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Puisque Dieu n'existe pas, sur quoi peut-on fonder notre morale ?

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Blaquière

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 223 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)
Il y a 1 heure, Loufiat a dit :

C'est toute la question du droit naturel :)

La raison est-elle capable d'appréhender, de découvrir ou de fonder le droit naturel ? Y a-t-il un droit naturel ? Etc. 

Encore que la question reste bizarrement posée. "Puisque Dieu n'existe pas"... Dieu reste donc central, determinant même si c'est par son absence ou du moins son silence. 

 

Le but premier de Dieu n'était pas de  nous donner des bases morales mais de donner du sens à  la création! Car comment expliquer notre présence ici  et la présence de toute vie sur terre, si ce n'est, par un miracle?

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 236 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
il y a 39 minutes, querida13 a dit :

Le but premier de Dieu n'était pas de  nous donner des bases morales mais de donner du sens à  la création! Car comment expliquer notre présence ici  et la présence de toute vie sur terre, si ce n'est, par un miracle?

Par un être lui même inexplicable ?

On tourne en rond.

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 236 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
Il y a 10 heures, Valance a dit :

Mais est-ce par bonté ? 

Sans doute pas exprimé ainsi.

Mais pour moi les animaux ont une forme de conscience et de crainte de la mort. Du moins un instinct de survie qui les amènes à réagir face à un danger de mort ... peut-être ne conscientisent-ils pas réellement la mort, mais ils la connaissent, la craigne et réagissent pour l'éviter. 

Et sans-doute par mimétisme font-il de même avec les autres espèces ?

 

Dans tous les cas, soit un animal a peur d'un prédateur, soit il perçoit un autre animal comme une proie, soit... et bien il n'a pas de raisons de craindre ou d'etre craint, et il adopte alors le même comportement social qu'il a envers ses congénères ?

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Membre, Posté(e)
Demsky Membre 11 309 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 19 heures, Blaquière a dit :

Puisque Dieu n'existe pas, sur quoi peut-on fonder notre morale ?

(Voilà j'ai tout dit dans ma question... J'espère des réponses... positives ! :))

Le choix est limité pour les concepts  athées de chez Athée ...:pleasantry:

 la morale 

 

1) La solitude morale 

L’angoisse, l’impossible détermination de nos choix futurs, liée à l’absence de Dieu nous laisse seul dans nos choix, personne ne nous guide ni ne place en nous les instincts qui pourraient emporter notre décision. L’angoisse est donc la conséquence morale d’un radicalisme athée.

 

2) Critique de la morale laïque.

La morale laïque supprime Dieu mais conserve toutes les conséquences morales de son existence : Le caractère sacré des valeurs.

L’erreur de cette morale est de poser la valeur a priori des valeurs sans la garantie divine qui est la condition nécessaire de cette a prioricité. Comment serait-il a priori valable d’être honnête si aucun Dieu n’est garant de cette absoluité. Rejoint la critique Nietzschéenne : « le credo de l’opinion c’est la valeur en soi des valeurs ».

Détermination de ce mouvement : Le radicalisme, qui fait l’économie de Dieu mais garde toutes les conséquences morales de son existence «  rien ne sera changé si Dieu n’existe pas » p. 38

 

3) Opposition : la morale existentialiste :

- Elle prend au sérieux les conséquences morales de l’absence de Dieu : « Le bien a priori n’existe pas «  puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser ». En l’absence d’un point de vue absolu, tous les points de vue sont relatifs, et mes choix et valeurs n’ont aucune caution ou garantie que ce soit.

- Les deux aspects de la liberté morale :

Référence à Dostoïevski : Absence à l’intérieur, comme à l’extérieur de soi « ni en lui ni hors de lui » p. 39 de garant possible.    

 

- Le paradoxe de la condamnation à être libre.

La liberté est une condamnation parce que la seule chose que je ne peux pas choisir, c’est le fait même de choisir.

 

Ø      Illustration de la double absence

* La passion :

Souvent invoquée comme excuse : La passion serait considérée comme une force en l’homme, supérieur à sa volonté, qui serait la cause en lui de certains actes excessifs.
Irrecevable pour Sartre : On choisit sa passion.

* Le signe :

Souvent invoqué pour affirmé que le choix a été dirigé par une puissance supérieure. Exemple du Jeanne D’arc de Besson. Le signe n’a pas de sens en lui-même, il est le fruit d’une interprétation qui appartient à l’homme et dont il est responsable.

- « L’homme est l’avenir de l’homme » p. 40

Précision : Cela ne signifie pas que l’homme a un avenir, ou un destin, qui serait inscrit dans sa nature ou que seulement « Dieu le voit » p.40 alors c’est faux « ce ne serait même plus un avenir ». Cf. la contradiction entre la prescience de Dieu et la liberté de l’homme. Sartre ne croit pas à la solution scolastique sur la possibilité d’une vision divine extérieure au temps et pouvant l’embrasser, si mon avenir est perceptible pour un être, alors ma liberté est détruite.
Seule la virginité de mon avenir est lié à ma liberté.

 

 la morale

 

1) La solitude morale 

L’angoisse, l’impossible détermination de nos choix futurs, liée à l’absence de Dieu nous laisse seul dans nos choix, personne ne nous guide ni ne place en nous les instincts qui pourraient emporter notre décision. L’angoisse est donc la conséquence morale d’un radicalisme athée.

 

2) Critique de la morale laïque.

La morale laïque supprime Dieu mais conserve toutes les conséquences morales de son existence : Le caractère sacré des valeurs.

L’erreur de cette morale est de poser la valeur a priori des valeurs sans la garantie divine qui est la condition nécessaire de cette a prioricité. Comment serait-il a priori valable d’être honnête si aucun Dieu n’est garant de cette absoluité. Rejoint la critique Nietzschéenne : « le credo de l’opinion c’est la valeur en soi des valeurs ».

Détermination de ce mouvement : Le radicalisme, qui fait l’économie de Dieu mais garde toutes les conséquences morales de son existence «  rien ne sera changé si Dieu n’existe pas » p. 38

 

3) Opposition : la morale existentialiste :

- Elle prend au sérieux les conséquences morales de l’absence de Dieu : « Le bien a priori n’existe pas «  puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser ». En l’absence d’un point de vue absolu, tous les points de vue sont relatifs, et mes choix et valeurs n’ont aucune caution ou garantie que ce soit.

- Les deux aspects de la liberté morale :

Référence à Dostoïevski : Absence à l’intérieur, comme à l’extérieur de soi « ni en lui ni hors de lui » p. 39 de garant possible.    

 

- Le paradoxe de la condamnation à être libre.

La liberté est une condamnation parce que la seule chose que je ne peux pas choisir, c’est le fait même de choisir.

 

Ø      Illustration de la double absence

* La passion :

Souvent invoquée comme excuse : La passion serait considérée comme une force en l’homme, supérieur à sa volonté, qui serait la cause en lui de certains actes excessifs.
Irrecevable pour Sartre : On choisit sa passion.

* Le signe :

Souvent invoqué pour affirmé que le choix a été dirigé par une puissance supérieure. Exemple du Jeanne D’arc de Besson. Le signe n’a pas de sens en lui-même, il est le fruit d’une interprétation qui appartient à l’homme et dont il est responsable.

- « L’homme est l’avenir de l’homme » p. 40

Précision : Cela ne signifie pas que l’homme a un avenir, ou un destin, qui serait inscrit dans sa nature ou que seulement « Dieu le voit » p.40 alors c’est faux « ce ne serait même plus un avenir ». Cf. la contradiction entre la prescience de Dieu et la liberté de l’homme. Sartre ne croit pas à la solution scolastique sur la possibilité d’une vision divine extérieure au temps et pouvant l’embrasser, si mon avenir est perceptible pour un être, alors ma liberté est détruite.
Seule la virginité de mon avenir est lié à ma liberté.

IV/ LE DELAISSEMENT MORAL (p.41)

 

A) exemple 

 

1) Description : Mère ou combat

 

2) Les 2 types d’action.

* Concrète mais limitée à un individu

L’action qui consisterait à aider un individu plutôt que de s’engager dans une action à portée plus vaste a un avantage : Le résultat est certain, ou du moins, on pourra le percevoir.

Même chose de donner à un mendiant que l’on voit ou donner à une œuvre. La première action est concrète parce que le résultat est immédiat ou perceptible.

* De portée universelle mais ambiguë

Aller se battre a une portée plus grande, mais plus ambiguë : L’échec est toujours possible, l’action peut se perdre dans les hasards des circonstances «  dans les sables »p.42

A ces deux types d’actions correspond deux types de morale :

    Une centrée sur l’individu, privilégiant l’efficacité

   Une centrée sur l'universel, d'une portée plus large mais d'une efficacité plus douteuse

 

B) Critique des morales constituées

 

1) Inefficacité de la morale chrétienne.

Aimer son prochain n’indique pas de quelle façon il faut aimer, le choix de la voie la plus rude n’indique rien non plus « quelle est la voie la plus rude ? » p.43

Les préceptes moraux chrétiens sont généraux, ils indiquent une qualité de la volonté, non son objet.

 

 

2) La morale Kantienne.

Référence à un impératif Kantien " Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien en toi même que dans la personne d'autrui, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen."

Fondements de la métaphysique des mœurs Section 2 § 49

La morale Kantienne est très proche de la morale Sartrienne dans la mesure où elle subordonne la valeur de l’action à la possible valeur universel du principe en fonction duquel elle est effectuée.
La différence entre Sartre et Kant, c’est que Kant pense qu’avec la loi morale on peut déterminer a priori la valeur de son action, que l’on peut se diriger, être sûr de faire le bien, grâce à cette loi morale, bref qu’il n’y a pas de délaissement. Sartre pense au contraire que même cette « bonne volonté » nous laisse dans l’angoisse de la valeur de notre choix.

 

3) La morale du sentiment.

Consiste à affirmer qu’en l’absence de guide morale, il faut se fier à ce qu’on ressent.

Mais « comment déterminer la valeur d’un sentiment ? » p.44

-         Ce qui détermine la force de mon amour pour quelqu’un, ce sont les actes que je suis prêt à faire pour lui. Je ne peux donc demander à mon sentiment de déterminer la valeur de mes actes, c’est un cercle vicieux.

-         Objection possible du jeu : Je pourrais me fonder sur l’authenticité possible de mon sentiment. Mais il y a peu de différence entre jouer un amour, faire tous les actes qu’il suppose, et le ressentir véritablement. «  Autrement dit le sentiment se construit par les actes qu’on fait, je ne puis donc pas le consulter pour me guider sur lui » p.45

Conclusion :

Ni une morale conceptuelle qui serait devant moi, ni la recherche de mes états ne peuvent valider mon choix.

 

4) Objection catholique : La présence des signes.

Concession Sartrienne : C’est possible mais même s’il y a des signes, leur interprétation dépend de ma liberté. « c’est moi-même qui choisis le sens qu’ils ont ». p. 46

Exemple du jésuite : Déçu par un nombre important d’échec, il en tira la conclusion qu’ils étaient le signe, pour lui, d’une destination à la grandeur spirituelle et non temporelle. Il aurait pu, bien entendu, interpréter ses échec d’une manière très différente : « Il porte donc l’entière responsabilité du déchiffrement ». p.47

 

C) LE DESESPOIR

 

1) Les conditions de l’action

Consiste à ne compter que sur deux choses : Ce qui dépend de mon action et les probabilité. Je ne peux rien espérer de plus que ce qui dépend de moi et ce qui a des chances d’advenir.

Exemple de l’ami qui doit arriver par le train p.48. Toute croyance dans une correspondance magique entre le monde et mes désirs serait illusoire. Lorsque j’ai fait tout mon possible pour qu’arrive ce que je voulais, je ne peux rien faire d’autre : « A partir du moment où les possibilités ne sont pas rigoureusement engagées dans mon action, je dois m’en désintéresser ». p.47

 

2) Objection Marxiste :

- Un communiste doit compter, non seulement sur son action, mais aussi sur l’action de ses camarades qui participent à l’avènement de la révolution.
Opposition plus profonde entre Sartre et Marx : Marx pense, non pas une vérité humaine, mais une vérité historique : Il considère que la lutte des classes, amènera fatalement à une victoire prolétarienne. Sartre ne peut être déterministe.

- Réponse Sartrienne :

Les hommes sont libres et je ne peux déterminer ce qu’ils feront en fonction même de cette liberté. Ils peuvent parfaitement décider demain d’instaurer le fascisme.

« Les choses seront telles que l’homme aura décidé qu’elles soient ». p. 50

3) Conséquence, le quiétisme ?

- Sartre refuse le quiétisme. Le désespoir existe parce que mon action est limitée à mes possibles, mais « il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre ».

- Exemple de la collectivisation. Sartre s’engage : « je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle arrive » mais son engagement communiste est ambigu, parce que contre Marx, il ne considère pas qu’elle doive arriver de toutes façons.

- Opposition radicale de la doctrine Sartrienne et du quiétisme : La doctrine de Sartre place l’action humaine au centre de l’homme et de sa définition par lui-même. « L’homme n’est donc rien d’autre que l’ensemble de sa vie » p. 51

 

V CONCEPTION EXISTENTIALISTE DE L’EXISTENCE :

 

A) Réduction de l’existence a la somme des actes.

 

1)      La consolation populaire.

Explication trouvée par Sartre du rejet populaire de l’existentialisme : Lorsqu’on a connu des échecs on peut trouver un réconfort dans la pensée de ce qu’on aurait pu faire ou être. Notre être, avec ce genre de pensée, ne se réduit donc pas à ce que nous avons fait, nous avons ainsi plus de valeur que notre vie ne pourrait le laisser supposer.

 

2)      Eviction de la consolation.

- 2 occurrences : L’amour et l’œuvre. Je ne peux penser que j’aurais pu vivre un amour si je ne l’ai pas vécu, l’amour se construit, et en potentialité, il n’est pas grand-chose.
De même je ne peux penser aux œuvres que j’aurai pu écrire si je n’ai rien écrit : « Le génie de Proust c’est la totalité des œuvres de Proust » p.52

L’individu se réduit donc à la somme de ses actes : «  un individu s’engage, déssine sa figure, et en dehors de cette figure, il n’y a rien ». p. 53

 

3) Dureté existentialiste :

- Doctrine bien évidemment difficile à concevoir et surtout à accepter pour quelqu’un qui a raté sa vie, du moins qui interprète sa vie comme ratée. Dire a quelqu’un qui pense avoir raté sa vie « tu n’es rien d’autre que ta vie » p.53, c’est d’une grande dureté.

- Cependant cela apprend aux gens à ne pas se bercer dans les rêves de ce qui aurait pu être et à s’engager dans ce qui est encore possible. Les rêves du passé ne sont jamais que des rêves avortés, ou des espoirs déçus, ils ne permettent pas de construire quoi que ce soit.

- Bémol existentialiste

Dire qu’un homme est l’ensemble de ce qu’il fait, ce n’est pas le réduire à un seul aspect de sa vie. Si quelqu’un par exemple est un écrivain raté, qu’il vous dit qu’il est un raté mais qu’il aurait pu être un grand écrivain dans des circonstances plus favorables, on peut lui répondre que cette pensée est inutile, qu’en revanche il peut considérer d’autres aspects de son existences qui, eux, le définissent aussi et ne sont peut-être pas ratés.

. « Mille autre chose contribuent également à le définir » p.53

 

 

B) Conséquence, la responsabilité totale.

 

1) Dureté de l’optimisme.

Le reproche fait à l’existentialisme n’est pas celui d’un pessimisme, mais d’une dureté optimiste. Le pessimisme consisterait à dire qu’un individu est ce qu’il est, donc qu’il ne peut changer. C’est le pessimisme d’un Zola, qui attribue par exemples les tares de ses personnages à des atavisme familiaux.

Ce qui est surtout reproché à l’existentialisme, c’est cette dureté qui consiste à dire «  Le lâche est responsable de sa lâcheté » p.54. Seuls les actes d’un homme et non sa constitution physiologique ou son appartenance sociologique, permettent de le qualifier de lâche.

 

2) Distinction tempérament et acte

Une confusion fréquente entre une tendance et un acte. Je peux qualifier de tempérament tel ou telle tendance : Nerveux, sanguin, lymphatique etc. Mais une tendance n’est pas un acte. On peut par exemple avoir peu d’agressivité et se conduire courageusement à l’occasion, seul l’acte le détermine, et « un tempérament ce n’est pas un acte » p.55

 

3) Raison l’opposition populaire aux personnages Sartriens

Ce qui fait véritablement horreur c’est que les personnages soient coupables de la lâcheté qui est la leur. Ce qui rassure c’est lorsque les héros sont des héros et les lâches des lâches, mais la volonté littéraire de Sartre fut de montrer que les individus n’ étaient pas monolithiques et que leur acte était l’effet de leur liberté : « Le lâche se fait lâche, le héros se fait héros. » P.55

 

4 ) Conclusion, l’optimisme Sartrien p.56

Pas de quietisme existentialiste parce que sa vérité est dans l’action

Pas de pessimisme puisque le destin de l’homme lui appartient

Et pas de découragement parce que son espoir est dans l’acte.

 

c) La subjectivité.

 

1) l’héritage Cartésien :

Réponse au reproche de subjectivisme.

Subjectivisme assumé au point de départ de la théorie, au non de la vérité. Or la seule vérité incontestable est : Je pense donc je suis.

Sens que Sartre donne au cogito : « c’est la vérité absolue de la conscience s’atteignant elle-même » p.57. Il ne s’agit pas de l’affirmation d’un être, mais simplement du pouvoir réflexif de la conscience, d’un acte.

 

2) la dignité :

La théorie cartésienne, et Sartrienne, qui considère l’individu comme un sujet de conscience, est la seule à conférer une dignité à l’homme. «  tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes, y compris soi-même, comme des objets » p.58. Ce tout matérialisme inclut le matérialisme historique marxiste, d’où rupture entre Sartre et les communistes

 

3) L’intersubjectivité.

Originalité de la théorie Sartrienne : Autrui est une certitude contemporaine du cogito : « l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes ». Pour Descartes, l’autre est un problème, son existence n’est pas rationnellement certaine, et n’aura jamais une certitude rationnelle aussi grande que ma propre existence atteinte par le cogito.

A l’incertitude rationnelle Sartre répond par la certitude existentielle : L’épreuve du regard, analysé dans l’être et le néant, me révèle, dans la honte par exemple que l’autre c’est celui par lequel j’ai une objectité, celui par lequel je peux être objet. Toutes mes déterminations, ce que je suis, m’est conféré par autrui, c’est lui qui me donne mon être. « il se rend compte qu’il ne peut rien être ( au sens où l’on dit qu’on est spirituel ou méchant ou jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel » p.59. C’est ce que Sartre appelle l’intersubjectivité, autrement dit le fait que ma subjectivité implique l’autre. Tout rejet de l’autre comme un sujet est donc assimilable à de la mauvaise foi, au refus de reconnaître une vérité qui s’impose, au paradoxe ( comme celui qui me fait nier la liberté d’un autre au prétexte de son angoisse devant la liberté, angoisse qui en est cependant la marque).

 

4) La condition humaine :

- Refus de la notion de nature humaine : La nature humaine impliquerait une essence qui serait préalable à l’existence de l’homme, contraire donc au principe Sartrien selon lequel «  l’existence précède l’essence ».

- La condition humaine c’est « l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale » p.60 Celles-ci dépassent les conditions historiques, elles sont objectives et au nombre de 3 : Etre au monde, être au travail, être mortel.

C’est cette raison pour laquelle aucun humain ne m’est totalement étranger, parce que ses projets, comme les miens, seront des tentatives, un essai « pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder » p.60. Je peux par exemple essayer de m’émanciper de la nécessité du travail par la machine, reculer la mort par la médecine ou la nier par la croyance, etc.

Aussi on peut parler d’un universalisme Sartrien au sens où tout projet, même de celui qui est étranger, demeure un projet humain : « il y a universalité de tout projet en ce sens que tout projet est compréhensible pour tout homme » p.61

C’est ce que Sartre entend par « l’universalité de l’homme ». Distinction cependant entre l’universalité donnée et l’universalité construite. Il ne s’agit pas de dire que tous les hommes ont une même nature (déjà vu) mais qu’ils ont tous à construire leur existence en tenant compte de situations historiques données, et des limites objectives avec lesquelles ils devront composer et construire ce qu’ils seront.

 

VI L’EXISTENTIALISME ET LES VALEURS

 Position du problème

 

Enoncé des objections émises, d’après l’accusation de subjectivisme.

3 accusations ( p.63) Anarchie « vous pouvez choisir n’importe quoi » p.63, impossibilité de juger les autres, la gratuité des actes.

 

A)    première objection : «  vous pouvez choisir n’importe quoi »

 

1)      Objection inexacte :

      Ce qui est impossible c’est de ne pas choisir. Le choix pourrait paraître alors complètement aléatoire, parce que le choix ( contrairement à la morale Kantienne) n’est pas déterminé par des valeurs a priori

 

2)      comparaison avec l’acte gratuit.

      Référence à André Gide et surtout aux « caves du Vatican » et au personnage de Lafacadio cf. cours sur la liberté. Le héros Gidien qui agit par caprice ne s’engage en aucune façon, au contraire le personnage Sartrien prendra la mesure de son acte et l’ampleur de sa responsabilité « il est impossible qu’il ne prenne pas une responsabilité totale en face de ce problème » p.64

 

3)      comparaison avec l’œuvre d’art

Ø      Eviter une confusion avec une morale esthétique. Une telle morale déterminerait des valeurs en fonction de la beauté d’un acte, ou de la qualité esthétique d’une vertu.

Ø      Ce que signifie le rapport à l’œuvre d’art, c’est que là non plus on ne peut déterminer de valeurs a priori ( cf. cours sur l’art et la conception Kantienne du génie) « nous sommes dans la même situation créatrice » p.65

Reprise de l’exemple du résistant avec sa mère, son choix est l’invention de valeurs, l’invention de sa loi sans qu’il puisse se référer à une morale antérieure : «  nous ne pouvons pas décider a priori de ce qu’il y a à faire » p.66

 

 B)     Deuxième objection : Vous ne pouvez pas juger les autres.

 

1)      concession aux objecteurs, le refus du progrès.

En effet impossibilité de juger un choix lucide et responsable plutôt qu’un autre. Ce n’est pas un refus d’un progrès technique, mais c’est le refus d’un progrès moral qui ferait que l’homme aurait plus de facilité à choisir aujourd’hui qu’avant : « Le choix reste toujours un choix dans une situation » p.67

 

2)      possibilité de jugement : La vérité.

- Toute excuse est condamnable parce qu’une excuse est l’abolition de la paternité de son acte. Le déterminisme, l’appel à des causes en nous qui seraient responsables de nos actes à notre place, est un mensonge, comme tel il est condamnable.

- objection possible :  « Pourquoi ne choisirait-il pas de mauvaise foi ? » p.68, possible et la condamnation n’est pas au nom de la morale, mais de la vérité, c’est un mensonge.

- Deuxième condamnation possible ( parrallèle aux deux aspects de la liberté « il ne trouve ni en lui ni hors de lui de possibilité de s’accrocher » p.39) Poser des valeurs comme valables a priori est aussi de l’ordre du mensonge, les valeurs je les choisis, je les pose par mes actes, je ne peux dire alors que ces valeurs s’imposent à moi.

Objection : « si je veux être de mauvaise foi p. 68 » Possibilité, mais alors une condamnation est possible, non au non de la morale, mais de la simple cohérence : Je ne peux pas choisir d’être de mauvaise foi et ensuite dire que je suis de bonne foi. C’est plus une condamnation logique que morale

 

 3)      Possibilité de jugement moral : La liberté

« Je peux porter un jugement moral » p. 69

- La liberté comme fondement des valeurs : Lorsque j’élimine les autres fondements de mon choix, je considère que la liberté est le seul fondement réel. « On ne peut plus vouloir qu’une chose c’est la liberté comme fondement de toutes les valeurs » p.69 

- La solidarité de la liberté :

Ma liberté, le choix que j’effectue, ne dépend certes pas des autres. Cependant tout engagement engage, comme déjà vue, tous les hommes, je choisis pour tout homme. En conséquence je ne peux vouloir authentiquement que la liberté des autres en choisissant la mienne. «  Je ne puis prendre ma liberté comme but que si je prends également celle des autres comme but » p.70 Un choix par exemple qui déterminerait la supériorité d’une partie des hommes sur les autres ne serait pas un choix authentique et serait condamnable au nom de la liberté.

- L’authenticité

On peut alors porter un jugement, on peut qualifier de lâches ceux qui se cachent derrière l’esprit de sérieux ou le déterminisme. On peut également qualifier de salauds « ceux qui essaieront de montrer que leur existence était nécessaire ».
Le jugement Sartrien n’est pas alors un jugement concernant des valeurs déjà établies auxquelles on comparerait des actes concrets, c’est un jugement qui considère la possibilité même du choix : l’authenticité, et qui considérerait l’aptitude à assumer cette condition du choix. « Lâches et salauds ne peuvent être jugés que sur le plan de la stricte authenticité » p.71

 

C)     Morale abstraite et concrete 

 

1) Retour à la comparaison au Kantisme

- Comme Kant Sartre admet un universalisme moral : Formellement, pour Sartre, tous les choix qui sont universalisables et donc sont authentiques, sont des choix acceptables. Pour Kant également l’universel est un critère formel du choix moral. La différence entre Sartre et Kant, est que pour le second, ce critère suffit à savoir comment agir, suffit à déterminer quelle action concrète nous alloons faire. Pour Sartre au contraire, le critère de l’authenticité ne suffit pas, il ne nous dispense en aucun cas d’inventer notre morale, de choisir. «  Le contenu est toujours concret, et par conséquent imprévisible, il y a toujours invention. ». P.71

- Mon jugement moral ne va pas porter sur le fait qu’une personne ait choisi d’inventer telle ou telle solution, de choisir telle ou telle valeur, ce n’est pas le contenu concret que l’on va juger, mais de quelle façon ce choix a été fait : « la seule chose qui compte, c’est de savoir si l’invention qui se fait, se fait au nom de la liberté » P.71 

 

2) Comparaison de deux exemples.

- Contrairement à la morale Kantienne qui montre qu’on ne peut faire qu’un seul type de choix Sartre va montrer que, dans une même situation, deux choix opposés peuvent être également valorisés s’ils sont effectués au nom de la liberté.

- Dans « le moulin sur la Floss » de Georges Elliot, le personnage féminin choisit de sacrifier sa passion pour ne pas briser l’union de l’homme qu’elle aime et d’une fille insignifiante. C’est un choix libre qui détermine la solidarité, et l’éviction de la souffrance d’autrui comme valeur.

- En revanche un personnage littéraire comme la Sanseverina de « la chartreuse de Parme », aurait probablement choisi le fait de vivre l’intensité d’une passion comme valeur. Mais là aussi elle aurait pu le choisir pour tout humain.

- Dans la morale Kantienne, une élévation à l’universel de la maxime aurait suffi à trancher, et Kant refuse l’ambiguïté morale. Au contraire, Sartre dit qu’il faut assumer cette ambiguïté, et que des jugements moraux opposés peuvent avoir la même valeur si tous deux sont effectués au nom de la liberté. « nous sommes ici en face de deux morales strictement opposées ; je prétends qu’elles sont équivalentes » p.72.
- On peut même considérer comme non valables des choix identiques, quand aux effets, à des choix valables : Si la première avait choisi le renoncement par résignation, et si la seconde avait choisi de privilégier la passion par seul appétit alors ces deux choix manqueraient également d’authenticité. Ce ne sont donc pas les actes concrets que l’on juge, ce sont bien plutôt la liberté qui nous a poussé à les faire.

IV/ LE DELAISSEMENT MORAL (p.41)

 

A) exemple 

 

1) Description : Mère ou combat

 

2) Les 2 types d’action.

* Concrète mais limitée à un individu

L’action qui consisterait à aider un individu plutôt que de s’engager dans une action à portée plus vaste a un avantage : Le résultat est certain, ou du moins, on pourra le percevoir.

Même chose de donner à un mendiant que l’on voit ou donner à une œuvre. La première action est concrète parce que le résultat est immédiat ou perceptible.

* De portée universelle mais ambiguë

Aller se battre a une portée plus grande, mais plus ambiguë : L’échec est toujours possible, l’action peut se perdre dans les hasards des circonstances «  dans les sables »p.42

A ces deux types d’actions correspond deux types de morale :

    Une centrée sur l’individu, privilégiant l’efficacité

   Une centrée sur l'universel, d'une portée plus large mais d'une efficacité plus douteuse

 

B) Critique des morales constituées

 

1) Inefficacité de la morale chrétienne.

Aimer son prochain n’indique pas de quelle façon il faut aimer, le choix de la voie la plus rude n’indique rien non plus « quelle est la voie la plus rude ? » p.43

Les préceptes moraux chrétiens sont généraux, ils indiquent une qualité de la volonté, non son objet.

 

 

2) La morale Kantienne.

Référence à un impératif Kantien " Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien en toi même que dans la personne d'autrui, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen."

Fondements de la métaphysique des mœurs Section 2 § 49

La morale Kantienne est très proche de la morale Sartrienne dans la mesure où elle subordonne la valeur de l’action à la possible valeur universel du principe en fonction duquel elle est effectuée.
La différence entre Sartre et Kant, c’est que Kant pense qu’avec la loi morale on peut déterminer a priori la valeur de son action, que l’on peut se diriger, être sûr de faire le bien, grâce à cette loi morale, bref qu’il n’y a pas de délaissement. Sartre pense au contraire que même cette « bonne volonté » nous laisse dans l’angoisse de la valeur de notre choix.

 

3) La morale du sentiment.

Consiste à affirmer qu’en l’absence de guide morale, il faut se fier à ce qu’on ressent.

Mais « comment déterminer la valeur d’un sentiment ? » p.44

-         Ce qui détermine la force de mon amour pour quelqu’un, ce sont les actes que je suis prêt à faire pour lui. Je ne peux donc demander à mon sentiment de déterminer la valeur de mes actes, c’est un cercle vicieux.

-         Objection possible du jeu : Je pourrais me fonder sur l’authenticité possible de mon sentiment. Mais il y a peu de différence entre jouer un amour, faire tous les actes qu’il suppose, et le ressentir véritablement. «  Autrement dit le sentiment se construit par les actes qu’on fait, je ne puis donc pas le consulter pour me guider sur lui » p.45

Conclusion :

Ni une morale conceptuelle qui serait devant moi, ni la recherche de mes états ne peuvent valider mon choix.

 

4) Objection catholique : La présence des signes.

Concession Sartrienne : C’est possible mais même s’il y a des signes, leur interprétation dépend de ma liberté. « c’est moi-même qui choisis le sens qu’ils ont ». p. 46

Exemple du jésuite : Déçu par un nombre important d’échec, il en tira la conclusion qu’ils étaient le signe, pour lui, d’une destination à la grandeur spirituelle et non temporelle. Il aurait pu, bien entendu, interpréter ses échec d’une manière très différente : « Il porte donc l’entière responsabilité du déchiffrement ». p.47

 

C) LE DESESPOIR

 

1) Les conditions de l’action

Consiste à ne compter que sur deux choses : Ce qui dépend de mon action et les probabilité. Je ne peux rien espérer de plus que ce qui dépend de moi et ce qui a des chances d’advenir.

Exemple de l’ami qui doit arriver par le train p.48. Toute croyance dans une correspondance magique entre le monde et mes désirs serait illusoire. Lorsque j’ai fait tout mon possible pour qu’arrive ce que je voulais, je ne peux rien faire d’autre : « A partir du moment où les possibilités ne sont pas rigoureusement engagées dans mon action, je dois m’en désintéresser ». p.47

 

2) Objection Marxiste :

- Un communiste doit compter, non seulement sur son action, mais aussi sur l’action de ses camarades qui participent à l’avènement de la révolution.
Opposition plus profonde entre Sartre et Marx : Marx pense, non pas une vérité humaine, mais une vérité historique : Il considère que la lutte des classes, amènera fatalement à une victoire prolétarienne. Sartre ne peut être déterministe.

- Réponse Sartrienne :

Les hommes sont libres et je ne peux déterminer ce qu’ils feront en fonction même de cette liberté. Ils peuvent parfaitement décider demain d’instaurer le fascisme.

« Les choses seront telles que l’homme aura décidé qu’elles soient ». p. 50

3) Conséquence, le quiétisme ?

- Sartre refuse le quiétisme. Le désespoir existe parce que mon action est limitée à mes possibles, mais « il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre ».

- Exemple de la collectivisation. Sartre s’engage : « je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’elle arrive » mais son engagement communiste est ambigu, parce que contre Marx, il ne considère pas qu’elle doive arriver de toutes façons.

- Opposition radicale de la doctrine Sartrienne et du quiétisme : La doctrine de Sartre place l’action humaine au centre de l’homme et de sa définition par lui-même. « L’homme n’est donc rien d’autre que l’ensemble de sa vie » p. 51

 

V CONCEPTION EXISTENTIALISTE DE L’EXISTENCE :

 

A) Réduction de l’existence a la somme des actes.

 

1)      La consolation populaire.

Explication trouvée par Sartre du rejet populaire de l’existentialisme : Lorsqu’on a connu des échecs on peut trouver un réconfort dans la pensée de ce qu’on aurait pu faire ou être. Notre être, avec ce genre de pensée, ne se réduit donc pas à ce que nous avons fait, nous avons ainsi plus de valeur que notre vie ne pourrait le laisser supposer.

 

2)      Eviction de la consolation.

- 2 occurrences : L’amour et l’œuvre. Je ne peux penser que j’aurais pu vivre un amour si je ne l’ai pas vécu, l’amour se construit, et en potentialité, il n’est pas grand-chose.
De même je ne peux penser aux œuvres que j’aurai pu écrire si je n’ai rien écrit : « Le génie de Proust c’est la totalité des œuvres de Proust » p.52

L’individu se réduit donc à la somme de ses actes : «  un individu s’engage, déssine sa figure, et en dehors de cette figure, il n’y a rien ». p. 53

 

3) Dureté existentialiste :

- Doctrine bien évidemment difficile à concevoir et surtout à accepter pour quelqu’un qui a raté sa vie, du moins qui interprète sa vie comme ratée. Dire a quelqu’un qui pense avoir raté sa vie « tu n’es rien d’autre que ta vie » p.53, c’est d’une grande dureté.

- Cependant cela apprend aux gens à ne pas se bercer dans les rêves de ce qui aurait pu être et à s’engager dans ce qui est encore possible. Les rêves du passé ne sont jamais que des rêves avortés, ou des espoirs déçus, ils ne permettent pas de construire quoi que ce soit.

- Bémol existentialiste

Dire qu’un homme est l’ensemble de ce qu’il fait, ce n’est pas le réduire à un seul aspect de sa vie. Si quelqu’un par exemple est un écrivain raté, qu’il vous dit qu’il est un raté mais qu’il aurait pu être un grand écrivain dans des circonstances plus favorables, on peut lui répondre que cette pensée est inutile, qu’en revanche il peut considérer d’autres aspects de son existences qui, eux, le définissent aussi et ne sont peut-être pas ratés.

. « Mille autre chose contribuent également à le définir » p.53

 

 

B) Conséquence, la responsabilité totale.

 

1) Dureté de l’optimisme.

Le reproche fait à l’existentialisme n’est pas celui d’un pessimisme, mais d’une dureté optimiste. Le pessimisme consisterait à dire qu’un individu est ce qu’il est, donc qu’il ne peut changer. C’est le pessimisme d’un Zola, qui attribue par exemples les tares de ses personnages à des atavisme familiaux.

Ce qui est surtout reproché à l’existentialisme, c’est cette dureté qui consiste à dire «  Le lâche est responsable de sa lâcheté » p.54. Seuls les actes d’un homme et non sa constitution physiologique ou son appartenance sociologique, permettent de le qualifier de lâche.

 

2) Distinction tempérament et acte

Une confusion fréquente entre une tendance et un acte. Je peux qualifier de tempérament tel ou telle tendance : Nerveux, sanguin, lymphatique etc. Mais une tendance n’est pas un acte. On peut par exemple avoir peu d’agressivité et se conduire courageusement à l’occasion, seul l’acte le détermine, et « un tempérament ce n’est pas un acte » p.55

 

3) Raison l’opposition populaire aux personnages Sartriens

Ce qui fait véritablement horreur c’est que les personnages soient coupables de la lâcheté qui est la leur. Ce qui rassure c’est lorsque les héros sont des héros et les lâches des lâches, mais la volonté littéraire de Sartre fut de montrer que les individus n’ étaient pas monolithiques et que leur acte était l’effet de leur liberté : « Le lâche se fait lâche, le héros se fait héros. » P.55

 

4 ) Conclusion, l’optimisme Sartrien p.56

Pas de quietisme existentialiste parce que sa vérité est dans l’action

Pas de pessimisme puisque le destin de l’homme lui appartient

Et pas de découragement parce que son espoir est dans l’acte.

 

c) La subjectivité.

 

1) l’héritage Cartésien :

Réponse au reproche de subjectivisme.

Subjectivisme assumé au point de départ de la théorie, au non de la vérité. Or la seule vérité incontestable est : Je pense donc je suis.

Sens que Sartre donne au cogito : « c’est la vérité absolue de la conscience s’atteignant elle-même » p.57. Il ne s’agit pas de l’affirmation d’un être, mais simplement du pouvoir réflexif de la conscience, d’un acte.

 

2) la dignité :

La théorie cartésienne, et Sartrienne, qui considère l’individu comme un sujet de conscience, est la seule à conférer une dignité à l’homme. «  tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes, y compris soi-même, comme des objets » p.58. Ce tout matérialisme inclut le matérialisme historique marxiste, d’où rupture entre Sartre et les communistes

 

3) L’intersubjectivité.

Originalité de la théorie Sartrienne : Autrui est une certitude contemporaine du cogito : « l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes ». Pour Descartes, l’autre est un problème, son existence n’est pas rationnellement certaine, et n’aura jamais une certitude rationnelle aussi grande que ma propre existence atteinte par le cogito.

A l’incertitude rationnelle Sartre répond par la certitude existentielle : L’épreuve du regard, analysé dans l’être et le néant, me révèle, dans la honte par exemple que l’autre c’est celui par lequel j’ai une objectité, celui par lequel je peux être objet. Toutes mes déterminations, ce que je suis, m’est conféré par autrui, c’est lui qui me donne mon être. « il se rend compte qu’il ne peut rien être ( au sens où l’on dit qu’on est spirituel ou méchant ou jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel » p.59. C’est ce que Sartre appelle l’intersubjectivité, autrement dit le fait que ma subjectivité implique l’autre. Tout rejet de l’autre comme un sujet est donc assimilable à de la mauvaise foi, au refus de reconnaître une vérité qui s’impose, au paradoxe ( comme celui qui me fait nier la liberté d’un autre au prétexte de son angoisse devant la liberté, angoisse qui en est cependant la marque).

 

4) La condition humaine :

- Refus de la notion de nature humaine : La nature humaine impliquerait une essence qui serait préalable à l’existence de l’homme, contraire donc au principe Sartrien selon lequel «  l’existence précède l’essence ».

- La condition humaine c’est « l’ensemble des limites a priori qui esquissent sa situation fondamentale » p.60 Celles-ci dépassent les conditions historiques, elles sont objectives et au nombre de 3 : Etre au monde, être au travail, être mortel.

C’est cette raison pour laquelle aucun humain ne m’est totalement étranger, parce que ses projets, comme les miens, seront des tentatives, un essai « pour franchir ces limites ou pour les reculer ou pour les nier ou pour s’en accommoder » p.60. Je peux par exemple essayer de m’émanciper de la nécessité du travail par la machine, reculer la mort par la médecine ou la nier par la croyance, etc.

Aussi on peut parler d’un universalisme Sartrien au sens où tout projet, même de celui qui est étranger, demeure un projet humain : « il y a universalité de tout projet en ce sens que tout projet est compréhensible pour tout homme » p.61

C’est ce que Sartre entend par « l’universalité de l’homme ». Distinction cependant entre l’universalité donnée et l’universalité construite. Il ne s’agit pas de dire que tous les hommes ont une même nature (déjà vu) mais qu’ils ont tous à construire leur existence en tenant compte de situations historiques données, et des limites objectives avec lesquelles ils devront composer et construire ce qu’ils seront.

 

VI L’EXISTENTIALISME ET LES VALEURS

 Position du problème

 

Enoncé des objections émises, d’après l’accusation de subjectivisme.

3 accusations ( p.63) Anarchie « vous pouvez choisir n’importe quoi » p.63, impossibilité de juger les autres, la gratuité des actes.

 

A)    première objection : «  vous pouvez choisir n’importe quoi »

 

1)      Objection inexacte :

      Ce qui est impossible c’est de ne pas choisir. Le choix pourrait paraître alors complètement aléatoire, parce que le choix ( contrairement à la morale Kantienne) n’est pas déterminé par des valeurs a priori

 

2)      comparaison avec l’acte gratuit.

      Référence à André Gide et surtout aux « caves du Vatican » et au personnage de Lafacadio cf. cours sur la liberté. Le héros Gidien qui agit par caprice ne s’engage en aucune façon, au contraire le personnage Sartrien prendra la mesure de son acte et l’ampleur de sa responsabilité « il est impossible qu’il ne prenne pas une responsabilité totale en face de ce problème » p.64

 

3)      comparaison avec l’œuvre d’art

Ø      Eviter une confusion avec une morale esthétique. Une telle morale déterminerait des valeurs en fonction de la beauté d’un acte, ou de la qualité esthétique d’une vertu.

Ø      Ce que signifie le rapport à l’œuvre d’art, c’est que là non plus on ne peut déterminer de valeurs a priori ( cf. cours sur l’art et la conception Kantienne du génie) « nous sommes dans la même situation créatrice » p.65

Reprise de l’exemple du résistant avec sa mère, son choix est l’invention de valeurs, l’invention de sa loi sans qu’il puisse se référer à une morale antérieure : «  nous ne pouvons pas décider a priori de ce qu’il y a à faire » p.66

 

 B)     Deuxième objection : Vous ne pouvez pas juger les autres.

 

1)      concession aux objecteurs, le refus du progrès.

En effet impossibilité de juger un choix lucide et responsable plutôt qu’un autre. Ce n’est pas un refus d’un progrès technique, mais c’est le refus d’un progrès moral qui ferait que l’homme aurait plus de facilité à choisir aujourd’hui qu’avant : « Le choix reste toujours un choix dans une situation » p.67

 

2)      possibilité de jugement : La vérité.

- Toute excuse est condamnable parce qu’une excuse est l’abolition de la paternité de son acte. Le déterminisme, l’appel à des causes en nous qui seraient responsables de nos actes à notre place, est un mensonge, comme tel il est condamnable.

- objection possible :  « Pourquoi ne choisirait-il pas de mauvaise foi ? » p.68, possible et la condamnation n’est pas au nom de la morale, mais de la vérité, c’est un mensonge.

- Deuxième condamnation possible ( parrallèle aux deux aspects de la liberté « il ne trouve ni en lui ni hors de lui de possibilité de s’accrocher » p.39) Poser des valeurs comme valables a priori est aussi de l’ordre du mensonge, les valeurs je les choisis, je les pose par mes actes, je ne peux dire alors que ces valeurs s’imposent à moi.

Objection : « si je veux être de mauvaise foi p. 68 » Possibilité, mais alors une condamnation est possible, non au non de la morale, mais de la simple cohérence : Je ne peux pas choisir d’être de mauvaise foi et ensuite dire que je suis de bonne foi. C’est plus une condamnation logique que morale

 

 3)      Possibilité de jugement moral : La liberté

« Je peux porter un jugement moral » p. 69

- La liberté comme fondement des valeurs : Lorsque j’élimine les autres fondements de mon choix, je considère que la liberté est le seul fondement réel. « On ne peut plus vouloir qu’une chose c’est la liberté comme fondement de toutes les valeurs » p.69 

- La solidarité de la liberté :

Ma liberté, le choix que j’effectue, ne dépend certes pas des autres. Cependant tout engagement engage, comme déjà vue, tous les hommes, je choisis pour tout homme. En conséquence je ne peux vouloir authentiquement que la liberté des autres en choisissant la mienne. «  Je ne puis prendre ma liberté comme but que si je prends également celle des autres comme but » p.70 Un choix par exemple qui déterminerait la supériorité d’une partie des hommes sur les autres ne serait pas un choix authentique et serait condamnable au nom de la liberté.

- L’authenticité

On peut alors porter un jugement, on peut qualifier de lâches ceux qui se cachent derrière l’esprit de sérieux ou le déterminisme. On peut également qualifier de salauds « ceux qui essaieront de montrer que leur existence était nécessaire ».
Le jugement Sartrien n’est pas alors un jugement concernant des valeurs déjà établies auxquelles on comparerait des actes concrets, c’est un jugement qui considère la possibilité même du choix : l’authenticité, et qui considérerait l’aptitude à assumer cette condition du choix. « Lâches et salauds ne peuvent être jugés que sur le plan de la stricte authenticité » p.71

 

C)     Morale abstraite et concrete 

 

1) Retour à la comparaison au Kantisme

- Comme Kant Sartre admet un universalisme moral : Formellement, pour Sartre, tous les choix qui sont universalisables et donc sont authentiques, sont des choix acceptables. Pour Kant également l’universel est un critère formel du choix moral. La différence entre Sartre et Kant, est que pour le second, ce critère suffit à savoir comment agir, suffit à déterminer quelle action concrète nous alloons faire. Pour Sartre au contraire, le critère de l’authenticité ne suffit pas, il ne nous dispense en aucun cas d’inventer notre morale, de choisir. «  Le contenu est toujours concret, et par conséquent imprévisible, il y a toujours invention. ». P.71

- Mon jugement moral ne va pas porter sur le fait qu’une personne ait choisi d’inventer telle ou telle solution, de choisir telle ou telle valeur, ce n’est pas le contenu concret que l’on va juger, mais de quelle façon ce choix a été fait : « la seule chose qui compte, c’est de savoir si l’invention qui se fait, se fait au nom de la liberté » P.71 

 

2) Comparaison de deux exemples.

- Contrairement à la morale Kantienne qui montre qu’on ne peut faire qu’un seul type de choix Sartre va montrer que, dans une même situation, deux choix opposés peuvent être également valorisés s’ils sont effectués au nom de la liberté.

- Dans « le moulin sur la Floss » de Georges Elliot, le personnage féminin choisit de sacrifier sa passion pour ne pas briser l’union de l’homme qu’elle aime et d’une fille insignifiante. C’est un choix libre qui détermine la solidarité, et l’éviction de la souffrance d’autrui comme valeur.

- En revanche un personnage littéraire comme la Sanseverina de « la chartreuse de Parme », aurait probablement choisi le fait de vivre l’intensité d’une passion comme valeur. Mais là aussi elle aurait pu le choisir pour tout humain.

- Dans la morale Kantienne, une élévation à l’universel de la maxime aurait suffi à trancher, et Kant refuse l’ambiguïté morale. Au contraire, Sartre dit qu’il faut assumer cette ambiguïté, et que des jugements moraux opposés peuvent avoir la même valeur si tous deux sont effectués au nom de la liberté. « nous sommes ici en face de deux morales strictement opposées ; je prétends qu’elles sont équivalentes » p.72.
- On peut même considérer comme non valables des choix identiques, quand aux effets, à des choix valables : Si la première avait choisi le renoncement par résignation, et si la seconde avait choisi de privilégier la passion par seul appétit alors ces deux choix manqueraient également d’authenticité. Ce ne sont donc pas les actes concrets que l’on juge, ce sont bien plutôt la liberté qui nous a poussé à les faire.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, Demsky a dit :

1 équilibre à trouver :)  

 

 

mk1i.jpg

« How could Gold judge me ? He has already condemned me by making me what I am  » 

Lucifer veut briller d'où son nom mais en philo je me demande si la nature s'impose tellement plus que des manières d' être ou d'exister                    

 

« How could Gold judge me ? He has already condemned me by making me what I am  » 

En effet (en parallèle) il est de notoriété que tout un versant de "la" religion soutient que la grâce est octroyée par Dieu... ou pas ! Quels que soient par ailleurs les mérites de chacun...

"je me demande si la nature s'impose tellement plus que des manières d' être ou d'exister " 

je pense à Platon (je crois me souvenir) "que toutes ces choses que nous faisons comme boire ou manger ne sont pas belles et bonnes en elles-mêmes mais belles et bonnes suivant la façon dont nous les faisons"   (de mémoire)

Ce qui nous ramène à la si triste et dramatique actualité. En Russie et en Israël. Les russes ont raison de vouloir garder l'Ukraine (QUI EST LA RUSSIE ! Kiev ayant été à une époque sa capitale même ! )   Et puis finissent par avoir tort quand ils rasent des villes et des villages entiers . De même que les Palestiniens on raison de s'insurger compte tenu de la vie, de l'enfermement qu'on leur a imposé, mais en arrivent à avoir totalement tort quand on voit les massacres horribles qu'ils viennent de perpétrer...     

On peut dire qu'un "comportement moral" est un chemin étroit difficile à suivre... :(     

Il y a 13 heures, frunobulax a dit :

Commencez peut être par définir précisément "la morale" ..?

Sinon, l'on considère la définition commune:
MORALE :
Ensemble des règles ou préceptes, obligations ou interdictions relatifs à la conformation de l'action humaine aux mœurs et aux usages d'une société donnée.

Il y a deux textes, totalement laïques, l'encadrant complètement: la Constitution Française et le Code Civil. 

Je vois que tu t'en sors bien quand même ! :)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

@Demsky J'ai lu la moitié de ton laïus, je reviens plus tard le terminer ! Merci ! :)

 

"C’est ce que Sartre entend par « l’universalité de l’homme ». Distinction cependant entre l’universalité donnée et l’universalité construite. Il ne s’agit pas de dire que tous les hommes ont une même nature (déjà vu) mais qu’ils ont tous à construire leur existence en tenant compte de situations historiques données, et des limites objectives avec lesquelles ils devront composer et construire ce qu’ils seront."

C'est en grande partie comme ça que j'ai construit ma vie ! Et que j'essaie encore de continuer de la construire  ! :) 

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Membre, 44ans Posté(e)
Wave1 Membre 528 messages
Forumeur alchimiste ‚ 44ans‚
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Le 10/10/2023 à 11:16, Blaquière a dit :

Puisque Dieu n'existe pas, sur quoi peut-on fonder notre morale ?

(Voilà j'ai tout dit dans ma question... J'espère des réponses... positives ! :))

Sur la condition humaine. Ce qui définit "être humain". Je pense à la déclaration des droits de l'homme mais une version un peu modifiée où les liberté individuelles et le respect pour la nature (dont l'homme lui même en fait partie) sont plus contrasté.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

@Demsky

Citation

c) La subjectivité.

 

1) l’héritage Cartésien :

Réponse au reproche de subjectivisme.

Subjectivisme assumé au point de départ de la théorie, au non de la vérité. Or la seule vérité incontestable est : Je pense donc je suis.

Sens que Sartre donne au cogito : « c’est la vérité absolue de la conscience s’atteignant elle-même » p.57. Il ne s’agit pas de l’affirmation d’un être, mais simplement du pouvoir réflexif de la conscience, d’un acte.

 

2) la dignité :

La théorie cartésienne, et Sartrienne, qui considère l’individu comme un sujet de conscience, est la seule à conférer une dignité à l’homme. «  tout matérialisme a pour effet de traiter tous les hommes, y compris soi-même, comme des objets » p.58. Ce tout matérialisme inclut le matérialisme historique marxiste, d’où rupture entre Sartre et les communistes

 

3) L’intersubjectivité.

Originalité de la théorie Sartrienne : Autrui est une certitude contemporaine du cogito : « l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes ». Pour Descartes, l’autre est un problème, son existence n’est pas rationnellement certaine, et n’aura jamais une certitude rationnelle aussi grande que ma propre existence atteinte par le cogito.

A l’incertitude rationnelle Sartre répond par la certitude existentielle : L’épreuve du regard, analysé dans l’être et le néant, me révèle, dans la honte par exemple que l’autre c’est celui par lequel j’ai une objectité, celui par lequel je peux être objet. Toutes mes déterminations, ce que je suis, m’est conféré par autrui, c’est lui qui me donne mon être. « il se rend compte qu’il ne peut rien être ( au sens où l’on dit qu’on est spirituel ou méchant ou jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel » p.59. C’est ce que Sartre appelle l’intersubjectivité, autrement dit le fait que ma subjectivité implique l’autre. Tout rejet de l’autre comme un sujet est donc assimilable à de la mauvaise foi, au refus de reconnaître une vérité qui s’impose, au paradoxe ( comme celui qui me fait nier la liberté d’un autre au prétexte de son angoisse devant la liberté, angoisse qui en est cependant la marque).

Il y aurait lieu de reprendre chaque passage (il y a des redites !) et d'y réfléchir.

Je me contente de ce passage au dessus !

Le Cogito de Descartes a longtemps été pour moi comme une énigme ! j'ai fini par comprendre que c'est parce qu'il en déduisait trop ou trop large... "Je pense donc je suis"... sans doute ! Mais dans les "méditations" il dit plus "je pense donc je suis une chose qui pense". C'est là qu'il dit trop ce qui me met en accord avec Sartre : quand je pense, rien ne me permet de dire que "je suis une chose qui pense" je suis tout au plus "une pensée" et je suis cette pensée. Ce que dit Sartre  "la conscience s’atteignant elle-même" Par la seule pensée on ne peut pas déduire à l'existence de ce qui serait sensé "fabriquer' cette pensée. Kant a eu il me semble la même approche que Sartre :      "  'je suis, j'existe' cette proposition est nécessairement vraie chaque fois que je la prononce ou la conçois dans mon esprit". (De mémoire)

Autrement dit si je ne me dis pas, si je ne pense pas, précisément que je pense en cet instant, mais par exemple que mon oreille me démange ou que je dois faire la vidange de ma voiture, je ne suis qu'une oreille qui démange ou une vidange de voiture et non un être pensant, ni une pensée consciente !

Ce qui nous rapproche de Sartre qui dit que "je suis mes actes", puisqu'aussi bien une pensée (le fait de penser) est mon acte !

Ceci dit Descartes a quand même raison plus objectivement ou biologiquement. Je pense. Dans la mesure où mon cerveau (une chose) pense, élabore, constitue ma pensée. Et Descartes en devient très matérialiste. On pourrait "améliorer" l'idée du cogito (!) en disant "puisque je pense, cette pensée, la mienne doit bien être produite par... peut-être quelque chose ou quelque entité pensante ?" !!! Juste une hypothèse ! :)

Pour l'intersubjectivité, Sartre ne me convainc pas ! Je sais qu'   "il faut penser comme ça" !  Mais je n'en ai pas la préhension directe, instinctive...

Le problème est plus large puisque déjà je pense en grande partie grâce au langage et que même si j'ai intégré ma (cette) langue, il est certain qu'elle ne vient pas de moi... Dès lors on peu dire que ma pensée (élaborée avec ce langage appris, étranger à moi) n'est pas vraiment mienne. Il n'empêche que mes mots je les ressens comme miens (expression de ma liberté, de mon choix, du choix de tel ou tel mot  ?), comme sortant de moi ; mais que le regard de l'Autre n'est pas le mien. Même  s'il peut agir sur moi et provoquer certaines réactions. (Est-ce que le faire mien ne serait pas en fait nier l'altérité de l'Autre justement ?)

Est-ce que le regard de l'Autre fait ou peut faire de moi un objet ? Me donner une objectivité, fonder mon existence (plutôt que mon être). Je peux le penser, le déduire (dans un second temps) Et je suis contraint de faire avec. Mais n'en ai pas non plus la préhension directe. (Je ne suis pas l'Autre.)

Ceci dit qu'est-ce qu'on ne fait pas finalement par rapport à autrui ? C'est l'expérience qui nous fait agir la plupart du temps par rapport aux autres. Et c'est vrai que nous sommes  en grande parte ce que le regard d'autrui fait de nous...

 

Il faudrait pouvoir réaliser une génèse (chronologique) de la montée en puissance (en individualité) de notre conscience au cours de notre toute petite enfance. C'est là qu'intervient le plus fortement la découverte et le poids, l'importance, d'autrui. (Au cours de notre construction)....

 



 

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Loufiat Membre 2 589 messages
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Il y a 10 heures, querida13 a dit :

Le but premier de Dieu n'était pas de  nous donner des bases morales mais de donner du sens à  la création! Car comment expliquer notre présence ici  et la présence de toute vie sur terre, si ce n'est, par un miracle?

Vous voulez dire, je suppose, "le but premier de l'invention de Dieu par l'homme" ?

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Le 11/10/2023 à 04:56, querida13 a dit :

C'est une expression tirée du vocabulaire campagnard: autrefois on mettait un bât sur le dos des ânes et des mulets  pour les aider à porter de lourdes charges et répartir le poids des deux côtés de leur dos. Mais parfois on avait trop chargé la mule ou alors le bât était irritant et la bête en souffrait et refusait d'avancer ou ruait. Cette expression signifie: c'est le défaut d'un dispositif .

Et à... Marseille, on disait :

"ün aï cabanut"

Pour "un âne bâté" (un âne avec un cabas)...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Sur quoi  fonder "ma" morale ? (sans dieu)

(Proposition.)

 

(Par ordre décroissant, du plus inaliénable ou intangible au moins, qui resterait cependant un idéal à atteindre. Comme un ordre de priorités.)

1 -- Respect et protection du vivant sensible et conscient.

2 -- Respect et protection du vivant sensible.

3 -- Respect et protection du vivant.

Il va de soi que ces respects du vivant passent dans tous les cas par le respect de ses cadres d'existence (Environnements) : et que la prise en compte de la sensibilité implique autant que possible de ne pas accepter la/les souffrance/s.

 

(C'est un peu une morale interplanétaire -voire universelle- !)

 

Révélation

Ma morale a un point faible : les moustiques ! Il sont vivants mais j'ai pas trop envie de les respecter ni de les protéger... :(

 

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Membre, 65ans Posté(e)
Carnéade Membre 385 messages
Forumeur accro‚ 65ans‚
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il y a une heure, Blaquière a dit :

Sur quoi  fonder "ma" morale ? (sans dieu)

(Proposition.)

 

(Par ordre décroissant, du plus inaliénable ou intangible au moins, qui resterait cependant un idéal à atteindre. Comme un ordre de priorités.)

1 -- Respect et protection du vivant sensible et conscient.

2 -- Respect et protection du vivant sensible.

3 -- Respect et protection du vivant.

Il va de soi que ces respects du vivant passent dans tous les cas par le respect de ses cadres d'existence (Environnements) : et que la prise en compte de la sensibilité implique autant que possible de ne pas accepter la/les souffrance/s.

 

(C'est un peu une morale interplanétaire -voire universelle- !)

 

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Mais comment fais-tu pour protéger à la fois le loup et l'agneau? 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 27 minutes, Carnéade a dit :

Mais comment fais-tu pour protéger à la fois le loup et l'agneau? 

Bêêêê ! Bêêêê ! Bêêêê !

Et voilà comme on écrit l'histoire ! Moi j'essaie d'être positif, constructif, et y'a des malotrus qui viennent me casser la baraque ! ;):laugh:

Veuillez je vous prie répondre vous-même à votre contre argument !

:laugh:

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Membre, 65ans Posté(e)
Carnéade Membre 385 messages
Forumeur accro‚ 65ans‚
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:DD

Je déduis de ton légitime embarras que la protection de tout être vivant ne peut servir de fondement à la morale. Elle peut être éventuellement un précepte dérivé, je laisse de côté cette question, mais pas un fondement. 

Quant à ce qu'il faut faire pour protéger le loup et l'agneau, c'est simple : il faut combattre au côté de l'agressé, quel qu'il soit, contre l'agresseur, quel qu'il soit aussi. Le loup de la fable de La Fontaine le sait bien d'ailleurs, puisqu'il essaie de se faire passer pour la victime. Bien entendu on a le droit de faire des rapprochements avec l'actualité. :cool:

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Membre, Posté(e)
Demsky Membre 11 309 messages
Maitre des forums‚
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Il y a 20 heures, Blaquière a dit :

@Demsky

Il y aurait lieu de reprendre chaque passage (il y a des redites !) et d'y réfléchir.

Je me contente de ce passage au dessus !

Le Cogito de Descartes a longtemps été pour moi comme une énigme ! j'ai fini par comprendre que c'est parce qu'il en déduisait trop ou trop large... "Je pense donc je suis"... sans doute ! Mais dans les "méditations" il dit plus "je pense donc je suis une chose qui pense". C'est là qu'il dit trop ce qui me met en accord avec Sartre : quand je pense, rien ne me permet de dire que "je suis une chose qui pense" je suis tout au plus "une pensée" et je suis cette pensée. Ce que dit Sartre  "la conscience s’atteignant elle-même" Par la seule pensée on ne peut pas déduire à l'existence de ce qui serait sensé "fabriquer' cette pensée. Kant a eu il me semble la même approche que Sartre :      "  'je suis, j'existe' cette proposition est nécessairement vraie chaque fois que je la prononce ou la conçois dans mon esprit". (De mémoire)

Autrement dit si je ne me dis pas, si je ne pense pas, précisément que je pense en cet instant, mais par exemple que mon oreille me démange ou que je dois faire la vidange de ma voiture, je ne suis qu'une oreille qui démange ou une vidange de voiture et non un être pensant, ni une pensée consciente !

Ce qui nous rapproche de Sartre qui dit que "je suis mes actes", puisqu'aussi bien une pensée (le fait de penser) est mon acte !

Ceci dit Descartes a quand même raison plus objectivement ou biologiquement. Je pense. Dans la mesure où mon cerveau (une chose) pense, élabore, constitue ma pensée. Et Descartes en devient très matérialiste. On pourrait "améliorer" l'idée du cogito (!) en disant "puisque je pense, cette pensée, la mienne doit bien être produite par... peut-être quelque chose ou quelque entité pensante ?" !!! Juste une hypothèse ! :)

Pour l'intersubjectivité, Sartre ne me convainc pas ! Je sais qu'   "il faut penser comme ça" !  Mais je n'en ai pas la préhension directe, instinctive...

Le problème est plus large puisque déjà je pense en grande partie grâce au langage et que même si j'ai intégré ma (cette) langue, il est certain qu'elle ne vient pas de moi... Dès lors on peu dire que ma pensée (élaborée avec ce langage appris, étranger à moi) n'est pas vraiment mienne. Il n'empêche que mes mots je les ressens comme miens (expression de ma liberté, de mon choix, du choix de tel ou tel mot  ?), comme sortant de moi ; mais que le regard de l'Autre n'est pas le mien. Même  s'il peut agir sur moi et provoquer certaines réactions. (Est-ce que le faire mien ne serait pas en fait nier l'altérité de l'Autre justement ?)

Est-ce que le regard de l'Autre fait ou peut faire de moi un objet ? Me donner une objectivité, fonder mon existence (plutôt que mon être). Je peux le penser, le déduire (dans un second temps) Et je suis contraint de faire avec. Mais n'en ai pas non plus la préhension directe. (Je ne suis pas l'Autre.)

Ceci dit qu'est-ce qu'on ne fait pas finalement par rapport à autrui ? C'est l'expérience qui nous fait agir la plupart du temps par rapport aux autres. Et c'est vrai que nous sommes  en grande parte ce que le regard d'autrui fait de nous...

 

Il faudrait pouvoir réaliser une génèse (chronologique) de la montée en puissance (en individualité) de notre conscience au cours de notre toute petite enfance. C'est là qu'intervient le plus fortement la découverte et le poids, l'importance, d'autrui. (Au cours de notre construction)....
 

Moi je pense qu'il est encore plus athée que toi :DD       

   

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Il y a 5 heures, Demsky a dit :

Moi je pense qu'il est encore plus athée que toi :DD       

   

C'est pas possible ! :laugh:

Sartre ? J'en doute !:o°

Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas la plupart du temps admiratif et de son style et de la profondeur de ses analyses... (Les deux allant d'ailleurs ensemble.)

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Il y a 6 heures, Carnéade a dit :

:DD

Je déduis de ton légitime embarras que la protection de tout être vivant ne peut servir de fondement à la morale. Elle peut être éventuellement un précepte dérivé, je laisse de côté cette question, mais pas un fondement. 

Quant à ce qu'il faut faire pour protéger le loup et l'agneau, c'est simple : il faut combattre au côté de l'agressé, quel qu'il soit, contre l'agresseur, quel qu'il soit aussi. Le loup de la fable de La Fontaine le sait bien d'ailleurs, puisqu'il essaie de se faire passer pour la victime. Bien entendu on a le droit de faire des rapprochements avec l'actualité. :cool:

J'ai répondu comme j'ai fait pour m'amuser, pour plaisanter...

Mais n'est-ce pas la preuve a contrario que je n'ai éprouvé absolument aucun embarras ? :o°

Pour ce qui est du loup, j'aimerais pour commencer savoir quel est l'imbécile, ou les imbéciles qui ont décidé sa réintroduction (pour se donner un frisson ?) alors qu'il n'y en avait plus par ici... 

En suite, je n'ai jamais parler de protéger tous les vivants mais LE vivant en général.

Et si la Nature (puisqu'on a dit que Dieu n'existait pas) a fait des conneries en faisant des loups qui mangent des agneaux, j'en rejette absolument la responsabilité ! Que n'a-t-elle fait un loup voire un lion brouteurs d'herbe ?

Mais alors me direz vous, l'herbe est vivante quand bien même il est peu probable qu'elle souffre d'être mastiquée !

D'où l'agneau ne serait pas si innocent ! :laugh:

MOI, Dieu (omnipotent) j'eusse fait des loups des agneaux et même des sauterelles exclusivement mangeurs de terre ! Allant jusqu'à leur faire éviter les lombrics ! Non, mais !...

J'avais fait il y a pas mal de temps cette peinture pour illustrer "le loup et l'agneau" :

482246731_leloupetlagneau.jpg.b792ba511512e8da51018e8863dd0dee.jpg

 

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Membre, 65ans Posté(e)
Carnéade Membre 385 messages
Forumeur accro‚ 65ans‚
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Moi qui ne fais pas de la protection de tout être vivant le fondement de ma conduite, je ne vois pas de mal à ce que le loup mange l'agneau, du moment qu'il en laisse assez pour moi!

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Membre, 28ans Posté(e)
al-flamel Membre 1 054 messages
Mentor‚ 28ans‚
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Le 10/10/2023 à 11:16, Blaquière a dit :

Puisque Dieu n'existe pas, sur quoi peut-on fonder notre morale ?

(Voilà j'ai tout dit dans ma question... J'espère des réponses... positives ! :))

Posons la question en partant du postulat opposé : puisque Dieu existe, sur quoi peut-on fonder la morale ? 

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Membre, 65ans Posté(e)
Carnéade Membre 385 messages
Forumeur accro‚ 65ans‚
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il y a 12 minutes, al-flamel a dit :

Posons la question en partant du postulat opposé : puisque Dieu existe, sur quoi peut-on fonder la morale ? 

Ma réponse est d'abord que pour fonder la morale cela ne change rien, que Dieu existe ou pas. 

  • Merci 1
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