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konvicted

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Billets posté(e)s par konvicted

  1. konvicted
    Ouvrir les vannes




    Deux nuages chargés de pluie

    Intimident mon ciel gris cœur,

    Mais leur crime n'est pas tout cuit

    Car Jupiter jamais ne pleure.

    Dans l'atmosphère lourde plane

    De ce fait la crainte pérenne

    De ne jamais vider mon crâne

    De ces baudruches d'eau trop pleines.



    Je ne peux m'expliquer la peur

    Et donc l'inaction qui s'ensuit ;

    L'idée de chercher l'âme sœur

    Me fout la tête dans le puits.

    Je ne vis pas, vivote à peine ;

    Je ferais mieux d'ouvrir les vannes,

    Au pire de m'ouvrir les veines

    Mais j'ai la volonté en panne.

  2. konvicted
    Un petit texte sans grand intérêt, juste pour le plaisir d'écrire un peu en anglais :

    What I haven't done




    My hell's paved with more should'ves


    Than I could ever recall;


    Regrets, I believe, are all


    My memories are made of.




    My mind's stuck on yesterday,


    Hoping for no tomorrow;


    I cannot feel but sorrow


    As I while my life away.




    I can't afford to should've


    Myself any longer, so


    Today's the day I let go


    Of the past I'm dying of,


    The day I finally give


    My life a chance and forgive


    What I haven't done*.




    *Référence à What I've done de Linkin Park :




    "For what I've done,


    I start again


    And whatever pain may come


    Today this ends,


    I'm forgiving what I've done."







  3. konvicted
    Baptême du feu




    Maman m'a fait mettre un costume flambant neuf,


    Celui que j'avais au mariage de tonton


    Est trop petit et il lui manque des boutons.


    Nous nous étions tous bien marrés à cette teuf,


    Aujourd'hui par contre, on va pas rire beaucoup


    Dit p'pa me mettant ma cravate autour du cou.




    Maman me dit que mamie fait un gros dodo,


    Elle est morte en fait mais j'ose pas l'avouer


    À maman qui est déjà assez retournée.


    La mort, papa dit que c'est un peu un cadeau


    De Dieu en personne, il m'en a fait la promesse,


    Et il s'y connaît, lui, il dort pas à la messe.




    Papi dit que c'est parce que mamie était


    Trop vieille et conne, qu'elle buvait pas assez


    D'eau dans son pastis, qu'elle a pas passé l'été ;


    Il m'a pas l'air d'être abattu ou agacé


    Que sa femme soit clamsée, juste un peu inquiet,


    Il doit se savoir le prochain à y passer.


  4. konvicted
    L'abribus




    Je te rends hommage, toi le bel abribus


    Qui nous quittes à quelques mois de la retraite ;


    Ce sont toujours les meilleurs qui partent en tête,


    Ça me reste vraiment en travers de l'anus.




    Tu étais unique, une belle déco


    Dans un paysage triste de macadam


    Avec, pour une pub de parfum, une dame


    A moitié nue sous l'inscription JCDecaux.




    Mon vieux, tu en as vu de toutes les couleurs,


    En particulier le rouge anar bisontin1


    Des bombes de peinture de crétins


    Ignorant qu'un abribus connaît la douleur.




    Et puis, roulant à l'éthanol, plus de trois grammes


    Au litre, une voiture est venue s'écraser


    Dans ta gueule de verre, avant de s'embraser


    En aplatissant ton électrocardiogramme.




    Comme je hais ce véhicule inconséquent,


    Qui, sous l'empire du liquide délétère,


    A tué mon abribus et foutu en l'air


    Sept paires de chaussures2, accessoirement.




    1 Référence à une actualité de janvier 2011 à Besançon dont les vitres d'abribus étaient la cible de tags anarchistes ; voir
    article.



    2 Référence à une actualité de quelques semaines à Moscou où un conducteur ivre a fait sept morts en percutant un abribus à 200 km/h ; voir
    article.

  5. konvicted
    Pour nos vingt-et-un ans




    Nous ne sommes pas toujours d'accord, tous les deux,


    Fréquents sont les jours où je te hais ou t'en veux ;


    Je t'accuse par tous les mots de tous mes maux,


    Je te laisse honte et désespoir pour mémos.




    Mais, partis pour vivre ensemble encore un moment,


    Efforçons-nous de cohabiter gentiment ;


    Je m'avance à faire le premier pas vers toi,


    Tu en feras de même si tu es courtois.




    Alors, comme c'est notre anniversaire aujourd'hui,


    Je me débarrasse à jamais de ce produit


    Très toxique qui nous nuit depuis trop longtemps ;


    Je repose les bouteilles de scotch d'antan.




    En prétextant n'être pourvu que d'une vie,


    J'ai vite sauté à pieds joints dans l'eau-de-vie ;


    J'en sortirai, s'il faut en beuglant comme un veau,


    Je nous dois bien ça, après tout, j'ai qu'un cerveau.


  6. konvicted
    Ramasser des cailloux




    Notre feignasse d'étoile encore couchée,


    Je finis par me sortir du lit, pas trop tôt !


    Trop tard pour le petit-déj' ou pour me doucher,


    J'enfile mes fringues et après le manteau,


    Je n'oublie pas mon masque, mon seul accessoire


    Pour jouer le rôle de Monsieur Tout-le-monde,


    Prétendre ne pas souffrir du tout de m'asseoir


    Parmi mes semblables au conformisme immonde,


    Vachement semblables entre eux, indiscernables,


    À l'image de leurs conversations minables.




    Je repense avec envie à cette époque où


    Je jouais sans masque, sans me soucier d'autrui


    Et sans l'ombre d'une corde autour de mon cou.


    J'avais quatre ans, je n'étais ni con ni instruit,


    J'ignorais l'ennui et les problèmes d'ego.


    Où sont donc passés mes dinosaures en plastoque,


    Mon tricycle, mes voitures et mes Lego ?


    J'aimais à ramasser des cailloux, à l'époque ;


    J'en rejetterais bien quelques-uns dans la mare,


    Voire carrément des pavés tant j'en ai marre.


  7. konvicted
    Ma (notre ?) certitude




    J' suis agnostique, suspicieux,


    Méfiant, sceptique, parano ;


    Ma confiance s'accorde piano,


    Je doute des hommes et des cieux.


    Mais j'ai bien une certitude :


    J'ai vachement peur du bonheur


    Qui me tend ses bras d' boxeur,


    J'ai vraiment pas l'habitude.


    J' compte sur toi pour m' prendre la main


    Voire même les deux à la fois,


    M' faire oublier qu' j'ai les foies,


    Sans me lâcher en chemin.




    J' sais qu' j'ai jamais tant aimé


    L' goût du sang que quand j'ai mis


    L' doigt sur l'aiguillon promis


    Au brave nigaud qui se met


    En tête de vouloir cueillir


    La plus singulière des fleurs


    De la roseraie qui affleure,


    Car je peux m'enorgueillir


    D'avoir alors d'viné qu' sous


    Les pétales hémoglobine


    J' trouverais bien mieux qu' la bibine


    Et plus sain pour m' rendre soul.




    J' vais faire trêve de métaphores,


    Craignant d'être compris d' travers


    Si je te noie dans mes vers.


    Je t'adore encore plus fort


    Que j' m'en serais cru capable


    Et j'approuve cette déraison.


    J'en arrive à la raison


    De mon p'tit poème minable ;


    J'ai une question à t' poser,


    Tu vas la trouver osée


    Mais sensée, j'ose supposer :


    Tu voudrais pas m'épouser ?






    À suivre...



  8. konvicted
    À quand le silence ?




    Mon cœur s'est découvert un' passion,


    Il est batteur dans un group' de rock ;


    Il aim' la musiqu' plus que d' raison,


    Le problème est qu' c'est pas réciproque.


    D'ailleurs, dans son groupe, il est tout seul,


    Seul's ses baguett's ont bien voulu d' lui,


    Et encor', just' pour s' fout' de sa gueule,


    Bien qu'il boss' comme un fou jour et nuit.




    C'est en premier lieu pour les groupies


    Qu' mon cœur a monté son group' de rock ;


    Elles l'ont toujours boycotté, tant pis,


    Et l'amour, d' tout' façon, c'est d' l'escroqu'.


    N'empêch' qu'il a un côté maso


    Et qu'il aimerait quand mêm' tenter l' coup,


    Au point où il en mouill' le museau ;


    Certains en sont heureux par à-coups.




    Mon cœur en a marre d' jouer qu' pour sa pomme,


    Il pens' démonter son group' de rock,


    Tant mieux pour ses oreillett's, en somme ;


    Il baiss' le rideau, les bras, le froc.


    Lui manqu' plus qu'un' p'tit' dos' de courage


    Pour qu'on entend' le silenc' de mort


    D'un cœur résigné dans les parages,


    Si quelqu'un s'intéresse à son sort.


  9. konvicted
    La vie en rose




    Une bouteille de bière en guise de vase


    Pour une rose rouge, ça prête à sourire ;


    J'ai d'ailleurs probablement perdu une case,


    Le bien-être m'habite, comme les fous rires,


    Et je vois la vie en rose.




    Les murs, les plafonds repeints en rose bonbon,


    Mes branches de lunettes pris's au forsythia,


    Mes assiettes bien pourvues en rose jambon,


    Jusqu'à mon joli poster au soutif fuchsia,


    Je vois mon appart' en rose.




    Je laisse en outre pousser ma barbe à papa,


    Je suis miel et guimauve, sucre pur en barre ;


    Méchanceté et malheur ne m'atteignent pas,


    Je vis dans une bulle, mais de Malabar,


    Sur notre planète rose.




    Je suis venu au monde, non dans une rose,


    Mais sûrement dans un chou, autre qu'un chou-fleur ;


    Ma teinte favorite, c'est pourtant le rose


    Car depuis que je filtre les autres couleurs,


    Je ne me sens plus morose.


  10. konvicted
    Les feuilles joufflues de l'automne




    Rouges comme mes joues sur lesquelles Éole


    Dépose une bise, la plus froide qui soit,


    Plus froide encore que la dernière de toi ;


    Rouges comme mes joues, les feuilles dégringolent,


    Délaissant leur arbre, sûrement à jamais,


    Reconnaissant pourtant croire encore m'aimer.




    Trempées comme mes joues sur lesquelles roulent


    Les durs crachats de Zeus se déversant du toit,


    Bien moins ardents que mes larmes pensant à toi ;


    Trempées comme mes joues, les feuilles dégaroulent


    Sur le triste pavé de la ville enrhumée,


    Malade à la vue de notre idylle inhumée.




    Alors que Zeus gronde, qu'Éole s'époumone


    A aider la chute des organes caducs,


    Provisoires comme le bonheur sur sa nuque


    Violemment renversé en cette nuit d'automne,


    Les genoux à terre, mes deux joues s'abandonnent


    A ouvrir les vannes ; ma fierté leur pardonne !


  11. konvicted
    Ma gonzesse est une pute




    Ma gonzesse, c'est une pute,


    Me proposa d'une voix forte


    Vingt euros contre une turlute ;


    "Combien pour que je vous escorte


    Mademoiselle jusqu'au bar ?"


    Bouche bée, la jeune Venus


    Rangea volontiers ses nibards,


    Me remercia pour son a...


    N'eussent-ils pas été bornés,


    Ses chalands auraient avant moi


    Trouvé au fond de ses cornées


    Infiniment plus que la joie


    Libidineuse d'une nuit ;


    Je l'ai bien compris et depuis...




    Ma gonzesse, c'est une pute,


    Moi, je m'allonge, mais faut voir


    Les sommes que je lui impute


    Pour qu'elle veuille bien s'assoir ;


    Équipée de ses accessoires,


    Un bloc-notes et un stylo,


    En se faisant la psy d'un soir,


    Elle s'essaie au dur boulot


    De supporter mes jérémiades,


    Et même de solutionner


    Les problèmes qui, par pléiades,


    Ont tendance à s'additionner


    Dans mon pauvre esprit grabataire ;


    Je ne peux alors plus le taire...




    Ma gonzesse, c'est une pute,


    C'est avant tout pour les kopeks


    Et non pour moi, je le suppute,


    Qu'elle veut bien sortir avec


    Moi qui suis cela dit patient ;


    Elle m'accompagne au ciné,


    En promenade, au restaurant


    Et, quand on m'invite à dîner


    En famille, elle y est encore ;


    Mais pas question de s'adonner


    A la fusion de nos deux corps,


    Du moins pas avant le beau jour


    Où ell' le fera par amour.


  12. konvicted
    Un petit texte gribouillé rapidement pour me faire patienter jusqu'au prochain.




    Égoïste mais vachement amoureux




    Qu'est-ce que j' peux avoir d' moins que lui ?


    Le type t'a connue avant moi,


    C'est là son seul mérite, je crois ;


    Faut dire qu'il est plus con qu' la nuit.


    Appelle-moi prétentieux, je l' suis


    Mais vachement amoureux, aussi.




    Je m' sens tellement meilleur que lui


    Que parfois, disons constamment,


    J' voudrais qu' tu l' renvoies chez maman,


    Lui craches à la gueule et le fuies.


    Appelle-moi égoïste, je l' suis


    Mais vachement amoureux, aussi.




    On fait pas plus minable que lui,


    Le raté fini, le zéro ;


    Tu ferais mieux d' lourder mon frérot,


    Hier ou au pire aujourd'hui.


    Appelle-moi n'importe où, j' te suis


    Car vachement amoureux, je l' suis.


  13. konvicted
    J'ai tué un gendarme




    J'ai braqué comme un salaud


    Pour éviter un bouleau,


    Feignasse que j' suis,


    Planté au milieu d' la route,


    P't-êt' un platane, j'ai un doute.




    Pendant qu' la blonde du soleil


    Dansait au rythme des abeilles


    Qui croient qu' pour chanter, suffit de s' gratter les ailes,


    Ou c'étaient des bourdons, frelons ou grillons,


    J' sais pas bien, j'étais plus beurré qu'un papillon ;


    Merde, j'ai perdu la fin de ma phrase.




    J'ai dû faire un excès d' vitesse,


    Un gendarme a voulu m'arrêter,


    Il a fait les frais de ma maladresse ;


    Je suis pas toubib et j'ai pas vérifié le pou(ls)


    Mais je crois bien qu'il est clamsé,


    Il avait l'air tout mort, tout ratatiné


    Quand j' l'ai décollé d' ma semelle ;


    Pauvre créature qui, punaise, méritait pas ça !


  14. konvicted
    Je devrais probablement expliquer les règles du tarot pour que les lecteurs les ignorant puissent comprendre ce poème mais j'ai la flemme. Je me contente alors d'ajouter quelques notes sur des points de jargon mais je doute que ça suffise. Les règles se trouvent cependant facilement sur internet.




    La vie est un jeu de tarot




    La vie est un jeu de tarot,


    J'en ai reçu quelques atouts


    Assortis de vélos1 surtout,


    C'est bien ballot ;


    Même si au début ça roule,


    Ça finit par ne plus aller,


    Là, je suis bon pour pédaler


    Dans la semoule.




    La vie est un jeu de tarot


    Que les chiens2 rendent hasardeux,


    T'es trop souvent à cause d'eux


    Sur le carreau ;


    T'y trouves parfois une excuse3


    A rendre la partie exquise,


    Glaçon qui cache la banquise


    Si tu t'abuses.




    La vie est un jeu de tarot,


    J'y ai d'ailleurs perdu ma tête :


    Une dame de cœur esthète


    Pour un blaireau


    Qui est la fine fleur, l'élite


    Des guillotineurs, apprêté,


    Sur son vingt-et-un4, m'a quitté ;


    La messe est dite.




    La vie est un jeu de tarot,


    J'en ai reçu quelques atouts


    Assortis de vélos surtout,


    C'est bien ballot.




    1 Les cartes qui ne sont pas intrinsèquement utiles, c'est-à-dire les cartes de 1 à 10 des quatre couleurs : as, cœur, pique, trèfle, sont familièrement appelées vélos.


    2 Chaque joueur reçoit respectivement 24, 18 ou 15 cartes selon qu'il y a 3, 4 ou 5 joueurs, ce qui fait un total de 72, 72 ou 75 cartes réparties entre les joueurs. Les cartes surnuméraires constituent le chien que le joueur qui prend peut, selon le contrat passé, récupérer avant d'en constituer un autre.


    3 L'excuse est une carte qui peut se jouer à tout moment (sauf au dernier tour), dont l'intérêt est de ne pas joueur une autre carte et donc de protéger pendant un tour une carte de valeur d'une menace.


    4 Le 21 est l'atout le plus puissant, il ramasse à coup sûr les cartes des autres joueurs posées au même tour, sauf éventuellement l'excuse.


  15. konvicted
    Des roses aux chrysanthèmes (Poème post-mortem)




    Dans mon existence d'opposant à la prose,


    J'ai cru panser mon cœur en composant des vers ;


    Ce n'est qu'aujourd'hui que des vers me décomposent


    Que je m'aperçois que j'ai pensé de travers.


    Décorant ma plume de pétales de roses,


    Je me suis inventé un amour sous couvert


    De faire fi de ma réalité morose,


    De me sortir un tant soit peu de mon calvaire.


    Si j'avais voulu alimenter ma névrose,


    Je n'aurais trouvé de remède plus sévère ;


    Mon encre n'a fait qu'accélérer la nécrose


    De mes tissus coronaires déjà ouverts.




    Peut-être le désirais-je, pour être honnête,


    En érigeant la passion en unique thème


    Dans les cordes de mon arc d'apprenti poète,


    Frappant alors les autres sujets d'anathème1 ;


    Peut-être voulais-je que tombe sur ma tête


    Un ciel gris cœur chargé des regrets de l'abstème2


    Tournant autour du flacon depuis bell' lurette


    Mais craignant de rendre l'ivresse sémantème3.


    La Mort a acquitté le bonheur de ses dettes,


    M'a offert un joli bouquet de chrysanthèmes,


    Une plume et un encrier pour que je mette


    Ma gratitude en un poème post-mortem.




    1 comprendre ici "frapper d'anathème" comme "faire fi de"


    2 personne ne consommant pas d'alcool


    3 comprendre ici "rendre l'ivresse sémantème" comme "expérimenter l'ivresse pour la première fois"




    P.-S. : Désolé pour les mots indigestes que je ne connaissais pour être honnête et que j'ai employés par défaut, les mots rimant en [tem] n'étant pas légion.


  16. konvicted
    Les parcs publics




    Les parcs publics, c'est mélodieux,


    T'entendras si tu tends l'oreille


    Des p'tits chants d'oiseaux amoureux


    Et le bourdonnement des abeilles ;


    Et, ce même avec des boules Quies,


    Des vrombissements d' motos, d' bagnoles,


    Des cris d' gosses et d' chiens qui t'agressent ;


    Dans les parcs, c'est fou c' qu'on rigole !




    Les parcs publics, c'est pittoresque,


    Tu verras p't-êt' si t'ouvres l'œil


    De belles fleurs, des arbr' gigantesques


    Et grimpant d'ssus, des écureuils ;


    Et, c'est sûr qu' tu les rat'ras pas,


    Des pneus dans l' ruisseau, des canettes,


    Des sachets, bref, un débarras ;


    Bordel ce que les parcs sont chouettes !




    Les parcs publics, c'est parfumé,


    Tu pourras sûrement y humer


    Selon le temps, l'herbe mouillée,


    La lavande, le lilas, l'œillet ;


    Et, même les sinus en vacances,


    La merde encore toute fraîche d'un chien


    Qu'aura pollué tous tes sens


    Ouais, les parcs, ça pue, mine de rien.






    En bonus, une photo un peu floue d'un écureuil que j'ai rencontré dans le parc mancunien qui m'a inspiré ce poème :






  17. konvicted
    Mon poème m'a pas plu




    J'avais voulu écrire un poème


    Qui pour une fois parl'rait pas d' ma pomme


    Mais qui s'rait intéressant quand même,


    Un truc bien paradoxal en somme ;


    Les non-aventures d'un type perdu


    Qui s'intitule, ben disons comme moi,


    Avec l'esprit en vrac et l' cœur tordu,


    Qui sait pas quoi faire de ses dix doigts


    Ni quoi faire d' sa vie en général


    Qu'il subit en attentiste parfait ;


    Vous voyez l' tableau, un truc génial


    Sur l' papier, excitant, pas surfait.




    Mais une fois fini mon premier jet,


    J'ai trouvé qu' ça frisait les pâquerettes,


    Alors, j'ai acheté un tabouret,


    Car pour prendre de la hauteur, c'est chouette.


    Et puis j'ai regardé mon texte de haut,


    Même que ça m'a donné des vertiges,


    Comment est-ce qu'il pourrait, mon héros,


    Etre aussi pathétique à vingt piges ?


    Là, j'ai fait d' mes cartouches un cul sec


    Pour réécrire le début d' l'histoire,


    Mais sans oublier tout l' reste avec,


    Jusqu'à mon coma à l'encre noire.




    Quand j'ai enfin r'trouvé mes esprits,


    Quelque chose comme cinq minutes plus tard,


    J'ai r'lu mon poème et j'ai compris


    Qu' c'était quand même un sacré foutoir ;


    C'était tellement décousu qu' j'ai dû


    Aller à Casto m'acheter une corde,


    Après avoir balancé l' pendu


    Vendu avec, j'ai r'mis un peu d'ordre


    Dans ce fatras de métaphores molles,


    Puis j'ai osé soumettre mon poème


    Au comité des trop rares guignols


    Dont l'opinion m'intéresse : moi-même.




    Comme je l' craignais, j' me suis engueulé,


    Vu qu' j'en avais toujours des haut-l'-cœur,


    Mais au moins, j'avais tout c' qu'y m' fallait


    Pour pendre le poème, ou son auteur.


  18. konvicted
    Reste avec moi




    Te barre pas, je veux me casser le premier,


    Je te permettrai pas de me laisser tout seul,


    J'ai trop besoin de toi ;


    Explique-moi voir ce que tu veux qu'un fumier


    Comme je l'ai été fasse de sa pov' gueule,


    Une gueule de bois ?


    Car les perles poussent rarement aux pommiers,


    Comment, p'tite idiote, veux-tu que j'en dégote


    Une telle que toi ?


    Qui plus est, tu peux pas faire ça au sommier,


    'T'a aussi épousée, s'il faut je t'y ligote,


    Merde, reste avec moi !




    T'inscris pas, par pitié, aux abonnées absentes,


    Je pense pas que mon foie supporterait l'absinthe


    D'un autre désarroi ;


    À la rigueur, trouve-toi une remplaçante,


    Belle, drôle et glauque, surtout pas une sainte,


    Une copie de toi.


    L'un dans l'autre, il me faut une âme au moins qui m'aime,


    Hors de question qu'on me file cette corvée,


    Je n' sais aimer que toi ;


    Oublie-toi un instant et pense aux chrysanthèmes,


    C'est certain que sans toi, ils vont bientôt crever,


    Merde, reste avec moi !




    Mais que lui trouves-tu à ce p'tit trou du cul ?


    Qu'est-ce que Thanatos, pour qui tu veux m' quitter,


    A donc de plus que moi ?


    Après les peines et les joies qu'on a vécues,


    Il est l'heure de me prouver fidélité


    En restant avec moi.


  19. konvicted
    Tant pis pour ma plume




    Dans toute la foule de mes cadors,


    J'ai du chien mais n'en déplaise à Médor,


    Au demeurant très poilant et zélé,


    Il n'égale pas, j'en suis désolé,


    Ma presque future poule aux œufs d'or.




    Ne t'en fais pas, vilain petit canard,


    Pour tes trois pattes, endors-toi pénard,


    Elle ne viendra pas te les casser ;


    Quoique méchante, elle est déjà assez


    Occupée à s'en prendre à mes panards.




    Même s'il arrive qu'elle cancane,


    Je ne l'ai pas volée à une cane ;


    Pas même pour un hommage posthume,


    Je n'aurais pu toucher au beau costume


    De plum's ou à l'œuf de celle de Jeanne*,


    Tant pis pour ma plume.




    *Référence à La Cane de Jeanne de Georges Brassens :




    ♪♪ La cane


    De Jeanne


    Est morte sur son œuf


    Et dans son beau costume


    De plumes


    Tout neuf. ♪♪








    P.-S. : C'est mon 51e billet, ça se fête.







  20. konvicted
    La vie ne vaut pas la peine d'être vécue




    Combien de temps faut-il que Zeus maintienne


    Notre tête sous l'eau pour que ne vienne


    Apaisant mais timide, un arc-en-ciel ?


    Combien de parapluies faut-il casser


    Pour qu'un déluge veuille enfin cesser,


    Laissant brièvement place au soleil ?


    Quand bien même l'astre trop infidèle


    Daigne nous honorer de rayons frêles,


    Il sèche bien nos os, mais pas nos âmes ;


    Et l'eau a beau couler sous tous les ponts,


    Elle n'emporte pas le liquide pon-


    Ceau, hôte du rhume du dieu infâme.




    Tu te crois au sec, puis tu es vite déçu


    Comme la vie se met à te cracher dessus,


    Jusqu'à ce triste jour où tu t'avoues vaincu ;


    La vie ne vaut pas la peine d'être vécue.




    Combien de fois faut-il qu'il s'y reprenne


    Pour que le pauvre archer Eros parvienne


    A ne plus se rater un cœur sur deux ?


    Combien de miettes faut-il ramasser


    Quand cet incompétent vient de casser


    Celui d'un innocent fait malheureux ?


    Quand bien même il vise correctement,


    Une seule flèche est profondément


    Plantée tandis que l'autre est en surface ;


    Et tout le baume que Chronos applique


    Ne guérit des amours asymétriques,


    Sources de souffrances quoi qu'il y fasse.




    Tu remercies la vie pour la tendresse reçue,


    Comme tu as basé tout ton bonheur dessus,


    Il s'écroule soudainement, l'amour vaincu ;


    La vie ne vaut pas la peine d'être vécue.




    Combien de temps faut-il subir la vie,


    Elle qu'on nous donne sans notre avis,


    Avant que Thanatos nous en libère ?


    Combien de temps faut-il donc la souffrir,


    Qui a tant de malheur à nous offrir,


    Avant de rencontrer enfin Cerbère ?


  21. konvicted
    Dieu, s'il existe, il a de l'humour
    A c' qui paraît, Dieu est on n' peut plus sage
    Mais il aurait fait l'homme à son image,
    Pourtant, c' dernier est pas très avisé,
    Alors Dieu, s'il existe, il a d' l'humour.
    On dit qu'Dieu a créé Eve car Adam
    Trouvait qu'être seul était pas bandant,
    L'a laissé croire qu'il allait s'amuser,
    C'est dire qu'Dieu, s'il existe, il a d' l'humour.
    D'après un bouquin, Dieu est un triplé
    Mais pour l'air de famille, faudra r'passer,
    Surtout que l' Saint-Esprit, il est imberbe,
    C'est clair, Dieu, s'il existe, il a d' l'humour.
    Les supporters de l'équipe de Satan
    S'raient torturés en Enfer un bout d' temps
    Mais notre p'tite Terre me fout déjà la gerbe,
    Je crois qu'Dieu, s'il existe, il a d' l'humour.
    Je doute de toi, p't-être même que je blasphème,
    Mais va pas m' faire la gueule, dis-moi que tu m'aimes,
    Allez, Dieu, si t'existes, fais preuve d'humour.


  22. konvicted
    Le pudique




    Même si c'est pas ça qui lui manque,


    Les sentiments, lui, il les planque ;


    Les trouvant bien trop pathétiques,


    Il veut pas qu'on en soit témoin,


    Mais sache qu'il en ressent pas moins,


    C'est un pudique.




    Même s'il a l' cœur dans les chaussettes,


    Il voudra pas baisser la tête ;


    Pour lui, paraître à l'identique


    Dans le bonheur, dans la détresse,


    C'est la moindre des politesses,


    C'est un pudique.




    Pas même le miroir, c'est te dire,


    N'a le droit de l' voir s' dévêtir,


    Si son corps exècre le public,


    C'est qu' ses muscles de flanc aux pruneaux*


    Rendraient sûrement les autres penauds,


    C'est un pudique.




    Quand il te raille, qu'il te rudoie,


    Faut surtout pas le prendr' pour toi ;


    Bien qu' tu puisses les trouver sadiques,


    Ses vannes sur un ton d' vérité


    Sont la preuve de son intérêt,


    C'est un pudique.




    Quand on lui fait un compliment,


    S'il s'en amuse, s'il le dément,


    S'il prétend trouver ça comique,


    En son for, il en est flatté


    Mais il saurait pas le montrer,


    C'est un pudique.




    Quand on lui offre l'impossible


    S'il a l'air d' rester impassible,


    Faut pas croire c' que sa tête indique,


    C'est simplement qu'il est songeur


    Quant au renvoi de l'ascenseur,


    C'est un pudique.




    Si d'aventure tu lui confesses


    Que toi tu l'aimes avec tendresse,


    Ne le prends pas pour véridique


    S'il répond, égal à lui-même :


    "Sans doute pas autant que je m'aime",


    C'est un pudique.




    Si tu prends le temps de l' connaître,


    Si tu cherches à sonder son être,


    Tu t' rendras compte, c'est fatidique,


    Que derrière son allure de pierre,


    Son cœur est en guimauve, mais fier,


    C'est un pudique.




    *Mots empruntés à Renaud dans Trois matelots :


    ♪♪ Le dernier de ces matelots,


    C'était moi, j'étais parigot,


    J'étais bon comme la romaine,


    Rusé, malin comme une hyène,


    Musclé comme un flan aux pruneaux. ♪♪


    Renaud - Trois matelots






    Ce poème est inspiré du modeste (de) Georges Brassens :









    J'ai d'ailleurs repris la même structure pour pouvoir m'amuser à chanter mes paroles par-dessus.




    Dans son trac habituel je suppose, Georges a oublié un couplet et comme j'étais à sec d'inspiration, je l'ai oublié moi aussi.


  23. konvicted
    Ma verve




    Voilà des minutes, des heures que j' gamberge,


    Ayant peur que nos sentiments divergent ;


    Voyant ses joues tourner au rouge canneberge,


    J' croyais pourtant avoir bien joué d' ma verve.




    L'asperge insistait très fort pour que je


    Lui conte la crème de mes poèmes, ce que


    J'ai fait avec joie avant de, pour le jeu,


    Lui demander de me tenir la quille.




    Elle s'est penchée sur la question de suite


    Et pour éviter une réponse subite,


    A tourné sept fois sa langue et ensuite,


    A commencé à bien m'échauffer la bile.




    Puis, elle a finalement fermé la bouche


    Mais la sentant partie pour r'mettre une couche


    Après disons une simple mise en bouche,


    J'ai émis la suggestion qu'elle se calme.




    Mais elle a préféré s'asseoir dessus,


    J'ai renoncé à m' débattre, convaincu


    Qu' les idées comme ça, elle r'vient pas dessus,


    Mais qu'elle voudrait p't-êt' me céder son cœur.




    Et effectivement, elle s'y est pliée,


    Là, je l'ai vu tout sombre et fendillé ;


    Elle m'a laissé entrer pour essayer


    Et, c'est vrai, je me suis pas fait prendre.




    "Ça fait un moment, me dis-je, que j' gamberge,


    Mais faut croire que nos intentions divergent,


    Ma verve lui met les joues couleur canneberge,


    C'est pas pour autant qu'elle saute sur ma verge."






    Comme vous avez pu le remarquer, j'ai laissé tomber l'idée de demander une note. En revanche, je vous demanderais pour ce poème de bien vouloir expliquer comment vous l'avez compris - j'expliquerai ma demande par la suite.


  24. konvicted
    Petit aparté, je vais intégrer à chaque poème à partir de maintenant, du moins s'il y a suffisamment d'avis pour que ça ait un intérêt quelconque, un sondage pour vous demander de lui donner une note sur 10. Ledit sondage est anonyme, alors n'hésitez pas à noter comme bon vous semble.




    Le sujet de ce poème étant relativement grave, je précise que bien qu'écrit à la première personne, une fois n'est pas coutume, il n'est pas inspiré de ma vie.






    Hier quand je serai heureux




    Monsieur Swatch, je ne vous félicite pas,


    Car j'ai beau reculer la petite aiguille


    Depuis probablement des jours et des nuits,


    Ma montre ne ramène pas du trépas


    Celle-là qui l'échangea contre mon cœur,


    Subtilement, sans que je m'en aperçusse ;


    Puis, me faisant tomber de mon cumulus,


    Rejoignit la mort comme un cambrioleur


    Quitte à pas de loup le lieu de son forfait


    Quand, alors que disparaissent leurs valises


    De sous leurs yeux, ces gens-là qu'il dévalise


    Restent sagement dans les bras de Morphée.




    Monsieur Swatch, je vous le demande à genoux,


    Persuadé que c'est de votre ressort,


    Faites réparer mon unique trésor,


    Envoyez tous vos techniciens sur le coup,


    Mettez fin à ce silence assourdissant


    Des doux souvenirs me tenant compagnie ;


    Avec pour réconfort cette litanie :


    "Dieu, faites-en un succès retentissant",


    Ma montre rendue, mi confiant mi peureux,


    Je reprendrai la molette entre les doigts


    La tournerai et la tournerai vers moi


    Jusqu'à vivre hier quand je serai heureux.


  25. konvicted
    Coma hydraulique
    I
    J'ai la tête dans un étau,
    Peut-être deux ;
    J'ai attendu qu'il soit trop tôt
    Pour m' mettre au pieu,
    Vers trois-quatre heures du matin,
    Peut-être deux ;
    Tout ça me paraît bien lointain
    Et nébuleux.
    II
    Je m'en souviens à peine mais c'était hier,
    Faut dire que j'ai pas bu du dos d' la cuillère ;
    Enchaînant les verres d'eau minérale plate
    Et juste pour les copains car ça les épate,
    Ainsi qu'au dam de Ricard, sans la diluer,
    Ce qui, je crois, a failli de peu me tuer.
    J'ai arrêté de compter les Vittel cul-sec,
    Les bouteilles d'Evian qui m'ont cloué le bec ;
    De toute façon, je n'en étais plus capable,
    C'est vous dire à quel point je me suis mis minable ;
    Ayant trop levé le coude, j'ai fini par terre,
    L'estomac en vrac et drogué comme à l'éther.
    Car hier, j'ai frisé le coma hydraulique,
    Promis, j'arrête les boissons non-alcooliques.


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