Criterium

Ce midi, je vais pratiquer une fois de plus l'experimental cooking. En principe je mange très peu de viande ; mais là, j'ai concomitamment une escalope de veau, de la confiture de fruits rouges, du riz, de la genièvre. Il y a forcément une façon de cuire tout cela ensemble (enfin, le riz : au bain-marie épicé) qui aboutisse à un plat excellent et peu commun. é bientôt.

Nuit du 24 au 25 avril 2010 Des vapeurs virevoltent autour de mon être ¿ qui n'était plus qu'un point de conscience, non plus un corps ¿ et dans ces vapeurs parfumées, sentant très nettement une odeur de violette, je repris conscience graduellement. Du flou, tout est redevenu clair, quoiqu'enveloppée d'irréalité et à l'image de ces colonnes de fumées ¿ onirique. J'étais consciente, éveillée dans le rêve. Des senteurs de storax palpitèrent à mes narines, et cela déclencha d'un seul coup une sorte de choc, sans bruit, sans autre retentissement qu'une impression de choc ; c'est assez difficile à expliquer. Comme une lointaine explosion sous-marine ¿ ainsi dans le rêve, je m'éveillai, me levai, et me sentis étrangement déliée de mon enveloppe physique. Baissant la tête, je vérifiai le fait : emmitouflée dans les couvertures, celle-ci dormait, et l'on voyait encore un frêle souffle soulever régulièrement ma poitrine. D'une façon étrange, je me suis rappelé les mots de Krekah, et vérifié attentivement s'il y avait un lien entre ce moi irréel et ce corps d'emprunt, mais je ne vis rien. Aucun lien ; aucune liaison. Soudain, appelé impérieusement par une envie inexplicable, qui m'ordonnait, qui me possédait ¿ comme si j'étais la chose de cette force, je m'élançai par la fenêtre de mon appartement. Alors ce ne fut que des flashs réguliers ; je sentais des paysages défiler, je voyais des lieux étranges des quatre coins du monde apparaître devant mes yeux, à la façon d'un stroboscope. C'était particulièrement étrange et inquiétant. Tout s'arrêta. Je me retrouvai dans une clairière. L'éclairage était étrange ; je croyais être dans la Nuit, mais c'étaient des lueurs de crépuscule qui teintaient le ciel, comme s'il avait été plus tôt... le ciel lui-même, azuré, était très mobile, comme constamment tiré vers un point cardinal par une main folle. Il y avait à la fois l'impression que le temps n'était plus, et l'impression que le temps était trop, comme si l'on repassait un film en accéléré en admirant les épais nuages dériver. Les arbres de cette forêt étaient immenses, cyclopéens. Cela ressemblait à ce que j'ai déjà vu au Bohemian Grove. Longtemps, je marchai, entre les troncs séculaires, me demandant ce que je faisais là. Je vis, un peu plus loin, comme un prieuré ¿ typique de notre Bretagne, qui n'avait rien à voir dans cette scène éérique. Un jeune homme, grand, fin, maigre, tout vêtu de noir, en est sorti et est rapidement venu à ma rencontre. Nous discutions sans bouger nos lèvres ; il me donna un baiser. Mais ses mots, ses mots, je ne pourrais les confier à l'écrit. D'une part, beaucoup ne m'ont laissé qu'une impression éthérée ; je sais physiquement que je m'en souviens, mais il m'est impossible de les ramener de façon délibérée aux portes de ma conscience ¿ cryptomnésie ¿ et d'autre part, certaines choses ont trop d'implications par rapport à moi et à d'autres personnes pour être confiées sur un forum public. Peut-être en MP pour les intéressés.

Tu dessers tes propos, là, Krekah, en donnant au sujet un tour métaphysique ou pire, biologique. Ma réponse là-bas Revenons au sujet. Je suis sortie de mon corps cette nuit. Je vais prendre le temps de rédiger ça, un peu calmement, et le poster dans un instant.

Ce sujet de discussion n'a pour sujet ni une multiplicité ou pas de la réalité, ni la différence entre de l'ADN et du plastique. Surtout que ce dernier post, Krekah, n'est pas très éclairé. D'une part, une cellule ne peut pas se diviser jusqu'à l'infini ; d'autre part, on sait très bien comment et pourquoi cela se fait ¿ même s'il reste beaucoup à étudier des mécanismes de différenciation cellulaire ¿ et pour terminer, cela ne requiert pas d'âme ou quoi que ce soit. Cela dessert tes propos de le dire. Voici du polyéthylène, un type de plastique que l'on trouve par exemple dans les cageots à Gibert-Joseph ou Carrefour Market : Voici la base de l'ADN, les quatres bases désoxyoligonucléotidiques : En sachant que c'est une simplification énorme ; l'ADN est disposé dans une double-hélice, elle-même roulée sur elle-même, et ce plusieurs fois, avec des molécules en guise de "crampons" permettant cet empaquetage qui forme ce que l'on appelle la chromatine. Dont sont constitués les chromosomes ; un chromosome, c'est de l'ADN. La séquence précise des bases sur la molécule détermine l'information génétique (qui est une information qui n'est pas apparue comme ça mais dont on peut retracer l'origine au cours de l'évolution). De plus, cette vision-là elle-même est encore simplifiée, car l'ADN contient également à de plus faibles taux des bases rares (uracil, hypoxanthine, 8-oxoguanine) et des structures particulières. L'ADN seul ne constitue pas un être vivant ; sinon, lorsqu'un forumeur se masturberait, il créerait un clone de lui-même, et cela ferait peur. L'ADN d'ailleurs s'endommage très facilement ; il ne peut pas y avoir d'ADN sans machinerie de réparation. Et il ne peut pas y avoir vie sans machinerie de réplication de l'information génétique (et donc l'ADN, sauf pour certains virus). Bref, je ne vois pas ce que la biologie vient faire là-dedans. Recadrons. Les voyantes. :D Je trouve que c'est une belle histoire, mais cela ne m'empêche pas de penser que la manipulation est une technique très bien rodée et permettant bien plus que la synchronicité. Cela me rappelle une anecdote, la lecture des lignes de la main d'amies lorsque j'étais plus jeune. Je savais comment formuler tout cela : tout s'est toujours réalisé comme je l'avais prédit et l'on m'a attribué de ce fait un "don". Et pourtant, je sais pertinemment ce que j'ai fait et la technique que j'ai utilisé. Connaissiez-vous les termes de lecture à froid et de lecture à chaud?

Les trois nouvelles par Gustav Meyrink dans le recueil Le Cardinal Napellus, de la Bibliothèque de Babel, préfacé par Borges. Il y a une nouvelle éponyme, Les Sangsues du Temps et Les frères de la Lune. Les deux premières sont en quelque sorte un propos occulte dans un discours inscrit dans une petite histoire, un procédé qu'affectionne particulièrement Meyrink (on le retrouve partout dans son ¿uvre, du Visage vert à l'Ange à la Fenêtre d'Occident, toujours soit sur un journal intime ou une correspondance, soit dans un discours entre initiés) ; le thème, la subtile différence entre exister et vivre. Le propos est particulièrement alchimique. Et la conclusion de la troisième et dernière nouvelle scintille avec une schizophrénie qui rappelle le très poétique Golem. En somme, c'était le livre rare de Meyrink qui manquait à ma bibliothèque ; dorénavant, je suis à la quête de An der Schwelle des Jenseits, son dernier roman ¿ jamais traduit en français, à ma connaissance.

Interlude Criterium-esque. J'ai le goût du sang dans ma bouche, le goût des larmes sur le coin de mes lèvres. Une odeur de thé vert imprègne tout. Ars moriendi. C'est les montagnes russes au milieu du Moyen-ége, c'est un transi du XVe que l'on enlace, une choupitude psychotique avec des orties desquelles se frapper. Somewhere over the rainbow.

J'aime bien. Cela parle de petits bateaux. Je me demande s'il y a une s¿ur Anne dans cette histoire ou si seul le soleil se met à la confidence, lorsqu'il s'approche de son amie la Lune, et que tombe la Nuit. Il y a à la fois une touche de coquetterie et de malignité (plus au sens d'espièglerie qu'au sens fort) qui semblent envelopper cet écrit ; mais comme il s'agit peut-être d'un rêve ou d'images, voire des deux, je ne saurais dire si mon impression est fondée.

:blush: Dimanche 18 avril 2010, 17h45 et des poussières d'étoile Le temps est beau. Le soleil baigne l'appartement et une petite brise vient conforter cette impression de repos dominical. J'entends une voisine parler hébreu au téléphone, de l'autre bout de la cour intérieure. é part cela, tout est calme. Je suis calme. Des nouvelles impromptues m'annoncent un lendemain chargé en petites choses administratives et politiques à réaliser ; il va y avoir du pain sur la planche. Malgré cet écueil inattendu, le lieu reste serein. Je suis embêté, mais confiant. Quelques textos sont également apparus ; comme des tartines de confiture (ils étaient beurrés d'intertextes), et l'on sait de quel côté cela tombe généralement. La crème de fraise sur le sol émane une odeur de sang. C'est ferreux. Quelqu'un se moque de moi. Je suis en colère. Et pourtant, seuls quelques nuages flottent. L'¿il fixe l'horizon. Je ne sais pas ce qui va se passer ; c'est le printemps. Malgré tout, l'été sera aussi rieur que dans le roman de Longus, quoiqu'il advienne. Je suis rêveuse.

Ceci étant dit, tout n'est pas à jeter dans ce petit poème. Par exemple, la troisième phrase est très connotée, d'une manière un peu cocasse ; l'avant-dernière est un compliment tellement incongru qu'il pourrait bien plaire, bien amené ; et la dernière phrase a un potentiel de beauté. Par contre, je ne suis pas certain(e) que ce poème ait été écrit avec un tant soit peu de sérieux ¿ ce qui est dommage, car xapangoo pourrait avoir un potentiel. :blush:

Heu, la stéganographie c'est surtout l'art d'insérer un message secret dans un message qui fait lui aussi sens, afin que l'existence-même du code ne soit pas évidente ; ainsi, seul quelqu'un qui sait qu'il y a un message secret peut l'y trouver et le décoder. L'art en lui-même de crypter un message, qu'il soit dissimulé de cette façon, ou pas dissimulé (c'est-à-dire que l'on voit très bien que c'est un message secret/crypté, sans pouvoir pour autant le décoder), constitue la cryptographie. :)

Je poursuis ma découverte systématique de l'œuvre de Hanns Heinz Ewers — et progressive, étant donné que seule une partie en est disponible en français et que même ceux-ci sont à dénicher çà et là, plus ou moins difficilement — et c'est comme d'habitude un régal. Autant dans l'Apprenti Sorcier je trouvais son style d'écriture bien moins abouti que son extraordinaire talent à saisir, à choquer, à frapper d'un coup de poing le lecteur, autant dans ce que je lis actuellement le style est excellent, souvent chargé d'humour, et ceci sans qu'il n'ait perdu la moindre once de force évocatoire. Un recueil de nouvelles, La suprême trahison, après lequel j'attaquerai son roman le plus connu à l'époque, de nos jours rare à trouver, Mandragore (en version originale, Alraune). C'est très inspirant. D'autant plus que plus j'en découvre sur la biographie d'Ewers, plus celle-ci paraît fascinante ; et lorsque l'on sait que la plupart de ses nouvelles sont directement inspirées d'événements de sa vie... Tout cela résonne très fortement en moi. émoi.