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Reo

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Billets posté(e)s par Reo

  1. Reo
    Dans tout ce qui précède, j’ai traité du stress selon la définition du dictionnaire : «Ensemble de perturbations biologiques et psychiques provoquées par une agression quelconque sur un organisme », le terme « agression » étant pris dans le sens d’une atteinte à l’intégrité de l’individu.
    Une acception courante, notamment dans les milieux du sport et du spectacle (mais pas que…), consiste à le définir comme une pression qui permet à la personne concernée de se concentrer à la poursuite d’objectifs préalablement convenus. Le « bon stress »,en somme.
    La différence entre les deux notions est flagrante : dans le second cas, le dessein est clairement défini et son acteur en garde la conduite en contrôlant ses émotions et ses décisions, tandis que dans le premier, l’agression subie par l’individu du fait d’une tension excessive provoque la perte des repères nécessaires pour former et/ou accomplir son projet.
    Dans notre monde complexe de dépendances mutuelles, où il est très difficile de conserver le contrôle de ses projets, ce cas-là, de loin le plus répandu, s’alimente en permanence de l’autre.
    État de dépendance, déséquilibre, conflits non résolus :
    C’est ce qui caractérise l’installation du stress chez une personne, à son corps défendant : tout ce qu’il faut pour entraver un développement, pour ruiner une carrière, pour abréger une existence.
    C’est également le constat, rappelé dans le billet précédent, à propos de la situation mondiale aujourd’hui.
    S’il est bon de se confronter régulièrement à une réalité qui résiste, afin d’en sortir le mieux armé pour les combats qui vous attendent, est-il pour autant judicieux de demeurer en permanence sur le pied de guerre ?
    C’est pourtant ce à quoi nous nous astreignons collectivement et individuellement _ mécaniquement _ dans la démarche exclusivement compétitive _ rarement remise en question _ dans laquelle nous concevons, et tentons d’assurer, notre développement. Mais ce dernier implique la cohésion, par conséquent l’équilibre de l’organisation qui nous implique dans ce projet _ avec ou sans notre adhésion.
    Comment assurer cet équilibre ?
  2. Reo
    Dans ce blog, sont successivement évoquées:
     - l’agressivité en tant que dynamisme,
     - l’intelligence comme faculté d’orientation,
     - l’adaptation comme condition de développement,
     - l’organisation, associant intelligence et dynamisme, comme outil de l’adaptation.
    Puis les deux pôles du développement :
     - la conquête par l’accumulation des techniques,
     - la construction par la multiplication des relations.

    La gouvernance mondiale entre ces deux exigences :
     - pour faire face à la crise globale,
     - parer les menaces,
     - résoudre les conflits,
    a pour rôle de coordonner l’ensemble des activités afin de les harmoniser.
    Ce rôle doit être déterminé
     - par sa légitimité,
     - par la souveraineté qui lui est spécifique,
    dans le respect des souverainetés respectives identifiées et répertoriées.
    Il existe déjà des autorités supranationales ou transnationales susceptibles de fournir des modèles (voir note plus bas) de gouvernance :
    Europe, ONU et filles, ONG, entreprises multinationales.

     Comment sortir des crises et apprendre à les éviter.

    Des besoins aux objectifs, du particulier au collectif, de la spécialisation à la coordination.
     L’économie cloisonnée et doublonnée par la notion de concurrence. Ses limites.
     Une économie ouverte sur la notion de prestation de services.
    L’adaptation dans la durée. Croissance et crises comme étapes du développement.
     Le quantitatif et le qualitatif. Les repères. L’orientation et les choix. Lucidité et confiance.
     Une esquisse de constituante de gouvernance mondiale. Le besoin de cohésion.

    Le déséquilibre de l’économie par la compétition et ses conséquences observées.
     Défaut d’organisation plus que volonté d’affrontement.
     En revoir le fonctionnement à la base.
     - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
    Note : dans le sens de "patron" (du tailleur, de la couturière) ou de l'anglais pattern
     
  3. Reo
    L’ébauche d’analyse entreprise dans ce blog n’est pas développée dans une approche basée sur des normes ou des principes moraux mais dans un contexte «naturaliste».
    En effet, plutôt que d’en appeler, pour assister une société humaine en situation critique, à la morale avec ses préceptes _ voire ses tabous _ la question est de s’interroger sur sa vitalité et ses ressources, face à une crise qui l’affecte dans sa globalité.
    C’est la raison pour laquelle, par exemple, l’usage dans ces commentaires, des mots : «liberté», «égalité», «équité», «droit/devoir», ou bien encore : «solidarité», «partage», fait généralement place à celui de termes tels que : «autonomie», «équilibre», «besoin/exigence», «interdépendance», «coopération», qui recouvrent des concepts plus directement liés à la notion de développement.
    Il y a donc un fil à suivre, des repères à trouver. Sans doute aussi, des convergences avec la morale commune, si l’on veut bien admettre qu’aux racines ancestrales de celle-ci se trouve, très probablement, ce qu’on pourrait appeler l’instinct de conservation de l’espèce (ou du «genre humain»)
  4. Reo
    Avant de poursuivre, je reviens sur la "guerre économique" (pour autant que les deux mots, ou les deux concepts, puissent être associés), impliquant le surcroît d'activité à consentir pour conquérir la suprématie, ou simplement tenter de se maintenir coûte que coûte la tête hors de l'eau.

      Tout bien considéré sous cet angle, dans tout emploi, public ou privé, administratif ou opérationnel, tous secteurs et toutes corporations confondues, une proportion importante de productions _ services ou articles _ ne présente, à vrai dire, une réelle pertinence que dans la garantie d'une partie des revenus de la population, et pour la plupart des gens _ dans l’emploi ou pas _ tout un spectre de nuisances allant de l'inconfort durablement ressenti à la nocivité _ contestée ou reconnue. Je noircis le trait ?

     Dans une conception "bipolaire" de la société, par exemple "prolétaires" contre "nantis", le problème n'est déjà pas simple à traiter, puisque cette manière manichéenne de voir les choses, à amplifier les crispations et raviver les plaies, perpétue les conflits en versant continuellement "de l'huile sur le feu".
    Mais l'on se rend bien compte aujourd'hui que cette approche est insuffisante, car, en fonction des créneaux, ce ne sont pas toujours les mêmes "privilégiés", les mêmes "déshérités", encore que privilèges et déshérences puissent (et peuvent effectivement) se trouver cumulés par des individus, ou des groupes, dans des situations ou des circonstances spécifiques qui perdurent _ et pas si rares, dans cette deuxième décennie du troisième millénaire.

    Dans la recherche de solutions, la quête de "coupables" devient une gageure, et a toutes les chances de s'avérer inadéquate, tant il apparaît indispensable, selon moi, de mener une analyse pour redéfinir les responsabilités mises en cause afin d'en rééquilibrer les attributions.
  5. Reo
    Il y a aujourd’hui quelque chose qui ne fonctionne pas dans l’échange. Reste à savoir d’où proviennent les déséquilibres et pourquoi ils s’installent. Pour cela, il est nécessaire de découvrir en quoi les différentes stratégies de développement en sont venues à se contrarier.
    Essayons de partir d’un exemple pour entreprendre cette analyse.
    Pourquoi fabriquer (par exemple) des voitures ?
    - pour les utiliser au quotidien : pour se déplacer, pour le travail et/ou les loisirs.
    - pour les vendre : pour les revenus (profit, salaires), pour la croissance, pour l’emploi.
    Demande et offre, en vue d’une satisfaction mutuelle.
    Ce qui est vrai pour les voitures l’est également pour un très grand nombre de produits et de services….

    D’une part, les consommateurs, ménages ou collectivités, recherchent un équilibre budgétaire dans la répartition des postes de dépenses :
    - plus le niveau de vie est élevé, plus importante pourra être la part réservée aux loisirs, à l’épargne, à l’investissement,
    - part devenant au contraire très faible lorsque les revenus sont au plus bas : dans ce cas, les dépenses au poste «voiture», dans la mesure où on ne peut s’en passer sans mettre son emploi en péril, sont réduites à l’indispensable et le délai de renouvellement du véhicule est repoussé au maximum; la part réservée aux besoins de logement, aux charges, à la nourriture et à la santé, devient prépondérante.
    D’autre part, en entreprise, on recherche le plus grand profit, dont le facteur capital est le volume des ventes :
    - plus on vend d’articles ou de services dans chaque créneau donné, plus on réalise de bénéfices, ceci afin d’assurer la pérennité de l’équilibre économique de la firme, du groupe et des régions d’implantation; et au-delà, son expansion;
    - mais dans la mesure où, dans des secteurs de plus en plus nombreux, il s’avère difficile _ en raison de la pression d’offres concurrentes et/ou de l’insuffisance relative de solvabilité de la demande _ de conquérir des parts de marché supplémentaires, il est quasiment impératif d’inciter les acheteurs à adopter des délais de renouvellement de plus en plus courts.
    Mais : plus élevé le rythme des achats, plus restreint le nombre de clients, la capacité à suivre la cadence étant conditionnée par la possibilité d’acheter _ par le niveau du pouvoir d’achat.
    L’incitation par la publicité va donc cibler en priorité les fractions les plus aisées de la clientèle. Comme, en consommation courante, ces dernières sont déjà pourvues à satiété et que les autres, pourvues ou non, ne renouvelleront leurs achats qu’à un rythme insuffisant pour procurer assez de marge, les autres marchés _ ceux du loisir, de l’accessoire et du prévisionnel _ vont être de plus en plus sollicités, avec une escalade continuelle vers la nouveauté, mais en même temps, toujours au moindre coût, pour éviter la perte de bénéfices et de compétitivité, synonyme de recul.
    D’où une tendance persistante à la limitation, voire à la diminution de la masse salariale (licenciements, temps partiels, CDD, moindre rémunération…), avec comme effets, de restreindre encore le potentiel d’achat d’une fraction croissante de la population. Par ailleurs, les services de base, les créneaux de consommation courante, limités par nature en volume solvable (rapporté à la durée d’un exercice), ne sont plus assez rentables pour ce qu’ils coûtent : ils sont donc _ logiquement _ contingentés ou délaissés, et/ou sous-traités à des entreprises moins bien armées, qui dès lors luttent pour leur survie. Il ne reste alors à ces dernières que de réduire encore les coûts, aggravant le chômage et la précarité des emplois, diminuant d’autant la solvabilité de la demande.
    Ainsi, l’éventail des prestations offertes se trouve-t-il progressivement écarté des besoins courants _ qui correspondent à une demande globalement limitée en solvabilité _ pour être réorienté vers des marchés susceptibles de soutenir une croissance, dès lors qu’ils garantissent aux fournisseurs la poursuite de leurs propres objectifs.
    De fait, il apparaît que l’équilibre comptable de toute entreprise ne puisse être désormais assuré, dans le contexte d’une offre toujours supérieure à la demande (solvable), qu’en s’efforçant de vendre toujours plus, à des prix qui doivent rester compétitifs, donc de dépenser toujours moins : aussi ce dernier impératif, même lorsqu’il entre en conflit avec des besoins de services, individuels ou collectifs, a-t-il tendance à devenir prioritaire.
    Tout semble se passer comme si, aux objectifs de services que s’étaient initialement assignés les populations et leurs gouvernements, en s’appuyant sur la finance comme moyen, s’étaient, en fin de compte, substitués les objectifs financiers : en particulier, toutes les entreprises _ et autres personnes morales _ doivent à présent obéir en permanence à une même exigence de «déficit interdit», impliquant la recherche incessante d’un profit maximal; ce qui confine leur statut à celui d’auxiliaires de ladite exigence, minimise en conséquence leur fonction institutionnelle de service, et de ce fait, entrave leur progression _ et la nôtre ! _ vers une véritable autonomie.
    En conséquence, l’adaptation des prestations de services à la satisfaction des besoins humains ne paraît plus, à l’heure actuelle, devoir être réalisée, voire envisagée, que dans la mesure où, non seulement ces prestations permettent de préserver les profits _ comme sources de tous les revenus _ et là est le problème _ mais doivent désormais être, avant tout, conçues comme le moyen de les pérenniser, fût-ce en renonçant, le cas échéant, à satisfaire les besoins basiques.
    Ce qui pourrait expliquer que,

    . d’un ajustement naturel de la production de produits et de services à leur consommation, l’offre se contentant de suivre la demande, ou au moins de l’anticiper avec mesure,
    nous ayons peu à peu évolué, pour tenter de garantir, coûte que coûte, l’ensemble des revenus sous la pression de la concurrence,

    . vers un développement mal contrôlé de la production entraînant, jour après jour, le détournement systématique de la consommation
    - d’une part, vers des situations de pénurie, génératrices de sous-équipement et de précarité, dans les secteurs (logement, santé, éducation, sécurité…) délaissés pour cause de moindre rentabilité _ par défaut de solvabilité des besoins de base d’une proportion croissante de consommateurs, particuliers ou collectivités (Etats compris) (*),
    - d’autre part, vers des situations de pléthore, génératrices de gaspillages de ressources et d’énergie _ ainsi que de pollutions _ dus à une compétition sévère dans la recherche de créneaux et de parts de marché, pour conquérir des clientèles solvables, de plus en plus sollicitées de par leur raréfaction (**).
    Outre ces inconvénients, le découplage entre les besoins de services et les objectifs de revenus n’a cessé de faire apparaître des incompatibilités de plus en plus nombreuses et profondes dans leur poursuite conjuguée, ce qui constitue un sérieux handicap pour toute gouvernance
    - fondée en principe sur la synthèse et l’équilibre des diverses exigences,
    - appuyée en pratique sur la prévision et le contrôle,
    en ce qu’il rend totalement aléatoires les effets des mesures entreprises et le succès des projets adoptés.
    -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -  -
    (*) défaut de disponibilité de prestations basiques : offre en diminution constante ou croissante pour cause d'insuffisance de rentabilité;
    (**) défaut d'accessibilité aux prestations non basiques : demande en diminution pour cause de raréfaction de la clientèle solvable.
     - Ainsi l'offre et la demande sont-elles amenées à se rencontrer de moins en moins, en qualité comme en quantité -
  6. Reo
    Le stress répond à une souffrance, liée à une accumulation, brutale ou progressive, de contraintes physiologiques et mentales dans notre vécu, ou à leur mauvaise gestion, sous la pression de l'environnement, de la société.
    Ce peut être le cas lorsque se présente un obstacle à la réalisation d'une décision, ou que pèse une menace sur l'intégrité de notre personne, sur notre avenir, matériel ou affectif.
    Une importante dépense d'énergie devient alors nécessaire pour se libérer si possible de contraintes conflictuelles; mais le plus souvent, elle se consume dans des efforts de neutralisation pour tenter de rétablir ou de maintenir un équilibre provisoire; en fait, un arbitrage effectué dans l'urgence compromet généralement la satisfaction des exigences biologiques et/ou la réalisation des projets envisagés; de même, pour anticiper de probables situations de stress. Ainsi, consciemment ou non, des perturbations sont provoquées, des dommages subis; si le déséquilibre persiste, c'est la crise, le conflit n'ayant pas été résolu.
    A l'origine du stress se trouve la crainte de l'inconnu, de ce qui échappe à notre expérience _ en fait, de ce qui peut se produire _ maintenant ou plus tard. En animal évolué, pour s'y préparer, l'être humain se sert de sa mémoire. Nous avons, de plus, la faculté de nous donner des objectifs pour répondre à nos besoins, et de les redéployer au vu de la diversité des situations rencontrées. En tant que facteur d'adaptation, la qualité de cette gestion de notre conduite repose donc sur la diversité des choix qu'elle peut nous offrir.
    Dit autrement : notre niveau d'autonomie est directement lié à l'équilibre que, dans l'immédiat ou dans la durée, nous serons amenés à maintenir entre les contraintes vécues.
    A l'inverse, lorsque l'on ne parvient pas à préserver cet équilibre, s'installe une perturbation, émotionnelle ou physiologique : le doute efface le sentiment de sécurité quant à la satisfaction prochaine de besoins biologiques et relationnels. Notre adaptation n'est plus suffisante, nous perdons de l'autonomie, c'est un recul pouvant conduire à une régression. Celle-ci intervient dès lors que la seule alternative qui se présente à nous est
    - soit d'investir notre énergie vitale _ notre "agressivité" _ dans la violence, contre soi-même ou l'entourage (l'escalade),
    - soit de consacrer ce qu'il nous en reste à une addiction (le repli sur soi).
    Comment minimiser ou harmoniser les contraintes ? Sans doute en les analysant pour ensuite les restructurer _ si on en a le temps et les moyens _ grâce à un judicieux redéploiement de nos options, à un réajustement lucide de nos objectifs. Sinon, il faudra rechercher des compensations, c'est-à-dire des approximations qui permettront d'en différer les effets nuisibles, ou au moins de les atténuer, afin de se donner ce temps et de se procurer ces moyens.
    Cependant, comme il s'agit, presque toujours, de modifier des comportements, des situations qui ne dépendent pas uniquement de la personne stressée, la difficulté de l'opération est telle qu'on en reste généralement à ce type de compromis, lequel a bien souvent tendance à se fragiliser avec le temps.
    Il n'est donc pas rare que nous ayons recours au déni, attitude qui consiste, pour préserver nos choix _ alors même que nous les pressentons précaires _ à rejeter certaines contraintes, à en reporter la pression sur notre environnement, faisant ainsi l'économie d'un examen mieux approfondi.
    Avec l'espoir, souvent fallacieux, de maintenir un «statu quo» en deçà de la limite du stress.
    Il est évident que la généralisation de cet expédient commode contribue grandement à multiplier les contraintes superflues : de là, une intensification des situations de stress, avec des risques croissants de ruptures d'équilibres se traduisant par des violences accrues.
    A n'en pas douter, vu la diversité de leurs objectifs et des contraintes inhérentes à leur poursuite, ce schéma s'applique aussi, dans son intégralité, aux communautés, aux institutions de toute nature et de tous statuts. A un monde stressé ….
    En effet le même processus de stress intervient lors du développement des sociétés humaines.
    La croissance et la multiplication des individus entraînent une augmentation exponentielle des relations qu'ils sont susceptibles d'entretenir entre eux, encore accrue par la diversité des situations et des réactions adaptatives.
    Comme à toute relation correspond un assortiment de contraintes dont les contours exigent d'être définis pour en assurer la viabilité _ et l'équilibre des parties prenantes _ il n'est pas surprenant que l'histoire de la civilisation abonde en confrontations destructrices, et que les épisodes mondialisés du XXe siècle aient réalisé l'amalgame entre toutes les formes prévisibles (ou non !) de déstabilisation de la personne et des institutions. Et continuent à faire école.
  7. Reo
    Tout comme la santé d’une personne, comme chacun sait, ne se juge pas simplement à son activité, le stress des populations peut être, à l’instar de la croissance, un marqueur pour qualifier le développement.
    Ainsi le niveau de développement, à côté de repères économiques, pourrait-il s’apprécier selon des critères propres à la personne et aux relations sociétales. Par exemple, la multitude et la gravité des conflits sociaux, des affrontements géopolitiques, ou la fréquence des suicides et des agressions, pourraient, à mon avis, apporter un complément utile à l’analyse de ce niveau.
    Si toutefois la notion de développement inclut la sécurité individuelle et collective.
  8. Reo
    lI y a donc aujourd’hui quelque chose qui ne fonctionne pas dans l’échange. Reste à savoir d’où proviennent les déséquilibres et pourquoi ils s’installent. Pour cela, il est nécessaire de découvrir en quoi les différentes stratégies de développement en sont venues à se contrarier.
    Essayons de partir d’un exemple pour entreprendre cette analyse.
    Pourquoi fabriquer (par exemple) des voitures ?
    - pour les utiliser au quotidien : pour se déplacer, pour le travail et/ou les loisirs.
    - pour les vendre : pour les revenus (profit, salaires), pour la croissance, pour l’emploi.
    Demande et offre, en vue d’une satisfaction mutuelle.
    Ce qui est vrai pour les voitures l’est également pour un très grand nombre de produits et de services….
    D’une part, les consommateurs, ménages ou collectivités, recherchent un équilibre budgétaire dans la répartition des postes de dépenses :
    - plus le niveau de vie est élevé, plus importante pourra être la part réservée aux loisirs, à l’épargne, à l’investissement,
    - part devenant au contraire très faible lorsque les revenus sont au plus bas : dans ce cas, les dépenses au poste «voiture», dans la mesure où on ne peut s’en passer sans mettre son emploi en péril, sont réduites à l’indispensable et le délai de renouvellement du véhicule est repoussé au maximum; la part réservée aux besoins de logement, aux charges, à la nourriture et à la santé, devient prépondérante.
    D’autre part, en entreprise, on recherche le plus grand profit, dont le facteur capital est le volume des ventes :
    - plus on vend d’articles ou de services dans chaque créneau donné, plus on réalise de bénéfices, ceci afin d’assurer la pérennité de l’équilibre économique de la firme, du groupe et des régions d’implantation; et au-delà, son expansion;
    - mais dans la mesure où, dans des secteurs de plus en plus nombreux, il s’avère difficile _ en raison de la pression d’offres concurrentes et/ou de l’insuffisance relative de solvabilité de la demande _ de conquérir des parts de marché supplémentaires, il est quasiment impératif d’inciter les acheteurs à adopter des délais de renouvellement de plus en plus courts.
    Mais : plus élevé le rythme des achats, plus restreint le nombre de clients, la capacité à suivre la cadence étant conditionnée par la possibilité d’acheter _ par le niveau du pouvoir d’achat.
    L’incitation par la publicité va donc cibler en priorité les fractions les plus aisées de la clientèle. Comme, en consommation courante, ces dernières sont déjà pourvues à satiété et que les autres, pourvues ou non, ne renouvelleront leurs achats qu’à un rythme insuffisant pour procurer assez de marge, les autres marchés _ ceux du loisir, de l’accessoire et du prévisionnel _ vont être de plus en plus sollicités, avec une escalade continuelle vers la nouveauté, mais en même temps, toujours au moindre coût, pour éviter la perte de bénéfices et de compétitivité, synonyme de recul.
    D’où une tendance persistante à la limitation, voire à la diminution de la masse salariale (licenciements, temps partiels, CDD, moindre rémunération…), avec comme effets, de restreindre encore le potentiel d’achat d’une fraction croissante de la population. Par ailleurs, les services de base, les créneaux de consommation courante, limités par nature en volume solvable (rapporté à la durée d’un exercice), ne sont plus assez rentables pour ce qu’ils coûtent : ils sont donc _ logiquement _ contingentés ou délaissés, et/ou sous-traités à des entreprises moins bien armées, qui dès lors luttent pour leur survie. Il ne reste alors à ces dernières que de réduire encore les coûts, aggravant le chômage et la précarité des emplois, diminuant d’autant la solvabilité de la demande.
    Ainsi, l’éventail des prestations offertes se trouve-t-il progressivement écarté des besoins courants _ qui correspondent à une demande globalement limitée en solvabilité _ pour être réorienté vers des marchés susceptibles de soutenir une croissance, dès lors qu’ils garantissent aux fournisseurs la poursuite de leurs propres objectifs.
    De fait, il apparaît que l’équilibre comptable de toute entreprise ne puisse être désormais assuré, dans le contexte d’une offre toujours supérieure à la demande (solvable), qu’en s’efforçant de vendre toujours plus, à des prix qui doivent rester compétitifs, donc de dépenser toujours moins : aussi ce dernier impératif, même lorsqu’il entre en conflit avec des besoins de services, individuels ou collectifs, a-t-il tendance à devenir prioritaire.
    Tout semble se passer comme si, aux objectifs de services que s’étaient initialement assignés les populations et leurs gouvernements, en s’appuyant sur la finance comme moyen, s’étaient, en fin de compte, substitués les objectifs financiers : en particulier, toutes les entreprises _ et autres personnes morales _ doivent à présent obéir en permanence à une même exigence de «déficit interdit», impliquant la recherche incessante d’un profit maximal; ce qui confine leur statut à celui d’auxiliaires de ladite exigence, minimise en conséquence leur fonction institutionnelle de service, et de ce fait, entrave leur progression _ et la nôtre ! _ vers une véritable autonomie.
    En conséquence, l’adaptation des prestations de services à la satisfaction des besoins humains ne paraît plus, à l’heure actuelle, devoir être réalisée, ou même, envisagée, que dans la mesure où, non seulement ces prestations permettent de préserver les profits _ comme sources de tous les revenus, et là est le problème _ mais seraient avant tout conçues comme le moyen de pérenniser ces derniers, fût-ce éventuellement en renonçant à satisfaire les besoins basiques.
    Ce qui pourrait expliquer que,
    . d’un ajustement naturel de la production de produits et de services à leur consommation, l’offre se contentant de suivre la demande, ou au moins de l’anticiper avec mesure,
    nous ayons peu à peu évolué, pour tenter de garantir, coûte que coûte, l’ensemble des revenus sous la pression de la concurrence,

    . vers un développement mal contrôlé de la production entraînant, jour après jour, le détournement systématique de la consommation
    - d’une part, vers des situations de pénurie, génératrices de sous-équipement et de précarité, dans les secteurs (logement, santé, éducation, sécurité…) délaissés pour cause de moindre rentabilité _ par défaut de solvabilité des besoins de base d’une proportion croissante de consommateurs, particuliers ou collectivités (Etats compris),
    - d’autre part, vers des situations de pléthore, génératrices de gaspillages de ressources et d’énergie _ ainsi que de pollutions _ dus à une compétition sévère dans la recherche de créneaux et de parts de marché, pour conquérir des clientèles solvables, de plus en plus sollicitées de par leur raréfaction.
    Outre ces inconvénients, le découplage entre les besoins de services et les objectifs de revenus n’a cessé de faire apparaître des incompatibilités de plus en plus nombreuses et profondes dans leur poursuite conjuguée, ce qui constitue un sérieux handicap pour toute gouvernance
    - fondée en principe sur la synthèse et l’équilibre des diverses exigences,
    - appuyée en pratique sur la prévision et le contrôle,
    en ce qu’il rend totalement aléatoires les effets des mesures entreprises et le succès des projets adoptés.
  9. Reo
    le  25 /05/2011
    Panorama du blog
     Impressions sur la marche du monde d'aujourd'hui.

     Le monde de l'être humain qui se referme sur lui-même :
    la mondialisation, celle qu'on voit par le prisme économique et celle qui va, dans le sillage de l'évolution millénaire, vers quelle destination ?

     Au fil de mes billets, j’ai tenté de comprendre le pourquoi d’une crise impliquant le monde dans son ensemble, qui lèse de nombreux acteurs économiques et humains et accumule des menaces de toute nature sur leur _ sur notre _ cadre de vie. Ce faisant, je me suis aidé en utilisant un artifice _ mais n’est-ce que cela ? _ qui consiste à tracer un parallèle entre son évolution générale et la construction de la personne humaine à partir de l’individu considéré isolément (enfin, c’était l’idée !).

     Lutte pour survivre dans un milieu agressif, en utilisant les forces individuelles, collectives, en exploitant les ressources minérales, animales, organiques....
    Par des itinéraires balisés d'objectifs de plus en plus complexes, jalonnés de nouvelles contraintes, celles de la société, à mesure que s'estompaient _ pensions-nous _ celles du cadre naturel.

     Pourquoi ce déséquilibre qui perdure et même tend à s'accentuer dans cette humanité en marche vers sa globalisation, alors même que les espèces et les individus avaient acquis, déjà avant notre émergence, une viabilité suffisante pour prospérer et se multiplier ?

     D'où ces réflexions, ces rapprochements que j'ai osés
    - depuis le 20 octobre 2008 (Agresser),
    - jusqu'au 28 août 2010 (Addiction),
    pour tenter d'apercevoir les choses "de l'extérieur".

            Fin de Blogapart

     
    Conclusion



     Je renouvelle mes remerciements à l’équipe de ***.com qui m’a permis de m’exprimer.
     Ainsi qu’à tous les membres et visiteurs du Forum qui ont suivi «Blogapart» avec un intérêt suffisamment soutenu pour doubler aujourd’hui le cap des 7000 lectures.

     En présentant cet assortiment en forme de puzzle à compléter _ sans garantie sur la présence de doublons _ j’ai voulu manifester mes réserves sur une vision du monde que je considère étroite, sans perspective sinon sans projets, qui rejette au second plan les exigences écologiques concernant le monde vivant dont nous, personnes humaines, continuons à être partie intégrante, pour imposer une «économie» désincarnée qui prétend pouvoir s’en affranchir.

    A mon avis, il est encore temps de corriger la trajectoire, à condition de se démontrer capables de rendre opérationnelles les commandes «manuelles», si le pilotage automatique venait à s’avérer défaillant.

    Pour terminer, ci-dessous le dernier commentaire de ma part sur le billet "Synthèse" :

    Comment rééquilibrer la répartition des rôles et des prestations ?

    L'approche traditionnelle consiste à se baser sur une analyse avant tout quantitative de la demande et de l'offre de biens et de services, de les convertir en valeur et de distribuer les rôles avec comme critères directeurs associés la rentabilité et la productivité maximales. Bien que rationnelle, toute démarche ainsi fondée ne peut prendre en compte que des critères économiques, en négligeant les données biologiques qui mènent le monde.

    En particulier, les contraintes physiologiques et psychologiques qui règlent la vie de tous les individus demandent une analyse plus étendue (cf "Stress"). Pour améliorer l'organisation générale des êtres humains en minimisant les conflits, il est indispensable d'en rechercher la réduction, qu'elles proviennent de la société ou de l'environnement.

    Dans cette perspective, l'aspect économique, toujours essentiel, laisse au politique le rôle directeur dans les projets humains, ce qui lui assure, avec le contrôle de l'ensemble, les meilleures chances de parvenir à ces objectifs.
    (cf "Richesses")

     Le politique a donc, plus que jamais, le rôle maître à jouer à tous les échelons, du local au mondial.

  10. Reo
    12/06/2009
    Les thèmes
      Dans ce blog, les thèmes suivants ont été abordés :
     - l’agressivité et ses limites dans l’adaptation à la réalité,
     - le mécanisme d’une crise et les conditions de sa prise en compte,
     - les alternatives dans la poursuite de l’évolution humaine avec les éventualités de
       .. remise en perspective des objectifs et des comportements,
       .. questionnement sur la qualité des repères adoptés pour maîtriser notre parcours,
       .. gouvernance mondiale face aux menaces planétaires,
       .. révision du partage des responsabilités et des moyens.
      Peut-on faire le point sur la cohérence de tout cela ?
    13/06/2009
    Le point
      Lorsqu’un itinéraire comporte des obstacles imprévus, dont le franchissement ou le contournement paraît incompatible avec la feuille de route assignée, il est recommandé de faire le point, pour déterminer dans un délai approprié la stratégie à suivre et les dispositions correspondantes à prendre.
     Dans le cas de l’évolution de la société mondiale, l’obstacle est représenté par un ensemble de risques grandissants pour sa propre pérennité, liés à une incapacité persistante à rechercher la solution d’une crise globale. Globale parce qu’elle est la résultante d’un enchevêtrement complexe de crises plus ou moins spécifiques ou locales qui auraient pu, sans la mondialisation, connaître comme jadis ou naguère, un dénouement à leur échelle.

     A situation inédite et menaçante, approche déterminée mais circonspecte. C’est là que la volonté, même assortie de la force et de la constance, devient inopérante sans le recours au renseignement et au dialogue.
    Devant ce défi, il va bien falloir redécouvrir - assez tôt - que la solidarité se situe bien au-delà de ce qu’on appelle communément la morale, et qu’elle constitue un authentique facteur d’adaptation au monde réel.

     Sans elle, l’agressivité, compétitive ou pas,  pourrait bien se révéler contre-productive.
      Il serait donc question de faire preuve de lucidité pour reprendre le contrôle de la situation : c’est bien d’une prise de conscience suffisamment profonde et générale que nous avons besoin ; ce n’est pas une simple affaire de dirigeants, encore moins une question de pure technique. Ou suffirait-il de se confier aveuglément aux vents changeants du Marché ?
     Car c’est sans doute de confiance que l’on a besoin avant tout : pas seulement en matière économique, où les règles sont basées sur une défiance méthodique conduisant à bâtir un modèle standard de l’agent ou acteur économique ; or, paradoxalement, cela aboutit à un système reposant uniquement sur la confiance faite à la Bourse : qu’en est-il à l’heure actuelle ?

     Prise de conscience, prise de confiance ensemble…. Le voilà, le défi !
     
     
  11. Reo
    29/03/2009

    Croissance

     La croissance, c’est cette période de la vie où l’organisme, à l’épreuve du milieu, évolue vers la plénitude de ses fonctions. On désigne aussi par ce terme une situation économique où la production et les échanges de biens et de services sont en constante augmentation. Pour en prendre la mesure, rien de plus facile : l’enfant, puis l’adolescent, passe périodiquement sous la toise et sur la bascule ; quant aux données économiques,  elles aussi sont scrupuleusement comptabilisées.

     En vérité, attentifs, comme il se doit, à la santé d’une personne en devenir ou d’une société en évolution, nous ne saurions nous contenter de repères purement quantitatifs. S’il est vrai qu’un arrêt prolongé de prise de poids ou de taille est préoccupant, par contre, une enfance obèse, voire une adolescence par trop longiligne, n’engagent pas à un optimisme sans réserves. Cela  devrait valoir aussi, en principe, pour l’économie de toute collectivité.
     

     L’attention vis-à-vis du jeune se justifie par la maturation à laquelle il est appelé, facilitée sans doute par une bonne forme physique, mais s’appuyant surtout sur son mental, particulièrement l’affectif ; en effet, le passage à l’état adulte, avec ses exigences, requiert contrôle et recherche d’équilibre pour une indispensable revue des objectifs et de leurs priorités respectives.

     Existe-t-il ou non un phénomène similaire, sinon parallèle, à l’échelle de la société humaine et, à son image, des groupes d’individus qui la constituent ? Si on reprend le concept de croissance, aujourd’hui appliqué  essentiellement à des analyses économiques, il émane de bilans financiers ou logistiques ; c’est en quelque sorte un indicateur du « métabolisme » du corps social, mais qui reste insuffisant pour fournir à lui seul tout pronostic, par nature qualitatif (même étayé par des chiffres), pour nos devenirs et notre commun futur, planétaire ou sidéral.

    La croissance doit-elle, peut-elle s’arrêter ?
     Pour tous les êtres vivants, il y a, à ce stade, ou sous cette désignation, des limites à leurs dimensions, leurs rythmes de prolifération individuelle ou cellulaire et, à d’autres stades, dont celui d’adulte, l’absence de toute croissance (tout au moins définie comme telle). Aussi, pour la plante ou l’animal, pour la faune comme pour la flore, stabilisation quantitative ne se confond nullement avec mort ou extinction ; loin de correspondre à une phase d’immobilisme ou de stagnation, elle caractérise bien au contraire un processus de maturation, c’est-à-dire l’évolution vers une meilleure adaptation à l’environnement.

     Ce qui est observable, pour les sociétés comme pour les organismes vivants, ce sont des phases successives différentes qui marquent leur développement, ponctuées de crises dont certaines accompagnent le passage de chacune à la suivante. Ces crises correspondent à l’apparition d’impasses dans la reproduction de certains phénomènes jusque-là impliqués dans leur vie : les modifications progressives du milieu et des êtres ont amené un changement qualitatif, auparavant non perçu, donc ressenti comme brutal.
     Qui dit impasse dit restriction des options, d’où conflit issu de la recherche répétée de l’option souhaitée, mais manquant à l’appel ; l’accumulation de conflits non résolus amène la crise, symptôme d’échec. Le recours à des approches inédites ou antérieures sans changer de configuration peut toutefois s’avérer inadéquat à la sortie de crise. Dans une telle situation, une issue définitive ne peut s’obtenir à terme que grâce à une reconfiguration des options pour pallier les manques, fondée sur des démarches nouvelles, entraînant de nouvelles formes d’organisation.

     La crise que nous vivons est peut-être de celles-là, qui marquent la fin d’une croissance au sens strict et l’entrée dans l’étape suivante de notre développement.
  12. Reo
    Dans une société, quelle qu'elle soit, les conflits sont inévitables : ils font partie de son fonctionnement ordinaire et participent à son développement, dans la mesure où leur issue appelle, et peut amener, de nouvelles perspectives d'organisation. Ce qui apparaît inquiétant dans la conjoncture actuelle, c'est l'impression largement partagée que nombre d'entre eux, non seulement restent sans issue, mais s'amplifient et en alimentent de nouveaux : un effet «boule de neige» créateur de stress pour tout un chacun. Impression qui s'appuie sur le fait, confirmé quotidiennement, qu'il n'existe de par le monde aucune institution possédant quelque efficacité pour enrayer au plus haut niveau ce processus potentiellement autodestructeur.
      Or, à l'heure actuelle, notre conception _ universellement admise _ du développement, repose essentiellement, pour toutes les entreprises, et pratiquement pour l'ensemble des personnes morales, sur l'absolue priorité à donner, avant tout autre impératif, à la recherche de bénéfices, sous menace de liquidation. D'où notre conviction profondément ancrée que la réussite, pour toute collectivité, ne puisse s'apprécier autrement qu'au rythme d'évolution du taux de profits que constitue la «croissance». Laquelle n'a de chances d'être maintenue qu'à la condition, aujourd'hui devenue incontournable pour tous ces acteurs, de se montrer «compétitifs».

      Ce qui explique que, dans tout secteur d'activité, chaque partie prenante, pour subsister, demeure tributaire de la conquête de parts de marché sur ses concurrents. Et qui dit gagnants, dit perdants… Ce qui fait que la croissance ici repose sur la régression ailleurs et vice-versa. Petites entreprises, ménages modestes, territoires délaissés doivent, au mieux, se contenter de végéter sans autre perspective. Et en outre, le plus souvent, de subir les innombrables dégâts collatéraux provoqués par le sous-équipement et les pollutions et nuisances en tous genres, quand ce ne sont pas les conflits armés…. A ce jeu, le développement général n'est qu'une illusion.
      Aussi longtemps qu'aucune limite de quantité, de durée, de domaine, ne semble devoir être fixée à l'arbitraire comptable, nous nous trouverons confrontés, sans alternative, dans une compétition générale où l'enchaînement des conflits ne connaît nulle trêve. Humainement parlant, il s'agit d'une guerre.

     La lucidité, ce serait de se rendre compte que les institutions décidantes ont perdu de vue le principe conducteur du développement, à savoir le service des populations.
    La perte de repères provient de ce que les outils de contrôle, qui se sont diversifiés avec les techniques, n'ont pas été régulièrement étalonnés par rapport aux exigences de ce service. Pour des raisons de commodité, ces étalonnages n'ont été réalisés que par l'application de critères logistiques, les critères qualitatifs requérant beaucoup trop d'investissement.
      Comment sortir de l'impasse, dans l'hypothèse d'une lucidité et d'un volontarisme revenus au sommet ?
      Quelle issue ?
     
  13. Reo
    24/02/2009
    Richesses
      De richesses, il n'est pas question dans le message précédent, qui se veut une synthèse.
    Un oubli ? Un rejet ? Une difficulté à intégrer le concept dans cette construction ?
    Le fait qu'il ne participerait pas à la formation ou à la résolution d'une crise ?
    Nœud gordien à trancher ou pur fantasme à dissiper ? En fait, rien de tout cela.

     Si l’on revient à la démarche préconisée pour le dépannage et la remise en route de la machine (§3), il est question de revoir les objectifs par rapport aux besoins. Pourquoi ?
     Parce qu’il est question de résoudre des conflits, eux-mêmes occasionnés par l’incompatibilité entre la poursuite de différents objectifs reconnus par les parties en cause comme inconciliables.
     Plutôt donc que de proclamer, comme unique point d’accord, que ces objectifs représentent des exigences de jouissance non négociables et qu’en conséquence, une épreuve de force est la seule issue, même si elle est la moins raisonnable, n’est-il pas plus rationnel de vérifier point par point si, parmi ces objectifs revendiqués de part et d’autres comme vitaux, donc incontournables, certains ne seraient pas obsolescents ? Mais pour cela (§2), il faut réunir impérativement deux conditions :
     - placer le débat au niveau de l’intérêt général, défini comme l’intérêt commun à toutes les parties,
     - ne pas perdre de vue les intérêts spécifiques de chacune des parties concernées, qu’elles soient ou non impliquées dans le conflit.

     C’est là qu’intervient la notion de « richesses ».
      On désigne généralement par « richesses » des biens matériels, objets manufacturés ou ressources naturelles, susceptibles, sans délai ou à terme, directement ou par voie médiate, de procurer des jouissances, de satisfaire des besoins et, de ce fait, convertibles en propriétés individuelles ou collectives. Peuvent être rattachés à cette catégorie tous les articles propres à en faciliter l’acquisition ou la confection : outils, armes, monnaie, etc. Au-delà des outils proprement dits –machines ou prothèses- les moyens fournis par la vie elle-même : ressources humaines et animales, leurs énergies et leurs savoir-faire.
     Ce qu’on appelle « richesses » est donc défini soit par la faculté de satisfaire immédiatement à une exigence de jouissance, soit, le plus souvent, par la poursuite d’une stratégie jalonnés d’objectifs jugés adéquats à la satisfaction d’un certain nombre de besoins répertoriés, sinon identifiés.
     Toute modification importante de stratégie amène donc, par la révision des objectifs poursuivis, à redéfinir ce qu’on entend par « richesses ».

     C’est pourquoi la notion essentielle dans la répartition des réponses aux exigences humaines est, non pas, celle de « richesses », mais celle de prestation de services.
  14. Reo
    17/02/2009

    Mémento

    L'installation dans une crise est caractérisée par la séquence suivante :

    - échecs répétés des approches traditionnelles dans la résolution de conflits (inhérents à toutes les relations sociétales ou géopolitiques),
    - extension et aggravation des conflits non résolus, amorçant une crise,
    - interprétations contradictoires des données, fondées sur des analyses partielles parce que centrées sur des intérêts sectoriels, corporatifs ou nationaux,
    - à défaut d'une analyse par approche globale, les actions tentées restent cantonnées dans des approches traditionnelles,
    - renforcement de la crise par le renouvellement des échecs et la généralisation de conflits alimentés par des dénis et des rejets réciproques, etc.


    La résolution de la crise nécessite la reprise de ce processus en sens inverse :

    - pour dénouer les conflits, éviter le déni, source de rejet,
    - pour cela, étendre l'analyse, au-delà des intérêts partiels, pour regrouper l'étude de tous les problèmes découlant de l'extension de la crise,
    - donc reprendre lucidité et contrôle, ce qui requiert assistance mutuelle et dialogue, puisque l'organisation de notre monde repose désormais sur une étroite interdépendance économique et écologique.


    Cela implique notamment de :

    - vérifier l'adéquation des objectifs poursuivis aux besoins réels des personnes et des populations prises dans leur ensemble,
    - donc revisiter les institutions par rapport à l'évolution de ces besoins
    - rééquilibrer la répartition
    . . des rôles, en observant que la coopération et l'animation doivent prendre la place qui leur revient dans un monde complexe et interdépendant,
    . . des prestations de service, en constatant la dérive introduite par le recours exclusif à la compétition dépourvue de tout contrôle, comme principe unique, favorisant prédation et gaspillage.

  15. Reo
    Résumé du contenu des 4 derniers billets :
     «Constat»
     - mentionne un déséquilibre entre une offre mondiale pléthorique de produits et services, des basiques aux plus élaborés, et une demande en retrait, du fait de la rareté relative de la clientèle solvable,
     - attribue cette situation à une absence d’organisation du marché,
     - propose d’en rechercher la cause,
     - évoque l’hypothèse d’une inversion des objectifs et des missions dans la société.
    «Déphasage»
     - développe cette hypothèse en faisant état, pour expliquer ce renversement, d’un glissement progressif de l’offre vers les rentabilités maximales.

     «Métamorphose»
     - joint au constat du déséquilibre économique _ et social _ celui d’une extension et d’une aggravation des conflits dégénérant en crises quasi-pérennes,
     - relie cette double constatation à un essor sans précédent dans les techniques de transport et de communication au cours des dernières décennies,
     - observe que de ce fait la maîtrise de gestion politico-économique échappe de plus en plus aux Etats et autres unités territoriales,
     - en tire la conclusion que c’est l’absence d’une fonction de contrôle à l’échelle mondiale qui se trouve à l’origine de l’installation des déséquilibres et des crises.
    «Gouvernance»
    - propose de revisiter la notion de souveraineté au vu des menaces planétaires, qu’aucun État n’est en mesure de traiter seul avec succès,
    - suggère, au vu des immenses possibilités offertes par les techniques de communication, de promouvoir une gestion citoyenne concertée à chaque étage de territorialité.
  16. Reo
    La compétition comme principe de répartition (2)

     Si les bilans doivent être équilibrés (ou tout au moins apparaître tels pour assurer la confiance des investisseurs), la somme mondiale de tous ces bilans devrait tendre à l'équilibre et par conséquent, plus grands les profits, plus lourdes les pertes.
     L'exigence du profit s'imposant à toutes les personnes morales et celle du revenu à toutes les personnes physiques, on comprend qu'il y ait compétition sévère entre ces deux "espèces" et entre les individus qui les composent, chaque créneau du marché étant en quelque sorte une niche écologique âprement disputée.

     Toutefois ce cliché de la compétition pour la vie ne rend pas compte des multiples situations existant (jusqu'à présent) dans la nature, où l'élimination réciproque des espèces et des individus est loin d'être systématique et fait souvent place à des processus plus conviviaux dont on ne s'est peut-être pas suffisamment inspiré...
     A la vérité, la compétition n'a pas que des aspects négatifs, par exemple lorsqu'elle est appelée au service de la coopération, ou lorsqu'elle nous invite à nous épanouir dans une activité culturelle, artistique ou sportive.

     Revenant sur l'aspect négatif, c'est surtout le fait qu'elle soit imposée systématiquement, au particulier comme à l'entreprise, à l'entrepreneur comme au salarié, avec des retombées préjudiciables pour les individus et désagréables, voire préoccupantes, pour le climat social.
     Pesanteur historique, sans doute, mais vérité éternelle,... l'exigence est contestable, sans quoi la politique capitule et l'espèce humaine avec elle.
  17. Reo
    Agresser, étymologiquement, c’est «avancer vers» : l’agressivité animale n’est, en fait, rien d’autre que l’esprit de découverte, de conquête, orienté, il est vrai, par la recherche de ressources alimentaires _ qui peuvent être des proies vivantes.
     Que l’on retrouve chez l’humain qui, curieusement, n’en retient que cette dernière image, en réservant le terme d’agression à la violence exercée sur personnes (cf Blogapart-1). C’est le mirage de la ligne droite, considérée comme le chemin le plus facile, parce que le plus court _ même s’il est semé d’embûches _ pour parvenir à ses fins....

     Cela, à première vue, peut interroger, quand nous savons, grâce à la faculté d’anticiper que nous permet notre mémoire, disposer de moyens d’évitement souvent plus économiques pour atteindre nos objectifs.
     Mais de ce fait, notre cerveau possède l’intelligence, qui ouvre aussi la voie à l’utilisation de moyens qui, non seulement, nous dispensent de puiser dans nos réserves, mais nous procurent une puissance infiniment supérieure à nos ressources musculaires ou mentales.

     Ce qui explique que, dans notre impatience du présent ou notre crainte du lendemain, nous soyons le plus souvent tentés de faire fi des pertes et des risques encourus.  D’où ce déséquilibre persistant entre un désir d’organisation et une volonté de domination, au profit de cette dernière, privilégiant le développement au détriment de la cohésion, et trop souvent, l’agression plutôt que la concertation.



  18. Reo
    16/02/2009

    La compétition comme principe de répartition (1)

     La société humaine, entre autres originalités, s'est donné, pour améliorer la gestion des rapports entre individus, la notion de droit, qui lui a permis de mettre en place une multitude d'institutions pour éviter de régler les conflits par la (seule) violence, du genre "Le loup et l'agneau" (1).
     Dans certains cas, cela a pu aboutir à légaliser (voire à légitimer) des situations de fait, du type "La génisse, la chèvre et la brebis, en société avec le lion" (2), d'où l'expression de "clause léonine".

     Le droit établit, à côté des individus, désignés comme "personnes physiques", l'existence de "personnes morales", publiques ou privées, pour mieux définir les rapports entre différentes sociétés ou collectivités.
      La plupart de ces personnes morales jouissent du droit de propriété et possèdent donc un capital. Les richesses produites par les individus _ et leur contrepartie en valeur financière _ se trouvent donc partagées entre personnes physiques et personnes morales. Sauf inflation, la part des premières se trouve globalement amputée au profit des secondes. Compte tenu de la prudence, bien légitime, des investisseurs, on peut douter que le débit des échanges se situe à la même échelle que les réserves (probablement légitimes, elles aussi), détenues par l'ensemble de ces personnes morales. Mais c'est ce débit qui alimente le marché, ouvert à toutes les personnes (en principe).
     Malthus qui s'inquiétait de la poussée démographique, n'avait sans doute pas prévu la prolifération de propriétaires qui n'ont pas de besoins physiques, mais se trouvent de fait accaparer la plus grande partie des moyens nécessaires à la jouissance de ceux qui ont ces besoins physiques.

    (1) La Fontaine, Fables, Livre I, fable 10
    (2) ibidem, Livre I, fable 6
  19. Reo
    20/11/2008
    Objectifs et besoins 
     Nous avons tous des objectifs, comme nous éprouvons tous des besoins.

     Il peut y avoir des besoins sans objectifs, parce qu'on pense pouvoir les ignorer, ou simplement parce que nous n'avons pas conscience, à un moment donné, ou pendant une période longue, de leur existence; dans cas, c'est qu'ils se trouvent satisfaits sans que nous ayons à intervenir.

     Il n'existe pas d'objectifs sans besoins. La fixation d'un objectif demande la présence d'une motivation. Cette dernière est la prise de conscience de l'existence d'un besoin, qu'on ait ou non identifié ce besoin ou ce qui le relie à l'objectif retenu comme valant d'être poursuivi.
     Cependant on peut soutenir de bonne foi, lorsqu'on n'a pas été en situation d'effectuer cette identification, que cet objectif qu'on veut poursuivre constitue par lui-même un besoin, et n'est sous-tendu par aucun autre besoin ou objectif.

     A titre d'exemple limite, un acte d'agression, c'est-à-dire un acte de violence sur des personnes ou des objets pris comme cibles, peut être revendiqué comme un besoin, lorsque la nature de la motivation est ignorée ou rejetée.

     Plus prosaïquement, un revenu, en nature ou en espèces, est assimilé à un besoin, alors qu'il s'agit d'un objectif destiné à assurer la satisfaction de besoins.

     Peut-on alors faire vraiment la différence ?
     
  20. Reo
    6/11/2008
    Blog
     A lire ces posts, je me dis que c'est simpliste, naïf, ou alors compliqué, prétentieux...
    Pourtant, je persiste en me disant que j'essaie d'aller au fond des choses, avec mes moyens, sur des thèmes qui me tiennent à coeur, et qu'ils peuvent bien en intéresser d'autres, s'ils parviennent à passer sur un style parfois condescendant, donneur de leçons.

     Justement, c'est aussi sur cet équilibre à trouver entre le trop direct et l'excès de précaution dans nos rapports humains et politiques que porte ma recherche dans ce blog, et c'est pourquoi, après avoir suivi un fil dans plusieurs messages, je le laisse provisoirement de côté pour en saisir un autre avant d'y revenir, pensant que ce sera sans doute moins compliqué pour démêler notre intrigue...
    8/11/2008
    Récapitulation
    L'évolution incessante du monde exige des efforts soutenus d'adaptation. Celle-ci consiste en une judicieuse répartition de notre capital d'énergie entre agressivité (le moteur) et intelligence (le pilotage). Cela s'applique aussi bien aux communautés de toute nature qu'aux individus.

     Tout comme pour une personne, des moments peuvent se présenter où l'accumulation de conflits non résolus conduise un groupe, ou même la société dans son ensemble, à recourir à des alternatives radicales sans avoir le recul, la patience ou la lucidité pour analyser l'ensemble des options possibles.

     C'est dans ce type de circonstances qu'il devient indispensable d'investir le maximum d'énergie dans la recherche et l'examen de solutions évitant la régression vers des situations répétitives d'échec. Pour une personne, cette introspection éventuellement assistée amène généralement, si elle est conduite avec détermination et méthode, à une remise en perspective de l'ensemble de ses orientations de vie, pouvant aboutir, selon le cas, à des inflexions importantes ou à quelques rééquilibrages. Serait-ce si différent concernant la société humaine ?

     La difficulté principale à surmonter est l'attitude de déni qui peut intervenir suite à la perte de repères liée à la répétition des insuccès.
     L'objectif primordial est bien la récupération des capacités de contrôle, pour y voir plus clair et recouvrer ainsi la liberté de ses choix.
  21. Reo
    Urgences et priorités



     Les besoins humains, on le sait, sont hiérarchisés d'après la nécessité plus ou moins impérieuse de les satisfaire, selon leur nature et les délais imposés par les circonstances.
     L'adaptation des individus consiste à s'organiser pour répondre à tous ces besoins, tout en se donnant le maximum de liberté pour profiter de la vie et faire face aux imprévus.
    Cela les amène, l'expérience les guidant, à se donner une stratégie jalonnée d'objectifs adéquats.
    Pour demeurer opérante, celle-ci doit être actualisée par des changements ou des permutations d'objectifs, définissant au cours du temps de nouvelles priorités.

     Ce schéma s'applique aussi aux groupes humains. En effet, vu les avantages avérés de l'organisation sociale, les stratégies individuelles se trouvent désormais intégrées dans le canevas de la société.
    Parmi ces avantages, chacun d'entre nous se voit proposés des "kits" de comportements, ce qui nous épargne le souci de leur élaboration quotidienne. Pour nous ménager une plus grande autonomie, la collectivité prend donc en charge des contraintes qui nous seraient insupportables.
    Ce faisant, en nous transférant de la souplesse, elle acquiert en contrepartie une certaine rigidité.

     Chaque groupe, institutionnel ou non, est tributaire de ce processus, avec des stratégies d'ensemble qui, loin de se confondre avec les stratégies individuelles, peuvent, le cas échéant, venir à s'en écarter au point de les ignorer et ainsi de compromettre la satisfaction de besoins parfois essentiels.

      Un conflit de priorités qui peut, s'il n'est pas analysé et traité, déboucher sur des urgences.
  22. Reo
    Ce que, dans «Blogapart», j’appelle agressivité, n’est autre que l’énergie dont doit disposer tout être vivant pour maintenir son développement.
     Parmi les multiples facteurs susceptibles de le pousser à l’investir dans une agression non motivée par la faim, il existe une condition de base : l’impression d’être l’objet d’une menace pour sa vie ou son autonomie.  S’il est difficile, sans cette sensation de danger, de concevoir un passage à l’acte, il est compréhensible en revanche que sa persistance puisse, passé un certain seuil, s’avérer déterminante.

     Justement, que se passe-t-il avant que ce seuil ne soit atteint ? Qu’est-ce qui fait que, tel l’animal en alerte, nous suspendions notre décision d’attaquer _ ou de riposter ?
     D’abord en réalisant que la menace n’est pas immédiate et n’a pas déclenché d’acte réflexe.
    Vient ensuite l’examen de son existence réelle et, si elle se confirme, son évaluation. Enfin la recherche des moyens de s’y soustraire et, le cas échéant, d’en éliminer l’origine.
     Toutes ces opérations, y compris mentales, requièrent d’investir une part de notre énergie vitale, éventuellement susceptible de nous faire défaut dans la poursuite de nos projets.

     C’est là qu’intervient le stress lorsque, à tort ou à raison, nous avons le sentiment que cette dépense, en débouchant sur une crise que nous ne serions plus en mesure de résoudre, serait effectivement préjudiciable à notre équilibre.
     D’où les différentes options qui peuvent se présenter avant d’en arriver là :
     1- une analyse préalable qui permette d’établir l’absence de toute menace; en cas d’erreur, c’est un déni de réalité, qui peut amener, en fonction de l’importance et de la durée de la crise, à l’automutilation de la personnalité, par régression à un état de dépendance, voire à l’autodestruction pure et simple;

     2- les mêmes effets, si la menace est reconnue, peuvent découler d’un défaut d’évaluation, lequel peut aussi bien induire un comportement agressif;

     3- même si une menace effective est correctement évaluée, la probabilité d’une agression préventive n’est pas à exclure, si l’on en vient à considérer que la dépense d’énergie pour l’éviter serait prohibitive.

     L’espèce humaine n’est ni plus ni moins agressive que toute autre; demandons-nous plutôt pourquoi sa propension au recours à l’agression ne semble pas être enrayée par la richesse des options que lui propose son cerveau, admis comme le plus performant de la biosphère.
     
  23. Reo
    Dans ce blog, j’ai tenté de montrer combien la piste empruntée pour assurer notre développement est devenue incertaine, voire dangereuse, encombrée qu’elle est par une multitude croissante de convois de bagages dont on n’a pas eu le loisir ou le courage de faire le tri, sans doute parce que la question de leur destination n’a _ de longtemps _ plus été posée.
    Si on ne fait rien pour amender, réparer ou transformer le « système », on risque de se retrouver en très mauvaise posture. Et déjà, modestement, on peut essayer d'en discuter.
    Tout système a ses imperfections, qui ne l'empêchent pas de fonctionner _ la perfection n'est pas de ce monde _ mais à mesure que celui-ci évolue, elles peuvent se révéler gênantes, puis gravement invalidantes, et fatales enfin, si on n'a pas su les pallier. Comme une machine qu'on n'entretient pas et/ou qu'on soumet à des sollicitations trop élevées ou inadaptées à l'usage auquel elle était destinée (*cf note de bas de page).
    Les dérégulations, sans aucun doute, font partie de ces contraintes brutales et inadaptées au développement des populations. Que je ne crois pas devoir confondre avec celui qu’on a coutume de repérer _ et même de quantifier _ par des PNB, des balances commerciales ou des taux de croissance.
    Chaque Etat essaie d’attirer à lui cette croissance annoncée comme salvatrice. C’est donc l’escalade des moins-disants fiscaux, donc sociaux, et la dégringolade pour ceux qui, comme au poker, ne peuvent pas suivre. Cela surtout depuis qu’est intervenue ce qu’on appelle la mondialisation.
    Avant celle-ci, chaque pays, au moins parmi les plus développés, était maître chez lui, en ce sens qu’il ne dépendait pas aussi étroitement qu’actuellement du commerce avec ses pairs. Et plus encore, d’un réseau financier global aujourd’hui omnipotent. Dont il est impossible de suivre les transactions, dans leur instantanéité et leur multiplicité.
    Il pouvait aussi remédier à ses insuffisances en exploitant des terres vierges ou en colonisant le tiers-monde. Mais l’émergence continue de nouveaux concurrents a banalisé ce schéma et porte désormais la guerre économique à son paroxysme, en « quart-mondisant » du même coup des collectivités jusque dans les pays les plus développés.
    L’objectif primordial du revenu _ profit ou salaire _conditionne le fonctionnement de l’économie. Toutes les entreprises, grands groupes en tête, se disputent les créneaux les plus rentables, avec une surenchère de produits, aux moindres coûts. Il s’ensuit une double élimination de produits et de producteurs, les uns et les autres éjectés vers la poubelle : faillites et chômage d’une part, mévente et pollution d’autre part, créant partout déséquilibres et conflits.
    C’est un désordre mondial, réfractaire jusqu’à présent à toutes les concertations de dirigeants, préoccupés qu’ils sont, avant toutes choses, de conserver le pouvoir et de préserver leur confort personnel. A chacun de réfléchir, à tous d’en discuter, pour trouver une solution par des moyens intelligents, c’est-à-dire non violents (*bis repetita). Cela passe par la prise de conscience que nous sommes tous _ sans exceptions _ plus que jamais solidaires de fait, ce qui n’a rien à voir avec l’abnégation que l’on prête ordinairement à l’altruisme.
    *Cependant il existe une option qui permet de faire l’économie d’un entretien a priori fastidieux : c’est d’admettre la fatalité de la victoire de l’agressivité de l’être humain sur le génie dont il a pu faire preuve dans la conquête de la planète;c'est cette option qui est actuellement retenue.
  24. Reo
    29/10/2008
    Souveraineté
     Un gouvernement supranational, quelle que soit sa forme, cela peut déranger en ce qu'il impose des décisions, des directives, à notre État, librement constitué par tous les citoyens de la Nation.
     Et en effet, tout ce qui est prescrit unilatéralement, à l'opposé de ce qui est souhaité et consenti, tout ce qui émane d'une culture non partagée, est légitimement ressenti comme une atteinte à la souveraineté nationale, c'est-à-dire à la dignité de tous les citoyens.

     A l'issue de la dernière guerre mondiale, où la France, l'Allemagne et d'autres pays ont connu successivement, entre autres misères, l'humiliation de l'occupation par les armes, cette épreuve nous a conduits, les uns et les autres, à rechercher des moyens d'en éviter à jamais le retour.
    Conscients dès lors que la solution ne pouvait être ni l'affrontement, ni la capitulation, ni la "paix armée", il ne restait plus aux voisins qu'à dialoguer et tenter de construire ensemble, de rapprocher les cultures pour en découvrir une nouvelle.

     Demi-succès, demi-échec ? L'Union Européenne est le témoin de cette tentative avec ses réussites et ses cafouillages. Même si on peut se féliciter d'avoir franchi cette importante étape de civilisation en enterrant le mythe de "l'ennemi héréditaire", il en reste une impression d'inachevé, comme si on n'arrivait à mettre en commun que nos mauvaises habitudes, oubliant ce que cette construction inédite pouvait apporter à chacun.
     D'où le sentiment pour nombre d'Européens d'avoir perdu de la souveraineté nationale, sans commune mesure pourtant, avec le traumatisme d'une culture étrangère introduite par effraction. Mais reste cette impression bien réelle de subir en permanence de la part d'une institution extérieure à l’État une pression injustifiée.


     Et c'est, malgré l'avancée, cette insatisfaction qui risque de disqualifier toute autre entreprise de gouvernance supranationale.

  25. Reo
    J’ai commencé à bloguer dans un forum voilà bientôt dix ans, sous le titre «Blogapart».
    Le thème n’a pas changé : une critique de l’évolution de l’organisation de l’humanité dans son ensemble et sur les diagnostics couramment posés sur ses travers, plutôt que sur ses dérives. Ci-dessous les trois premiers billets et la suite par éditions les samedis.
     Bonne lecture !
    20/10/2008
    Agresser

    Larousse :
     agresser : attaquer
     attaquer : agresser, assaillir
     assaillir : attaquer, se jeter sur, donner des coups...

    L'agressivité est chose courante dans les faits et les conversations. Mais qu'entend-on par là ?
    A lire les définitions du dictionnaire, on peut y voir l'aptitude à - ou le besoin de - s'affirmer en recourant à la force, à la violence.
    On entend parfois aussi parler d'agressivité "dans le bon sens" (du terme). En quoi y aurait-il matière à interprétation ?
     
     Le mot latin "aggredi" se traduit par "attaquer". C'est un composé de la racine -gred- (avancer, marcher) et du préfixe ad- (vers). Il y a là une précision, car la cible représentée par "ad-" est soit l'objectif, soit un obstacle, par définition interposé entre "l'agresseur" (celui qui va vers) et ce (ou celui-celle) qu'il se donne pour objectif....Dans cette étymologie, on n'est pas encore entré "dans le vif du sujet", puisqu'on comprend dorénavant une agression comme un affrontement direct engagé unilatéralement. Depuis bien longtemps, l'agression n'est plus qu'un épisode brutal, sans les intentions que recèle le préfixe, dont il ne reste en français que la lettre a. A mon avis, on a donc perdu de la signification.

    20/10/2008
    Agressivité
     Si on s'en tient à l'origine du concept désigné par le verbe "agresser", être agressif, c'est chercher à atteindre son but en prenant pour cible l'objectif propre à satisfaire cette recherche, et par voie  de conséquence tout ce qui est susceptible de l'entraver.
     Sans vouloir "chercher la petite bête", cette définition autorise des développements que l'interprétation actuelle laisse de côté, et nous laisse espérer qu'existe effectivement ce "bon sens du terme" auquel j'ai fait allusion ci-dessus. Mais naturellement, comme la ligne droite en géométrie, force ou violence est le chemin le plus court pour faire aboutir sa quête. Quoique,... depuis Einstein, on reconnaisse que même la lumière doit s'écarter (un peu) pour frayer son chemin dans l'"éther"!
    21/10/2008
    Agressifs de nature
     Vu l'évolution des mots, alors posons-nous la question : l'agressivité implique-t-elle le recours systématique à l'agression ?
     Oui, lorsqu'on parle d'un individu agressif, c'est qu'on le croit capable à tout moment de s'en prendre, physiquement ou verbalement, à qui, selon lui, le provoque.
     Non, si l'on considère que l'agressivité est une propriété basique de l'espèce humaine comme de tout être vivant. Dans ce cas, plutôt que d'une tendance naturelle à se quereller, j'y vois la volonté de conquérir pour se réaliser, en affrontant l'obstacle, que ce soit par la force, le contournement, ou... l'adaptation à la situation responsable du blocage, qui consiste à effacer l'obstacle sans en éliminer l'origine.
    Cette dernière option présente l'avantage de préserver les possibilités de choix qui auraient pu être éliminées ou ignorées dans l'alternative de base : combat ou repli. C'est vrai qu'elle ne peut pas être retenue à tout coup, vrai aussi qu'on passe quelquefois à côté.
    Cette faculté de développement existe dans la matière vivante sous ces différentes formes : pensons aux champignons, aux racines, aux virus...
     Ceci pour dire, bien sûr que l'agressivité, tout indispensable qu'elle soit, ne fait rien toute seule : elle a une coéquipière de choix que, sous sa forme humaine, on a coutume d'appeler l'intelligence.
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