

tison2feu
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Tout ce qui a été posté par tison2feu
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Cette analyse du fragment de Pascal m'est précieuse à plus d'un titre et je vous en suis recconnaissant. Plusieurs éléments m'échappaient jusqu'à présent et je me suis sans doute trop attarder sur l'opposition duale opérée d'entrée de jeu par Pascal entre ces deux vertus. Oublions donc ma référence à Pascal qui n'a plus lieu d'être ici.
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Salut Bouddean, Juste une précision qui pourrait t'aider et sur laquelle je ne me suis pas étendu: lorsque tu cherches à établir des relations d'opposition complémentaire entre deux vertus, il convient de justifier pourquoi ces deux vertus se trouvent dans une relation duale. Par exemple, il est possible d'établir une relation duale entre COURAGE et PRUDENCE parce qu'on peut les définir de façon neutre en faisant intervenir un seul et même critère, en l'occurence celui de la prise de risque : COURAGE: Propension à prendre des risques PRUDENCE: Propension à ne pas prendre de risques Il y a donc à mener tout un travail de réflexion, parfois long et difficile, permettant de définir d'autres paires de vertus à partir d'un critère commun.
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Pour essayer de clarifier les choses et d'apporter des éléments que je n'avais jamais signalés à l'époque, cher D U, je te propose de partir de la matrice proposée par P. Franceschi. Tu noteras que les deux concepts duaux (ou expressions) qui sont situés au milieu de la matrice sont accompagnés d'un "0", car considérés comme neutres, c'est-à-dire purement descriptifs et nullement prescriptifs: 0 Propension à prendre des risques . Propension à ne pas prendre de risques 0 En revanche, dans les deux autres séries, les concepts sont accompagnés de signes "+" ou "-" selon qu'ils sont connotés méliorativement ou péjorativement, en tant que jugements moraux: + Courage . Prudence + - Témérité . Lâcheté - A ma décharge, je reconnais que si je remplace (- témérité) par (- Inhumanité), il va falloir modifier toute la matrice. Idem si je remplace (Prudence +) par (Patience +). Au final, je préfère conserver la traditionnelle dualité courage / prudence. Mais un problème subsiste à mes yeux dans le fait d'accorder la primauté à la notion de risque (et d'évitement du risque), alors que le courage sera aussi parfois la capacité à souffrir sans se plaindre et donc sans rapport avec cette notion de risque. De toute façon ce genre de matrice est forcément réductrice, donc à utiliser avec beaucoup de souplesse.
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Bonsoir Frod, Voici la citation de Pascal à laquelle je faisais référence: "Je n'admire point un homme qui possède une vertu dans toute sa perfection, s'il ne possède en même temps dans un pareil degré la vertu opposée : tel qu'était Épaminondas, qui avait l'extrême valeur jointe à l'extrême bénignité ; car autrement ce n'est pas monter, c'est tomber. On ne montre pas sa grandeur, pour être dans une extrémité ; mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux. Mais peut-être que ce n'est qu'un soudain mouvement de l'âme de l'un à l'autre de ces extrêmes, et qu'elle n'est jamais en effet qu'en un point, comme le tison de feu que l'on tourne. Mais au moins cela marque l'agilité de l'âme, si cela n'en marque l'étendue."
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Bonjour Bouddean, Ce schème de pensée consistant à opposer deux vertus est pratiquement absent de toute la philosophie dite "occidentale". Je ne l'ai rencontré qu'une fois chez Blaise Pascal et, plus tard, chez le philosophe français Paul Franceschi (philosophie analytique) qui en a fait un système de pensée encore plus sophistiqué (1) ! A noter qu' il s'agit là d'un mode de pensée typiquement chinois (taoïste) qui consiste à harmoniser des forces opposées mais complémentaires, selon le principe dynamique Yin Yang. Oui, le terme découragement évoque l'impatience, d'où la possibilité d'une opposition complémentaire entre courage et patience. Dans le même ordre d'idées, tu peux également chercher le vice potentiel pouvant se cacher dans une vertu, ou à l'inverse chercher la vertu potentielle qui se cache dans un vice. « Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés » (célèbre épigraphe aux Maximes de François de La Rochefoucauld, 1665) _______________ (1) A titre d'exemple, voici la matrice de concepts élaborée par P. Franceschi à partir du concept de courage versus prudence:
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Merci D U pour ces précisions concernant le rôle du cortex cingulaire antérieur, dont il n'est pas fait mention en effet dans le volume récapitulatif d'O. Houdé Comment raisonne notre cerveau (2023, 2e édit. mise à jour) que je me suis également procuré. Cet article de Pour la Science serait donc bienvenu dans mes archives ! Sur la question de l'accès à la conscience, cette étude de W. De Neys montre en effet que la zone de détection de conflit (cingulaire antérieur) était activée même lorsque les gens raisonnaient de manière stéréotypée. Et puis il y aurait aussi à découvrir et à tirer profit des multiples travaux du grand spécialiste de la "conscience d'accès" Stanislas Dehaene...
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Bonjour DU (encore moi ! ), Comment savoir avec certitude s'il y a "simplement et essentiellement réaction - de l'organisme psychosomatique - à des stimuli menaçants et/ou nocifs" ? Ne doit-on pas également prendre en compte le rôle de la fonction d'arbitrage S3 mise en évidence par Olivier Houdé et son équipe, étant donné que ces travaux portent précisément sur le raisonnement et la prise de décision ? Physiologiquement, cet « arbitre interne » agit au moyen de neurones qui sont capables d’envoyer des ordres inhibiteurs et/ou activateurs à S1 (système 1: raisonnement intuitif, hyper rapide et qui ne doute de rien) en introduisant une dose de doute lorsque la stratégie rapide s'avère erronée. La question que je me pose, c'est de savoir si, au moment où nous agissons, nous prenons conscience de l'envoi de ces ordres ayant la capacité d'inhiber les automatismes de pensée intuitifs et erronés. S'il n'en est rien, alors cette capacité d'envoyer des ordres d'une partie du cerveau à une autre ne peut qu'être éduquée en amont, bien avant de se trouver en situation réelle d'agir courageusement.
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(Suite ) Puisque j'ai tenté de remonter à l'essence du courage en tant que valeur guerrière, j'aimerais creuser davantage à partir d'une autre de tes bonnes intuitions, Ambre, portant cette fois-ci sur la question de la recherche d'un "certain équilibre faisant intervenir des contraires". Depuis Aristote, le courage a été considérée comme un sommet entre deux excès: témérité et lâcheté. Attardons-nous davantage sur cette notion de "témérité", toujours dans un contexte de guerre afin de mieux donner du poids aux mots et découvrir tout ce que ce terme peut recéler d'excès et d'hybris dans le comportement: rage, fureur, furie, acharnement, déchaînement, colère, haine, frénésie, fanatisme, folie, inconscience, barbarie, férocité, brutalité, cruauté, bestialité. L'excès de courage conduit au summum de l'inhumanité, au vice des vices. C'est le faux courage du salopard. Une façon originale / géniale de pousser beaucoup plus loin le juste milieu aristotélicien consisterait à faire intervenir des contraires, non pas en opposant deux vices (témérité et lâcheté), mais en opposant deux vertus. Quelle peut bien être la vertu opposée et complémentaire du courage ? Puisque nous venons de voir que l'inhumanité est le pire vice dans lequel on peut tomber par excès de courage, nous pouvons déduire aisément que la vertu d'humanité (bonté) est la vertu opposée et complémentaire du courage. Depuis Platon, nous savions déjà que le courage devait s'ouvrir aux "idées de justice, afin d'éviter que l'âme ne tombe dans une férocité un peu bestiale". Il y avait l'idée qu'un homme possèdant une vertu dans toute sa perfection, en l'occurrence le courage, ne pouvait être admiré que s'il possèdait en même temps une autre vertu permettant d'atteindre un certain équilibre. J'ai tenté, pour ma part, de montrer la nécessité de s'ouvrir aux idées d'humanité, terme pouvant englober plusieurs vertus dont celles de bonté, justice et rectitude. Tout un travail de réflexion en amont sur la notion de courage, basée sur le raisonnement et intériorisée en soi, est donc nécessaire. Je choisis librement, en amont, de me fixer à grands traits des limites à ne pas franchir (excès par manque ou par défaut). Au moment d'agir, vient s'ajouter un processus de délibération extrêmement rapide, voire fulgurant, associant intelligence de la situation, résolution de risquer (après évaluation ultime de la prise de risque et la prise de précaution, résultant à nouveau d'un choix libre) et émotion de peur. Pourquoi opposer émotion et raison, étant donné que l'évaluation cognitive joue un rôle déterminant dans le phénomène de l'émotion ? (cf. Traité de Psychologie des émotions, Psycho Sup).
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La question que je me posais, Ambre, c'était de savoir si la valeur dont il est question ici, en l'occurrence le courage, restait au fil du temps toujours la même (comme tu l'écrivais supra). Que la définition du mot courage ait pu évoluer, c'est évident - puisque tous les mots évoluent - mais pas au point, me semble-t-il, de signifier autre chose. Pour preuve, ton intuition de départ selon laquelle ce mot "courage" est galvaudé, dans notre société postmoderne, à un point tel que l'aspect hors norme, si caractéristique de l'action courageuse, s'en trouve complètement éludé. Cela tend à prouver que même si l'action courageuse est en forte baisse sur le marché des valeurs, elle n'en a pas disparu pour autant. Restée en veille dans nos esprits, elle ne demande qu'à être ravivée lorsque le contexte est favorable. A défaut de guerre - grande pourvoyeuse d'actions courageuses - la flamme continue malgré tout d'être entretenue deci delà en France depuis bientôt 80 ans, grâce à quelques belles actions d'éclat individuelles. Mais la demande de héros serait plus pressante, à n'en pas douter, si une nouvelle calamité venait à s'abattre sur le pays. Tel fut le cas avec la pandémie de covid où des milliers d'infirmières, engagées en première ligne, devinrent soudainement ces nouvelles héroïnes de l'ombre. Exit donc la part de virilité ayant pu servir à définir en partie et fort anciennement tout comportement courageux dans des sociétés patriarcales, faites par des hommes et pour des hommes. (Le mot "humble" vient également du latin humus, ce qui laisse à penser que "homme" est à prendre au sens de terrien, par opposition au dieux).
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Bonjour Ambre Agorn, Qu'est-ce qui prouve que cette valeur, le courage, aurait toujours été la même à travers les âges ? Plus on remonte dans le temps et plus on se rend compte que le comportement courageux était le principal comportement attendu des hommes afin de garantir la survie du groupe ethnique. Or, le courage était une vertu guerrière - donc une affaire d'hommes - parce que la guerre était un état permanent entre les différents groupes ethniques (cf. travaux anthropologiques de Pierre Clastres). Le courage était une affaire de virilité, demandant à la fois force physique et force d'âme. Nous sommes bien loin du sens actuel donné au mot "courage", n'est-il pas ? Ce constat est renforcé sur le plan linguistique. Que racontent les langues à propos du mot "courage" ? J'ai constaté que les mots "homme" et "courage" sont construits à partir d'une seule et même racine lexicale, dans de très nombreuses langues d’Europe, d’Afrique, du Caucase, d’Asie du Sud. En clair, il n'existe dans ces langues qu'un seul mot pour dire aussi bien "homme" que "être courageux". Etre un homme, c'était par excellence être courageux. Le courage était donc la valeur suprême, celle qui définissait le mieux la conduite attendue d'un homme, à savoir surmonter ses peurs et être préparé à risquer sa vie pour le groupe. C'était la valeur des valeurs, la vertu des vertus (le mot "vertu" étant issu du latin virtus, lui-même formé sur vir "homme"; cf. français "virilité").
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L'étymologie de l'espagnol matar "tuer" est discutée, même si une origine latine semble la plus probable (en ce cas, rien à voir avec les origines perses ou arabes). Selon Corominas, du latin vulgaire *mattare "battre, frapper", dérivé de mattus "stupide, idiot, abattu, abattu, ivre, qui a le vin triste" (a donné matto en italien). Dans le Pichot Tresor, j'ai trouvé le provençal mata "abattre, mater, mortifier les plantes"; mata, matado "humilié, navré, confus, forni, pécunieux".
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1er années et deuxiéme années universitaire de philosophie :)
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Athéna06 dans Philosophie
Merci beaucouip Athena pour cet effort louable de lisibilité. J'ai noté ta double interrogation à propos de la quête du bonheur et de l'impératif catégorique: Peut-on véritablement parler d'impératif "catégorique" si on y gagne en bonheur ? Si j'agis uniquement par devoir et seulement par respect pour la loi morale, toutes autres considérations telles que la satisfaction personnelle, voire une quelconque espérance de joie finale ou de bonheur (dans l'au-delà) en récompense de tant d'efforts moraux, me semblent totalement rédhibitoires. La seule idée - pouvant me traverser l'esprit - que je puisse y gagner quelque chose, même malgré moi, ne suffit-elle pas à faire de cet impératif catégorique un impératif hypothétique ? Mais quand bien même j'y gagnerais en bonheur, une autre question semble se poser au préalable quant à l'applicabilité de la morale kantienne : dois-je dire la vérité à une personne dont je connais pertinemment les mauvaises intentions ? Accusant le rigorisme kantien, Benjamin Constant imagine le scénario suivant : « Un assassin traque un ami que vous hébergez chez vous. Le meurtrier demande s'il est caché dans votre maison. L'impératif catégorique vous ordonnant de dire la vérité en toutes circonstances, vous acquiescez. » Cela ne nous conduit-il pas à toujours réfléchir aux conséquences de nos actes avant de parler ou d'agir ? -
1er années et deuxiéme années universitaire de philosophie :)
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Athéna06 dans Philosophie
Bonjour Athena, S'il s'agit d'un simple problème de maîtrise de la syntaxe et de l'orthographe, et non d'un problème de trouble du langage (trouble dys), ne devrais-tu pas néanmoins prendre davantage au sérieux le problème bien réel de lisibilité que cela pose à tous ceux qui te lisent ? Car, comme tu peux le constater dans ce topic, tous les posts portent sur ton orthographe, sur des questions de forme et non pas, pour l'instant, sur le fond (Descartes ou Spinoza). Même si tu effectues actuellement une remise à niveau en français, mais que tu souhaites tout faire pour orienter l'esprit de tes lecteurs seulement sur des questions philosophiques, alors ne pourrais-tu pas provisoirement utiliser un correcteur d'orthographe et de grammaire gratuit, tel que Reverso (https://www.reverso.net/orthographe/correcteur-francais/). Avec ce logiciel, tu n'as droit qu'à 40 essais gratuits hélas ! Ce qui me surprend beaucoup en te lisant dans d'autres topics, c'est de constater que tu fais parfois des phrases très longues, ponctuées de virgules mais jamais de points ni points-virgules. Tu aurais donc tout à gagner à découper une phrase trop longue en plusieurs petites phrases courtes suivies chacune d'un point - chaque nouvelle phrase devant commencer par un mot avec majuscule. Donc il conviendrait de revoir d'urgence les règles élémentaires de la ponctuation. Rien que ces petites recettes devraient déjà permettre à ton lecteur, et à toi-même d'ailleurs, de respirer véritablement et d'embrasser ainsi le souffle de ta pensée. -
1er années et deuxiéme années universitaire de philosophie :)
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Athéna06 dans Philosophie
"Attention, un dysfonctionnement dans le cerveau ne veut pas dire déficit d'intelligence. Une personne avec un trouble dys a une intelligence normale. Dans le cas de la double exceptionnalité, elle a même une intelligence supérieure." (https://www.rayuresetratures.fr/les-troubles-dys/#:~:text=Attention%2C un dysfonctionnement dans le,a même une intelligence supérieure.) -
Il existe aussi un terme équivalent: palatisation, peut-être plus simple, donc le verbe "palataliser les consonnes T et D". Pour ma part, j'ai été sensibilisé à ce phénomène de palatisation des consonnes T et D il y a plus de 40 ans de ça ! Je connaissais une jeune marseillaise d'origine algérienne qui prononçait T comme TCH et D comme DJ de façon extrêmement marquée.
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Erreur.
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Mais non, Menon, rassure-toi , le terme affrication est un terme technique en phonétique articulatoire qui n'a rien à voir avec le mot africanisation. affriqué, du verbe affriquer, emprunté du latin AFFRICARE, signifiant « frotter contre ». Cet article est publié dans Libé, et l'auteure est présentée comme "linguiste progressiste", et curieusement aucune considération ethnique, ce qui d'ailleurs est à mes yeux une aberration, car on pourrait (et l'on devrait, bien évidemment) rentrer dans des considérations ethniques, sans pour autant faire la moindre discrimination puisque la socio-linguistique en l'occurrence est une science descriptive/explicative et non pas normative.
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Bonjour, Cette sensation n’est-elle pas étrange parce qu’elle nous sort de notre vie ordinaire et routinière ? Le coup de foudre, par exemple, n’a-t-il pas pour effet de me faire découvrir un autre moi-même, infiniment plus grand et rayonnant grâce à l’éveil de tous mes sens et au surgissement de mille émotions nouvelles ? En allant au bout de moi-même, je fais cette expérience unique de la plénitude de moi-même et je sais désormais que ce nouveau moi transcendé est séparé de l’ancien moi par un abîme. Si d’aventure cet état amoureux venait à prendre fin, cela signifierait faire l’expérience de la perte de ce nouveau moi, avec pour seule consolation la nostalgie de la plénitude perdue, doublée de celle de la continuité perdue. En effet l’amour partagé avait réalisé le tour de force de me sortir - et de sortir l’être aimé - de l’isolement de notre individualité respective, chaque humain étant séparé de tous les autres par un abîme. D’où le désir, en cas d’échec, de retrouver alors cette continuité perdue, comme le décrira si bien Georges Bataille: « Nous sommes des êtres discontinus, écrit-il dans L’érotisme, individus mourant isolément dans une aventure inintelligible, mais nous avons la nostalgie de la continuité perdue. Nous supportons mal la situation qui nous rive à l’individualité de hasards, à l’individualité périssable que nous sommes. En même temps que nous avons le désir angoissé de la durée de ce périssable, nous avons l’obsession d’une continuité première, qui nous relie généralement à l’être » (Hey, Dompteur, si tu me lis, j’ai retenu tes conseils de lecture de G. Bataille ! ). Dans le même ordre d’idées, pour Hegel et Jean-François Lyotard, s’il y a besoin de philosopher, c’est également parce que l’unité est perdue. L’origine de la philosophie, c’est la perte de l’un, c’est la mort du sens, c’est attester la présence du manque par la parole. « Pourquoi philosopher ? Parce qu'il y a le désir, parce qu'il y a de l'absence dans la présence, du mort dans le vif ; et aussi parce qu'il y a notre pouvoir qui ne l'est pas encore ; et aussi parce qu'il y a l'aliénation, la perte de ce qu'on croyait acquis et l'écart entre le fait et le faire, entre le dit et le dire ; et enfin parce que nous ne pouvons pas échapper à cela : attester la présence du manque par notre parole. En vérité, comment ne pas philosopher ? » (Jean-François Lyotard, Pourquoi philosopher ?) Fascination et émerveillement semblent obéir pareillement à la séduction, de manière imprévisible et foudroyante, en réponse à un objet privilégié qui n’a de cesse d’alimenter le désir brûlant. A condition de se tenir prêt à s’émerveiller, à recevoir et à donner toujours davantage, à s’ouvrir à ce qui vient et à la spontanéité de nos émotions. Et le souvenir de fascinations passées peuvent encore nous émouvoir, nous mettre en mouvement, mû par la promesse de revivre la beauté de ces instants magiques avec la satisfaction de se trouver face à quelque chose de supérieur. Fascinations horribles aussi, parfois, pouvant générer une forme d’angoisse, de vertige, devant ce qui nous dépasse. Notons enfin que coup de foudre rime avec étonnement (du latin attonare, qui signifie littéralement “frapper par la foudre”). Or, l’étonnement suscité par le réel n’est-il pas le sentiment déclencheur de l’attitude philosophique depuis l’Antiquité ? N’est-ce pas l’étonnement, et en quelque sorte une absolue connexion avec la source de notre étonnement, qui appelle le questionnement et la remise en question du monde de représentations qui m’entoure ? Pourtant, paradoxalement, cela n’a pas empêché l’avènement d'une philosophie hyper-rationaliste qui, oublieuse de cet état de grâce (comme indiqué par Crabe_fantome), suppose que la naissance des passions ne devrait avoir aucune emprise sur notre façon de penser.
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Apologie de la langue française !
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Blaquière dans Langue française
Bon sang, mais c'est bien sûr ! Comme quoi, l'emploi de seulement quelques phrases claires et distinctes aura suffi à m'ôter le mal de tête que j'ai attrapé hier en essayant de déchiffrer ton post d'introduction, cher Blaquière. C'est donc une lecture phonosymbolique (ou étude du symbolisme phonétique) des termes assassinat et assasination qui t'a conduit à vanter les mérites de la langue française, à partir de cet exemple "parlant" et bien trouvé en effet. J'aurais dû garder à l'esprit que l'auteur de ce topic était poète. Tel Du Bellay et sa Deffence et Illustration de la Langue Francoyse. Au temps pour moi ! Et merci à toi -
Apologie de la langue française !
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Blaquière dans Langue française
Il est intéressant de noter que ce thème du Vieil Homme de la Montagne a été repris par 5 troubadours "provençaux" (= ensemble des parlers d'oc), d'après l'étude de Frank M. Chambers "The Troubadours and the Assassins". Le terme assassin était employé métaphoriquement pour exprimer la "fidélité aveugle" de l'amoureux à l'égard de la bien-aimée. Parmi ces troubadours, Aimeric de Peguilhan (toulousain) a écrit, dans son poème Pos descobrir mi retraire : Car mieills m'avetz ses doptanssa, Qe • l viells l'Asasina gen, (Source: https://www.jstor.org/stable/2909564?origin=crossref article complet payant) -
Apologie de la langue française !
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Blaquière dans Langue française
Salut Blaquière, tous mes voeux Je ne suis hélas pas parvenu à trouver un lien logique entre 1/ le fait de constater que le français "assassinat" se dise assassination en anglais et 2/ le fait d'en venir à ouvrir un topic sur l'apologie de la langue française. PS: Je sais que je suis lent à la détente, et j'en suis parfaitement conscient. Mais je tiens à dire le fond de ma pensée avant de m'éclipser un nouvel fois de ce forum: cela m'énerve et m'attriste de plus en plus de passer un temps fou sur ce forum à chercher ce que peuvent bien vouloir dire tel ou tel forumeur, faute d'expressions verbales claires et distinctes de leur part (phrases avec sujet, verbe, complément). Comment échanger des idées si chacun est à bloc dans son truc sans faire l'effort de se mettre à la place de celui qui va le lire ? -
Cher Déjà, Dans le contexte mondial des monstruosités humaines, toujours plus concrètes, comment ne pas être pris dans les mailles du désespoir ? Paradoxalement, n’est-ce pas, au contraire, l’occasion privilégiée de s’orienter vers l’impossible (oui, l’impossible !), à la rencontre de quelque chose d’infiniment supérieur, de sublime, qui soit capable de rivaliser avec le mal incurable de l’humanité ? Comment faire de ma vie une oeuvre d’art, et ce faisant, faire de la vie - le contexte des contextes -, une oeuvre d’art ? Sans nier que le sublime de l’esthétique shopenhaurien puisse être un remède à la souffrance, je plaide aussi et surtout en faveur du retour du sublime de l’éthique sous forme d’un impératif proche de celui de Hans Jonas, mais étendu à l’ensemble des êtres vivants et à l’environnement qui est source de vie : « Agis en sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence de la vie et de l’écosystème planétaire ». En clair, travailler à déplacer des montagnes, aussi bien celles des égoïsmes sacrés des nations et des grandes sociétés multinationales, que celles de certains de nos affects potentiellement dévastateurs ! Misons tout sur notre reste d'empathie animalière pour tordre le cou au dilemme du hérisson shopenhaurien ! Je reste bien conscient de la part d'utopie d’une telle éthique en exercice, puisqu’il s’agit de se mettre au service d’un concept élargi de soi, à visée universaliste, et d’accepter en contrepartie les coupes partielles faites sur soi et sa propre culture. En guise de carte de voeux (et avant de m’éclipser à nouveau de ce forum), voici une oeuvre d’ « art action » réalisée par un collectif d’artistes chinois, intitulée « Ajouter un mètre à une montagne anonyme ». Cet art en exercice, qui m'émeut profondément, dépasse les limites artistiques et entre dans le champ de l’éthique et du politique. Ethique du sublime à la hauteur de l’état actuel du monde ! Tous les petits chinois connaissent le mythe du vieux fou Yugong, capable de déplacer des montagnes. Il faut savoir en outre que dans le confucianisme, il n’y a pas de corps individuel, car il appartient toujours au collectif. Pas plus qu’il n’y a séparation entre le corps et l’esprit dans la tradition chinoise : PS: Bien noté ton programme futur de lectures. J’avais découvert les travaux d’Olivier Houdé en lisant son essai « Le raisonnement » (2014, Collection Que sais-je ?) où il était déjà question de la fonction inhibitrice du Système 3. Régale-toi ! Cordialement, Tison
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vous préférez auteure ou autrice ?
tison2feu a répondu à un(e) sujet de Ximène dans Langue française
C'est en effet l'occasion de rappeler aux jeunes générations que la norme était "auteur" depuis des décennies, et les termes "autrice" et "auteure" étaient quasiment inexistants ! (Même si "autrice" avait existé en français de la Renaissance). Il se pourrait que, sous la pression féministe, le mot "autrice" ait fait quelques percées dans les médias vers les années 2010, son usage étant qualifié de "rare" par mon Petit Robert de 2010. Lorsque ce terme est glissé en 2012 dans le titre d'un article sur le site Le Monde, cela suscite l'hilarité et la stupéfaction de nombreux lecteurs. -
Parmi les traits distinctifs évidents de l'humanité actuelle, le paléanthropologue mentionne à juste titre le langage articulé dont l'origine est "difficile à dater, car ni le son ni les organes pour l’émettre ou le percevoir, comme la langue ou le cerveau, ne se fossilisent." C'est grâce à l'usage d'une langue à part entière - et non plus seulement de langages rudimentaires extrêmement limités - que l'homme va pouvoir transmettre de génération en génération son savoir, ses découvertes et notamment chaque nouvel acquis technologique, pour le meilleur (progrès de la médecine) et pour le pire (destruction de l'éco-système parce que l'humanité ne parvient plus à maîtriser l'usage de ses propres outils technologiques).