Personnes atypiques....

En avez-vous connu ? de celles dont le souvenir vous dessine un sourire même très longtemps après qu'elles aient disparu de votre vie.

( je suis pas sûr que ce sujet soit à sa place en " philo" mais je n'en ai pas trouvé d'autres qui me semble adaptée )

Je commence :

à l'époque je travaillais dans une grosse boite de coursiers, beaucoup de profils différents, pour certains c'était leur gagne-pain depuis toujours, pour d'autres une étape entre deux jobs, toujours est-il que la passion pour les deux-roues nous habitait tous.

Parmi nous il y avait ce jeune gars marrant, je vais l'appeler Romain , Romain notre cadet , Romain toujours alerte, gai comme un pinson , pas des masses cultivé mais très vif d'esprit. Il était de ces personnes qui inspirent presque spontanément la sympathie à leur endroit , tant que chacun d'entre nous selon son âge le considérait un peu soit comme un fils, soit comme un petit frère. Beaucoup d'entre nous l'avions d'ailleurs invité chez nous en privé

Lors des pauses en commun on échangeait quelques infos sur nos vie privées, détaillées ou pas bien évidemment selon les tempéraments.

Romain n'avait ni famille, ni petite amie, ni chat ni chien,  Gosse de la DDASS avec un bagage lourd comme un semi-remorque, mais qui en parlait comme d'une mauvaise blague sans importance qu'on lui aurait faite. Mais Romain avait une moto qu'il chérissait comme tout ce qui ne lui avait pas été donné par la vie, et peut-être davantage . Une vieille honda XLV 750, gros twin en ligne qui selon son ancien proprio avait fait le Dakar. Il avait monté un pot qui d'après lui faisait ressembler le son de son échappement à celui d'une Harley-Davidson. On n'était pas tous d'accord là-dessus mais il était tellement content qu'on lui dise "oui" qu'on lui disait "oui". Car Romain était dingue de Harley-Davidson, et il collectionnait à propos du gros Twin U.S tout ce qui s'éditait en revues et bouquins ou se confectionnait en fringues.

Un jour n'y tenant plus il décide enfin de s'offrir la belle de ses nuits, la reine de sa vie : son Harley-Davidson ! Mais les picaillons manquent à l'appel évidemment. Il lui faut emprunter. 

Son emploi est stable depuis des mois, il ne devrait y avoir aucun souci. Mais fébrile et peut-être pas trop sûr que sa vie jusque là pas trop marrante lui offre ce cadeau trop beau peut-être , il multiplie les demandes de prêts aux banques et organismes de crédits. Tous, une demi-douzaine si mes souvenirs sont bons,  répondent oui et tous lui versent de quoi accéder à son rêve. 

Il se retrouve à la tête d'un joli pactole. On était heureux pour lui, Romain était devenu plus gai encore qu'à l'ordinaire. Et puis peu de temps après le versement de cette manne il annonce qu'il démissionne, pot de départ et tout le toutim...alors que le petit cercle dont j'étais s'interrogeait sur sa motivation réelle, il nous en avait donné une  bidon qu'on n'avait pas cru une seconde, il nous réunit et nous confie la banane jusqu'aux oreilles  : " Les gars je m'en vais l'acheter direct là-bas mon Harley ! " 

Il nous donne alors les détails, passeport et pécule en poche , il part aux USA en espérant ne jamais revenir pour y suivre une belle et longue route au guidon de la moto de ses rêves !...

C'était il y a longtemps, Romain est parti , comme internet et les 06 n'existaient pas à l'époque, à part une ou deux de ses lettres au début pleines de pep's nous n'avons plus eu de nouvelles. Et puis chacun de nous , ce job n'était qu'une parenthèse pour d'autres comme pour moi, nous sommes partis tracer notre route à nous aussi.

Je repense souvent à ce jeune gars, qui maintenant doit friser la cinquantaine, j'espère qu'il a été et qu'il est heureux. Je l'imagine entouré de sa bikeuse de femme, de deux gosses décidés sur le tard ( un sur la selle de madame et un sur la sienne)  et escorté des ses potes bikers qui ne doivent pas s'ennuyer avec lui.  Interpol ne traque pas ceux qui " empruntent " de l'argent aux banquiers, voleurs patentés, sans le leur rendre. Romain le savait et je reste certain qu'il n'a jamais été inquiété pour ça. Je pense parfois à lui et j'ai toujours grand plaisir à raconter son histoire.

Et vous, avez-vous connu un "Romain" ?

J'ai connu plein de gens bizarres, mais pas celui qui m'a toujours plu, de par son culot tranquille : avez vous entendu cette histoire de Général Motors, où un comptable du service de la paie prenait tranquillement un cent sur chaque paie des employés de la firme, mois après mois, et s'était constitué un pactole? personne avait rien vu, tu parles: un cent.. mais multiplié par des milliers et par des années... génial..! y a des mecs qui ont le pif;

Bien sur que j'en ai connu. Vu le lieu où je suis en train de parler, une me revient en tête. Son prénom était Ludivine et je l'avais connu ici. Chercheuse en biologie à l'humour ravageur, dotée des mêmes passions délirantes que moi du style le cyclisme sur route, la vodka ou la littérature. Ludivine avait 10 ans de plus que moi à l'époque où je n'en avais que 23. Ludivine était une écorchée de la vie : un boulot la comblant, un compagnon dont elle était follement amoureuse et enceinte de cet homme. Une moto (mais pas une Harley-Davidson), des gravillons, un dérapage et un camion, le compagnon mourut. Elle perdue le bébé dans la foulée.  Puis elle se consacra a son travail. Elle finit par avoir une proposition rêvée de boulot à l'étranger et rencontra très rapidement à cet endroit un homme dont elle tomba amoureuse et avec qui elle se maria. Je n'eus plus jamais de nouvelle, déçu et triste. Je me demande ce qu'elle est devenue des années après. En tout cas cette femme a influencé ma "carrière" professionnelle.

Un ancien collègue de travail, représentant. Petit, sec, avec du bagout. Bouffant comme quinze malgré son gabarit. Enjoué ou teigneux, suivant la situation. Amateur d'armes...

Une nuit, je l'ai invité dans mon gourbi dans lequel je vivais seul (j'avais alors 23 ou 24 ans). Nous étions au Ricard à 1h00 du matin ! Il m'a tout déballé : la fois où il avait abattu un soldat allemand de l'Est en patrouille près du mur de Berlin. Cela avait failli provoquer la troisième guerre mondiale ! Mais heureusement, les chefs russe et américain avaient conversé et tout était rentré dans l'ordre ! Complétement mytho !

Il avait allumé un jour un barbecue avec de la poudre. Heureusement qu'il avait des lunettes; on l'a vu arriver nous faire une petite visite après l'hôpital, on aurait dit qu'il sortait d'un film d'horreur !

Il avait construit à partir de son garage un stand de tir !

Il a fini par être viré : un 31 décembre, le responsable de la réserve du Géant lui a demandé de venir en hâte avec une batterie pour un chariot-élévateur. Il arrive à 17h30, on lui dit que c'est fermé. Il a sorti un couteau après altercation verbale. L'autre se défendait avec son balais. Pas de blessé, mais une lettre de licenciement. Il n'en était pas à son coup d'essai.

Il est en retraite maintenant. Sur Facebook, je l'ai vu déguisé en corsaire en train de jouer avec un petit canon du XVIIème siècle.

Mon fils a toujours été "différent" .

C'était un petit garçon un peu chétif, un peu craintif, mais très drôle.

Il était très productif en "mots d'enfants", jouait avec les mots, argumentait sans cesse.

Adolescent, il n'était pas spécialement facile, les années collège ont particulièrement été éprouvantes pour lui, et pour moi.

Un trimestre, il a terminé avec des moyennes de 4 en maths, et 17 en physique. Son humour faisait beaucoup rire certains professeurs et indisposait les autres.

Après un bac pro photo, sa vie de jeune adulte est devenue très difficile, replié sur lui même, triste ... jusqu'au diagnostic de psychose.

Aujourd'hui, il est suivi et traité et pour moi la maladie explique ses difficultés sans le résumer.

Mon fils est beau, taiseux, original et quand il est bien, pourvu d'un humour "pince sans rire" mais percutant.

Au lycée, il avait cassé son ordinateur portable et l'avait remonté dans un vieux classeur en carton. Et ça marchait !

Il a aussi roulé avec des vélos sur lesquels il avait bricolé un moteur et qui laissaient les gendarmes perplexes.

Il invente, répare, joue de l'accordéon sans travailler, vit un peu en marge de la réalité et parfois énonce en quelques mots un avis qui force la réflexion.

Alors oui, mon fils est malade, atypique et c'est un être plein de charme.

il y a 26 minutes, apis 32 a dit :

Mon fils a toujours été "différent" .

C'était un petit garçon un peu chétif, un peu craintif, mais très drôle.

Il était très productif en "mots d'enfants", jouait avec les mots, argumentait sans cesse.

Adolescent, il n'était pas spécialement facile, les années collège ont particulièrement été éprouvantes pour lui, et pour moi.

Un trimestre, il a terminé avec des moyennes de 4 en maths, et 17 en physique. Son humour faisait beaucoup rire certains professeurs et indisposait les autres.

Après un bac pro photo, sa vie de jeune adulte est devenue très difficile, replié sur lui même, triste ... jusqu'au diagnostic de psychose.

Aujourd'hui, il est suivi et traité et pour moi la maladie explique ses difficultés sans le résumer.

Mon fils est beau, taiseux, original et quand il est bien, pourvu d'un humour "pince sans rire" mais percutant.

Au lycée, il avait cassé son ordinateur portable et l'avait remonté dans un vieux classeur en carton. Et ça marchait !

Il a aussi roulé avec des vélos sur lesquels il avait bricolé un moteur et qui laissaient les gendarmes perplexes.

Il invente, répare, joue de l'accordéon sans travailler, vit un peu en marge de la réalité et parfois énonce en quelques mots un avis qui force la réflexion.

Alors oui, mon fils est malade, atypique et c'est un être plein de charme.

 

Merci de ce joli et touchant partage. 

Il y a 1 heure, apis 32 a dit :

Mon fils a toujours été "différent" .

C'était un petit garçon un peu chétif, un peu craintif, mais très drôle.

Il était très productif en "mots d'enfants", jouait avec les mots, argumentait sans cesse.

Adolescent, il n'était pas spécialement facile, les années collège ont particulièrement été éprouvantes pour lui, et pour moi.

Un trimestre, il a terminé avec des moyennes de 4 en maths, et 17 en physique. Son humour faisait beaucoup rire certains professeurs et indisposait les autres.

Après un bac pro photo, sa vie de jeune adulte est devenue très difficile, replié sur lui même, triste ... jusqu'au diagnostic de psychose.

Aujourd'hui, il est suivi et traité et pour moi la maladie explique ses difficultés sans le résumer.

Mon fils est beau, taiseux, original et quand il est bien, pourvu d'un humour "pince sans rire" mais percutant.

Au lycée, il avait cassé son ordinateur portable et l'avait remonté dans un vieux classeur en carton. Et ça marchait !

Il a aussi roulé avec des vélos sur lesquels il avait bricolé un moteur et qui laissaient les gendarmes perplexes.

Il invente, répare, joue de l'accordéon sans travailler, vit un peu en marge de la réalité et parfois énonce en quelques mots un avis qui force la réflexion.

Alors oui, mon fils est malade, atypique et c'est un être plein de charme.

 

Plein de charme oui certainement, et son père a bien raison de le dire.

Son accordéon me rappelle que notre Romain trimballait toujours avec lui un harmonica. Il adorait Ry Cooder qu'il nterprétait à sa façon mais sans fausses notes 

Il y a 16 heures, Auger a dit :

Merci de ce joli et touchant partage. 

J'étais enseignante spécialisée, et j'ai appris, au cours des années à comprendre le fonctionnement et le langage des enfants différents que j'ai croisés.

Et j'ai découvert ainsi tout leur charme. Ils ont fait de mon travail une succession de rencontres passionnantes et m'ont aidée une fois le diagnostic ( difficile parce il s'agit d'une forme peu "visible" ) posé, à lâcher prise pour accompagner mon fils.

Même chez des enfants simplement dyslexiques, j'ai rencontré des personnalités particulièrement attachantes, parce que pour dépasser leur difficulté ils inventaient et mettaient en oeuvre des astuces ingénieuses, se montraient tenaces, conscients de leurs faiblesses et de leurs points forts étaient capables d'en parler...

Pendant 42 ans, j'ai essayé de rendre leurs apprentissages plus facile en les observant et les écoutant. C'était un vrai travail d'équipe et de belles rencontres.

Pour finir, je dois dire que pour travailler avec les enfants autistes, mais aussi tous les enfants "extra-ordinaires", j'ai pu déconstruire tout ce que j'avais appris durant ma formation et aller à leur rencontre grâce à lui :

Désolé Apis, j'ai écrit par erreur "..son père.." dans mon post de lundi. Impossible d'éditer aujourd'hui.

il y a une heure, Gattaca a dit :

Désolé Apis, j'ai écrit par erreur "..son père.." dans mon post de lundi. Impossible d'éditer aujourd'hui.

Pas de souci.