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De l'essence du rire


Savonarol

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Je ne veux pas écrire un traité de la caricature ; je veux simplement faire part au lecteur de quelques réflexions qui me sont venues souvent au sujet de ce genre singulier. Ces réflexions étaient devenues pour moi une espèce d’obsession ; j’ai voulu me soulager. J’ai fait, du reste, tous mes efforts pour y mettre un certain ordre et en rendre ainsi la digestion plus facile. Ceci est donc purement un article de philosophe et d’artiste. Sans doute une histoire générale de la caricature dans ses rapports avec tous les faits politiques et religieux, graves ou frivoles, relatifs à l’esprit national ou à la mode, qui ont agité l’humanité, est une oeuvre glorieuse et importante. Le travail est encore à faire, car les essais publiés jusqu’à présent ne sont guère que matériaux ; mais j’ai pensé qu’il fallait diviser le travail. Il est clair qu’un ouvrage sur la caricature, ainsi compris, est une histoire de faits, une immense galerie anecdotique. Dans la caricature, bien plus que dans les autres branches de l’art, il existe deux sortes d’oeuvres précieuses et recommandables à des titres différents et presque contraires. Celles-ci ne valent que par le fait qu’elles représentent. Elles ont droit sans doute à l’attention de l’historien, de l’archéologue et même du philosophe ; elles doivent prendre leur rang dans les archives nationales, dans les registres biographiques de la pensée humaine. Comme les feuilles volantes du journalisme, elles disparaissent emportées par le souffle incessant qui en amène de nouvelles ; mais les autres, et ce sont celles dont je veux spécialement m’occuper, contiennent un élément mystérieux, durable, éternel, qui les recommande à l’attention des artistes. Chose curieuse et vraiment digne d’attention que l’introduction de cet élément insaisissable du beau jusque dans les oeuvres destinées à représenter à l’homme sa propre laideur morale et physique ! Et, chose non moins mystérieuse, ce spectacle lamentable excite en lui une hilarité immortelle et incorrigible. Voilà donc le véritable sujet de cet article. Un scrupule me prend. Faut-il répondre par une démonstration en règle à une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs-jurés de sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l’Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? D’abord, diraient-ils, la caricature est-elle un genre ? Non, répondraient leurs compères, la caricature n’est pas un genre. J’ai entendu résonner à mes oreilles de pareilles hérésies dans des dîners d’académiciens. Ces braves gens laissaient passer à côté d’eux la comédie de Robert Macaire sans y apercevoir de grands symptômes moraux et littéraires. Contemporains de Rabelais, ils l’eussent traité de vil et de grossier bouffon. En vérité, faut-il donc démontrer que rien de ce qui sort de l’homme n’est frivole aux yeux du philosophe ? A coup sûr ce sera, moins que tout autre, cet élément profond et mystérieux qu’aucune philosophie n’a jusqu’ici analysé à fond. Nous allons donc nous occuper de l’essence du rire et des éléments constitutifs de la caricature. Plus tard, nous examinerons peut-être quelques-unes des oeuvres les plus remarquables produites en ce genre. 5De l’essence du rireLitteratura.comCollectionsII Le Sage ne rit qu’en tremblant. De quelles lèvres pleines d’autorité, de quelle plume parfaitement orthodoxe est tombée cette étrange et saisissante maxime ? Nous vient-elle du roi philosophe de la Judée ? Faut-il l’attribuer à Joseph de Maistre, ce soldat animé de l’Esprit-Saint ? J’ai un vague souvenir de l’avoir lue dans un de ses livres, mais donnée comme citation, sans doute. Cette sévérité de pensée et de style va bien à la sainteté majestueuse de Bossuet ; mais la tournure elliptique de la pensée et la finesse quintessenciée me porteraient plutôt à en attribuer l’honneur à Bourdaloue, l’impitoyable psychologue chrétien. Cette singulière maxime me revient sans cesse à l’esprit depuis que j’ai conçu le projet de cet article, et j’ai voulu m’en débarrasser tout d’abord. Analysons, en effet, cette curieuse proposition : Le Sage, c’est-à-dire celui qui est animé de l’esprit du Seigneur, celui qui possède la pratique du formulaire divin, ne rit, ne s’abandonne au rire qu’en tremblant. Le Sage tremble d’avoir ri ; le Sage craint le rire, comme il craint les spectacles mondains, la concupiscence. Il s’arrête au bord du rire comme au bord de la tentation. Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire. En effet, pour n’effleurer qu’en passant des souvenirs plus que solennels, je ferai remarquer, – ce qui corrobore parfaitement le caractère officiellement chrétien de cette maxime, – que le Sage par excellence, le Verbe Incarné, n’a jamais ri. Aux yeux de Celui qui sait tout et qui peut tout, le comique n’est pas. Et pourtant le Verbe Incarné a connu la colère, il a même connu les pleurs. Ainsi, notons bien ceci : en premier lieu, voici un auteur, – un chrétien, sans doute, – qui considère comme certain que le Sage y regarde de bien près avant de se permettre de rire, comme s’il devait lui en rester je ne sais quel malaise et quelle inquiétude, et, en second lieu, le comique disparaît au point de vue de la science et de la puissance absolues. Or, en inversant les deux propositions, il en résulterait que le rire est généralement l’apanage des fous, et qu’il implique toujours plus ou moins d’ignorance et de faiblesse. Je ne veux point m’embarquer aventureusement sur une mer théologique, pour laquelle je ne serais sans doute pas muni de boussole ni de voiles suffisantes ; je me contente d’indiquer au lecteur et de lui montrer du doigt ces singuliers horizons. Il est certain, si l’on veut se mettre au point de vue de l’esprit orthodoxe, que le rire humain est intimement lié à l’accident d’une chute ancienne, d’une dégradation physique et morale. Le rire et la douleur s’expriment par les organes où résident le commandement et la science du bien ou du mal : les yeux et la bouche. Dans le paradis terrestre (qu’on le suppose passé ou à venir, souvenir ou prophétie, comme les théologiens ou comme les socialistes), dans le paradis terrestre, c’est-à-dire dans le milieu où il semblait à l’homme que toutes les choses créées étaient bonnes, la joie n’était pas dans le rire. Aucune peine ne l’affligeant, son visage était simple et uni, et le rire qui agite maintenant les nations ne déformait point les traits de sa face. Le rire et les larmes ne peuvent pas se faire voir dans le paradis de délices. Ils sont également les enfants de la peine, et ils sont venus parce que le corps de l’homme énervé manquait de force pour les contraindre. Au point de vue de mon philosophe chrétien, le rire de ses lèvres est signe d’une aussi grande misère que les larmes de ses yeux. L’Etre qui voulut multiplier son image n’a point mis dans la 6De l’essence du rireLitteratura.comCollectionsbouche de l’homme les dents du lion, mais l’homme mord avec le rire ; ni dans ses yeux toute la ruse fascinatrice du serpent, mais il séduit avec les larmes. Et remarquez que c’est aussi avec les larmes que l’homme lave les peines de l’homme, que c’est avec le rire qu’il adoucit quelquefois son coeur et l’attire ; car les phénomènes engendrés par la chute deviendront les moyens du rachat. Qu’on me permette une supposition poétique qui me servira à vérifier la justesse de ces assertions, que beaucoup de personnes trouveront sans doute entachées de l’a priori du mysticisme. Essayons, puisque le comique est un élément damnable et d’origine diabolique, de mettre en face une âme absolument primitive et sortant, pour ainsi dire, des mains de la nature. Prenons pour exemple la grande et typique figure de Virginie, qui symbolise parfaitement la pureté et la naïveté absolues. Virginie arrive à Paris encore toute trempée des brumes de la mer et dorée par le soleil des tropiques, les yeux pleins des grandes images primitives des vagues, des montagnes et des forêts. Elle tombe ici en pleine civilisation turbulente, débordante et méphitique, elle, tout imprégnée des pures et riches senteurs de l’Inde ; elle se rattache à l’humanité par la famille et par l’amour, par sa mère et par son amant, son Paul, angélique comme elle, et dont le sexe ne se distingue pour ainsi dire pas du sien dans les ardeurs inassouvies d’un amour qui s’ignore. Dieu, elle l’a connu dans l’église des Pamplemousses, une petite église toute modeste et toute chétive, et dans l’immensité de l’indescriptible azur tropical, et dans la musique immortelle des forêts et des torrents. Certes, Virginie est une grande intelligence ; mais peu d’images et peu de souvenirs lui suffisent, comme au Sage peu de livres. Or, un jour, Virginie rencontre par hasard, innocemment, au Palais-Royal, aux carreaux d’un vitrier, sur une table, dans un lieu public, une caricature ! une caricature bien appétissante pour nous, grosse de fiel et de rancune, comme sait les faire une civilisation perspicace et ennuyée. Supposons quelque bonne farce de boxeurs, quelque énormité britannique, pleine de sang caillé et assaisonnée de quelques monstrueux goddam ; ou, si cela sourit davantage à votre imagination curieuse, supposons devant l’oeil de notre virginale Virginie quelque charmante et agaçante impureté, un Gavarni de ce temps-là, et des meilleurs, quelque satire insultante contre des folies royales, quelque diatribe plastique contre le Parc-aux-Cerfs, ou les précédents fangeux d’une grande favorite, ou les escapades nocturnes de la proverbiale Autrichienne. La caricature est double : le dessin et l’idée, le dessin violent, l’idée mordante et voilée ; complication d’éléments pénibles pour un esprit naïf, accoutumé à comprendre d’intuition des choses simples comme lui. Virginie a vu ; maintenant elle regarde. Pourquoi ? Elle regarde l’inconnu. Du reste, elle ne comprend guère ni ce que cela veut dire ni à quoi cela sert. Et pourtant, voyez-vous ce reploiement d’ailes subit, ce frémissement d’une âme qui se voile et veut se retirer ? L’ange a senti que le scandale était là. Et, en vérité, je vous le dis, qu’elle ait compris ou qu’elle n’ait pas compris, il lui restera de cette impression je ne sais quel malaise, quelque chose qui ressemble à la peur. Sans doute, que Virginie reste à Paris et que la science lui vienne, le rire lui viendra ; nous verrons pourquoi. Mais, pour le moment, nous, analyste et critique, qui n’oserions certes pas affirmer que notre intelligence est supérieure à celle de Virginie, constatons la crainte et la souffrance de l’ange immaculé devant la caricature. 7De l’essence du rireLitteratura.comCollectionsIII Ce qui suffirait pour démontrer que le comique est un des plus clairs signes sataniques de l’homme et un des nombreux pépins contenus dans la pomme symbolique, est l’accord unanime des physiologistes du rire sur la raison première de ce monstrueux phénomène. Du reste, leur découverte n’est pas très profonde et ne va guère loin. Le rire, disent-ils, vient de la supériorité. Je ne serais pas étonné que devant cette découverte le physiologiste se fût mis à rire en pensant à sa propre supériorité. Aussi, il fallait dire : Le rire vient de l’idée de sa propre supériorité. Idée satanique s’il en fut jamais ! Orgueil et aberration ! Or, il est notoire que tous les fous des hôpitaux ont l’idée de leur propre supériorité développée outre mesure. Je ne connais guère de fous d’humilité. Remarquez que le rire est une des expressions les plus fréquentes et les plus nombreuses de la folie. Et voyez comme tout s’accorde : quand Virginie, déchue, aura baissé d’un degré en pureté, elle commencera à avoir l’idée de sa propre supériorité, elle sera plus savante au point de vue du monde, et elle rira. J’ai dit qu’il y avait symptôme de faiblesse dans le rire ; et, en effet, quel signe plus marquant de débilité qu’une convulsion nerveuse, un spasme involontaire comparable à l’éternuement, et causé par la vue du malheur d’autrui ? Ce malheur est presque toujours une faiblesse d’esprit. Est-il un phénomène plus déplorable que la faiblesse se réjouissant de la faiblesse ? Mais il y a pis. Ce malheur est quelquefois d’une espèce très inférieure, une infirmité dans l’ordre physique. Pour prendre un des exemples les plus vulgaires de la vie, qu’y a-t-il de si réjouissant dans le spectacle d’un homme qui tombe sur la glace ou sur le pavé, qui trébuche au bout d’un trottoir, pour que la face de son frère en Jésus-Christ se contracte d’une façon désordonnée, pour que les muscles de son visage se mettent à jouer subitement comme une horloge à midi ou un joujou à ressorts ? Ce pauvre diable s’est au moins défiguré, peut-être s’est-il fracturé un membre essentiel. Cependant, le rire est parti, irrésistible et subit. Il est certain que si l’on veut creuser cette situation on trouvera au fond de la pensée du rieur un certain orgueil inconscient. C’est là le point de départ : moi, je ne tombe pas ; moi, je marche droit ; moi, mon pied est ferme et assuré. Ce n’est pas moi qui commettrais la sottise de ne pas voir un trottoir interrompu ou un pavé qui barre le chemin. L’école romantique, ou, pour mieux dire, une des subdivisions de l’école romantique, l’école satanique, a bien compris cette loi primordiale du rire ; ou du moins, si tous ne l’ont pas comprise, tous, même dans leurs plus grossières extravagances et exagérations, l’ont sentie et appliquée juste. Tous les mécréants de mélodrame, maudits, damnés, fatalement marqués d’un rictus qui court jusqu’aux oreilles, sont dans l’orthodoxie pure du rire. Du reste, ils sont presque tous des petits-fils légitimes ou illégitimes du célèbre voyageur Melmoth, la grande création satanique du révérend Maturin. Quoi de plus grand, quoi de plus puissant relativement à la pauvre humanité que ce pâle et ennuyé Melmoth ? Et pourtant, il y a en lui un côté faible, abject, antidivin et antilumineux. Aussi comme il rit, comme il rit, se comparant sans cesse aux chenilles humaines, lui si fort, si intelligent, lui pour qui une partie des lois conditionnelles de l’humanité, physiques et intellectuelles, n’existent plus ! Et ce rire est l’explosion perpétuelle de sa colère et de sa souffrance

Charles Baudelaire - De l'essence du rire

Texte intégral ( domaine public )

( C'est une manière comme une autre de lancer une réflexion )

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Invité lobotomie_
Invités, Posté(e)
Invité lobotomie_
Invité lobotomie_ Invités 0 message
Posté(e)

De voir (pas de lire, hein, il ne faut rien exagérer) un message aussi long sur forumfr c'est vrai que c'est drôle.

Personnellement je carbure au Diesel, ça me moule bien les fesses.

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Le lien en bas du post conduit à la version PDF de l'essai, c'est très instructif / intéressant / excitant !

De voir (pas de lire, hein, il ne faut rien exagérer) un message aussi long sur forumfr c'est vrai que c'est drôle.

Personnellement je carbure au Diesel, ça me moule bien les fesses.

Mais en gros, Baudelaire dit que le rire est un truc satanique et l'apanage des médiocres car il consiste à rire de l'infériorité des autres ( et donc de se glorifier de sa supériorité ) , il évoque les fous qui rient tout seul et qui ont toujours (écrit-il) une image supérieure d'eux-même)

Il dit que le rire est " La faiblesse qui se réjouit de la faiblesse" .

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Membre, Zigbu, 77ans Posté(e)
Zigbu Membre 6 639 messages
77ans‚ Zigbu,
Posté(e)

Je ne sais pas ce que dit Beau de laine, mais je suis comme lobotomie, la longueur de ton post m'a fait sourire et je ne l'ai pas lu non plus (trop long). Il y en a qui font tellement concis qu'on n'y pige que dalle, ce n'est pas ton cas. :D

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

J'en ai fait un méga condensé dans ma réponse à Lobotomie.

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Membre, Zigbu, 77ans Posté(e)
Zigbu Membre 6 639 messages
77ans‚ Zigbu,
Posté(e)

Donc si Baudelaire a dit (c'est donc surement vrai)que le rire est l'apanage des médiocres, il m'insulte là ton beau de laine, j'le connait pas c'mec, c'est un pote à toi ? j'va lui mettre un pain. J'aime bien rire moi, ça me déride et je ne me sens pas faible, bien droit dans mes bottes. :D

J'espère que ce résumé n'est pas le condensé de tout ce que tu as écrit, parce que, dans ce cas, pourquoi faire si long si on peut faire court ?

Mais, je viens de lire ta signature :

Les esprits d’élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes

Tu considères donc que tu fais partie des esprits d'élite ? T'aurait pas les chevilles enflées des fois ? :hehe:

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Donc si Baudelaire a dit (c'est donc surement vrai)que le rire est l'apanage des médiocres, il m'insulte là ton beau de laine, j'le connait pas c'mec, c'est un pote à toi ? j'va lui mettre un pain. J'aime bien rire moi, ça me déride et je ne me sens pas faible, bien droit dans mes bottes. :D

J'espère que ce résumé n'est pas le condensé de tout ce que tu as écrit, parce que, dans ce cas, pourquoi faire si long si on peut faire court ?

Parce que le concept a besoin de concaténation pour exister : ça veut dire établir un raisonnement, c'est pour ça que "en gros" veut dire "grossièrement", et que le grossier n'est pas l'idée mais un vague teaser de l'idée pour celui qui sera en mesure de s'y intéresser peut-être.

Mais, je viens de lire ta signature :

Les esprits d’élite discutent des idées, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes

Tu considères donc que tu fais partie des esprits d'élite ? T'aurait pas les chevilles enflées des fois ? :hehe:

J'en sais rien, tu veux qu'on en discute concrétement ? :hehe:

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Membre, Zigbu, 77ans Posté(e)
Zigbu Membre 6 639 messages
77ans‚ Zigbu,
Posté(e)

Je n'ai pas envie de me prendre le choux pour savoir pourquoi je ris. Quand je ris je sais pourquoi : parce je trouve que ce qui vient de se passer ou de se dire est drôle, alors je ris, comme le font des millions de personnes sans se poser la question de savoir pourquoi ils rient. C'est drôle, non ?

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Bah personne ne t'oblige à te prendre le chou, ça n'est pas un topic obligatoire.

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Membre, Zigbu, 77ans Posté(e)
Zigbu Membre 6 639 messages
77ans‚ Zigbu,
Posté(e)

C'est bien pour ça que je ne vais pas me le prendre, le choux. Ce qui ne m'empêchera pas de bien rigoler. "faut rigoler, faut rigoler, pour empêcher le ciel de tomber..."

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
Invité Leopardi Invités 0 message
Posté(e)

Peut être le rire est il ici méprisé que parce qu'il est irrésistible, comme un relent de nature et de bestialité pour des esprits souhaitant s'en purifier.. Et, encore une fois, comme avec l'ironie, le rire jette un trouble plus profond qu'on y croirait... comme une duplicité.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

M'enfin !

C'est pas inintéressant de comprendre le rire, son sens, ses mécanismes...

Bergson et Freud ont réfléchi dessus, il me semble mais le tenaient en meilleure estime que le Baudelaire.

Faudrait voir !

J'aime bien rire.

(Mais trouvera-t-on quelqu'un qui avouera, qui osera avouer ne pas aimer rire?)

Mais le déclenchement du rire est si subit, si inattendu, si imprévisible,

Et pourtant si... évident quand il a lieu:

("'Tiens, ça te fait pas rire toi ? Moi j'ai éclaté !")

QU'IL MERITE UNE REFLEXION DES PLUS SERIEUSES !!!

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

C'est vrai que comme figure de comique, on a déjà trouvé mieux !

Charles-Baudelaire-2.jpg

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  • 1 mois après...
Membre, Posté(e)
Demsky Membre 11 421 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

important = ne jamais rire quand vous faites rire ( raconter des blagues)

J’aimerais vous parler du pélican car je suis sûr que vous ne savez rien du pélican. Personne ne connaît le pélican. Moi-même, je veux bien être pendu si je possède le moindre soupçon d’indice d’information concernant ce rongeur. Mais je suis le genre de gars qui aime bien faire profiter les autres de son ignorance. Gotlib
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  • 1 mois après...
VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)

Mais en gros, Baudelaire dit que le rire est un truc satanique et l'apanage des médiocres car il consiste à rire de l'infériorité des autres ( et donc de se glorifier de sa supériorité ) , il évoque les fous qui rient tout seul et qui ont toujours (écrit-il) une image supérieure d'eux-même)

Il dit que le rire est " La faiblesse qui se réjouit de la faiblesse" .

Baudelaire définit un certain type de rire, celui de la satire, de l'ironie, de la moquerie. C'était en vogue à son époque, ça l'est toujours aujourd'hui, même dans des formes très idiotes. Mais il oublie aussi qu'on peut s'ériger soi-même cible de ce genre d'humour (autodérision) et qu'il en existe d'autres, avec différents mécanismes (par exemple, l'irruption de l'absurde). En fait, l'analyse du rire de Baudelaire en dit plus long sur sa façon de voir le monde.

L'essence première du rire n'est pas qu'humain, en tout cas. On note du rire chez les primates, les rats ou les dauphins comme interaction sociale. Le rire (ensemble) est un réflexe social, une grande connivence pacifique. L'humain, avec sa conscience accrue du monde, a probablement déplacé les moteurs du rire par rapport à celui des autres animaux mais il reste cette connivence, cet apaisement collectif.

L'humour, qui est un échange très conceptuel menant au rire, désamorce les choses les plus violentes ou les plus graves, pour les ramener à hauteur d'homme, ou en-dessous, et nous rassurer. C'est une prise sur les choses qui nous dépassent ou nous effraient. C'est un peu plus qu'un simple réjouissement de la faiblesse devant la faiblesse, en tout cas dans l'humour de qualité. Il y a d'autres rires que le rire bête ou le rire méchant.

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Invité Lucy Van Pelt
Invités, Posté(e)
Invité Lucy Van Pelt
Invité Lucy Van Pelt Invités 0 message
Posté(e)

C'est vrai que comme figure de comique, on a déjà trouvé mieux !

Charles-Baudelaire-2.jpg

MDR!

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Membre, Esprit de contradiction, 48ans Posté(e)
Savonarol Membre 10 346 messages
48ans‚ Esprit de contradiction,
Posté(e)

Baudelaire définit un certain type de rire, celui de la satire, de l'ironie, de la moquerie. C'était en vogue à son époque, ça l'est toujours aujourd'hui, même dans des formes très idiotes. Mais il oublie aussi qu'on peut s'ériger soi-même cible de ce genre d'humour (autodérision) et qu'il en existe d'autres, avec différents mécanismes (par exemple, l'irruption de l'absurde). En fait, l'analyse du rire de Baudelaire en dit plus long sur sa façon de voir le monde.

L'essence première du rire n'est pas qu'humain, en tout cas. On note du rire chez les primates, les rats ou les dauphins comme interaction sociale. Le rire (ensemble) est un réflexe social, une grande connivence pacifique. L'humain, avec sa conscience accrue du monde, a probablement déplacé les moteurs du rire par rapport à celui des autres animaux mais il reste cette connivence, cet apaisement collectif.

L'humour, qui est un échange très conceptuel menant au rire, désamorce les choses les plus violentes ou les plus graves, pour les ramener à hauteur d'homme, ou en-dessous, et nous rassurer. C'est une prise sur les choses qui nous dépassent ou nous effraient. C'est un peu plus qu'un simple réjouissement de la faiblesse devant la faiblesse, en tout cas dans l'humour de qualité. Il y a d'autres rires que le rire bête ou le rire méchant.

C'est vrai, c'est sans doute quelque chose de propre à certaines personnalités aussi. Mais le rire "populaire" (un clown qui renverse un seau d'eau sur un autre clown) utilise au font les mêmes mécanismes : rire du ridicule ou de la souffrance de l'autre. Le clown n'intellectualise pas la souffrance, mais frapper une autre personne, l'humilier, la tromper, c'est le fondement du gag du clown au fond. C'est donc une approche perverse quelque part.

En fait, l'humour noir c'est le clown de celui qui a exercé son intelligence critique au point qu'elle devienne plus compliquée à satisfaire. C'est un clown Auguste "élaboré" en quelque sorte.

D'ailleurs, pourquoi le rire aide t-il a dédramatiser ? Car il désacralise, il tourne en ridicule, et qu'on ne peut pas continuer à respecter ce qu'on vient de ridiculiser. Le ridicule n'est jamais respectable.

C'est pas pour rien que l'humour est une des armes politiques les plus importantes de ce siècle. (On le voit avec le phénomène Dieudonné, à mon sens infiniment pervers dans son fonctionnement, mais qui en dit long sur l'époque) : rire amène la confiance ( comment en vouloir ou soupçonner celui qui nous fait rire ?) , il ridiculise celui qui est victime de la satire, il interdit tout esprit critique raisonné (il le gâche) ...

A différent degrés, l'humoriste a toujours une cible (plus ou moins importante), et l'on rie finalement toujours aux dépends de quelqu'un d'autres.

Sauf peut-être dans le cas des chansonniers à la Raymond Devos...

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Membre, 63ans Posté(e)
Rust Membre 83 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
Posté(e)

Sans vouloir encore pinailler sur le texte de Baudelaire, sa lecture me laisse dubitatif.

En vérité, faut-il donc démontrer que rien de ce qui sort de l’homme n’est frivole aux yeux du philosophe ?

En vérité, non. Mais au yeux du philosophe, le frivole est aussi, sans cesser d'être frivole, un sujet d'étude sérieux.

Le Sage ne rit qu’en tremblant. Analysons, en effet, cette curieuse proposition : Le Sage, c’est-à-dire celui qui est animé de l’esprit du Seigneur, celui qui possède la pratique du formulaire divin, ne rit, ne s’abandonne au rire qu’en tremblant.

Le Sage ne rit qu’en tremblant, parce qu'il connaît les différentes significations profondes du rire.

le Sage craint le rire, comme il craint les spectacles mondains, la concupiscence. Il s’arrête au bord du rire comme au bord de la tentation.

Le Sage, chrétien ou philosophe, ou les deux à la fois, ne craint pas le rire. Il rit. Il tremble parce qu'il connaît les différentes significations profondes du rire.

Il y a donc, suivant le Sage, une certaine contradiction secrète entre son caractère de sage et le caractère primordial du rire.

Aucune. Le Sage n'a rien contre le rire. Il rit.

En effet, pour n’effleurer qu’en passant des souvenirs plus que solennels, je ferai remarquer, – ce qui corrobore parfaitement le caractère officiellement chrétien de cette maxime, – que le Sage par excellence, le Verbe Incarné, n’a jamais ri. Aux yeux de Celui qui sait tout et qui peut tout, le comique n’est pas. Et pourtant le Verbe Incarné a connu la colère, il a même connu les pleurs.

Argument d'intention, d'une totale puerilité. Il existe des centaines de milliers de biographies de personnages illustres. Dont de nombreuses de Baudelaire lui-même. Dans l'écrasante majorité d'entre elles, s'il n'en est nullement fait mention, doit-on également en conclure que ces personnes ou que Baudelaire aient jamais ri?

De plus, l'argument est connu et ressassé: Il n'est mentionné nulle part que Jésus faisait ses besoins comme tout homme.

Ainsi, notons bien ceci : en premier lieu, voici un auteur, – un chrétien, sans doute, – qui considère comme certain que le Sage y regarde de bien près avant de se permettre de rire, comme s’il devait lui en rester je ne sais quel malaise et quelle inquiétude, et, en second lieu, le comique disparaît au point de vue de la science et de la puissance absolues.

Deux propositions fausses et de parti-pris.

Or, en inversant les deux propositions, il en résulterait que le rire est généralement l’apanage des fous, et qu’il implique toujours plus ou moins d’ignorance et de faiblesse.

Faux, puisque le sage lui-même rit. Ils ne rient pas pour les mêmes motifs, tout simplement.

Au point de vue de mon philosophe chrétien, le rire de ses lèvres est signe d’une aussi grande misère que les larmes de ses yeux

Affirmation totalement orientée comme le raisonnement qui y mène.

puisque le comique est un élément damnable et d’origine diabolique(...)

le comique est un des plus clairs signes sataniques de l’homme

Tout ça pour en arriver là. Baudelaire se montre meilleur poète que penseur.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
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C'est vrai, c'est sans doute quelque chose de propre à certaines personnalités aussi. Mais le rire "populaire" (un clown qui renverse un seau d'eau sur un autre clown) utilise au font les mêmes mécanismes : rire du ridicule ou de la souffrance de l'autre. Le clown n'intellectualise pas la souffrance, mais frapper une autre personne, l'humilier, la tromper, c'est le fondement du gag du clown au fond. C'est donc une approche perverse quelque part.

En fait, l'humour noir c'est le clown de celui qui a exercé son intelligence critique au point qu'elle devienne plus compliquée à satisfaire. C'est un clown Auguste "élaboré" en quelque sorte.

Les gags avec un clown qui en martyrise un autre, je ne trouve pas que ce soit une forme primaire de l'humour noir. L'humour noir vise des choses larges et immuables : la mort, la maladie, le destin,... Même si on peut user d'une allégorie ou d'une personne, ce ne sont pas ces personnes qui sont la cible mais bien ces effrayantes fatalités. On ne rit pas forcément par sadisme, là, mais par une petite prise sur des choses qui nous échappent.

On aura beau verser des seaux de caca sur un cancéreux en phase terminale, on ne fera pas de l'humour noir pour autant.

Je pense que les gags d'humiliation/ridicules sont restés les mêmes, avec leur mécanisme primaire et bébête, en témoignent les Jackass, Michael Youn, Rémi Gaillard, la télé-réalité ou les diverses pâtures qu'on trouve sur le net, ou même les vidéos de chute en ski. La forme élaborée est plutôt la satire, plus fine à mesure qu'elle va chercher plus loin ou plus pertinemment les défauts qui ne sont pas physiques, qu'elle emploie des métaphores ou des tournures moins directes, mais dont le but ultime est toujours de rabaisser, affaiblir ou ridiculiser la cible.

Je ne sais pas si c'est une différence fondamentale,si c'est juste une gradation de l'humour ou deux finalités distinctes mais je distingue l'humour qui rabaisse de celui qui ramène à hauteur d'homme. J'ai du mal à avoir une synthèse aussi monolithique que Baudelaire et ce sadisme contenté des faibles (si j'ai bien compris son postulat)

D'ailleurs, pourquoi le rire aide t-il a dédramatiser ? Car il désacralise, il tourne en ridicule, et qu'on ne peut pas continuer à respecter ce qu'on vient de ridiculiser. Le ridicule n'est jamais respectable.

Dédramatiser, désacraliser, tourner en ridicule, est-ce pareil ? La dérision perpétuelle de tout me semble nuisible car elle mène au nihilisme mais l'humour à dose ponctuelle ne me semble pas nuisible. Savoir faire de l'humour sur les choses qu'on respecte me semble même un gage d'ouverture d'esprit, d'adaptation aux autres visions du monde, d'intégration harmonieuse à la pluralité des idées sans sacrifier les siennes.

C'est pas pour rien que l'humour est une des armes politiques les plus importantes de ce siècle. (On le voit avec le phénomène Dieudonné, à mon sens infiniment pervers dans son fonctionnement, mais qui en dit long sur l'époque) : rire amène la confiance ( comment en vouloir ou soupçonner celui qui nous fait rire ?) , il ridiculise celui qui est victime de la satire, il interdit tout esprit critique raisonné (il le gâche) ...

Pour le cas de Dieudonné ou des sorties politiques, ce sont des traits d'humour assassin visant à décrédibiliser - pas désacraliser ou dédramatiser. Tourner en ridicule/dérision peut avoir des effets différents. Là où Dieudonné est malin, c'est qu'il se tourne aussi lui-même en dérision, ce que ne font pas vraiment les politiques établis.

On rit aussi en embrassant la finalité du gag, pas simplement dans une réaction réflexe à des mécanismes. Il y a des choses qui ne font pas rire car la finalité n'est pas apprécié par le public, quand bien même l'exercice gaguesque serait réussi. De là à dire que les humains rigolent de façon plus sadique que bienveillante... :o°

A différent degrés, l'humoriste a toujours une cible (plus ou moins importante), et l'on rie finalement toujours aux dépends de quelqu'un d'autres.

Sauf peut-être dans le cas des chansonniers à la Raymond Devos...

C'est plus facile d'avoir une cible. Elle peut catalyser. Mais est-ce systématique ? Les calembours n'ont pas de cible. Ce sont juste des jeux brouillant nos canaux habituels du langage et provoquant la surprise amusée. Comme les contrepèteries. Pas du tout le même moteur que la satire.

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