Aller au contenu

Loufiat

Membre
  • Compteur de contenus

    2 256
  • Inscription

  • Dernière visite

  • Points

    8,974 [ Donate ]

Tout ce qui a été posté par Loufiat

  1. Loufiat

    L'Europe

    Les discussions sur l'Europe avec des plus jeunes d'origines étrangères (algérienne et russe en l'occurrence) me font réaliser à quel point leur vision de l'Europe est ambivalente. D'un côté ils sont en France parce que leurs familles et eux-mêmes savent ce qu'ils risquent à la maison et ce qu'ils n'y trouveront pas, qu'ils ont ici. De l'autre côté ils ont cette idée que l'Europe est faible, molle. Qu'il s'agit d'un continent agonisant. Et j'ai réalisé, au cours de cette discussion, que je crois qu'ils se trompent. L'Europe est en sommeil en quelque-sorte. Quoi que... Du moins le semble-t-elle par certains côtés. L'Europe a le loisir de laisser se développer des mouvances idéologiques étonnantes comme les mouvements LGBT, le "wokisme", la gauche à la LFI, l'ultra-féminisme et en même temps le Zémourisme, les pseudo et simili-nationalismes, le masculinisme.... Ces jeunes russes et algériens voient ces phénomènes avec un oeil à la fois amusé, voire moqueur, et envieux : quel luxe ! Et tout ceci m'amène à réaliser que je crois, pour une raison que j'ignore, que l'avenir du monde se jouera en Europe. En Europe et en Inde. A moyen terme, le prochain cataclysme, la prochain grand évènement pourrait très bien advenir en Turquie... La Turquie bouillonne, concentre une quantité impensable de forces, de pressions contradictoires et de possibilités. Quelque-chose monte en Turquie et je ne vois pas comment dans les deux, trois prochaines décennies, des choses très importantes ne s'y joueraient pas. Mais... l'Europe présente une pesanteur incomparable. Elle est un centre autour duquel le monde gravite et reste ce point d'ancrage pour le monde entier. Mais pourquoi cette idée ? Qu'est-ce qui me fonde à croire que l'Europe, etc. Car tout ne se joue-t-il pas en ce moment entre les Etats-Unis et la Chine ?
  2. Loufiat

    Le chemin...

    Merci. Agir n'est pas la question. Je suis au travail avec des jeunes de tous horizons. J'utilise notre environnement de travail, où j'ai à les former et à les encadrer quotidiennement, comme un tremplin (ils sont généralement de passage, entre 3 mois et un an), mais ça va souvent plus loin que ça : études, projets artistiques, problèmes familiaux, conjugaux parfois... Je ne peux pas ne pas "agir" avec eux, ils m'entraînent. (Jusqu'ici je n'ai jamais eu à dire stop mais je comprend très bien que ça puisse arriver.) Et à force, une idée se forme. Je ne veux pas trop brusquer cette idée... Je tourne autour. Aussi parce que je n'ai pas les mains libres pour faire davantage. Mais d'ici quelques mois et dans les prochaines années, j'aurai plus de moyens, des moyens pour bâtir quelque chose avec eux, pour eux et ceux qu'ils pourront aider à leur tour. Le bénévolat dans un cadre associatif, ne me semble pas viable. Ca implique une situation économique suffisamment favorable à côté. Ce que j'entrevois ressemble plus à une chaîne d'entraide au sein de projets formant un ensemble économiquement non seulement viable mais dynamique, par lequel ils puissent accéder à une capacité financière, des compétences légales, administratives... Mais rien ne sert d'avancer trop vite. Ceci, si ça doit advenir, ne sera pas dans mes mains, ça implique qu'ils s'y investissent et qu'ils le forment à leur façon imprévisible (à vrai dire, ça a déjà commencé). Ici, dans cette discussion j'essaie seulement d'explorer plus large, autour de l'idée qui murit. Les causes de ce "malaise" sont-elles bien celles que je crois... Quels écueils vont se présenter... Et développer des impressions... Deux sujets sur lesquels je ne cesse d'apprendre et d'être étonné sont par exemple le rapport au corps de ces jeunes (dans lesquels je m'inclue !) et les drogues qui font des ravages souvent insoupçonnés des adultes qui, pour n'avoir par rencontré ce problème, n'en décèlent pas les signes et n'ont conscience de son envergure et du danger.
  3. Loufiat

    Le chemin...

    Les jeunes qui sortent d'écoles de commerce n'ont pas ces problèmes, enfin il ne me semble pas. Peut-etre est-ce ton environnement qui présente ces caractéristiques ? Je sais que j'ai étouffé à l'université. Je n'ai jamais été aussi déprimé qu'à cette époque. Et en sortir à été le meilleur choix que j'ai fait, je crois. Une chose qui me frappe souvent (je pars de ce que je constate dans mon activité pro où je bosse avec beaucoup de 18-25 ans) : l'activité physique, pratique, a des effets très bénéfiques en particulier sur les surdiplomés qui s'épanouissent et s'étonnent de découvrir qu'ils sont parfaitement capables. T'es pas hors sujet (de toute façon on est en philo ) Mais je constate au contraire une énorme demande des jeunes à ce qu'on les guide, les cadre. A condition d'être exemplaire oui, cohérent, etc.
  4. Loufiat

    Le chemin...

    Un sujet sur le chemin de l'autonomie aujourd'hui... Entre les écueils, les contradictions de ce monde pour accéder à une forme d'épanouissement à la fois personnel et collectif. Le moteur de ce questionnement est l'état de la jeunesse constaté autour de moi. La question qui se pose est comment aider cette jeunesse, de quoi a-t-elle besoin. Une grande part de la jeunesse se trouve impuissante, démoralisée, sans ambition ou sans moyen de ses ambitions. Divertissements, drogues, évasions en tous genres déciment cette génération, nos générations qui ne parviennent pas à se dépasser dans l'âge adulte. Résultat : des ados de 40 ans, parfois parents, en proie à des crises avec des conséquences dramatiques quand le constat d'échec devient trop dur à assumer. Une cause importante de ce malaise me semble être l'inactivité consécutive de la vie scolaire, et l'ignorance, qu'elle entraîne, de l'environnement dans lequel les jeunes vivent. L'ignorance a deux conséquences : la perméabilité aux manipulations et l'incapacité à agir. La perméabilité aux manipulations, parce que tant que je ne connais pas une chose d'expérience, on peut tout me faire croire à son sujet. L'incapacité à agir parce que, si je n'en peux pas jouir, le seul effet que je puisse espérer obtenir d'une chose dont j'ignore le fonctionnement, c'est sa destruction. Jouissance et destruction sont les derniers rapports que peut entretenir cette jeunesse à un environnement qu'elle méconnaît, qu'elle croit acquis, naturellement donné, et où elle ne voit donc pas où insérer son action. Les premières expériences professionnelles permettent à une part de cette jeunesse de sortir de ces ornières. Nul doute que certains s'en sortent très bien. Mais nombreux sont encore rattrapés par le même malaise : la satisfaction d'un salaire et d'un métier pas trop éreintant ne suffit pas. Les évasions continuent en parallèle. Il manque quelque-chose. Sans compter que ces expériences n'impliquent pas toujours la découverte d'un champ varié d'activités, la confrontation pratique à la complexité de l'environnement humain, économique, juridique, politique... D'autre part la vie associative, supposée plus sensée que la vie économique, vers laquelle s'oriente une partie de cette jeunesse (plutôt diplômée) s'avère être en fait une sous-vie économique. Le bénévolat et l'associatif rencontrent rapidement leurs limites. Impuissance et ressentiment croissent dangereusement dans cette jeunesse, chez ces jeunes adultes. Une chose est sûre à mon avis : cette jeunesse n'a pas besoin de davantage de théories. La connaissance qui lui fait défaut est une connaissance d'expérience, de première main. La seule qui permet de comprendre quand je suis en mesure de faire un choix raisonné, averti, et quand je ne le suis pas. De m'en remettre donc possiblement à une représentation, si tant est qu'une relation de confiance me lie à une personne plus capable de prendre cette décision. Les conséquences politiques à terme sont graves...
  5. Loufiat

    L'Europe

    L'ancienne opposition européenne, entre d'un côté la culture des lumières et des rationalistes français, et de l'autre la culture Allemande ou du moins un vaste courant de cette culture, le romantisme, prônant le retour aux valeurs médiévales, le primat du sensible et de l'inconscient (du mythique) sur la rationalité, semble s'être complètement étiolé, n'avoir plus prise à l'intérieur de l'Europe même. Peut-être parce que la jonction est réalisée, par la technique, la politique et le divertissement, entre ces deux pôles dont l'opposition perd du même coup sa force motrice. Le romantisme semble avoir été entièrement digéré par la technique après avoir dégénéré au siècle dernier : il n'y a plus d'opposition, il y a parfaite coïncidence du mythique et de la technique. Quant au rationalisme des anciens temps, on en chercherait de même la trace en vain, on n'en rencontre que des reliques desséchées. Y a-t-il encore aujourd'hui en Europe des oppositions motrices capables de devenir déterminantes comme l'a été cette opposition ? Peut-être dans la rencontre avec d'autres continents : Afrique, Moyen-orient, Asie en particulier. Mais il semble y avoir une paralysie européenne. Ne plus y avoir de carburant interne. L'Europe en est réduite à jouer les miroirs pour se définir elle-même, réagissant à des tendances étrangères (souvent ses propres tendances redirigées contre elle : anticolonialisme, etc.) qui la renvoient à ce qu'elle est ou pense être et devoir rester. Je ne perçois pas de vitalité dans aucun courant, il y a certes des explosions, des tentatives mais sans profondeur, sans vision, sans chef d’œuvres. Tout revient finalement à une ébullition constante, fébrile et inoffensive où tout se disperse. L'Europe existe momentanément parce qu'elle est confrontée à des chocs, puis elle se rendort.
  6. Ceux qui font preuve d'un peu d'anticipation lucide concluent depuis un moment que les problèmes que va affronter le genre humain dans les décennies à venir vont pousser à la constitution d'un gouvernement (d'une "gouvernance") mondial. Mais on en est loin : la Chine n'est pas l'Europe qui n'est pas l'Afrique du nord qui n'est pas l'Amérique. En tout cas, sur le papier, étant donné les "paramètres" actuels (démographiques notamment), c'est ça ou (et) à moyen terme le chaos, la guerre et possiblement, ensuite, la disparition ou l'effondrement économique, politique... du monde tel que nous le connaissons. Cette alternative est la conséquence du progrès technique, qui n'a plus d'autre justification que lui-même depuis longtemps ; ce n'est pas un projet.
  7. Le système n'est pas totalitaire, il est totalisant. Il tend à l'universalité, à la fois géographique et parce qu'il intègre sans cesse plus d'aspects de la vie, depuis l'espace public, le travail, jusqu'à l'intimité dont les frontières explosent et se recomposent, transformées, dans ce nouveau paysage. Mais il n'y a pas de projet, ou ce sont des faire-valoir (de la com, des arguments pour des levées de fond, pour des alliances politiques, etc.). Ca se fait par une infinité de petites pressions quotidiennes, le concourt de tous et au nom de la liberté le plus souvent. Parce que la progression du système est géométrique (plus il y a d'innovations, plus il y a de nouvelles combinaisons possibles entre elles, etc.). Ça se fait, surtout, parce que les phases précédentes de progrès ont eu des effets imprévus qu'il faut impérativement régler, à cause des risques qui augmentent. Parce que les tentions sociales augmentent. Parce que les concentrations urbaines augmentent. Parce qu'une agriculture raisonnée, par exemple, ne peut être que planifiée à grande échelle et contrôlée par un État fort ; parce qu'une réponse à la crise climatique ou aux crises migratoires ne peuvent être qu'internationale et appuyées par la force si elle doivent être efficace. Etc etc. Et dans ce complexe des acteurs agissent. Gagnent du pouvoir, acquièrent la maîtrise de zones d'incertitude, de secteurs stratégiques, qui leur donnent du pouvoir. Créent des opportunités, tentent de contrôler localement ce qui se passe... Bien sûr. Mais personne ne pilote. La compétition est partout. Le droit est à la traine. Les peuples sont à la traîne. L'homme lambda, vous et moi, on a constamment un demi siècle de retard sur les problèmes qui se posent à ceux qui dirigent, créent, cherchent, sont là où ça se fait. Les débats autour de l'IA en sont symptomatiques. Combien de gens formés aujourd'hui à des tâches qui auront été automatisées dans moins de 5 ans ? L'Europe, on en est très fiers, a "légiféré" (sa grande passion). S'est dotée la première d'une règlementation la plus complète possible. Nous verrons où cela nous mène... mais je ne vois pas que le droit ait repris la main sur ce qui se passe. Que le droit soit redevenu : le droit. Capable de dire : stop. Non. Il n'y prétend même plus. Nous aurons donc des "gilets jaunes" puissance 10. Des déséquilibres toujours plus dangereux et en même temps, une puissance de calcul sans précédent pour affronter ces problèmes. Si du moins nos infrastructures sont protégées et restent intègres. Ce qui suppose encore plus de moyens militaires, etc. etc.... on ne sort pas facilement des pièges de la société technicienne. Nous y sommes pour plusieurs siècles. Et on n'en ressortira peut-être pas.
  8. Je n'ai pas dit l'inverse. Un autre aspect, complémentaire, est un chaos inextricable avec des conséquences possiblement plus dévastatrices à mesure que nous concentrons de la puissance et des populations importantes (ce qui est la seule logique poursuivie, intrinsèque au système des techniques, qui progresse sans autre raison que lui-même et les déséquilibres qu'il engendre, qu'il faut palier, suscitant encore de nouvelles avancées, suscitant de nouveaux problèmes imprévus, etc.). D'un côté une technocratie, de l'autre les masses, et tous les degrés imaginables, la finance, le grand patronat, les gouvernements (inutiles et impuissants très souvent), les usines du monde, l'exploitation agricole à grande échelle, Walt Disney... Tout se tient, tout ça "va ensemble" mais le chaos ne cesse d'augmenter dans le même temps. Ce sont encore les contradictions de la société technicienne. Le chaos augmente et avec lui la demande d'ordre, de mesures radicales, le besoin de gouvernance mondiale, de capacités militaires, politiques, etc.
  9. Loufiat

    L'Europe

    Je comprends. Il y a une longue tradition philo sur l'Europe, en même temps que les échanges s'intensifient un peu partout, que les peuples et les civilisations se confrontent les unes aux autres, religions, commerce, guerres... la découverte des Amériques, les colonisations... l'Europe comme phare, foyer du progrès, les lumières, énonciatrices des droits humains, des universaux... puis les éclaireurs, de mauvaise augure, qui sentent monter la crise européenne, les sociétés de masse, les guerres, la refondation après la 2nd GM... l'Europe ne cesse de se penser comme elle se cherche, se déchire, se crée et se recrée. C'est une vraie question pour moi aujourd'hui de comprendre le rôle de l'Europe dans le monde par exemple, du point de vue des valeurs, parce que je pense ou veux croire qu'elle reste un "pôle", occupe une place unique et singulière entre et pour les sociétés asiatiques, africaines, américaines... mais elle me semble aussi bloquée, d'une façon que j'aurais du mal à décrire. Il y a un malaise européen, des sociétés européennes, qui se ressent dans les vies de tous.
  10. Loufiat

    L'Europe

    Qu'est-ce que vous ne saisissez pas ? Où l'Europe en est ou pourquoi je poste ça en philo ? (Parce que ça donne le champ large pour mener toute réflexion, depuis la politique jusqu'à la socio jusqu'à juste l'impression perso, ce qu'évoque "l'Europe" à tout un chacun, car au fait c'est quoi ? Une unité culturelle ? Une histoire ? un projet ? des valeurs.. ?)
  11. Loufiat

    L'Europe

    Un sujet où écrire sur l'Europe, sa situation, ses problèmes, son avenir...
  12. Ce qui est dit dans cette vidéo est d'une banalité affligeante. Ce ne sont que des évidences. Oui un gap, une "vraie différence" se crée entre les populations à cause du progrès technique. D'un côté les masses, de l'autre les élites, les "complémenteurs" du progrès, les entrepreneurs dont la valeur augmente à proportion (à condition) que la valeur des "substituables" s'effondre. En compensation : Netflix et les anxiolytiques. Tout repose sur le divertissement et le médical (car c'est bien la justification dernière : "guérir les cancéreux"). Le médical est la pointe avancée, l'aiguillon irrésistible. Bref, nous sommes maintenant complètement enfoncés, pieds et poings liés, dans la société technicienne et ses contradictions et mieux vaut en avoir conscience. Si vous préférez vous raconter des histoires, libre à vous. On cherche les échappatoires qu'on peut.
  13. Bonjour, Je ne comprends pas la moitié de ce que vous dîtes... Pouvez-vous sortir du formatage par le CTMU ? Êtes-vous capable de produire un texte lisible par un non-initié ? En quoi les européens du nord génèrent-ils de la télèse fonctionnelle, à quoi pensez-vous ? En quoi la plupart des individus est-elle "privée d'accès à la compréhension de la réalité par la lâcheté de leur élite" ? Chacun n'est-il pas libre, non seulement de s'informer où bon lui chante, comme vous l'avez manifestement fait, mais encore d'explorer lui-même la réalité, l'être, la substance, l'existence, quelle que soit sa dénomination, et chacun à la mesure de ses moyens ? Comment les élites, par leur lâcheté, pourraient-elles ôter cela à qui que ce soit ? En quoi le système éducatif est-il corrompu ? En quoi fait-il obstacle à la compréhension de la réalité ? Voulez-vous dire qu'il n'y engage pas suffisamment, ou pas correctement ? Le CTMU est le genre de théorie à faire ces mouvements : de quoi parlez-vous ? Est-il incontournable ? Faut-il en passer par lui pour trouver la clef de l'éternité ou est-ce un passage parmi d'autres ? Que serait selon vous une éducation accomplissant les principes du ctmu ?
  14. Bonjour, Votre orientation est intéressante et il faut vous féliciter pour la tenue de votre argumentation et la qualité de vos écrits. Si je me peux me permettre une suggestion, ce serait de chercher un meilleur compromis entre la vidéo de vulgarisation qui est (à mon avis bien sûr) imbitable et produit un effet repoussoir (mais je suis, définitivement je crois, allergique à ce genre de vidéos) et vos écrits qui deviennent très vite trop techniques. On voudrait vous poser des questions mais ça ne semble pouvoir amener qu'à vous demander de produire un dictionnaire du "CTMU". Peut-être pourriez-vous d'abord parler de ce que ce système vous a fait, pourquoi vous y tenez ? Enfin, ingénieur, je suppose que vous n'avez pas eu de formation en philosophie, en amateur ou universitaire ? Il vous faudrait un point extérieur au système, auquel le confronter, pour le mettre activement en dialogue.
  15. Pour éviter la paranoïa, une mise en abîme et un recadrage peuvent être utiles. Je suggère un peu bizarrement qu'un film soit un faux souvenir. (S'il faut développer, j'insisterai sur l'importance de la vue comme sens du réel : le cerveau admet ce qui est vu pour réel, même si je sais consciemment que c'est une fiction, se créent des associations malgré moi à partir de cette matière.) Or d'une part c'est une série qui induit ce questionnement chez vous. Et d'autre part votre réflexion remémore deux films aux intervenants (Blade runner a clairement ma préférence ) auxquels il faut ajouter Eternel Sunshine of the Spotless Mind (jy ai pensé dès le titre du sujet). Vous voyez la mise en abîme ? Mais l'article, d'un autre côté, n'évoque rien de plus que le travail sur les réflexes conditionnés, comme déjà souligné. C'est un vieux domaine de recherche déjà (même s'il y a surement une foule de nouvelles possibilités offertes aux chercheurs). Ainsi, d'un côté, le véritable phénomène est à chercher, à mon avis, du côté de l'univers des images dans lequel nous vivons désormais : films, media en tous genres, qui créent une sorte de double-réalité dans laquelle l'homme évolue dès sa plus tendre enfance. Mais ce phénomène n'est pas contrôlé, ou relativement peu - simplement il "arrive". C'est à la fois plus troublant, plus problématique, mais moins effrayant que des scientifiques qui tritureraient directement nos cerveaux. Et de l'autre côté, ces films nous alertent, ou nous posent question sur cette réalité alternative tout en la présentant sous un jour horrible et dystopique - après quoi nous sommes comme rassurés, finalement, que ça n'existe pas, ou pas encore, en réalité...
  16. Nous y sommes déjà qu'est ce qu'un film sinon un faux souvenir.
  17. Loufiat

    Croisée

    Merci c'est gentil, même si ce texte est particulièrement obscur et désarticulé (sans parler des coquilles), je suis heureux s'il a pu vous toucher.
  18. Loufiat

    Croisée

    Nous sommes assis là, sur une marche. Elle me reproche d'être né trop tôt. Puis elle s'en va après m'avoir embrassé. Je sens qu'elle vibre de tout son être, mais elle est tiraillée, incapable de l'assumer, d'y faire face. Soit. Va t'en encore. Une semaine plus tard, aussitôt qu'elle comprend que quelque chose se passe, elle est la première à m'écrire, dans la seconde. "Tout va bien ? Tiens moi au courant." Pourquoi ? Pourquoi vouloir être au courant. Je suis alors dans le métro, la gorge sèche. Aucune idée de ce que je vais trouver au bout. Possible que mon frère veuille se venger. Il a surement une arme d'ailleurs. Possible qu'il soit pathétique seulement. Je l'ignore. Mais il m'a donné rendez-vous dans un chantier où il est entré par effraction - sa dernière passion. Il veut que je le rejoigne. Et je dois le rejoindre. Pour sa femme, son fils, pour ma mère. Pour lui ? Pas vraiment. J'ai perdu toute complaisance envers lui. Il faut l'enfermer. Sauf sa compagne, terrorisée, il ne savent pas qui il est. Mais comme nous avons été les plus proches, les plus complices, je sais qui il est devenu. Et je suis neutre, sans haine mais sans sympathie. Je sais que c'est un camé à qui je parle. Que 20 ans de drogues et d'alcool ont transformé, déformé - j'ai déjà perdu mon frère. J'ignore si quelque chose répond encore en lui, véritablement. Se souvient-il seulement de sa vie d'avant ? De qui il était ? J'en doute. La drogue semble tout déformer, jusqu'à la mémoire, jusqu'aux plus précieux moments de l'existence, jusqu'au cœur du cœur. J'avance sans espoir envers lui. Il n'a jamais été violent avec moi, mais il s'en est pris à mon père. Il n'avait jamais osé lever la main sur lui avant cette crise. Il n'a jamais pu d'ailleurs - le bucheron, même vieillard, reste solide comme une buche. Mais, enfin, cette fois, c'est clairement autre chose. Cette crise est sans commune mesure avec les précédentes. Je l'entends à sa voie au téléphone, alors qu'il me donnait rendez-vous. Une voie difforme, des idées, des mots tordus exprimant la démence pure et simple. Tout pouvait arriver. J'avais donc dû prendre des disposition au travail, en cas d'absence imprévue, selon ce qui arriverait, pour quelque raison que ce soit. Ce qui avait alerté Elena. Elle s'inquiétait donc. Et plus tard encore, après ce soir là où je devais retrouver mon frère, de passage en coup de vent à Paris, elle était venue dire bonjour, elle avait vu ma tête. Le lendemain elle m'invitait à parler, si j'en avais besoin... Invitation dérisoire, ne le savait-elle pas ? Sa présence oui. Sa présence seule m'aurait réchauffé. Mais elle était déjà repartie à l'autre bout du pays. Et la solitude m'accable maintenant. Parler est inutile. Seule cette présence, si rare, si précieuse a un véritable effet. Présence d'Elena, mais d'Oscar aussi, qui m'a quitté récemment lui aussi, pour aller au-devant de son destin - et n'est-ce pas moi qui l'y ai poussé ? Encouragé ? Et me voilà en train de me noyer, de chercher des appuis, à bout de souffle. Où êtes vous, mes amis ? Vous qui comprenez tout. J'aime les autres. Vraiment. Mais vous êtes plus que ça. Vous êtes des âmes soeurs pour moi. Je sais que vous savez, et vous savez que je sais. Et pourtant j'ai dû vous laisser partir l'un et l'autre. Et maintenant... Où êtes-vous ? Mais même quand on tombe, comme ça sans sécurité, c'est la vie elle-même qui semble vous rattraper. La pluie. Le bitume. Et la vie reprend son cours.
  19. Il arrive d'employer la moquerie pour faire passer un message qui risquerait, autrement, d'amener une confrontation qu'on préfère éviter à l'instant t pour x raison. Par exemple parce qu'on n'a pas la possibilité de dire les choses à la personne seul à seul et on ne veut pas lui faire perdre la face. Perso je suis devenu expert des blagues que personne ne comprend sauf la ou les personnes visées sachant de quoi je parle.
  20. La raison est un phénomène historique, cumulatif. Les êtres humains interrogent leur condition et cherchent des solutions communes, universelles. C'est une activité collective continue dont les débouchés sont à la fois intellectuels, moraux, pratiques (techniques, économiques, juridiques...). L'intelligence est évaluée par comparaison, un rapport de vitesse, d'amplitude et de finesse dans le raisonnement et dans la pratique. Ou bien on évoque l'intelligence comme faculté intellectuelle, de concevoir, de comprendre etc., independamment des différences individuelles. Dans tous les cas l'intelligence est nécessaire à la raison, à son développement. Mais il y a aussi tout un ensemble de conditions politiques, sociologiques... sans lesquelles les êtres humains ne se lancent pas dans l'aventure. Il peut aussi y avoir des régressions. Les fruits de l'activité d'une génération peuvent nourrir la déraison de la suivante.
  21. Le courage force l'admiration. Ca ne veut pas dire que vous renoncez à vous montrer courageuse, que d'admirer un comportement paraissant courageux (même éventuellement aux yeux de son auteur, surpris par son propre comportement). Il se passe quelque-chose en nous de précieux et d'étonnant chaque fois qu'un être se dépasse sous nos yeux. A la fois ça met en évidence les limites qui s'imposent à nous ou que nous nous imposons, et le fait que ces limites sont des bornes qui peuvent être dépassées, sans que ça signifie toujours, tout le temps. Je crois que nous faisons fausse route quand nous cherchons une sorte d'essence du courage. Soit pour dire que ça n'existe pas, soit pour dire que c'est ceci ou cela. Il faut accepter la fluctuation du sens, qu'il puisse nous surprendre, qu'il soit comme l'acte courageux, une possibilité arrivée à son point d'incandescence, à la factualité (ou pas, la plupart du temps). C'est là que nous avons à vivre et non dans les méthodes.
  22. Loufiat

    Colère des agriculteurs

    Ah, enfin un peu d'action.
  23. C'est la fin du plaisir, ou le début, selon tes mœurs
×