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Perquisition en cours ce mardi au siège de Lafarge

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Pat-Houdesuite

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Membre, 61ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 61ans‚
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Il y a 23 heures, PASCOU a dit :

Encore deux idioties de plus!

c'est un article du monde que tu peux d'ailleurs retrouver en cliquant sur "monde"!

Comme tu as le nez dans le caca, tu ne sais plus quoi répondre, c'est tout.

Tu craches en l'air , fatalement ça te retombe dans le bec. Newton!( et non ce n'est pas un militant du FN), comme tu vas vite l'imaginer.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Pour le reste, tout le monde appréciera!:smile2:

pufffff

relis mon com = ta source est une fabrique de mensonges avec quelques liens piqués dans de vrais journaux ! un ersatz de  Fde souche  en somme !!

 

c 'est pourtant simple de choisir une source pas frelatés aux hoaxs et mensonges !!!

pourquoi tu n'as pas mis directement le monde comme source ??

 

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PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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http://www.lemonde.fr/international/article/2017/09/20/ce-que-revele-l-enquete-judiciaire-sur-les-agissements-du-cimentier-lafarge-en-syrie_5188546_3210.html

Le groupe a accepté de verser une rançon entre 2011 et 2014 à l'EI pour maintenir l'activité et la sécurité de son usine, selon les informations du Monde.

Les dernières révélations sur les agissements de Lafarge en Syrie accablent encore un peu plus le géant des matériaux de construction. Dans le cadre d'une enquête ouverte après une plainte de Bercy en octobre 2016, le groupe a admis en mars dernier avoir «indirectement» financé des groupes armés en Syrie. Les auditions dévoilent les mécanismes qui ont conduit le cimentier - fusionné en 2015 avec le suisse Holcim -à vouloir coûte que coûte maintenir l'activité de son usine en 2013 et 2014, en plein conflit syrien. Face aux enquêteurs, l'ancien directeur général adjoint opérationnel de Lafarge a notamment reconnu que le groupe s'est plié à une «économie de racket», selon les documents consultés par Le Monde.

La cimenterie en cause est située à Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d'Alep. Elle avait été achetée en 2007 par le français Lafarge qui a ensuite mené trois ans de travaux pour un montant de 680 millions de dollars. Puis Lafarge a tout fait pour la maintenir en activité jusqu'en septembre 2014.

Pourtant, le 29 juin 2014, l'organisation terroriste Etat islamique (EI) proclame l'instauration du «califat» et prend ainsi le contrôle sur un vaste territoire où se situe notamment l'usine de Lafarge. Mais le cimentier s'entête à vouloir rester en Syrie, quels qu'en soient les coûts. Ce même 29 juin, un cadre de cette usine de Lafarge a, selon Le Monde, «informé par mail ses supérieurs qu'il a pris rendez-vous avec un “responsable de l'Etat islamique” pour négocier la sécurité des employés du site»...

L'aval des autorités françaises

Lafarge avait ainsi employé un intermédiaire pour obtenir de l'EI des laissez-passer pour ses employés aux checkpoints. Cet homme d'affaires - fils de l'ex-ministre de la Défense du président Bachar Al-Assad, ayant fait défection au régime - se voit remettre «entre 80.000 et 100.000 dollars par mois» pour monnayer des laisser-passer avec ces groupes, selon Le Monde. Au total, le cimentier a versé plusieurs centaines de milliers d'euros à divers groupes armés, dont 5 millions de livres syriennes (20.000 euros) par mois à l'EI, indique le quotidien. Bruno Pescheux, PDG de la filiale syrienne de l'entreprise jusqu'en juin 2014, affirme en effet aux enquêteurs avoir vu le nom de Daesh sur des documents internes à l'entreprise et à la question «Avez-vous une idée du montant prévu pour Daesh?», il répond: «De l'ordre de 20.000 dollars par mois.»

Toujours selon Le Monde, le groupe était en relation régulière entre 2011 et 2014 avec les autorités françaises qui avaient donné leur aval pour son maintien en Syrie. Selon Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel du groupe, le Quai d'Orsay aurait même recommandé à Lafarge de «tenir, que ça va se régler. Et il faut voir qu'on ne peut pas faire des allers-retours, on est ancrés et, si on quitte, d'autres viendront à notre place…». Toutefois, les responsables de l'usine n'avaient pas informé les diplomates des rançons payées à l'Etat Islamique, souligne Le Monde.

Pour l'heure, seuls trois responsables ont avoué avoir eu connaissance de ces pratiques «il est tout à fait vraisemblable que d'autres protagonistes aient couvert ces agissements», dont l'ex-PDG du groupe, Bruno Lafont, le «directeur sûreté», Jean-Claude Veillard, et «certains actionnaires», selon les extraits de l'enquête.

La compromission de Lafarge dans le conflit syrien ne l'aura pas épargnée puisque l'organisation djihadiste avait fini par prendre le contrôle du site en septembre 2014

..................

C'est assez clair .

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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INFO LE FIGARO - Les administrateurs du géant suisse étaient réunis ce mardi pour réfléchir aux conséquences à tirer de cette affaire.

Le dossier syrien est loin d'être refermé chez LafargeHolcim. Le 1er mars, le conseil d'administration du cimentier avait examiné pendant neuf heures les conclusions préliminaires d'une enquête confiée au cabinet d'avocats Baker & McKenzie. Lafarge, qui n'avait pas encore fusionné avec le suisse Holcim, est soupçonné d'avoir indirectement et involontairement financé l'État islamique pour maintenir en activité son usine syrienne en 2013 et 2014. L'affaire est délicate, vu les circonstances de l'époque dans un pays en guerre, où le racket était endémique. Le 1er mars, LafargeHolcim avait précisé que l'enquête montrait que «la filiale locale (avait) remis des fonds à des tierces parties afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de groupes armés». «Rétrospectivement, les mesures prises pour poursuivre les activités de l'usine étaient inacceptables.»

Un comité d'éthique

Le rapport définitif n'a pas encore été signé. Mais les administrateurs de LafargeHolcim ne lâchent pas l'affaire. Ils se sont encore réunis à ce sujet le jeudi 23 mars, puis de nouveau ce mardi 4 avril. Objectif: réfléchir aux conséquences à tirer de ce dossier, qui est aussi entre les mains de la justice française et européenne. D'ores et déjà, un comité d'éthique a été créé, avec notamment pour mission de former les collaborateurs.

Le dossier a également participé à la décision d'anticiper le départ de l'ex-PDG de Lafarge, Bruno Lafont, qui quittera son poste de coprésident après la prochaine assemblée générale. Et il est possible que le renouvellement du mandat de son prédécesseur Bertrand Collomb ne soit pas demandé.

Les avocats saisis du dossier, eux-mêmes sous pression, doivent continuer de démêler les fils des responsabilités de cette affaire, entre le niveau local et le management du groupe Lafarge. Eric Olsen, directeur général depuis deux ans et ancien de Lafarge dont il a notamment été DRH, a participé au conseil mardi. Il est sous pression. Il faut dire que dans ce jeune groupe et malgré les bons résultats affichés cette année, toutes les cicatrices de la fusion de 2015 ne sont pas encore tout à fait refermées.

http://www.lefigaro.fr/international/2017/03/14/01003-20170314ARTFIG00110-lafargeholcim-reveille-le-debat-sur-l-ethique-des-entreprises-a-l-etranger.php

LafargeHolcim réveille le débat sur l'éthique des entreprises à l'étranger....

Mais à mon avis, ça va vite retourner en léthargie!

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Membre, Ursidé bien léché, 73ans Posté(e)
l'ours 5785 Membre 5 036 messages
73ans‚ Ursidé bien léché,
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Le 05/12/2017 à 07:33, PASCOU a dit :

Oui et donc Lafarge était forcement en étroite collaboration avec l'état. 

Je ne peux pas imaginer une entreprise de cette taille hors radar.

Ne serait ce que militairement positionnée. 

Tout ca va faire flop.

Ça fera comme la société générale on va trouver un ou trois lampistes pour le " bon peuple" qui va s'indigner. 

La direction va jouer les vierges indignées, les oies blanches et pures.

On parie?.

 

Même pas, je ne parie jamais perdant, je ne suis pas con(enfin pas trop).

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a 2 minutes, l'ours 5785 a dit :

Même pas, je ne parie jamais perdant, je ne suis pas con(enfin pas trop).

Aller..

Pile je gagne face tu perds:)

  • Haha 1
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  • 2 semaines après...
Membre, 61ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 61ans‚
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extrait

Jean-Claude Veillard, candidat Front national et directeur «sûreté» chez Lafarge

Directeur sûreté chez Lafarge, Jean-Claude Veillard est accusé d'avoir chapeauté les négociations avec Daech en Syrie jusqu'en septembre 2014, afin de maintenir en activité un site du cimentier dans le nord du pays. L'intéressé apparaît au même moment, lors des dernières municipales, sur les listes du FN à Paris, révèle Mediapart ce mercredi.

Dans l’affaire "Lafarge en Syrie", on connaissait déjà le nom de Jean-Claude Veillard. Directeur sûreté du groupe à Paris, celui-ci apparaît en effet comme l’un des responsables français à avoir été directement informé de la situation sur place, autrement dit des négociations avec Daech qui ont permis au cimentier français de maintenir sa production dans le nord de pays. Ce qu'on ne savait pas en revanche c'est que l'intéressé avait été au même moment l’un des candidats du… Front National, à Paris, lors des dernières élections municipales. En cinquième position derrière la tête de liste Wallerand de Saint-Just. C'est ce que révèle Mediapart ce mercredi 3 avril.

Une candidature particulièrement embarrassante alors que Marine Le Pen promet de "mettre à genoux" le terrorisme islamiste, contrairement à ses adversaires qui ne se seraient emparés du sujet, selon elle, que trop tardivement. Ce "poison de tous les instants", "ce poison terrible du terrorisme islamiste, je le dénonce depuis que j'ai lancé ma campagne, j'en ai parlé seule pendant longtemps dans le désert…", déclarait-elle encore le 19 avril dernier à Marseille, à quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle.

"Une affaire personnelle" le cinquième de liste Front national à Paris

Contacté par Mediapart, Jean-Claude Veillard a quant à lui botté en touche. Son engagement au FN ? "Il s’agit d’une affaire personnelle et privée", a-t-il réagi. Et de conclure : Si j’avais été l’adjoint de Mélenchon ou d’un socialiste, cela ne vous aurait pas intéressé, j’en suis sûr." Également sollicité, Wallerand de Saint-Just, n’a pas "donné suite".

La question mériterait pourtant des éclaircissements car c’est précisément pendant la période où Lafarge faisait du business en Syrie avec, entre autres, l'Etat islamique - comme l’a d’ores et déjà reconnu le groupe - que Jean-Claude Veillard a été désigné cinquième sur la liste du candidat Wallerand de Saint-Just, du Rassemblement Bleu Marine, à Paris...

http://lekiosqueauxcanards.com/2017/12/les-patriotes-du-fn-qui-soutiennent-daesh.html

 

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  • 3 mois après...
Membre, 61ans Posté(e)
grandfred Membre 15 741 messages
Baby Forumeur‚ 61ans‚
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Le 14/11/2017 à 12:30, Pat-Houdesuite a dit :

L'enquête continue. Une perquisition était en cours ce mardi au siège de Lafarge à Paris, soupçonné d’avoir indirectement financé des groupes djihadistes en Syrie, dont l’organisation Etat islamique (EI), a-t-on appris de source proche du l’enquête et auprès du cimentier.

AFP

Notre gouvernement est d'un silence assourdissant sur cette affaire scandaleuse.

Collaboration avec les nazis, accord avec Daech : la légende noire du cimentier Lafarge révélée dans un documentaire

 

Complément d'Enquête" s'est intéressé aux liens entretenus par Lafarge avec des groupes rebelles en Syrie dès 2011. Et notamment comment le cimentier français a acheté des laissez-passer aux djihadistes de l'organisation État islamique pour continuer à faire du commerce coûte que coûte.

..............(............).................

Pendant un an, les journalistes Matthieu Fauroux, Brice Baubit et Mickaël Bozo ont enquêté sur les liens entretenus entre le cimentier français et différents groupes rebelles en Syrie, à proximité de l'usine de Jalabiya, au nord du pays. Ils en ont tiré un documentaire édifiant intitulé Lafarge : les sombres affaires du roi du ciment pour Complément d'enquête sur France 2.

L'affaire éclate au grand jour le 21 juin 2016, avec les révélations du quotidien Le Monde, sur le financement de plusieurs groupes armés pour permettre la poursuite des activités du groupe Lafarge dans leur usine syrienne de Jalabiya. Pour avoir persisté à maintenir son activité économique dans une zone en état de guerre civile, de 2011 à 2014, alors que d'autres entreprises françaises installées dans la région ont elles renoncé (parmi lesquelles Total ou Air Liquide), plusieurs dirigeants de la société vont être mis en examen en décembre 2017 pour "financement d'entreprise terroriste" et "mise en danger de la vie d'autrui" : deux directeurs successifs de la filiale syrienne du groupe – Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois – l'ancien PDG de 2007 à 2015 Bruno Lafont  et son successeur Eric Olsen, ainsi que l'ancien directeur général adjoint Christian Herrault et l'ancien directeur de sûreté du groupe, Jean-Claude Veillard.

Du paternalisme Lafarge à la collaboration avec le régime nazi

Le film d'une heure, diffusé jeudi 22 mars sur France 2, pourrait se découper en trois parties.

en entier sur

https://www.lesinrocks.com/2018/03/21/actualite/collaboration-avec-les-nazis-accord-avec-daech-la-legende-noire-du-cimentier-lafarge-revelee-dans-un-documentaire-111060939/

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  • 1 mois après...
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PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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http://www.liberation.fr/france/2018/04/22/syrie-comment-lafarge-informait-l-etat-francais_1645131

Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

Par Willy Le Devin et Ismaël Halissat 22 avril 2018 à 17:36
Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Photo Chris Huby. Le Pictorium.

Dans l’affaire du financement de l’Etat islamique par l’entreprise de matériaux de construction, «Libération» révèle que les renseignements français étaient informés de façon précise et régulière par le directeur sûreté. L’Elysée et le Quai d’Orsay participaient à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine.

  • Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

La révélation est sulfureuse, et ouvre un nouveau front dans l’enquête judiciaire sur les agissements de Lafarge en Syrie. Ce 12 avril, Jean-Claude Veillard, ­ancien directeur sûreté de la multinationale française (qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim), passe la journée dans le bureau de la juge d’instruction parisienne, Charlotte Bilger. Il fait partie des six dirigeants du cimentier mis en examen pour avoir versé d’importantes sommes d’argent, entre 2012 et 2014, à plusieurs groupes armés, dont l’Etat islamique, dans le but de poursuivre l’activité de la cimenterie syrienne en zone de guerre. Lors de ce troisième interrogatoire, révélé par ­Libération, la juge questionne Jean-Claude Veillard sur un point crucial : les services de renseignements français étaient-ils informés de la «réalité du financement» de l’EI par ­Lafarge ? La réponse est limpide : «Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements.» Et d’enfoncer le clou : «Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations.» Selon l’agenda fourni par Jean-Claude Veillard aux enquêteurs, le directeur sûreté a rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieurs (DRM, DGSE) et intérieur (DGSI) entre 2012 et 2014. Un canal fructueux, qui a pu permettre au plus haut niveau de l’Etat d’être avisé en temps réel des équilibres militaires dans le nord de la Syrie, mais aussi de la réalité des agissements de Lafarge. Jusqu’ici, le scandale dépeignait surtout l’entêtement d’une multinationale pour engranger des profits au risque d’exposer ses salariés aux enlèvements et de contribuer au financement d’une organisation terroriste. Désormais, c’est l’Etat qui apparaît au cœur de l’affaire.

Fibre patriotique

Ancien commando marine, en poste dans l’entreprise depuis 2008, Jean-Claude Veillard, 64 ans, est un familier des cercles de la défense nationale. A la juge Bilger, il tient à préciser qu’il a «passé [sa] vie à combattre le terrorisme, en Afghanistan, en Bosnie, en Somalie». Décrit comme un homme à la fibre patriotique chevillée au corps, il noue au fil du temps une relation de confiance avec différents services secrets. Lors d’une première audition le 3 avril, Veillard détaille la proximité qu’il dit avoir entretenue avec le renseignement français : «Mon point d’entrée pour la DGSE était le point d’entrée pour toutes les entreprises, qui n’était pas spécialement dédié pour Lafarge en Syrie. J’avais des échanges très réguliers avec lui [son contact à la DGSE, ndlr], au cours desquels je lui transmettais les informations dont je disposais. Il arrivait que des personnes en charge de la situation syrienne demandent à me rencontrer, ce que j’acceptais.» La juge tente alors de sonder l’importance de ses renseignements pour les services : «Etiez-vous la seule source d’information pour la DGSE ?» «Dans cette partie de la ­Syrie, j’aurais la prétention de le croire», rétorque le directeur sûreté.

Lire aussi Lafarge en Syrie : le Quai d'Orsay retrouve doucement la mémoire

De nombreux mails saisis lors d’une perquisition au siège de Lafarge documentent également la relation entre l’agence du boulevard Mortier et Jean-Claude Veillard. Pour ­converser avec le directeur ­sûreté, la DGSE opte pour la création d’une adresse mail dont l’intitulé est ­surprenant : grosmarmotte@gmail.com. Plusieurs fois, Veillard l’utilisera pour informer le service de la destinée de l’usine. Ainsi, le 13 septembre 2014, il avise la DGSE de sa future rencontre avec deux dirigeants kurdes en France. L’EI attaque l’usine et en prend possession quelques jours plus tard, le 19 septembre. Dans un autre mail adressé à la DGSE, daté du 22 septembre, Veillard fait ouvertement part de son inquiétude : «L’usine est maintenant occupée par Daech qui bénéficie de notre cantine, clinique et base vie. […] Le contact a été établi pour la libération de nos collègues chrétiens. Nous recherchons maintenant une voie pour payer la “taxe” car leur jugement est simple : la conversion, la taxe ou la vie…»

Deux mois plus tard, le 17 novembre, nouveau bilan d’étape dressé par Jean-Claude Veillard. Il révèle alors à la DGSE qu’Amro Taleb – que l’on connaît aujourd’hui comme l’un des principaux intermédiaires entre Lafarge et l’EI – propose de «relancer l’usine sous le contrôle d’hommes “d’affaires” de Daech.» Le 23 décembre, enfin, Veillard écrit : «La situation évolue. Des représentants de Daech, par le biais de distributeurs locaux, ont commencé à établir des contacts avec certains de nos employés. Ils ont besoin de soutien technique pour remettre en route le générateur électrique. Nous résistons pour l’instant en arguant du fait que l’usine est pilotée depuis la France et qu’il est impossible de remettre en route localement. L’argument ne tiendra pas longtemps.» Le lendemain, l’agent de la DGSE répond de façon étonnante. Depuis l’adresse mail avec l’alias «grosmarmotte», il demande à Jean-Claude Veillard d’envoyer «les plans de l’usine et les éléments de localisation GPS» sur une autre adresse, cette fois-ci sur @defense.gouv.fr. Puis poursuit : «Sinon nous sommes intéressés par tout élément sur les représentants de Daech en contact avec vos employés… Tel, mails, pseudos, descriptions, etc. bon courage.»

«Fond de carte»

Outre la DGSE, Jean-Claude Veillard fait également état de liens étroits avec les autres services français : «Nous fonctionnions de la même manière, j’avais un point de contact particulier avec la DGSI ainsi qu’à la direction du renseignement militaire (DRM)», relate celui qui a par ailleurs été candidat sur la liste Front national aux municipales à Paris en 2014. Loquace, le directeur sûreté précise aussi le travail de terrain qu’effectuaient les deux «gestionnaires de risques» de Lafarge en Syrie, le Norvégien Jacob Waerness, puis le Jordanien Ahmad Jaloudi, vétérans des services secrets de leurs pays respectifs. Ces derniers collectaient «des informations auprès des conducteurs, des clients, des fournisseurs et parfois des employés», se souvient Veillard. Le sexagénaire récupère alors «tous les mois ou tous les deux mois […] un fond de carte qu’il travaillait sur Google» avant de le transmettre en direct «à la DGSE, à la DGSI et à la DRM». La juge Bilger relance : «Devaient-ils rencontrer les responsables de groupes armés ?» «Leur première mission, c’est l’acquisition du renseignement. Si ces rencontres pouvaient leur permettre d’obtenir des informations, ils pouvaient le faire», assure Jean-Claude Veillard.

En avril 2017, lors de la première phase des investigations, les enquêteurs ont tenté en vain de rencontrer l’ancien «gestionnaire des risques» norvégien de Lafarge. Jacob Waerness a officiellement quitté le cimentier à la fin de l’année 2013, et travaille désormais à Zurich en Suisse. «Jacob Waerness nous a indiqué qu’il n’avait pas de déplacement prévu à Paris dans les prochains mois. A la proposition de se voir à la frontière franco-suisse, […] Monsieur Waerness a décliné la proposition et nous a indiqué qu’il préférait que nous fassions le déplacement en Suisse», écrivent les douaniers sur procès-verbal. L’homme, qui a mis en scène une partie de son aventure syrienne dans un livre, n’a donc pour l’heure jamais répondu aux questions des trois juges d’instruction Charlotte Bilger, Renaud Van Ruymbeke et David de Pas. Son rôle semble pourtant primordial dans les relations avec les groupes armés en Syrie et la mise en place du système de versements d’argent.

La porosité entre le service sûreté de Lafarge et les services de renseignement est renforcée par deux recrutements effectués par Jean-Claude Veillard. Une contractuelle de la DCRI (future DGSI) travaille près d’un an et demi pour Lafarge, entre 2010 et 2011. Pour la remplacer, le directeur sûreté recrute cette fois-ci un agent de la DGSE. Veillard fait également valoir ses relations avec les patrons de ces deux services : «Je connaissais le directeur du renseignement militaire, le patron de la DGSI.» Selon nos informations, un déjeuner avec Patrick Calvar, alors à la tête du renseignement intérieur, a eu lieu mi-2016, à l’époque des premières informations du journal le Monde sur l’affaire.

Lire aussi L’affaire Lafarge fait les affaires de Holcim

Ce n’est qu’après plusieurs heures d’audition que Jean-Claude Veillard en arrive au point le plus sensible de ses déclarations. Les services de renseignement pouvaient-ils ignorer les remises d’argent aux nombreux groupes armés, parmi lesquels, à partir de novembre 2013, l’Etat islamique ? Le 12 avril, Jean-Claude Veillard se livre : «En 2013, j’ai compris l’économie générale au profit des groupes armés», puis en 2014, les «liens avec Isis [l’EI, ndlr]». La magistrate insiste : «Vous avez déclaré avoir appris la réalité du financement en 2014. Avez-vous informé les services de renseignement avec lesquels vous déclariez être en contact régulier des informations dont vous disposiez sur ce point ?» Jean-Claude Veillard réitère alors avoir «donné toutes les informations». «Quelle était leur réaction ?» enfonce la juge Bilger. «Ils engrangent les informations, c’est leur métier.» Une réponse sibylline, qui ouvre une suite logique : que savait le sommet de l’Etat de cette situation explosive ?

«Déploiement»

Les derniers éléments de l’enquête que nous révélons permettent d’obtenir une première indication du rôle joué par la diplomatie française et l’Elysée dès 2014, alors que l’usine syrienne venait d’être investie par l’EI. «En octobre ou novembre», Jean-Claude Veillard fait état de contacts avec le cabinet militaire du président François Hollande. «Mon simple objectif était de faire comprendre que cette usine pouvait être utilisée comme base dans le cadre de déploiement des forces militaires françaises», explique le directeur sûreté de Lafarge dans le bureau du juge. A la fin de l’année 2015, ce sont dans un premier temps les forces spéciales américaines qui prendront pied dans l’usine. Le 28 décembre 2015, Jean-Claude Veillard contacte par mail l’ambassadeur français pour la Syrie, basé à Paris, Franck Gellet, afin de le rencontrer : «J’ai informé le directeur de la DRM et le CEMP [état-major personnel] du PR [président de la République] de cette évolution de situation. […] Je sollicite un rendez-vous dès que possible afin que nous puissions partager avec vous les informations à notre disposition et que vous nous proposiez une stratégie pour garder le contact avec ce site.» Le commandement militaire retient finalement la proposition de Lafarge, et positionne des forces spéciales françaises dans l’usine, aux côtés des Américains, quelques semaines plus tard.•

Willy Le Devin , Ismaël Halissat
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PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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Un type connu des services, mais pas pour taper dans des poubelles!:)

Modifié par PASCOU
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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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Le 20/12/2017 à 18:20, grandfred a dit :

extrait

Jean-Claude Veillard, candidat Front national et directeur «sûreté» chez Lafarge

Directeur sûreté chez Lafarge, Jean-Claude Veillard est accusé d'avoir chapeauté les négociations avec Daech en Syrie jusqu'en septembre 2014, afin de maintenir en activité un site du cimentier dans le nord du pays. L'intéressé apparaît au même moment, lors des dernières municipales, sur les listes du FN à Paris, révèle Mediapart ce mercredi.

Dans l’affaire "Lafarge en Syrie", on connaissait déjà le nom de Jean-Claude Veillard. Directeur sûreté du groupe à Paris, celui-ci apparaît en effet comme l’un des responsables français à avoir été directement informé de la situation sur place, autrement dit des négociations avec Daech qui ont permis au cimentier français de maintenir sa production dans le nord de pays. Ce qu'on ne savait pas en revanche c'est que l'intéressé avait été au même moment l’un des candidats du… Front National, à Paris, lors des dernières élections municipales. En cinquième position derrière la tête de liste Wallerand de Saint-Just. C'est ce que révèle Mediapart ce mercredi 3 avril.

Une candidature particulièrement embarrassante alors que Marine Le Pen promet de "mettre à genoux" le terrorisme islamiste, contrairement à ses adversaires qui ne se seraient emparés du sujet, selon elle, que trop tardivement. Ce "poison de tous les instants", "ce poison terrible du terrorisme islamiste, je le dénonce depuis que j'ai lancé ma campagne, j'en ai parlé seule pendant longtemps dans le désert…", déclarait-elle encore le 19 avril dernier à Marseille, à quelques heures du premier tour de l’élection présidentielle.

"Une affaire personnelle" le cinquième de liste Front national à Paris

Contacté par Mediapart, Jean-Claude Veillard a quant à lui botté en touche. Son engagement au FN ? "Il s’agit d’une affaire personnelle et privée", a-t-il réagi. Et de conclure : Si j’avais été l’adjoint de Mélenchon ou d’un socialiste, cela ne vous aurait pas intéressé, j’en suis sûr." Également sollicité, Wallerand de Saint-Just, n’a pas "donné suite".

La question mériterait pourtant des éclaircissements car c’est précisément pendant la période où Lafarge faisait du business en Syrie avec, entre autres, l'Etat islamique - comme l’a d’ores et déjà reconnu le groupe - que Jean-Claude Veillard a été désigné cinquième sur la liste du candidat Wallerand de Saint-Just, du Rassemblement Bleu Marine, à Paris...

http://lekiosqueauxcanards.com/2017/12/les-patriotes-du-fn-qui-soutiennent-daesh.html

 

Juste la haine ordinaire contre un patriote qui n'a fait que son travail et même plus risqué sa peau peut être.

Mediapart comme beaucoup n'a vu que les lettres FN.

On attend toujours les noms promis des comptes cachés qu'il prétendait détenir.

 

Modifié par PASCOU
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Membre, Serial shooter, 56ans Posté(e)
Mr Wolfe Membre 5 564 messages
56ans‚ Serial shooter,
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il y a 4 minutes, PASCOU a dit :

Juste la haine ordinaire contre un patriote qui n'a fait que son travail et même plus risqué sa peau peut être.

 

Considérer comme patriote un type qui a financé l'état islamique et donc plus ou moins directement les attentats sur notre territoire... t'as vraiment honte de rien... :mouai:

Ca s'appelle plutôt collaborer avec l'ennemi, mais vu le pédigrée, rien de vraiment surprenant...

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 10 minutes, Mr Wolfe a dit :

Considérer comme patriote un type qui a financé l'état islamique et donc plus ou moins directement les attentats sur notre territoire... t'as vraiment honte de rien... :mouai:

Ca s'appelle plutôt collaborer avec l'ennemi, mais vu le pédigrée, rien de vraiment surprenant...

Tu diras ça aux renseignements généraux qui étaient au courant et qui se servaient et de lafarge et de cette personne pour positionner daesch.

Ton attaque personnelle est nulle je ne fais que commenter un.article.

De toutes façons c'est évident que lafarge est restée parce que cette entreprise était protégée hollande au courant.

Il pensait comme beaucoup virer Bachar. 

Mais avec l'arrivée des russes tout change et lafarge  part en 2014 il me semble.

Ta haine ne change rien.

Ou alors il faut que tu dises que tout ce petit monde est collabo de daesch pour abattre Bachar?

Est ce que tu prétends?

 

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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il y a 6 minutes, Mr Wolfe a dit :

Les collabos jouent à Caliméro... comme d'hab.

 

Tu trolles  comme toujours.

Je repose donc ma question.

Est ce que tu dis que tout ce petit monde de lafarge en passant par les services et jusqu'au gouvernement donc hollande soutenaient Daesch contre Bachar?

Question simple.

Tu ne peux pas en traiter un de collabos et pas les autres c'est tout ou rien.non?

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Membre, Serial shooter, 56ans Posté(e)
Mr Wolfe Membre 5 564 messages
56ans‚ Serial shooter,
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J'en dis que tu es prêt à raconter n'importe quelle fable pour défendre tes poulains, sans le moindre début de preuve autre que ton imagination. Et ce n'est pas en répétant une fable à tue tête qu'elle devient vérité.

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Membre, 70ans Posté(e)
jacky29 Membre 38 161 messages
Maitre des forums‚ 70ans‚
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Le 14 novembre 2017 à 12:30, Pat-Houdesuite a dit :

L'enquête continue. Une perquisition était en cours ce mardi au siège de Lafarge à Paris, soupçonné d’avoir indirectement financé des groupes djihadistes en Syrie, dont l’organisation Etat islamique (EI), a-t-on appris de source proche du l’enquête et auprès du cimentier.

AFP

Notre gouvernement est d'un silence assourdissant sur cette affaire scandaleuse.

  Il y a 6 heures, lycan77 a dit :

http://www.liberation.fr/france/2018/04/22/syrie-comment-lafarge-informait-l-etat-francais_1645131

 

Apparemment, le gouvernement français était non seulement au courant des "transactions" entre Daech et Lafarge, mais il s'appuyait dessus pour faire du renseignement dans la zone.

bonjour lycan, oui et alors? je me souviens du fait indéniable que non seulement la compagnie du charbon de France usait de ce type d'expédients pour aider à la quête de renseignements mais, en plus, payer un écot aux "vietmims" pour continuer de fonctionner au Vietnam! 

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
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Il y a 11 heures, PASCOU a dit :

http://www.liberation.fr/france/2018/04/22/syrie-comment-lafarge-informait-l-etat-francais_1645131

Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

Par Willy Le Devin et Ismaël Halissat 22 avril 2018 à 17:36
Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Le 23 décembre 2016, l'ancienne usine Lafarge en Syrie, sur la route vers Raqqa, dans le Nord syrien. Photo Chris Huby. Le Pictorium.
 

Dans l’affaire du financement de l’Etat islamique par l’entreprise de matériaux de construction, «Libération» révèle que les renseignements français étaient informés de façon précise et régulière par le directeur sûreté. L’Elysée et le Quai d’Orsay participaient à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine.

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    Syrie: comment Lafarge informait l'Etat français

La révélation est sulfureuse, et ouvre un nouveau front dans l’enquête judiciaire sur les agissements de Lafarge en Syrie. Ce 12 avril, Jean-Claude Veillard, ­ancien directeur sûreté de la multinationale française (qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim), passe la journée dans le bureau de la juge d’instruction parisienne, Charlotte Bilger. Il fait partie des six dirigeants du cimentier mis en examen pour avoir versé d’importantes sommes d’argent, entre 2012 et 2014, à plusieurs groupes armés, dont l’Etat islamique, dans le but de poursuivre l’activité de la cimenterie syrienne en zone de guerre. Lors de ce troisième interrogatoire, révélé par ­Libération, la juge questionne Jean-Claude Veillard sur un point crucial : les services de renseignements français étaient-ils informés de la «réalité du financement» de l’EI par ­Lafarge ? La réponse est limpide : «Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignements.» Et d’enfoncer le clou : «Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations.» Selon l’agenda fourni par Jean-Claude Veillard aux enquêteurs, le directeur sûreté a rencontré à 33 reprises les différents services de renseignement extérieurs (DRM, DGSE) et intérieur (DGSI) entre 2012 et 2014. Un canal fructueux, qui a pu permettre au plus haut niveau de l’Etat d’être avisé en temps réel des équilibres militaires dans le nord de la Syrie, mais aussi de la réalité des agissements de Lafarge. Jusqu’ici, le scandale dépeignait surtout l’entêtement d’une multinationale pour engranger des profits au risque d’exposer ses salariés aux enlèvements et de contribuer au financement d’une organisation terroriste. Désormais, c’est l’Etat qui apparaît au cœur de l’affaire.

Fibre patriotique

Ancien commando marine, en poste dans l’entreprise depuis 2008, Jean-Claude Veillard, 64 ans, est un familier des cercles de la défense nationale. A la juge Bilger, il tient à préciser qu’il a «passé [sa] vie à combattre le terrorisme, en Afghanistan, en Bosnie, en Somalie». Décrit comme un homme à la fibre patriotique chevillée au corps, il noue au fil du temps une relation de confiance avec différents services secrets. Lors d’une première audition le 3 avril, Veillard détaille la proximité qu’il dit avoir entretenue avec le renseignement français : «Mon point d’entrée pour la DGSE était le point d’entrée pour toutes les entreprises, qui n’était pas spécialement dédié pour Lafarge en Syrie. J’avais des échanges très réguliers avec lui [son contact à la DGSE, ndlr], au cours desquels je lui transmettais les informations dont je disposais. Il arrivait que des personnes en charge de la situation syrienne demandent à me rencontrer, ce que j’acceptais.» La juge tente alors de sonder l’importance de ses renseignements pour les services : «Etiez-vous la seule source d’information pour la DGSE ?» «Dans cette partie de la ­Syrie, j’aurais la prétention de le croire», rétorque le directeur sûreté.

Lire aussi Lafarge en Syrie : le Quai d'Orsay retrouve doucement la mémoire

De nombreux mails saisis lors d’une perquisition au siège de Lafarge documentent également la relation entre l’agence du boulevard Mortier et Jean-Claude Veillard. Pour ­converser avec le directeur ­sûreté, la DGSE opte pour la création d’une adresse mail dont l’intitulé est ­surprenant : grosmarmotte@gmail.com. Plusieurs fois, Veillard l’utilisera pour informer le service de la destinée de l’usine. Ainsi, le 13 septembre 2014, il avise la DGSE de sa future rencontre avec deux dirigeants kurdes en France. L’EI attaque l’usine et en prend possession quelques jours plus tard, le 19 septembre. Dans un autre mail adressé à la DGSE, daté du 22 septembre, Veillard fait ouvertement part de son inquiétude : «L’usine est maintenant occupée par Daech qui bénéficie de notre cantine, clinique et base vie. […] Le contact a été établi pour la libération de nos collègues chrétiens. Nous recherchons maintenant une voie pour payer la “taxe” car leur jugement est simple : la conversion, la taxe ou la vie…»

Deux mois plus tard, le 17 novembre, nouveau bilan d’étape dressé par Jean-Claude Veillard. Il révèle alors à la DGSE qu’Amro Taleb – que l’on connaît aujourd’hui comme l’un des principaux intermédiaires entre Lafarge et l’EI – propose de «relancer l’usine sous le contrôle d’hommes “d’affaires” de Daech.» Le 23 décembre, enfin, Veillard écrit : «La situation évolue. Des représentants de Daech, par le biais de distributeurs locaux, ont commencé à établir des contacts avec certains de nos employés. Ils ont besoin de soutien technique pour remettre en route le générateur électrique. Nous résistons pour l’instant en arguant du fait que l’usine est pilotée depuis la France et qu’il est impossible de remettre en route localement. L’argument ne tiendra pas longtemps.» Le lendemain, l’agent de la DGSE répond de façon étonnante. Depuis l’adresse mail avec l’alias «grosmarmotte», il demande à Jean-Claude Veillard d’envoyer «les plans de l’usine et les éléments de localisation GPS» sur une autre adresse, cette fois-ci sur @defense.gouv.fr. Puis poursuit : «Sinon nous sommes intéressés par tout élément sur les représentants de Daech en contact avec vos employés… Tel, mails, pseudos, descriptions, etc. bon courage.»

«Fond de carte»

Outre la DGSE, Jean-Claude Veillard fait également état de liens étroits avec les autres services français : «Nous fonctionnions de la même manière, j’avais un point de contact particulier avec la DGSI ainsi qu’à la direction du renseignement militaire (DRM)», relate celui qui a par ailleurs été candidat sur la liste Front national aux municipales à Paris en 2014. Loquace, le directeur sûreté précise aussi le travail de terrain qu’effectuaient les deux «gestionnaires de risques» de Lafarge en Syrie, le Norvégien Jacob Waerness, puis le Jordanien Ahmad Jaloudi, vétérans des services secrets de leurs pays respectifs. Ces derniers collectaient «des informations auprès des conducteurs, des clients, des fournisseurs et parfois des employés», se souvient Veillard. Le sexagénaire récupère alors «tous les mois ou tous les deux mois […] un fond de carte qu’il travaillait sur Google» avant de le transmettre en direct «à la DGSE, à la DGSI et à la DRM». La juge Bilger relance : «Devaient-ils rencontrer les responsables de groupes armés ?» «Leur première mission, c’est l’acquisition du renseignement. Si ces rencontres pouvaient leur permettre d’obtenir des informations, ils pouvaient le faire», assure Jean-Claude Veillard.

En avril 2017, lors de la première phase des investigations, les enquêteurs ont tenté en vain de rencontrer l’ancien «gestionnaire des risques» norvégien de Lafarge. Jacob Waerness a officiellement quitté le cimentier à la fin de l’année 2013, et travaille désormais à Zurich en Suisse. «Jacob Waerness nous a indiqué qu’il n’avait pas de déplacement prévu à Paris dans les prochains mois. A la proposition de se voir à la frontière franco-suisse, […] Monsieur Waerness a décliné la proposition et nous a indiqué qu’il préférait que nous fassions le déplacement en Suisse», écrivent les douaniers sur procès-verbal. L’homme, qui a mis en scène une partie de son aventure syrienne dans un livre, n’a donc pour l’heure jamais répondu aux questions des trois juges d’instruction Charlotte Bilger, Renaud Van Ruymbeke et David de Pas. Son rôle semble pourtant primordial dans les relations avec les groupes armés en Syrie et la mise en place du système de versements d’argent.

La porosité entre le service sûreté de Lafarge et les services de renseignement est renforcée par deux recrutements effectués par Jean-Claude Veillard. Une contractuelle de la DCRI (future DGSI) travaille près d’un an et demi pour Lafarge, entre 2010 et 2011. Pour la remplacer, le directeur sûreté recrute cette fois-ci un agent de la DGSE. Veillard fait également valoir ses relations avec les patrons de ces deux services : «Je connaissais le directeur du renseignement militaire, le patron de la DGSI.» Selon nos informations, un déjeuner avec Patrick Calvar, alors à la tête du renseignement intérieur, a eu lieu mi-2016, à l’époque des premières informations du journal le Monde sur l’affaire.

Lire aussi L’affaire Lafarge fait les affaires de Holcim

Ce n’est qu’après plusieurs heures d’audition que Jean-Claude Veillard en arrive au point le plus sensible de ses déclarations. Les services de renseignement pouvaient-ils ignorer les remises d’argent aux nombreux groupes armés, parmi lesquels, à partir de novembre 2013, l’Etat islamique ? Le 12 avril, Jean-Claude Veillard se livre : «En 2013, j’ai compris l’économie générale au profit des groupes armés», puis en 2014, les «liens avec Isis [l’EI, ndlr]». La magistrate insiste : «Vous avez déclaré avoir appris la réalité du financement en 2014. Avez-vous informé les services de renseignement avec lesquels vous déclariez être en contact régulier des informations dont vous disposiez sur ce point ?» Jean-Claude Veillard réitère alors avoir «donné toutes les informations». «Quelle était leur réaction ?» enfonce la juge Bilger. «Ils engrangent les informations, c’est leur métier.» Une réponse sibylline, qui ouvre une suite logique : que savait le sommet de l’Etat de cette situation explosive ?

«Déploiement»

Les derniers éléments de l’enquête que nous révélons permettent d’obtenir une première indication du rôle joué par la diplomatie française et l’Elysée dès 2014, alors que l’usine syrienne venait d’être investie par l’EI. «En octobre ou novembre», Jean-Claude Veillard fait état de contacts avec le cabinet militaire du président François Hollande. «Mon simple objectif était de faire comprendre que cette usine pouvait être utilisée comme base dans le cadre de déploiement des forces militaires françaises», explique le directeur sûreté de Lafarge dans le bureau du juge. A la fin de l’année 2015, ce sont dans un premier temps les forces spéciales américaines qui prendront pied dans l’usine. Le 28 décembre 2015, Jean-Claude Veillard contacte par mail l’ambassadeur français pour la Syrie, basé à Paris, Franck Gellet, afin de le rencontrer : «J’ai informé le directeur de la DRM et le CEMP [état-major personnel] du PR [président de la République] de cette évolution de situation. […] Je sollicite un rendez-vous dès que possible afin que nous puissions partager avec vous les informations à notre disposition et que vous nous proposiez une stratégie pour garder le contact avec ce site.» Le commandement militaire retient finalement la proposition de Lafarge, et positionne des forces spéciales françaises dans l’usine, aux côtés des Américains, quelques semaines plus tard.•

Willy Le Devin , Ismaël Halissat

Cet article parle d'un patriote, ce n'est pas moi.

il y a 6 minutes, Mr Wolfe a dit :

J'en dis que tu es prêt à raconter n'importe quelle fable pour défendre tes poulains, sans le moindre début de preuve autre que ton imagination. Et ce n'est pas en répétant une fable à tue tête qu'elle devient vérité.

Mais ce nest pas moi qui le dit, c'est libération.

Ta haine t'empêche de réfléchir. 

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Membre, Serial shooter, 56ans Posté(e)
Mr Wolfe Membre 5 564 messages
56ans‚ Serial shooter,
Posté(e)
il y a 3 minutes, PASCOU a dit :

Cet article parle d'un patriote, ce n'est pas moi.

Mais ce nest pas moi qui le dit, c'est libération.

Ta haine t'empêche de réfléchir. 

J'admet que ce qui vient du fn m'inspire le plus profond mépris et la plus grande méfiance... autant que ton admiration t'aveugle ?

 

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Membre, Posté(e)
PASCOU Membre 92 138 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
il y a 17 minutes, Mr Wolfe a dit :

J'admet que ce qui vient du fn m'inspire le plus profond mépris et la plus grande méfiance... autant que ton admiration t'aveugle ?

 

Aucune admiration, seulement après le déchainement de haine, cet article m'a étonné, comme ce revirement.

Par contre c'est certain je n'ai aucun mal à voir que tu ne parles que par mépris et sans réfléchir, la haine ne rend pas très malin.

Ce n'est pas moi qui dit que ce type est patriote, c'est cet article, donc les services cités sont aussi des collabos ainsi que ceux qui les dirigent, est ce bien ça?

il y a 29 minutes, jacky29 a dit :
  Il y a 6 heures, lycan77 a dit :

http://www.liberation.fr/france/2018/04/22/syrie-comment-lafarge-informait-l-etat-francais_1645131

 

Apparemment, le gouvernement français était non seulement au courant des "transactions" entre Daech et Lafarge, mais il s'appuyait dessus pour faire du renseignement dans la zone.

bonjour lycan, oui et alors? je me souviens du fait indéniable que non seulement la compagnie du charbon de France usait de ce type d'expédients pour aider à la quête de renseignements mais, en plus, payer un écot aux "vietmims" pour continuer de fonctionner au Vietnam! 

J'ai déjà ouvert un fil sur le sujet hier soir Jacky, c'est juste un doublon.

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Membre, Serial shooter, 56ans Posté(e)
Mr Wolfe Membre 5 564 messages
56ans‚ Serial shooter,
Posté(e)
il y a 7 minutes, PASCOU a dit :

Par contre c'est certain je n'ai aucun mal à voir que tu ne parles que par mépris et sans réfléchir, la haine ne rend pas très malin.

Comme cela me rassure d'être ainsi perçu par ton esprit supérieur... merci. :hello:

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