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Loufiat

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Tout ce qui a été posté par Loufiat

  1. Loufiat

    La morale, c'est quoi ?

    Par l'universalité on va être conduit à une définition formelle de la morale. C'est un ensemble d'interdits et de devoirs. Mais c'est reculer pour mieux sauter. Septfois, lui, prend un risque. Il affirme. Et c'est bien précisément le ressort de la morale. Un être sans limite ne connaîtrait pas de morale. Le problème moral survient parce que nous devons choisir entre des valeurs qui s'excluent. Je ne peux pas tout faire ; faire une chose, c'est en sacrifier une autre. Je dois choisir. Tous les jours, chaque minute j'effectue de tels choix où j'exclue certaines possibilités pour en accomplir d'autres. Ce choix exprime une certaine hiérarchie des valeurs. La morale est l'expression de cette hiérarchie.
  2. Loufiat

    La morale, c'est quoi ?

    Vous n'avez pas relevé la première approche que j'aie suggérée : la vie morale est l'effet de la liberté induite par la parole. En effet le topic sur la vérité et la morale ne peuvent que converger.
  3. Loufiat

    La vérité, c'est quoi ?

    En fait je pense que c'est l'inverse. Il y a d'abord le critère de la vérité que nous appliquons. On demande par exemple à un enfant ce qu'il fait. On suppose par là qu'il fait quelque-chose. Peut-être lui même ne pensait rien faire de bien déterminé. Mais notre question appelle une réponse, laquelle suppose qu'il se détermine. Qu'il forme et formule une intention. Et un jour l'enfant répond. "Je fais...ça". Naissance d'un sujet "intentionné", d'une personne, aux paroles de laquelle on va pouvoir appliquer ce critère de la vérité. Qui peut dire "voilà ce que j'ai fais, ce que je veux faire" ou bien encore "ce que je croyais faire". Le fait que nous nous trompons, le fait que nos intentions se heurtent à des criconstances qui nous échappent, le fait même que nous soyons des êtres divisés aux intentions contradictoires n'enlève rien. C'est un processus qui s'ouvre quand est introduit ce critère de la vérité. Vais je confirmer mes actes et mes paroles ? Que dois-je faire et dire ? Je suis entraîné par là dans l'histoire où je vais découvrir toutes les déclinaisons possibles du mensonge, mais ce critère simplissime lui reste égal à lui-même. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Ce critère en s'appliquant invite l'individu, la personne à se former. Comme on peut choisir de ne plus promettre parce qu'on a fait l'expérience de faillir a sa promesse. La promesse est un risque, et ne plus promettre revient a renoncer à prendre ce risque. De même la vérité est un défi à l'individu qui n'est pas d'emblée indivisé, mais qui peut tendre à le devenir. Édit : j'avais lu trop vite nous disons en fait la même chose.
  4. Loufiat

    La vérité, c'est quoi ?

    Oui donc la vérité dans son contenu est dynamique, c'est une histoire (ouverte).
  5. Loufiat

    La vérité, c'est quoi ?

    La vérité est un critère de la parole : le jugement vrai / faux s'applique à des paroles et pas à des faits qui ne sont ni vrais ni faux mais "sont", et sont par exemple "bons" ou "mauvais" pour telle ou telle raison mais en tout cas pas vrais ou faux. Un fait faux ça n'a pas de sens. C'est toujours une parole, un discours qui est vrai ou faux, éventuellement par rapport à des faits (faux témoignage par exemple). Qu'y a t il de subjectif à dire que je vais faire les courses quand je vais faire les courses ? La science ne dit pas la vérité elle dit la réalité. La vérité c'est l'adéquation de la parole et de l'action (passée présente future).
  6. Loufiat

    La vérité, c'est quoi ?

    Je ne dirais pas entre l'intérieur et l'extérieur, mais une affaire relationnelle entre des personnes. Je pense pas que la vérité ne puisse pas être dite, au contraire elle suppose (en suivant mon cadre) un sujet formant et formulant des intentions (et qui peut chercher à les masquer). Donc une tension, un vouloir, des choix, un engagement réciproque des personnes dans et par leurs actions et leurs paroles. La vérité est l'adéquation entre les paroles et les actes. "Que fais-tu ?" "Je vais faire les courses". C'est ce genre de situations où le critère de la vérité s'applique. Ou bien à un procès (témoignages, aveux, etc.). Au-dela c'est métaphorique. La réalité (objective) et le descriptif sont réintégrés parce que les actions sont en lien avec des connaissance, avec des situations, évaluations, circonstances etc. qui ne dépendent d'aucun vouloir.
  7. Y en a marre des grands discours sur la vérité et son inaccessibilité. Je voudrais connaître la vérité que je peux connaître. Alors j'ai pensé restreindre drastiquement le domaine de la vérité pour la contenir à un niveau que nous saisissons tous. La vérité c'est ce qui s'oppose au mensonge. La vérité n'est donc pas l'exactitude, la précision, etc., qui s'opposent à l'erreur, quand, par exemple, on cherche à décrire une chose, ou à résoudre un problème logique. Non, il n'y a pas de vérité de la théière, de l'arbre ou de la rivière. La vérité est ce critère de la parole qui s'oppose au mensonge. Ça nous place immédiatement les grands termes du drame. Ça suppose des sujets, des acteurs énonçant des intentions ou évoquant des actes passés. Ça nous situé forcément dans une histoire. Dire la vérité c'est simplement dire ce qu'on a fait, ce qu'on fait, ce qu'on veut faire. Il y a donc forcément des individus en train de se parler, de vouloir et d'agir les uns en fonction des autres ; c'est uniquement dans ce cadre que le critère de la vérité peut s'appliquer. Au-delà, c'est métaphorique. Oui, non ?
  8. Loufiat

    La morale, c'est quoi ?

    Cela m'échappe, je laisse l'intéressé vous faire une réponse détaillée s'il le souhaite. Mais il m'est avis qu'un croyant un peu sérieux vous répondrait que ce n'est pas à nous de juger qui doit ou ne doit pas recevoir la grâce, pas plus qu'il ne nous revient de l'accorder. Bonne soirée !
  9. Loufiat

    La morale, c'est quoi ?

    C'est que vous ne comprenez pas bien la perspective de @Septfois. La vie morale ne s'oppose pas à la vie animale mais à l'innocence. L'innocence est l'état qui précède la faute. La faute entraîne la condamnation et la culpabilité. L'homme est cet animal moral sujet à la culpabilité. Alors la grâce survient - éventuellement. Donc cette loi morale est une charge avant que de pouvoir être une grâce. On peut éventuellement en vouloir, à ce dieu, de nous avoir chargés de cette loi, mais c'est toujours en fait nous en vouloir à nous-mêmes de ne pas parvenir à nous y conformer, de ne pas réussir à être libres. Mais pour celui qui, sincèrement (cette loi demande tout de vous) tente de faire amende honorable, la loi morale, la culpabilité même est une grâce, puisque présence de dieu en nous.
  10. Loufiat

    La morale, c'est quoi ?

    La vie morale est l'effet de la liberté induite par la parole.
  11. Loufiat

    L'origine du langage humain

    Mieux vaut chercher ce qui s'origine dans le langage que l'origine du langage.
  12. Jamais lu Heidegger ! Me rappelle cette discussion sur la vérité que nous avions... où selon vous je ne dirais pas la vérité si je disais que je vais faire les courses et que j'y allais en effet. On se demande où est passé le sens oui. Ciao l'artiste ! ++
  13. On peut aussi laisser les physiciens et autres neurologues téter goulument au sein de la technique - l'avenir leur appartient - et pousser à sa mesure la chansonnette de cette humble mais vénérable différence entre l'univers sonore et l'univers visuel (deux sens dominants). Les civilisations "de la vue" - Grèce, Rome, ... - sont des civilisations de la puissance. Les cultures "de la parole" sont des cultures de la liberté. Chez les tziganes, avant qu'ils soient massacrés, l'écriture était interdite parce qu'il était sacrilège de fixer la parole, ç'aurait été la mort de leur façon d'être. Pas d'enterrement : on brule tout dans un grand feu de joie et on oubli. Pas de vérité objective : la supériorité est dans l'émotion qu'un récit pourra susciter. C'est un univers étrange, peuplé de mythes qui grossissent, plantent leurs germes et s'effacent bientôt à leur tour devant la naissance du prochain mythe, de la prochaine histoire - untel ne s'est pas simplement fait arrêter par la police, il a sauté par la fenêtre, du troisième étage, quand la lune était ronde et chatoyante - et n'a-t-il pas tué un policier avant que de s'échapper ? Faisons-en un chant. La musique est partout. Une technicité réduite, minimale - voyage oblige - mais une rage et une patience, et une ingéniosité, et des arts poussés à leurs extrémités. On peine à réaliser qu'il y a encore un siècle de tels convois sillonnaient l'Europe, qu'une telle société parallèle suivait son propre chemin. Sans parler, si l'on remonte à plus loin, de l'invraisemblable variété des races, des sociétés qui coexistaient plus ou moins pacifiquement. La vue n'avait pas encore pu resserrer son étau sur toutes ces différences. Elle n'en avait pas les moyens.
  14. Où l'on voit que votre posture est fausse, c'est que, si vous suiviez votre prescription jusqu'au bout, vous n'auriez plus qu'à vous taire : nous n'avons jamais toutes les "informations" à propos de rien. Alors, bien sûr, on a toutes les raisons de ne pas se sentir concerné personnellement, intimement, par le conflit, mais quitte à venir écrire ici sur ce sujet, ne vaut-il pas mieux quitter la posture du dégagement et de l'au-dessus-de-tout-ça ? Qui ne reflète le plus souvent qu'une médiocre indifférence, très largement répandue en France (mais certes enguirlandée, comme il se doit, de propos toujours plus intelligents et subtils les uns que les autres). On n'y peut rien, c'est comme ça, le quidam lambda n'a pas de sensibilité pour comprendre ce que signifie que la Russie plante les griffes de son armée et de son administration dégénérées sur l'Ukraine. ne reste plus qu'à saluer votre réflexe de ne pas vous laisser happer lorsqu'on veut vous contraindre au schémas ami/ennemi. Bravo ! C'est déjà plus qu'on ne saurait attendre, au dessus de la moyenne. Quant aux défenseurs invétérés du régime Russe, il n'y a rien à faire avec ceux-là ; tôt ou tard ils verront leurs os éclater sous le feu de leur propre iniquité.
  15. Si le son n'est pas une réalité observable, c'est qu'il est une réalité "sonore". C'est son être que d'être "sonore", son, sonorité... ce qui est étonnant c'est que le fait qu'il ne soit pas observable ou actionnable au même titre qu'un caillou entraîne le jugement qu'il ne soit pas réel ou ne constitue pas une "réalité extérieure", objective. Le son, en effet, est une réalité "intérieure". Écoutant chanter une voix, frappant deux roches sonolites entre elles, j'ai conscience que ce qui se produit se réalise aussitôt "en moi". Je me confonds avec - mieux, je suis cet "espace sonore", cette matière sonore. Or c'est bien encore la réalité. Si la physique contemporaine tombe sur une dualité irréductible - pour le moment - entre l'infiniment petit et l'infiniment grand, l'être humain découvre de tout temps une réalité où coexistent, où se joignent de modes singuliers irréductibles les uns aux autres, les sens, suivant chacun son univers propre, son "code". L'ouïe, l'univers sonore est irréductible à aucun autre - décoder le son et ses phénomènes dans le langage pratico-visuel amène toujours une incohérence incompressible. On peut seulement, à l'image de l'horloge, nouer et basculer le temps (l'ouïe) en espace (la vue) ou l'espace en temps en des points précis pour former un domaine (symbole) à la praticabilité toujours précaire et relative. Et pourtant un chœur dans une cathédrale vous remue le fond des tripes et vous sentez physiquement le vent hurlant vous geler la moustache ; de même ces pensées qui parcourent votre espace sonore intérieur - sont bien réelles, "consistantes". Ces univers sont ouverts les uns sur les autres, joins au sein de ce que nous appelons la réalité, l'expérience, en particulier dans l'action. Ils coexistent, communiquent, s'unissent sans se confondre pour autant - ce qui irrite l'esprit qui voudrait tout embrasser ensemble au risque de tout égaliser. Mais je peux toujours suivre "la sonorité" sur sa propre piste, la découvrir dans son originalité propre et alors elle dévoile "autant" que quand j'observe la voie lactée, elle n'a pas moins d'"étendue", de profondeur, d'être... Je suis sûr que vous la sentez aussi. Le son plonge et jaillit de la poitrine (et non de la tête !).
  16. Extrait de L'Archipel du Goulag, A.S. (1973-1975) : ** En Allemagne de l'Ouest, entre la fin de la guerre et 1966, il a été condamné quatre-vingt-six mille criminels nazis (...) Chez nous (selon les données officielles), il a été condamné une trentaine de personnes. Ce qui se passe au-delà de l'Oder et du Rhin, cela, oui, ça nous travaille. Mais que nous ayons à côté de nous, protégés par des palissades vertes, dans la banlieue de Moscou ou aux environs de Sotchi, les hommes qui ont assassiné nos maris et nos pères, et qu'ils caracolent dans nos rues tandis que nous leur cédons le passage - peu importe, cela ne nous touche pas, le voir, c'est "remuer le passé". Et pourtant, en respectant les proportions, ces 86 000 allemands de l'Ouest correspondraient pour notre pays à un quart de million ! Voilà une énigme dont nous autres, contemporains, n'arriverons jamais à trouver la clef : pourquoi est-il donné à l'Allemagne de châtier ses criminels et pourquoi cela n'est-il pas donné à la Russie ? Quelle voie funeste sera la nôtre s'il ne nous est pas donné de nous laver des impuretés qui pourrissent dans notre corps ? Quand, à quatre-vingt-six mille reprises, un pays a condamné le vice du haut de l'estrade des tribunaux (et qu'il l'a irrémédiablement condamné dans la littérature et au sein de la jeunesse), cela veut dire que peu à peu, année après année, marche après marche, il s'en purifie. Mais nous, mais nous ?... Un jour, nos descendants nous appelleront les générations de chiffes molles : après nous être docilement laissé massacrer par millions, nous aurons bichonné tendrement les assassins dans leur vieillesse quiète. (...) Nous devons condamner publiquement l'idée même que des hommes puissent exercer pareille violence sur d'autres hommes. En taisant le vice, en l'enfouissant dans notre corps pour qu'il ne ressorte pas à l'extérieur, nous le semons, et dans l'avenir il n'en donnera que mille fois plus de pousses. En nous abstenant de châtier et même de blâmer les scélérats, nous ne faisons pas que protéger leur vieillesse dérisoire, nous descellons en même temps sous les pas des nouvelles générations toutes les dalles sur lesquelles repose le sens de la justice. C'est pour cela que les jeunes d'aujourd'hui sont "indifférents", pour cela et non à cause de "l'insuffisance de travail éducatif". Ils se pénètrent de l'idée que les actes ignobles ne sont jamais châtiés sur cette terre, mais sont toujours, au contraire, source de prospérité. Oh, comme ce pays sera inhospitalier, comme il sera effrayant ! **
  17. Loufiat

    Recherches

    Je ne peux m'empêcher de trouver dans votre réponse les signes d'un renoncement à penser une réalité pourtant majeure de notre temps. Mais j'ai peut-être simplement mal posé ma question. Celle ci n'était pas pourquoi untel a fait telle découverte, pourquoi tel autre a imaginé telle application. Ma question était : pourquoi les techniques de l'information ont pris un tel essor, une telle place dans notre monde. D'une part il y a le foisonnement des inventions. De toutes parts, dans tous les sens. Ceci déjà est spécifique de la société technicienne. Passons. Puis il y a le resserrement, la sanction du réel, du marché, etc. Et là nous sortons du flou artistique pour atteindre a des réalités plus structurelles, à des déterminations plus lourdes et donc plus facilement identifiables. Les techniques de l'information, la communication automatisée entre des machines, ce n'est ni plus ni moins que la mise en relation de tous les domaines d'activité. Ceci a permis de dépasser les problèmes qui étaient survenus dans la dernière phase de croissance du système technicien (système dès lors que tous les éléments sont interdépendants et évoluent préférentiellement en fonction les uns des autres). L'informatique ce sont d'abord les systèmes d'information qui permettent que la production, par exemple de pots de yaourts, soit détachée et coordonnée entre tant d'usines a travers la planète, que le prix de revient du pot soir calculé en temps réel en fonction du prix des matières premières lesquels sont eux mêmes fixés par le jeu de communication automatisées. C'est ça l'informatique au niveau structurel. Instagram et wikipédia ne sont rien, sont des accidents sur ce basculement monumental qui s'effectue a partir des années 60, où l'ensemble du milieu technique évolue et change de nature par le biais des techniques de l'information. Vous voyez qu on ne se situe pas exactement au même niveau. Or ce basculement d'une part reste étonnamment inconscient, d'autre part transforme toutes les données concrètes de la vie humaine. C'est a dire qu'il est conduit pour ainsi dire automatiquement, et on lui trouve seulement des justifications a posteriori, sur le plan des grandes idées (se connecter les uns aux autres, que sais-je des conneries qu'on a pu entendre). Or il s'agit d'une transformation majeure, qui donc est conduite inconsciemment, par automatismes, par une sorte de sens commun, mal défini, qui fait comprendre à tous la nécessité, l'impératif de prendre cette direction. Bien sûr tous ceux qui ne l'ont pas prise sont désormais effacés. C'est le milieu technique lui même qui sanctionne. Ce sont les difficultés accumulées dans ses dernières phases qui ont rendu l'informatique obligatoire. Parce qu'on faisait face a des blocages intolérables, parce qu'on était incapable de traiter autant de données, de telles vitesses, de tels calculs avec des moyens symboliques, parole, etc. Personne ne mesure, semble t il, l'importance d'un tel basculement. Et l'IA n'est encore rien d'autre qu'un système d'information assurant une corrélation toujours plus étroite. C'est un seul et même mouvement, celui de la constitution en système du milieu technique. Et il devient évident, lorsqu'on se place a ce niveau d'analyse, que l'évolution de quantité de représentation, des valeurs, etc., reflète seulement, et ne decance pas du tout ce mouvement. Cela signifie aussi la fin de la dialectique, l'entree dans autre chose, un autre rôle, une autre façon d'être et de progresser de la pensée.
  18. Loufiat

    Recherches

    Je crois que nous faisons seulement face à diverses strates du milieu technique, dont la dernière ne présente plus les mêmes caractères que ceux précédents, qui restent généralement retenus : rationalité, découpage, mécanisme.. ce qui correspond au milieu technique d'il y a un siecle, un demi siècle au moins. Vous ne pouvez pas circonscrire l'informatique et les techniques associées comme si elles étaient à part du reste, une singularité. C'est l'ensemble du milieu technique qui est engagé, transformé. Or pourquoi l'informatique ? Pensez vous que les effets que vous décrivez sont la raison d'être, la cause de l'ensemble informatique ? Un tel phénomène doit s'enraciner dans quelque chose de beaucoup plus profond. Pourquoi l'informatique s'est elle imposée partout de façon aussi impérative et universelle ? Pourquoi ce mouvement s'est naturellement présenté à tous, dans le monde technicisé, comme un progrès et une nécessité incontournable ?
  19. Je suis pro sanctions pour autant que ça veuille dire quelque chose et accepte pour ma part les conséquences d'icelles. Ensuite, je vis dans la certitude que le temps de cette société passera et qu'il faut nous préparer à un sevrage, en douceur si possible mais forcément douloureux, peut-être fatal, à ce que d'autres ont décrit très justement comme une dépendance pathologique à l'électricité (s'il n'y avait que ça). Le nucléaire reste une fuite en avant typique de notre fonctionnement qui, par le nucléaire ou d'autres voies, va indubitablement conduire à des catastrophes qui s'annoncent de plus en plus graves et dangereuses, cela ne fait aucune espèce de doute, la seule question est quand, comment et jusqu'où les évènements vont dégénérer.
  20. Loufiat

    Recherches

    Mais pourquoi certaines représentations deviennent vraies, déterminantes pour les êtres humains ? Comment s'organisent-elles, quelle logique, s'il y en a une, suit leur émergence, leur affermissement au sein d'un ensemble culturel dynamique ou au contraire leur calcification puis leur disparition dans le limon d'un nouvel imaginaire, de nouvelles représentations ? Lorsque des scientifiques dressent à partir des dernières découvertes une représentation plus générale de la nature et de l'homme, ils impliquent, en les reconduisant, certains rapports, une certaine situation dans le monde. Aujourd'hui cette situation se confond toujours plus étroitement avec le milieu technique. Votre recherche dans microcosmos est assez illustrative de ça. Dans les études que vous y évoquez, l'identité est stricte entre les nouveaux caractères attribués au monde naturel et ceux du milieu technique lui-même : primauté des échanges, de l’interaction, interdépendance, collaboration et symbiose, systémique, énergie et information... Alors le scientifique ou le philosophe des sciences, en se retournant vers les représentations culturelles, en invoquant la capacité créatrice et de renouvellement des représentations, se trouve dans une situation assez paradoxale, où les représentations qu'il avance et dont il se fait le porte-voix, sont seulement en avance par rapport au reste de la population, parce qu'il est à la pointe du système plutôt qu'à l'arrière et qu'il a, davantage que les autres, trempé ses représentations dans l'objectivité scientifique et intégré les dernières règles et contraintes du milieu technique. Si le véritable enjeu civilisationnel est bien aujourd'hui et pour encore des décennies la situation de l'homme vis-à-vis du milieu technique, si tous les autres enjeux sont secondaires et liés de proche en proche à cette aventure où il s'est lancé, nos scientifiques n'ont guère de chance d'être ce terreau, de conduire une révolution des représentations et de l'imaginaire, des valeurs et des pratiques, qui conduise l'homme à dominer cet enjeu. Et qu'observons-nous en fait ? chez ces hommes de science, la suspension et la déconstruction méthodique des visions du monde héritées et la substitution systématique, à leur place, dans le fond comme dans la forme, des dernières valeurs induites par l'évolution technique, le plus souvent sans aucune conscience de ce qu'ils font, sans aucune attention particulière à leur propre intégration, leur adaptation toujours plus complète et celle, qu'ils promeuvent, de leurs congénères. Ils font à ce sujet le plus souvent preuve d'une naïveté et d'une innocence confondantes, et d'une mauvaise foi frisant la bêtise crasse.
  21. Plus que la tenue, qui peut bien sûr jouer, je suis persuadé que c'est la vulnérabilité qui excite le violeur et précipite son passage à l'acte.
  22. Loufiat

    Un bon commandement

    Bonjour @Ambre Agorn, Pour clarifier les choses, je ne suis pas sociologue, j'ai une formation en sociologie notamment, mais un sociologue est un chercheur et je ne suis pas chercheur. Cette formation en sociologie intervient-elle dans cette discussion ? Assez peu. Elle existe bien sûr dans l'arrière plan que je mobilise dans toute discussion, ayant appris ce que j'ai appris. Mais d'une part cet arrière plan est neutralisé par la visée pratique de ce sujet, et d'autre part l'arrière plan que je mobilise est moins d'ordre disciplinaire (sociologie ou autre) que façonné par les dialogues que j'entretiens depuis une décennie avec une petite dizaine d'auteurs dont je connais les oeuvres pour les avoir étudiées en profondeur, livre après livre, etc., mais qui ne sont pas tous sociologues ni même n'appartiennent à une quelconque discipline arrêtée. Et ces auteurs m'apprennent peu de choses quant au commandement. Mon père m'en a appris bien plus. Ce sujet du commandement, j'y viens par mon activité d'abord. Il ne se limite pas à elle car j'ouvre un questionnement assez général. J'avais envie de réponses à chaud et imprécises, sans "prise de tête" comme les premières, que j'ai trouvé parfaites sans m'interdire d'approfondir non plus. Mais vos interventions ne sont pas du tout hors sujet pour autant. Elles demandent simplement de prendre plus de temps. Je prends ce temps. J'ai besoin de présenter certaines données pour que vous compreniez ma perspective. Je dirige, je commande une quinzaine de personnes dans une structure qui en compte une trentaine. Cette structure n'est pas bien stable, c'est une sorte de bricolage et au-dessus de moi il y a quelqu'un mais ce quelqu'un est, ou mauvais (il a un rôle qu'il ne remplie qu'à moitiée) ou inexistant (il ne remplie pas du tout son rôle). C'est un fantome. Mais ce fantôme compte sur moi pour palier ses carences. J'ai une autorité presque totale dans les limites d'une entreprise commerciale : j'embauche et licencie librement, je décide, après approbation du "patron", les salaires des uns et des autres, et en cas de refus de sa part je peux outrepasser sa décision par le moindre rapport de force. Concrètement chaque jour c'est moi qui commande et encaisse chaque problème dans cette zone où mon autorité s'exerce. À qui ai-je affaire ? Qui je commande ? Il y a les anciens et ceux qui sont du métier. D'eux, j'en apprends et je peux leur en apprendre. De petites choses comme de grandes lecons. Tous sont devenus des amis proches. J'ai eu a commander une personne qui a occupé mon poste et même des postes supérieurs au mien. J'ai appris des leçons à son contact. Il m'a aidé à synthétiser ce que j'apprenais. Bon. Mais surtout je voudrais parler des plus jeunes, des plus inexpérimentés. Des jeunes qui sortent des jupes de leurs parents. Je prends un exemple. Une jeune héritière d'une fortune venue d'Amérique du sud, émigrée en France, 18ans, riche comme Crésus par son père mais qui cherche a s'émanciper de cette tutelle en gagnant son propre argent, en faisant son propre chemin. Cette personne a pensé qu'en s'abessant, elle s'élèverait. Richissime elle n'en avait pas moins une idée très concrète de la misère comme on la rencontre partout en Colombie. Et elle avait besoin de toucher le sol, de travailler. Trouvez ça puéril ou faux, c'est ainsi. Personne n'y croyait. Je l'ai prise pour voir et toute l'équipe, pendant une semaine, a éclaté en réclamations "c'est impossible, elle ne fera jamais l'affaire" - en raccourci : "elle ne sera jamais comme nous". J'ai forcé. Je l'ai protégée puis ai été de plus en plus dur avec elle. (Pour d'autres c'est l'inverse qui s'applique). Jusqu'au point où j'ai dû la mettre a pied. Plusieurs jours. Le patron flanait, j'ai dû prendre sur moi de lui dire de rentrer chez elle et pendant qqs jours la question de son licenciement s'est posée. Puis nous avons parlé. Elle est revenue, plus motivée que jamais. Aujourd'hui je ne peux plus assurer une journée sans elle. Cette personne vivait, avant ça, dans un appartement tous frais payés, avec une aide ménagère, elle commandait tous ses repas ou mangeait au restau - depuis sa prime enfance. Et moi je suis le vecteur de son intégration au monde servile sur lequel reposait sa vie. Elle veut toucher la matière, le sol de sa vie : je lui fais voir. Jusqu'au bout, en tt cas aussi loin qu'il m'est permis. Bien sûr je l'intègre à un système corrompu. Disons, je vois bien le mur que ce système va se manger, que nous ne sommes pas du tout prêts à affronter. Je vois tout ça. Mais cette personne vient de plus loin que ça. Et elle apprend tellement dans cette activité. Pour elle, decouvrir que personne ne peut faire les choses à sa place, qu'il faut aller jusqu'au boùt de chaque chose c'est une leçon énorme, une révélation et un bouleversement. Bien sûr c'est une évidence que chacun connaît de soi. J'espère que vous comprenez, que vous devancez mes propos. Bref je pense à chacun de ceux avec qui je travaille, et je vois que ce qu'il se passe en réalité n'a pas du tout le caractère fermé et définitif (l'asservissement) que vous lui donneriez, mais avec raison d'ailleurs, car dans l'absolu votre jugement est juste, vous demeurez droite. Mais je me situe de fait dans un monde fermé, ce qui donne a chaque ouverture un caractère miraculeux. Ma sud américaine s'en ira bientôt vers d'autres cieux. Elle passera à autre chose mais ce qu'elle aura appris elle le saura. Et elle m'aime pour ça d'une manière que j'aurais du mal à décrire. Rien ne la révolterait plus que me voir faillir ou faiblir dans cette transmission. Je n'ai d'ailleurs aucune envie ni besoin de forcer les gens à être avec moi et faire ce que je leur dis. Certains sont arrivés puis repartis librement. Ça n'a pas plus de signification que ça. Mais ceux qui restent, restent pour moi et pour l'équipe que nous formons tous. Et ceux que je forme ont ensuite le choix de partir. Ils ne sont pas bloqués dans cette aventure, elle est la solution qu'ils trouvent pour s'en sortir, d'une situation ou d'une autre. Je dois vous laissez. Je publie, tant pis si c'est incomplet, c'est déjà très long..
  23. Loufiat

    Droit/ La preuve

    Bonsoir, Sans contrat de location, signé par les deux parties, la propriétaire ne peut pas prouver qu'il y avait accord, ou du moins celui-ci n'est pas contraignant du point de vue du droit. Bon courage
  24. Loufiat

    Un bon commandement

    Bonjour @Ambre Agorn, Nos incompréhensions me laissent un gout d'inachevé. J'ai cru comprendre que vous aviez un grand-père aventurier qui a sillonné les mers du monde. Pensez-vous que votre grand-père n'aurait pas fait de différence entre un bon et un mauvais commandement sur un bateau ? Je réfléchis encore un peu plus au cas des marins. Non que je pratique particulièrement la mer, la montagne m'est plus familière. Mais ces marins donc, sont-ils asservis par le commandement que le capitaine exerce ? La montagne est un milieu extrême ; combien plus la mer. Nos marins doivent boire. Il leur faut manger. Il leur faut mener à bien leur expédition, dans un délai déterminé, sans quoi leur espérance de vie diminuera très vite. Ils sont soumis, assujettis on pourrait dire à un ensemble de conditions précises très contraignantes. Que faire perdus au milieu de l'océan lorsqu'on n'a plus à boire, pour des jours, des semaines peut-être ? En même temps, mener à bien la traversée d'une mer ou d'un Océan sur un coquille soit-elle de bois ou faite des dernières techniques reste une prouesse. Ca ne se fait pas comme on pisse de bon matin par dessus la jambe. Les conditions extrêmes appellent une certaine organisation, une répartition sûre des tâches et des rôles dans laquelle le commandement intervient, indispensable. Et cette organisation est le moyen de surmonter cette épreuve, ces conditions extrêmes. Le capitaine n'asservit pas son équipage. Ce serait confondre toute embarcation avec une galère. bien sur à un certain point nous nous inscrivons tous comme les maillons d'une servitude mais il y a une différence entre une galère où rament des prisonniers ou des esclaves envoyés là pour cette raison et n'importe quel autre type d'embarcation. Et si vous ignorez cette différence je dis que vous êtes insensible et inhumaine, qu'il s'agit de morale éthérée sans lien avec l'expérience.
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