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Tout ce qui a été posté par Kégéruniku 8
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Ce serait bien, mais c'est faux. Parce que rechercher quelque chose ne signifie pas nécessairement l'obtenir. Parce que l'environnement, qui influe nécessairement sur le développement de la personne, ne pousse pas forcément en ce sens. Et même d'un point de vue strictement physiologique, le vieillissement ce n'est pas ce qui se fait de mieux pour le cerveau. (on situe à 25 ans l'âge à partir duquel le cerveau entre en phase de déclin, si je ne m'abuse.) Alors, oui, c'est flatteur de se dire qu'on ne peut que s'améliorer avec le temps, que si l'on continue d'avancer sur un même chemin, on ne peut que progresser. Mais ce n'est pas vrai. Parce que la vie ce n'est pas une ligne droite, même sur une chemin balisé, on peut se perdre. Même si l'on croit avancer, on peut se perdre.
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Oh, par certains aspects, peut-être bien, si. Mais nous sommes des personnes différentes. Je peux être plus jeune qu'untel et plus sage et plus vieux qu'un autre et pourtant plus con. Le temps peut tout aussi bien permettre à certains esprits de s'ouvrir, parce qu'ils relativisent d'avantages, comme il en pousse d'autre à se fermer, parce que leurs opinions sont devenues des convictions. Si on ne peut pas maîtriser la façon dont on est perçu, on a forcément une influence sur celle-ci. Pourquoi le "vrai"? Pourquoi les autres devraient être faux? C'est ce genre de vocabulaire qui fait que tes propos ne sont pas plébiscités. Puisque ce sont des propos excluants, qui divisent le monde entre ceux qui sont dans le vrai puisqu'ils sont d'accord avec toi, et ceux qui ceux trompent, qui sont dans le faux, dans la caverne aux ombres.
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Alors, ça, c'était probablement l'une des pires réponses possibles. Oui, tout le monde change avec le temps, mais le terme évolution ne me parait pas adéquat. Puisqu'il induit une idée d'amélioration et de paliers de sagesse qui ne s'atteindrait qu'avec le temps. Hors, non seulement les changements ne sont pas nécessairement bénéfiques mais surtout, plus que le temps, ce qui provoque les dits-changements, c'est l'expérience, empirique ou non d'ailleurs, et les leçons qu'on en tire. Alors, certes, le temps est un facteur permettant d'augmenter les probabilités d'être amené à vivre d'avantages d'expériences, mais ce ne sont là que des probabilités et cela n'influe nullement sur ce qui est retiré de ces expériences. En résumé, comme disait le poète, l'âge ne change rien à l'affaire. Puisque, pour citer le philosophe, aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années. Tous ceux qui te contredisent ne sont pas plébiscités. Si seuls certains le sont, il y a peut être une raison autre que ta personne. Et, ceux qui sont contre toi ne le sont pas tant pour la teneur de tes propos que pour la façon dogmatique que tu as de les poser comme la seule vérité possible. Si inimitiés il y a, alors c'est pour ce dernier point. Et bien, pour dire vrai, je t'aime bien. C'est vrai, on ne vit pas sans communication. Mais la communication n'a pas besoin d'être amoureuse et n'a pas besoin d'être omniprésente. Garder des espaces pour soi, cultiver son jardin, il me semble que c'est même quelque chose que tu revendiques. ^^
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Pas seulement, puisque c'est par rapport à soit qu'on expérimente. Pour savoir ce qui nous plait et ce qui ne nous plait pas. L'autre est un objet, un moyen. Il peut devenir une fin, mais ce n'est pas la règle.
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Il y a une différence d'importance entre dire que tu ne le comprends, ce qui peut s'entendre, et dire que c'est une connerie, ce qui passe forcément moins bien. Ce n'est pas parce qu'on n’emprunte pas un chemin qu'il faut condamner ceux qui le font, surtout si c'est un choix de leur part. L'amour, c'est dans la tête. C'est une chose que l'on vit, avant tout, avec soit même. Comme toutes les émotions. Quant à parler d'échange suprême... Quand on sait que d'un point de vu physiologique, le sentiment amoureux produit le même effet qu'une tablette de chocolat. On apprends, on joue, on expérimente, on ressent. Quand bien même cela serait absurde, je ne vois pas le problème. L'absurde étant généralement bien plus divertissant. ^^ On peut être solitaire à certains moments et ne plus l'être à d'autres. L'essence même du vivant, c'est le mouvement. Les monolithes, ça n'existe pas. Oh, à mon sens, le rejet n'est pas ce qui est le plus à craindre, n'est pas ce qui blesse le plus sûrement. La passion peut survivre au rejet et même être nourrie par lui. Alors qu'il est bien plus rare que la passion survive à son accomplissement. Et il me semble bien plus douloureux que de vivre l'amour avec la personne qui nous le fait ressentir pour finalement se rendre compte que le temps aura eu raison de l'affaire. Que sa présence n'est plus même souhaitée et que du feu tant chéri il ne reste que des cendres. Rien ne meurt plus vite qu'un amour qui vit.
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J'aurai pu mal le prendre. D'autant plus cosmique, que je lui répondais sur ce même point.
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C'était pas la peine de t'embêter hein, ça m'a juste fait rire. ^^
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C'est bizarre, c'est moi que tu cites alors que c'est les propos de hell auquels tu reponds. Il est aussi possible d'apprécier les deux possibilités. Personnellement, je peux aimer être amoureux en secret, dans mon coin, sans rien demander à personne. Comme je peux apprécier de vivre le sentiment amoureux dans l'échange. Ça dépend des personnes, des moments, de ce que j'aime et comment je l'aime. Je suis et solitaire et solidaire. Pour ce qui est de dire que l'amour nécessite 2 âmes, oui, pourquoi pas. Mais il ne nécessite pas l'intervention des deux, parce que, comme tout sentiment, c'est d'abord individuellement qu'il est vécu. Il y a un sujet et un objet. Bien sûr, il peut y avoir réciprocité, mais ça n'est pas indispensable. Quant au bonheur, je ne crois pas qu'il y en ait de vrai et de faux. De fait, il n'est pas nécessaire de s'inquiéter pour ce qui relève du ressenti de tout à chacun.
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Je remarque que tu n'as toujours pas de photos de moi sur ton profil alors que je suis la définition même de ce qui te donne des frissons.
Je vais finir par me vexer, à force.- Afficher les commentaires précedents 29 en plus
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Depuis le temps que je me dis que je devrais dire des poèmes en langue des signes, voilà une bonne occasion de m'y mettre. Mais s'ils ne comprennent pas un mot, je pourrai toujours leur susurrer la traduction.
C'est bien vrai, j'ai une excellente couche. Spacieuse, confirtable, tu devrais l'essayer.
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J'ai lu quelque part que, pour bien faire les chose, il faut les faire mille fois. Après quoi, il faut les faire mille fois encore. J'espère que tu as un peu de temps devant toi.
Je pensais surtout qu'il y était donc possible de s'y placer et déplacer à sa guise.
Ça aurait pu faire une parfaite invitation, mais il faut que ce soit un au revoir.
Bon, et bien je vais me coucher aussi, en pensant à tes tee-shirt.
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Si vous vous contentiez de chanter les louanges de ce qui vous anime, je n'aurai rien à y redire, mais il faut toujours que vous dénigriez ce qui peut animer d'autres que vous. En quoi serait-il moins superficiel que de vouloir à tout prix que son amour prenne corps et souffre les affres de la trivialité du quotidien? Vérifier, ça ne sert qu'à se rassurer et je ne vois pas de profondeur à cela. Tous les amours n'ont pas vocation à s'ancrer dans le réel, et aussi sûr que j'aime l'océan, je me fous bien de prendre la mer. Je peux aimer la lune, je n'ai pas besoin de devenir astronaute. Et que m'importe de savoir si elle m'aime en retour, puisque j'éprouve déjà du plaisir à l'aimer moi? Si vous ne comptez que sur les retours que l'on peut vous faire pour vous satisfaire, vous ne serez pas plus profond qu'un autre. Et probablement pas plus superficiel, si cela vous rassure.
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Il n'est pas nécessaire de le partager, pour vivre l'amour. Le sentiment amoureux est une chose qui se vit très bien en solitaire, et probablement même mieux, puisque, ainsi, il ne se confronte pas au réel et aux déceptions du quotidien. Il suffit d'un sujet, d'un objet et de pensées pour vivre l'amour. Pour l'incarner, c'est une autre histoire, mais on n'est, heureusement, pas obligé de chercher à tout rapporter au corps. Aussi important que cela puisse être.
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Et bien c'était l'effet voulu. Dans ma tête, ça claquait de le dire comme ça, du coup, content que ça marche. ^^ Ah oui, là, ça me revient!! C'est ce que j'aime bien avec la poésie, c'est que même les auteurs les plus fabuleux (je pense à des Racine ou La Fontaine notamment) usent de formes incorrectes mais qui n'en sont que plus belles qu'elles sont réfléchies et maitrisées. La faute qui surgit en plein milieu d'un texte parfaitement ciselé, c'est la rose sauvage qui trône dans une composition de maître. C'est l'autre raison qui fait que j'aime l'hypocorrection, j'essaie de reproduire ça. ^^
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J'ai 8 ans et mon frère 6 ans. Comme tous les étés, nous sommes au Portugal. La journée est particulièrement radieuse, il fait beau, il fait chaud, alors nous jouons dans la piscine. Enfin, piscine, si l'on veut être précis, il s'agit d'un réservoir, d'un ancien lavoir, et ce qui nous sert de plongeoir n'est rien d'autre que la planche de pierre qui servait à frotter le linge et à l'essorer. Mais plus personne ne s'en sert de cette façon depuis bien longtemps et il est suffisamment grand pour que ce soit notre piscine, alors nous jouons dans la piscine. C'est drôle, j'ai en tête des images particulièrement précises de ce moment, de véritables photographies, mais je me souviens à peine de ce que nous faisions. Peut être est-ce là l'essence des bonheurs de l'enfance, qui ne comptent pas tant par ce qu'ils sont mais par la chaleur qu'ils portent et qui permet de réchauffer toute une vie. Je me souviens tout de même qu'à un moment, un serpent entre dans l'eau, un orvet, et qu'à ce moment, mon frère commence à brasser l'eau dans sa direction pour le mettre en déroute. Je me souviens que d'un coup, il se met à hurler un tonitruant "KA-ME-AH-ME-AAAAAAAAH!!!" tout en éclaboussant toute l'eau qu'il peut en direction du terrible adversaire qui lui fait face. Le monstre est défait et mon frère est plein de fierté, il nous a sauvé, ce n'est pas rien quand même! Il n'a pas besoin de savoir que le serpent en question était aussi dangereux qu'un ver de terre. Après quoi, je me souviens de mon arrière-grand mère qui m'appelle: "Pilaõ, anda ca!" (ce qui, littéralement, signifie: Grosse bite, viens ici... Mon arrière-grand mère était une personne extrêmement pieuse et très peu vulgaire. C'était probablement le seul gros mot quelle s'autorisait, mais elle le savourait comme un bonbon. Chaque fois qu'elle le disait, elle arborait un sourire malicieux qui, à défaut de montrer ses dents, mettait en évidence l'espièglerie qu'elle avait conservée et nourrie durant près d'un siècle.) Je sors de l'eau immédiatement, parce que chaque fois que mon arrière grand-mère m'appelle, je sais que ce qui suit sera doux. Le plus souvent, elle me parle de sa foi, parfois de son histoire. Très rarement, elle me prodigue ses conseils, mais c'est toujours un plaisir. Alors je trotte plus que je ne cours en direction de la maison, quand, en chemin, je vois mon père qui arrive, tout sourire. Il a beau transpirer la douceur, il a ce charisme des bad boys des vieux films américains qui l'ont toujours fait rêver. Mon papa c'est le meilleur! Cela fait 3 ans que je n'ai pas vu mon père, alors j'explose de joie, ce qui a pour effet de faire accourir mon frère. Là, il se tourne vers moi et provoque la douleur la plus intense que j'ai connue de toute ma vie, me disant le plus innocemment du monde: "C'est qui ce monsieur?" Aujourd'hui encore, je pries pour que ces mots ne soient jamais arrivés aux oreilles de mon père. J'use de toute l'énergie à ma disposition pour ne rien laisser transparaître et je lui réponds simplement: "c'est papa." C'est à cet instant que je comprend que les mots possèdent une magie singulière et qu'il suffit parfois de dire pour que les choses soient. Alors qu'un instant auparavant, il ignorait tout de la personne qui s'avance, là, il court et pleure et hurle: "Papa, je t'aime!"
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En fait, dans ce texte, la plupart des négations ne sont pas doublées, du coup, c'est rigolo que ce soit cet exemple là et pas un autre qui t'ais fait tiquer. " y a pas de greffe" " je suis pas lutteur" "j'ai pas peur" Concernant Lucky Luke, c'est parce que je m'en tire plus vite que mon ombre.
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Bien sûr que c'est fait exprès, voyons! J'aime bien naviguer entre l'hypercorrection et l'hypocorrection. Parce que c'est ce qui représente le mieux les différents langages que j'ai côtoyé. ^^
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Le temps n'a jamais été mon allié, mais en cet instant, il m'est totalement étranger. Je suis plongé dans la confusion comme si mon cerveau se trouvait empaqueté dans du coton imbibé d'alcool. J'écris comme si je ne savais pas le faire... Lorsque j'arrive, je suis plein d'appréhensions, d'âpres tensions, sans prétention. Je sais quel texte je vais dire, je sais comment le dire, j'espère pouvoir le dire. J'ai tant d'enthousiasmes à étouffer que j'arrive avec une heure d'avance, alors que je suis venu à pieds. Il fait frais, certain diraient même froid, mais un tee-shirt me suffit pour braver le temps, même immobile. J'ai le sang en ébullition, j'en arrive même à transpirer. Je finis tout de même par entrer et m'installer 15 minutes avant l'heure annoncée. Finalement, ça ne commencera que bien plus tard, mais c'est tant mieux, cela me permet de me calmer, du moins jusqu'à ce qu'elle arrive. Les rapports sont cordiaux et le resteront jusqu'à la fin de la soirée slam. Il y a quelques rires échangés, quelques brefs regards, c'est parfait, je n'ai pas envie de plus puisque pour le moment, j'ai encore du mal à me dire que venir était une bonne idée. C'est la première fois que je participe à un évènement de la sorte, mais ça ne me dérange pas outre mesure, je ne suis, d'ordinaire, que peu sensible au stress. Toutefois, de la voir présente, elle ainsi que ses amis, m'angoisse. Et comme les astres sont avec moi, c'est à moi qu'il revient de dire le premier texte de la soirée. J'ai l'impression d'être un de ces suppliciés offert en pâture aux requins et ce même si tous les regards sont emplis de tendresse. Je reste un temps immobile sur la planche, mais puisqu'il nous faut périr, autant marquer les esprits, je tente le saut de l'ange et dit mon texte. Pas sans fautes. Le mental devient emmental quand mon esprit est plein de trous. J'essaie de le cacher en jouant sur le rythme des silences. Quand enfin je lance mon dernier vers, je quitte la scène dans la foulée, soulagé d'avoir survécu. A ma grande surprise, je prend un plaisir certain à écouter les autres, je me laisse bercer par chaque texte lu, par chaque mot dit. Mais quand vient son tour à elle, je suis mortifié par la honte. Elle dit le premier texte qu'elle a écrit et il s'avère meilleur dans sa structure et dans son rythme que tout ce que j'ai pu écrire jusque là. Et c'est sans parler de son aisance, de son charisme et de la facilité qui semble se dégager de sa performance. J'aurai pu tomber amoureux juste avec cet instant. A ce moment, j'ai honte d'être venu slamer, j'ai honte d'écrire, j'ai honte d'être là. Heureusement pour mon ego, même si toutes m'emportent, toutes les prestations ne sont pas du même acabit. Il est 22h lorsque une seconde ronde est lancée et je décide d'y participer. Il serait dommage de ne pas le faire maintenant que le stress a quasiment disparu. C'est un texte plus ancien, plus détaché de la situation, que je parviens à dire presque sans trembler. Elle repasse également, sa prestance est absolument incroyable, mais le texte n'est pas d'elle, ce qui me permet de ne pas mourir sur le coup. Non, lors de cette seconde ronde, c'est Aimile qui m'a frappé en plein cœur. Je n'avais jamais pensé la poésie comme lui l'a proposée. Je serai de toutes façons bien incapable de suivre son modèle et je l'admire avec d'autant plus de force qu'il réalise ce qui m'est inaccessible. Une fois le dernier vers dit, un temps est laissé à la discussion. Je n'ai jamais été très à l'aise pour entamer la discussion, alors je ne parle pas beaucoup, ce qui ne m'empêche pas d'être touché par les mots qui me sont adressés. L'évènement prend fin sur le coup de 23h, je n'ai pas envie de rentrer chez moi mais je n'ai pas d'alternative, jusqu'à ce que, ô surprise, elle m'invite à l'after. Dans mon esprit, un siècle s'écoule durant lequel s'affrontent ceux qui, ignorant la longueur du fossé qu'il me reste à franchir, me disent de courir jusqu'à l'aube ; tandis que ceux qui ne pensent qu'à l'El dorado me disent que pour cette nuit je peux tout endurer. Dans les faits, je n'ai jamais été aussi rapide et efficace dans mes prises de décisions et il ne m'a fallu qu'une demi-seconde pour lui répondre que c'est avec plaisir que je me joindrai à eux. Nous nous dirigeons vers un bar dans lequel nous ne resterons que 2 heures. Durant la première de ces heures je découvre à quel point Aimile est stupéfiant. J'aimerai ouvrir son crâne et disséquer sa cervelle pour comprendre la pièce qui s'y joue. J'aimerai lui arracher les yeux et me les greffer pour voir ce qu'il voit. Il me présente son carnet à croquis puis l'alphabet sur lequel il travaille et je me plais à observer, en intervenant le moins possible, l'ange qui lui sort de la bouche. Après quoi, c'est au tour de Suerte, le bien nommé, de m'emporter dans sa ronde. Il discute simplement, comme s'il n'y avait aucun enjeu derrière, comme s'il n'y avait que le plaisir des mots et de l'instant et mentalement je me réjouis de constater que c'est bel et bien possible. Avec lui, je me fais plus bavard, parce que pour la première fois de ma vie, je pourrai tout dire sans avoir à anticiper la réaction que mes mots pourraient provoquer. Je teste d'ailleurs en parlant de la mort de mon père, auquel il me fait curieusement penser, et il ne tique pas, son regard ne s'emplit pas d'une empathie nauséabonde ou d'une compassion perverse, il accueille mes propos et poursuit les siens comme pour n'importe quel autre sujet. Je me livre plus qu'à l'accoutumée et d'ailleurs, il y a certaines de mes bafouilles qui finissent par attirer l'attention de Marnie, qui se joint à notre discussion et qui m'offre, ce faisant, la plus grande dose de plaisir que je sois en mesure d'endurer. Pendant prêt d'une heure, il me faut me faire violence pour ne pas exulter face aux mots qu'elle prononce, face aux regards qu'elle me lance. Suerte commence d'ailleurs, fort aimablement, à s'effacer de la discussion, mais il est temps de partir, le bar doit fermer. Alors que nous quittons les lieux, elle me répète à plusieurs reprises que je suis énervant, que je suis chiant. Aussi simple soit-elle, c'est la plus belle déclaration possible. Personne ne veut laisser la soirée se terminer, et surtout pas moi, alors nous allons en boite. Je consens à m'enfermer dans un de ces lieux qui ne m'inspirent que détresse et désarroi, la compagnie est bien trop agréable pour que j'émette le moindre doute. Cette fois, la crainte du fossé ne se fait pas entendre et ne reste que l'envie de voler. Une fois arrivée, c'est Réglisse qui me fait poursuivre ma transe. Pour des raisons qui lui appartiennent, il s'avère que c'est la toute première fois qu'il découvre un lieu de ce genre et il resplendit d'un bonheur enfantin terriblement communicatif. Je me surprend à sourire comme jamais je ne l'avais fait jusque là. Moi qui porte aux gémonies l'héautontimoroumenos et ses vers: "je suis de mon cœur le vampire, un de ces grands abandonnés au rire éternel condamné et qui ne peuvent plus sourire." je me change en chat de Cheshire. il me suffit de l'observer pour me retrouver parfaitement béat, au point d'en faire enrager tous les bouddha du monde. Pour parfaire la scène, alors que tous partent danser, Marnie reste avec moi, se rapprochant toujours plus, ravissant mon regard pour qu'il finisse par se figer sur elle. Sachant pertinemment que je l'observe, elle sourit comme si elle était tzarine de toutes les Russies. Elle finit par m'accorder son regard, ses pupilles sont totalement dilatées me laissant ainsi tout l'espace nécessaire pour y plonger... Ses lèvres ont le goût de mes rêves mais ses mots provoquent les mêmes déchirures que ne le ferait l'ingestion de poudre d'émeraude. Elle veut comprendre et là je réalise que je l'ai blessée sans n'avoir aucune explication, aucune justification. Tout aurait dû s'arrêter là, mais l'alcool joue en ma faveur, influant sur la décision qui est sienne. Et pour les 2 heures durant lesquelles nous resteront encore dans la péniche, elle ne quitte plus mes bras, mes mains restent vissées sur sa peau et ses lèvres fusionnent avec les miennes. Lorsque la compagnie vient émettre le souhait de partir, je ne sais plus qui ils sont, où je suis ou même qui je suis. Jamais je n'aurai cru éprouver la moindre once de regret quant au fait de sortir de boîte. Après quelques hésitations, Marnie nous propose d'aller chez elle, Aimile nous abandonne et c'est donc Réglisse, Suerte et sa compagne, Marnie et moi même qui poursuivons. Une fois arrivée, la fatigue reprend ses droits et finalement tout s'accélère. Rapidement Suerte et sa compagne décident de rentrer chez eux. Réglisse ne peut pas rentrer chez lui, Marnie lui propose donc sa chambre, tandis qu'elle reste avec moi dans le salon. C'était une soirée slam, mais le temps des mots est révolu. Jusque là, je savais que son âme me plaisait, je découvre que son corps est l'incarnation exacte et précise de tout ce que j'aime. Plus que mon sexe ou mon esprit, mes mains sont la première de mes zones érogènes et là il n'est pas une once de peau que j'effleure sans être submergé de plaisir, pas la moindre partie de son corps qui ne provoque l'extase la plus complète et totale. Elle se contorsionne comme dans un rêve, comme si tout ça n'était que folie et mon esprit s'embrase aussi sûrement que la forge de mes entrailles. Mon cœur bat à tout rompre et la température de mon corps s'élève au point de faire fondre la plus éternelle des glaces. Et pourtant, ce qui me saisit plus que sa douceur, c'est sa chaleur qui me brûle les paumes, et le sang, et les os. Je jouis jusqu'aux yeux lorsque la lumière nocturne fait ressortir et la pâleur de sa peau et la flamboyance de sa chevelure et mes oreilles se délectent de la délicatesse des soupirs et des gémissement qu'elle exhale, jusqu'au derniers mots qu'elle susurre et qui forment l'ultime estocade, celle dont je ne peux me protéger. Je meurs tandis qu'elle s'endort. Je n'ai plus de cervelle, mon crâne n'abrite plus qu'une mélasse graisseuse en fusion. Je profite des derniers instants nocturnes pour me reformer. Je ne pense pas, je ne suis pas en état, j'attends, que la marche des lucioles fumantes de mes pensées aboutisse pour que je naisse à nouveau. Et lorsque c'est fait, j'écris. Sur mon téléphone, même si je n'aime pas ça. Ce ne sont pas que les muses mais tout le panthéon antique qui se penche sur mes épaules pour me souffler les vers les plus diablement inspirés que j'ai produit. Au diable la modestie, il s'agit des vers les plus monstrueusement efficaces qu'il m'ait été donné de lire. Cependant, ils ne survivront pas à l'aube, puisqu'elle ne voudra pas les entendre, ils ne méritent pas même d'exister. Non, quand elle se réveillera, le rêve se dissipera. D'abord affublée d'une honte coquette, elle finira pas user du masque de la froideur, de l'indifférence, et ce sera là notre dernier échange. Les dernières flammèches de la passion brûleront en moi comme les feux de la colère puis viendra le temps des cendres, l'extermination de masse, l'ère glaciaire et enfin, je l'espère, même si cette nuit j'ai aimé pour toute une vie, la reverdie.
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Il été apprécié. La soirée fut parfaite en tous points. La matinée s'est avérée bien plus amère. J'écrirai certainement une dernière fois là dessus et puis voilà.
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J'ai 13 ans. Je vis avec ma mère et mes deux frères, 4 et 11 ans. Avec le plus grand, nous dormons dans un cagibi dans lequel ont étés placés des lits superposés. Ça me va, je n'ai jamais aimé dormir et le reste du temps on peut rester dans le salon. À condition, bien sûr, de ne pas faire trop de bruit. Ma mère travaille de nuit, à l'usine. Alors, la journée, elle dort. On joue, en essayant de ne pas faire de bruit. Pour ne pas qu'elle mette des coups de marteau sur la console, comme la dernière fois. Pour ne pas qu'elle saute sur moi à pieds joints, comme la fois d'avant. On joue a un jeu de société, pokemon je crois, mais peu importe. Le plus grand de mes frères est en train de perdre et me soupçonne de tricher, je dois bien reconnaître que c'est arrivé quelques fois. Le plus jeune n'est plus dans la partie, il est fatigué, il a faim, et prend beaucoup de temps lorsque c'est son tour. Le plus âgé s'impatiente et s'énerve, je m'offusque, je n'ai pas triché, je gagne parce que j'ai mieux joué. Le ton monte, ma mère se réveille. «Bande d'enculés, je me tue au boulot pour vos gueules et c'est même pas possible de dormir? Je me sacrifie tous les jours pour vous et faudrait encore que je vous donne ma chatte? Vous vous rendez pas compte de la chance que vous avez de m'avoir, vous profitez de moi, vous me sucez tout mon sang, bande de fils de pute. Je devrais vous mettre en foyer, à vous faire enculer par les plus grands, là vous comprendriez bande de bâtards.» Aucun de nous ne bronche. Les propos ont beau être les mêmes que d'habitude, la peur est aussi la même. Le plus jeune finit tout de même par dire qu'il a faim Elle me regarde et continue: « Et toi le bon à rien, tu peux pas faire à manger? Faut toujours que vous comptiez sur moi? Si je meurs, parce que vu comment vous m'usez ça pourrait arriver bientôt, vous allez faire quoi? Occupe toi un peu de tes frères que je puisse me reposer. Je peux me reposer un peu ou c'est trop demander? Hein mes seigneurs!» Je n'ai jamais préparé le repas. D'habitude, c'est à peine si je peux me préparer mon propre petit déjeuner. Mais ce n'est pas comme si j'avais le choix. Je pars dans la cuisine et j'essaie. Il y a des steak hachés, de la semoule, ça ne devrait pas être trop compliqué. Bon, il semblerait que j'ai raté quelque chose. La semoule est compacte et goûte le sable. Quant à la viande, elle est toute grillée et l'appartement est empli de fumée. Aussi mauvais que ce soit, nous mangeons, sans rien dire et nous préparons pour le coucher. Vu ce qu'elle fume, je ne pensais pas que l'odeur pourrait réveiller ma mère, mais il s'avère que si. Elle court dans la cuisine et il semblerait que ni l'état de la poêle ni le reste de semoule ne lui convienne. Elle me gifle et crie: « Et tu te dis intelligent, même pas capable de faire une putain de semoule? T'es qu'un bon à rien, un flemmard de merde juste bon à se gratter les couilles! Tu crois que je faisais pas à manger à ton âge? Vous avez trop la belle vie, vous savez rien faire. Je peux pas compter sur vous.» Tandis qu'elle me frappe, elle crie de plus en plus fort. Elle se saisit d'un couteau et place la lame sous ma gorge. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle éructe. Je ne vois que la bave blanche à ses lèvres, et mes petits frères, comme deux suricates aux grands yeux ronds, qui regardent la scène, incapables du moindre mouvement. Tout se passe si lentement, je ne sais pas combien de temps j'ai gardé cette lame contre ma gorge. Des secondes? Des minutes? Des heures? Peut être se rend-elle compte que je ne l'entend plus, ma mère me bouscule puis appuie la pointe du couteau contre mon ventre. Pas assez pour me faire mal, juste assez pour que je saigne. Je vois bien qu'elle continue de vociférer mais je n'entends rien, si ce n'est un sifflement continue. Elle finit par jeter le couteau, fracasser la poêle contre le plan de travail et nous crie de dégager. Mes frères courent se coucher, moi, je suis puni. Je dois sortir et faire l'aller-retour du 7ème étage au rez de chaussée par les escaliers. Seulement trois fois, je m'en tire plutôt bien. Lorsque je rentre, ma mère me prend dans ses bras et me dit qu'elle est désolée, qu'elle ne devrait pas avoir à se comporter comme ça, ça lui brise le cœur, mais on ne lui laisse pas le choix. Je lui présente mes excuses, elle m'embrasse et je vais me coucher. Ce soir là, je dors paisiblement. Cela fait bien longtemps que je n'avais pas pensé à ça. Pendant longtemps, j'ai cru que c'était normal, je n'avais donc pas de raison d'y penser. Mais ce soir, je ne trouve pas le sommeil, mon esprit vagabonde et se perd dans les souvenirs. Finalement, aussi banale que puisse être mon existence, j'ai peut être des histoires à raconter. Je sélectionne parmi les souvenirs qui ne sont pas trop douloureux et j'écris, en attendant de m'endormir paisiblement.
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Certains oui, d'autres non. Je ne crois pas qu'il y ait une réponse unique à la question.
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Agréable ou non, ça ne lui fait pas une belle jambe, puisqu'il prend le temps de le penser, de le jauger, de l'établir. C'est bien qu'il y porte un quelconque intérêt.
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N'est ce pas là le propre de la supériorité?
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C'est contraire à l'énoncé que tu fais. Puisque c'est en se comparant aux autres qu'il comprend pourquoi l'oracle dit de lui qu'il est le plus sage. Après comparaison, il estime qu'il est seul à savoir qu'il ignore. Et de fait se pose comme supérieur. S'il va jusqu'à prendre le temps de se considérer comme plus mature, d'observer la chose et la penser, c'est que ça ne lui fait pas une si belle jambe que ça. Oui, ce qui ne signifie pas que l'objet de notre admiration est exempte de défaut. L'admiration tient pour beaucoup du fantasme. Et plus on est enclin à admirer et considérer les autres comme supérieurs alors? Déjà dans votre précédent message, il y avait beaucoup d'éléments que je ne comprenais pas, de fait, je suis bien incapable de vous répondre. :/
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S'il pourrait être ce que l'on veut devenir, c'est bien qu'on l'admire. Puisqu'on se focalise sur ce que l'on souhaite et qu'on estime en sa possession, et ce au détriment de tout le reste de sa personne. L'homme supérieur serait donc celui qui n'a personne à admirer? En ce cas, qu'est-ce qui l'empêche de se juger supérieur, alors qu'il est en mesure de dire que personne ne possède ce qui lui manque? Je crois, pour ma part, qu'être admiré n'empêche pas d'admirer. Et donc, être considéré par certains comme supérieur, n'empêche de considérer soit même d'autres personnes comme supérieures. Il est même possible que deux personnes se considèrent l'une et l'autre comme supérieures, puisque s'admirant respectivement. Il a donc estimé qu'il possédait un savoir que les autres n'ont pas, ce qui le place factuellement à un rang supérieur, puisqu'il est seul à posséder un tel savoir. Les autres étant dans l'ignorance de leur ignorance, et lui seul étant sachant de son ignorance. (Ce qui est d'ailleurs extrêmement vaniteux, puisque cela revient à dire qu'il est le seul à pouvoir apprendre. Puisque celui qui sait qu'il ignore peut se mettre en route vers le savoir alors que celui qui ignore qu'il ignore, et qui croit donc savoir, se complait dans la passivité d'un fait qu'il pense acté.)
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S'ils étaient factuellement supérieurs, ils devraient pouvoir le constater. Les faits ont pour caractéristique d'être observables. S'ils sont incapables d'en juger, alors que ceux qui sont supposés leur être inférieurs y parviennent, c'est peut être que la notion de supériorité est éminemment subjective, qu'elle n'existe que par l'admiration. Or, admirer c'est mirer de loin et donc dans l'occultation de force détails.
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la course impossible
Kégéruniku 8 a commenté un(e) billet du blog de Ambre Agorn dans L'impro du son
Certes, mais je préfère prévenir, aussi ridicule que ça puisse sembler. ^^ D'autant que ça me permet de dire que j'apprécie.