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Qu'est ce que le rire au Moyen-Age ?


January

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 60 733 messages
107ans‚ ©,
Posté(e)

Alors que les cultures biblique et grecque font la différence entre un rire joyeux et naturel et un rire méchant et moqueur, le Moyen Age a tendance a les confondre, ou plutôt à avoir du mal à les distinguer.

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L’Eglise n’aime guère le rire, rattaché aux basses parties du corps (la rate). Un rire tonitruant éloigne de Dieu, que l’on atteint dans le silence, et rapproche du diable, grimaçant. Et pourtant le rire est jugé, malgré tout nécessaire à l’équilibre de l’esprit humain. Les moines du Haut Moyen Age s’égaient en se posant des devinettes à résonance biblique (Qui est né une fois et mort deux fois ? — Lazare). Et quand les prédicateurs, au XIIIe siècle, veulent convaincre leurs auditeurs à appliquer les préceptes fondamentaux du christianisme, ils ont recours à des récits facétieux, parfois tirés des fabliaux, qu’ils moralisent à l’envie.

[...]

L’Eglise souhaite un rire modéré et discret. Car le rire s’exprime, comme le notait Jacques Le Goff, dans le corps et à travers le corps. Un corps dont les gestes et les mouvements devaient être domptés. Mais Saint Louis aimait partir « d’un rire clair » ! A la cour du roi d’Angleterre Henri II, quand un courtisan facétieux livre une anecdote peu flatteuse (mais comique) sur Bernard de Clairvaux, bien des personnes sortent de la salle pour rire à gorge déployée ! Car on rit en groupe. Et ce rire, tout de connivence, forge l’image d’un groupe, construit même son identité. Quand les moines rient (ou sourient) ensemble, en se posant des devinettes, ils se rassemblent autour d’un savoir commun. Ils forment une « communauté émotionnelle » chère à l’historienne américaine Barbara H. Rosenwein. Le rire soude aussi contre ce qui n’est pas soi. Rire c’est aussi rire contre. Les seigneurs rient des paysans, parfois des moines ; les bourgeois (on le voit à travers les fabliaux) des prêtres. On rit des infirmes, des fous et des aveugles, pour chasser de son esprit l’angoisse de devenir ainsi, ou bien pour leur faire expier leurs péchés, source de leurs maux.

Article complet : http://www.histoire....-03-2016-140880

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Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 17 947 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Alors que les cultures biblique et grecque font la différence entre un rire joyeux et naturel et un rire méchant et moqueur, le Moyen Age a tendance a les confondre, ou plutôt à avoir du mal à les distinguer.

De nos jours aussi, bien des gens confondent le rire joyeux et naturel, donc sain, avec le rire abruti, méchant et moqueur, blessant et malsain. On en a régulièrement la preuve, par exemple, dans certaines vidéos considérées comme comiques mais qui ne tiennent en vérité que de l'inconvenance et de la mise en boîte.
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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 46 223 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Au moyen-âge ,le rire est le propre de l'homme!

"Mieulx est de ris que de larmes escripre" dit Rabelais auteur de Gargantua et de Pantagruel deux livres parmi les plus anciens de notre littérature française.Qui sont des livres comiques!C'est dire combien rire est important dans notre culture!Or,il semblerait que l'on rie de moins en moins!

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 23 471 messages
78ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Chez beaucoup d'animaux, découvrir les dents est un signe d'agression.

"Il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible.

On rira d'un animal, mais parce qu'on aura surpris chez lui une attitude d'homme ou une expression humaine.

On rira d'un chapeau ; mais ce qu'on raille alors, ce n'est pas le morceau de feutre ou de paille, c'est la forme que des hommes lui ont donnée, c'est le caprice humain dont il a pris le moule.

Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l'insensibilité qui accompagne d'ordinaire le rire.

L'indifférence est son milieu naturel. Le rire n'a pas de plus grand ennemi que l'émotion.

Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s'adresse à l'intelligence pure.

Seulement, cette intelligence doit rester en contact avec d'autres intelligences. Il semble que le rire ait besoin d 'un écho.

Notre rire est toujours le rire d'un groupe.

Le comique naîtra, semble-t-il, quand des hommes réunis en groupe dirigeront tous leur attention sur un d'entre eux, faisant taire leur sensibilité et exerçant leur seule intelligence.

Le comique est inconscient. Comme s'il usait de l'anneau de Gygès à rebours, il se rend invisible à lui-même en devenant visible à tout le monde.

Le rire ne relève pas de l'esthétique pure puisqu'il poursuit (inconsciemment et même immoralement dans beaucoup de cas particuliers) un but de utile de perfectionnement général." Bergson

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Membre, 106ans Posté(e)
ThomasMann Membre 3 895 messages
Baby Forumeur‚ 106ans‚
Posté(e)

Le rire dans "Le Nom de la Rose " :

Un moment d'anthologie !

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