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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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 La terreur, première révolution sociale ?

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En 1794, Saint-Just déclare : « que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie la terre ». En pleine Terreur, il fait adopter par l’Assemblée ce que la postérité nommera les décrets de Ventôse, qui redistribuent aux « patriotes indigents » les biens des prisonniers convaincus de complicité avec l’ennemi. Cette période de sang et d’euphorie, où se succèdent massacres et bouleversements sociaux majeurs, est à coup sûr la plus polémique de l’histoire de France. Elle n’a cessé de diviser au sein même de la gauche, pour laquelle elle constitue autant un moment fondateur qu’un spectre menaçant. Pour autant, la nature exacte des réformes économiques et sociales menées sous la Terreur est encore aujourd’hui un sujet de débat pour les historiens. Comment comprendre cette période en clair-obscur, où l’on « déclarait la guerre au malheur » avec le renfort de la guillotine ? Comment appréhender ce « despotisme de la liberté contre la tyrannie », qui proclamait que « les malheureux sont les puissances de la terre » tout en renforçant les prérogatives liberticides du Comité de salut public ?

En juin 1793, les sans-culottes parisiens réclament la Terreur à l’encontre des ennemis de la République ; ils exercent une pression sur la Convention, dominée par les Montagnards, allant jusqu’à contester sa légitimité [1].

Des antagonismes socio-économiques importants voient le jour. Aux revendications égalitaires des sans-culottes s’oppose la tiédeur des Conventionnels, d’extraction bourgeoise et influencés par le libéralisme économique en plein essor.

La Terreur est-elle un moyen pour les sans-culottes d’imposer leur programme économique interventionniste ? Les Montagnards les plus radicaux, comme Robespierre et Saint-Just, se sont-ils servis du tranchant de la guillotine pour appliquer un commencement de révolution sociale, contre la majorité de la Convention ? C’est la thèse qu’a défendu bec et ongles Albert Mathiez [2] ; Henri Guillemin l’a reprise dans une conférence qui a connu un succès posthume foudroyant sur Youtube [3]. D’autres nuancent ou contredisent cette dimension égalitaire, voire socialisante, qu’ils confèrent à la Terreur.

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Portrait de Maximilien Robespierre, musée Carnavalet .

Au centre de ces interrogations et de ces contradictions, Robespierre [4]. Trait d’union entre les sans-culottes les plus révolutionnaires et les Montagnards les plus conservateurs, il est l’incarnation des contradictions du gouvernement révolutionnaire de 1793-1794 qui l’ont mené à sa perte – non sans avoir accompli une oeuvre politique dont le spectre a hanté le deux siècles suivants de l’histoire de France.

Salut public et révolution sociale

La Terreur ne saurait être analysée comme l’aboutissement d’un dessein préconçu par les Conventionnels ; encore moins comme une politique monolithique menée par une faction déterminée. Elle est le produit conjoncturel d’une alliance entre un mouvement populaire – les sans-culottes – et un groupe parlementaire – les Montagnards [5]. Unis dans l’opposition, ils développent des relations conflictuelles une fois au pouvoir.

En 1793, la République française apparaît dans une situation critique. Alors que la situation militaire empire et que la crainte d’un complot aristocratique se lit sur toutes les lèvres, les pénuries s’aggravent et les troubles sociaux se multiplient. Les sans-culottes réclament conjointement la mise en place d’un appareil de répression contre l’ennemi intérieur et le vote de lois frumentaires destinées à lutter contre la disette. Si l’aristocratie nobiliaire est la première visée, c’est avec une intensité croissante celle des riches qui est prise pour cible. Si les revendications économiques les plus immédiates des sans-culottes dépassent rarement le stade de mesures conjoncturelles – le fameux maximum du prix des denrées -, des projets de réforme sociale plus ambitieux voient le jour.

Sur le plan politique, ils réclament la mise en place d’une démocratie plus directe, qui ferait droit à leur mode d’organisation autonome ; de fait, les sans-culottes, regroupés en sections et armés, constituent un contre-pouvoir local à la Convention.

C’est à partir du 31 mai 1793 que les Montagnards se retrouvent en position de force, et commencent à légiférer dans les sens des sans-culottes [6]. La Terreur fut-elle le moyen d’imposer un programme de salut public pour sauver la patrie en danger, articulé à une une série de réformes sociales en faveur des pauvres ? A-t-elle scellé une alliance entre la fraction la plus patriotique de la sans-culotterie et l’aile la plus révolutionnaire de la Montagne, contre la richesse mobilière – ennemie naturelle de la Révolution ? C’est la thèse que défend, non sans brio, Albert Mathiez. Une série d’éléments appellent néanmoins à nuancer cette grille de lecture.

Les premiers mois donnent de nombreuses satisfactions aux sans-culottes. De nombreuses mesures en leur faveur sont adoptées : blocage des prix du pain et des denrées de première nécessité (loi du maximum général), création d’une armée de sans-culottes pour le surveiller, impôt progressif pour financer l’effort de guerre, guillotine pour les accapareurs et les agioteurs… Les droits féodaux sont définitivement abolis, achevant la destruction de l’aristocratie terrienne que les soulèvements de 1789 n’avaient fait qu’ébranler ; un processus dont on aurait tôt fait de sous-estimer la radicalité, lorsqu’on compare la France aux autres pays européens… [7]. Mais les heurts ne tardent pas à survenir…

Sur le plan politique, la Constitution de juin 1793 reconnaît l’existence des assemblées qui permettent aux sans-culottes de se réunir et de se structurer – bien que leurs attributions demeurent des plus floues – et proclame le droit à l’insurrection.

La politique de la Convention prend une nette dimension de classe, ciblant les groupes sociaux aisés à l’aide de son pouvoir coercitif. La justice révolutionnaire s’attaque aussi bien aux aristocrates émigrés qu’aux bourgeois spéculateurs. Le décret du 5 nivôse an II (25 décembre 1793) prend explicitement pour cible les banquiers ; imposé par Robespierre, il fait préventivement arrêter « et juger les étrangers, banquiers, et autres individus prévenus de trahison et de connivence avec les rois ligués contre la République française ».

Exagérés et enragés : des mouvements pré-socialistes face à une convention bourgeoise ?

Opportunisme de la part des Montagnards face à une sans-culotterie impatiente, qui menace de se tourner vers des factions plus radicales ? C’est indéniable. Dominant la Convention, les Montagnards se retrouvent alors aux prises avec plus révolutionnaire qu’eux : les Exagérés et les Enragés.

Les premiers se reconnaissent dans le journal radical de Jacques-René Hébert, le Père Duchesne. Les seconds dans le prêtre rouge Jacques Roux. Tous deux reprochent aux Montagnards leur timidité en matière sociale. Le premier finit par appeler, de nouveau, les sans-culottes à se soulever contre l’Assemblée. Le second prononce des discours humiliants pour les Conventionnels montagnards, qu’il confronte à leur train de vie bourgeois.

Exagérés et Enragés seront rapidement écrasés par la Convention montagnarde. Jeté en prison, Jacques Roux se donnera la mort. Arrêté en compagnie des meneurs exagérés, Hébert sera quant à lui guillotiné. Faut-il y voir les premières réaction d’une Convention bourgeoise contre un mouvement populaire au programme socialisant ?

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Jacques-René Hébert. par Edme Bovinet, BNF.

Source et suite de l'article.

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Membre, 58ans Posté(e)
Elbaid1 Membre 7 628 messages
Maitre des forums‚ 58ans‚
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Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

guillotine pour les accapareurs et les agioteurs…

à l'heure actuelle ça ferait du monde sur le billot . il faudra accélérer la production de guillotine , voir passer à la Hache . 

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Membre, 58ans Posté(e)
Elbaid1 Membre 7 628 messages
Maitre des forums‚ 58ans‚
Posté(e)
Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

Les droits féodaux sont définitivement abolis, achevant la destruction de l’aristocratie terrienne que les soulèvements de 1789 n’avaient fait qu’ébranler

bah . ça n'a rien achevé du tout , de nombreuses familles aristocratique ont gardés leur bien et leur terre jusqu'à nos jours ....

toute façon la révolution Française reste inachevé en comparaison avec la révolution chinoise .

Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

Le décret du 5 nivôse an II (25 décembre 1793) prend explicitement pour cible les banquiers ; imposé par Robespierre, il fait préventivement arrêter « et juger les étrangers, banquiers, et autres individus prévenus de trahison et de connivence avec les rois ligués contre la République française ».

VOTEZ ROBESPIERRE !:bo:

 

Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

les Montagnards se retrouvent alors aux prises avec plus révolutionnaire qu’eux : les Exagérés et les Enragés.

les Exagérés et les Enragés .....des giltes jaune quoi .

 

Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

Exagérés et Enragés seront rapidement écrasés par la Convention montagnarde. Jeté en prison, Jacques Roux se donnera la mort. Arrêté en compagnie des meneurs exagérés, Hébert sera quant à lui guillotiné. Faut-il y voir les premières réaction d’une Convention bourgeoise contre un mouvement populaire au programme socialisant ?

TOUT à fait oui .... c'est ce que j'ai toujours pensé ...la révolution Française reste inachevé .

 

Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

Exagérés et Enragés seront rapidement écrasés par la Convention montagnarde.

avec l'aide des gendarmes mobile de l'époque , et des lbd . 

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  • 3 semaines après...
Membre, 45ans Posté(e)
Maxence22 Membre 8 792 messages
Forumeur accro‚ 45ans‚
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Le 01/11/2021 à 03:27, goods a dit :

 La terreur, première révolution sociale ?

Juste pour répondre au titre du topic. Non il ne s'agit pas de la première révolution sociale. Déjà pendant la république romaine il y en a eu plusieurs. Certaines ont dégénéré en guerres civiles (Marius vs Sylla, la guerre sociale, la révolte de Spartacus, etc...).

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)
Le 17/11/2021 à 22:26, Maxence22 a dit :

Juste pour répondre au titre du topic.

En France.

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Membre, paradoxe sur pattes, 54ans Posté(e)
koadeg Membre 4 164 messages
54ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

C'est un peu plus compliqué.

La Révolution est à la base pour une meilleure organisation basée sur la philosophie des Lumières et qui donnera la déclaration des droits de l'homme et du citoyens mais aussi l’abolition des privilèges. Oui, c'est une révolution sociale, menée au départ par les girondins. Et prenant exemple sur la république romaine. Girondins qui seront les instigateurs de la guerre contre l'Europe.

Quant à la Terreur, elle est instaurée pour supprimer les ennemis de l'intérieur, toutes les personnes susceptibles d'aider les coalisés contre la France. C'est une réaction politique dans un contexte de guerre. Rien de social. Et pourtant, Robespierre était contre la peine de mort ! 

Par la suite, les différents courants des montagnards se sont détruits s'accusant mutuellement de sympathie avec l'ennemie. Exemple : Hebertistes contre Dantonistes. Les Dantonistes l'emportèrent un temps, parce que plus modérés mais c'est justement cette modération, demandée via "le vieux cordelier" qui les conduisirent quelques semaines plus tard devant le tribunal révolutionnaire et eux aussi pour complot contre la nation.

La terreur n'avait rien de sociale mais une bataille politique de dirigeants voulant faire accepter sa politique et n'hésitant pas à condamner ceux qui pouvaient s'y opposer. Paradoxalement, oui, certainement, ces hommes (et quelques femmes, ne l'oublions pas) se sont battus pour instaurer un gouvernement avec des lois plus égalitaires. Mais cela restait des notables, bien éloignés "des sans culottes".

Si mes souvenirs sont bons, c'est une des raisons de l'élimination de Roux, jugé trop extrême, trop proche de la populace. Herbert aussi mais dans la moindre mesure.

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Membre, 74ans Posté(e)
boeingue Membre 23 346 messages
Maitre des forums‚ 74ans‚
Posté(e)

bon nombre de ces révolutionnaires ce sont accaparés les chateaux et autres fortunes de la noblesse !!

aucun scrupule  !!

comme révolution " sociale "  il y a mieux !

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Membre, 81ans Posté(e)
dede 2b Membre 27 616 messages
Maitre des forums‚ 81ans‚
Posté(e)
Le 18/11/2021 à 16:35, boeingue a dit :

bon nombre de ces révolutionnaires ce sont accaparés les chateaux et autres fortunes de la noblesse !!

aucun scrupule  !!

comme révolution " sociale "  il y a mieux !

La révolution française est une révolution bourgeoise, et ce sont ces bourgeois, souvent leurs fils qui ont au 19ème siècle "rachetés" ces titres de noblesse, le plus connu d'entre eux .....Valéry Giscard d'Estaing (1922)! Mais on y trouve des anciens aristos revenus d'Angleterre et qui ont récupérés leus biens au moment de la Restauration et Louis 18!

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  • 3 semaines après...
Membre, 33ans Posté(e)
Totof44 Membre 4 780 messages
Maitre des forums‚ 33ans‚
Posté(e)
Le 17/11/2021 à 23:33, koadeg a dit :

C'est un peu plus compliqué.

La Révolution est à la base pour une meilleure organisation basée sur la philosophie des Lumières et qui donnera la déclaration des droits de l'homme et du citoyens mais aussi l’abolition des privilèges. Oui, c'est une révolution sociale, menée au départ par les girondins. Et prenant exemple sur la république romaine. Girondins qui seront les instigateurs de la guerre contre l'Europe.

Quant à la Terreur, elle est instaurée pour supprimer les ennemis de l'intérieur, toutes les personnes susceptibles d'aider les coalisés contre la France. C'est une réaction politique dans un contexte de guerre. Rien de social. Et pourtant, Robespierre était contre la peine de mort ! 

Par la suite, les différents courants des montagnards se sont détruits s'accusant mutuellement de sympathie avec l'ennemie. Exemple : Hebertistes contre Dantonistes. Les Dantonistes l'emportèrent un temps, parce que plus modérés mais c'est justement cette modération, demandée via "le vieux cordelier" qui les conduisirent quelques semaines plus tard devant le tribunal révolutionnaire et eux aussi pour complot contre la nation.

La terreur n'avait rien de sociale mais une bataille politique de dirigeants voulant faire accepter sa politique et n'hésitant pas à condamner ceux qui pouvaient s'y opposer. Paradoxalement, oui, certainement, ces hommes (et quelques femmes, ne l'oublions pas) se sont battus pour instaurer un gouvernement avec des lois plus égalitaires. Mais cela restait des notables, bien éloignés "des sans culottes".

Si mes souvenirs sont bons, c'est une des raisons de l'élimination de Roux, jugé trop extrême, trop proche de la populace. Herbert aussi mais dans la moindre mesure.

Quelques nuances. Sous la "terreur", la Convention a voté des lois sociales, indiscutablement : le blocage des prix, et les lois de ventôse, notamment. L'intention était-elle d'envoyer un message aux radicaux "soutenez-nous, parce qu'on mène la politique que vous réclamez" ? Ou s'agissait-il d'une préoccupation sincère ?

Le 18/11/2021 à 16:59, dede 2b a dit :

La révolution française est une révolution bourgeoise, et ce sont ces bourgeois, souvent leurs fils qui ont au 19ème siècle "rachetés" ces titres de noblesse, le plus connu d'entre eux .....Valéry Giscard d'Estaing (1922)! Mais on y trouve des anciens aristos revenus d'Angleterre et qui ont récupérés leus biens au moment de la Restauration et Louis 18!

Pas seulement une révolution bourgeoise. Tu es sûr de ce que tu dis sur la Restauration ? Il me semble que pour faire accepter son retour, Louis XVIII a eu l'intelligence de faire un certain nombre de compromis, dont celui de ne pas revenir sur les biens nationaux.

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Membre, 81ans Posté(e)
dede 2b Membre 27 616 messages
Maitre des forums‚ 81ans‚
Posté(e)
Le 05/12/2021 à 15:34, Totof44 a dit :
Le 18/11/2021 à 16:59, dede 2b a dit :

La révolution française est une révolution bourgeoise, et ce sont ces bourgeois, souvent leurs fils qui ont au 19ème siècle "rachetés" ces titres de noblesse, le plus connu d'entre eux .....Valéry Giscard d'Estaing (1922)! Mais on y trouve des anciens aristos revenus d'Angleterre et qui ont récupérés leus biens au moment de la Restauration et Louis 18!

Pas seulement une révolution bourgeoise. Tu es sûr de ce que tu dis sur la Restauration ? Il me semble que pour faire accepter son retour, Louis XVIII a eu l'intelligence de faire un certain nombre de compromis, dont celui de ne pas revenir sur les biens nationaux.

Je parlais des titres de noblesse surtout et les chateaux! je pense à mon ami De Vogué!

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  • 3 semaines après...
Membre, 41ans Posté(e)
Baby Forumeur‚ 41ans‚
Posté(e)

Bonjour,

Merci pour l'article, ça fait du bien de trouver un débat sur la RF. En revanche, avez-vous travaillé sur cette période ? Universitaire ? Amateur ? Parce que là, franchement, on croirait que cet article a été écrit en 1870... Tellement c'est manichéen, binaire... Avez-vous lu Tocqueville ? Furet ? Dingli ? Burke ? Parce que Mathiez, bon, ça n'a pas très bien vieilli vous savez... Tout ce que vous écrivez est sujet à caution. Là, vous avez la vision dune révolution messianique qui a tout changé, reprenant la vision des acteurs de l'époque ! Autant lire Michelet...

Ce serait impossible de résumer ici pour vous répondre (il y a nombre d'auteurs le faisant mieux que moi) mais disons simplement que l'état de la société française en 1788 était bien plus avancé que ses lois (voir les travaux de Tocqueville sur la propriété par exemple, mais il faudrait étudier la complexité de la noblesse - il n'y avait pas une noblesse homogène - les liens entre possédants et financiers, déjà complexes, l'état du peuple des villes et celui des campagnes et cetera et cetera) et que les grandes soirées de 89 n'ont fait qu'entériner ce qui était déjà effectif. Concernant l'après 89, c'est une série de purges des plus brillants (les Lally Tollendal, Bailly, Siéyès) en faveur de groupes de plus en plus extrémistes voulant exterminer tout le monde, on dirait quasiment des malades mentaux aujourd'hui (Marat et ses 100 000 têtes, Hébert le muscadin accusant la Reine d'inceste, j'en passe et des meilleures). Je vous invite à aller à la BNF et lire les interventions de Robespierre à la tribune, des délires absolus (il était d'ailleurs systématiquement raillé pendant la constituante avant que les rires ne cessent avec la Terreur...  La Révolution mérite aujourd'hui d'être étudiée en tant que période la plus propice à la recherche du pouvoir et de la valeur et de la représentation de la parole publique. C'est son oeuvre, en cela elle est unique parce qu'elle pose des questions universelles et non résolues aujourd'hui, le tout en 5 ans seulement : qu'est ce que le pouvoir ? Qu'est ce que la démocratie ? Si c'est représentatif, quelle parole vaut ?.... En ce sens, elle est bien un monument de l'édifice humain. 

Pour le reste, elle est autant une des premières expériences "modernes" totalitaires qu'elle fut un éclat de lumière sur le monde....

Sujet passionnant, mais il faudrait des dizaines de pages pour entrer dans le détail....

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