Une fois de plus, je me retrouve dans une situation de merde.
Au cours des dernières années, mon parcours scolaire s'est fortement dégradé.
"Quand je serai grande, je veux être maîtresse !"
Depuis ma plus tendre enfance, j'étais persuadée que je serai institutrice primaire, que j'enseignerai les matières principales aux enfants, surveillerai les récréations, ferai des bricolages pour les fêtes, soignerai les bobos aux genoux et au coeur. C'est pourquoi après mes 6 années de secondaires (j'habite en Belgique) réussies sans le moindre soucis et avec brio, je décidais de me lancer dans les études qui me mèneraient à mon rêve de gamine.
La première année se passe plutôt bien, les cours me plaisent, je suis déterminée et mes examens sont un succès. Le stage absolument ridicule qui consiste à rester au fond de la classe à prendre des notes et faire copine-copine avec les élèves se passe très bien, rien d'étonnant. En route vers une deuxième année, Mme R.
La deuxième année sera l'année du cauchemar. Les cours ne me déplaisent pas et je m'y applique. Mais voilà venu le premier stage pratique. Déception. Je n'aime pas enseigner. Mon monde idéal s'écroule et cette révélation me met un sacré coup au moral. Sans compter ma psychopédagogue qui décide de revoir les notes de mon stage à la baisse sans doute parce qu'elle avait un peu mal au cul à ce moment-là (je l'apprécie énormément, ça se ressent non ?). Ma session d'examens suit rapidement ce stage. Motivation absente et envie disparue, les notes s'en ressentent. Je vis le premier échec scolaire de ma vie. Je n'avais jamais raté un examen avant cela. Ou du moins, je n'avais jamais du en repasser un. Les professeurs, dans leurs remarques et leur comportement me font comprendre que je ne suis pas faite pour ça. Je le sais, je l'ai compris depuis ce stage qui tellement déplu... Je ne veux plus être maîtresse.
Interruption des études et job dans l'horeca
Je décide donc d'arrêter là le massacre. Je vais de moins en moins en cours, jusqu'à ne plus y aller du tout. Je commence une dépression post échec qui m'assome. Je suis une larve, j'oscille entre pleurs injustifiés et sommeil. Je suis fatiguée, tout le temps. Je dors énormément et pourtant je suis incapable de me lever le matin. Je n'ai plus goût à rien,je suis perdue. Les prises de tête avec mon père quand j'ai annoncé que je n'aimais plus mes études ont rythmés quelques journées. Il finit par comprendre que je ne vais pas bien, c'est d'ailleurs lui qui me force à aller chez le médecin qui diagnostique ma dépression.
Je ne peux pas rester chez moi à rien faire de mes journées. D'ailleurs les journées se ressemblent toutes : lever - ménage - repas - rangement - coucher. Je vais devenir folle si je continue cette routine ennuyeuse à souhait.
Mon père discute avec une connaissance qui tient un resto. J'y ai travaillé comme étudiante durant l'été passé et cela s'était très bien passé. Cette personne a justement besoin d'aide, elle décide de tester mes capacités en cuisine et, à mon grand étonnement, elle est ravie. Je suis prise en job étudiant. Je travaillerai donc là très régulièrement de février à septembre.
Reprise des études
En septembre,je reprends des cours. Je me dirige cette fois vers la voie de la communication. J'ai continué à travailler au resto pendant 3 ans, les week-end et durant les vacances scolaires. Cette année scolaire est un nouvel échec. Pour des raisons d'ordre personnel et familial, je rate mon année. Retour à la case départ avec quelques à repasser.
Et me revoilà cette année, encore et toujours en 1 ère année de bachelier. Je suis motivée et je travaille rigoureusement mais cela ne porte pas vraiment ses fruits. Les cours que je dois vraiment réussir me passe sous le nez à quelques points près et les autres cours par contre sont généralement validés. C'est le monde à l'envers. On continue, haut les coeurs. Et nous arrivons à cette session, à ce soir. Je ne suis pas certaine d'avoir réussi les examens que j'ai passé jusqu'à aujourd'hui. Pourtant je ne fais que ça, étudier. Je passe des journées à mon bureau, à essayer de faire rentrer dans mon petit cerveau les cours que je dois connaître. Mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Comme si mon cerveau avait perdu la faculté de mémoriser mes cours, moi qui avait si facile à retenir la manière avant.
Ce soir, j'ai passé la soirée à essuyer mes larmes de déception et d'aigreur. Je me sens nulle, bonne à rien et terriblement décevante. Je me déçois et je sais que mes parents seront déçus aussi même s'ils ne le disent pas.
J'ai 22 ans et après 4 ans d'études supérieures, je suis toujours au même stade. Celui que j'avais atteint à mes 18ans.
Je n'ai ni diplôme, ni emploi, ni chez-moi (alors que j'en rêve depuis des années), ni homme pour partager ma vie. Avoir des enfants ? N'en parlons même pas, c'est pas demain la veille et ce n'est pas faute de volonté.
Je stagne dans ma vie et je suis à bout, mentalement et physiquement. Ce soir encore, j'ai envie de tout balancer et recommencer. Arrêter les études qui ne me mènent à rien et entrer dans la vie active. Je ne suis plus faite pour rester assise à ingurgiter des centaines de pages de syllabi inintéressants. Je veux travailler, gagner ma vie et avancer, pour de vrai.
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