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épixès

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Tout ce qui a été posté par épixès

  1. Et que penser des films de guerre ? Ils ravivent également des faits qui sont douloureux, et souvent pour toute une nation, devrions nous également nous abstenir d'évoquer ces périodes tragiques avant qu'une période décente ne se soit écoulée ? La question soulevée dans ce topic est sérieuse et me semble mériter une réflexion qui va au delà des réactions uniquement émotionnelles qui pullulent ici. La famille d'une victime devrait-elle pouvoir jouir d'un pouvoir de censure ? Et qu'en est-il de ses amis ? De ses vagues connaissances ? Combien faut-il de proches réclamant l'interdit pour l'obtenir ? Devrait-on l'étendre à la presse ? Au bout de combien de temps y-a-t-il prescription ? Qui doit décider de tout cela ? Sur quels critères ? L'immense majorité de la production littéraire et cinématographique s'inspire du réel et même la plus anodine des fictions peut provoquer d'intenses souffrances en réveillant de pénibles souvenirs. A l'ère de l'information instantanée, bien des blessures sont involontaires, bien d'autres sont inévitables et c'est malheureusement le prix à payer pour qu'une chape d'obscurité et de silence ne s'installe pas sur le monde.
  2. En fait je pense, et ce n'est que mon opinion, que cette série tente de rendre hommage à la vérité des faits. Elle ne cherche ni à excuser qui que ce soit, ni à dénoncer, provoquer ou persécuter. Elle s'attache à restituer un drame s'inscrivant dans un contexte humain où personne n'est exagérément accablé, ni épargné d'ailleurs.
  3. Le problème est évoqué dans la série au cours de l'avant dernier épisode mais il ne prend jamais le pas sur la narration. La récupération politique de ces événements tragiques et le blâme de la magistrature est suffisamment scandaleux et impudique pour que le spectateur en comprenne les enjeux sans que l'on s'appesantisse dessus.
  4. Je viens de regarder cette série dont je n'aurais probablement jamais entendu parler sans l'existence de ce topic. Je dois dire que c'est une très belle surprise, les acteurs sont tous d'une justesse bouleversante, la réalisation est sobre, sans voyeurisme et sans sombrer dans un pathos racoleur. C'est une excellente œuvre de fiction et un très bel hommage. Le choix que j'ai fais de visionner cette série exprime ma position concernant la demande de la famille. Je respecte leur souffrance et si je déplore la pagaille médiatique sans pudeur que provoque généralement ce genre d'affaires, j'estime qu'elles appartiennent autant à l'art et à l'histoire qu'aux familles des victimes. Sans doute aurais-je dénoncé une œuvre outrancière exploitant éhontément le malheur d'autrui mais je pense sincèrement que quiconque regardera la série comprendra qu'il n'en est rien.
  5. épixès

    Dieu n'existe pas

    En effet si la science ne saurait trancher définitivement la question de l'Origine, les éléments actuels permettent de très largement favoriser l'hypothèse de l'éternité de l'univers: -L'énergie est constante, il ne saurait s'en créer ou s'en perdre, celle-ci ne peut que se transformer (bien que cette loi ne soit valable qu'au sein de l'univers et n'engage donc pas celles régissant un éventuel méta-univers ou une quelconque transcendance). -La théorie de l'univers-bloc plaide en faveur d'une conception globale de l'espace-temps où passé, présent et avenir coexistent "simultanément", ce qui semble conférer une forme d'atemporalité à l'univers lui-même. Théorie dûment soutenue par de multiples et nombreuses confirmations expérimentales et observationnelles de la théorie de la relativité.
  6. A mon sens ce n'est pas tant l'intelligence qui pose question mais la conscience, l'intelligence n'étant qu'une surabondance de cette dernière. La conscience de soi, du monde extérieur, de la souffrance et de notre mortalité plonge l'être dans une angoisse permanente que seule l'immersion dans un tourbillon d'activités et de distractions peut faire oublier quelques temps. Le tragique et l'absurde de la condition humaine sont exacerbés par une lucidité excessive comme ils sont anesthésiés par un entendement indigent ou délibérément distrait. Rares sont ceux qui, aptes à prendre la mesure du pathétique de l'existence, n'en détournent pas le regard vers des chimères consolatrices. Mon sentiment est qu'il n'y a pas de réponse à votre question qui soit valable pour tout le monde, chacun en juge en fonction de son histoire, de son ressenti, de sa capacité de jugement et toutes ces réponses sont bonnes. Ce n'est pas l'univers qui a besoin de spectateurs, c'est nous.
  7. Supercalifragilisticexpidélilicieux
  8. Je ne connaissais ni cette chanson ni son auteure. Je ne l'ai pas vue venir, elle m'a touché au cœur.
  9. Parce qu'à l'instar des médecins quantiques, des mentors new age, des télévangélistes, spirites en tout genre et autres gourous du net, les paraboles utilisent un langage immédiatement accessible au grand public, suffisamment flou pour être irréfutable, laissant une large part à l'émotion au détriment de l'intellect s'opposant ainsi à la philosophie et aux sciences mettant l'accent sur l'exercice de la raison individuelle et l'acquisition de connaissances exigeant du temps et des efforts. Parce que c'est l'outil idéal de tous les charlatans pour séduire les foules.
  10. La société est tout pour presque chacun d'entre nous. On peut l'aimer, la mépriser ou même ne pas s'en préoccuper mais elle nous a prodigué soins et instruction, nourriture et sécurité, travail et loisirs. Mais ce faisant elle nous a enlevé la capacité de subsister hors d'elle, en ne nous enseignant que des compétences et savoirs qui lui profitent au détriment de savoir-faire plus fondamentaux permettant la survie individuelle dans la nature. La société s'étant également arrogé le droit de s'approprier l'espace et les ressources disponibles, même les rares d'entre nous ayant acquis ces compétences pourraient difficilement les mettre à profit, scellant ainsi notre sujétion. Nous sommes tous des captifs, volontaires pour la vaste majorité, mais captifs tout de même. Et même si comme la plupart d'entre nous je la souhaiterais meilleure, qu'on ne voie pas là de ma part une critique de la société: c'est un simple constat de quelqu'un qui n'oublie pas qu'au-delà de cette relation amour/haine qui, je le suppose, caractérise le sentiment général de mes congénères envers la société, cette dernière à permit l'épanouissement des arts et des sciences , si chers à mon cœur. Et quelque chose me dit que la colère que nous éprouvons parfois envers elle a beaucoup à voir avec celle qui nous étreint occasionnellement à l'égard de ceux que nous aimons lorsque nous constatons notre impuissance à les changer.
  11. Qu'entendez vous par une marge d'échec relativement faible entre les origines et la conscience ? Je vous en prie, faites. D'ailleurs je vous invite à cet égard à vous intéresser à la théorie du chaos. La question du pourquoi est sans pertinence puisque nous en sommes réduits à la spéculation et que rien ne permet de même supposer qu'il y ait un pourquoi, c'est très vraisemblablement une scorie du biais d'intentionnalité. Vous devriez vous intéresser aux mécanismes de la sélection naturelle: pression de sélection et contraintes environnementales où il est facile de se laisser entrainer par un biais téléologique et de voir un objectif guidant les évènements mais pour avoir une lecture plus objective des choses il convient de les replacer dans leur contexte: des milliards de milliards d'essais infructueux sont nécessaires pour arriver à un résultat viable et souvent loin d'être optimal donc s'il y avait une volonté pour piloter l'évolution il faudrait la supposer particulièrement stupide. Ce que vous appelez coup de bol, je l'appelle négligence de la taille de l'échantillon. Quoiqu'il en soit l'erreur n'est pas d'admettre l'hypothèse d'une intention cachée mais, en vertu du principe de parcimonie, de la privilégier à l'hypothèse matérialiste: Le biais téléologique est une façon de penser à l'envers. Au lieu de prendre un évènement et de chercher à remonter le fil des causes qui ont pu le faire survenir, comme l'exige la méthode scientifique, on part du principe que l'objectif final était là dès le départ, et on imagine le présent par rapport à la fin. C'est une grave erreur épistémologique puisqu'elle présuppose des résultats qu'il nous appartiendrait de découvrir lors même que la science exige d'aller là où les faits nous mènent en gardant l'esprit dégagé, autant qu'il soit possible de l'être, de tout présupposé. Je suis tout à fait d'accord avec vous concernant le bouddhisme mais il y a cependant des experts soutenant l'avis opposé, ce qui certes n'assure en rien qu'il ont raison mais devrait nous dissuader de discriminer trop vite le bouddhisme comme exemple pertinent. Un athée peut très bien croire à l'existence d'esprits via le spiritisme, le culte des ancêtres, le chamanisme ou l'animisme. Si toutes ces croyances impliquent nécessairement une forme de dualisme, elles n'adhèrent pas systématiquement au concept de transcendance.
  12. Et pourtant, tant d'hommes parlent ou agissent en son nom qu'on pourrait croire que c'est un sujet qu'ils connaissent. Cela relève de la même logique qui affirmerait que l'on a une chance sur deux de gagner au loto car soit on gagne, soit on perd. Il n'y a peut être qu'une planète Terre mais il y a eu des milliards de milliards de milliards de réactions chimiques et d'associations moléculaires stériles pour qu'au fil du temps l'une des occurrences de cette loterie cosmique finisse par aboutir au vivant. D'autres ont essayé mais c'est impossible: on ne peut pas déterminer (ni même estimer) les probabilités d'une occurrence si on ignore les données initiales. Cela reste strictement mécanique: la vitesse et la direction de la flèche et du moustique, la résistance de l'air et tout un tas d'autres paramètres font que les deux objets vont ou ne vont pas se rencontrer mais il n'y a aucun hasard là dedans, seulement l'inconnaissance de ces paramètres qui, s'ils étaient connus, permettraient de savoir avec exactitude leurs trajectoires respectives. Le spiritualisme et l'athéisme ne sont pas nécessairement opposés (bien que cela soit fréquent, je vous l'accorde). En effet les représentations athées peuvent ne mettre en cause que le caractère transcendant du spirituel, et le conserver sous d'autres formes immanentes. L'athéisme n'empêche pas la croyance en d'autres formes de pensée abstraite ou d'émotions mystiques et bien que cela ne soit pas mon avis, certains considèrent le bouddhisme comme une religion athée.
  13. Le hasard recouvre précisément ce qu'on ne connait pas, ce qui est imprédictible, il n'y a donc aucun sens à demander de l'expliquer. Il y a beaucoup moins de chances pour que quelqu'un gagne au loto et pourtant cela arrive constamment. Une probabilité d'occurrence n'a de sens que rapportée à la taille de l'échantillon, que nous ignorons dans ce cas précis mais que l'on soupçonne volontiers gigantesque. Etant donné les très légères inhomogénéités de la soupe quantique primordiale, la gravitation rendait la formation de structures et objets cosmiques inéluctable. Il n'y a aucun hasard dans l'exercice de lois mécaniques. Mais peut être faites vous référence à une absence d'intentionalité, la confusion est courante. Absolument pas. L'athéisme ne statue que sur l'existence de dieu, rien d'autre. Ce que vous évoquez sont des propositions naturalistes qui, il est vrai, vont souvent de pair avec l'athéisme mais qui n'en font pas partie. L'athéisme n'a ni dogme, ni contenu narratif, ni idéologie mais n'empêche en aucune façon d'en adopter par ailleurs.
  14. 70% d'eau. 30% de viandes rouges diverses.
  15. Le matérialisme est la position de celui qui n'affirme pas l'existence d'entités que la nature ne donne pas à observer, ou dont elle ne suggère pas la présence. Le matérialiste refuse donc d'introduire à priori des concepts métaphysiques pour expliquer la nature, cela ne constitue pas nécessairement (bien que cela puisse l'être) la négation de ces entités mais une posture de prudence épistémique minimum évitant autant qu'il soit possible de le faire d'apporter dans l'observation et l'interprétation des faits des présupposés ou des attentes nuisant à l'objectivation du réel. Peut être une façon moins absconse de l'exprimer consisterait à dire que l'on part des faits (l'existence de la matière) pour aller là où ils nous mènent. Nos moyens d'observation dépendant de la matière, il serait extrêmement couteux d'introduire dans nos théories l'existence d'entités supra-matérielles que l'on ne pourrait ni confirmer, ni infirmer, ce qui rendrait lesdites théories irréfutables. Si nous ne pouvons pas savoir que ces entités existent, qu'elles le soient ou non n'est guère pertinent dans le cadre d'une théorie explicative puisqu'elle la condamnerait à subsister à l'état d'hypothèse. Encore une fois il me semble important de distinguer dans la position matérialiste, d'une part ce qui relève d'un refus à priori d'introduire des entités métaphysiques et, d'autre part, ce qui constituerait la réfutation de toute possibilité d'alternative à la matière. La notion même de matière à amplement été élargie au cours du temps avec les découvertes sur la nature du monde qui nous entoure. Ainsi progressivement des notions telles que l'énergie, l'espace-temps ou les champs quantiques sont venus élargir la définition première, et plus restrictive, de ce qui constituait la matière. Cela me semble témoigner d'une posture d'ouverture, d'accepter d'incorporer à sa vision du monde tout ce qui peut l'enrichir, à condition cependant que ladite nouveauté soit suggérée par la nature elle-même et qu'elle puisse être vérifiée par l'expérience. Le matérialisme me semble donc relever d'une certaine forme de circonspection devant l'inconnu qui, sans s'enliser dans une posture sclérosée de fermeture devant la nouveauté, saura néanmoins faire preuve de fermeté méthodologique quant à ce qu'elle laissera venir enrichir le bestiaire ontologique.
  16. Une organisation pédosataniste internationale ? Ha ouais, rien que ça…. Il y a bien un virus qui gangrène ce monde mais ce n'est pas celui évoqué qui fait pâle figure à côté de cette épidémie de crédulité galopante et de conspirationnisme endémique.
  17. Je viens de terminer ce quiz. Mon score 86/100 Mon temps 148 secondes  
  18. Se contenter de le déclarer serait en effet de la même eau, une affirmation non fondée sur des preuves devrait toujours être jugée pour ce qu'elle est. La science va là où les preuves la conduisent, que le résultat nous plaise ou non n'est pas pertinent.
  19. Expliquer quelque chose n'est pas simplement proposer une cause possible, c'est faire connaître cette cause, donner des indications sur le fonctionnement de ce quelque chose, en reconstruire le processus et présenter les arguments, preuves et observations qui étayent ladite explication. Affirmer que Dieu ou quelque autre agent surnaturel a usé d'un miracle ou de magie pour arriver à ces fins ne fait rien de tout cela.
  20. Une théorie de la connaissance et l'entreprise de compréhension du monde que constitue la science exigent en effet quelques postulats indémontrables, dont par exemple l'universalité des lois physiques. Mais pour être axiomatiques, ces hypothèses ne sont pas tout à fait sans fondements puisque dérivées de l'homogénéité de l'univers observé suggérant des lois d'une certaine constance et s'appliquant partout. Conjecturer des lois physiques qui ne seraient pas universelles nous engagerait à attendre un univers qui ne présenterait pas l'uniformité qu'on y observe. On pourrait également arguer de la fécondité de ces postulats qui ont permis la naissance de la cosmologie ou de leur caractère prédictif puisque ayant permis des hypothèses depuis lors confirmées par la réalité. On cherchera en vain à prouver ces postulats, sans quoi ils n'en seraient pas, mais le fait qu'ils soient suggérés par l'observation du réel nous autorise à les préférer à des entités métaphysiques qu'aucune observation ne cautionne, qui défient ce que nous connaissons des lois régissant le monde et qui, in fine, ne permettent de rien expliquer.
  21. Je ne peux guère me prononcer pour la psychologie clinique que je ne connais guère mais la psychologie cognitive et la psychologie sociale sont assurément des sciences. Les sciences sociales ont certes un statut épistémologique qui les distingue des sciences dures mais elles possèdent une méthodologie qui leur est propre et tendent à répondre au critère de réfutabilité. Ce sont des disciplines relativement jeunes où il est souvent compliqué d'obtenir une objectivation du réel mais on peut néanmoins se féliciter des efforts actuellement consentis par certaines branches de ces disciplines pour se structurer et répondre aux critères de scientificité permettant de distinguer les sciences de pratiques moins rigoureuses.
  22. Qu'entendez vous par «supérieure» ? Que notre réalité procéderait d'elle ? Que cette réalité supérieure pourrait agir sur la notre sans que la réciproque soit vraie ? Les deux, ou encore autre chose ? La plus élémentaire des prudence consisterait au préalable à se demander ce qui nous permet de supposer l'existence d'une autre réalité, quels signes dans le réel supportent cette hypothèse ? Et surtout pourquoi la supposer nécessairement supérieure ? La mise en évidence de la réalité d'un objet ou d'un phénomène requiert son observation directe ou sa manifestation indirecte altérant le cours normal des choses. Si la première méthode semble a priori exclue, la seconde pourrait s'envisager selon la réponse que vous apportez à ma première question.
  23. En quoi l'athéisme implique-t-il un positionnement métaphysique ? L'agnosticisme ne s'oppose qu'à l'affirmation de l'existence ou de l'inexistence de Dieu, il est parfaitement compatible avec la croyance mais s'exclut par définition du champ de la certitude, peu importe par ailleurs que le sujet sur lequel porte ladite certitude soit vrai ou faux. Ainsi un croyant ou un athée ordinaire peut être agnostique puisque sa conscience de ne pas avoir accès à un savoir concernant Dieu est précisément l'espace sémantique recouvert par le terme d'agnosticisme. A l'inverse, celui qui connait ou est persuadé de connaitre le statut ontologique de Dieu révoque la possibilité même de cet espace. J'ai contesté ce que vous avez évoqué, l'innéité de l'idée de Dieu. Je n'ai pas contesté sa naturalité pour 2 raisons: - Vous ne l'avez pas évoqué. - Je la crois volontiers naturelle. Ma foi personnelle réside dans les faits, résultats et avancées des neurosciences et de la psychologie cognitive, autrement dit les données les plus fiables disponibles actuellement. Si les anciennes thèses de la tabula rasa ont en effet été balayées par l'observation de structures préétablies au sein du cerveau ainsi que de certaines «programmations», il n'y a là rien de commun avec ce qui constitue une croyance ou un savoir, plutôt avec ce qui va permettre d'acquérir l'un et l'autre. Je ne crois pas avoir jamais prétendu le contraire. Donner du crédit à une idée que non seulement rien ne suggère dans le monde réel mais qui en plus est contraire aux observations et aux connaissances acquises est de la plus haute fantaisie. Chacun, dans la vie courante, accorde sa confiance à un énoncé en proportion du degré de vraisemblance et de fiabilité dudit énoncé. S'il ne viendrait à l'idée de personne d'exiger des preuves si j'avance avoir rencontré ma sœur hier au supermarché, je gage qu'il en ira différemment si j'affirme y avoir croisé le pape en tutu et qu'on réclamera de sérieuses justifications pour soutenir mes propos. Je m'en tiens à la théière de Russel et ne crois rien si je n'ai aucune bonne raison de croire et n'éprouve pas plus le besoin de réfuter les affirmations métaphysiques gratuites qui, comme le dirait Wolgang Pauli, ne sont «même pas fausses». Je veux bien vous croire mais encore une fois, lesquels ? Où ai-je dis le contraire ? La seule erreur serait de considérer que les croyances sont une chose unique et homogène, qu'il n'y a aucun degré de vraisemblance et de fiabilité qui permettrait de les distinguer. La connaissance pure et parfaire n'existant pas, ou du moins nous étant inaccessible, nous sommes condamnés à être des croyants mais prétendre que toutes les croyances se valent, ou refuser de les discriminer, serait ridicule.
  24. L'agnosticisme n'est pas tant la position de celui qui doute mais de celui qui considère que la question de l'existence de Dieu est indécidable puisque relevant de la transcendance, et donc de l'inaccessible. L'agnosticisme ne s'oppose d'ailleurs pas nécessairement à l'athéisme, le premier relevant du savoir quand le second dépend de la croyance: on peut, tout comme moi, croire que Dieu n'existe pas tout en sachant que la question ne saurait être définitivement tranchée. L'agnosticisme est moins une position particulière à l'égard de l'existence de Dieu qu'une considération épistémologique générale sur l'impossibilité de connaître, réduite à la question du divin. Quant au flou que vous évoquez, il me parait moins lié aux athées qu'à une tendance populaire universelle à réduire et simplifier le champ sémantique des mots pour en circonscrire l'utilisation à un maniement quotidien et ordinaire. Si l'idée de Dieu était innée, on pourrait retracer ses manifestations au travers de l'histoire humaine, or ce n'est pas le cas. Le polythéisme à précédé l'idée de Dieu, comme l'animisme exista avant le polythéisme. Individuellement le nourrisson nait vierge de croyance et de savoir, l'innéisme de l'idée de Dieu peut être réfuté par simple constat. Je peux aussi avancer que la poêlée savoyarde est une idée innée de la raison qui se traduit par le sentiment de vacuité stomacale, ce martyr du corps permettant essentiellement de ressentir l'intuition de l'atomisme (au sens Lucrècien) d'un tout prenant conscience de ses constituants. Je ne me laisse pas intimider par des fadaises, fussent-elles estampillées platoniciennes. Le monde des idées est une proposition indémontrable que rien ne suggère dans le réel, autrement dit une hypothèse invraisemblable, improbable et inféconde. La malhonnêteté intellectuelle est de refuser la polysémie des mots, qu'on soit croyant ou athée importe peu. L'athéisme est autant la position de celui qui affirme l'inexistence de Dieu que de celui qui, plus prudent, affirme ne pas croire en son existence. Le débat sur la différence entre croire en l'inexistence et ne pas croire en l'existence me semble relever d'une casuistique byzantine à l'extrême qui camoufle le propos derrière des constructions verbales alambiquées et une gymnastique intellectuelle vétilleuse. On peut être athée sans être matérialiste et il ne faut pas confondre le refus d'adhérer à une croyance avec l'inconnaissance de cette même croyance. On ne saurait déclarer l'athéisme inné qu'au prix de faire l'amalgame de ces deux notions. Je pense que vous confondez pièges de l'esprit, biais cognitifs et rationalité imparfaite avec hypocrisie. Nous sommes tous dotés de structures cognitives qui ne visent pas la meilleure performance possible mais à produire la réaction la plus efficace en un minimum de temps, d'où les raccourcis mentaux qui nous affectent tous sans nécessairement engager notre intégrité. La plupart des gens qui se trompent le font de bonne foi.
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