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l'alphabet des écrivains et de leurs oeuvres

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chirona

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Un grand merci à Kaerlyon qui a eu la patience de faire un récapitulatif. :snif:

Jules Amédée Barbey d'Aurevilly, (Saint-Sauveur-le-Vicomte, 2 novembre 1808 - Paris, 23 avril 1889) est un écrivain, romancier, nouvelliste, poète, critique littéraire, journaliste, et polémiste français. Surnommé le « Connétable des lettres », il a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du XIXe siècle. Son ¿uvre littéraire, d'une grande originalité, est marquée par la foi catholique et le péché. Ses romans et nouvelles sont au croisement du romantisme, du fantastique et du symbolisme décadent. Son essai sur George Brummell en a fait l'un des théoriciens du dandysme.

Ses romans et son recueil de nouvelles Les Diaboliques (1874) ont pour toile de fond son Cotentin d'origine. Ils mêlent réalisme historique, surnaturalisme et exaltation romantique. Son ¿uvre dépeint les ravages de la passion charnelle (Une vieille maîtresse, 1851), filiale (Un prêtre marié, 1865 ; Une histoire sans nom, 1882), politique (Le Chevalier des Touches, 1864) ou mystique (L'Ensorcelée, 1855). Cette littérature de l'insolite et de la transgression, qui plonge le lecteur dans un univers surhumain, a valu à son auteur d'être accusé d'immoralisme et de sadisme. Toutefois, plusieurs écrivains (dont Baudelaire) ont loué le talent extravagant de cet auteur, notamment à la fin de sa vie. Ses « disciples » ont pour nom Léon Bloy, Joris-Karl Huysmans, Octave Mirbeau ou Paul Bourget. Sa vision du catholicisme exercera une profonde influence sur l'¿uvre de Bernanos.

(sources : Wikipédia)

Voici un extrait d'une nouvelle des Diaboliques

« Le Rideau cramoisi » dans les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly

Un des avantages de la causerie en voiture, c'est qu'elle peut cesser quand on n'a plus rien à se dire, et cela sans embarras pour personne. Dans un salon, on n'a point cette liberté. La politesse vous fait un devoir de parler quand même, et on est souvent puni de cette hypocrisie innocente par le vide et l'ennui des conversations où les sots, même nés silencieux (il y en a), se travaillent et se détirent pour dire quelque chose et être aimables. En voiture publique, tout le monde est chez soi autant que chez les autres, ¿ et on peut sans inconvenance rentrer dans le silence qui plaît et faire succéder à la conversation la rêverie... Malheureusement, les hasards de la vie sont affreusement plats, et jadis (car c'est jadis déjà) on montait vingt fois en voiture publique, ¿ comme aujourd'hui vingt fois en wagon ¿, sans rencontrer un causeur animé et intéressant... Le vicomte de Brassard échangea d'abord avec moi quelques idées que les accidents de la route, les détails du paysage et quelques souvenirs du monde où nous nous étions rencontrés autrefois avaient fait naître, ¿ puis, le jour déclinant nous versa son silence dans son crépuscule. La nuit, qui, en automne, semble tomber à pic du ciel, tant elle vient vite ! nous saisit de sa fraîcheur, et nous nous roulâmes dans nos manteaux, cherchant de la tempe le dur coin qui est l'oreiller de ceux qui voyagent. Je ne sais si mon compagnon s'endormit dans son angle de coupé ; mais moi, je restai éveillé dans le mien. J'étais si blasé sur la route que nous faisions là et que j'avais tant de fois faite, que je prenais à peine garde aux objets extérieurs, qui disparaissaient dans le mouvement de la voiture, et qui semblaient courir dans la nuit, en sens opposé à celui dans lequel nous courions. Nous traversâmes plusieurs petites villes, semées, çà et là, sur cette longue route que les postillons appelaient encore : un fier « ruban de queue », en souvenir de la leur, pourtant coupée depuis longtemps. La nuit devint noire comme un four éteint, ¿ et, dans cette obscurité, ces villes inconnues par lesquelles nous passions avaient d'étranges physionomies et donnaient l'illusion que nous étions au bout du monde... Ces sortes de sensations que je note ici, comme le souvenir des impressions dernières d'un état de choses disparu, n'existent plus et ne reviendront jamais pour personne. é présent, les chemins de fer, avec leurs gares à l'entrée des villes, ne permettent plus au voyageur d'embrasser, en un rapide coup d'¿il, le panorama fuyant de leurs rues, au galop des chevaux d'une diligence qui va, tout à l'heure, relayer pour repartir. [...]

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Invité kaerlyon
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je t'en prie.... :snif: je suis en vacances alors j'en profite :snif:

je suis surprise de ne pas avoir croiser André Chénier dans les pages précédente. Un oubli que je m'empresse de réparer :snif:

André de Chénier, né à Constantinople de mère grecque et de père français fit ses études au collège de Navarre à paris. Il commence dés lors à écrire des vers, mais sans les publier. Il défendit les idées révolutionnaires mais avec modération ce qui lui attira la haine des jacobins. Condamné à mort, il est guillotiné le 7 thermidor, 2 jours avant Robespierre. Ses poèmes ne furent publier qu'après sa mort. Son poème le plus connu est certainement "la jeune captive", écrit alors qu'il était emprisonné à Saint Lazare, quelques mois avant son execution :

La jeune captive

" L'épi naissant mûrit de la faux respecté ;

Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été

Boit les doux présents de l'aurore ;

Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,

Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui,

Je ne veux point mourir encore.

Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort,

Moi je pleure et j'espère ; au noir souffle du Nord

Je plie et relève ma tête.

S'il est des jours amers, il en est de si doux !

Hélas ! quel miel jamais n'a laissé de dégoûts ?

Quelle mer n'a point de tempête ?

L'illusion féconde habite dans mon sein.

D'une prison sur moi les murs pèsent en vain.

J'ai les ailes de l'espérance :

échappée aux réseaux de l'oiseleur cruel,

Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel

Philomène chante et s'élance.

Est-ce à moi de mourir ? Tranquille je m'endors,

Et tranquille je veille ; et ma veille aux remords

Ni mon sommeil ne sont en proie.

Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux ;

Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux

Ranime presque de la joie.

Mon beau voyage encore est si loin de sa fin !

Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin

J'ai passé les premiers à peine,

Au banquet de la vie à peine commencé,

Un instant seulement mes lèvres ont pressé

La coupe en mes mains encor pleine.

Je ne suis qu'au printemps, je veux voir la moisson ;

Et comme le soleil, de saison en saison,

Je veux achever mon année.

Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,

Je n'ai vu luire encor que les feux du matin ;

Je veux achever ma journée.

é mort ! tu peux attendre ; éloigne, éloigne-toi ;

Va consoler les coeurs que la honte, l'effroi,

Le pâle désespoir dévore.

Pour moi Palès encore a des asiles verts,

Les Amours des baisers, les Muses des concerts.

Je ne veux point mourir encore. "

Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois

S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix,

Ces voeux d'une jeune captive ;

Et secouant le faix de mes jours languissants,

Aux douces lois des vers je pliais les accents

De sa bouche aimable et naïve.

Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,

Feront à quelque amant des loisirs studieux

Chercher quelle fut cette belle :

La grâce décorait son front et ses discours,

Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours

Ceux qui les passeront près d'elle

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chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
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En D, je vous propose un auteur dont j'apprécie beaucoup de poèmes, c'est Du Bellay.

Joachim du Bellay est un poète français né en 1522 au château de la Turmelière (Liré), dans le Maine-et-Loire, et mort en 1560, à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son ¿uvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque et satirique, écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557. (sources : Wikipédia)

Voici le poème que je préfère et que j'ai même appris par coeur à une époque car je le trouve magnifique : "Las, où est maintenant "

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?

Où est ce c¿ur vainqueur de toute adversité,

Cet honnête désir de l'immortalité,

Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs qu'au soir sous la nuit brune

Les Muses me donnaient, alors qu'en liberté

Dessus le vert tapis d'un rivage écarté

Je les menais danser aux rayons de la Lune ?

Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,

Et mon c¿ur, qui soulait être maître de soi,

Est serf de mille maux et regrets qui m'ennuient.

De la postérité je n'ai plus de souci,

Cette divine ardeur, je ne l'ai plus aussi,

Et les Muses de moi, comme étranges, s'enfuient.

Les regrets

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Invité kaerlyon
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En E, je propose Eco, Umberto. Je sais qu'il a déjà était cité mais je voudrais proposer un extrait de mon livre de chevet, "le pendule de Foucault". J'ai adoré ce roman dont le résumé n'est pas facile puisque, à mon avis, il peut être lu sous plusieurs visions. Toutefois, l'histoire de base est celle de 3 amis travaillant dans une maison d'édition. Par jeu, il refont l'histoire du monde en y integrant les manuscrits qu'ils recevoivent, le tout en l'intégrant dans la logique historique telle que nous la connaissons. Mais l'histoire se complique lorsque des grouspucules néotempliers prennent leur théorie au sérieux.

Le narrateur - Casaubon - discute avec Jacopo Belbo au comptoir d'un bar.

"- Mais vous, que savez-vous sur les Templiers?

- Moi je travaille dans une maison d'édition et dans une maison d'édition convergent sages et fous. Le métier du conseiller éditorial est de reconnaitre d'un coup d'oeil les fous. Quand quelqu'un remet les Templiers sur le tapis, c'est presque toujours un fou.

- Ne m'en parlez pas. Leur nom est légion. Mais les fous ne parleront tout de même pas tous des Templiers. Les autres comment les reconnaissez vous ?

- Le métier. Je vais vous expliquer, vous qui êtes jeune. A propos quel est votre nom ?

- Casaubon

- N'était-ce pas un personnage de Middlemarch ?

- Je l'ignore. En tout cas s'était aussi un philologue de la Renaissance, je crois. Mais nous ne sommes pas parents.

- Ce sera pour une autre fois. Vous remettez ça ? Deux autres, Pilade merci. Donc. Au monde il y a les crétins, les imbéciles, les stupides et les fous.

- Il ne va pas rester grand-chose !

- Si, nous deux, par exemple. Ou au moins, sans vouloir offenser, moi. Mais en somme, quiconque, à y regarder de près, participe de l'une de ces catégories. Chacun de nous de temps à autre est crétin, imbécile, stupide ou fou. Disons que la personne normale est celle qui mêle en une mesure idéale toutes ces composantes, ces types idéaux.

- Idealtypen.

- Bravo ! Vous savez aussi l'allemand ?

- Je le baragouine pour les bibliographies.

- De mon temps, qui savait l' allemand ne passait plus sa licence. Il passait sa vie à savoir l'allemand. Je crois que c'est ce qui arrive avec le chinois aujourd'hui.

- Moi je ne le sais pas suffisamment, comme ça je passe licence et maîtrise. Mais revenons à votre typologie. Le génie, c'est quoi, Einstein, par exemple ?

- Le génie, c'est celui qui fait jouer une composante de façon vertigineuse, en la nourrissant avec les autres composantes." Il but. Il dit: " Bonsoir bellissima. Tu as encore fait une tentative de suicide ?

- Non, répondit la passante, à présent je suis dans un collectif.

- Parfait", lui dit Belbo. Il revint à moi:" On peut organiser aussi des suicides collectifs, qu'en pensez-vous ?

- Mais les fous ?

- J'espère que vous n'avez pas pris ma théorie pour argent comptant. Je ne suis pas en train de mettre l'univers en ordre. Je m'explique sur ce qu'est un fou pour une maison d'édition. La théorie est ad hoc, d'accord ?

- D'accord. A présent c'est moi qui paie.

- D'accord. Pilade, s'il vous plait moins de glace. Sinon elle ne va pas tarder à se mettre de la partie. Alors. Le crétin ne parle même pas, il bave, il est spastique. Il plante son sorbet sur son front, par manque de coordination. Il prend la porte-tambour en sens contraire.

- Comment fait-il ?

- Lui, il y arrive. Raison pour quoi il est crétin. Il ne nous intéresse pas, vous le reconnaissez tout de suite, et il ne vient pas dans les maisons d'édition. Laissons-le à son sort.

- Laissons-le.

- Etre imbécile est plus complexe. C'est un comportement social. L'imbécile est celui qui parle toujours hors de son verre.

- Dans quel sens ?

- Comme ça." Il pointa l'index à pic hors de son verre, indiquant le comptoir. " Lui, il veut parler de ce qu'il y a dans son verre, mais sans savoir comment ni pourquoi, il parle en dehors. Si vous voulez, en termes communs, c'est celui qui fait des gaffes, qui demande des nouvelles de sa charmante épouse au type que sa femme vient de larguer. Je rends l'idée ?

- Vous la rendez. J'en connais.

- L'imbécile est fort demandé, surtout dans les occasions mondaines. Il met tout le monde dans l'embarras, mais ensuite il offre matière à commentaires. Dans sa forme positive il devient diplomate. Il parle hors de son verre quand se sont les autres qui ont fait une gaffe, il fait dévier les propos. Mais il ne nous intéresse pas, il n'est jamais créatif, c'est du rapporté, il ne vient donc pas offrir de manuscrits dans les maisons d'édition. L'imbécile ne dit pas que le chat aboie, il parle du chat quand les autres parlent du chien. Il se mêle les pinceaux dans les règles de la conversation et quand il se les mêle bien il est sublime. Je crois que c'est une race en voie d'extinction, c'est un porteur de vertus éminement bourgeoises. Il faut un salon Verdurin, ou carrément une famille Guermantes. Vous lisez encore ces choses-là, les étudiants ?

- Moi, oui.

- L'imbécile c'est Mac-Mahon qui passe en revue ses officiers et en voit un, couvert de décorations de la Martinique. "Vous êtes nègre ?" lui demande-t-il. Et l'autre:" Oui mon général !" Et Mac-Mahon:" Bravo, bravo, continuez !" Et ainsi de suite. Vous me suivez ? Excusez-moi, mais ce soir je fête une décision historique de ma vie. J'ai arrêté de boire. Un autre ? Ne répondez pas, vous me faites sentir coupable, Pilade !

- Et le stupide ?

- Ah. Le stupide ne se trompe pas dans son comportement. Il se trompe dans son raisonnement. C'est celui qui dit que tous les chiens sont des animaux domestiques qui aboient, mais que les chats sont aussi des animaux domestiques et donc qu'ils aboient. Ou encore, que tous les Athéniens sont mortels, tous les habitants du Pirée sont mortels, et donc tous les habitants du Pirée sont athéniens.

- Ce qui est vrai.

- Oui, mais par hasard. Le stupide peut même dire une chose juste, mais pour des raisons erronées.

- On peut dire des choses erronées, il suffit que les raisons soient justes.

- Parbleu. Autrement pourquoi tant peiner pour être des animaux rationnels ?

- Tous les grands singes anthropomorphes descendent de formes de vie inférieures, les hommes descendent de formes de vie inférieures, donc tous les hommes sont de grands singes anthropomorphes.

- Pas si mal. Nous sommes déjà sur le seuil ou vous soupçonnez que quelque chose ne cadre pas, mais il faut un certain travail pour démontrer quoi et pourquoi. Le stupide est des plus insidieux. L'imbécile, on le reconnaît tout de suite (sans parler du crétin), tandis que le stupide raisonne comme vous et moi, sauf un écart infinitésimal. C'est un maître ès paralogismes. Il n'y a pas de salut pour le conseiller éditorial, il devrait y passer une éternité. On publie beaucoup de livres de stupides parce que, de prime abord, ils nous convainquent. Le lecteur d'une maison d'édition n'est pas tenu de reconnaître le stupide. L'Académie des sciences ne le fait pas, pourquoi l'édition devrait-elle le faire ?

- La philosophie ne le fait pas. L'argument ontologique de saint Anselme est stupide. Dieu doit exister parce que je peux le penser comme l'être qui a toutes les perfections, y compris l'existence. Il confond l'existence dans la pensée et l'existence dans la réalité.

- Oui, mais la réfutation de Gaunilon est stupide elle aussi. Je peux penser à une île dans la mer, même si cette île n'existe pas. Il confond la pensée du contingent et la pensée du nécessaire.

- Une lutte entre stupides.

- Certes, et Dieu s'amuse comme un fou. Il s'est voulu impensable rien que pour démontrer qu'Anselme et Gaunilon étaient stupides. Quel but sublime pour la création, que dis-je, pour l'acte même en vertu duquel Dieu se veut. Tout finalisé pour la dénonciation de la stupidité cosmique.

- Nous sommes entourés de stupides.

- Pas d'issue. Tout le monde est stupide, sauf vous et moi. Mieux encore, sans vouloir offenser, sauf moi.

- J'ai dans l'idée que la preuve de Godel à quelque chose à voir là-dedans.

- Je ne sais pas, je suis crétin. Pilade !

- Mais c'est ma tournée.

- On partagera après. Epiménide, Crétois, dit que tous les Crétois sont menteurs. S'il le dit, lui qui est Crétois et connaît bien les Crétois, c'est vrai.

- C'est stupide.

- Saint Paul. Lettre à Titus. Et maintenant ceci: tous ceux qui pensent qu'Epiménide est un menteur ne peuvent que se fier aux Crétois, mais les Crétois ne se fient pas aux Crétois, par conséquent aucun Crétois ne pense qu'Epiménide est un menteur.

- C'est stupide ou pas ?

- A vous de voir. Je vous ai dit qu'il est difficile d'identifier le stupide. Un stupide peut même obtenir le prix Nobel.

- Laissez-moi réfléchir... Certains de ceux qui ne croient pas que Dieu a créé le monde en sept jours ne sont pas des fondamentalistes, mais certains fondamentalistes croient que Dieu a créé le monde en sept jours, par conséquent personne qui ne croit que Dieu a créé le monde en sept jours n'est fondamentaliste. C'est stupide ou pas ?

- Mon Dieu - c'est le cas de le dire... je ne saurais. Et selon vous ?

- Ca l'est dans tous les cas, même si c'était vrai. Ca viole une des lois du syllogisme. On ne peut tirer de conclusions universelles de deux propositions particulières.

- Et si le stupide c'était vous ?

- Je serais en bonne et séculaire compagnie.

- Eh oui, la stupidité nous entoure. Et peut-être par un système différent du notre, notre stupidité est leur sagesse. Toute l'histoire de la logique consiste à définir une notion acceptable de stupidité. Trop immense. Tout grand penseur est le stupide d'un autre.

- La pensée comme forme cohérente de stupidité.

- Non. La stupidité d'une pensée est l'incohérence d'une autre pensée.

- Profond. Il est deux heures, d'ici peu de temps Pilade va fermer et nous ne sommes pas arrivés au fous.

- J'y viens. Le fou, on le reconnaît tout de suite. C'est un stupide qui ne connaît pas les trucs. Le stupide, sa thèse, il cherche à la démontrer, il a une logique biscornue mais il en a une. Le fou par contre ne se soucie pas d'avoir une logique, il procède par court-circuits. Tout, pour lui, démontre tout. Le fou a une idée fixe, et tout ce qu'il trouve va pour la confirmer. Le fou, on le reconnaît à la liberté qu'il prend par rapport au devoir de preuve, à sa disponibilité à trouver des illuminations. Et ça vous paraîtra bizarre, mais le fou, tôt ou tard, met les Templiers sur le tapis.

- Toujours ?

- Il y a aussi les fous sans Templiers, mais les fous à Templiers sont les plus insidieux. Au début vous ne les reconnaissez pas, ils ont l'air de parler normalement, et puis, tout à coup ..." Il ébaucha un signe pour commander un autre whisky, changea d'avis et demanda l'addition. " Mais à propos des Templiers. L'autre jour un type m'a laissé un manuscrit dactylographié sur le sujet. J'ai tout lieu de croire que c'est un fou, mais à visage humain. Le manuscrit commence sur un ton calme. Voulez-vous y jeter un coup d'¿il ?

- Volontiers. Je pourrais y trouver quelque chose qui me serve.

- Je ne pense vraiment pas. Mais si vous avez une demi-heure de libre, faites un saut chez nous. Au 1 de la via Sincero Renato. Ca me servira plus à moi qu'à vous. Vous me direz tout de suite si ce travail mérite, selon vous, d'être pris en considération.

- Pourquoi me faites-vous confiance ?

- Qui vous a dit que je vous faisais confiance ? Mais si vous venez, j'aurais confiance. J'ai confiance en la curiosité."

Un étudiant entra, le visage décomposé:" Camarades, les fascistes sont au bord de Naviglio, avec des chaînes !

- A coup de barre, je vais y aller", dit celui qui portait des moustaches à la tartare et qui m'avait menacé à propos de Lénine. "Allons, camarades ! " Ils sortirent tous.

" Qu'est ce qu'on fait ? On y va ? demandai-je culpabilisé.

- Non, dit Belbo. C'est le genre d'alarme que Pilade fait circuler pour déblayer son troquet. Pour le premier soir ou j'arrête de boire, je me sens altéré. Ce doit être la crise d'abstinence. Tout ce que j'ai dit, jusqu'à cet instant compris, est faux. Bonne nuit, Casaubon."

ce qui est génial avec Google, c'est qu'on trouve de tout :snif: Je voulais ce texte mais j'avais la flemme de le taper.... ça tombe bien, quelqu'un l'avait fait avant moi :snif:

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En F, Michèle Fitoussi

Après avoir passé les cinq premières années de sa vie sous le soleil de Tunis, Michèle Fitoussi s'envole pour Paris où elle s'installe, avec ses parents, tout près de la Tour Eiffel. Nous sommes au début des années 60, et la jeune fille développe rapidement une grande aisance pour les lettres. Elle entre alors à Sciences Po, pour préparer son avenir et assouvir son désir de devenir à la fois journaliste et écrivain. Après quelques petits boulots et de nombreux voyages - en Amérique notamment - Michèle Fitoussi décroche un poste chez Elle. Là, elle s'épanouit et multiplie les articles. En 1987 sort son premier roman, 'Le Ras de bol des Superwomen', dans lequel elle raconte son quotidien entre activités professionnelles et domestiques et qui se classe comme un best-seller. Elle rencontre à nouveau le succès avec 'Lettre à mon fils' en 1991, et révèle un aspect plus intime et sensible de sa plume. Suivent d'autres ouvrages comme 'Un bonheur effroyable' (1995), 'Des gens qui s'aiment' (1997), 'La Prisonnière' en 1999, traduit dans près de trente langues et fruit de sa collaboration amicale avec Malika Oufkir, ou encore 'Victor' en 2007, récit drôle et mordant. Femme talentueuse et bien dans son époque, Michèle Fitoussi a réussi le pari de conjuguer la vie comme elle l'entend. (sources : Evene)

Je vous propose l'incipit de son roman Le dernier qui part ferme la maison (2004)

1. Patricia

let_c.gif'était pareil chaque fois. Je haïssais la campagne. Pas détester, pas exécrer, pas abominer. Haïr. De toutes mes forces. La nature, la prolifique nature, célébrée par les poètes, les peintres, les écrivains. Tous des menteurs. Qui jamais n'avaient souffert d'ennui ni d'allergie. Les arbres, les champs, les haies, les feuilles. L'herbe. Tout ce vert me rendait physiquement malade. La belle saison. Pollen, migraines, rhume des foins. Eternuements à répétition. Larmoiements lamentables. Zyrtec. Grandes balades harassantes suivies de goûters champêtres. Paniers de pique-nique envahis par les fourmis. Guêpes, limaces, vers de terre. Orties. Et l'hiver. Coin du feu, famille réunie devant l'âtre, jeux de société, tisane. Dépression. Ces odeurs de fumée. Ces vieilles maisons humides. Quitter le confort de mon appartement parisien pour cette baraque mal entretenue, où les volets étaient cassés, les lames de parquet disjointes. Un cauchemar.

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Fiphi Membre 913 messages
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En G - Edmond et Jules de Goncourt. L'écriture artiste. Ils ont écrit des livres d'histoire, des romans, des études d'art.

Edmond Huot de Goncourt, né à Nancy le 26 mai 1822 et mort à Champrosay (Essonne) le 16 juillet 1896, est un écrivain français, fondateur de l'Académie Goncourt. Une partie de son ¿uvre fut écrite en collaboration avec son frère, Jules de Goncourt. Les ouvrages des frères Goncourt appartiennent au courant du réalisme

Issu d'une famille originaire de Goncourt en Haute-Marne, il étudia au lycée Condorcet. Il fut l'ami de Paul Gavarni, Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, émile Zola.

Eugène Carrière (1849-1906), présenté par Gustave Geffroy à Edmond de Goncourt, fréquenta le « Grenier » de ce dernier, où se réunissaient notamment Maurice Barrès, Alphonse et Léon Daudet, Gustave Geffroy, Roger Marx, Octave Mirbeau, Auguste Rodin et émile Zola. Carrière a laissé au moins sept portraits d'Edmond, qui lui rendait visite dans son atelier des Batignolles (Pontoise, musée Tavet-Delacour).

Edmond de Goncourt est le fondateur de l'Académie Goncourt qui décerne chaque année le prix homonyme.

Edmond de Goncourt est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.

Extrait de "Germinie Lacerteux" :Je n'ai pas lu ; j'ai pris ce passage qui me plait ...

Le plus beau passage se trouve à la fin du roman. Les narrateurs interpellent Paris, cette ville où règne le scientisme, cette ville de lumière et de beautés, mais qui doit sa gloire et son lustre au travail misérable des petites gens. Toute l'indignation naturaliste de Zola est déjà présente dans ces lignes magnifiques.

é Paris! tu es le c¿ur du monde, tu es la grande ville humaine, la grande ville charitable et fraternelle! Tu as des douceurs d'esprit, de vieilles miséricordes de m¿urs, des spectacles qui font l'aumône! Le pauvre est ton citoyen comme le riche. Tes églises parlent de Jésus-Christ; tes lois parlent d'égalité; tes journaux parlent de progrès; tous tes gouvernements parlent du peuple; et voilà où tu jettes ceux qui meurent à te servir, ceux qui se tuent à créer ton luxe, ceux qui périssent du mal de tes industries, ceux qui ont sué leur vie travailler pour toi, à te donner ton bien-être, tes plaisirs, tes splendeurs, ceux qui ont fait ton animation, ton bruit, ceux qui ont mis la chaîne de leurs existences dans ta durée de capitale, ceux qui ont été la foule de tes rues et le peuple de ta grandeur! Chacun de tes cimetières a un pareil coin honteux, caché contre un bout de mur, où tu te dépêches de les enfouir, et où tu leur jettes la terre à pelletées si avares que l'on voit passer les pieds de leurs bières! On dirait que ta charité s'arrête à leur dernier soupir, que ton seul _gratis_ est le lit où l'on souffre, et que, passé l'hôpital, toi si énorme et si superbe, tu n'as plus de place pour ces gens-là! Tu les entasses, tu les presses, tu les mêles dans la mort, comme il y a cent ans, sous les draps de tes Hôtels-Dieu, tu les mêlais dans l'agonie! Encore hier, n'avais-tu pas seulement ce prêtre en faction pour jeter un peu d'eau bénite banale tout venant: pas la moindre prière! Cette décence même manquait: Dieu ne se dérangeait pas! Mais ce que ce prêtre bénit, c'est toujours la même chose: un trou où le sapin se cogne, où les morts ne sont pas chez eux! La corruption y est commune; personne n'a la sienne, chacun a celle de tous: c'est la promiscuité du ver! Dans le sol dévorant, un Montfaucon se hâte pour les Catacombes... Car les morts n'ont pas plus ici le temps que l'espace pour pourrir: on leur reprend la terre, avant que la terre n'ait fini! avant que leurs os n'aient une couleur et comme une ancienneté de pierre, avant que les années n'aient effacé sur eux un reste d'humanité et la mémoire d'un corps! Le déblai se fait, quand cette terre est encore eux, et qu'ils sont ce terreau humide où la bêche enfonce... La terre qu'on leur prête? Mais elle n'enferme pas seulement l'odeur de la mort! L'été, le vent qui passe sur cette voirie humaine peine enterrée, en emporte, sur la ville des vivants, le miasme impie. Aux jours brûlants d'août, les gardiens empêchent d'aller jusque-là: il y a des mouches qui ont le poison des charniers, des mouches charbonneuses et qui tuent!

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chirona Membre+ 3 432 messages
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En H, Horace :(en latin Quintus Horatius Flaccus), né à Venosa le 8 décembre 65 av. J.-C. et mort à Tivoli le 27 novembre8 av. J.-C., compte parmi les plus illustres poètes de tous les temps. Mais son ¿uvre, à double niveau d'écriture, fait aisément l'objet de malentendus et de contresens, comme en témoigne par exemple le détournement de la fameuse devise Carpe diem, ou de la non moins célèbre formule Aurea mediocritas (« juste milieu précieux comme l'or »), tirées respectivement des Odes, I, 11 et II, 10. (sources : Wikipédia)

Voici un extrait de son Art poétique (traduction faite au XVIIIe)

SI un Peintre s'avisoit de mettre une tête humaine sur un cou de cheval, et d'y attacher des membres de toutes les especes, qui seroient revêtus des plumes de toutes sortes d'oiseaux ; de maniere que le haut de la figure représentât une belle femme, et l'autre extrémité un poisson hideux ; je vous le demande, Pisons, pourriez-vous vous empêcher de rire à la vue d'un pareil tableau ?

C'EST précisément l'image d'un livre qui ne seroit rempli que d'idées vagues, sans dessein, comme les delires d'un malade, où ni les pieds, ni la tête, ni aucune des parties n'iroit à former un tout. Les Peintres direz-vous & les Poëtes, ont toujours eu la permission de tout oser. Nous le savons : c'est un droit que nous nous demandons & que nous nous accordons mutuellement. Mais c'est à condition qu'on n'abusera point de ce droit, pour allier ensemble les contraires, & qu'on n'accouplera point les serpens avec les oiseaux, ni les agneaux avec les tigres. Quelquefois après un début pompeux & qui promet les plus grandes choses, on étale un ou deux lambeaux de pourpre, qui brillent au loin : c'est un bois sacré qu'on décrit, ou quelque autel de Diane, ou les détours d'un ruisseau qui fuit dans les riantes prairies, ou les flots du Rhin, ou l'arc céleste formé par la pluie ; mais ce n'étoit pas le lieu. Vous savez peindre un cyprès. Celui qui vous paie pour le peindre a brisé son vaisseau et va périr dans les mers. Vous avez commencé un vase majestueux : la roue tourne, & vous ne donnez qu'une chetive burette. Enfin quelque sujet que vous traitiez, qu'il soit simple & un.

L'APPARENCE du bon nous trompe presque tous : vous ne l'ignorez pas, Pere illustre, & vous, Fils dignes d'un tel pere : Je tâche d'être court, je deviens obscur ; je veux être poli et delicat, j'ôte l'ame et les nerfs ; celui qui veut s'elever, est enflé ; celui qui craint trop l'orage et le danger, rampe à terre. Il en est de même du Poëte qui veut varier son sujet par le merveilleux. Il peint un dauphin dans les bois, et un sanglier dans les flots. La crainte d'un défaut nous jette dans un autre, quand on ignore l'art. On verra près de l'ecole d'Emilius un artiste exprimer excellemment les ongles et la mollesse des cheveux avec le bronze ; mais son ouvrage restera imparfait, parce qu'il ne saura point faire un tout. Si j'entreprenois de composer un Poëme, je ne desirerois pas plus de ressembler à cet homme, que d'avoir un nez difforme avec de beaux cheveux et de beaux yeux.

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Eugène IONESCO (né Eugen IONESCU, à Slatina, en Roumanie, le 26 novembre 1909 et décédé, à Paris, le 28 mars 1994) est un auteur dramatique, un écrivain français, d'origine roumaine et un représentant, du théâtre, de l'absurde.

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« C'est parfaitement lucide sur le ridicule métaphysique de ma situation d'homme, que je fais de la littérature. Si j'essayais de me retirer dans mes déserts intérieurs, je n'en continuerais pas moins de souffrir des succès et de la gloire montante de mes confrères d'ici et d'ailleurs. Je ne parviendrai pas à dépasser ces choses simples, communes, que vous, mesdames et messieurs, trouvez banales et n'appréciez guère. Je vivrai donc déchiré entre le désir de satisfaire mes petites vanités et la pleine conscience que le dérisoire, trop évident à mes yeux, d'une telle satisfaction ne me laisserait ni me réjouir ni désespérer ». « Ces Notes et contre-notes sont le reflet d'un combat mené au jour le jour, elles sont écrites au hasard de la bataille, elles pourront peut-être servir de documents, montrant ainsi ce que pouvait être le point de vue d'un auteur cerné qui, voulant répliquer de tous les côtés à la fois, s'est trouvé pris, parfois, dans les contradictions que l'on remarquera, sans doute, et dont les lecteurs voudront bien m'excuser ».

Extrait de "Notes et contre-notes".

« Vous tous, innombrables, qui êtes morts avant moi, aidez-moi. Dites-moi comment vous avez fait pour mourir, pour accepter. Apprenez-le moi. Que votre exemple me console, que je m'appuie sur vous comme sur des béquilles, comme sur des bras fraternels. Aidez-moi à franchir la porte que vous avez franchie. Revenez de ce côté-ci un instant pour me secourir. Aidez-moi, vous, qui avez eu peur et n'avez pas voulu. Comment cela s'est-il passé ? Qui vous a soutenus ? Qui vous a entraînés, qui vous a poussés ? Avez-vous eu peur jusqu'à la fin ? Et vous, qui étiez forts et courageux, qui avez consenti à mourir avec indifférence et sérénité, apprenez-moi l'indifférence, apprenez-moi la sérénité, apprenez-moi la résignation ».

Extrait "Le Roi se meurt".

« Vouloir être de son temps, c'est déjà être dépassé ».

« Je n'insulte pas, je prouve ».

« On finira bien par restaurer la monarchie, un jour, contre la dictature et contre l'anarchie ».

« Le comique n'est comique que s'il est un peu effrayant ».

« Osez penser par vous même ».

« Il faut écrire pour soi, c'est ainsi que l'on peut arriver aux autres ».

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Henry James (1843-1916) : Américain de naissance, ayant choisi l'Angleterre comme patrie d'adoption, Henry James est un des écrivains qui a le mieux saisi la complexité de l'être ; complexité en partie explicable, ainsi que ses écartèlements, par l'héritage puritain et son manichéisme, par la croyance en un mal caché mais présent, imprécis mais diabolique, insidieusement contagieux. é ce fond maléfique se juxtaposa l'absence de racines uniques, la double appartenance à l'Amérique et à l'Europe. Mais la croyance de James en une personnalité compartimentée n'est pas seulement causée par l'influence puritaine ou l'exil. Elle propose une conception de l'être où la fragmentation est moins division que multiplication. Il en résulte une ¿uvre consacrée à la richesse insaisissable de la personne, à la peinture d'une personnalité mouvante, ouverte, qui se construit sans cesse devant le lecteur, avec le lecteur. Ce sont les interactions entre les êtres, les courants qui les lient ou les opposent qui sont les véritables protagonistes de cette magistrale analyse des consciences par laquelle James se montre un des plus grands romanciers de tous les temps. « On ne sait le tout de rien », écrivait-il, si bien que son univers est régi par le non-dit, la suggestion, le suspens, et que l'incertitude demeure quant au sort des personnages et à la vision qu'en donne l'auteur.

(sources : Encyclopedia Universalis)

Je vous propose un roman dont j'avais beaucoup apprécié la lecture surtout grâce à la grande finesse d'écriture de cet auteur.

Portrait de femme (1881) :

Roman de l'écrivain américain Henry James (1843-1916), publié en 1880, Portrait de femme est son ¿uvre la plus célèbre parce qu'elle possède de quoi intéresser le lecteur le plus superficiel en même temps que le lecteur le plus exigeant.

James y conte en effet les aventures d'une jeune fille attrayante qui affronte la vie avec confiance, obtient quelques jolis succès et s'attire mainte sympathie assez honnête. Toutefois, trop de vanité finit par lui tourner la tête. Elle connaît le malheur, tente de s'en sortir, puis se soumet, par devoir, à la triste vie qu'elle s'est créée elle-même.

Voici un extrait :

Le manoir qui datait de l'époque Tudor, se dressait sur une petite colline, dominant une rivière qui n'était autre que la Tamise, à quelques quarante miles de Londres. Ponctuée de pignons, la longue façade de brique rouge, dont le temps et les intempéries avaient déployé toutes les fantaisies pictoriales pour en embellir et en affiner la teinte, présentait à la pelouse ses plaques de lierre, ses faisceaux de cheminées et ses fenêtres emmitouflées dans les plantes grimpantes.

Le vieux gentlemen qui prenait son thé, assis près de la table basse, était arrivé d'Amérique trente ans plus tôt ; il avait apporté avec lui, dominant tout son bagage, sa physionomie américaine.

Daniel Tracy Touchett, natif de Rutland, dans l'Est du Vermont s'était installé en Angleterre 30 ans plus tôt en qualité d'associé d'une banque dont, une dizaine d'années plus tard, il avait acquis la majorité des parts. Une simplicité rustique nuançait le léger sourire éclairant ses yeux pleins d'humour.

Son fils Ralph était près de lui: grand, maigre, frêle et mal charpenté, il avait un visage laid et blafard, spirituel et charmant pourvu de maigres moustaches et de favoris épars.

Sa famille l'avait envoyé à Oxford où il s'était distingué. Après avoir quitté ses études il avait voyagé puis s'était trouvé perché sur un haut tabouret de la banque de son père qu'il aimait et admirait. Dix huit mois plus tard il avait pris conscience qu'il était sérieusement malade.

Ce jour là tous deux attendaient le retour de Mrs Touchett qui à intervalles réguliers, rendait visite à son pays natal. Lors de son dernier séjour à Albany elle y avait retrouvé sa nièce Isabel Archer, la fille de sa s¿ur et s'était proposée de l'escorter et de lui faire connaître le monde en l'emmenant avec elle en Angleterre.

La venue de sa cousine, qui n'était manifestement pas insipide semblait éveiller l'intérêt de Ralph.

Miss Isabel Archer était née aux Etats Unis, à New York, à Albany. Lorsque sa tante était venue lui rendre visite et lui avait proposé de l'emmener avec elle en Europe, elle avait compris qu'un changement allait se produire dans sa vie. Maintenant elle désirait laisser le passé derrière elle et en son for intérieur elle rêvait de prendre un nouveau départ.

Miss Archer tenait beaucoup à sa liberté. Svelte, longue et légère, ses cheveux foncés, presque noirs faisaient l'envie de bien de femmes et ses yeux gris clairs, un peu durs peut-être lorsqu'elle était grave, offraient une gamme charmante de concessions.

Isabel était douée d'une imagination remarquablement active. Aux yeux de ses contemporains elle passait pour extraordinairement profonde. Mais les profondeurs secrètes de l'âme de cette jeune fille étaient un lieu peu fréquentés.

Le vieux monsieur se montra plein de gentillesse pour sa nièce.

La demeure de son oncle lui fit l'effet d'un tableau devenu réalité. Aucun de ses raffinements n'était perdu pour elle et l'opulente perfection de Gardencourt lui révélait un monde et comblait chez elle un besoin. Cet ensemble flattait le bon goût qui jouait un rôle primordial dans la genèse de ses émotions.

Ralph pensait beaucoup à sa cousine, sans cesse présente à son esprit. A une période où ses propres pensées lui étaient un fardeau, l'arrivée soudaine d'Isabel, généreusement offerte par le destin et qui ne promettait rien, avait rafraîchi ses idées ; elle leur avait donné des ailes et un objectif. Ralph se demandait s'il entretenait de " l'amour " pour cette jeune fille primesautière venue d'Albany mais, tout bien considéré, il concluait par la négative. Isabel était intelligente et généreuse, dotée d'une belle et libre nature, mais qu'allait-elle faire d'elle-même ? La plupart des femmes ne faisaient rien; elles attendaient passivement, dans des attitudes plus ou moins gracieuses, qu'un homme croisât leur route et leur offrît une destinée. Isabel était originale parce-qu'elle donnait l'impression d'avoir des projets personnels.

Isabel aimait qu'on la trouvât intelligente, mais détestait passer pour pédante, si bien qu'elle lisait en secret et malgré son excellente mémoire, se gardait de toute allusion ostentatoire. Son immense curiosité de la vie tenait perpétuellement en alerte son regard étonné.

Son désir d'avoir bonne opinion d'elle-même était insatiable. Il fallait appartenir à l'élite, être conscient de son excellent équilibre, évoluer au royaume de la lumière, de la sagesse naturelle, de l'impulsion heureuse et de l'inspiration élégante et durable. Sa vie serait toujours en harmonie avec l'impression la plus plaisante qu'elle pourrait produire ; elle serait ce qu'elle semblait être et semblerait être ce qu'elle était.

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Corto Maltese Membre 157 messages
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KAFKA Franz (3 juillet 1883 à Prague - 3 juin 1924 à Kierling)

J'ai beaucoup de chance. Mon arrivée, ici, ce soir, coincide avec l'avènement

de la lettre K. C'est celle par laquelle commence le nom d'un écrivain que je n'aime pas,

mais qui me fascine. Il s'agit de l'immense Kafka, dont l'oeuvre possède une double portée,

littéraire et philosophique. En fait elle est , au delà de toute typologie, existentielle.

Ecrivain majeur, il est l'auteur des oeuvres suivantes :Regard (Betrachtung);

Le Soutier (Der Heizer. Ein Fragment);La Métamorphose (Die Verwandlung);

Le Verdict (Das Urteil); La Colonie pénitentiaire (In der Strafkolonie);

Un médecin de campagne (Ein Landarzt. Kleine Erzählungen);

Un champion de jeûne (Ein Hungerkünstler. Vier Geschichten);

Le Procès (Der Prozeé);Le Château (Das Schloé);

L'Amérique (Amerika)(bien que publié plus tard, il a été écrit avant Le Procès et Le Château)

L'extrait que j'ai souhaité présenté est celui, connu, du début de "La Métamorphose". Ce passage que j'ai dû lire vers 10 ans,

a constitué le point de départ de mon lien avec Kafka et partant de mon rapport avec la littérature, en particulier romanesque :

" Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla

transformé dans son lit en une formidable vermine. Il était couché sur le dos,

un dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s'aperçut qu'il

avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. La

couverture à peine retenue par le sommet de cet édifice était près de tomber

complètement, et les pattes de Grégoire, pitoyablement minces pour son gros

corps, papillotaient devant ses yeux.« Que m'est-il arrivé » pensa-t-il. Ce

n'était pourtant pas un rêve : Sa chambre, une vraie chambre d'homme quoique un

peu petite à vrai dire, se tenait bien sage entre ses quatre murs habituels.

Au-dessus de la table où s'étalait da collection d'échantillons de drap -

Grégoire était voyageur de commerce - on pouvait toujours voir la gravure qu'il

avait découpée récemment dans un magazine et entourée d'un joli cadre doré.

Cette image représentait une dame assise bien droit, avec une toque et un tour

de cou en fourrure; elle offrait aux regards des amateurs un lourd manchon dans

lequel son bras s'engouffrait jusqu'au coude.Grégoire regarda par la

fenêtre; on entendait des gouttes de pluie sur le zinc; ce temps brouillé le

rendit tout mélancolique : « Si je me rendormais encore un peu pour oublier

toutes ces bêtises », pensa-t-il; mais c'était absolument impossible; il avait

l'habitude de dormir sur le côté droit et ne pouvait arriver dans sa situation

présente a adopter la position voulue. Il avait beau essayer de se jeter

violemment sur le flanc, il revenait toujours sur le dos avec un petit mouvement

de balançoire. Il essaya bien cent fois en fermant les yeux, pour ne pas voir

les vibrations de ses jambes, et n'abandonna la partie qu'en ressentant au côté

une douleur sourde qu'il n'avait jamais éprouvée.« Quel métier, pensa-t-il,

quel métier ai-je été choisir ! Tous les jours en voyage ! Des ennuis pires que

dans le commerce de mes parents! et par-dessus le marché, cette plaie des

voyages : les changements de train, les correspondances qu'on rate, les mauvais

repas qu'il faut prendre n'importe quand; à chaque instant, des têtes nouvelles,

des gens qu'on ne reverra jamais, avec lesquels il n'y a pas moyen d'être

camarades ! Que le diable emporte la boîte! » Il sentit une petite démangeaison

en haut du ventre, s'approcha un peu plus du bois de lit - en se traînant

lentement sur le dos - pour pouvoir mieux lever la tête, et aperçut à l'endroit

qui se démangeait toute une série de petits points blancs auxquels il ne comprit

rien; il essaya de tâter l'endroit avec une de ses pattes, mais il dut la

retirer bien vite, car ce contact lui donnait des frissons glacés.Il reprit

sa position primitive. Il n'y a rien d'aussi abrutissant, pensa-t-il, que de se

lever toujours si tôt. L'homme a besoin de son sommeil.Et dire qu'il y a des

voyageurs qui vivent comme des femmes de harem ! Quand je retourne à l'hôtel,

l'après-midi, pour noter les commandes, je trouve ces messieurs qui n'en sont

encore qu'à leur petit déjeuner. Je voudrais voir ce que dirait mon chef si

j'essayais chose pareille; je serais congédié immédiatement. Qui sait d'ailleurs

si ce ne serait pas une bonne affaire ! Si je ne me retenais à cause de mes

parents, il y a longtemps que j'aurais donné ma démission, je serais allé

trouver le patron et je ne lui aurais pas mâché les choses. Il en serait tombé

de son bureau. Voilà encore une drôle de manière : s'asseoir sur le bureau pour

parler aux employés du haut d'un trône, surtout quand on est dur d'oreille et

qu'il faut que les gens s'approchent tout près! Enfin, tout espoir n'est pas

perdu; une fois que j'aurai réuni la somme que mes parents lui doivent - cela

pourrait bien durer cinq ou six ans - je ferai certainement la chose. Et alors,

un point, je tourne la page. En attendant, il faut me lever pour le train de

cinq heures ".

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goods Membre+ 35 581 messages
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En L,je fais mon entrée avec Romuald Lepalis (1932-....)

Natif de Bagotville ,Romuald Lepalis réside à Chicoutimi depuis bientôt cinquante ans.

épris, entre autres, de prosopopée, c'est un écrivain au calame fécond, débordant. L'on se rendra compte que ses travaux littéraires ont été de longue main mûris, peaufinés, échenillés.

é ses heures, l'écrivain Romuald Lepalis n'est pas qu'essayiste, allégoriste ou nouvelliste. Il sera aussi bien musicien, compositeur, satiriste, vers-libriste et poète. Il a manié souventefois le surréalisme.

Romuald Lepalis laisse entrevoir la poésie dans son ampleur totale. Il propose des poèmes énergiques et remplis de déclics positifs au sein desquels l'aspect «métaphysique» n'est pas négligé.

L'auteur aborde bon nombre de sujets, en particulier la vie agreste et la philanthropie. Son dessein est de toucher à toutes les facettes de la littérature poétique: odes, sonnets, dizains, quintils, alexandrins, vers claudéliens, etc.

Il s'est efforcé, en toutes les occasions, d'idéaliser, d'embellir, de magnifier les réalités positives qui l'entourent. Son attention continuelle a été de ne jamais évincer du texte le caractère esthétique, de ne jamais dissocier ce côté-là de ses soins durables lesquels rejoignent les aspects moralistes.

Montesquieu proposait ceci: «Lire, c'est échanger des heures d'ennui contre des heures délicieuses!» Pour sa part, Romuald Lepalis avoue qu'écrire, ou se livrer par la plume, c'est désirer transfuser aux lecteurs, et cristalliser en même temps en leur coeur, des instants de bonheur capables de prendre le dessus sur tout accablement virtuel!

Apparemment, l'auteur serait un fanatique, ou plûtôt un érudit qui aime vider les encriers. Il ignore comment s'appelle cette manie. Le pire, c'est qu'on lui a fait remarquer, sans avertissement, qu'il possédait une certaine affinité avec Lamartine et Alphonse Daudet. Et aussi avec l'incisif La Bruyère.

Romuald Lepalis se montre sans doute, dans sa littérature, un peu amer, il semble qu'il soit parfois cruel envers la société contemporaine. L'on peut penser qu'il aît acquis l'habitude de blâmer vertement la décadence des traditions de toutes sortes.

voici des paroles que Romuald Lepalis a confiées à certains amis de la poésie: «Après la rédaction de quelque quatre-vingt-dix poèmes, j'ai senti que je n'étais plus le même ruisseau...»

Voici un extrait de son livre: Déchiquetures bleu ciel

Paru chez "le murmel, éditeur",

Chicoutimi, 1998

Extrait :

Au fil des ans,

j'ai compris qu'il me fallait apprendre

à plus longuement et souvent réfléchir,

que je me devais de parvenir

à penser de façon plus rigidement intemporelle.

J'ai donc essayé de présenter,

parmi nombre de déchiquetures bleu ciel,

une constellation d'étincelles immobiles,

comme figées dans le temps.

Ce sont, bien sûr, de fragiles escarbilles

que j'ai glanées parmi les concepts les plus fonciers

siégeant aux confins du ciel de mon âme.

Je rêve que cette nébuleuse,

hissée jusqu'à des sommets

toujours de plus en plus immarcescibles,

et démurée sans lorgnette aucune,

et toute de guirlandes agencée,

devienne radiante à un point tel

que soit garni de flambées neuves

mon calame rien de moins que voltigeur. p. 9

post-58357-1222328258_thumb.jpg

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  • 2 semaines après...
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étienne Mallarmé, dit Stéphane Mallarmé, né à Paris le 18 mars 1842 et mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne) le 9 septembre 1898, est un poète français. Auteur d'une ¿uvre poétique ambitieuse et difficile, Stéphane Mallarmé a été l'initiateur, dans la seconde moitié du XIXe siècle, d'un renouveau de la poésie dont l'influence se mesure encore aujourd'hui auprès de poètes contemporains comme Yves Bonnefoy.

En lisant Hegel, Mallarmé a découvert que si « le Ciel est mort », le néant est un point de départ qui conduit au Beau et à l'Idéal. é cette philosophie devait correspondre une poétique nouvelle qui dise le pouvoir sacré du Verbe. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare, Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l'absente de tous bouquets ». Le poème devient un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Le vers se fait couleur, musique, richesse de la sensation, « concours de tous les arts suscitant le miracle ». C'est avec Mallarmé que la « suggestion » devient le fondement de la poétique antiréaliste et fait du symbolisme un impressionnisme littéraire. Son oeuvre est alors celle de l'absence de signification qui « signifie davantage » et le poète cherche à atteindre les « splendeurs situées derrière le tombeau ».

« La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence : elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle. »

« (...) Qui parle autrement que tout le monde risque de ne pas plaire à tous ; mieux, de passer pour obscur aux yeux de beaucoup. (...) L'attrait de cette poésie tient à ce qu'elle est vécue comme un privilège spirituel : elle semble élever au plus haut degré de qualité, moyennant l'exclusion de la foule profane, cette pure joie de l'esprit que toute poésie promet. »

(
Selon Mallarmé
,
, Gallimard, 1995)
(sources : Wikipédia)

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui ...

Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui

Va-t-il nous déchirer avec un coup d'aile ivre

Ce lac dur oublié que hante sous le givre

Le transparent glacier des vols qui n'ont pas fui !

Un cygne d'autrefois se souvient que c'est lui

Magnifique mais qui sans espoir se délivre

Pour n'avoir pas chanté la région où vivre

Quand du stérile hiver a resplendi l'ennui.

Tout son col secouera cette blanche agonie

Par l'espace infligée à l'oiseau qui le nie,

Mais non l'horreur du sol où le plumage est pris.

Fantôme qu'à ce lieu son pur éclat assigne,

Il s'immobilise au songe froid de mépris

Que vêt parmi l'exil inutile le Cygne.

Ce poème me fait penser à "l'albatros" de Baudelaire. Je vous offre la lecture de ce chef-d'oeuvre incontestable...

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

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Membre, Privé de désert, 35ans Posté(e)
Kégéruniku 8 Membre 8 036 messages
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Amélie Nothomb

Jeune représentante du nouveau roman et célèbre dialoguiste elle se fit connaître avec son premier livre: Hygiène de l'assassin et reçu le grand prix du roman de l'académie française en 1999 avec son autobiographie: Stupeur et tremblements.

Extrait de Journal d'Hirondelle:

Un tueur est un individu qui s'investit d'avantage dans ses rencontres que le commun des mortels.

Qu'est ce qu'un rapport humain, aujourd'hui?

Il afflige par sa pauvreté. Quand on voit ce qu'on appelle à présent du beau nom de "rencontre", on se désole. Rencontrer quelqu'un devrait constituer un évènement. Cela devrait bouleverser autant qu'un ermite apercevant un anachorète à l'horizon de son désert après quarante jours de solitude.

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Baby Forumeur‚ 51ans‚
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Récapitulatif sur O :

O'Neddypholothée

oldenbourg zoé, Visages d'un autoportrait

orwell george, 1984

osborne john, La paix du dimanche

ovide, les Métamorphoses

Je propose Jean d'Ormesson (né en 1925)

Né d'un père ambassadeur du Front populaire et ami de Léon Blum, Jean d'Ormesson se voit dispenser une éducation privilégiée, dans le respect des valeurs traditionnelles. Evoluant dans un cadre libéral, il entame un parcours sans entrave. Elève brillant, il accumule très vite les diplômes : agrégé et diplômé d'études supérieures de philosophie, normalien... Cet érudit ne s'arrêtera pas là. Jean Lefèvre, comte d'Ormesson, embrasse une carrière de haut fonctionnaire devenant président du conseil international de la philosophie et des sciences humaines à l'Unesco. Il s'essaie également à l'écriture : 'L' Amour est un plaisir', 'Du côté de chez Jean'. Ses oeuvres dénotent insouciance et joie de vivre. Mais c'est en 1971 que débute réellement sa carrière littéraire, avec la parution de 'La Gloire de l'Empire', Grand Prix du roman de l'Académie française. Académicien, il ne néglige pas pour autant son statut de directeur au journal Le Figaro. Aspirant à un monde 'traditionnellement moderne', il insuffle à ses écritsLe Rapport Gabriel' ou encore 'Presque rien sur presque tout'. En 2003, 'C' était bien' raconte la vie de l'auteur et anticipe même sa mort. Avec 'Une fête en larme' en 2005, il tente l'originalité et, toujours en se mettant en scène, il se met à raconter son roman idéal à un journaliste. Enfin en 2006, il se laisse aller et publie 'La Création du monde', roman d'un nouveau genre pour lui et très attendu par la critique littéraire. En 2007 paraît son nouveau roman 'Odeur du temps'. un peu de lui et ce n'est pas pour déplaire ! Mais, il ne fait pas que parler de lui-même et transmet à la nouvelle génération des réflexions philosophiques comme ' (sources : Evene)

Je vous propose le seul roman que j'ai "approché" de cet auteur et dont je n'ai même pas lu le tiers car je l'ai trouvé mortellement ennuyeux et je n'ai pas du tout apprécié le style littéraire de d'Ormesson :

Tous les hommes en sont fous

Année de parution : 1987

Catégorie : Roman

Résumé :

Les quatre s¿urs O'Shaughnessy qui vivent dans un austère château écossais ont tout pour plaire ; elles sont ravissantes, intelligentes, d'une personnalité fascinante et "tous les hommes en sont fous". Quand le destin leur fait croiser la vie des quatre fils Romero, Argentins richissimes, elles vont être entraînées dans un tourbillon d'aventures audacieuses, émouvantes, dramatiques.

Atalanta, la plus sage, jouera les châtelaines. Mais Pandora, qui vole tous les coeurs, connaîtra son premier chagrin d'amour à seize ans, à Capri, avant de se marier

avec un milliardaire américain et d'avoir un enfant de l'écrivain Scott Fitzgerald.

Vanessa est séduite par l'Allemagne fasciste et va devenir la maîtresse d'un des lieutenants d'Hitler, Rudolph Hess.

Jessica va s'engager dans la Guerre d'Espagne du côté des " Rouges" et des Brigades internationales et mourra avant ses vingt ans, inspirant Hemingway pour son roman :" Pour qui sonne le glas".

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Baby Forumeur‚ 51ans‚
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Si je comprends bien, j'ai plombé l'atmosphère en parlant de Jean d'Ormesson :snif::snif:

Bon, j'assume un peu ce choix et je vais faire un tour sur le récapitulatif pour proposer une suite en espérant que cela relancera le topic...

Voici les auteurs déjà cités :

percy walker, Lancelot

perec georges, La disparition

pergaud louis, de goupil à margot

prevert jacquesD, "Les feuilles mortes"

proust marcel, Albertine disparue

pullman philip, A la croisée des mondes

Je propose Beatrix Potter (1866-1943) :

Née à Londres dans une famille de la grande bourgeoisie, Beatrix Potter est élevée à l'écart de ses parents, selon la tradition. Elle trompe sa solitude en dessinant et en peignant minutieusement la faune, la flore et les champignons. Sur les conseils du vicaire et ami de ses parents, Hardwicke Rawnsley, qui milite pour la protection de l'environnement, Beatrix Potter se rend régulièrement au British Museumtalent pour le dessin naturaliste. Le fils de sa gouvernante a la scarlatine, elle va alors lui écrire et illustrer des histoires dont le personnage principal est un lapin. Devant le refus des éditeurs, elle décide de publier elle-même ses ouvrages qui connaissent dès leur sortie un grand engouement ; on dit même que l'auteur Arthur Conan Doyle en aurait acheté un pour ses enfants. Beatrix Potter a trente six ans et vit toujours chez ses parents quand elle est éditée chez Frederik Warne & Co. C'est le début d'une période de création inimitable qui voit la naissance d'un monde peuplé de héros et dont le succès ne sera jamais démenti. Pendant dix ans, elle se consacre aux aventures du lapin Peter et de sa famille Rabbit, dont elle publie vingt-trois albums qui rencontrent à chaque fois leur public. En 1913, Beatrix Potter se marie et abandonne l'écriture pour se consacrer à son mari, William Hellis et à sa ferme, mettant fin à une belle carrière. Elle n'a désormais plus besoin de l'écriture pour tromper sa solitude...(sources : Evene)

J'ai découvert cette femme par le biais d'un film qui est sorti au cinéma avec Renée Zelwegger. J'ai beaucoup aimé l'histoire de cette femme qui s'est créée un univers si particulier peuplé de petits animaux et qu'elle a rendu au travers d'albums pour les enfants.Qui ne connaît pas le célébrissime Jeannot lapin ?

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Membre, 51ans Posté(e)
Fiphi Membre 913 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
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En Q - Philippe Quinault (1635-1688)

Né à Paris, le 3 juin 1635.

Fils d'un boulanger, il fut le valet et le disciple de Tristan l'Hermite, valet de chambre du Roi (1661) qui le pensionna. é 18 ans, il écrivit les Rivales et les fit présenter par Tristan qui en assumait la paternité ; les comédiens ayant appris la vérité, refusèrent de payer le prix convenu et proposèrent au jeune auteur de le faire participer aux recettes ; c'est, dit-on, l'origine des droits d'auteur. Quinault écrivit des poésies sacrées et a laissé trente pièces de théâtre, comédies, tragédies, opéras ; il créa la tragédie lyrique ; son chef-d'¿uvre est une comédie, La Mère Coquette. Il faut citer parmi ses tragédies Askate ; mais il est surtout célèbre par ses « opéras », genre nouveau : Thésée, Alceste, Roland, etc.., que lui demanda le compositeur Lulli, et Armide, mise en musique deux fois par Lulli d'abord, puis par Glück. Enfin l'on ne peut omettre la collaboration de Quinault à Psyché, avec Corneille et Molière. Il fut reçu à l'Académie, en 1670, remplaçant Salomon de Virelade ; il fut l'un des six premiers académiciens admis aux spectacles de la cour ; il prononça, lors de la mort de Colbert, son éloge en vers, et harangua Louis XIV, en 1675 et en 1677, sur le résultat de ses campagnes. Il fut loué par Perrault et décrié par Boileau qui avait été son ami, et il fit partie de l'Académie des Inscriptions.

« Quinault est un poète sans fond et sans art, mais d'un beau naturel, qui touche bien les tendresses amoureuses. » (Chapelain, 1662).

« La Mère Coquette, pièce à la fois de caractère et d'intrigue, et même modèle d'intrigue ; elle est de 1664 ; c'est la première comédie où l'on ait peint ceux que l'on a appelés depuis les marquis ». (Voltaire).

Mort le 26 novembre 1688.

Extrait : PROSERPINE

PROLOGUE

Le theatre represente l' antre de la discorde,

on y voit la paix enchaînée : la felicité,

l' abondance, les jeux et les plaisirs y

accompagnent la paix, et sont enchaînez comme elle.

La Paix

heros, dont la valeur estonne l' univers,

ah ! Quand briserez-vous nos fers ?

La discorde nous tient icy sous sa puissance ;

la barbare se plaist à voir couler nos pleurs ;

soyez touché de nos malheurs,

vous estes dans nos maux nostre unique esperance ;

heros, dont la valeur estonne l' univers,

ah quand briserez-vous nos fers !

La suite de la paix repete ces deux derniers vers.

La haine, la rage, les chagrins, la jalousie, le

dépit, le desespoir, et toute la suite de la

discorde, témoignent les douceurs qu' ils trouvent

dans l' esclavage où ils ont reduit la paix.

La Discorde

soûpirez, triste paix, malheureuse captive,

gemissez, et n' esperez-pas

qu' un heros que j' engage en de nouveaux combats

escoute vostre voix plaintive.

Plus il moissonne de lauriers,

plus j' offre de matiere à ses travaux guerriers.

J' anime les vaincus d' une nouvelle audace ;

j' oppose à la vive chaleur

de son indomptable valeur

mille fleuves profonds, cent montagnes de glace.

La victoire empressée à conduire ses pas

se prepare à voler aux plus lointains climas ;

plus il la suit, plus il la trouve belle ;

il oublie aisément pour elle

la paix et ses plus doux appas.

La Paix et sa suite.

ô rigueurs inhumaines !

Faut-il ne voir jamais finir le triste cours

de nos malheurs, et de nos peines ?

La Discorde et sa suite.

Vos plaintes seront vaines

n' esperez jamais de secours.

La Paix et sa suite.

Quel tourment de languir toûjours

sous de cruelles chaînes !

La Discorde et sa suite.

Vos plaintes seront vaines

n' esperez jamais de secours.

On entend un bruit de trompettes et de tymbales.

La Discorde

ce bruit que la victoire en ces lieux fait entendre.

M' avertit qu' elle y va descendre.

Quel plaisir de luy faire voir

mon ennemie au desespoir !

La victoire descend, elle est accompagnée d' un

grand nombre de victoires, et de heros.

La Victoire

venez aimable paix, le vainqueur vous appelle,

la victoire devient vostre guide fidelle ;

venez dans un heureux sejour.

Vous, discorde affreuse et cruelle,

portez ses fers à vostre tour.

La Victoire et sa suite.

Venez, aimable paix, le vainqueur vous appelle.

La suite de la victoire deschaîne la paix et les

divinitez qui l' accompagnent, et enchaîne

la discorde et sa suite.

La Paix et sa suite.

Ah ! Quel bon-heur charmant !

La Discorde et sa suite.

Ah ! Quel affreux tourment !

La Discorde enchaînée.

Orgueilleuse victoire, est-ce à toy d' entreprendre

de mettre la discorde aux fers ?

à quels honneurs sans moy peux-tu jamais

pretendre ?

La Victoire

ah ! Qu' il est beau de rendre

la paix à l' univers.

La Discorde

tes soins pour le vainqueur pouvoient plus loin

s' estendre ?

Que ne conduisois-tu le heros que tu sers,

où cent lauriers nouveaux luy sont encore offerts ?

La gloire au bout du monde auroit esté l' attendre.

La Victoire

ah ! Qu' il est beau de rendre

la paix à l' univers.

Apres avoir vaincu mille peuples divers,

quand on ne voit plus rien qui puisse se deffendre,

ah ! Qu' il est beau de rendre

la paix à l' univers.

La suite de la victoire et la suite de la paix,

repetent ces derniers vers.

La Discorde

ô ! Cruel esclavage !

Je ne verray donc plus de sang et de carnage ?

Ah ! Pour mon desespoir faut-il que le vainqueur

ait triomphé de son courage ?

Faut-il qu' il ne laisse à ma rage

rien à devorer que mon coeur ?

ô ! Cruel esclavage !

La suite de la discorde repete ce dernier vers.

La Victoire

au fond d' un gouffre plein d' horreur,

que sous des fers pesants la discorde gemisse.

Partagez son supplice

vous qui partagez sa fureur.

Et vous triste sejour, changez, que tout ressente

le pouvoir plein d' appas de la paix triomphante.

La discorde et sa suite s' abisment dans des gouffres

qui s' ouvrent sous leurs pas, et l' affreuse

retraite de la discorde se change en un palais

agreable.

La Paix et sa suite.

Ah quel bonheur charmant !

La Discorde et sa suite en s' abismant.

Ah ! Quel affreux tourment !

La Victoire et La Paix.

Le vainqueur est comblé de gloire,

on doit l' admirer à jamais :

il s' est servy de la victoire

pour faire triompher la paix.

La suite de la victoire et la suite de la paix

repetent ces quatre vers.

La suite de la paix témoigne sa joye en dançant

et en chantant.

La felicité et l' abondance chantent ensemble.

Il est temps que l' amour nous enchaîne,

il sçait vaincre les plus fiers vainqueurs.

Rendons-nous, la fuite est vaine,

ce dieu charme tous les coeurs :

il n' a point de bien sans peine,

mais peut-on trop payer ses douceurs.

Dans les fers qu' amour veut que l' on prenne,

tout est doux jusqu' aux plus tristes pleurs.

Rendons-nous, la fuite est vaine,

ce dieu charme tous les coeurs, etc.

La Paix

on a quitté les armes.

Voicy le temps heureux

des plaisirs pleins de charmes,

voicy le temps heureux

des plaisirs et des jeux.

On ne versera plus de larmes,

tous les coeurs seront sans allarmes ;

et si l' on craint encor des tourments rigoureux

ce sera seulement dans l' empire amoureux.

On a quitté les armes

voicy le temps heureux

des plaisirs pleins de charmes,

voicy le temps heureux

des plaisirs et des jeux.

Le choeur repete ces derniers vers.

La Felicité

que l' amour est doux à suivre !

Quel plaisir de s' enflammer !

Un jeune coeur ne commence de vivre

que du moment qu' il commence d' aimer.

Malheureux qui se delivre

d' un tourment qui sçait charmer.

On reconnoist que l' on cesse de vivre

en mesme temps que l' on cesse d' aimer.

Le Choeur

on a quitté les armes

voicy le temps heureux

des plaisirs pleins de charmes,

voicy le temps heureux

des plaisirs et des jeux.

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
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Récapitulatif pour le r :

Rabelais François

Rimbaud Arthur, "Ophélie" in Une saison en enfer

Roche Roger-Frison, Premier de cordée

Ronsard, "Mignonne, allons voir si la rose"

Rowling J,K, Harry Potter

Et voici un pilier de la littérature française : Jean Racine (1639/1699)

Illustre représentant de la tragédie classique, Jean Racine est considéré, avec Molière et Pierre Corneille, comme l'un des plus grands dramaturges français. Orphelin dès son plus jeune âge, l'enfant est recueilli par ses grands-parents puis sa marraine, religieuse au couvent de Port-Royal. Il y reçoit une très bonne formation intellectuelle, faisant de lui l'un des rares écrivains de son temps à pouvoir lire dans leur langue les tragiques grecs, sa principale source d'inspiration. C'est grâce à Molière, alors directeur du théâtre du Palais-Royal que sa première pièce 'La Thébaïde ou les frères ennemis' est montée à Paris. A 27 ans, l'auteur triomphe avec 'Andromaque', un modèle de rigueur classique et de poésie tragique bientôt égalé par 'Phèdre' en 1677. Successeur et surtout rival de Corneille, Racine s'attaque aux sujets romains qui font la renommée du maître : 'Britannicus' en 1669 et 'Bérénice' en 1670 consacrent le nouveau favori des scènes parisiennes. A la demande de Madame de Maintenon, Racine écrit une pièce à sujet biblique, 'Esther', représentée avec succès devant la cour du roi Louis XIV. Janséniste, auteur d'un 'Abrégé de l'histoire de Port-Royal', ses affinités spirituelles lui attirent quelques disgrâces et certaines de ses tragédies comme 'Athalie' ne sont pas présentées au public. Le roi continue malgré tout de le soutenir. Désigné historiographe officiel du souverain, le poète est nommé 'gentilhomme ordinaire de la chambre du roi', un titre honorifique prestigieux, rarement accordé au gens de lettres. Grand peintre des passions humaines, Jean Racine continue d'inspirer les metteurs en scène et de toucher les spectateurs par ses oeuvres intemporelles.

(Sources : Evene)

La tragédie que je préfère est Phèdre.

Phèdre et Hippolyte - acte ll, scène 5

HIPPOLYTE

Je vois de votre amour l'effet prodigieux:

Tout mort qu'il est, Thésée est présent à vos yeux;

Toujours de son amour votre âme est embrasée.

PHéDRE

Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée:

Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers,

Volage adorateur de mille objets divers,

Qui va du dieu des morts déshonorer la couche;

Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche,

Charmant, jeune, traînent tous les coeurs après soi,

Tel qu'on dépeint nos dieux, ou tel que je vous voi.

Il avait votre port, vos yeux, votre langage;

Cette noble pudeur colorait son visage,

Lorsque de notre Crète il traversa les flots,

Digne sujet des voeux des filles de Minos.

Que faisiez-vous alors? Pourquoi, sans Hippolyte,

Des héros de la Grèce assembla-t-il l'élite?

Pourquoi, trop jeune encor, ne pûtes-vous alors

Entrer dans le vaisseau qui le mit sur nos bords?

Par vous aurait péri le monstre de la Crète,

Malgré tous les détours de sa vaste retraite:

Pour en développer l'embarras incertain,

Ma s¿ur du fil fatal eût armeé votre main.

Mais non: dans ce dessein je l'aurais devancée;

L'amour m'en eût d'abord inspiré la pensée;

C'est moi, prince, c'est moi, dont l'utile secours

Vous eût du labyrinthe enseigneé les détours:

Que de soins m"eût coûtés cette tête charmante!

Un fil n'eût point assez rassuré votre amante:

Compagne du péril qu'il vous fallait chercher,

Moi-même devant vous j'aurais voulu marcher;

Et Phèdre au labyrinthe avec vous descendue

Se serait avec vous retrouvée ou perdue.

HIPPOLYTE

Dieux! qu'est-ce que j'entends? Madame, oubliez-vous

Que Thésée est mon père, et qu'il est votre époux?

PHéDRE

Et sur quoi jugez-vous que j'en perds la mémoire,

Prince? Aurais-je perdu tout le soin de ma gloire?

HIPPOLYTE

Madame, pardonnez; j'avoue, en rougissant,

Que j'accusais à tort un discours innocent.

Ma honte ne peut plus soutenir votre vue;

Et je vais...

PHéDRE

Ah! cruel! tu m'as trop entendue!

Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.

Eh bien! connais donc Phèdre et toute sa fureur:

J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,

Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même,

Ni que du fol amour qui trouble ma raison,

Ma lâche complaisance ait nourri le poison;

Objet infortuné des vengeances célestes,

Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes.

Les dieux m'en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc

Ont allumé le feu fatal à tout mon sang;

Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle

De séduire le c¿ur d'une faible mortelle.

Toi-même en ton esprit rappelle le passé:

C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé;

J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine;

Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.

De quoi m'ont profité mes inutiles soins?

Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins;

Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.

J'ai langui, j'ai séché dans les feux, dans les larmes:

Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,

Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.

Que dis-je? Cet aveu que je te viens de faire,

Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire?

Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,

Je te venais prier de ne le point haïr:

Faibles projets d'un c¿ur trop plein de ce qu'il aime!

Hélas! je ne t'ai pu parler que de toi-même!

Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour:

Digne fils du héros qui t'a donné le jour,

Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite.

La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte!

Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper;

Voilà mon c¿ur: c'est là que ta main doit frapper.

Impatient déjà d'expier son offense,

Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.

Frappe: ou si tu le crois indigne de tes coups,

Si ta haine m'envie un supplice si doux,

Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée,

Au défaut de ton bras prête-moi ton épée;

Donne.

¿NONE

Que faites-vous, madame! Justes dieux!

Mais on vient: évitez des témoins odieux.

Venez, rentrez, fuyez une honte certaine.

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Invité kaerlyon
Invités, Posté(e)
Invité kaerlyon
Invité kaerlyon Invités 0 message
Posté(e)

en S, je propose Sartre. Je suis étonnée d'être la première à le citer :snif:

J'ai cherché un extrait de "les mouches" mais impossible d'en trouver un sur le net alors voici un extrait de "Huis-clos". Une petite présentation ? Homme de théâtre, écrivain, philosophe (existantialisme). La politique tient une place importante dans sa vie, même si sa position pendant la second guerre mondiale est souvent critiquée. Il est le compagnon de Simone de Beauvoir (j'ai bien dit petite la présentation :snif: )

"GARCIN : écoute, chacun à son but, n'est-ce pas ? Moi, je me foutais de l'argent, de l'amour. Je voulais être un homme. Un dur. J'ai tout misé sur le même cheval. Est-ce que c'est possible qu'on soit un lâche quand on a choisi les chemins les plus dangereux ? Peut-on juger une vie sur un seul acte ?

INéS : Pourquoi pas? Tu as rêvé trente ans que tu avais du c¿ur : et tu te passais mille petites faiblesses parce que tout est permis aux héros. Comme c'était commode! Et puis, à l'heure du danger, on t'a mis au pied du mur et¿ tu as pris le train pour Mexico.

GARCIN : Je n'ai pas rêvé cet héroïsme. Je l'ai choisi. On est ce qu'on veut.

INéS : Prouve-le. Prouve que ce n'était pas un rêve. Seuls les actes décident de ce qu'on a voulu.

GARCIN : Je suis mort trop tôt. On ne m'a pas laissé le temps de faire mes actes.

INéS : On meut toujours trop tôt ¿ ou trop tard. Et cependant la vie est là terminée ; le trait est tiré, il faut faire la somme. Tu n'es rien d'autre que ta vie.¿

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Membre+, Patate fossilisée, 37ans Posté(e)
Kinwena Membre+ 4 724 messages
37ans‚ Patate fossilisée,
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Juste pour remonter un peu ce topic...

Il est tard, je suis pas inspirée pour le T, mais je reviendrai demain, si personne n'est passé avant moi :snif:

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Je compatis sincèrement pour tes insomnies Kinwena :smile2: .

Récapitulatif pour la lettre T :

Tabachnik Maud, Le 5e jour

Tardieu Jean, Le tombeau de monsieur monsieur

Tavernier Edouard, Histoires grises

Tolkien JRR, Bilbo le hobbit

Toqueville Alexis de, De la démocratie en Amérique

Tournier Michel, Vendredi ou les limbes du pacifique

Tennessee Williams était, sinon oublié, du moins délaissé lorsqu'il est mort, seul, dans la chambre de l'hôtel new-yorkais où il vivait, un mois avant son soixante-douzième anniversaire. Pourtant, cet écrivain, surtout connu comme dramaturge (bien qu'il ait aussi écrit quelques romans, nouvelles et poèmes), laisse une ¿uvre qui a fait le tour du monde, sur les scènes de théâtre mais aussi sur les écrans de cinéma, un grand nombre de ses pièces ayant été adaptées.

Thomas Lanier Williams (il a pris le pseudonyme de Tennessee en hommage à ses grands-parents qui vivaient dans cet état, à Memphis) est né à Columbus (Mississippi), le 26 mars 1911, et a passé son enfance, avec sa mère et sa s¿ur Rose, qu'il adorait, chez son grand-père, pasteur. Son père, qu'il détestait, était voyageur de commerce, donc presque toujours absent. En 1937, il rompt avec sa famille lorsque Rose, schizophrène, subit une lobotomieNouvelle Orléans puis à New York, où il exerce divers petits métiers, de barman à portier. La nuit, il commence à écrire des pièces en un acte. Lorsque les états Unis entrent en guerre, il est réformé en raison de son dossier psychiatrique, de son homosexualité, de son alcoolisme, de ses troubles cardiaques et nerveux.

En 1943, il se rend à Hollywood, engagé par la Metro Goldwyn Mayer pour faire l'adaptation cinématographique d'un roman à succès. Cette tâche l'ennuie et il écrit son propre scénario, que la MGM refuse. Il en fait une pièce, la Ménagerie de verre ¿ où il met en scène sa mère et sa s¿ur ¿ montée à New York en 1945. Avec cette pièce, Tennessee Williams connaît, à trente-quatre ans, une célébrité soudaine (vainqueur du New York Drama Critics' Circle Award).

Elle se confirme deux ans plus tard avec le succès d' Un tramway nommé Désir, dont Elia Kazan est le metteur en scène, et qui marque les débuts d'un jeune comédien de l'Actor's Studio: Marlon Brando. En vingt-quatre ans, dix-neuf pièces de Tennessee Williams furent créées à Broadway.

Les plus connues sont été et Fumées (1948), La Rose tatouée (1950), Camino Real (1953), La Chatte sur un toit brûlant (1955), La Descente d'Orphée (1957), Soudain l'été dernier (1958), Doux Oiseau de la jeunesse (1959), La Nuit de l'iguane (1961). La plupart ont été jouées en France où le théâtre de Tennessee Williams est apprécié. C'est Jean Cocteau qui adapta Un tramway nommé Désir, et Françoise Sagan Doux oiseau de la jeunesse. Au cinéma, les plus grands réalisateurs de sa génération, de Joseph Mankiewicz à John Huston, signèrent les adaptations.

Tout le théâtre de Tennessee Williams, où l'on voit l'influence de Faulkner et de D.H. Lawrence, est traversé par des inadaptés, des marginaux, des perdants, des désemparés, auxquels va tout son intérêt, comme il l'explique dans ses Mémoires, parues en France en 1978. é travers tous ces personnages, dans un mélange de réalisme et de rêve, dans le désastre ou la fantaisie, il mène une remarquable analyse de la solitude, qui fut la constante de sa vie. qui la laisse très diminuée (il la prit en charge lorsque, le succès venu, ses moyens financiers furent suffisants).

Poète, romancier (le Printemps romain de Mrs. Stone, 1950), il a décrit dans ses pièces de théâtre des marginaux, proies des frustrations et des excès de la société.

Tennessee Williams a remporté le prix Pulitzer pour Un tramway nommé Désir en 1948 et pour La Chatte sur un toit brûlant en 1955.

L'écrivain fréquenta pendant plusieurs années l'île de Key West en Floride, où il avait une maison. Il a aussi été président du jury du Festival de Cannes 1976. (sources : Wikipédia)

Je propose le titre d'une pièce qui m'a toujours intriguée mais que je n'ai jamais lu : La chatte sur un toit brûlant (1955) :

Naufragés des tempêtes matrimoniales, Brick et Margaret semblent avoir touché le fond. Véritable 'scandale vivant', Brick éteint ses angoisses à coups de whisky... Comme une chatte sur un toit brûlant, Margaret tente de ranimer leur couple. Mais le fantôme de Skipper, ami défunt de Brick et amant malheureux de Margaret, persiste à semer la discorde. Une histoire d'héritage, d'autodestruction par l'alcool, d'homosexualité refoulée, dans laquelle combat avec passion la belle Margaret, femme de Brick, l'homme faible et merveilleux, toujours tenté de se retirer du jeu.(sources : Evene)

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