réflexe.
    Ils sont en formation.
    On leur explique que c'est la base de formation et que leur codes utilisés sur la version qu'ils utilisent au travail ne sert à rien.
    Trop tard.
    Avant qu'on les ai prévenus, ils ont mis 3 fois leurs codes du travail et on planté leur session de formation.
    Donc je passe à chaque fois 10 minutes à remettre la moitié des codes des sessions des élèves.
    Avec mes cadres et collègues il y a 3 ans on se disait encore plein d'illusions que cela allait rentrer dans les moeurs et que l'on aurait plus jamais ce genre de problèmes, mais c'est le contraire, c'est de pire en pire.
    Ceux que j'adore. Ils plantent leur pc, sans avoir jamais fait la moindre copie de leurs documents sur une clé usb. Et c'est au bord de la crise cardiaque parce que ça a perdu des années de travail.
    Ca parait hallucinant, mais c'est notre lot quotidien dans les hôpitaux.
    J'ajouterai par exemple, ces administrations et ces sociétés qui ont leur vocabulaire informatique maison.
    Ces administrations où on ne dit pas écran mais cliché, cliquer mais cliqueter, l'unité centrale mais boîtier, le scanner à mains mais douchette ( fallait l'inventer celle là !), icône mais loguette, et j'en passe et des plus stupéfiantes.
    Alors bien sur, quand ces gens nous appellent et que bien entendu on se demande de quoi ils peuvent bien nous parler, on se prend des réflexions du genre "mais enfin vous vous y connaissez en informatique ou pas ?"
    De la part de la secrétaire qui vient de "cliqueter" partout pour faire sa pro devant les collègues et qui se retrouve avec des barres de menus partout, des fenêtres dont elle ne connaissait pas l'existence et qui lui envahissent soudain l'écran et qui nous balance l'automatique "mon pc a planté"...
    Donc il reste à inventer une start up chargée de créer un dictionnaire en ligne du vocabulaire super perso informatique des utilisateurs de toutes les administrations et sociétés privées, afin que nous ne perdions pas trois quarts d'heures avec chaque personne à essayer de décrypter ce qu'elle veut nous raconter, pour découvrir tout simplement qu'elle avait oublié de cliqueter sur le ok là, opération ultra compliquée qui demande au moins un ingénieur expérimenté, juste pour une opération de deux secondes qui consiste à cliquer là !
    Pour terminer, parce j'y passerai la journée.
    Ce réflexe bizarre que les gens ont d'incliner l'écran à fond vers le plafond.
    Qui me disent « il faut changer l'écran j'y vois plus rien. »
    Que je leur remets vertical, leur nettoie et leur montre qu'ils n'ont plus le reflet des néons et des fenêtres dans l'écran et qu'ainsi oh miracle on y voit parfaitement bien.
    Et qui font les étonnés et qui vous disent qu'ils ont toujours étés habitués à travailler comme ça et qui vous remettent l'écran vers le plafond dès qu'on a le dos tourné.
    Et que ça va pleurer à la médecine du travail parce que ça a mal aux yeux et aux cervicales.
    J'adore ces gens là mais je les adore....
    Pour finir cette perle trouvée sur le net je ne sais plus où :
    L'UTILISATEUR, CET INCONNU
    Vous travaillez dans un service informatique ? Condoléances !
    Etienne Oehmichen*, 01net., le 27/02/2004 à 07h00
    Dans les entreprises, les personnes du service informatique sont souvent soumises à rude épreuve. Normal : les utilisateurs les rendent trop facilement responsables de tous leurs tracas informatiques.
    Stéphane, un ami, est cadre commercial dans une grande entreprise. Nous nous invitons régulièrement et mutuellement à dîner avec femmes et enfants. Pendant que ces dames discutent entre elles et que les bambins se gavent d'amuse-gueule, il arrive à Stéphane de me faire part de ses démêlés avec le service informatique de sa boîte.
    A l'entendre, ce service n'est composé que d'incapables qui n'ont d'autre but que de compliquer la tâche des utilisateurs, qui ne savent pas installer correctement une mise à jour de Windows et confondent un port USB avec une prise Firewire. Or, ce service informatique, pour autant que je puisse en juger par les déclarations de Stéphane, ne me semble ni pire ni meilleur qu'un autre.
    Si Stéphane n'a rien d'un débutant en micro, il n'en est pas moins représentatif de l'utilisateur standard dans une grande entreprise (j'entends par là une société qui a les moyens de se payer un service informatique).
    Se lamenter à propose de l'incompétence de ce service est devenu, pour beaucoup de salariés, un sport national, au même titre que le dénigrement de la cantine (où l'on déjeune quand même) ou des programmes télé (que l'on regarde malgré tout).
    Alors, pour une fois, permettez-moi d'ôter ma tenue de Défenseur inconditionnel des utilisateurs perpétuellement lésés (j'ai une très belle cape rouge, mais ça ne se voit pas sur la photo).
    Car l'utilisateur moyen de la micro-informatique n'est pas toujours exempt de reproches. Ces « p'tits gars » du service informatique, si aisément critiqués, n'ont pas toujours la tâche facile, reconnaissons-le, entre les salariés qui installent n'importe quoi sur leur PC sans prendre la moindre précaution, ceux qui saturent les boîtes aux lettres électroniques de leurs collègues en leur transférant un diaporama de 5 Mo rempli de vannes anti-blondes pêché sur le Web, ceux qui, pour désinstaller un logiciel, effacent tout simplement le dossier correspondant, ceux qui font tomber la bande passante de l'entreprise en téléchargeant discrètement des vidéos pirates... et pestent à voix haute contre le débit ridicule de leur connexion à Internet...
    Non, vraiment, il faut parfois une sérénité de bonze tibétain pour affronter toutes les âneries que les salariés d'une boîte peuvent inventer avec leur PC. Tout responsable de hotline tient d'ailleurs un bêtisier où sont collectées les plus belles perles des utilisateurs. Bien entendu, de ces maladresses, il serait injuste de tenir rigueur à un néophyte : la micro est une science peu fiable et pleine d'à-peu-près, où telle manipulation qui a fonctionné hier ne fonctionnera plus demain.
    Peut-être. Mais ce que j'excuse plus difficilement, c'est le peu de patience que montre l'utilisateur quand, ayant planté son PC, il attend les « pompiers » du service informatique. A ces derniers, il jurera, la main sur le coeur, que le PC a planté tout seul et qu'il n'y est absolument pour rien !
    Il est vrai que, devant une machine qui déraille, un salarié est déstabilisé. Au mieux, il est privé de son outil de travail pour une petite heure. Au pire, il peut perdre une semaine de travail. Mais est-ce toujours au service informatique de payer les pots cassés si le salarié a négligé de faire des sauvegardes ou s'il a effacé par mégarde un dossier important ? Après tout, une sauvegarde quotidienne sur une clé USB, c'est facile, rapide, pas cher et cela fonctionne avec tout PC âgé de moins de six ans.
    Une circonstance complique encore le travail du personnel du service informatique : beaucoup d'entreprises disposent d'un parc matériel très hétérogène, où les antiques Pentium 66 équipés de Windows 95 (quand ce n'est pas Windows 3.1 !) côtoient des P4 tout neufs avec Windows XP Pro. Sans compter que de plus en plus de sociétés se tournent vers d'autres systèmes d'exploitation.
    Ajoutez à cela la « personnalisation » que chaque salarié apporte à son PC et vous comprendrez l'ampleur de la tâche des « hotlineurs ».
    Vous en connaissez beaucoup, vous, des garagistes qui vous réparent quinze marques de voitures différentes ?
    Alors Utilisateur, si tu lis ma chronique, apporte donc une boîte de chocolats aux « p'tits gars » de ton service informatique. Compte tenu des kilomètres de couloirs qu'ils parcourent au pas de course toute la journée pour aller d'un PC planté à un autre, ils ont bien droit à quelques calories supplémentaires !
    * Rédacteur en chef adjoint de l'Ordinateur individuel
  22. halman
    Mais que s'est il passé dans le monde aéronautique des années 1980 ?
    Jusque dans les années 1970, avec l'arrivée de la réaction, on essayait des nouveaux prototypes fantastiques qui nous emmenaient dans la stratosphère voir les étoiles de plus près.
    Des avions fusées x15 qui nous montaient à 7000 km/h à 102 km d'altitude aux prototypes mach 2 français de Griffon, Trident, Gerfaut, au prototypes d'avions à décollage verticaux comme le Kestrel devenu Harrier et Mirage IIIV qui est toujours le seul avion à décollage vertical à avoir volé à mach 2.
    Et puis plus rien.
    On est passé de 3000 avions de chasse à moins de 300 alors qu'on nous raconte que le budget de la défense n'a jamais été aussi élevé. La il y a quelque chose que je ne comprend pas.
    On est passé avec les nouvelles technologies de matériaux, de réglementations, à une aviation terne, commerciale, sans prototype qui fasse rêver, sinon ces avions du Bourget qui n'épatent le public que grace à des fumigènes. Qui ne montrent que quelques différences subtiles de man¿uvrabilité qui échappent à un public qui ne sais plus faire la différence entre un Concorde et un SR71. Alors qu'il fut une époque où des Rozannoff passaient le mur du son en piqué sur son Mystère II devant le public. Où des Super Mirage 4000 faisaient mieux que des F15 et F16 américains.
    On est passé d'avions de lignes qui se pilotaient grace à un art du pilotage quasi magique de pilotes dignes de ce nom à des machines qui ne sont plus que des produits de calculs informatiques qui ne se pilotent plus que par des procédures et des check listes.
    On en est à créer et développer des associations d'avions anciens. Regrets d'une période magique de l'aviation avec un grand A.
    Entre l'association Salis qui remet en état de vol des avions de la première guerre à la deuxième guerre, des Morane aux Spitfire, entre les associations anglaises et américaines qui font revoler des avions de chasse des années 60/70, même des chasseurs à réaction.
    Entre quelques sociétés privées qui se développent partout, de la Suisse à la Russie qui remettent en état de vol des Mirage III et des Mig pour offrir à des fortunés des vols en supersonique.
    Autrefois dans les aéro club nous pensions faire l'avenir du futur. Préparer les pilotes à être de futurs astronautes.
    Aujourd'hui nous en sommes réduits à faire voler les machines du passé.
    Notre aviation est écartelée entre une aviation réglementée et commerciale, et une aviation du passée.
    Autrefois nous rêvions tous de piloter des avions fusées X15, des navettes spatiales, des vaisseaux spatiaux pour aller sur la Lune et sur Mars.
    C'est par pour dire, mais on se fait chier quand même un peu.
  23. halman
    Quand on aura des colonies avec des familles de colons et de techniciens sur la Lune.
    Quand les artistes se croiront obligés de venir tagger les parois des stations et les montagnes lunaires comme ils se croient obligés de tagger nos rues.
    Alors la Lune sera morte.
    Alors il faudra aller trouver une planète neuve ailleurs, Mars ou une exoplanète.
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