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Dans les médias comme sur internet, il est devenu impossible de débattre


soisig

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Membre, 132ans Posté(e)
soisig Membre 30 391 messages
132ans‚
Posté(e)

Alors que le web offrait la promesse d'une ouverture démocratique, c'est tout le contraire qui est en train de se produire.

Les plateformes numériques, on le sait, inclinent, pour des motifs économiques, à aller toujours plus loin vers la diffusion de contenus ludiques, festifs, et transgressifs qui incitent les internautes à «s'engager» (liker, commenter, répondre, partager). Les médias audiovisuels anciens ont connu cette même évolution vers le divertissement dans les années 1980-1990 avec l'explosion des chaînes commerciales, mais avec une différence: en matière d'information, la plupart d'entre elles restaient généralistes et pluralistes et s'attachaient à favoriser la confrontation de points de vue et, par là, à contribuer à la conversation démocratique.

Aujourd'hui, c'est exactement le contraire: tout concourt à polariser les auditeurs et les opinions, à hystériser les esprits, même dans les grandes chaînes ou radios, peu importe qu'elles soient publiques ou privées –les chaînes tout-info poussant ce principe à l'extrême. Pourtant, le cahier des charges des grandes télévisions, soucieux de créer les conditions de la vie démocratique, multiplie les obligations en faveur du pluralisme et de l'honnêteté de l'information –un cadre juridique qui semble ne plus faire l'objet d'aucun contrôle.

Des médias «de référence» devenus médias d'opinion

Le cyclotron Twitter mouline en instantané l'information chaude. Son architecture algorithmique obéit à l'économie de l'attention, à celle de l'engagement de l'internaute, peu importe le contenu. Chaque internaute vit dans son silo, les «thread conversationnels» sont inexistants ou en tout cas tournent court très vite (4% des échanges sont des réponses sur Twitter France, contre 80% de likes), la communication s'opère par des clins d'œil, des interjections indignées, dénonciatrices ou approbatrices et, bien entendu, par la rediffusion de séquences brèves, extraites de l'actualité télévisée: celles qui, en un flash, résument une opinion radicale.

Les producteurs de contenus «énervés» sont peu nombreux, mais ils inondent le réseau, que consultent beaucoup d'internautes passifs. Ce carnaval fait fuir ceux qui sont habités par une exigence intellectuelle; ils abandonnent la foire d'empoigne Twitter et préfèrent fréquenter des espaces de discussion spécialisés ou les réseaux «pro» comme LinkedIn, et se réfugier vers les podcasts, les nouveaux magazines ou les sites de la presse généraliste. Cette désertion laisse Twitter aux internautes galvanisés par des humeurs et commentaires chargés d'émotions, ceux-là même qui appellent un émoticone d'approbation (le réseau propose des cœurs et pas d'émoticone de rejet).

Les journalistes des grands médias obsédés par le fait de sonder les attentes du public se sourcent sur Twitter, qui les branche sur la fraction la plus exaltée des internautes, et cette vision circule ensuite aussi grâce à d'autres applications, en particulier les messageries Telegram de journalistes et de communicants. Cette tonalité est dès lors transposée dans la grande information politique, le bottom-up jouant alors à plein. Parallèlement, pour affirmer leur fonction de contre-pouvoirs et forcer leur visibilité, les intervieweurs et éditorialistes construisent leurs questionnements sur de la critique, voire de l'agressivité, usant d'une tonalité empruntée à leurs collègues américains.

article ...

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)

Article pour le moins hypocrite : il décrit une réalité quant aux réseaux sociaux et à l'ère de l'immédiateté et de l'info spectacle, de la petite phrase et des raccourcis, ainsi que de l'orientation politique des grands médias.

Mais il est hypocrite dans la présentation de ce constat, en faisant mine d'ignorer que la Macronie s'est toujours reposé et se repose largement sur l'art consommé de la petite phrase, de la simplification démagogue'et.d'une stratégie de comm' et que les grands médias et chaîne d'infos ont largement une orientation de droite/centre-droite (pour ne pas dire de droite radicale pour CNews).

Bref, un article qui aurait eu un fond intéressant, s'il n'etait pas aussi clairement militant et orienté.

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Membre, 52ans Posté(e)
dbm27 Membre 1 449 messages
Mentor‚ 52ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Pheldwyn a dit :

Article pour le moins hypocrite : il décrit une réalité quant aux réseaux sociaux et à l'ère de l'immédiateté et de l'info spectacle, de la petite phrase et des raccourcis, ainsi que de l'orientation politique des grands médias.

Mais il est hypocrite dans la présentation de ce constat, en faisant mine d'ignorer que la Macronie s'est toujours reposé et se repose largement sur l'art consommé de la petite phrase, de la simplification démagogue'et.d'une stratégie de comm' et que les grands médias et chaîne d'infos ont largement une orientation de droite/centre-droite (pour ne pas dire de droite radicale pour CNews).

Bref, un article qui aurait eu un fond intéressant, s'il n'etait pas aussi clairement militant et orienté.

Je ne sais pas s'il faut être obnubilé par un caractère militant et orienté de l'article parce qu'il décrit une évidence que l'on voit même sur ce forum : fin des débats,  fin des nuances.

Je ne perçois pour ma part dans les "grands médias" cette nuance associée à une pluralité des opinions que dans quelques émissions de France 5 et LCP. 

Mais il faut se rendre compte que l'exécutif a supprimé la contribution à l'audiovisuel public qui finançait encore en France 5 en 2022 (et LCP est financé par le budget de l'Etat  ).

Depuis le développement des réseaux sociaux jusqu'au recul quasi-total du service public dans les médias, nous avons pu constater les dégâts causés par la libéralisation économique de l'ensemble des médias et autres moyens de communication. 

Cela semble contribuer à  définitivement nous transformer de citoyens à consommateurs. Le libéralisme économique continue d'avancer tout en dévoilant ses effets pervers, tant sur l'écosystème que sur nos sociétés humaines. 

 

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
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Il y a 1 heure, dbm27 a dit :

Je ne sais pas s'il faut être obnubilé par un caractère militant et orienté de l'article parce qu'il décrit une évidence que l'on voit même sur ce forum : fin des débats,  fin des nuances.

Tu as lu l'article complet (en cliquant sur le lien ?) ? 
Le début explique en quoi tous les médias reprennent Twitter pour dire injustement du mal de Macron (pour résumer).

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Membre, 52ans Posté(e)
dbm27 Membre 1 449 messages
Mentor‚ 52ans‚
Posté(e)
il y a 31 minutes, Pheldwyn a dit :

Tu as lu l'article complet (en cliquant sur le lien ?) ? 
Le début explique en quoi tous les médias reprennent Twitter pour dire injustement du mal de Macron (pour résumer).

Oui j'ai lu l'article complet mais ce que tu cites me paraît anecdotique. Le vrai sujet est d'aller chercher l'origine de l'appauvrissement des débats que déplore l'article à juste titre mais qu'accélère par son modèle l'ensemble de la politique de Macron. Même si ce modèle n'est pas le seul ou le premier responsable, il y participe grandement.

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Membre, Posté(e)
versys Membre 18 379 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, dbm27 a dit :

Depuis le développement des réseaux sociaux jusqu'au recul quasi-total du service public dans les médias, nous avons pu constater les dégâts causés par la libéralisation économique de l'ensemble des médias et autres moyens de communication. 

Cela semble contribuer à  définitivement nous transformer de citoyens à consommateurs. Le libéralisme économique continue d'avancer tout en dévoilant ses effets pervers, tant sur l'écosystème que sur nos sociétés humaines. 

Oui.

Le système économique libéral s'est adroitement emparé des secteurs médiatiques et des réseaux sociaux en les segmentant et les vendant comme tout autre produit de consommation.

Tu choisis aujourd'hui ton média et ton site web d'infos comme ta marque préférée de sardines à l'huile au supermarché.

Ce système est installé depuis longtemps et survivra à Macron tant que notre système institutionnel actuel ne sera pas "revisité" de fond en combles.

Aura t'on toujours le même choix après ?? Pas sûr...

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Membre, Beluga-Pangolin, Posté(e)
BELUGA Membre 15 220 messages
Beluga-Pangolin,
Posté(e)

c'est pas nouveau : on a jamais pu suivre correctement un débat vu que tout le monde cause en même temps, se coupe la parole, etc.. Je ne comprends même pas l'idée même du débat: quel est le but ? convaincre l'autre ??? une belle connerie, oui ! tu vas pas changer d'avis parce que l'autre ne pense pas comme toi... 

un petit apparté: je me demande pourquoi ces "messieurs-dames" des médias se permettent de nous asséner leurs vérités, commentaires, analyses de l'info, comme si nous étions des abrutis incapables de penser, analyser, se faire une opinion, etc: donnez nous l'info brute et foutez nous la paix ! votre opinion, on s'en bat l'oeil, on a la nôtre. taisez vous au lieu de vous écouter parler à tort et à raison. 

non mais des fois !

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Membre, 88ans Posté(e)
ouest35 Membre 28 243 messages
Maitre des forums‚ 88ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, BELUGA a dit :

c'est pas nouveau : on a jamais pu suivre correctement un débat vu que tout le monde cause en même temps, se coupe la parole, etc.. Je ne comprends même pas l'idée même du débat: quel est le but ? convaincre l'autre ??? une belle connerie, oui ! tu vas pas changer d'avis parce que l'autre ne pense pas comme toi... 

un petit apparté: je me demande pourquoi ces "messieurs-dames" des médias se permettent de nous asséner leurs vérités, commentaires, analyses de l'info, comme si nous étions des abrutis incapables de penser, analyser, se faire une opinion, etc: donnez nous l'info brute et foutez nous la paix ! votre opinion, on s'en bat l'oeil, on a la nôtre. taisez vous au lieu de vous écouter parler à tort et à raison. 

non mais des fois !

Une solution ma chère Béluga ... comme bibi certains médias visionnés disons 3 fois par an ... J'en reste a ARTE, la 5 ... parfois 1 et 3 et 6 pour Plaza le Wend ça ne fatigue pas mon neurone mais j'adore visiter les apparts et maisons) :)!

(Au fait hier soir une théma intéressante sur ARTE ... sur les travailleurs forcés en Allemagne dans la seconde guerre mondiale : très instructive j'ai encore appris des choses .... c'est quand même 18 millions de personnes ! a voir en replay... HS désolée mais ça vaut le coup ) !

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Membre, scientifique, Posté(e)
Répy Membre 24 418 messages
scientifique,
Posté(e)
Il y a 14 heures, Pheldwyn a dit :

Mais il est hypocrite dans la présentation de ce constat, en faisant mine d'ignorer que la Macronie s'est toujours reposé et se repose largement sur l'art consommé de la petite phrase, de la simplification démagogue'et.d'une stratégie de comm' et que les grands médias et chaîne d'infos ont largement une orientation de droite/centre-droite (pour ne pas dire de droite radicale pour CNews).

Mais que vient faire la "Macronie" dans ce fait de société des réseaux internet ?

 

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Membre, Explorateur de Nuages, 47ans Posté(e)
Pheldwyn Membre 25 241 messages
47ans‚ Explorateur de Nuages,
Posté(e)
il y a 53 minutes, Répy a dit :

Mais que vient faire la "Macronie" dans ce fait de société des réseaux internet ?

Le débat sur les retraites illustre sans ambages l'aboutissement du processus engendré par la communication internet qui, au départ, offrait la promesse d'une ouverture démocratique mais qui, à l'arrivée, se révèle être un aller direct et peut-être sans retour vers le populisme. Les fils Twitter, le réseau des journalistes et de tout le monde (il est ouvert), déclinent imperturbablement depuis trois mois une scène primitive: Emmanuel Macron («Le président des riches», narcissique, illibéral ou au contraire ultralibéral, etc.) contre le peuple («pas écouté», «méprisé», «en colère», «trahi»).

Massivement, les gazouillis de l'oiseau bleu véhiculent des variations sur ce refrain. Le plus sidérant c'est que ce prisme organise le débat presque partout ailleurs, dans les grands médias d'information, qu'ils soient publics ou privés. Ce nouveau système médiatique interroge. Comment expliquer une telle asphyxie de la pensée délibérative?

L'Italie a été le premier pays à expérimenter le populisme médiatique, raison sans doute pour laquelle les penseurs italiens rivalisent d'ironie face à la France: «Cette discipline du Macron bashing va rentrer parmi les disciplines olympiques de Paris 2024», s'amusait ainsi le journaliste Paolo Levi, au micro de RTL le 21 avril.

Et ça continu sur le mouvement 5 étoiles ou Trump. En gros, l'article commence par nous expliquer que le rejet de Macron n'est pas rationnel ou éclairé, mais populiste.

Il reprend en gros l'argumentaire du "camp de la raison", face à ces hordes populistes : c'est en creux son introduction.

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