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20 ans après, le Kärcher de Sarkozy marque toujours les quartiers populaires

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Marcuse

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Membre, 25ans Posté(e)
Marcuse Membre 443 messages
Forumeur alchimiste ‚ 25ans‚
Posté(e)

« Nettoyer au Kärcher » les quartiers populaires : vingt ans après, les propos de Nicolas Sarkozy résonnent encore. Ce racisme, « devenu raisonnable », a laissé une marque indélébile sur les personnes racisées.

Le 19 juin 2005, un enfant mourait à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Sidi-Ahmed Hammache, 11 ans, s’effondrait d’une balle qui ne lui était pas destinée, dans la cité des 4 000. Le lendemain, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rendait sur place. Dans l’intimité de l’appartement familial, il promettait : « Dès demain, on va nettoyer au Kärcher la cité des 4 000. »

Vingt ans plus tard, la formule n’a rien perdu de sa charge toxique. Le Kärcher, ce nettoyeur haute pression, « colle à la mémoire et à la peau » de celles et ceux que Nicolas Sarkozy a visés, selon la sociologue Kaoutar Harchi.

La phrase, d’une intense brutalité, est devenue un marqueur politique. Nicolas Sarkozy l’a répétée publiquement et l’a imposée dans l’espace médiatique. Depuis, elle ressort sur les plateaux télé et structure les débats sur les quartiers populaires.

« Ce n’était pas un dérapage, c’était une stratégie calibrée », selon Tarek Kawtari, militant historique des quartiers populaires. Une formule conçue pour marquer les esprits, flatter un électorat par l’autoritarisme et imposer une lecture sécuritaire du rôle de l’État. Elle ne désigne pas seulement un lieu, mais une population : les habitants des cités, souvent racisés. Devenus les cibles désignées, des corps suspects à surveiller, contenir, voire à supprimer.

La puissance de cette formule tient à ce qu’elle active plusieurs couches symboliques : le nettoyage, la saleté, l’indésirable. « C’est une métaphore puissante et violente, explique le politiste Pierre Gilbert, dirigée vers des vies qu’on sépare du reste du corps national, des groupes qu’on désigne comme radicalement autres. »

Un imaginaire hygiéniste et racialisant

Kaoutar Harchi y voit la résurgence d’une logique raciale ancienne : « La médecine, les sciences, la pensée coloniale ont légitimé le contrôle des corps indigènes pour les rendre inoffensifs. Le “nettoyage” s’inscrit dans cette histoire : une obsession de la séparation, de la ségrégation, de la mise à distance. »

Ce processus produit ce que Pierre Gilbert appelle une « altérisation » : la fabrication d’un ennemi intérieur, présumé coupable, exclu de compassion. « Déjà au XIXe siècle, les regroupements dans certains quartiers des classes populaires étaient perçus comme des foyers de danger. Au XXe siècle, les quartiers maghrébins étaient vus comme des soutiens potentiels du FLN, le Front de libération nationale, pendant la guerre d’Algérie. »

Pour Sarkozy, les jeunes d’Argenteuil sont des « racailles » dont il faut se « débarrasser »

La filiation était longue. Quand Jacques Chirac évoquait en 1991 le « bruit et de l’odeur », « il réanimait cette vision selon laquelle la moralisation des populations pauvres et non nationales passerait par leur “décrassage”, leur “lavage”. Car seul le “Blanc” ferait propre », poursuit Kaoutar Harchi.

En 1998, le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement parlait de « sauvageons ». Puis vint Nicolas Sarkozy. En octobre 2005, celui-ci qualifiait les jeunes d’Argenteuil de « racailles » et s’engageait à les « débarrasser » — deux jours avant la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, et le déclenchement des émeutes dans les banlieues.

Élu président, il établissait un lien explicite entre immigration et délinquance, et pointait les « implantations sauvages de campements de Roms ». Derrière cette formulation, c’est une double disqualification qui s’opérait : d’un côté, l’illégalité supposée du lieu de vie ; de l’autre, l’idée implicite que certaines personnes précaires, nomades et racisées relèveraient du désordre.

 

https://reporterre.net/20-ans-apres-le-Karcher-de-Sarkozy-marque-toujours-les-quartiers-populaires

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Membre, Posté(e)
*Zem* Membre 616 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Ah oui tu parles de celui qui avait une rolex autour de la cheville ? :DD

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Membre, Docteur Honoris Causa es "Patati & Patata ...", 62ans Posté(e)
BadKarma Membre 14 722 messages
62ans‚ Docteur Honoris Causa es "Patati & Patata ...",
Posté(e)

Sans faire de chichi, préférons à la gaulliste et vieillotte saillie ''si vous ajoutez à cela le bruit des tams-tams et s'étonner de l'odeur de roussi (rires nourris)'' la modernité et l'efficience hygiéniste du meilleur nettoyeur haute pression disponible sur le marché d'après Nico et son bracelet électro ...

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 47 966 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Toujours aussi bling bling et raffolant des marques, le Sarko...Pas fichu de citer le Parquesyde  du Litl qui fait la même chose mais à prix abordable pour les impôts prélevés dans ces quartiers!

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Membre, Posté(e)
versys Membre 18 237 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 8 heures, Marcuse a dit :

Que faire face à cette rhétorique ?

Marine le Pen reste à peine plus "soft" dans ses propos, mais l'image et le concept de nettoyage ethnique que suggère le programme de son parti reste assez comparable.

Marine le Pen se garde bien de détailler les méthodes de "nettoyage" qu'elle préconise.

La "rhétorique" change mais le principe et le niveau de racolage populiste sont les mêmes.

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Membre, 57ans Posté(e)
G6K972 Membre 1 062 messages
Mentor‚ 57ans‚
Posté(e)

Ainsi, comprenons nous que la radicalisation politique permet d’un côté de diaboliser l’extrême droite tout en mettant en place une pseudo droite modérée, agissant comme des radicaux plus extrémistes que ceux qu’ils diabolisent. Voilà comment on se sert du peuple pris en otage par ses politiciens, pour légitimer le pouvoir en place et permettre à celui-ci de poursuivre son travail de sape, de dilapidation et de destruction des valeurs et du patrimoine. 

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Membre, 36ans Posté(e)
Pensée philo Membre 2 099 messages
Mentor‚ 36ans‚
Posté(e)

Parler de racisées est raciste.

Ca sous-entend que les noirs sont une race mais que les blancs n'en sont pas une. Que sont alors les blancs ?

On dit officiellement que la race humaine n'existe pas. C'est une espèce. Il faut être cohérent.

 

La gauche est dans le déni du problème de l'immigration et la droite est dans l'hypocrisie puisqu'elle organise l'immigration, c'est le plan Kalergi, effacer la culture blanche européenne.

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Membre, 55ans Posté(e)
pentecote6703 Membre 203 messages
Forumeur forcené ‚ 55ans‚
Posté(e)

..... Quoi d'étonnant pour puisqu'ils sont toujours dans la victimisation permanente !

Et là victimisation des uns, c'est la diabolisation des autres.

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Membre, 53ans Posté(e)
Easle Membre 4 099 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, Marcuse a dit :

« Nettoyer au Kärcher » les quartiers populaires : vingt ans après, les propos de Nicolas Sarkozy résonnent encore. Ce racisme, « devenu raisonnable », a laissé une marque indélébile sur les personnes racisées.

Le 19 juin 2005, un enfant mourait à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Sidi-Ahmed Hammache, 11 ans, s’effondrait d’une balle qui ne lui était pas destinée, dans la cité des 4 000. Le lendemain, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, se rendait sur place. Dans l’intimité de l’appartement familial, il promettait : « Dès demain, on va nettoyer au Kärcher la cité des 4 000. »

Vingt ans plus tard, la formule n’a rien perdu de sa charge toxique. Le Kärcher, ce nettoyeur haute pression, « colle à la mémoire et à la peau » de celles et ceux que Nicolas Sarkozy a visés, selon la sociologue Kaoutar Harchi.

La phrase, d’une intense brutalité, est devenue un marqueur politique. Nicolas Sarkozy l’a répétée publiquement et l’a imposée dans l’espace médiatique. Depuis, elle ressort sur les plateaux télé et structure les débats sur les quartiers populaires.

« Ce n’était pas un dérapage, c’était une stratégie calibrée », selon Tarek Kawtari, militant historique des quartiers populaires. Une formule conçue pour marquer les esprits, flatter un électorat par l’autoritarisme et imposer une lecture sécuritaire du rôle de l’État. Elle ne désigne pas seulement un lieu, mais une population : les habitants des cités, souvent racisés. Devenus les cibles désignées, des corps suspects à surveiller, contenir, voire à supprimer.

La puissance de cette formule tient à ce qu’elle active plusieurs couches symboliques : le nettoyage, la saleté, l’indésirable. « C’est une métaphore puissante et violente, explique le politiste Pierre Gilbert, dirigée vers des vies qu’on sépare du reste du corps national, des groupes qu’on désigne comme radicalement autres. »

Un imaginaire hygiéniste et racialisant

Kaoutar Harchi y voit la résurgence d’une logique raciale ancienne : « La médecine, les sciences, la pensée coloniale ont légitimé le contrôle des corps indigènes pour les rendre inoffensifs. Le “nettoyage” s’inscrit dans cette histoire : une obsession de la séparation, de la ségrégation, de la mise à distance. »

Ce processus produit ce que Pierre Gilbert appelle une « altérisation » : la fabrication d’un ennemi intérieur, présumé coupable, exclu de compassion. « Déjà au XIXe siècle, les regroupements dans certains quartiers des classes populaires étaient perçus comme des foyers de danger. Au XXe siècle, les quartiers maghrébins étaient vus comme des soutiens potentiels du FLN, le Front de libération nationale, pendant la guerre d’Algérie. »

Pour Sarkozy, les jeunes d’Argenteuil sont des « racailles » dont il faut se « débarrasser »

La filiation était longue. Quand Jacques Chirac évoquait en 1991 le « bruit et de l’odeur », « il réanimait cette vision selon laquelle la moralisation des populations pauvres et non nationales passerait par leur “décrassage”, leur “lavage”. Car seul le “Blanc” ferait propre », poursuit Kaoutar Harchi.

En 1998, le ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement parlait de « sauvageons ». Puis vint Nicolas Sarkozy. En octobre 2005, celui-ci qualifiait les jeunes d’Argenteuil de « racailles » et s’engageait à les « débarrasser » — deux jours avant la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, et le déclenchement des émeutes dans les banlieues.

Élu président, il établissait un lien explicite entre immigration et délinquance, et pointait les « implantations sauvages de campements de Roms ». Derrière cette formulation, c’est une double disqualification qui s’opérait : d’un côté, l’illégalité supposée du lieu de vie ; de l’autre, l’idée implicite que certaines personnes précaires, nomades et racisées relèveraient du désordre.

 

https://reporterre.net/20-ans-apres-le-Karcher-de-Sarkozy-marque-toujours-les-quartiers-populaires

 

 

Kouatar Harchi y voit !  C'est à dire que c'est une interprétation, personnelle et très possiblement abusive. 

Car il ne semble pas voir en revanche que Sarkozy dit cela devant les parents, eux-mêmes de ce quartier et eux-mêmes assez probablement maghrébins d'origine, de Sidi-Ahmed Hammache. Ils ne les visent donc absolument pas.

Ils visent "des racailles" ! Donc loin d'être tous les habitants mais certains habitants (ou d'ailleurs pas habitants mais venant dans ces quartiers).

De même donc, dire que Pour Sarkozy, les jeunes d’Argenteuil sont des « racailles » dont il faut se « débarrasser », relève purement et simplement de la calomnie, et au sens tout ce qu'il y a de plus juridique !

Ce ne sont pas les jeunes qui sont visés, mais, parmi eux, ceux qui se conduisent comme des racailles.

L'utilisation de la confusion, de détournement des propos, et de l'amalgame gène dans certains sens mais visiblement beaucoup moins dans d'autres. Comme si le combat politique s'obligeait à devenir de plus en plus mensonger sur l'Autre, sur l'opposant qu'il faut salir coûte que coûte.

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Membre, 72ans Posté(e)
Cochise 90 Membre 3 275 messages
Mentor‚ 72ans‚
Posté(e)
Le 21/06/2025 à 05:31, versys a dit :

Marine le Pen reste à peine plus "soft" dans ses propos, mais l'image et le concept de nettoyage ethnique que suggère le programme de son parti reste assez comparable.

Marine le Pen se garde bien de détailler les méthodes de "nettoyage" qu'elle préconise.

La "rhétorique" change mais le principe et le niveau de racolage populiste sont les mêmes.

En attendant le Karcher on ne l'a pas vu, ce n'est pas le tout de jacter, il faut des cojonès pour l'installer et s'en servir; et comme ceux du conseil constitutionnel n'en ont pas.......

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Membre, Posté(e)
versys Membre 18 237 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, Cochise 90 a dit :

En attendant le Karcher on ne l'a pas vu, ce n'est pas le tout de jacter, il faut des cojonès pour l'installer et s'en servir; et comme ceux du conseil constitutionnel n'en ont pas.......

Les "cojones", à les entendre, le petit couple Le Pen/Bardella n'en manque pas.

RDV en 2027.

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