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La détresse du présent


InstantEternité

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
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Le 04/08/2019 à 17:29, sirielle a dit :

à mon sens l'erreur consisterait à trop se bercer d'optimisme,

l'optimisme nous rend heureux, pourquoi ne pas se laisser bercer par l'idée que le monde est beau ?

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le 30/07/2019 à 00:35, InstantEternité a dit :

"Il y aurait bien une recette contre les philosophies pessimistes et la sensibilité hypertrophiée, qui me semble être la véritable « détresse du présent » : mais peut-être la recette fait-elle déjà entendre trop de cruauté et la compterait-on au nombre des indices sur la base desquels on établit maintenant ce jugement : « L’existence est quelque chose de mauvais. » Eh bien ! La recette contre « la détresse », la voici : c’est la détresse." (Nietzsche - La Gai Savoir)

-> Comment la « détresse » peut-elle être une remède à elle-même ?

Heidegger a écrit une pensée semblable:

"La douleur qu’il faut d’abord éprouver et dont il faut soutenir le déchirement jusqu’au bout est la compréhension et la connaissance que l’absence de détresse est la détresse suprême et la plus cachée, qui, du plus loin qu’elle soit, commence à peser sur nous. L’absence de détresse consiste en ceci: on se figure que l’on a bien en main le réel et la réalité et qu’on sait ce qu’est le vrai, sans qu’on ait besoin de savoir où réside la vérité."

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Le 01/08/2019 à 00:35, Blaquière a dit :

» Eh bien ! La recette contre « la détresse », la voici : c’est la détresse." (Nietzsche - La Gai Savoir) 

C'est dire qu'il ne faut pas sortir de la détresse qui est la vraie conscience de l'absurdité du monde. Il faut se l'approfondir, se la creuser, s'y noyer !  Y échapper serait un faux fuyant.  Il s'agit alors de s'y habituer. Vivre avec en permanence. En faire son état normal. Ça a un petit côté maso quand même !

Je devrais pas le dire, mais Nietzsche fait un peu son original....  C'est du pur paradoxe.

Ta réflexion illustre bien le rapport ambigu que la philosophie entretient avec la logique. Certains penseurs vont exiger que toute philosophie soit soumise à une logique implacable, que la cohérence de ses propositions soit impeccable, afin de s'élever jusqu'à une teneur scientifique.

Il m'appert (je sais que tu aimes ce verbe) cependant que le rôle de la philosophie est de faire naître des réflexions, que son optique est l'approfondissement de l'homme par lui-même et qu'à ce titre, son meilleur outil est de créer des images, comme le fait précisément Nietzsche dans ce cas-ci, afin de bousculer les habitudes de pensée, de défaire les schémas langagiers incrustés, etc. Et cela prend souvent la forme de paradoxes:

Citation

Le paradoxe: froissement, mauvais pli dans la toile langagière qui recouvre notre monde, déchirure, plaie par laquelle s’écoulent les mots et au milieu de laquelle le philosophe vient se placer, lui-même manieur de couteau, révélateur de cette fragile pellicule qui enchâsse ce que nous appelons notre monde, et à la fois petite plaquette sanguine chétive étirant ses tentacules, cherchant désespérément à trouver quelque prise qui lui permette d’endiguer la fuite. En révélant le paradoxe, le philosophe provoque une blessure qui a le pouvoir de revivifier.

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 05/08/2019 à 10:46, InstantEternité a dit :

Par "Foi en un idéal" j'entends la croyance en Dieu.

C'est marrant comme on réagit ! Moi, quand l'ai lu "foi en un idéal", j'ai pas du tout pensé à Dieu, l'ai pensé à un idéal socialiste, communiste !... en ce moment ceux qui nous dirigent semblent avoir foi en le libéralisme...  'A moins qu'ils pensent simplement "tant qu"on y est on en profite !" Il faut malgré tout une certaine élévation d'esprit pour avoir un idéal. Je doute que ce soit leur cas...

(Détresse du présent : Comme dirait De Rugy : "Homard m'a tuer !' Hier j'ai pensé ça, ça m'a fait rire !)

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 5 heures, Dompteur de mots a dit :

Le paradoxe: froissement, mauvais pli dans la toile langagière qui recouvre notre monde, déchirure, plaie par laquelle s’écoulent les mots et au milieu de laquelle le philosophe vient se placer,

qu'est-ce qui est paradoxal selon vous ?

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Membre, 38ans Posté(e)
sirielle Membre 9 752 messages
Maitre des forums‚ 38ans‚
Posté(e)
Le 05/08/2019 à 23:01, g.champion a dit :

l'optimisme nous rend heureux, pourquoi ne pas se laisser bercer par l'idée que le monde est beau ?

Tant que cet optimisme est assez fondé il est effectivement bénéfique, voire constructif. Mais s'il est illusoire, ou par exemple trop exclusivement axé sur le progrès technique et la dépendance alors induite, il peut freiner ou faire obstacle aux efforts nécessaires à l'essentiel de la réussite personnelle. Or Friedrich Nietzsche, par sa quête de puissance, prône le dépassement de soi, et se méfie de la médiocrité complaisante car compensée.

Citation

Nietzsche redoute que, sous le couvert de son optimisme moral, le socialisme n'instaure la domination du Dernier Homme, ce parasite de la vie à l'abri d'une société égalitaire, qui fait du bonheur, gagé sur la technique, sa nouvelle idole. Le nihilisme passif surgit alors, pour relever le défi de la lucidité intransigeante.

https://www.universalis.fr/encyclopedie/nihilisme/3-la-logique-du-nihilisme/

 

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Membre, 44ans Posté(e)
InstantEternité Membre 1 134 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

"Nietzsche redoute que, sous le couvert de son optimisme moral, le socialisme n'instaure la domination du Dernier Homme, ce parasite de la vie à l'abri d'une société égalitaire, qui fait du bonheur, gagé sur la technique, sa nouvelle idole. Le nihilisme passif surgit alors, pour relever le défi de la lucidité intransigeante."

 

-> Quel visionnaire quand même ! Il avait décrit exactement ce qu'il allait nous arriver il y a plus d'un siècle déjà...

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Il y a 1 heure, InstantEternité a dit :

"Nietzsche redoute que, sous le couvert de son optimisme moral, le socialisme n'instaure la domination du Dernier Homme, ce parasite de la vie à l'abri d'une société égalitaire, qui fait du bonheur, gagé sur la technique, sa nouvelle idole. Le nihilisme passif surgit alors, pour relever le défi de la lucidité intransigeante."

 

-> Quel visionnaire quand même ! Il avait décrit exactement ce qu'il allait nous arriver il y a plus d'un siècle déjà...

En effet il est saisissant, pour le coup, Nietzsche. Dans le rôle du nihiliste passif je trouve que @Blaquièreest vachement bon.

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
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Il y a 15 heures, g.champion a dit :

qu'est-ce qui est paradoxal selon vous ?

Ce qui, contradictoirement, met la lumière sur un point de vue pré-logique ou irrationnel, prend le contre-pied des certitudes logiques, de la vraisemblance.

Par exemple ce titre d'un ouvrage de Markus Gabriel: "Pourquoi le monde n'existe pas".

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, Dompteur de mots a dit :

Ce qui, contradictoirement, met la lumière sur un point de vue pré-logique ou irrationnel, prend le contre-pied des certitudes logiques, de la vraisemblance.

Par exemple ce titre d'un ouvrage de Markus Gabriel: "Pourquoi le monde n'existe pas".

Tu as raison, mais à chaque fois, il faut juger sur pièces... Il est des paradoxes qui questionnent, qui bousculent incitent à la réflexion, comme celui que tu cites ou celui de Nietzsche, et y'a des "paradoxes spectacles" qui figent la réflexion par la fascination.... .je pense à BHL qui dit un truc du genre "Hitler n'est pas mort, il a gagné la guerre !"

Bon, peut-être que j'ai des idées préconçues et que tout paradoxe est spectacle et/ ou que tout paradoxe incite à la réflexion, à se poser des questions ... en plus, ce n'est pas le sujet !

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 19 heures, Dompteur de mots a dit :

prend le contre-pied des certitudes logiques

ce serait cela la détresse du présent ?

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

La détresse du présent...

M'inspire vraiment...

Ce titre me plaît bien,

Il est le tien

Et je ne veux pas polluer

Ce beau sujet. Je m'y suis englué !

Dont je me cache !

Point ne te fâche !

Que les âmes sensibles et raffinés

Passent outre sans lambiner !


 

Révélation

 

Les fesses

De ma maîtresse,

Me pressent

Dont "je me dresse"...

Céans !

Ses tresses,

Avec adresse,

Et sans paresse

Me caressent :

J'en plonge dans l'océan !

Ah ! quelle ivresse !

Enchanteresse

Oh la bougresse !

C'est une ogresse...

Au con béant !

Tout m'intéresse

De son séant :

C'est ma détresse

Du présent...

 

 

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 8 heures, g.champion a dit :

ce serait cela la détresse du présent ?

Non, ça n'a absolument aucun rapport. Tout ceci n'est qu'une digression par rapport à l'utilité des paradoxes à l'égard de la réflexion.

Par rapport à la détresse du présent, je pense que la citation de Heidegger que j'ai postée explicite bien le propos de Nietzsche. Elle signifie, selon ma compréhension, que l'homme qui ne vit pas son inévitable détresse d'être jeté dans ce monde et ne l'assume pas, qui la troque pour une aisance fondée par exemple sur le conformisme, et bien cet homme-là est un faible et derrière son aisance à la con, il fait dans son froc.

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 23 heures, Blaquière a dit :

 y'a des "paradoxes spectacles" qui figent la réflexion par la fascination.... .je pense à BHL qui dit un truc du genre "Hitler n'est pas mort, il a gagné la guerre !"

Bon, peut-être que j'ai des idées préconçues et que tout paradoxe est spectacle et/ ou que tout paradoxe incite à la réflexion, à se poser des questions ... en plus, ce n'est pas le sujet !

Disons que chaque paradoxe pourrait potentiellement être évalué selon quelque chose comme un indice de paradoxalité qui serait proportionnel à la propension d'un paradoxe à nous faire réfléchir. La citation de BHL que tu cites aurait un indice de paradoxalité assez bas, dans la mesure où ce sont des mots qui accrochent, qui suscitent la curiosité (et cela est, ma foi, la condition minimale de toute réflexion) mais leur effet retombe assez rapidement parce qu'on devine très rapidement sur quel genre de proposition BHL veut nous faire retomber. BHL ne fait que créer un accroc dans la toile des mots, des idées reçues (je juge de manière purement intuitive parce que je n'ai aucune idée du contexte de cette citation). Au contraire, les paradoxes qui ont des indices de paradoxalité monstre créent des brèches dans la toile des mots qu'on ne peut pas vraiment colmater. Il est possible que la paradoxe de la détresse de Nietzsche et de Heidegger appartienne à cette catégorie: nous pouvons tisser des discours à partir de ce paradoxe mais le champ de réflexion semble rester ouvert, car il renvoie à une réalité métaphysique que les mots ne peuvent pas épuiser.

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 4 heures, Dompteur de mots a dit :

"Hitler n'est pas mort, il a gagné la guerre !"

en quoi est-ce un paradoxe, selon vous ?

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)
Il y a 15 heures, g.champion a dit :

en quoi est-ce un paradoxe, selon vous ?

Le paradoxe est d'affirmer quelque chose que tout le monde, y compris l'auteur, sait être faux - à savoir que Hitler a gagné la guerre et qu'il est en vie.

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
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Il y a 18 heures, Dompteur de mots a dit :

Hitler a gagné la guerre et qu'il est en vie.

ça peut vouloir dire que Hitler est toujours vivant dans les esprits (une façon de dire qu'il est présent avec son projet) ? si on prend à la lettre la phrase, cela semble une proposition fausse ? Un paradoxe est une proposition qui se nie elle-même comme le paradoxe du menteur ?

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Le 07/08/2019 à 00:13, sirielle a dit :

Tant que cet optimisme est assez fondé il est effectivement bénéfique, voire constructif. Mais s'il est illusoire, ou par exemple trop exclusivement axé sur le progrès technique et la dépendance alors induite, il peut freiner ou faire obstacle aux efforts nécessaires à l'essentiel de la réussite personnelle.

l'optimisme est une sorte de foi, de pari sur ce qui va venir et on dit que la foi soulève les montagnes ou qu'en tout cas, elle ouvre sur le possible toujours mieux que le fait de râler, de se plaindre ..

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Membre, 38ans Posté(e)
sirielle Membre 9 752 messages
Maitre des forums‚ 38ans‚
Posté(e)
Il y a 8 heures, g.champion a dit :

l'optimisme est une sorte de foi, de pari sur ce qui va venir et on dit que la foi soulève les montagnes ou qu'en tout cas, elle ouvre sur le possible toujours mieux que le fait de râler, de se plaindre ..

Il y a du vrai. Mais pour ma part j'aime râler parfois aussi, ou plus précisément lutter contre ce qui me déplait et me nuit le cas échéant. Du moment qu'il s'agit de stratégies assez légères et constructives. Comme la détresse peut parfois en générer. C'est une façon parmi d'autres de favoriser le bonheur à mes yeux, que d'identifier clairement ses ennemis, y compris par extériorisation, et ce qui en fait des ennemis. L'ennemi représentant l'antivaleur. L'ignorer excessivement tend à conduire d'ailleurs à la complicité ou à la négligence.

Citation

"La plus belle des ruses du diable est de nous persuader qu'il n'existe pas." Charles Baudelaire

C'est ce qui fait d'ailleurs à mon sens de la détresse (sentiment) une "recette" intéressante à la détresse (situation) elle-même, sachant que la recette n'est ni les ingrédients ni le résultat final, mais seulement le mode d'emploi d'un objectif. Elle détient la solution à elle-même en déplorant ses causes et donc en s'y opposant. Or c'est de s'y opposer qui peut être un moyen de sortir d'une situation nocive, voire de s'en préserver, et non pas de s'y complaire.

(De plus il est plus aisé d'être focalisé sur certains problèmes prioritaires lorsqu'on n'est pas trop sensible à d'autres plus secondaires, ce qui permet davantage d'aller à l'essentiel philosophiquement.)

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 15 heures, sirielle a dit :

[la détresse] ...détient la solution à elle-même en déplorant ses causes et donc en s'y opposant

ce n'est déjà plus alors la détresse ?

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