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Loufiat

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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J'ai eu l'occasion d'observer ces dernières années les effets dévastateurs pour le moral des enfants de nos conceptions de la vie et de la mort.

Un moment vient où l'enfant est confronté au problème de la mort. Il comprend que des êtres étaient là et ne sont plus. D'abord il ou elle pose des questions en ordre dispersé et ne semble pas prendre la pleine mesure des réponses qui lui sont proposées. Puis peu à peu son attention se concentre, les questions deviennent plus précises, la volonté de comprendre plus déterminée. La réponse apportée non seulement dans le cadre familial mais social, général de nos jours, est qu'après la mort, on cesse d'exister : il n'y a rien, c'est le néant. Les réponses alternatives, religieuses par exemple, me semblent toujours être avancées, en Occident, dans ce cadre "moderne" ou du moins par rapport à lui.

Cette idée violente l'enfant et agit comme un poison pour son moral. Un poison à la racine d'un mal être et d'une foule de comportements qui apparaissent en effet après ces réalisations sur la mort et la vie, et comme leur conséquence immédiate (ce dont l'enfant a conscience ! mais il l'oubli au fil des jours). Sauf cas exceptionnel, l'enfant n'a pas les moyens de se défendre en comprenant que les adultes mentent et ignorent totalement quel est le sens de la vie. L'enfant subit donc l'arbitraire de ces conceptions de plein fouet. L'effet est le recentrement sur soi-même, la jouissance et la possession. Une mesquinerie et une forme de méchanceté apparaissent. L'enfant est amputé.

Un père auquel je faisais remarquer que sa fille de 4 ans avait un vrai problème avec l'idée que la mort c'est n'être plus rien du tout, répondait que c'est violent mais finalement, ça fait qu'on veut profiter d'autant plus de la vie. Évidemment c'est un mensonge éhonté car une telle idée ne peut qu'empoisonner toute la vie. Mais il énonçait aussi quelque chose de décisif. Cette idée de la disparition entraîne un recentrement sur la jouissance. La jouissance immédiate et la plus intense possible devient le seul "sens" résiduel à l'existence. Amputé, je vais faire violence à la vie et aux choses pour prendre tout ce que je peux prendre, en jouir autant que possible.

Il y a une cohérence implacable entre nos modes de vie et nos conceptions.

 

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  • 2 semaines après...
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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Dans tout endormissement et dans tout éveil, il y a un mystère qui ne laisse d'étonner. Lorsque j'ouvre les yeux, "qui" "s" 'éveille ? Qui dormait, qui revient au monde, qui restait médian ? Il faut bien que l'impulsion pour le réveil vienne de quelque part, avant que ne s'opère la ré-identification. (Je constate qu'elle part du fond de l'estomac et passe par la colonne.) Plus le réveil est brutal, plus la confusion est grande, plus je suis saisi par le mystère de cette transition. étais-je ? Où suis-je ? Et encore une fois : qui, qu'est-"ce" qui a voulu et ordonné ce réveil ? "Je" ne suis donc pas seulement cette conscience éveillée - mais éveillée à quoi ? Par quoi ? "Je" ne suis pas plus celui qui rêvait. Ni celui qui ne rêvait plus mais était totalement absent. Toutes ces transitions s'opèrent au sein d'un même continuum, c'est un seul être qui les produit et les connaît.

 

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Membre, 156ans Posté(e)
Don Juan Membre 2 916 messages
Mentor‚ 156ans‚
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Le 28/10/2021 à 14:15, Loufiat a dit :

Dans tout endormissement et dans tout éveil, il y a un mystère qui ne laisse d'étonner. Lorsque j'ouvre les yeux, "qui" "s" 'éveille ? Qui dormait, qui revient au monde, qui restait médian ? Il faut bien que l'impulsion pour le réveil vienne de quelque part, avant que ne s'opère la ré-identification. (Je constate qu'elle part du fond de l'estomac et passe par la colonne.) Plus le réveil est brutal, plus la confusion est grande, plus je suis saisi par le mystère de cette transition. étais-je ? Où suis-je ? Et encore une fois : qui, qu'est-"ce" qui a voulu et ordonné ce réveil ? "Je" ne suis donc pas seulement cette conscience éveillée - mais éveillée à quoi ? Par quoi ? "Je" ne suis pas plus celui qui rêvait. Ni celui qui ne rêvait plus mais était totalement absent. Toutes ces transitions s'opèrent au sein d'un même continuum, c'est un seul être qui les produit et les connaît.

 

Peut être que la conscience, trop souvent exprimé ainsi : ma conscience, n'est pas moi, je ne suis pas "ma" conscience, mais une conscience est dans cet ensemble organique que je nomme "moi".

Peut-être que la conscience ne dort pas, qu'elle ne dort jamais, que seule cette entité physiologique et psychologique et d'autres choses encore est capable de sommeil.

Si donc la conscience ne dort pas, quelque chose pendant le sommeil de l'être organique l'incite à penser que son propre sommeil est le sommeil de "l'autre", quelle ironie, non ?

Qu'est-ce donc (que je vais considérer en état d'éveil) qui n'est pas moi qui suis toujours dans une forme de sommeil et par quel processus mental dois-je finir par me penser responsable de cette "chose"là ?

Les conditions qui peuvent favoriser -- chez moi bien entendu-- une construction mentale faite de briques de formes différentes, mais de même "matière, une construction mentale, disais-je, qui permet de refléter partiellement un phénomène relatif à une conscience libre et dégagée de mes états d'âmes, de ma propre volonté, de ma propre expérience, de ma propre histoire, de mon propre destin, une construction qui me permet de réaliser que si, en apparences, ce sont bien mes mains qui tiennent la barre, mes yeux qui regardent la boussole etc, le navire est guidé plus certainement par un autre que moi dont j'ai l'intime conviction qu'il est une partie de moi, quelle ironie, non ?

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)
Le 29/10/2021 à 13:12, Don Juan a dit :

si, en apparences, ce sont bien mes mains qui tiennent la barre, mes yeux qui regardent la boussole etc, le navire est guidé plus certainement par un autre que moi dont j'ai l'intime conviction qu'il est une partie de moi, quelle ironie, non ?

Je réalise ceci lorsque je rencontre des forces contraires, qui ne sont d'ailleurs pas nécessairement systématiquement contraires, mais qui peuvent le devenir. Ainsi j'ai beau vouloir rester éveillé pour x raison, un moment vient où je m'endors malgré moi. Mon pouvoir grandit ou diminue selon les circonstances, selon des rythmes, etc., qui m'échappent largement. 

Trois champs apparaissent où je rencontre des forces possiblement contraires. Il y a l'infra, disons le psychologique. Je n'ai rien, mais alors rien d'une unité monolithique, sauf conditions exceptionnelles. Je suis pluriel, divisé, contradictoire. Il me semble que c'est le langage et l'histoire qui entraînent cette division, en créant un ordre et donc son complémentaire désordre, constamment l'un dans l'autre. Je n'y reviens pas. C'est ce que je comprends de la question de la vérité. Qui me permet d'identifier la confusion archi-répandue entre vérité et réalité qui sont pourtant comme l'eau et l'huile.

Puis il y a l'inter-individuel. Là il s'agit vraiment du jeu des individus, des corps les uns avec et contre les autres. C'est le pouvoir tel que le comprend la sociologie des organisations par exemple. L'autre est un impondérable que je tente de manipuler en mettant la main sur des zones d'incertitudes dont il dépend. L'autre, par lequel je me laisse aussi manipuler, tout en ménageant une marge de liberté même infime, etc. L'image par excellence c'est le jeu d'échecs.

Puis il y a un troisième niveau, plus récent dans l'histoire. Ce niveau est celui auquel tous refusent aujourd'hui de s'attaquer, même en pensée, ou alors de façon superficielle et ridicule. Il est innommable. Tous lui sont soumis. La relation des êtres humains à ce champ autonome de nécessités impérieuses est quasiment de l'ordre du mystique et du démoniaque. Il passe inaperçu exactement dans la mesure où il contraint absolument. C'est pourtant un arbitraire, un produit bien entièrement humain. Issu directement des entrailles de l'Occident dans ce qu'il a produit de pire. Ce pire passe pour le bien. La confusion des valeurs est totale et se répercute le long de toute la chaîne, jusque dans l'infra.

Il faut trouver le levier et l'axe qui permettront de soulever et de renverser ce troisième niveau. Il n'y aucune issue sans ça.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Le 01/11/2021 à 15:53, Loufiat a dit :

Je réalise ceci lorsque je rencontre des forces contraires

Ce jeu des forces est traversé aussi par des lignes, des cohérences. Le "troisième niveau", disons "la Matrice" par dérision, en est un. Mais il y a encore autre chose, dont la nature est radicalement différente de ces déterminismes. C'est la providence. Une force de création qui semble totalement indépendante et libre à l'intérieur du jeu des puissances et qui s'amuse à créer au gré des circonstances. C'est le vent qui balaie un jet d'eau au moment où perce une éclaircie : un visage souriant s'illumine devant vous. Cette force agit comme un attracteur, elle réunit en un instant qui les sublime tous, des éléments qui sont a priori étrangers les uns aux autres, mais qui trouvent dans cette rencontre fortuite un sens de l'absolu. On ne connaît des jeux de cette force que leurs traces après coup. Intérieurement lui correspond la réalisation d'avoir été un élément pris dans ce jeu et de se trouver et de s'être trouvé toujours exactement à sa place, dans cet Instant, par cet instant. "Tout est là". Mais ce jeu n'est pas l'histoire dans son entier. Il est comme une aiguille qui brode dans le vêtement de nos vies, des puissances, des actes, etc., un dessin nous échappant à tous, étranger et pourtant tenant aussi aux motifs particuliers de nos actes. Mais pour s'en nourrir. Pour les transformer en autre chose qu'ils ne sont.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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La vie semble faîte d'échanges, de rétentions et de précipitations plus ou moins violentes. Un vaste équilibre, une alchimie semble s'opérer ci-dessous, dont il est difficile d'observer les règles car elle dépasse l'individu ou sa perception ordinaire. J'en reviens à la fatigue et au sommeil : j'étais éveillé, puis je "glisse" dans le sommeil ; quelque chose "se passe" et je me trouve dans le sommeil. C'est une balance qui bascule, une rétention qui se libère, un reflux et en même temps une précipitation "dans le" sommeil, ou plus précisément : du sommeil. On peut jouer avec cette balance, avec cet équilibre ; car au total il n'y en a qu'un, mais dont les ramifications sont totales. Ceci s'observe en tous domaines. Si je vais trop longtemps contre l'équilibre, il y aura un blocage, une rupture et une redéfinition de la situation. Mais si j'intègre la rupture comme moment décisif, c'est un registre sur lequel je peux jouer. Ainsi pour amener quelqu'un à modifier une habitude ou un comportement problématique je dois travailler l'équilibre pour redéfinir la situation. Et comme tout est lié par et dans cet équilibre, les angles d'approche sont innombrables. Pourtant souvent nous sommes enfermés dans un seul mode d'action. Lorsque c'est le cas, c'est que nous ne possédons pas encore cet équilibre "intérieur" qui seul permet de jouer avec celui général. C'est que nous sommes pris dans le jeu des circonstances qui ne nous laisse pas de place, de marge à une sensibilité plus grande et à d'autres modes d'action.

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Une croisée des chemins se présente. Bifurquer et passer sous les radars comme prévu initialement, une affaire de semaine, de jours maintenant ; retarder ce départ au début de l'année prochaine ; ou changer de plan, car pour que j'annule mon départ, on me fait miroiter la direction d'un établissement commercial d'ici à deux ans. Ce plan est jouable, la proposition, quoi que de circonstance, est sérieuse et peut devenir un engagement. Mais entrer dans cette voie implique la disparition du possible qui est encore grand ouvert, résultat de l'alignement précédent des circonstances au terme de la crise initiée il y a quelques mois. Et je suis incapable de choisir pour le moment. De savoir même par quel bout attraper ce choix. Les seuls guides que je m'autorise à suivre , martèlent que s'installer dans ce monde est une folie. Mais comment suivre cette voie du travail sans ' s'installer ' ? Si j'accepte d'entrer dans cette perspective, pourrais-je échapper aux forces normatrices, internes et externes ; pourrais-je réintroduire au sein de cette nouvelle situation et perspective la finalité et le sens qui me sont propres ? En quoi n'est-ce pas trahir tout simplement ?

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 21 895 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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@Loufiat trouve ta voie puis donne toi à fonds, crée ton espace

Le travail n'est pas une épreuve, c'est ta chance mais il sera ce que TU en fais

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Le 16/11/2021 à 07:52, zenalpha a dit :

Le travail n'est pas une épreuve, c'est ta chance mais il sera ce que TU en fais

Qu'il soit une épreuve n'est pas tellement la question. L'épreuve présentement c'est ce choix. Il m'est plus difficile, plus dangereux en tout cas aujourd'hui d'arrêter de travailler, pour me lancer dans l'inconnu de la vision lointaine que j'aie eue il y a qqs temps, plutôt que de continuer à enchaîner des semaines de 80h qui de toute façon défilent vitesse grand v. Et cette idée que le travail sera ce que j'en fais, est bien sûr la grande séductrice, le piège dans lequel je risque de tomber. La position en question peut fournir une arrière base à partir de laquelle travailler à autre chose, mais il ne faut avoir aucune illusion sur la pénétration des forces du travail au sein de l'homme, qui "déteignent" et modifie en profondeur l'alchimie de la personne. Et pourquoi accepterais-je cette position ? Sinon seulement pour un bénéfice personnel ? De toute façon, en partant demain je demeure tout autant libre de travailler n'importe où. En restant, une laisse me passe autour du cou pour les prochaines années.

Modifié par Loufiat
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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 21 895 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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@Loufiat

Oui, tu as raison, je ne donne d'ailleurs aucun conseil sur ce que tu dois faire.

Je renverrai peut-être à Kant sur l'idée que la liberté, c'est choisir soi même les causes que l'on va décider de servir.

La laisse autour du cou est une constante mais c'est â soi même que revient le privilège de t'asservir pour ce que tu penses bien pour toi

Ce chemin est toujours le plus risqué mais y en a t'il un autre ?

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Les peuples occidentaux n'ont qu'une vague idée du piège qui se referme sur la société technicienne, et semble guetter à leurs frontières comme une ombre à l'orée du bois. Ils vivent sans conscience du caractère spécifique de leur civilisation. Ils ne font pas le lien entre leurs vies tranquilles et, par exemple, la situation en Syrie. Un pays qui s'est vidé de plus de la moitié de sa population en quelques années, dont le territoire est partagé entre forces armées étrangères, groupes et milices privées aux allégeances douteuses. Où les différents 'services' apprennent aux enfants à espionner et retranscrire les propos de leurs familles et voisins - un enfant de 8 ans peut suivre un repas et attribuer précisément à chacun ce qu'il a dit en substance -, où un "like" sur la mauvaise vidéo youtube provoque dans l'heure l'exécution publique d'une adolescente qu'on a d'abord traînée par les cheveux à travers le quartier. La peur est partout et totale. Il n'y a plus rien en Syrie que le chaos et la technique. Le drone et le silence. La technique dans son plus pur et simple appareil. Technique de guerre. Qui phagocyte la totalité de l'être. Au-delà, le désert.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 21 895 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
 
Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance
Nourri de rêves, de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences?
Larmes au milieu d'un torrent
 
Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d'une foi, d'une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir, tendre une main ?
 
Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent?
Rien ne sera comme avant
 
On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
 
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
 
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp
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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
Posté(e)

Les vulgarisations des travaux des neuroscientifiques donnent l'occasion de rire. Je lis que ces bons scientifiques ont démontré que le choix est pris avant d'être pris. Ce genre de malentendu m'angoissait profondément auparavant. Mais je me trompais. C'est seulement médiocre, il n'y a aucune mauvaise intention, aucune malignité. Ces gens n'ont simplement de choix à faire qu'entre la couleur de leurs chaussettes le matin. Ce qu'ils expérimentent comme décision est donc une anti-décision. L'inverse précisément. Un choix se muri. Il prend un temps fait d'allers et de retours, d'indécision. C'est un processus tout à la fois conscient et sensible, "inconscient". Une affaire de psychologie, d'équilibres et de glissements comme le cœur dévoile peu à peu sa préférence, l'intelligence développe des critères que l'imagination éprouve... Les circonstances interviennent à plein. Bref, un choix au sens propre est une affaire infiniment plus complexe que ce que sauraient observer ces fourmis avec leurs ciseaux de mort. Si nous ne devons pas finir submergés par les confettis de nos propres vies, il n'y a aucune réponse à leur apporter qu'un rire moqueur et libre.

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Membre, Posté(e)
system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
Le 19/11/2021 à 04:52, Loufiat a dit :

Les vulgarisations des travaux des neuroscientifiques donnent l'occasion de rire. Je lis que ces bons scientifiques ont démontré que le choix est pris avant d'être pris. Ce genre de malentendu m'angoissait profondément auparavant. Mais je me trompais. C'est seulement médiocre, il n'y a aucune mauvaise intention, aucune malignité. Ces gens n'ont simplement de choix à faire qu'entre la couleur de leurs chaussettes le matin. Ce qu'ils expérimentent comme décision est donc une anti-décision. L'inverse précisément. Un choix se muri. Il prend un temps fait d'allers et de retours, d'indécision. C'est un processus tout à la fois conscient et sensible, "inconscient". Une affaire de psychologie, d'équilibres et de glissements comme le cœur dévoile peu à peu sa préférence, l'intelligence développe des critères que l'imagination éprouve... Les circonstances interviennent à plein. Bref, un choix au sens propre est une affaire infiniment plus complexe que ce que sauraient observer ces fourmis avec leurs ciseaux de mort. Si nous ne devons pas finir submergés par les confettis de nos propres vies, il n'y a aucune réponse à leur apporter qu'un rire moqueur et libre.

Oui tu as raison, un choix se construit et se mûri par des processus complexes au cours d'une vie. D'ailleurs la thèse la plus défendue aujourd'hui n'est pas celle d'un tout déterminisme ni le contraire, mais c'est de dire que nous avons un libre arbitre qui est vraiment là mais ce libre arbitre ne s'exerce que dans un champ restreint de possibilités. C´est la théorie des possibilités alternatives ou Alternative Possibilities en anglais. À un instant donné tu n'as le choix que parmi les possibilités auxquelles tu t'es justement préparé au cours de ta vie, on n'est pas complètement libre mais nous ne sommes pas des marionnettes non plus.

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 151 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
Le 19/11/2021 à 04:52, Loufiat a dit :

Les vulgarisations des travaux des neuroscientifiques donnent l'occasion de rire. Je lis que ces bons scientifiques ont démontré que le choix est pris avant d'être pris. Ce genre de malentendu m'angoissait profondément auparavant. Mais je me trompais. C'est seulement médiocre, il n'y a aucune mauvaise intention, aucune malignité. Ces gens n'ont simplement de choix à faire qu'entre la couleur de leurs chaussettes le matin. Ce qu'ils expérimentent comme décision est donc une anti-décision. L'inverse précisément. Un choix se mûri. Il prend un temps fait d'allers et de retours, d'indécision. C'est un processus tout à la fois conscient et sensible, "inconscient". Une affaire de psychologie, d'équilibres et de glissements comme le cœur dévoile peu à peu sa préférence, l'intelligence développe des critères que l'imagination éprouve... Les circonstances interviennent à plein. Bref, un choix au sens propre est une affaire infiniment plus complexe que ce que sauraient observer ces fourmis avec leurs ciseaux de mort. Si nous ne devons pas finir submergés par les confettis de nos propres vies, il n'y a aucune réponse à leur apporter qu'un rire moqueur et libre.

Vous n'avez pourtant pas l'air de rire!

L'une de mes sœurs, dans son parcours universitaire, devait commencer sa thèse. Elle est "en lettre moderne" (cette façon de classer me fait assez rire). Et puis, on lui a fait comprendre qu'il fallait qu'elle choisisse un sujet dans l'air du temps pour qu'elle ait un minimum de chance d'être soutenue et financée. Elle avait donc un choix tout à fait "dirigé", non pas par des personnes telles que des référents ou des conseillers, mais par un idéal, un air dans le vent, une mouvance intellectuelle, une lubie passagère, une direction qui a la cote. Son désir, sacrifié sur l'autel d'une image de notoriété, mourut dans l'œuf: elle a quitté l'université.

Bien beaucoup de mots pour juste dire que nous encourageons ce système de sélection et de direction des études. Et je dis bien "nous". Comment? En consommant la donnée qui provient de ces sélections de savoirs, et en relayant ces informations, même pour les dénigrer ou appuyer un avis contraire.

Ne croyez pas que je vous jette la pierre (j'ai cru comprendre que vous avez vous aussi beaucoup étudié), loin de là et bien au contraire, je suis juste admirative du geste de ma sœur qui, sans même le conscientiser, a eu la sagesse de ne pas mordre à l’hameçon.

J'en profite pour vous poser quelques questions. Si vous avez un peu de temps (80h de travail par semaine, ça ne laisse plus beaucoup de temps pour autre chose que du sommeil et l'organisation du logis, je crois le savoir, je l'ai fait), pourrai-je poser des questions sur des posts précédents? (je ne suis pas très souvent connectée et j'ai laissé passer des questions qui pourtant me font "pétiller")

Et au risque de me faire huer, @zenalpha, ce texte, publié par vous hier, qui, je crois, est chanté par Goldman, se veut bien larmoyant! J'ai particulièrement pas aimé la dernière phrase: comme si nous ne passions pas notre temps à choisir des camps! En tout cas, merci, ça m'a fait bien rire.

Modifié par Ambre Agorn
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Membre, Posté(e)
system3 Membre 625 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
Le 18/11/2021 à 11:29, zenalpha a dit :
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
 
Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance
Nourri de rêves, de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences?
Larmes au milieu d'un torrent
 
Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d'une foi, d'une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir, tendre une main ?
 
Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent?
Rien ne sera comme avant
 
On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ?
Ou le pire ou le plus beau ?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?
 
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand ?
 
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp

Et si j'avais été Pirahã ?

Aurais-je pu pêcher comme un vrai ?

Oh que j'aurais aimé pouvoir m'échapper !

De tout ce système de faux-cul,

Grimper sur les cimes de la liberté !

De l'authenticité que je veux

Vivre dans les vastes forêts d'Amazonie,

Que Monsieur Bolsonaro voudrait dégommer

Serait-il allemand ce Monsieur Bolsonaro ?

Si j'avais été Pirahã...

(Sincèrement votre !  :D:D:D)

https://sympa-sympa.com/inspiracion-gens/qui-sont-les-pirahas-ces-gens-qui-vivent-dans-linstant-present-et-sont-consideres-comme-les-plus-heureux-de-notre-planete--1038452/

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Membre, 34ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 566 messages
Mentor‚ 34ans‚
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Le 19/11/2021 à 10:52, Ambre Agorn a dit :

pourrai-je poser des questions sur des posts précédents?

Vous avez toute liberté de poser les questions que vous souhaitez. Je vous en serai même reconnaissant. Comme d'apporter l'eau de vos expériences à ces quelques réflexions. Que le lien soit évident ou non. 

L'Université est une institution étrange et pleine de contradictions. Une question à laquelle vous saurez peut-être répondre : votre soeur a-t-elle envisagé de financer elle-même sa thèse ? C'est le choix que j'ai fais, pour contourner ces barrières. Et qui s'est soldé par un échec ; mais pour d'autres ce fut une réussite.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 21 895 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)
Le 19/11/2021 à 10:52, Ambre Agorn a dit :

Et au risque de me faire huer, @zenalpha, ce texte, publié par vous hier, qui, je crois, est chanté par Goldman, se veut bien larmoyant! J'ai particulièrement pas aimé la dernière phrase: comme si nous ne passions pas notre temps à choisir des camps! En tout cas, merci, ça m'a fait bien rire.

Je vois ce texte de Goldman comme un appel à la mesure

C’est justement un réflexe pawlovien de choisir un camps médiocrement en imitant le cadre de pensée dans lequel on est né et par respect pour l’autorité comme dans les expériences de Milgram

Des garde fous societaux ont pour rôle de le rappeler, l’éducation, le travail, la religion ou l’absence de religion, les codes sociaux...

Mais ce que dit ce texte, c’est qu'à choisir son camps, il ne faut pas oublier les valeurs humaines universelles

Et quand on attaque le camp adverse, qu’on le carricature, qu’on s’en forge une idée en ratant l’idée essentielle qui devrait réunir et exclue la barbarie on pourrait bien se perdre soi-même 

Au final, quand on choisit son camps, il faut le défendre sans se trahir soi-même excepté dans la guerre ouverte sur champ de bataille peut-être, et encore...

Ça demande une certaine sophistication et indépendance d’esprit

Au final, tout est choix

 

Modifié par zenalpha
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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 151 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
Le 20/11/2021 à 06:01, Loufiat a dit :

Vous avez toute liberté de poser les questions que vous souhaitez. Je vous en serai même reconnaissant. Comme d'apporter l'eau de vos expériences à ces quelques réflexions. Que le lien soit évident ou non.

Cool!

Vous avez parlé des effets dévastateurs sur les enfants de nos conceptions de la vie et de la mort.

Vous dites, si j'ai bien compris, que les adultes répondent à l'enfant que la mort c'est n'être plus rien et que cette idée violente l'enfant et l'empoisonne durablement. Vous, que répondriez-vous à l'enfant, comment lui expliqueriez-vous la mort?

Vous dites aussi que les adultes mentent et ignorent le sens de la vie. A part la formulation maladroite, qu'avez-vous voulu dire? Vous voulez dire qu'ignorant le sens de la vie, ils feraient mieux d'avouer leur ignorance? Que pour répondre à ce genre de question il est primordial de comprendre le sens de la vie? Ou alors qu'ils savent qu'il y a un sens dans la vie et que, ne le connaissant pas, ils mentent car ils savent pertinemment que leur réponse ne peut pas être juste? Vous avez une réponse à cette question: quel est le sens de la vie?

Vous dites cette phrase:

"Il y a une cohérence implacable entre nos modes de vie et nos conceptions."

J'ai l'impression que vous sous-entendez (plutôt dans l'idée générale de vos écrits que dans cette phrase) que vous avez une vision de quelque chose qui pourrait briser cette cohérence, je me trompe? Si je ne me trompe pas, vous pouvez en parler plus amplement ou ce serait bien trop long, ou tout simplement visible dans ce que vous écrivez, comme une trame qui se dessine au fur et à mesure que la navette dépose son fil?

Je suis consciente que je pose beaucoup de questions et j'envisage aussi les difficultés à y répondre, mais vous avez abordé un sujet au milieu du reste et je suis restée sur ma faim: trop peu pour moi! Après je comprends bien que ce fil n'a pas vraiment pour vocation de débattre des idées de chacun, mais je voulais en savoir plus sur les vôtres justement.

(les autres questions une prochaine fois: je pars au travail)

Le 20/11/2021 à 06:01, Loufiat a dit :

L'Université est une institution étrange et pleine de contradictions. Une question à laquelle vous saurez peut-être répondre : votre sœur a-t-elle envisagé de financer elle-même sa thèse ? C'est le choix que j'ai fais, pour contourner ces barrières. Et qui s'est soldé par un échec ; mais pour d'autres ce fut une réussite.

Oui, elle travail déjà, mais peut-être plutôt le manque de débouché par la suite? Aujourd'hui, elle a découvert d'autres horizons, d'autres façons de mettre ses compétences à profit, je n'ai pas senti qu'elle ait de regrets.

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Loufiat Membre 2 566 messages
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Le 19/11/2021 à 05:26, system3 a dit :

Oui tu as raison, un choix se construit et se mûri par des processus complexes au cours d'une vie. D'ailleurs la thèse la plus défendue aujourd'hui n'est pas celle d'un tout déterminisme ni le contraire, mais c'est de dire que nous avons un libre arbitre qui est vraiment là mais ce libre arbitre ne s'exerce que dans un champ restreint de possibilités. C´est la théorie des possibilités alternatives ou Alternative Possibilities en anglais. À un instant donné tu n'as le choix que parmi les possibilités auxquelles tu t'es justement préparé au cours de ta vie, on n'est pas complètement libre mais nous ne sommes pas des marionnettes non plus.

Je crois qu'il n'y a pas vraiment à débattre à ce niveau sur le plan de la théorie. Tout le monde se contrefout de la théorie de l'humain, du libre arbitre ou du déterminisme. Ce sont de vieilles pendules dans des maisons en ruines. Ce qui compte c'est l'action, n'est-ce pas ; les capacités d'action bloquées ou débloquées par ces découvertes. Et c'est tout. Mais par action, il faut entendre : technique, évidemment (mais la technique s'oppose à l'action, qu'il faudrait repositionner correctement pour se rendre compte que leur rapport est devenu conflictuel voire exclusif : c'est quoi agir, une action, etc.). L'affaire est technique de A à Z. Le reste, les à-cotés, le blabla, les vulgarisations, les conclusions pseudo-philosophiques voire existentielles, ça peut bien faire vibrer Bertrand ou Gertrude à l'apéro mais ça ne pèse pas une cacahuète. Celui qui croit qu'il y autre chose que des questions techniques dans les neurosciences se met le doigt dans l'oeil jusqu'au rectum. Il y a un décorum. Il faut bien sacrifier au mythe de la philosophie et de la science dans la société de l'information. Et encore, on a de plus en plus le droit de s'en contrecarrer. Mais pourquoi diable chercherions-nous une théorie du choix ? Qui s'en préoccupe ? Découvertes et applications : point.

Si ce que j'exprime passe pour une exagération, ce sont des portes ouvertes. C'est l'évidence, la base, ce sur quoi, avec un minimum de bon sens, on va s'accorder. Mais on ne doit pas le dire. Et systématiquement on présente un rapport inversé. Ce n'est pas la technique particulièrement, c'est la connaissance de l'homme qui progresse... "Et pourquoi opposer les deux ?" etc. Nous somme englués dans une mauvaise foi sans fin. Ce sujet est évidemment le sujet du siècle, l'éléphant dans la pièce. Intraitable. Quelqu'un ici a dit que penser la technique conduisait à une impasse. Splendide. L'impasse, ce n'est pas la technique, non c'est : "la pensée de" la technique. Le même renversement est à l'oeuvre partout entre ce qui est premier et ce qui est secondaire. L'homme ne veut pas admettre sa sujetion en effet. Au sens propre c'est l'idéologie. Faire passer la technique au second plan et mettre au premier les valeurs. La connaissance. Le bien. La santé. Partout la technique se retire humblement, s'efface devant l'homme, se présente dans une neutralité accueillante et enveloppante, comme un champ libre pour l'action (la fameuse neutralité du couteau qu'on peut utiliser pour... etc.), elle est le support léger, adaptatif et invisible et d'autre part le discours pointe ce qui précisément est phagocyté, secondaire, accessoire, superflu, bientôt absent : l'homme. La nature. Le biologique. La culture. Que sais-je.

Le langage, la pensée sont devenus quelque chose de réellement nouveau sous ce rapport. Mais qui comprend ce renversement et l'abîme qui s'ouvre sous nos pieds ?

 

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