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Jedino

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Tout ce qui a été posté par Jedino

  1. Jedino

    2e tour 2017

    Si quelqu'un se lance dans les élections (ici), je vote pour lui. Mis à part ça, le choix est assez difficile.
  2. Le souci des maximes, c'est qu'elles sont souvent philosophiques, mais ne sont pas de la philosophie. La philosophie nécessite du raisonnement. Certains maitrisent mieux que d'autres cet aspect-là, et certains raisonnements nécessitent des longueurs pour être clairs dans les étapes. Mais oui, c'est vrai que les "pavés" peuvent rebuter. Ce qui est bien dommage, car il y a souvent matière à réfléchir ou à contredire.
  3. Personne n'a véritablement pris le temps de répondre à loopy, alors je vais m'en charger. Ta réponse illustre ta conclusion du message suivant : au fond, plus il y a d'intervenants, plus les réponses se multiplient, se recoupant parfois, mais pas toujours. Plus intéressant encore, la question n'est pas comprise de la même façon par tout le monde : certains l'entendent au sens véritablement philosophique du terme, c'est-à-dire "y a-t-il un but à notre existence" quand toi et d'autres l'entendent plutôt au sens physique, c'est-à-dire temporel, du terme : "peut-on faire autrement qu'aller toujours de l'avant dans le présent?". Mais finalement, les deux problèmes se recoupent finalement : tu en arrives à la conclusion que notre présence en ce monde est clairement physique, en réponse aux principes naturels. D'autres y répondront plus philosophiquement, voire spirituellement. Je vais poursuivre sur ta seconde réponse, qui je trouve complète la première. Ce sera du coup le complément de ma réponse également. La philosophie, contrairement à la physique, appelle souvent à plusieurs réponses, et rarement à une seule qui domine l'autre (avant des preuves en général scientifiques corroborant une vision par rapport à d'autres). La certitude, c'est ce qu'on trouve dans ton rapport au monde, et c'est exactement les mêmes raisons qu'y m'habitent et me font répondre. Du coup, ce sujet est effectivement l'exemple typique d'un problème philosophique qui est à la fois existentiel à nos yeux et, à mon sens, très mal posé, amenant à une diversité de réponses qui tend à le montrer (contrairement à d'autres sujets où on remarque que finalement, les réponses se cadrent plus ou moins en deux "camps"). Pourquoi mal posée ? Parce que la question est trop "large". Et pour véritablement y répondre, il faut passer par de nombreuses sous-questions beaucoup plus complexes à résoudre, comme celle de savoir de ce qu'est ce fameux sens, mais aussi de prouver qu'il faille, ou non, donner un sens à cette vie. Dire "oui" ou dire "non" n'est donc pas simple. D'où l'idée de nos croyances. Car oui, sur une telle question, nous sommes davantage sur cet ordre-là (quand bien même notre réponse est ancrée dans le scientifique). Donc oui, c'est l'un des sujets en philosophique qui perd de son sens (haha) très rapidement parce que chacun y va de sa petite louche, sans que jamais les questions soient vraiment posées et tentées d'être résolues. A raison, vu qu'elles ne le sont pas autrement que par la foi ou non dans le fait que notre présence a un sens, qu'il soit donné par une divinité quelconque ou par la nature. Reste la position sceptique, préférant ne pas se préoccuper d'une question en tous les cas insolubles et finalement non vitale. Car celui qui aura besoin d'un sens à sa vie, tout comme celui qui a besoin d'un dieu, lui en donnera un. Celui qui n'en a nul besoin, ne lui en donnera pas. Chacun fera son choix, cherchant parfois à le rationaliser (comme ici), mais sans jamais vraiment pouvoir être convaincant. Peut-être que la question n'est pas de savoir si la vie a un sens, mais si le sens apporte vraiment quelque chose à celui qui vit, et par extension, s'il apporte aux autres par sa foi en ce qu'il lui apporterait. Une vision très anthropocentrée, effectivement, mais la question l'est profondément : qui d'autre se soucie de savoir s'il y a un sens à la vie ? Ils vivent, et ne cherchent pas à savoir s'ils en ont le droit, et comment ils doivent s'y prendre. Et vu que nous devons consciemment savoir vers où nous marchons, la question du sens, comme de la direction, fait sens.
  4. Jedino

    De la logique

    Merryh : haha, il ne faut pas trop regarder, ce n'est pas un mot qui fait bien parler ! Tequila Moor : Ah bon?! Je pensais pas !
  5. - Tu l'as foutu où, du con ? - Elle était juste là... - J'te demande d'y garder un oeil cinq minutes, cinq foutues minutes, et t'es capable de merder ! C'était pas compliqué : simplement poser tes deux putains d'yeux sur la gonzesse morte ! - Bah, à ce sujet... Si elle n'est plus là, c'est que... - Elle était morte. - Sûr ? - Sûr. - Tu crois que c'est une morte-vivante, du coup ? Parce qu'on ferait bien de se barrer vite fait, dans ce cas ? - Arrête tes conneries et suis-moi, elle doit pas être bien loin. Ils se mettent ainsi à chercher le corps de la morte. Le problème, c'est qu'après dix minutes à balayer les alentours, ils n'ont rien trouvé. Plus aucune trace. Il avait fait attention, pourtant, et il s'était assuré qu'elle ne respirait plus. Et avec une balle dans la cervelle et l'autre dans le coeur, cela ne pouvait pas être possible, qu'elle ait finalement survécu. - On ferait bien d'y aller. - Faut la trouver et s'en débarrasser. - Toi qu'a tiré, je risque rien, moi ! - Tu risques de finir comme elle si tu me fais un plan pareil, ouai ! Alors ramène ton cul et continue de faire ce que t'as pas été foutu de faire. Mais elle apparait au coin de la rue, bien debout et bien vivante. - Tu vois ce que je vois..., qu'il lui chuchote. - Faut vraiment qu'on dégage, que l'autre ne cesse de répéter. - T'es fou ou quoi ? J'lui ai mis deux balles. Regarde ! Elle est trouée. Et ça a l'air d'aller ! - Elle marche normalement, elle doit pas se souvenir. Allez ! - Non, j'suis censé la buter, alors je vais la buter. - Va-y tout seul, alors. - T'as raison : tu vas y aller tout seul, et je t'observe. Correctement, promis. - Va te faire voir ! C'est pas ma crasse. - C'est autant la mienne que la tienne. Amène-toi. Ils s'avancent, la rattrapent. Elle s'étonne d'être suivie de la sorte et d'être interpelée avec si peu de politesse par deux inconnus. - Pourquoi vous n'êtes pas morte ? - Je vous demande pardon. - Pourquoi je vous ai pas crevé alors que votre tête et votre poitrine sont trouées ? Elle remarque, surprise, qu'il semble dire vrai puisqu'il y a une marque sur son haut. - Ecoutez, je ne sais pas de quoi vous parlez mais... - Et toi, mon pote, t'expliques ça comment ? - Bah ma foi... - Tu sers vraiment à que dalle. Il sort son arme, la braque sur la fille et tire à nouveau sur son front. Elle s'effraie, est touchée, mais ne manifeste aucune réaction autre que la peur. Elle se met à courir, pensant qu'il a raté sa cible. Il tire plusieurs coups successifs encore, sans plus de succès. - J'y comprends rien... - On fait quoi ? Il le regarde. Lève son pistolet et troue son ami. Celui-ci s'effondre. - Y'a vraiment un truc qui m'échappe. Et il s'en va. Son ami, lui, reste au sol quelques minutes, avant de se relever, l'air de rien. Et il se met à marcher, sans savoir pourquoi il est là. Il sait seulement qu'il y est. Son dernier souvenir, avant cela, est la discussion d'où a émergé l'idée de flinguer une personne, histoire de se marrer.
  6. Jedino

    Confession

    Ah! L'amour. Une petite chose bien complexe. Et qui amène à faire de grosses bêtises. Du style, faire des exceptions sans véritable raison, effectivement.
  7. Jedino

    Jeux d'enfants

    Je suis seulement devenu un sage. Qu'ils m'admirent et me donnent un titre digne de mon rang est donc tout à fait normal :cool: Mais, je ne te savais pas lecteur de Proust, vois-tu.
  8. Jedino

    Arménédia

    Je te taquine ! J'aime personnellement le "mystère". Et un lecteur qui découvre quelque chose qui n'est pas mis en évidence est (toujours) heureux d'avoir le sentiment d'avoir trouvé un truc.
  9. Jedino

    Jeux d'enfants

    Là, comme ça, j'ai pas le sentiment d'avoir lu récemment un "vrai" texte de ta part. En général, même la prose cache en fait de la poésie. Attention ! Tu te relâches. La liberté, c'est dangereux. Mais effectivement, il est très bien. Et finalement poétique : plus dans ses images qu'il évoque et qu'il utilise que pour le texte en lui-même, pour le coup.
  10. konvicted : nous en sommes à l'heure des confidences, que veux-tu. Tequila Moor : il serait temps de te remettre au boulot, petit chenapan. zera : J'avais, j'avais. Mais il semblerait que mes décisions soient aussi stables que moi. Ce qui, en quelque sorte, peut être rassurant. Au plaisir, zera. Loopy : Ah mais tu as raison, si tu sors du cadre tout à fait personnel, il y a une résurrection incessante à travers l'autre (et le fait qu'il t'ingère d'une quelconque façon). Mais ce texte est plus égoïste que ça, disons : il ne parle que de soi. Et mourir à travers l'autre n'est rien si tu ne le sais pas, ou plutôt, ne le vis pas. Alors qu'une mort "vivante", une mort alors que tu es en vie, non seulement tu la connais, mais tu la revis tous les jours. D'où l'idée de condamnation, vu que la peine se fait sur la durée, et non pas sur un événement (comme le serait la mort, qui est brève). En bref, la mort que nous craignons n'est rien : la "mort" d'une personne encore vivante, psychologiquement parlant ici, est à mes yeux plus terrible. Je ne sais pas si c'est clair. Mais j'ai comme le sentiment d'avoir été plus "positif" que je ne l'avais moi-même imaginé.
  11. Comme dirait l'autre, "il faut laisser du temps au temps" !
  12. Jedino

    Arménédia

    Fallait pas le mettre en gros, c'est trop visible du coup (a)
  13. De retour non ! Juste une petite envie, comme ça, au passage. Mais je l'admets, tu m'as inspiré. Je ne te l'ai pas déjà dit, que tu étais mon modèle ?
  14. Abstrait. Ils disaient que ce n'était que trop hermétique, que derrière ces simagrées se terrait en fait une réalité chaotique. Difficile, toujours, de dire si le pire tenait dans l'erreur ou la fausse agitation que cela provoquait. Erreur, car personne ne serait allé croire que le malheur se répandrait. Mais fausse agitation, également, puisque de toute façon nul n'y échapperait. Essence universelle, donc. Cela tient finalement d'une incandescente vérité : les chemins sont faits pour être cabossés. L'uniformité n'est que la singularité d'un ensemble brûlant d'innombrables irrégularités. Les pierres qui font chuter ne sont qu'un ordre que nous cherchons vainement à gommer, pensant effacer ce qui blesse nos pieds et ralentit notre pas. - Condamné, levez-vous. La peine encourue pour une ignorance consciente de l'évidence est la capitale : une dose létale d'existence. Quoi de plus terrible que d'être interdit de mourir ? Sinon ce besoin vital de penser avoir prise sur notre vie ? Rien. - Avez-vous quelque chose à ajouter ? J'aimerais dire que nous le sommes tous. Des chiens battus par l'espoir et égarés par les illusions avec lesquelles elle nous titille. Gouzi gouzi ! Allez rigole. Zou ! Quelques années encore. Te voilà bien arrangé. Tu finiras par crever vivant, bien mal installé dans ta chambrette à te saouler de tes habitudes. Ivre de bêtises, ivre de temps. Si mon corps se traîne encore, le feu de mon âme s'est éteint depuis longtemps, ne laissant plus que cendres à l'arrière de cette chair. - Je tiens à m'excuser auprès de la famille que j'ai brisé. Je ne souhaitais pas tout cela. A l'époque, j'étais idiot. Je n'avais pas cherché à connaître la suite, à comprendre que mon avenir ne méritait en rien ma passivité d'aujourd'hui. Que finalement, gagner du temps demain en le sacrifiant dès à présent était un mauvais calcul. Tu sais, j'ai passé mes années à rêver de devenir quelqu'un. Je veux dire, à être l'un de ceux qui aura le droit d'être un souvenir pour tout le monde, et pour toujours. Une espèce de résurrection bien après ma disparition. Puis j'ai pigé que ça n'était qu'un songe. Alors je me suis tourné vers autre chose. D'abord des amusements humains, ensuite leurs démons les plus malsains. Les premiers virevoltent entre l'ennui et l'anéantissement. Les deuxièmes, entre le pathétique et l'accomplissement. Et, une fois que toutes les possibilités sont épuisées, que tout ce qui peut rallumer l'intérêt est consumé, il ne reste qu'une dernière option : pourrir de l'intérieur avant d'aller pourrir sous terre. Rejoindre la saleté d'un monde sous-terrain. Un monde sur lequel s'en construit un nouveau, hypocritement blanc. Aussi blanc que le visage d'un mort enterré.
  15. Je ne fais qu'ironiser un point de vue à peine exagéré des gens sur la question. Ce n'est pas mon avis. La liberté en France a la faiblesse d'être assez tolérante quand elle n'empiète pas sur celle des autres. Et dans le cas du fameux foulard, ce n'est pas le foulard qui empiète sur les autres, mais plutôt les autres qui cherchent à empiéter sur cette personne sous prétexte d'x raisons plus ou moins justifiées. N'allez pas caricaturer mon propos pour lui faire dire ce que je n'ai pas dit et ne pense pas
  16. Oh mon dieu, un haut-rhinois qui fait son commerce. Je ne peux pas laisser passer ça. Si tu dois aller quelque part, c'est évidemment dans le Bas-Rhin que tu dois aller. On ne dirait pas, mais ils sont bizarres là en bas. Mis à part ça, tu vas habiter dans le plus bel endroit du monde (mais à la condition de ne pas être une alliée des lorrains). Même en ville, tu n'as pas toujours l'impression d'y être, si tu connais les plus grandes. Et dans la campagne, eh bien, c'est la campagne. Comme ça a été dit, le dialecte y est encore beaucoup parlé. Mais rassure-toi, tu ne seras pas chassée au fusil si jamais tu t'y aventures un jour. Reste qu'il te faut avoir plusieurs qualités pour prétendre t'y intégrer : aimer manger (ça, c'est une condition non négociable, je le crains), aimer les habitudes campagnardes (mais une bretonne, de ce côté-là... Non ?), sauf pour la ville qui reste plus, euh, "ville", quoi, surtout pour Strasbourg. A part les particularités propres à la région, t'as aussi le fait que tu as le plus grand zénith d'Europe à Strasbourg. Si tu aimes la musique, ça peut être sympa. Tu as europa park qui est facilement accessible, vu qu'il existe des navettes à partir de Strasbourg aussi. Tu as des choses à visiter (mais bon, faut aimer la visite). Enfin bref, culturellement, si c'est ton truc, tu dois pouvoir trouver. Et les gens ne sont pas trop méchants, en général. Tu verras. Française de l'intérieur ou non. Cela dit, si tu vas dans le Haut-Rhin, on n'a plus rien à se dire. On s'aime entre alsaciens, mais seulement chacun chez nous ! :D
  17. Parce qu'en France on se veut "moderne" (genre ce sont des sauvages là-bas), donc on ne fait pas exactement ce que eux font, c'est-à-dire interdire à tour de bras dès que ça plaît pas à certains, qu'ils soient religieux ou non ?
  18. Jedino

    Cinq sens (partie III : Jouissance)

    Tu vas tellement loin ! J'adore. Tant dans la structure intra et inter poèmes que dans le poème en lui-même.
  19. Jedino

    Te souviens tu ?

    Un bon gros poème classique histoire de se remettre dans le bain ! :)
  20. Jedino

    La Vieille et la Mandragore

    Je crois que tu as réuni en un texte tous les principaux thèmes que j'ai eu l'habitude de lire chez toi, globalement. Avec je trouve une touche de Villon. Je ne sais pas trop pourquoi je pense à lui. Ce doit être un peu en raison du vocabulaire de certains mots que je n'ai pas l'habitude de voir.
  21. Une note de 6 dans une limite de 5 ? Ton algorithme te dirait que t'as encore trop dormi sur le bureau !
  22. En tout cas, vous majorez haut la main sur le critère : "Capacité à flooder"
  23. Quand je vois quelqu'un dans la rue qui demande l'aide des autres, et que j'ai de la monnaie sur moi, je le partage sans aucun souci. En général, ça tourne autour de quatre ou cinq euros, ne pouvant pas allonger non plus de trop vu que j'en ai besoin également. Je n'ai aucun souci pour discuter avec eux (quand je suis d'humeur à parler, mais ça n'a rien à voir avec eux). Et il m'est arrivé de donner davantage à une personne que je croisais plus fréquemment, simplement parce que je n'avais pas de monnaie. Concluez-en ce qui vous plaît. Mais mépriser, toiser, ou je ne sais quelle autre attitude, ce n'est pas mon truc. Je pourrais évidemment craindre de me faire avoir, et cela m'est sans aucun doute arrivé. Mais j'ai sans doute aidé des gens aussi, et que trop manqué de le faire davantage pour d'autres encore. Et sincèrement, revoir le jeune homme que j'ai vu cette semaine avec toutes ces pièces jaunes et sans aucune valeur, j'ai trouvé ça assez ridicule. En tout cas, j'ignore ce qu'on peut acheter avec dix centimes. Alors ouai, je me flatte sans doute l'ego en filant autant d'argent à un strict inconnu. Enfin, "autant". Ce n'est pas non plus une montagne. Mais je sais aussi que si je voulais vraiment l'ignorer, je pourrais le faire sans mal. Nous passons nos journées à ne faire que ça, finalement. On appelle ça en général des trajets. Enfin voilà ! J'ai la faiblesse de penser, tel un enfant (ah ! éternel, je l'admets), qu'une petite somme qui permet d'acheter un truc vaut la peine de donner. Si j'en donnais un euro, je me sentirais très con, personnellement. Pour l'anecdote, celui que j'ai vu cette semaine n'en revenait pas que je revienne une deuxième fois pour lui donner encore deux euros. C'est que je me sentais con à lui filer un euro et quelques. Il en revenait pas. Qu'un truc pareil l'étonne, moi, à vrai dire, ça me choque. On parle de deux euros, hein. Deux putain d'euros.
  24. Quand on voit ce que la "modernité", autant technologique qu'idéologique, a apporté au siècle dernier, on peut se demander assez légitimement ce qui est le pire. Il faut un certain talent pour rattraper en un siècle les prouesses de plusieurs millénaires. Nous européens, nous grands penseurs en avance, avons su montrer la voie ! Et surtout, on peut se demander si on est franchement bien placé pour juger qui que ce soit sur cette petite planète. Parce que l'innocence n'est surement pas du côté de chez eux, mais il ne l'est pas certainement du côté de chez nous (et toute ressemblance avec une quelconque publicité est fortuite). Entre nous, nous ne cessons pas de construire de "belles" choses. Elles ont perdu le côté sacré, parce que le sacré est mal (quoi que, hein, que penser des lieux de mémoire ?), mais tu trouves là tout ce qui est fait "moderne" et gigantesque. La démesure plaît à l'homme, apparemment. Combattre celui qui empiète sur l'autre et sa liberté est sage, mais il ne faut jamais cesser d'oublier qu'une croisade contre le "mal" peut devenir le mal lui-même. Les exemples historiques de ce type ne manquent pas, y compris récemment. Nazisme et stalinisme, pour ne citer que ces deux idéologies "athées", n'ont pas été avares en victimes. Ce qui est aberrant, c'est de penser que la religion et l'Etat est intrinsèquement liée : l'exemple de l'Europe actuelle devrait pourtant suffire à démontrer le contraire. J'ai pas le sentiment en tout cas d'avoir affaire à une République catholique. Ce qui est plus aberrant encore, c'est de penser que la croyance s'oppose au fait d'être sensé : combien de grands personnages ont été croyants, certains même fanatiques à nos yeux ? C'est une erreur assez terrible de confondre "raison" et "foi" en philosophie, et c'est plus terrible encore de chercher à les confondre. La foi peut être aussi bonne et mauvaise que son homologue. D'ailleurs, sans vouloir vous vexer intellectuellement, savoir n'est jamais davantage qu'un croire plus ancré. Nous croyons en nos savoirs, et c'est précisément parce que nos savoirs sont des croyances, certes confortées par une cohérence systémique et mathématiques, que nous pouvons justement y croire. Le fait même de le remettre sans cesse en question et de le voir sans cesse en évolution est la preuve qu'il n'est jamais assuré, toujours cru. Il existe une "foi" du savant, tout comme il existe une "foi" du croyant. Votre distinction entre "j'aime à supposer" et "je crois" est une aberration : la foi suppose justement que les preuves ne soient pas celles de la raison, mais du coeur. Le problème, c'est que vous voulez tenter d'annihiler de la métaphysique à coupe de règles physiques. Vous n'y arriverez pas, sauf à dépasser la métaphysique pour la rendre physique. Votre dernière phrase est un procès contre l'humanité, en ce cas : l'humanité est psychotique, et en particulier les scientifiques. Car avant d'expliquer le réel, surtout de nos jours, il faut l'imaginer : que font les astrophysiciens lorsqu'ils supposent un "Big Bang", imaginent des objets non observés encore à leur époque comme un trou noir, ou actuellement un trou blanc ? Ou une nouvelle particule ? La théorie des cordes, est-ce l'oeuvre de psychotiques ? Est-ce que s'imaginer le vivant selon des catégories (sociales, phénotypiques, etc) ne revient pas à prendre pour réel des constructions purement imaginaires ? Admettez tout cela, et vous aurez raison : nous sommes tous des psychotiques. Vous devriez aller au bout de votre idée, d'ailleurs : ce que nous voyons, ou plutôt croyons voir, est une construction anticipée de ce que le cerveau pense que nous allons voir dans un temps proche. Autrement dit, nos cerveaux ne cessent d'anticiper ce que nous ne voyons pas encore en réalité. Autrement dit, vous voyez quelque chose que vous ne voyez pas encore vraiment, malgré l'impression que vous avez. Cela ferait de nous des êtres psychotiques par essence, non ? Vu que nous tenons pour réels quelque chose de purement imaginés par notre cerveau, bien incapable de voir en temps réel ce fameux réel.
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