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satinvelours

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Je me rends compte que ma dénonciation de la dévalorisation de toute sensibilité poétique chez les scientifiques techniciens du forum me fait lentement prendre conscience que cette dévalorisation se propage rapidement dans tout le monde scientifique. Je ne voulais sans doute pas le voir, vu que cette lente obscurité poétique existait carrément dans ma famille d’origine. 
Un jour que, me promenant, avec le physicien de la famille dans la campagne j’avisais un immense cèdre du Liban, seul, en lisière d’un champ, je fus émerveillée et je lui montrais cet arbre majestueux avec ses larges branches horizontales. Il regarde et il commence à m’expliquer  pourquoi les branches sont horizontales en démarrant un speech scientifique ( c’est aussi un chimiste, un biologiste, un chercheur, etc). Je lui dis : j’entends bien, mais ne trouves tu pas cet arbre magnifique ? Il regarde et là je vois que, dans son regard, il n’y a pas un soupçon d’émotion, ni d’émerveillement. Je crus qu’il le faisait exprès. Pourtant il y a quelques années alors que j’avais emmené avec moi, au col d’Ispeguy, un ami à moi, ingénieur chez le grand pétrolier du coin ( à Pau), je lui montrais la vallée et je lui disais : n’est ce pas magnifique ? Et là je me rends compte qu’il ne voit rien, mais alors rien. Je dois reconnaître qu’il n’y a pas que les scientifiques du forum qui n’ont aucune sensibilité poétique. Et ce n’est pas tout, je lis Dehaene et voilà qu’il dévalue toute sensibilité poétique lui aussi, il méprise même. Je me souviens de Hawking qui lui dévalue Kant, le méprise ( en reconnaissant tout de même qu’il n’y comprend rien). 
Je commence seulement à m’apercevoir que quantité de scientifiques n’ont aucune sensibilité poétique, qu’ils sont dépourvus de tout ÉMERVEILLEMENT devant la nature, devant tout du reste. Ainsi la science fondée selon Einstein sur l’émerveillement attire aujourd’hui des gens qui n’en éprouve plus aucun. Et je pense que cette absence de tout sens poétique  porte en elle une grande partie de nos malaises actuels : nous avons laissé des gens acquérir de l’autorité  alors que sont de profonds handicapés. Leur mutilation intime, l’absence de tout émerveillement, mutile nos âmes et nos sociétés.

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le merle Membre 21 524 messages
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bonsoir

certains scientifiques ne sont insensibles  ,devant une belle équation , qui est une démonstration magistral  d'un problème mathématique .tout est encore une fois de plus  relatif ?

devant un majestueux Arbre tri- centenaire , l'amoureux de la Nature y verra une merveille de celle ci .le menuisier y calculera le nombre de planches pour fabriquer des meubles .

le tonnelier se demandera si le bois sera compatible pour fair des tonneaux pour conserver du vin ou de la bière ?

le charpentier de marine  y verra peut-être les membrures d'un solide voilier ?

tout est relatif encore une fois , suivant le principe bien connu : il faut de tout pour faire un monde .

bonne soirée

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Il y a 13 heures, le merle a dit :

bonsoir

certains scientifiques ne sont insensibles  ,devant une belle équation , qui est une démonstration magistral  d'un problème mathématique .tout est encore une fois de plus  relatif ?

devant un majestueux Arbre tri- centenaire , l'amoureux de la Nature y verra une merveille de celle ci .le menuisier y calculera le nombre de planches pour fabriquer des meubles .

le tonnelier se demandera si le bois sera compatible pour fair des tonneaux pour conserver du vin ou de la bière ?

le charpentier de marine  y verra peut-être les membrures d'un solide voilier ?

tout est relatif encore une fois , suivant le principe bien connu : il faut de tout pour faire un monde .

bonne soirée

L’émerveillement c’est autre chose. Mais je n’en suis encore venue là. Il y aussi la responsabilité de quiconque possède une autorité. Utiliser son autorité pour, comme le fait Dehaene, dévaluer la conscience dite phénoménale ( votre ressenti en somme) a des conséquences sociales. S’habituer à voir jour après jour de plus en plus de scientifiques dévaluer  tout ce qui relève de la Beauté, n’est pas sans conséquence.

Parce que l’émerveillement est une émotion qui reconnaît à cela qui émerveille : l’existence. 

Dévaluer la conscience, dévaluer l’émerveillement, c’est participer à l’extinction de cette générosité en soi : reconnaître l’existence à ce  devant quoi nous nous émerveillons. L’émerveillement ne renvoie pas seulement à soi mais aussi et surtout à l’autre. 
 

Ne plus reconnaître l’existence à ce qui n’est pas soi c’est participer à la destruction actuelle du monde. C’est l’accélérer. C’est exactement ce qui se passe. Quand nous aurons appris à mépriser notre propre conscience dite phénoménale, comme le fait Dehaene , alors nous ne reconnaîtrons même plus à nous même l’existence. Nous pourrons alors disparaître.
 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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La notion du Beau, la perception du Beau nous est donnée et c’est cette perception que nous saccageons. C’est la troisième critique de Kant que nous tenons pour rien.

Pourtant le sens du Beau est un sens qui nous révèle  une existence qui n’est pas la nôtre.  C’est la révélation de cette existence Autre qui nous conduit à respecter la nature pour ce qu’elle est : non pas un amas d’atomes mais une existence.

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Cette réflexion sur l’émerveillement me conduit à penser, voire à « ressentir » une existence, dans le monde, autre que la mienne, autre que celle des humains. En posant cette existence je me rends compte que c’est contre le principe de cette existence que se déchaînent les penseurs de notre civilisation. 

Quand le télescope James Webbs a fourni ses premières images, un astrophysicien, que j’apprécie, animé d’une sensibilité non réduite à la raison, s’écria : ce que l’on est en train de voir là, c’est l’aurore des vagues de la robe de la galaxie qui est en train de danser. Il personnifiait la galaxie mais cette personnification allait plus loin que le simple procédé  littéraire ( les figures de style) cette personnification exprimait ce sentiment : il y a là une EXISTENCE. 

Aussitôt nous avons eu droit au canular de Klein avec sa tranche de shorizo : il fallait tout de suite tuer cette poésie. Non il n’y a pas d’existence, il n’y a qu’un amas de particules. 


Quand  nous sortirons des années sombres qui nous attendent sans doute nous demanderons nous comment on a pu arriver à une telle négation. 


Mais cette négation me renvoie à une autre pensée.

Ceux qui détruisent le sentiment partent de l’idée que le sentiment est une simple perception d’un monde interne : ils reproduisent pour le sentiment ce que Berkeley posait pour la matière. La matière n’existe que dans notre esprit, nous connaissons tous l’idéalisme radical de Berkeley.

Je me rends compte que les nihilistes du sentiment, les scientifiques actuels le plus souvent, reprennent l’idéalisme radical de Berkeley concernant le sentiment. Le sentiment ne peut pas être corrélé à une réalité extérieure  à soi. Le sentiment ne peut pas être une information sur un monde qui ne serait pas interne à l’humain. C’est cet idéalisme radical des scientifiques actuels, concernant le sentiment, qui nous mènent au pire. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Le sentiment comme perception d’un monde extérieur à soi est, à vrai dire, considéré  comme tel par Heidegger. Mais les développements de Heidegger sur le sentiment, notamment sur l’angoisse, ouvrent sur des réalités, selon lui, qui laissent un peu sans voix. Bien sûr ses développements sur le Néant, et sur l’Etre, sont des performances intellectuelles, mais cette virtuosité n’ouvre sur rien qui soit vraiment saisissable dans la conduite de la vie quotidienne. En tout cas chez lui sa vie quotidienne ne fut guère exemplaire.
 

Le sentiment, pour moi, en première analyse, éveille à l’existence. C’est par le sentiment que je prends conscience de l’existence. Sartre décrit cela, à mon avis de manière très fabriquée, très intellectualisée, très copiée sur la philosophie de Heidegger, dans la Nausée. L’individu prend conscience de l’existence par la nausée. Ce qui est pour le moins étonnant. À titre personnel je prends conscience de l’existence par l’émerveillement. 
Mais l’existence dont nous prenons d’abord conscience ce n’est du tout la nôtre  c’est celle de ce qui nous entoure. Nous prenons d’abord conscience, par le sentiment, non de notre propre existence, mais de l’existence d’un Autre. C’est d’abord un « autre » qui se révèle à nous dans son existence. 
C’est cette révélation première que nous avons perdu de vue, en passant de la conscience de l’existence de l’autre, comme acte premier, à la conscience de l’existence de soi, acte second qui efface l’acte premier. 
C’est l’effacement de la conscience de l’existence de l’autre qui entraîne la chute de notre civilisation et peut être même la chute de notre humanité.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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L’intérêt que présente le philosophe Mehdi Belhadj Kacem est qu’il renouvelle complètement l’approche conceptuelle du monde. C’est remarquable de parvenir à penser le monde en sortant des poncifs grecs et monothéistes. Même s’il les reprend parfois pour leur donner néanmoins une autre perspective. Sans @hell-spawnje n’aurai jamais découvert ce philosophe. Je viens de commander « le système du pleonectique » et « Dieu, la mémoire, la techno science et le mal ». C’est toujours excitant de découvrir d’autres façons de penser un monde qui charrie sans cesse les mêmes poncifs. Et finalement il me paraît évident qu’une telle pensée ne pouvait venir que d’un homme qui a développé sa pensée hors du monde convenu de l’Université. 

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
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Le 13/06/2022 à 07:52, satinvelours a dit :

Comment donner sens à toute construction sachant que toute construction in fine est vouée à l’anéantissement ?

De même que devenir un adulte c'est en quelque sorte être capable de faire des choix par conviction et non par pure recherche égoïste de plaisir, devenir un "adulte spirituel" (désolé, c'est un peu laid), c'est peut-être agir selon une certaine foi, contre tout anéantissement (et donc sans égard pour les arrière-mondes). Pour la beauté du geste, en quelque sorte.

Quand j'étais petit, mon frère et moi construisions des châteaux de sable dans la partie de la plage destinée à être engloutie par la marée haute. Il fallait alors les protéger coûte que coûte, même si nous savions que nous allions inéluctablement finir par perdre. Mais en s'en foutait, car on s'amusait bien.

Il convient aussi de se rappeler que la science n'est finalement qu'un instrument à notre service, un modèle théorique et donc fictif qui nous permet de prédire les processus du monde et donc de les influer. Mais précisément, ce n'est qu'une fiction (bien qu'il soit sans doute dangereux de l'écrire de nos jours...).

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le merle Membre 21 524 messages
Maitre des forums‚
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bonjour

la science n'est pas un instrument illusoire ,nous lui devons notre modernité en partie .

elle construit des théories pour prospecter une grande partie de nos non connaissances .

elle peut-être bénéfique ou dangereuse car ceux qui héritent de ses découvertes , peuvent les utiliser à de mauvaises intentions ?

l'humain , lui même est imprévisible , il peut-être dangereux ou bénéfique ?

bonne soirée

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Il y a 5 heures, Dompteur de mots a dit :

De même que devenir un adulte c'est en quelque sorte être capable de faire des choix par conviction et non par pure recherche égoïste de plaisir, devenir un "adulte spirituel" (désolé, c'est un peu laid), c'est peut-être agir selon une certaine foi, contre tout anéantissement (et donc sans égard pour les arrière-mondes). Pour la beauté du geste, en quelque sorte.

Quand j'étais petit, mon frère et moi construisions des châteaux de sable dans la partie de la plage destinée à être engloutie par la marée haute. Il fallait alors les protéger coûte que coûte, même si nous savions que nous allions inéluctablement finir par perdre. Mais en s'en foutait, car on s'amusait bien.

Il convient aussi de se rappeler que la science n'est finalement qu'un instrument à notre service, un modèle théorique et donc fictif qui nous permet de prédire les processus du monde et donc de les influer. Mais précisément, ce n'est qu'une fiction (bien qu'il soit sans doute dangereux de l'écrire de nos jours...).

C’est compliqué cette histoire d’anéantissement. De ma part c’est une irritation non devant la science mais devant certains scientifiques. Il paraît que Bertrand Russel déprimait en pensant que l’univers était promis à la mort ( la mort in fine de toute vie). En lisant la dernière somme de Brian Greene je fus surprise de constater qu’il s’efforçait de démontrer qu’il n’y avait aucun espoir possible : nous disparaîtrions et toute vie aussi. Cette insistance à souligner et souligner encore la fin programmée de toute vie dans notre univers est d’ailleurs étonnante, étonnante insistance.  Si j’actualise cette prédiction ( je veux dire si je l’anticipe comme devant arriver demain ou dans un temps proche afin de bien la « sentir ») elle me pose en effet problème cette prédiction. Enfin pour le moment. Je peux concevoir la fin de l’humanité  sans que cela finalement m’empêche de continuer d’agir, il m’est plus difficile de penser que toute vie va disparaître.  Il semble bien que Russel n’a pas réussi à supporter mentalement cette fin annoncée ( selon Brian Greene). 

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
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Il y a 3 heures, satinvelours a dit :

C’est compliqué cette histoire d’anéantissement. De ma part c’est une irritation non devant la science mais devant certains scientifiques. Il paraît que Bertrand Russel déprimait en pensant que l’univers était promis à la mort ( la mort in fine de toute vie). En lisant la dernière somme de Brian Greene je fus surprise de constater qu’il s’efforçait de démontrer qu’il n’y avait aucun espoir possible : nous disparaîtrions et toute vie aussi. Cette insistance à souligner et souligner encore la fin programmée de toute vie dans notre univers est d’ailleurs étonnante, étonnante insistance.  

C'est le propre du scientifique de jouer des formules, tout comme le pianiste joue du piano. Pourquoi cela vous irrite-t-il ? Auriez-vous la tentation de tirer sur les messagers ?

Il y a 3 heures, satinvelours a dit :

Si j’actualise cette prédiction ( je veux dire si je l’anticipe comme devant arriver demain ou dans un temps proche afin de bien la « sentir ») elle me pose en effet problème cette prédiction.

Franchement, je ne vois pas pourquoi la pensée de l'anéantissement prochain de ce pour quoi vous vivez vous laisserait indifférent(e?). Ce qui permet de sauter par-dessus la pensée scientifique de l'anéantissement, c'est précisément le fait qu'elle se situe dans un horizon temporel que nous ne pouvons même pas imaginer.

Mais admettons que d'ici 50 ans les scientifiques puissent statuer que l'anéantissement de la vie sur terre dans un horizon temporel humainement appréciable est désormais inéluctable en raison de l'état de la crise écologique, je pense que nous aurions une excellente raison de devenir cinglés.

Il y a 3 heures, satinvelours a dit :

Enfin pour le moment. Je peux concevoir la fin de l’humanité  sans que cela finalement m’empêche de continuer d’agir, il m’est plus difficile de penser que toute vie va disparaître.

Je comprends ce que vous voulez dire. Il y a un poète ici qui chante que "la fin de l'homme ne sera pas la fin du monde". Je trouve cette idée étrangement réconfortante. C'est peut-être à la pensée que nous, misérables humains, nous inscrivons au sein de quelque chose de plus grand. C'est donc une idée qui appelle une sorte de foi. Peut-être que celle de l'anéantissement de tout appelle une foi autrement plus immense.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Il y a 9 heures, Dompteur de mots a dit :

C'est le propre du scientifique de jouer des formules, tout comme le pianiste joue du piano. Pourquoi cela vous irrite-t-il ? Auriez-vous la tentation de tirer sur les messagers ?

Franchement, je ne vois pas pourquoi la pensée de l'anéantissement prochain de ce pour quoi vous vivez vous laisserait indifférent(e?). Ce qui permet de sauter par-dessus la pensée scientifique de l'anéantissement, c'est précisément le fait qu'elle se situe dans un horizon temporel que nous ne pouvons même pas imaginer.

Mais admettons que d'ici 50 ans les scientifiques puissent statuer que l'anéantissement de la vie sur terre dans un horizon temporel humainement appréciable est désormais inéluctable en raison de l'état de la crise écologique, je pense que nous aurions une excellente raison de devenir cinglés.

Je comprends ce que vous voulez dire. Il y a un poète ici qui chante que "la fin de l'homme ne sera pas la fin du monde". Je trouve cette idée étrangement réconfortante. C'est peut-être à la pensée que nous, misérables humains, nous inscrivons au sein de quelque chose de plus grand. C'est donc une idée qui appelle une sorte de foi. Peut-être que celle de l'anéantissement de tout appelle une foi autrement plus immense.

Il y a (probablement ou certainement) à un moment donné un acte de foi. Je peux m’affronter, en m’appuyant sur une attitude rationnelle, à ma propre mort, à celle de l’humanité, à celle de l’univers et même à celle de la vie, et pourtant, laissant cheminer en moi cette information dévastatrice, soudain rencontrer un désir, ou une volonté, venue peut être  des entrailles, qui dit : quoi qu’il en soit je vis. Et je décide de vivre. Toutes les raisons de cesser tous combats sont alors subverties  par cet acte de foi : vivre quand bien même toutes les raisons clament qu’il est inutile de vivre, quand bien même la raison, dans une ultime attaque, tente alors de détruire cet acte de foi parce que c’est un acte de foi.

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Il y a 4 heures, satinvelours a dit :

Il y a (probablement ou certainement) à un moment donné un acte de foi. Je peux m’affronter, en m’appuyant sur une attitude rationnelle, à ma propre mort, à celle de l’humanité, à celle de l’univers et même à celle de la vie, et pourtant, laissant cheminer en moi cette information dévastatrice, soudain rencontrer un désir, ou une volonté, venue peut être  des entrailles, qui dit : quoi qu’il en soit je vis. Et je décide de vivre. Toutes les raisons de cesser tous combats sont alors subverties  par cet acte de foi : vivre quand bien même toutes les raisons clament qu’il est inutile de vivre, quand bien même la raison, dans une ultime attaque, tente alors de détruire cet acte de foi parce que c’est un acte de foi.

En fait, vivre requiert toujours un acte de foi, entendu que la vie n'a aucune utilité réelle que la raison puisse établir. La différence est que le gouffre qu'il s'agit de sauter pour effectuer cet acte de foi dans le cours habituel des choses est moins grand.

Nous pourrions décrire ce gouffre comme étant ce qui sépare notre monde affectif, intuitif, instinctif de notre raison. De manière générale, la raison consiste précisément en ce processus intérieur par lequel nous suspendons nos élans afin de préciser nos actes. En temps normal, nos élans ploient aisément la suspension imposée par notre raison. Nos enfants, nos parents, nos amis, nos valeurs: tout cela nous pousse à aller de l'avant malgré l'absurdité immanente des choses. La raison en est que ces choses nous poussent vers quelque chose de plus grand que nous, quelque chose que nous ne pouvons parfaitement appréhender et qui par conséquent nous tire justement de l'absurdité des choses.

Les choses sont absurdes lorsqu'elles ne mènent pas à quelque chose de plus grand que nous. Une procédure bureaucratique est absurde lorsqu'elle n'a de fin qu'elle-même. Lorsque l'on remplit de la paperasse que pour remplir de la paperasse.

S'il était annoncé que la fin du monde aura lieu dans 50 ans, c'est le "plus grand que nous" qui aurait l'air d'avoir soudain rapetissé. La vie s'apparenterait soudainement un peu plus à une procédure bureaucratique absurde: on ne vivrait plus que pour vivre. Le saut de la foi serait plus difficile à effectuer. Sans doute continuerions-nous de vivre pour les autres et pour les choses pour lesquelles nous vivons habituellement mais sans doute devrions-nous aussi nous en remettre à quelque d'autre, quelque chose de plus abstrait, à une grandeur cosmique. Nous nous creuserions la tête pour tenter de comprendre en quoi peut consister une telle grandeur cosmique et, précisément, ce creusage de tête ne serait autre que l'acte de la raison venant se frotter au gouffre à franchir.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Il y a 20 heures, Dompteur de mots a dit :

En fait, vivre requiert toujours un acte de foi, entendu que la vie n'a aucune utilité réelle que la raison puisse établir. La différence est que le gouffre qu'il s'agit de sauter pour effectuer cet acte de foi dans le cours habituel des choses est moins grand.

Nous pourrions décrire ce gouffre comme étant ce qui sépare notre monde affectif, intuitif, instinctif de notre raison. De manière générale, la raison consiste précisément en ce processus intérieur par lequel nous suspendons nos élans afin de préciser nos actes. En temps normal, nos élans ploient aisément la suspension imposée par notre raison. Nos enfants, nos parents, nos amis, nos valeurs: tout cela nous pousse à aller de l'avant malgré l'absurdité immanente des choses. La raison en est que ces choses nous poussent vers quelque chose de plus grand que nous, quelque chose que nous ne pouvons parfaitement appréhender et qui par conséquent nous tire justement de l'absurdité des choses.

Les choses sont absurdes lorsqu'elles ne mènent pas à quelque chose de plus grand que nous. Une procédure bureaucratique est absurde lorsqu'elle n'a de fin qu'elle-même. Lorsque l'on remplit de la paperasse que pour remplir de la paperasse.

S'il était annoncé que la fin du monde aura lieu dans 50 ans, c'est le "plus grand que nous" qui aurait l'air d'avoir soudain rapetissé. La vie s'apparenterait soudainement un peu plus à une procédure bureaucratique absurde: on ne vivrait plus que pour vivre. Le saut de la foi serait plus difficile à effectuer. Sans doute continuerions-nous de vivre pour les autres et pour les choses pour lesquelles nous vivons habituellement mais sans doute devrions-nous aussi nous en remettre à quelque d'autre, quelque chose de plus abstrait, à une grandeur cosmique. Nous nous creuserions la tête pour tenter de comprendre en quoi peut consister une telle grandeur cosmique et, précisément, ce creusage de tête ne serait autre que l'acte de la raison venant se frotter au gouffre à franchir.

Quand la raison fait face au gouffre qui s’ouvre devant soi elle recourt alors à des imaginaires, non pas fous, mais tels qu’ils permettent de continuer d’agir. L’acte de foi, vivre, appelle à d’autres actes : agir, de manière de continuer d’aller vers une grandeur ( je reprends vos mots) ou de manière à continuer de construire une architecture sans cesse plus vaste, comme une immense cathédrale jamais achevée ( ce sont mes mots, mon visuel). 
C’est quand nous cherchons à poser ces actes que ça devient difficile parce que les perspectives ou encore les possibilités d’action se sont réduites. 
Nous pouvions encore, il y a peut être 50 ans penser que notre action politique allait changer le monde, je crois qu’il est devenu difficile de tenir cette position. Il semble que les perspectives d’action se limitent actuellement à des aires plus modestes. Il y a toujours l’action sociale dans notre modeste aire d’action, et aussi bien sûr la transmission. Mais il y a un rétrécissement des possibilités d’action de création, de construction. Mais il s’agit probablement d’un moment historique qui fait suite à un moment aujourd’hui révolu où nous pensions qu’il était possible de tout construire ou  rénover dans les grandes largeurs.

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Dompteur de mots Membre 1 841 messages
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Il y a 9 heures, satinvelours a dit :

Quand la raison fait face au gouffre qui s’ouvre devant soi elle recourt alors à des imaginaires, non pas fous, mais tels qu’ils permettent de continuer d’agir. L’acte de foi, vivre, appelle à d’autres actes : agir, de manière de continuer d’aller vers une grandeur ( je reprends vos mots) ou de manière à continuer de construire une architecture sans cesse plus vaste, comme une immense cathédrale jamais achevée ( ce sont mes mots, mon visuel).

J'aime la nuance syntaxique vous apportez en parlant de construire plutôt que d'aller vers ce que j'appelais la grandeur.

Il y a 9 heures, satinvelours a dit :

C’est quand nous cherchons à poser ces actes que ça devient difficile parce que les perspectives ou encore les possibilités d’action se sont réduites. 
Nous pouvions encore, il y a peut être 50 ans penser que notre action politique allait changer le monde, je crois qu’il est devenu difficile de tenir cette position. Il semble que les perspectives d’action se limitent actuellement à des aires plus modestes. Il y a toujours l’action sociale dans notre modeste aire d’action, et aussi bien sûr la transmission. Mais il y a un rétrécissement des possibilités d’action de création, de construction. Mais il s’agit probablement d’un moment historique qui fait suite à un moment aujourd’hui révolu où nous pensions qu’il était possible de tout construire ou rénover dans les grandes largeurs.

Oui... Je vais utiliser un gros mot mais peut-être le monde d'aujourd'hui a-t-il quelque chose de plus... totalitaire ? Comme si la prégnance du système consumériste, d'une pensée narcisso-cynico-hédoniste sur les individus avait quelque chose de plus profond, de plus ancré.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Je commence seulement à comprendre ce que Dehaene et d’autres comme Brian Greene veulent dire quand ils tiennent la conscience dite phénoménale ( le mental) pour peu de chose. C’est qu’ils émettent l’idée que c’est le cerveau qui pense, et non un esprit éthéré. Le cerveau pense et cette pensée est manifestée simultanément par une activité neuronale et par une activité mentale. L’activité  neuronale suffit à rendre compte de la pensée.  Du coup c’est réversible, penser c’est l’activité neuronale qui, selon Dehaene, est une activité qui met en relation tel ou tel secteur cérébral. C’est tellement contraire à mes habitudes de penser que je ne parvenais pas à comprendre. Je restais collée à l’idée que c’était « moi » qui pensait et non le cerveau ( du coup qu’est ce que le moi ?) Cela signifie que tout ce que j’écris là c’est la manifestation d’une activité cérébrale.  Des cerveaux écrivent à des cerveaux. Mon cerveau se manifeste dans une pensée qu’il détermine. En fait je suis mon cerveau. C’est ce qu’avait compris je ne plus quel philosophe de l’esprit qui, pour contrer les neuros, écrit un livre pour dire : je ne suis pas mon cerveau. Il est possible que je ne sois pas mon cerveau mais il est possible aussi que je le sois. En tout cas cette hypothèse ( je suis mon cerveau) est tellement iconoclaste qu’elle est difficile à accepter meme  comme simple hypothèse. Je me demande quelles conséquences tirer de cette hypothèse ( déjà il faut parvenir à l’accepter). 
Mais je comprends mieux maintenant pourquoi nombre de chercheurs finissent par dire : la conscience  ( phénoménale) ne sert à rien. En tout cas elle existe. Et c’est là le problème. Comment une conscience qui ne sert à rien peut elle exister ? C’est assez compliqué tout cela. Si les neuros ont raison alors l’esprit en effet, en tant que réalité en soi,  n’existe plus. C’est assez violent mais ça tient la route. Tout de même il reste à tenter de comprendre ce que bien bien être le mental et à se demander si la conscience dite phénoménale ne sert vraiment à rien ( il est possible qu’elle soit une »forme » de l’information par ailleurs cérébrale, forme qui permettrait un échange d’information entre individus). En tout cas c’est à fouiller.

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Il y a 9 heures, Dompteur de mots a dit :

J'aime la nuance syntaxique vous apportez en parlant de construire plutôt que d'aller vers ce que j'appelais la grandeur.

Oui... Je vais utiliser un gros mot mais peut-être le monde d'aujourd'hui a-t-il quelque chose de plus... totalitaire ? Comme si la prégnance du système consumériste, d'une pensée narcisso-cynico-hédoniste sur les individus avait quelque chose de plus profond, de plus ancré.

J’ai le sentiment que tout ce que vous relevez, dans votre critique générale, le totalitarisme, le système consumériste, la pensée narcissi-cynico-hédoniste, sont des conséquences de mouvements sociaux plus vastes, mouvements dont l’essence nous échappe complètement. Ces mouvements sociaux mondiaux peuvent en effet engendrer des réactions morales désolantes  telles que le nihilisme, le pansexualisme, le nationalisme, etc. mais je vois ces impasses morales comme des conséquences, des réactions éperdues face à l’incompréhensible. 
J’ai le sentiment que quelque « chose » nous pilote et poursuit son chemin, comme si cette « chose » elle même était en création. Quelque chose de vaste, d’océanique, assez puissante pour sculpter la matière même de l’univers, assez fine pour rester attentive à chaque geste même d’une fourmi. Quelque chose d’énorme. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Homo deus, Harari, « Daniel Dennet et Stanislas Dehaene soutiennent que l’on peut répondre à toutes les questions pertinentes en étudiant l’activité cérébrale sans recourir à des expériences subjectives. Les chercheurs peuvent donc sans risque rayer « esprit », « conscience » et « « expériences subjectives » de leur vocabulaire et de leurs articles »

Là Harari exagère. C’est la conscience dite mentale ou phénoménale que Dehaene raye de son vocabulaire, mais il garde la conscience cérébrale, conscience qui consiste en une activité cérébrale spécifique de traitement  de l’information. 
 

Tout de même c’est énorme ce rejet du mental, comme étant inutile. Donc même si demain je perds tout ressenti, toute conscience de moi, si je disparais donc en conscience ( mentale) je continuerai néanmoins de vivre tranquille car ma conscience cérébrale continuerait de tourner. Ça donne le vertige ce truc. Je comprends que tant de physiciens et chimistes bossent là dessus.. Si la chimie déconnecte la conscience cérébrale de la conscience mentale boum ! plus aucune souffrance ressentie par exemple. La souffrance versus cerveau continuerait de tenir son rôle. En revanche si on réalise la déconnection plus de son ! Mais les ondes acoustiques continueront d’être traitées par le cerveau. En fait c’est quasiment inimaginable ce truc. Mais c’est puissant.

Tout de même le mental existe ! Alors à quoi il sert ? Aux dernières nouvelles les scientifiques ne le savent pas. 

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satinvelours Membre 3 006 messages
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Qu’est ce que cela change si je retiens l’inutilité ( pour le moment apparente) de la conscience mentale ? En fait tout est transféré sur le cerveau. C’est le cerveau qui pense. Cette hypothèse fait bondir religieux et philosophes qui veulent croire que c’est soit l’esprit soit le moi qui pense.  Mais si je pars de l’hypothèse que c’est le cerveau qui pense alors je peux considérer que cet esprit des religieux ou ce moi des philosophes sont eux mêmes des concepts fabriqués par le cerveau dans le cadre de son évolution. Et que nous sommes arrivés à un point de l’évolution où ces concepts perdent leur fonction.

Étrangement si par exemple, regardant mon fils, je me dis, lorsqu’il me parle, « un cerveau pense », c’est avec un regard encore plus émerveillé que je le regarde.  Cela signifie qu’alors que, pour religieux et philosophes la matière est dégradée pour moi la matière est au contraire un phénomène fantastique. 
 

Il reste tout de même à voir les conséquences d’un tel transfert de la pensée, du moi au cerveau. Il reste aussi à considérer la fonction du mental qui, quoiqu’en pensent les neuros existe. Quelle est sa fonction ?

Sinon sur le plan pratique, quand je suis sur le forum par exemple, je peux dire : cette personne là, quand elle pense, c’est un cerveau qui pense. Ça change quoi ? Ça change que ce n’est plus un « moi » qui pense mais un cerveau étiqueté avec un avatar. Peu importe l’avatar, homme, femme, jeune, vieux, etc. l’avatar est un signe qui désigne un cerveau.

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