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Tout ce qui a été posté par Criterium
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Un pays musulman base forcément sa légitimité religieuse sur ses textes religieux, cela ne signifie pas pour autant qu'il applique à la lettre la version la plus dure et la plus stigmatisée de la charia. De plus, croire que l'on est intervenu là-bas pour sauver le pauvre peuple libyen contre un affreux dictateur serait un peu naïf, comme tout manichéisme politique. A contrario d'autres révolutions arabes, en Libye on aime à oublier que dès le début des hostilités, le peuple/les rebelles (l'appellation a changé au cours du temps, souvenez-vous) était armé ; qu'il y a eu des tractations d'armes depuis l'Europe d'un côté comme de l'autre, comme pour brouiller les pistes, et que l'on n'a pas attendu BHL pour y envoyer un grand renfort de barbouzes ; qu'à l'inverse d'autres pays, la Libye fonctionnait comme une sorte de fédération de tribus qui ne tenait pas à si grand-chose que cela ; que Kadhafi n'était pas juste un dictateur et un amateur des parties fines et du banga-banga avec Berlusconi, mais a toujours préféré l'Union Africaine à une association avec les autres pays d'Afrique du Nord uniquement. Les pistes n'ont pas cessées d'être brouillées depuis le début par toutes les parties prenantes, c'en est ubuesque. Peut-être est-ce pour toutes ces raisons et pour la profusion d'images et de vidéos de Kadhafi presque-mort puis bien-mort que tout ce que j'en retiens, c'est une légère nausée. Évidemment que son silence arrange. La réaction de BHL à ce sujet est presque hilarante, elle aussi. Et parce que j'ai envie de partager un article intéressant que j'ai lu ce matin : Rue89
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Pour une limitation de richesse par personne
Criterium a commenté un(e) billet du blog de economic dream dans ramassis d'idées et d'opinions
Dans cet article également tu ne tiens pas en compte de faits essentiels: — Les personnes possédant 8 milliards de dollars ne les possèdent généralement pas sur un compte courant à leur nom; les grandes sommes sont toujours sur le compte de personnes morales (sociétés, holdings, etc.) et répartis en de multiples actifs. — Quand bien même tu trouverais une solution au problème précédent, il faudrait qu'absolument tous les pays soient d'accord, ce qui n'est jamais le cas. Un seul pays ne signe pas et tout tombe à l'eau. — Quand bien même tous les pays auraient signés et appliqueraient tout cela, qui a autorité pour légiférer? Nombre de maisons? Part de marché? Ton intention est louable mais cette mesure ne tient pas la route. -
Une banque publique pretant sans interets
Criterium a commenté un(e) billet du blog de economic dream dans ramassis d'idées et d'opinions
Créer de l'argent ex nihilo augmente la quantité de devises en circulation, et donc dévalue la monnaie. Cela crée donc de l'inflation, qui se fait ressentir en premier lieu sur les classes pauvres et moyennes. De plus, il existe toujours un certain niveau de base d'inflation, disons 1%, qui fait que tout comme "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras", un euro aujourd'hui vaut plus qu'un euro demain. Il sera donc toujours déficitaire de prêter à un taux d'intérêt inférieur au taux d'inflation. Non seulement ta banque fera faillite, mais elle entraînerait ainsi un appauvrissement de la société entière : et un cours de base d'économie t'expliquera mathématiquement pourquoi et comment. -
Merci de ton avis, bizar. Oui, ça m'intéresse toujours, même des mois plus tard: le temps m'affecte de moins en moins. L'une des lectures de ce moment, un best-seller: la Bible. C'est sidérant lorsque les gens prennent la Génèse au sens littéral. Non pas tant pour la chronologie que pour des ellipses étranges: depuis la langue qu'a dû utiliser Dieu, au discours direct, pour s'adresser à Adam et Eve et pourtant avant la Tour de Babel (*), à ce qu'entendait Caïn en ayant peur de se faire tuer par le premier venu alors qu'il n'y avait pas encore d'autres hommes sur Terre, quant à où il a rencontré sa femme (**), et Yahvé dès le début recevait des offrandes brûlées selon le mode païen, agréant plus volontiers la viande que les grains — c'est d'ailleurs pour cela, pour refus de son offrande et de la jalousie qui en découla, et non pas de par sa nature perverse, que Caïn tua Abel. (en revanche symboliquement c'est riche de sens). etc. (*) Ça n'a pas préoccupé que moi, mais des hordes de savants depuis l'Antiquité qui y voyaient là l'indication de l'existence d'une langue originelle et parfaite, que certains ont eu tôt fait d'associer selon leurs tendances à l'hébreu, à l'égyptien ancien, à l'arabe, au basque, etc. À lire sur le sujet, Umberto Eco, La recherche de la langue parfaite. (**) Idem, beaucoup s'étaient déjà posé la question, et parfois semblent conclure qu'il est question de la création du Peuple élu et non pas de l'humanité elle-même.
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Les martyrs de la langue française.
Criterium a répondu à un(e) sujet de Frelser dans Langue française
Joli, miq75. Merci d'avoir partagé ça. -
En interlude, la Nouvelle Histoire de Mouchette de Bernanos. Ça pourrait se résumer de diverses façons. Disons l'histoire — courte — d'une jeune fille campagnarde faisant de l'école buissonnière, aux parents alcooliques, violée un soir d'hiver par un braconnier, et dont la mère meurt le lendemain, et à qui les émois indicibles de la puberté entraînent à un prompt suicide. On me dira que c'est bien gai, tout ça ; mais c'est bien écrit, et Bernanos a une façon et un style bien particuliers pour partager les émotions, pensées et psychologies de ses personnages.
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Aux curieux qui seraient effrayés par un nom tel que Wodensthrone — cliquez, ce n'est pas forcément synonyme de guitares saturées et voix criardes. Peut-être aimerez-vous quelques mélodies nostalgiques. Moi ça me plaît.
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Amicus Plato, sed magis amica veritas
Criterium a commenté un(e) billet du blog de Ab Ovo dans Ab Ovo Blog
Il n'est jamais mauvais en tant que tel ; il est juste peu sage d'y voir une sacro-sainte vérité qui vient se substituer à la réalité. Je crois plutôt qu'il faut voir ce proverbe comme une exhortation à ne pas avoir peur d'aller au-delà de l'auctoritas lorsqu'il le faut, la possibilité de remettre les choses en question. Agit-on pour un maître ou pour sa propre recherche, sa propre quête. Apparemment ce proverbe vient d'une paraphrase d'Aristote. Je trouve que la version grecque sonne mieux: "Φίλος μεν Πλάτων, φιλτέρα δε ἀλήθεια". -
Ça me plaît. http://www.youtube.com/watch?v=2ySVlBAMBu4
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L'intelligence rend-elle triste?
Criterium a répondu à un(e) sujet de The-arockalypse dans Philosophie
L'intelligence rend-t-elle triste? Si par "rend-t-elle" on entend un lien direct et de cause à effet, alors ça me paraît aventureux. En revanche, si l'on entend un lien de corrélation en général, ça me paraît juste. Mais assez avec mes perceptions. Étant donné qu'on ne définit pas très bien l'intelligence il devient malaisé de vouloir répondre avec une prétention "scientifique" à cette question. Étymologiquement inter+ligere, c'est-à-dire la faculté de lier des choses — des faits, des concepts, etc. en somme de faire des synthèses et de construire des modèles hypothétiques, et pas seulement d'accumuler des expériences et des savoirs, qui pourtant sont quand même nécessaires pour fonder lesdits modèles et lesdites synthèses... En d'autres termes, quelqu'un capable de penser au sens noble du terme. Autre problème, il n'y a pas de mesure claire de l'intelligence ; le Q.I., c'est mieux que rien (même si ce n'est pas l'intelligence), et ainsi la plupart des études à vocation scientifique se basent là-dessus. Tout simplement parce qu'il est plus important de pouvoir définir de façon claire (et ainsi de façon reproductible) les termes plutôt que de ne pas faire d'étude du tout à défaut d'avoir pu poser des fondations objectives, fusse au prix de quelques simplifications. Même problème pour le bonheur et la tristesse : ce sont des termes qui ne veulent plus rien dire — ils n'ont plus de rapport avec leur origine étymologique (le bon heurt, la chose imprévue et plaisante qui arrive subrepticement; la tristesse, tristis, à peu près le "fait d'être trituré" — dans le mauvais sens du terme), et si l'on interroge mille personnes, l'on obtient un ensemble varié de réponses, qui généralement est très lié à leur milieu socio-culturel et donc relatif et d'autant plus difficile à définir. C'est pour cela également, qu'à défaut de meilleure définition et de meilleur indicateur, la plupart des études à vocation scientifique choisissent de se baser sur une échelle artificielle contenant un certain nombre de ces choses qui reviennent souvent parmi les réponses à de tels sondages, du genre "le bonheur c'est être en bonne santé", "le bonheur c'est être bien entouré", "le bonheur c'est se sentir comme appartenant à une société, et à un milieu stable", etc. Du fait même de la façon dont il faudrait traiter le problème pour avoir un début de réponse, le processus et les raisons derrière ledit processus échapperont forcément à certains, qui trouveront donc toujours ces études fumeuses. (Quand bien même l'on a admit dès le départ que ça l'était mais que c'était la façon la moins imprécise et la moins aléatoire de procéder). Du coup, ça m'ôte l'intérêt d'aller exhumer de telles études — allons du côté de la spéculation pure. Je crois qu'il y a une corrélation entre l'intelligence de quelqu'un et sa faculté de découpler sa pensée du lieu où il est et du temps où il est, en d'autres termes de pouvoir réfléchir à une autre échelle que celle de sa petite vie, ainsi que de pouvoir se projeter dans le passé et dans le futur. Certaines personnes n'ont pas vraiment les moyens intellectuels pour dépasser une vie faite de stimulus simples/réponses simples, ceux-là devant concerner leur sphère immédiate — leur petite vie, leur environnement direct. À ceux-là, si les conditions idéales se produisent, le bien-être (et peu importe ce qu'il est et ce que ce terme peut bien définir) s'ensuit. Ça paraît aisé. En revanche, plus l'on est capable de relativiser et de penser à une autre échelle — ce qui est quelque chose qui, je crois, est intimement lié à l'intelligence, de part sa capacité de découplage et de projection —, par exemple à l'échelle non plus égoïstement de soi-même, mais aussi de ses proches, ou plus loin : celle d'une communauté ; ou plus loin : celle d'une société ; ou plus loin : celle de l'humanité... plus l'on est susceptible d'être contrarié par un grand nombre de choses. Lesquelles peuvent stimuler dans un temps énergique, mais également déprimer dans un temps nostalgique. — Mais on peut aller encore plus loin : relativiser au-delà de l'échelle de l'humain. Là, une barrière est franchie, car l'on se rend compte que l'homme n'est finalement pas grand-chose — et a fortiori les individualités. Les vies de chacun se retrouvent diluées, anonymes. Cela peut entraîner des vertiges et un immense sentiment de solitude. Bien que certains en rient (et encore, d'un rire triste : cf. Démocrite), d'autres en pleurent (cf. Héraclite). La même chose se produit lorsque l'on relativise en termes de temps. Je crois que tout le monde sera d'accord avec le fait que plus quelqu'un sait tirer parti des choses du passé (par exemple des erreurs commises par lui-même ou par d'autres), et tirer de cela ainsi de ce qu'il sait des pré-dictions sur le futur, est quelqu'un d'intelligent. Mais l'on peut relativiser à une plus grande échelle que celle du court-terme — et ainsi, de fil en aiguille, on peut se retrouver à relativiser à l'échelle de l'histoire de l'humanité ou des civilisations. Là encore, il y a place pour le tragique, pour les éternels retours et tâtonnements de l'homme, pour certains progrès qui n'en paraissent plus être d'aussi évidents, et la dilution des destinées individuelles... tout s'anonymise. Il reste quelques noms, quelques dates, quelques repères, sur un ensemble qui apparaît de plus en plus ressembler à de grandes vagues. Comme un petit bateau, l'on y navigue. (Je crois que Saint-Basile utilisait déjà cette image). L'on y a la direction du gouvernail, mais les grandes vagues restent et c'est ainsi seulement parmi un panel de directions que l'on peut s'aventurer au loin, plus loin, loin de toute terre. (Certains aiment à appeler ces vagues la Destinée, ou les Moïres, ou Dieu, ou d'autres choses ; mais cela n'est pas le cœur du sujet). — Il est facile d'y obtenir la fameuse mélancolie des marins. En somme, plus l'on est intelligent, plus l'on est en mesure de voir notre tragique et le Néant, et ces deux choses empêchent de se contenter d'un illusoire bonheur de simple. (Et de toute manière, à mon avis il n'y a pas de bonheur comme étant un état stable, mais plutôt des moments particulièrement vivants soit que l'on apprécie, soit dont l'on apprécie le souvenir, peu importe la raison). -
Il suffit de demander à Baudelaire. Et encore, pas seulement : la plupart des écrivains de la fin XIXe et début XXe allaient aux putes ; c'est à cette "hygiène", comme il disait, que le grand styliste Huysmans avait fait ses premiers faits d'armes. J'avais lu ce texte lorsque tu venais de le poster, mais même avec du recul, j'ai toujours l'impression d'un double-niveau : autant on peut interpréter cela comme le débat entre joie et intelligence — et à mon avis (mais peut-être devrais-je poster sur le topic en question), tout tient au fait que l'intelligence permet à quelqu'un de relativiser les choses non plus à l'échelle de sa petite vie et de son environnement immédiat, mais à une échelle plus haute, d'abord celle de l'environnement de ses proches, puis d'une ville, d'une nation, puis à l'humanité... puis à au-delà, où l'on se rend compte que ladite humanité n'est au final pas grand-chose. Plus l'on relativise ainsi, plus les destinées personnelles et les individus se diluent jusqu'à n'apparaître que comme des vagues, avec parfois quelques noms, quelques dates, donnés pour s'y repérer un peu mieux. Idem lorsque l'on relativise sur l'axe non plus de l'espace, mais du temps : que l'histoire a-t-elle une courte histoire! ... Grosso modo, plus quelqu'un est intelligent, plus il est capable de relativiser - et il est aisé de déprimer lorsque l'on relativise. Du coup il y a corrélation, sans que le lien de cause à effet soit direct ni irrémédiable, entre intelligence et mélancolie. Bref. Retour au texte : j'ai parfois l'impression de le lire comme la forme le déguise, comme une complainte d'une compagne un peu conne.
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Les martyrs de la langue française.
Criterium a répondu à un(e) sujet de Frelser dans Langue française
La faute qui m'irrite le plus, sur les forums, ce serait la confusion tort/tord. Pour je-ne-sais-quelle raison, celle-là se glisse même chez des personnes ayant pourtant une bonne orthographe ; elle choque d'autant plus. En deuxième position, sans doute la confusion hors/or. Généralement je lis peu ceux qui mélangent trop souvent participe et infinitif. -
J'adore cette gravure de Dürer. Le thème n'est pourtant pas très nauséeux, on trouve le meilleur comme le pire dans les couvertures des éditions de poche. Comment trouves-tu la Nausée? En ce moment, ici-bas, je commence et je laisse traîner bien trop de livres en même temps. Ça se lit lentement, très lentement, pour en tirer toutes les implications — jusqu'au mal de tête ou, certains jours, jusqu'à créer une sensation d'urgence et d'inspiration qui entraîne à écrire des pages et des pages sur des sujets parfois bien éloignés de ce qui en a entraîné le besoin. C'est varié, pêle-mêle. Toujours le Planétarium de Nathalie Sarraute, Phédon de Platon, et la Critique de la raison pure de Kant dont ma progression doit être de quelques pages par semaine avec recommencements constants. Mes guides de botanique. Des trucs, dès que c'est à portée de main.
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En principe la fermentation doit y être due de part la déposition naturelle d'un certain nombre de levures, contenues dans l'air ambiant ; en conséquent, du moment qu'il y en ait, cela devrait faire l'affaire. La fermentation est due au métabolisme anaérobie desdits organismes, c'est-à-dire sans besoin d'air extérieur. Cela devrait donc marcher même si le récipient est fermé hermétiquement, non? (Je n'ai pas — encore — fait l'expérience moi-même, d'où ma question : quelqu'un a-t-il testé?)
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J'aime à me plonger et à me re-plonger dans un livre étrange, en trois parties, tenant à moitié du poème en prose — ou en vers — et à moitié dans le manuel de botanique et de classifications taxonomiques, sur le thème des plantes ayant un effet sur l'esprit. Cela va du cacao aux psychodysleptiques plus puissants et moins légaux. C'est écrit dans un bel anglais, plein de subtilités et on y découvre avec plaisir que l'auteur a des connaissances sur l'alchimie et le Tarot, qu'il y distille finement çà et là. Dale Pendell — Pharmako/Poeia — Pharmako/Dynamis — Pharmako/Gnosis.
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Tueries d'Oslo: la Droite populaire fait front contre le Mrap
Criterium a répondu à un(e) sujet de Enghien dans International
Pas lu tout le topic. En diagonale on y trouve les mêmes débats et les mêmes débatteurs que dans les canons du genre, quelques appels au complot, et puis les habituelles généralités sur les souches et les musulmans et tout ça. — Je voulais juste écrire quelques lignes et exposer mon avis à mon tour. En lisant récemment les nombreux articles des journaux sur internet à propos de Breivik, et les commentaires d'internautes, c'en est presque écœurant de voir que quasiment tout le monde s'arrête à une explication simpliste, du type "c'était un psychopathe, un désaxé furieux, un fou hors de contrôle", parce que plus personne ne comprend la violence, et parce que ça fait penser aux histoires d'adolescents américains frustrés qui ouvrent le feu dans leur école. — Qui, même parmi les journalistes, a pris la peine de lire au moins quelques parties significatives du manifeste de Breivik, ce fameux document de 1500 pages environ dont tout le monde parle et que personne ne s'est amusé à trifouiller? Est-ce parce que c'est écrit en anglais? Est-ce parce que l'on s'arrête à une version "c'est un tissu de folies écrites par un individu malade"? En gros, qu'y trouve-t-on? — Je n'en ai lu que quelques passages, et la structure en diagonale. Breivik dit que depuis l'avènement de la philosophie de Derrida et son déconstructivisme, l'on a mis à mal la notion de mot et de sens des mots : ce dernier ayant grosso modo montré que chaque mot est défini, plutôt que par lui-même, par tout un réseau d'oppositions face à d'autres mots et à d'autres notions, et est ainsi défini en négatif : c'est ce qu'il appelle la trace. (lecture). Certains auraient interprété cela comme une façon d'autoriser les mots à dire tout et n'importe quoi, "les valeurs se perdent", et au lieu de commenter le texte par le texte commencèrent à tout interpréter de façon biographico-psychanalytique — et ce fut la porte ouverte aux nouveaux égalitaro-fascismes, que Breivik fustige allègrement sous la dénomination commune de "marxisme culturel". S'ensuivent de longues proses typiques sur la notion de dhimmitude (ذمي) appliquée à l'Occident (quelque chose qui est commun aux extrêmes-droite) et de longues interprétations historiques que je n'ai pas suffisamment creusées pour les commenter ici. — La dernière partie est plus étonnante, en cela qu'elle est constituée par un plan d'action, et une proposition pour la reconquista de l'Europe (inutile de préciser que c'est une Europe sans Turquie), dont de larges parties sont rédigées sous une forme de fiction mi-fantasmée — et c'est là qu'intervient la reformation de l' "Ordre des Templiers", pour fournir de nouveaux soldats, de nouveaux résistants. S'y trouvent de nombreux conseils quant aux entraînements à suivre, et quant à comment se procurer des armes. Ce n'est que la fin du manifeste qui est quelque peu délirante, de part l'immense fantasme qu'il y déroule. Il y décrit l'organisation de ce nouvel ordre, d'une manière qui fait penser à un jeu de rôles de paladins, illustrations typiquement fantasy à l'appui. Ce n'est pas plus ridicule que de nombreux skyblogs d'adolescents — c'est néanmoins ridicule. Il y préconise — alors que l'on parle bien de guérilla urbaine, de commandos, d'unités d'action rapide — l'utilisation d'armures intégrales (40 kgs) et de stéroïdes. Cela semble éloigné des réalités. Que l'on le présente comme quelqu'un de non-politisé, c'est entièrement faux, il a tout tenté pour imposer ses idées — idées partagées par bien plus qu'une minorité de personnes, rappelons-le : politique officielle, franc-maçonnerie (en pensant pouvoir y avoir une puissance "officieuse"), etc. Exactement comme il le préconise dans le manifeste, il a recours en dernier lieu à un acte terroriste contre ceux qu'il estime les plus responsables, les plus fautifs : non pas les musulmans (le "camp ennemi"), mais ceux qui refusent de voir la Guerre Sainte se déroulant déjà actuellement entre Occident chrétien et Moyen-Orient musulman, et qui empêchent donc l'entrée en guerre ; les marxistes culturels, les traîtres européens — dont la sentence de mort est prononcée tout au long du texte. Mais au juste, quelles sont ses idées? Il y a beaucoup de différentes façons d'être à droite de l'extrême-droite, de prendre les armes, et de détester l'islam. Quelle est la sienne? Breivik est : — Pour un nationalisme pan-européen (et USA). — Pour un retour à un christianisme fort et respecté. — Valeurs: Travail, Famille, Patrie. — Contre tous les communismes, marxismes, féminismes. — Pro-israélien. Il n'aime pas les skinheads et les néo-nazis, ni les partis officiels d'extrême-droite ; sa "maison" la plus proche est donc celle du christianisme intégriste radical et passant à l'action, entrant en Guerre. Certains aiment voir lesdits groupes mentionnés comme des groupuscules de fous sociopathes — voyez-y ce que vous préférerez y voir, vous y apprendrez quelque chose de vous-mêmes — mais plus que du fou, Breivik œuvrait pour des opinions, pour des valeurs, pour tout un système qu'il n'a finalement réalisé qu'il pouvait le ... partager, avec le monde, que par le biais d'un acte terroriste. — Quelles sont les bonnes et les mauvaises nouvelles? Commençons par les mauvaises : il est clair, lorsque l'on a déjà eu l'occasion de faire un petit tour sur le web fascisant, qu'il y a de nombreux autres Breivik. Parmi eux, quelques-uns auront le cran de passer à l'action, et beaucoup ne l'auront jamais. Il me paraît certain que cela peut recommencer, d'autant plus au fur et à mesure que des vagues d'immigration s(er)ont mal reçues de pays n'ayant pas eu un long passé immigratoire (Norvège et autres pays nordiques par exemple). La bonne nouvelle, c'est qu'en dépit de ses nombreux conseils quant à comment se procurer des armes et s'entraîner en vue de la Guerre Sainte, il est manifeste qu'il n'a pas su se "connecter" à de tels réseaux de façon plus systématisée. Allons finalement là où ça fait mal : il y a des revendications qui font sens parmi tout cela. Lui estime que la Croisade doit se faire contre l'Islam ; mais n'y a-t-il pas effectivement une guerre inavouée qui se joue dès à présent, non pas nécessairement entre religions, mais contre l'Empire du Fric, la monnaie toute-puissante? Évidemment que les religions y participent, mais le véritable combat me semble se situer à un niveau autre, un grand ras-le-bol, une grande révolution envers le système actuel fondé sur la croissance sans bornes, et l'abattage des barrières entre pays plus rapidement que les mentalités ne peuvent le supporter n'en est finalement qu'un effet secondaire, une distraction mondialisatrice. Il suffit de... par exemple... écouter quelques messages lancés par Ben Laden — l'on les imagine très religieux et très intolérants... et de les trouver plutôt géopolitiques ou relevant de cette autre guerre ; ou encore, à l'opposé... de faire comme quelqu'un l'avait suggéré à Breivik, dit-il : "Certains affirment ici que l'islam est une religion de paix et de tolérance, mais quelle serait leur espérance de vie s'ils devaient proférer cela dans les rues populaires du Caire?" (assurément la réponse nous intéresse, quelle est-elle? Je ne sais pas, je ne suis jamais allé au Caire). Voilà, c'était juste un puzzle de mots et de pensées. -
Le planétarium de Nathalie Sarraute. Je suis sûr que certains arrivent à le lire superficiellement et à n'en retenir que les dialogues vides que l'auteure elle-même nous montre crevés, et incapables de traduire en mot les défaites intérieures des (ombres de) personnages... et ça me déprimerait presque autant, car il s'agit au fond de la même chose, que cette incapacité elle-même. Je pleure toutes les dix pages, c'est grave?
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Hello. — Je trouve le nouveau design du forum complètement laid. Les améliorations fonctionnelles sont sans doute nombreuses et superbes — pourquoi en douter? ce n'est pas comme si je les utilisais vraiment — mais sans vouloir verser dans la critique facile et gratuite, je pense honnêtement que c'est affreux et moche. Même les profils en prennent pour leur compte, alors que ça faisait partie du charme de FFr. Et la tuerie systématique des accents non-communs dans les anciens messages (ë ö ü À É etc.) parachève une impression de recul, de rétrogradation. Il est impossible que je sois le seul à ressentir cela.