Alizée Delpierre à propos des domestiques chez les ultra-riches

Voici une interview de la chercheuse à propos de ses travaux récents.

Vous avez publié en 2022 aux éditions La Découverte, « Servir les riches : Les domestiques chez les grandes fortunes ». Ce livre a rencontré un vif succès. Il s’inscrit et complète les travaux de Michel et Monique Pinçon-Charlot dans le domaine de l’analyse sociologique de cette classe sociale méconnue, la classe des hyper riches.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous engager et à vous investir dans ce champ particulier ?

Sans doute comme beaucoup de jeunes étudiant·es en sociologie, les travaux de Michel Pinçon et de Monique Pinçon-Charlot sur la grande bourgeoisie m’ont tout de suite interpellée. Il me semblait en effet qu’étudier les mécanismes de domination et de reproduction sociale « par le haut » était primordial si l’on défend une approche relationnelle de la sociologie qui ne peut se contenter du seul point de vue des classes sociales dominées.

À cette appétence pour la sociologie des classes dominantes s’ajoutait ma propre expérience d’ascension sociale où, pendant mes études à Paris, je découvrais des milieux sociaux très favorisés qui m’étaient jusqu’alors étrangers.
J’ai aussi appris l’existence de la domesticité, pas qu’à travers les romans cette fois-ci, mais bien réelle, lorsque j’ai effectué des baby-sitting à droite et à gauche pour gagner un peu d’argent dans les beaux quartiers.

En accumulant des connaissances dans différents domaines de la sociologie, il me semblait que les rapports de domesticité soulevaient deux intrigues.
La première : comment des milieux sociaux que tout oppose, sur le plan de la classe sociale, mais aussi, de la race, comme on dit en sociologie pour désigner l’essentialisation des comportements en fonction des origines perçues, peuvent se côtoyer au quotidien dans un univers aussi intime que le domicile ? La sociologie urbaine et la sociologie des élites montrent en effet à quel point il existe une ségrégation entre les plus riches et les autres, que ce soit au niveau des lieux de vie et de vacances, de la scolarisation des enfants, des cercles de loisirs. Cette promiscuité au sein des maisons des ultra-riches n’a donc rien d’évident.

La seconde : comment se noue un rapport de travail salarié dans la maison, qui est, à l’inverse d’un milieu professionnel, conçu comme le lieu par excellence de l’intime, du secret, de la famille, de l’amour et du désintéressement ? La sociologie économique a en effet montré que la maison, comme le disait Bourdieu, est perçue par les individus comme un « monde inversé » au monde économique fondé sur l’argent, le profit, l’intérêt. Comment le salariat peut-il alors opérer dans la maison, au sein de la famille ?

Ce sont ces deux questionnements sociologiques qui m’ont convaincue de l’intérêt de conduire une recherche sur les rapports de domesticité au sein des univers fortunés, ce qui n’avait en outre pas encore été fait en sociologie.

Comment avez-vous pénétré ces familles ? Quelle méthodologie avez-vous choisie ?

J’ai croisé plusieurs méthodes ethnographiques : une enquête par entretiens biographiques longs et répétés, auprès de personnes ultra-riches d’une part, et auprès de domestiques embauché·es à temps plein chez des familles ultra-riches d’autre part ; une enquête par observation participante, en étant à deux reprises, dans deux familles ayant des domestiques à temps plein, « nounou » et aide-cuisinière à temps partiel. Ces deux types d’enquêtes étaient complémentaires puisque les entretiens me permettaient d’analyser les rapports entre patron·nes et domestiques et de les mettre en perspectives avec des trajectoires de vie, et l’observation participante m’a permis d’accéder de façon plus fine aux relations et hiérarchies professionnelles qui se tissent entre domestiques d’une même maison.

Pour pénétrer dans les entre-soi fortunés, j’ai récolté quelques contacts auprès de l’ancienne directrice du Bottin Mondain, sur les conseils de Monique Pinçon-Charlot, qui, par effet boule de neige, m’ont ouvert les portes de nombreuses familles. Pour les domestiques, j’ai sollicité des femmes de ménage amies de ma famille qui ont travaillé dans les beaux quartiers parisiens, et je me suis rendue dans des lieux stratégiques fréquentés par les domestiques : les églises, les marchés et supermarchés, les parcs, par exemple.

Si ouvrir la porte d’entrée de ces univers requiert du temps, une fois entre-ouverte en revanche, les rencontres se sont accélérées.
Même si cela ne figure pas dans le livre mais dans d’autres articles de recherche que j’ai écrits, j’ai aussi effectué un terrain auprès d’agences de placement de luxe et d’école de majordomes dans plusieurs pays, qui m’ont aussi permis de multiplier les enquêté·es et de déployer une analyse plus large du marché international de la domesticité.

La suite : https://henriguillemin.org/category/newsletters/

La solution ?

Je pense qu'ils sont payés par les riches et tout va bien. Les riches ne font pas rien selon moi. Ils et elles ne font pas rien en ville.

Alyzée la bobo universitaire se rend au zoo des hyper-riches... Des Pinçon à Delpierre des chercheurs militants proches de LFI...  de quoi alimenter la richophobie ambiante chez les envieux.

Il y a 5 heures, Phylou a dit :

La solution ?

 

Ça viendra, il y'a déjà les robots aspirateur et serpillière. 

Mais pourquoi elle s'est pas faite engagée comme domestique?

il y a 3 minutes, lysiev a dit :

Mais pourquoi elle s'est pas faite engagée comme domestique?

 

Elle l'a fait, comme aide cuisinière et comme nounou!

Pour être engagée comme une "vraie" domestique, elle n'avait sans doute pas le style requis et ils ne l'auraient jamais engagée. De plus, j'imagine qu'ils (les riches) font des recherches sur les gens qu'ils engagent; ils ne veulent pas d'étudiants en sociologie ou de reporters, mais des vrais de vrais qui ont les manières requises et le style.

il y a 14 minutes, Atipique a dit :

Elle l'a fait, comme aide cuisinière et comme nounou!

Pour être engagée comme une "vraie" domestique, elle n'avait sans doute pas le style requis et ils ne l'auraient jamais engagée. De plus, j'imagine qu'ils (les riches) font des recherches sur les gens qu'ils engagent; ils ne veulent pas d'étudiants en sociologie ou de reporters, mais des vrais de vrais qui ont les manières requises et le style.

Oui c'est sur on connaît tout du monde des domestiques en faisant du babysitting et en aidant en cuisine.

Je pensais que le mot "domestique" ( « gens de maison ») avait été "oublié" depuis la fin du XIXème et début du XX Siècle!?

Que nenni!

Donc il se perpétue au XXIème siècle, sacré monde d'aujourdhui, quelle évolution fantastique!

Conclusion: À l'Ouest rien de nouveau dans ce domaine, toujours pour servir ...

Il y a 18 heures, Marcuse a dit :

Comment avez-vous pénétré ces familles ? Quelle méthodologie avez-vous choisie ?

J’ai croisé plusieurs méthodes ethnographiques : une enquête par entretiens biographiques longs et répétés, auprès de personnes ultra-riches d’une part, et auprès de domestiques embauché·es à temps plein chez des familles ultra-riches d’autre part ; une enquête par observation participante, en étant à deux reprises, dans deux familles ayant des domestiques à temps plein, « nounou » et aide-cuisinière à temps partiel. Ces deux types d’enquêtes étaient complémentaires puisque les entretiens me permettaient d’analyser les rapports entre patron·nes et domestiques et de les mettre en perspectives avec des trajectoires de vie, et l’observation participante m’a permis d’accéder de façon plus fine aux relations et hiérarchies professionnelles qui se tissent entre domestiques d’une même maison.

J'avais déjà lu un interview de Monique Pinçon-Charlot il y a maintenant presque 20 ans, et elle expliquait qu'il était quasi impossible de connaitre la sociologue de cette classe sociale. Contrairement aux classes ouvrières etc, ils ne laissaient personne faire d'enquête chez eux.

Là, j'ai l'impression que rien n'a changé et que tout ce que les sociologues disent dans le colloque, au sujet ne serait-ce que les domestiques, c'est très marginal. Tout semble très opaque et j'ai l'impression que c'est beaucoup de langue de bois pour rien.

On n'est pas plus avancé...

Une chose en tous cas qu'on peut retenir : C'est une classe sociale qui est certaine de sa supériorité morale et intellectuelle et qui méprise les gens "inférieurs". 

Appeler quelqu'un "un domestique" c'est le confondre avec un "animal domestique".

Et après on s'étonne que certains croient dans la théorie des reptiliens. 

Cet écrit n'est qu'un "essai" (bouquin)

Elle n'a pas le vécu!

Il y a 6 heures, lysiev a dit :

Mais pourquoi elle s'est pas faite engagée comme domestique?

 

Elle l'a fait.

Il y a 5 heures, lysiev a dit :

Oui c'est sur on connaît tout du monde des domestiques en faisant du babysitting et en aidant en cuisine.

Tu n'as pas lu l'interview. Elle explique son travail d'enquête qui s'appuie d'une part sur l'immersion personnelle et d'autre part sur des entretiens avec les personnes concernées.

il y a 32 minutes, picenboule a dit :

Elle n'a pas le vécu !

Moi, si !, un tout petit peu. J'ai bossé pour un milliardaire, un vrai milliardaire !!, suisse, et si je le nommais tous le suisses du forum bondiraient, " Je le connais ! ", de nom en tous cas, mais avec un immense domaine en France. Un jour, il m'a très gravement manqué de respect, je lui avais fait entre quatre yeux, le plus courtoisement qui soit, sans témoin, une remarque, absolument fondée, sur le comportement de son fils, réponse du " Monsieur " : " Toi, tu fermes ta gueule t'es qu'un employé ". Je n'ai pas répondu, j'ai cherché un autre emploi. J'ai regardé mon contrat. Et je lui ai envoyé mon préavis, au pire moment possible pour lui, une des plus grandes dates de son agenda annuel. Il a fait le déplacement pour venir me voir, c'est dire. " Tu peux pas rallonger un peu ? " " Non ". Bien sûr, il m'a proposé de l'argent. " Non ". " Tu connais quelqu'un qui pourrait te remplacer tout de suite ? ". " Non [bien sûr que si] ". 

il y a 10 minutes, Neopilina a dit :

Et je lui ai envoyé mon préavis, au pire moment possible pour lui, un des plus grandes dates de son agenda annuel. Il a fait le déplacement pour venir me voir, c'est dire. " Tu peux pas rallonger un peu ? " " Non ". Bien sûr, il m'a proposé de l'argent. " Non ". " Tu connais quelqu'un qui pourrait te remplacer tout de suite ? ". " Non [bien sûr que si] ". 

Et cet être "supérieur" avait besoin de vous ? Vraiment ? 

Ben oui c'est emmerdant, mais le pognon ça ne travaille pas tout seul.  

il y a 15 minutes, Neopilina a dit :

Moi, si !, un tout petit peu. J'ai bossé pour un milliardaire, un vrai milliardaire !!, suisse, et si je le nommais tous le suisses du forum bondiraient, " Je le connais ! ", de nom en tous cas), mais avec un immense domaine en France. Un jour, il m'a très gravement manqué de respect, je lui avais fait entre quatre yeux, le plus courtoisement qui soit, sans témoin, une remarque, absolument fondée, sur le comportement de son fils, réponse du " Monsieur " : " Toi, tu fermes ta gueule t'es qu'un employé ". Je n'ai pas répondu, j'ai cherché un autre emploi. J'ai regardé mon contrat. Et je lui ai envoyé mon préavis, au pire moment possible pour lui, un des plus grandes dates de son agenda annuel. Il a fait le déplacement pour venir me voir, c'est dire. " Tu peux pas rallonger un peu ? " " Non ". Bien sûr, il m'a proposé de l'argent. " Non ". " Tu connais quelqu'un qui pourrait te remplacer tout de suite ? ". " Non [bien sûr que si] ". 

 

Tu as bien fais. 

il y a 7 minutes, Totof44 a dit :

Elle l'a fait.

Tu n'as pas lu l'interview. Elle explique son travail d'enquête qui s'appuie d'une part sur l'immersion personnelle et d'autre part sur des entretiens avec les personnes concernées.

lorsque j’ai effectué des baby-sitting à droite et à gauche pour gagner un peu d’argent dans les beaux quartiers.

une enquête par observation participante, en étant à deux reprises, dans deux familles ayant des domestiques à temps plein, « nounou » et aide-cuisinière à temps partiel. 

Donc une observation participante. Tu parles d'une expérience 

La matinée est consacrée aux Gens de rien ou de peu, 

L’après-midi est centré sur l’étude des Gens de biens, aujourd’hui dénommés classe des hyper riches, dont les intervenants ont été précédemment interviewés.

Donc les employés de maison sont des gens de rien et les riches des gens de biens.?

Pour ma part lire ce genre de chose, me fait bondir.de mon fauteuil .

Bref ... 

il y a 7 minutes, Danoketian a dit :

Tu as bien fais. 

Sa remarque c'était un dégueulis " mépris de classes ", " 24 carats ".

il y a 7 minutes, Neopilina a dit :

Sa remarque c'était un dégueulis " mépris de classes ", " 24 carats ".

Oui très irrespectueux et l'argent ne donne pas tout les droits. 

il y a 44 minutes, Apator a dit :

Et cet être "supérieur" avait besoin de vous ? Vraiment ? 

Il a également besoin de son cuisinier, de son chauffeur, et une cinquantaine d'autres. Il avait besoin de moi. Et encore plus à cette date. Je vois que tu ignores certaines choses : dans certains lycées, dans certaines écoles, c'est les offres d'emplois qui viennent solliciter les élèves, et non l'inverse. Pour ta gouverne personnelle.

il y a 7 minutes, Neopilina a dit :

Il a également besoin de son cuisinier, de son chauffeur, et une cinquantaine d'autres. Il avait besoin de moi. Et encore plus à cette date. Je vois que tu ignores certaines choses : dans certains lycées, dans certaines écoles, c'est les offres d'emplois qui viennent solliciter les élèves, et non l'inverse. Pour ta gouverne personnelle.

Non, vous ne voyez rien du tout. 

Vu que vous n'avez même pas vu que je faisais de l'ironie. 

Mais je vois que vous êtes tatillon lorsqu'on vous parle de votre "utilité". Méfiez-vous parce que ... cette course... c'est le signe des "inférieurs". 

Et vous croyez que je plaisante sur ce coup là ? Non, c'est la proie qui se sauve, le prédateur, lui, il court après la proie lorsqu’elle se sauve. Si elle ne sauve pas, soit elle est malade, soit elle est suspecte.... c'est peut-être un prédateur aussi. 

Là, c'est pareil et je vous garanti que ces gens là, ce n'est pas juste une histoire d'argent comme beaucoup de gens de croient, non c'est une histoire de lignée, avec ce sentiment inculqué dès le plus jeune âge d'être naturellement supérieur... cette supériorité serait d'une part génétique et autre part reliée à "un système", "des règles d'honneur", "un savoir vivre", qui leur sont propres et que les "inférieurs" ne peuvent  pas maitriser... car ils ne savent pas se maitriser...

... ils courent.