Racisme et superstitions

          La différence a de tous temps inspiré la méfiance, mais plus encore à des époques où l'on n'y était pas forcément accoutumé. Beaucoup de superstitions ont de ce fait pris racine dans la xénophobie, pour l'entretenir et l'aggraver par la suite. Dans les pays arabes par exemple, existe ce dicton : "Méfie-toi de l'œil bleu". C'est vrai que cette couleur d'yeux n'est pas courante dans ces contrées. On imagine aisément le calvaire de l'homme aux yeux bleus dans le bled.

Aux Etats-Unis, du temps de la suprématie des Blancs, les gens de couleur étaient parfois de bon augure, parfois pas. Ainsi la première passagère du matin dans un tramway : si elle était de couleur et qu'elle avait craché sur la marche en montant, elle offrait une journée chanceuse au véhicule tout entier, chauffeur et passagers inclus. Merci madame !

Se tirer l'oreille à la vue d'une personne de couleur portait chance, par contre : si au commencement d'un projet la première personne rencontrée n'était pas blanche, cela devait inciter à la prudence. Rencontrer un Noir en quittant sa maison portait malheur.

Voir cent personnes de couleur sans croiser un seul Chinois était propice à la réussite de ses entreprises à la condition qu'on touche chaque fois sa main gauche avec son pouce droit humide de salive.

Il était prétendu que les Noirs étaient les descendants de Caïn noirci par Dieu après le meurtre de son frère Abel. Il fut également dit d'eux qu'ils étaient les descendants de Cham, maudit pour avoir découvert (malgré lui) la nudité de son père Noé complètement ivre. Une croyance qui fut matière à prétexte dans le milieu négrier du temps de la traite des Noirs.

          Les Juifs ont aussi longtemps été au centre de bien des superstitions. L'Europe antisémite d'autrefois foisonne d'histoires d'enfants assassinés par des Juifs selon le principe du meurtre rituel. Au XIV° siècle ils furent même accusés d'empoisonner les puits et les fontaines pour répandre la peste. Ils furent souvent tenus pour responsables de cette épidémie.

Les gens croyaient dur comme fer au Juif errant condamné à errer jusqu'à la fin des temps pour avoir injurié le Christ sur son chemin de croix. Le personnage fut signalé à Beauvais en 1604, à Bruxelles en 1640 et à Leipzig en 1642. La légende veut que son apparition soit toujours accompagnée de violentes tempêtes.

C'est suite à son passage dans les Alpes, jadis couvertes de moissons, que les montagnes se couvrirent de sombres forêts de sapins dans un premier temps, puis dans un second de glaciers : ceci par décret céleste afin de l'empêcher de passer.

          Les Bohémiens, tous confondus -Tziganes, Gitans, etc.- passaient quant à eux pour des sorciers, si ce n'est des sortes de démons. On leur attribuait le mauvais œil, on les accusait d'anthropophagie et de se livrer à des orgies comparables à des sabbats. Aussi d'engendrer des vers et une puanteur insupportable dans les lieux où ils s'arrêtaient, et les gens répugnaient à s'approcher des endroits où ils inhumaient leurs morts. En Bretagne, leur parler seulement portait la poisse.

Excommuniés par l'évêque de Paris lors de leur halte aux portes de la capitale en 1427, ils furent bannis de nombreuses provinces françaises, tout autant que de divers pays, sous prétexte qu'ils descendaient de Cham (encore lui !), le "méchant fils de Noé" qui eut le heurt de voir sur son père dans le plus simple appareil. Ils eurent droit aussi à une parenté toute tracée avec Caïn, quand ils n'avaient pas été maudits pour avoir refusé l'hospitalité à la Vierge Marie et le petit Jésus en Egypte.

Une légende basque va à l'encontre en les autorisant à voler cinq jours par semaine depuis qu'une Bohémienne cacha l'enfant Jésus dans son panier pour le protéger d'Hérode.

Dans certaines régions, une croyance leur donnait un peu de répit puisqu'ils étaient sensés préserver des incendies les maisons qui les accueillaient.

          Au tour des roux : affublés des pires défauts (méchanceté, vice, traitrise...) à cause de la couleur de leurs cheveux comparée à celle des flammes de l'enfer et parce que les taches de rousseur étaient considérées comme des marques du diable, les roux passaient donc pour maléfiques. En rencontrer un le matin avant toute autre personne portait malheur, tout comme lors d'un départ en voyage ou à la pêche. En 1960, un équipage anglais refusa de naviguer avec une rousse à bord. Les Anglais disaient d'ailleurs que les roux étaient la progéniture des femmes infidèles. Si le premier visiteur de l'année était roux, il plaçait cette année sous de mauvais auspices, pouvait même annoncer un décès.

Dans les campagnes, on affirmait que les roux et les rousses étaient incapables de faire du bon beurre.

Un discrédit qui remonterait à l'Antiquité : les divinités malfaisantes étaient rousses (Seth, Typhon...) ce que n'aura pas arrangé Hippocrate dans sa théorie des 4 humeurs associant l'homme roux au renard malicieux et voleur, ou encore au porc sale et lubrique.*

Aux Etats-Unis, en revanche, le joueur frottait volontiers ses dés dans des cheveux roux pour avoir de la chance au jeu, et un joueur de base-ball qui voyait une rousse était chanceux quand elle lui donnait une épingle à cheveux. Un capitaine roux était également bénéfique au navire.

(Bibliographie : Le Livre des superstitions, Eloïse Mozzani, éd. Robert Laffont)

Et les boiteux et les bossus ? Proches du démon.

Pour les boiteux et les bossus il faudrait un autre sujet, mais c'est vrai que j'ai toujours entendu dire que toucher la bosse d'un bossu portait chance. Ce n'est pas très poli quand même.

Et même le marin, qu'en pense-t-il quand on tripote son pompon rouge ?

Le ‎17‎/‎01‎/‎2018 à 06:45, sovenka a dit :

Pour les boiteux et les bossus il faudrait un autre sujet, mais c'est vrai que j'ai toujours entendu dire que toucher la bosse d'un bossu portait chance. Ce n'est pas très poli quand même.

Et même le marin, qu'en pense-t-il quand on tripote son pompon rouge ?

Oui, alors là c'est une légende, quand il fait froid le pompon du marin est bleu comme les autres.

Ah bon ?  

il y a 45 minutes, sovenka a dit :

Ah bon ?  

t'auras du bol si Pascou ne te répond pas en image...

T'entends, Pascou... tu lui réponds pas en image...

Le 15/01/2018 à 19:29, sovenka a dit :

          Les Bohémiens, tous confondus -Tziganes, Gitans, etc.- passaient quant à eux pour des sorciers, si ce n'est des sortes de démons. On leur attribuait le mauvais œil, on les accusait d'anthropophagie et de se livrer à des orgies comparables à des sabbats. Aussi d'engendrer des vers et une puanteur insupportable dans les lieux où ils s'arrêtaient, et les gens répugnaient à s'approcher des endroits où ils inhumaient leurs morts. En Bretagne, leur parler seulement portait la poisse.

Dans mon coin ils balancent leurs ordures au centre du rond-point qui permet d'accéder au campement et tirent des coups de feu sur les voitures qui passent à proximité, et ce n'est pas une superstition.