Les premiers, premiers hommes.

LES PREMIERS, PREMIERS HOMMES

"C'était au temps de la préhistoire

Voici deux ou trois cent mille ans....."

Jusqu'à ce jour, les hommes n'étaient pas vraiment des hommes. Ils parlaient peu. A peine quelques monosyllabes par-ci par-là. : Je suis pas content : "Grrrr!" J'ai faim : "Miam !" J'aime la langue de veau : "Meuh !" Viens avec moi ma jolie : "golo, golo !" Mais tout ça n'est pas très certain. Le vocabulaire s'arrêtait peut-être à "miam",  peut-être même avant et ils se contentaient de moduler des "grrr!" Oui ! C'est ça ! Exactement ! Le langage se résumait à des "grrr!" de différentes couleurs. Comme les spins des quarks élémentaires. Chaque femme avait son propre nuancier mais tous les hommes étaient hélas déjà tous daltoniens. En gros (=grrrro) tout pour eux restait gris (=grrri).  Vous m'avez bien compris la verbalisation n'en était qu'à ses débuts et l'homme, notre ancêtre vénéré restait très rustique. Pré-humain pour tout dire... Si vous me passez l'expression. Mais revenons à nos grigris car le temps était gris.

Toute la journée, sous une pluie battante, la tribu avait fui, poursuivie par un tigre aux dents de sabre. Ils avaient traversé les marécages tous ensemble en s'entraidant, des plus jeunes au plus vieux, ils avaient couru à perdre haleine d'un bout à l'autre de la grande plaine aux hautes herbes, puis remonté le long d'un cours d'eau qui serpentait sous les arbres et s'enfonçait dans la forêt. Vers le soir, ils avaient enfin découvert un semblant de refuge : une grotte inconnue. C'était à la naissance du fleuve. Cette grotte à l'entrée bien trop large, ouverte aux quatre vents, possédait par chance dans le fond, là où prenait naissance le petit filet d'eau qui se transformait plus bas en rivière, une ouverture bien plus resserrée. Deux hommes y coururent pour voir si ce trou avait quelque profondeur... Oui ! Après le goulet resserré, la caverne s'élargissait dans l'obscurité. Elle pouvait servir d'abri à toute la tribu ! Rapidement tous se faufilèrent dans le noir et immédiatement quelques hommes s'appliquèrent à boucher la petite entrée à l'aide de branchages...

Un tigre aux dents de sabre ne lâche pas facilement ses proies.  Tout un chacun sait cela. Il ne restait donc plus qu'à l'attendre. Graoum, le plus fort guerrier se posta derrière les branchages, -- une  barrière dérisoire --, pour guetter l'arrivée du fauve. Il était armé d'un gourdin de chêne solide et noueux ; mais devant un tigre géant... que pouvait cette dérisoire baguette ? Les autres membres de la tribu s'étaient entassés les uns contre les autres à quelques pas derrière lui dans la caverne humide. Ils ne formaient plus qu'une seule seule masse de chair mouillée tremblotante et de froid et de peur... A l'extérieur, la pénombre s'épaississait et Graoum surveillait le premier coude de la rivière sur la gauche à moins de trente pas, là où il pensait voir arriver le monstre mais qui se fondait peu à peu dans néant de la nuit. Bientôt il ne vit plus qu'à trois pas tout au plus. Il tendait sa tête vers l'avant, entre les branches, écarquillant les yeux et s'efforçant de discerner quelques ombres... quand soudain droit devant lui à moins de deux coudées, les deux yeux du fauve géant lui apparurent en tout premier plan !... Deux grandes flammes vertes phosphorescentes qui étincelaient dans le noir. La surprise le fit bondir en arrière. Il n'avait pas entendu le moindre bruit !

De ses pattes de devant, toutes griffes sorties, des griffes plus longues que les doigts des hommes le tigre furieux essayait de dégager l'entrée... A l'intérieur, les membres de la tribu, collés les uns aux autres attendaient la fin. Une fin horrible, inévitable. Car le tigre aux dents de sabre est comme le loup. Il ne se contente pas de prélever sa part de nourriture : il tue pour le plaisir !  Avide de déchirer les tendres chairs de ses faibles victimes, sa cruauté s'exalte et s'euphorise du seul goût du sang !...

Le monstre s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. Rien ne pressait pour lui, en effet. Il était sûr de l'issue de sa chasse. Un silence de mort envahit la grotte. La tribu agglutinée était parcourue de spasmes... Et le Vieux plus fortement encore que les autres... Si bien que dans le silence absolu de la caverne, il émit un sonore :

PROUT !

L'effet fut immédiat, résultant de la surprise et démultiplié par l'extrême tension : Un éclat de rire colossal fusa de trente poitrines à l'unisson.

HAAAAAA ! HAAAAAA ! HAAAA ! Un vacarme effroyable amplifié par le vide de la caverne comme une caisse de résonance ! Un fou rire énorme qui dura plusieurs minutes...

Et vous savez quoi ? Le tigre,  le Tigre Géant aux Dents de Sabre qui n'avait jamais ouï ce genre de cri... il eut peur ! Oui ! Peur !

Il redescendit le cours de la rivière a toute allure. Il ne comprenait plus. Lui, le seigneur des steppes  et des forêts qui n'hésitais pas à s'attaquer au grand mammouth laineux, il avait poursuivi toute une journée une bande de petits singes gringalets et dépoilus comme un amusement et s'était retrouvé le soir même devant le Maître de la Création... qui se riait de lui ! (1)

Graoum qui depuis l'intérieur s'était rapproché de l'entrée de la caverne, avait entendu le clapotis des pas du tigre qui dans le lointain descendait la rivière. Tout danger était écarté. Il dégagea les quelques branches qui obstruaient encore l'entrée et sortit plié en deux, (non plus de rire mais parce que l'entrée était basse !) dans l'obscurité. Il se redressa sous un ciel piqueté d'étoiles son "gourdin" à la main... et hurla :

"Graoum et sa tribu n'ont plus peur du tigre géant aux dents de sab... "

Il s'arrêta au milieu du dernier mot stupéfait :

"Tiens ? Je parle !"

La semaine suivante il domestiquait le feu et deux mois plus tard, il débarquait sur la lune et inventait la psychanalyse.

Mais c'est une autre histoire...

(1) La psychologie tigresque c'est mon dada !

il y a 35 minutes, Blaquière a dit :

LES PREMIERS, PREMIERS HOMMES

 

"C'était au temps de la préhistoire

Voici deux ou trois cent mille ans....."

Jusqu'à ce jour, les hommes n'étaient pas vraiment des hommes. Ils parlaient peu. A peine quelques monosyllabes par-ci par-là. : Je suis pas content : "Grrrr!" J'ai faim : "Miam !" J'aime la langue de veau : "Meuh !" Viens avec moi ma jolie : "golo, golo !" Mais tout ça n'est pas très certain. Le vocabulaire s'arrêtait peut-être à "miam",  peut-être même avant et ils se contentaient de moduler des "grrr!" Oui ! C'est ça ! Exactement ! Le langage se résumait à des "grrr!" de différentes couleurs. Comme les spins des quarks élémentaires. Chaque femme avait son propre nuancier mais tous les hommes étaient hélas déjà tous daltoniens. En gros (=grrrro) tout pour eux restait gris (=grrri).  Vous m'avez bien compris la verbalisation n'en était qu'à ses débuts et l'homme, notre ancêtre vénéré restait très rustique. Pré-humain pour tout dire... Si vous me passez l'expression. Mais revenons à nos grigris car le temps était gris.

Toute la journée, sous une pluie battante, la tribu avait fui, poursuivie par un tigre aux dents de sabre. Ils avaient traversé les marécages tous ensemble en s'entraidant, des plus jeunes au plus vieux, ils avaient couru à perdre haleine d'un bout à l'autre de la grande plaine aux hautes herbes, puis remonté le long d'un cours d'eau qui serpentait sous les arbres et s'enfonçait dans la forêt. Vers le soir, ils avaient enfin découvert un semblant de refuge : une grotte inconnue. C'était à la naissance du fleuve. Cette grotte à l'entrée bien trop large, ouverte aux quatre vents, possédait par chance dans le fond, là où prenait naissance le petit filet d'eau qui se transformait plus bas en rivière, une ouverture bien plus resserrée. Deux hommes y coururent pour voir si ce trou avait quelque profondeur... Oui ! Après le goulet resserré, la caverne s'élargissait dans l'obscurité. Elle pouvait servir d'abri à toute la tribu ! Rapidement tous se faufilèrent dans le noir et immédiatement quelques hommes s'appliquèrent à boucher la petite entrée à l'aide de branchages...

Un tigre aux dents de sabre ne lâche pas facilement ses proies.  Tout un chacun sait cela. Il ne restait donc plus qu'à l'attendre. Graoum, le plus fort guerrier se posta derrière les branchages, -- une  barrière dérisoire --, pour guetter l'arrivée du fauve. Il était armé d'un gourdin de chêne solide et noueux ; mais devant un tigre géant... que pouvait cette dérisoire baguette ? Les autres membres de la tribu s'étaient entassés les uns contre les autres à quelques pas derrière lui dans la caverne humide. Ils ne formaient plus qu'une seule seule masse de chair mouillée tremblotante et de froid et de peur... A l'extérieur, la pénombre s'épaississait et Graoum surveillait le premier coude de la rivière sur la gauche à moins de trente pas, là où il pensait voir arriver le monstre mais qui se fondait peu à peu dans néant de la nuit. Bientôt il ne vit plus qu'à trois pas tout au plus. Il tendait sa tête vers l'avant, entre les branches, écarquillant les yeux et s'efforçant de discerner quelques ombres... quand soudain droit devant lui à moins de deux coudées, les deux yeux du fauve géant lui apparurent en tout premier plan !... Deux grandes flammes vertes phosphorescentes qui étincelaient dans le noir. La surprise le fit bondir en arrière. Il n'avait pas entendu le moindre bruit !

De ses pattes de devant, toutes griffes sorties, des griffes plus longues que les doigts des hommes le tigre furieux essayait de dégager l'entrée... A l'intérieur, les membres de la tribu, collés les uns aux autres attendaient la fin. Une fin horrible, inévitable. Car le tigre aux dents de sabre est comme le loup. Il ne se contente pas de prélever sa part de nourriture : il tue pour le plaisir !  Avide de déchirer les tendres chairs de ses faibles victimes, sa cruauté s'exalte et s'euphorise du seul goût du sang !...

Le monstre s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. Rien ne pressait pour lui, en effet. Il était sûr de l'issue de sa chasse. Un silence de mort envahit la grotte. La tribu agglutinée était parcourue de spasmes... Et le Vieux plus fortement encore que les autres... Si bien que dans le silence absolu de la caverne, il émit un sonore :

PROUT !

L'effet fut immédiat, résultant de la surprise et démultiplié par l'extrême tension : Un éclat de rire colossal fusa de trente poitrines à l'unisson.

HAAAAAA ! HAAAAAA ! HAAAA ! Un vacarme effroyable amplifié par le vide de la caverne comme une caisse de résonance ! Un fou rire énorme qui dura plusieurs minutes...

Et vous savez quoi ? Le tigre,  le Tigre Géant aux Dents de Sabre qui n'avait jamais ouï ce genre de cri... il eut peur ! Oui ! Peur !

Il redescendit le cours de la rivière a toute allure. Il ne comprenait plus. Lui, le seigneur des steppes  et des forêts qui n'hésitais pas à s'attaquer au grand mammouth laineux, il avait poursuivi toute une journée une bande de petits singes gringalets et dépoilus comme un amusement et s'était retrouvé le soir même devant le Maître de la Création... qui se riait de lui ! (1)

Graoum qui depuis l'intérieur s'était rapproché de l'entrée de la caverne, avait entendu le clapotis des pas du tigre qui dans le lointain descendait la rivière. Tout danger était écarté. Il dégagea les quelques branches qui obstruaient encore l'entrée et sortit plié en deux, (non plus de rire mais parce que l'entrée était basse !) dans l'obscurité. Il se redressa sous un ciel piqueté d'étoiles son "gourdin" à la main... et hurla :

"Graoum et sa tribu n'ont plus peur du tigre géant aux dents de sab... "

Il s'arrêta au milieu du dernier mot stupéfait :

"Tiens ? Je parle !"

La semaine suivante il domestiquait le feu et deux mois plus tard, il débarquait sur la lune et inventait la psychanalyse.

Mais c'est une autre histoire...

 

 

(1) La psychologie tigresque c'est mon dada !

 

   Une autre !... une autre ! ... une autre ! ...

Toutefois les premiers Zhommes ...... C' est avec un "Z" .... Comme zizi du zigoto ...

M' alors !!!!! .....

C'est parce qu'ils ont adopté la bipédie que les hommes ont libéré les membres supérieurs, qu'ils ont pu communiquer par gestes, puis plus discrètement par mimiques et grimaces, puis par la voix. Les premiers mots étaient concrets (arbres, froid, manger, dormir, etc...), puis plus tard sont venus les mots abstraits (grand, vite, etc ...). L'humain est le seul animal a utiliser la double articulation des phonèmes. 1 - a ve ga. 2 dans l'ordre agave.

il y a 18 minutes, Talon 1 a dit :

C'est parce qu'ils ont adopté la bipédie que les hommes ont libéré les membres supérieurs, qu'ils ont pu communiquer par gestes, puis plus discrètement par mimiques et grimaces, puis par la voix. Les premiers mots étaient concrets (arbres, froid, manger, dormir, etc...), puis plus tard sont venus les mots abstraits (grand, vite, etc ...). L'humain est le seul animal a utiliser la double articulation des phonèmes. 1 - a ve ga. 2 dans l'ordre agave.

Un peu comme ça ?

il y a 5 minutes, Blaquière a dit :

Un peu comme ça ?

Ce sont les Sumériens qui ont inventé l'écriture. Les propriétaires confiaient leurs moutons aux bergers. Mais  ils ne savaient plus combien de bêtes devaient revenir. Ils ont donc placé des cailloux dans un pot de terre, un caillou (calcul) par tête. Mais la confiance pouvait encore être trompée par le propriétaire qui disposait du pot. Il fut donc scellé à la glaise et propriétaire et berger y dessinèrent un signe particulier. Mais le propriétaire n'était pas satisfait car, contrairement au berger, il ne pouvait savoir le nombre de moutons. Ils ont donc ajouté un trait par mouton sur la glaise de scellement du pot. C'était parti pour l'écriture.

il y a 9 minutes, Talon 1 a dit :

Mais le propriétaire n'était pas satisfait car, contrairement au berger, il ne pouvait savoir le nombre de moutons. Ils ont donc ajouté un trait par mouton sur la glaise de scellement du pot.

D’ailleurs l’expression « pas de pot » fut employé pour la première fois à cette époque-là, pour désigner les analphabètes qui n’avaient pas de moutons…

Mais dis-moi Blaquière.. l'homme n'est-il pas resté encore un peu primitif, parce qu'il y en a beaucoup qui ont toujours le gourdin à la main..

Je vois bien le vieux sage de la tribu expliquer aux autres que «C’etait mieux avant »...

Après son acte de bravoure et son invention de la parole sur le seuil de la grotte, Graoum décida de pénétrer de nouveau dans la caverne, son gourdin à la main (merci Guipure !)... Il y trouva tous les membres de la tribu qui se pinçaient le nez. Il régnait de fait dans cet espace relativement réduit une odeur effroyable...

Parce que le vieux, hilare, continuait sa symphonie ! 

Graoum le gourmanda : "Y'a que toi que ça fait rire !"

Et, ni une, ni deux, il l'expulsa ! "Fiche-moi le camp d'ici tu nous emberrennes !" (1)

Le vieux tout penaud malgré ses douleurs articulaires se faufila par le goulet d'entrée à quatre patte jusqu'à l'extérieur.  Il avait lui aussi contracté suite à l'hilarité, la maladie de la parole et marmonna tristement "C'était quand même mieux avant (merci, Ping !) quand on pouvait péter tout son saoul sans que personne se fiche de vous !" Et il descendit lentement dans le lit de la rivière en pataugeant : Fchlic, Fchloc !...

Graoum, lui, qui rentrait de l'auvent de la grotte où le jour commençait de poindre, n'appréciait pas cette trop grande obscurité, et comme il était moderne, savait parler et faire du feu depuis quelques minutes, il se mit à rassembler quelques brindilles que le vieux avait oubliées avec son bassac (1). Puis il sortit les deux pierres à feu de sa poche et les percuta pour allumer les brindilles...

A la première étincelle perpétrée dans l'atmosphère confinée de la grotte surchargée de méthane...

BOUM !

Ce fut l'explosion !

Une bonne partie de la colline fut emportée !. Et l'ensemble de la tribu avec, fut "rayé de la carte" !

Toute la tribu ? Non ! Le Vieux qui descendait tranquillement la rivière retourna vaguement la tête dans la direction de l'explosion, derrière lui et conclusit (2) :

"C'est jeune et ça ne sait pas ! Quand on pète et que ça sent mauvais, c'est qu'on n'a pas de l'air pur dans les boyaux !"

(1) "tu nous emberrenne!" : "tu nous empuantis !" en ces temps reculés de l'invention du langage, la différence entre les langues d'oil et d'oc n'était pas aussi claire qu'aujourd'hui... Bassac = sac (idem)

(2) "conclusit" : les conjugaisons n'étaient pas encore tout-à-fait au point non plus.

Il y a 2 heures, Blaquière a dit :

Après son acte de bravoure et son invention de la parole sur le seuil de la grotte,

Cela me fait penser à l'émission sur Arte, Silex and the city, 40 000 ans avant notre ère...

Merci Blaquière pour ce divertissement ! J'adore !

Le 2/4/2018 à 10:13, guipure a dit :

Merci Blaquière pour ce divertissement ! J'adore !

 

Merci M...   Guipure ! Ne bougez pas, je ne fais que passer : j'avais oublié de copier la fin explosive de mon histoire ...