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Être homme c’est « habiter »

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Invité Groenland

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il y a 49 minutes, tison2feu a dit :

 

Bonsoir,

Comme toujours, il n'est pas inutile de rappeler le contexte dans lequel a été écrit cet essai. C'est en 1951 qu'a été prononcé ce texte lors d’une conférence devant des architectes et des ingénieurs qui sont en train de reconstruire l’habitat de l’Allemagne massivement détruit lors de la Seconde Guerre Mondiale. Partout en Europe, sont construits de grands ensembles qui ressemblent plus à des cages à lapins qu'à de véritables logements. Tout le propos de Heidegger est de dire qu’il faut reconstruire, mais en offrant aux gens un logement qui leur permette de réaliser leur être dans leur rapport au monde.

A ce propos, la philosophe Céline Bonicco-Donato a publié l'an dernier un essai, Heidegger et la question de l’habiter. Une philosophie de l’architecture, qu'elle a présenté sur France-Culture et où elle apporte des éclaircissements sur les trois termes heideggeriens : Bâtir, Habiter, Penser (https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/larchitecture-un-concept-en-beton-34-batir-habiter-et-penser-avec-heidegger). Pour un bref résumé écrit, cf. https://lcv.hypotheses.org/16326

Sur la question de savoir qui sont ces "divins" dont parlent Heidegger, voici le commentaire avisé d'un prof de philo grenoblois qui accompagne le texte de Heidegger : "Les divins sont les messagers des dieux : ceux qui font signe, nous interpellent, sont capables de faire briller dans le présent ce qui demeure — et permet ainsi de constituer en retour une demeure pour les hommes, le savoir — quel que soit son ordre (les sages, les savants, les artistes, les prêtres, sont ainsi universellement reconnus et vénérés pour les vérités qu'ils laissent ou perpétuent)" (http://www.ac-grenoble.fr/lycee/vaucanson/philosophie/bhp.xml).

Ces "divins" n'ont donc rien à voir avec les dieux d'un panthéon ou celui de la métaphysique et de la théologie qui en est issue. Pour une approche plus pointue du "divin au coeur du quadriparti", cf. l'étude approfondie de Franck Darwiche (https://www.cairn.info/revue-philosophique-2009-3-page-309.htm).

Ce ne sont là que quelques matériaux devant nous permettre de mieux appréhender la pensée de Heidegger.

Dans un second temps, en guise d'ouverture, il serait intéressant de comparer cette philosophie de l’habiter avec celle, fort différente, voire opposée, développée par Levinas dans Totalité et infini (une vingtaine de pages sont consacrées à "La demeure", pp. 162-182, https://monoskop.org/images/5/56/Levinas_Emmanuel_Totalité_et_infini_essai_sur_l_extériorité_2000.pdf).

A cet effet, j'ai trouvé le blog d'un passionné d'urbanisme, Urbain Serre, dans lequel la pensée de Levinas me semble très bien résumée « Le rôle privilégié de la maison, écrit Levinas, ne consiste pas à être la fin de l’activité humaine, mais à en être la condition et, dans ce sens, le commencement. » Et, rompant tout autant avec l’idéologie fonctionnaliste, il précise : « La fonction originelle de la maison ne consiste pas à orienter l’être par l’architecture du bâtiment et à découvrir un lieu – mais […] à y ouvrir l’utopie où le je se recueille en demeurant chez soi ». La maison comme condition de l’activité humaine permet donc à l’homme de réaliser ses fins : « Parce que le moi existe en se recueillant, il se réfugie empiriquement dans la maison. » Si pour Heidegger, l’habiter en tant que mode d’être, est un enracinement, pour Levinas « la maison choisie est tout le contraire d’une racine. Elle indique un dégagement, une errance qui l’a rendu possible […]. » Ainsi, pour le premier, « être homme veut dire : être sur terre comme mortel, c’est-à-dire : habiter » et c’est en ce sens qu’il peut être dit qu’on habite le monde ; pour le second, au contraire, la demeure est arrachement au monde, condition du recueillement. L’habitation suppose la séparation d’avec le monde et en tant que telle elle est potentiellement ouverture au monde. « La séparation qui se concrétise à travers l’intimité de la demeure » doit être mise en rapport avec l’hospitalité, qui en manifeste la féminité, nous dit encore l’auteur de Totalité et infini. L’éthique de Levinas vient relayer l’ontologie de Heidegger : « La relation avec l’infini, demeure comme une autre possibilité de l’être recueilli dans sa demeure. La possibilité pour la maison de s’ouvrir à Autrui, est aussi essentielle à l’essence de la maison que les portes et les fenêtres closes.» https://citadinite.home.blog/2014/01/12/xvii-xvi-le-philosophe-et-la-ville-1-batir-habiter-penser-de-heidegger-1951/).

Bref, autant de pistes de réflexion pouvant nous permettre de mettre davantage d'ordre, si nécessaire, dans nos propres pensées relatives à l'habiter.

 

 

Merci pour ton intéressante contribution. Deux points cependant :

- Personnellement, ce qui m'a fasciné dans cet essai de Heidegger c'était la partie étymologique, le fait qu'il a lier la condition humaine au verbe "bauen" en allemand tout en se rappelant que d'après lui le langage est le seul capable de nous dévoiler la vérité de l'Être. C'est-à-dire que le langage exprimé à travers les différentes langues que l'humanité utilise pour communiquer et qui sont une source d'information inestimable pour qu'on puisse arriver à cette vérité de l'Être. Mais de manière très intéressante et cohérente cela affirme la pertinence de l'esprit moderne et ses valeurs humanistes.

- Ce que je pense par rapport au point de vue de Levinas, c'est qu'on voit bien qu'il y a une différence culturelle dans la vision qu'a Levinas de la "maison" avec Heidegger. Levinas insiste sur les valeurs familiales, sociales et humaines rendues possibles avec et dans l'habitat, alors que Heidegger pense les choses bâties comme des repères (mentales) pour l'homme, des repères qui rappellent à l'homme la vérité de son être.

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Invité sera-angel
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Invité sera-angel
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Il y a 21 heures, hell-spawn a dit :

J'espère qu'il ne se retourne pas dans sa tombe en ce moment;

T inquiète ..il a dit qu il était flatté que l on parle de lui. ;)

Il y a 21 heures, hell-spawn a dit :

mais c'est très confus chez toi

:D oui voilà.. ça doit être ça alors !

Autre possibilité également : que toi tu ne sois pas prêt à comprendre encore ?

mais non tu es un homme c est vrai... tu es bien supérieur à une femme .

donc retenons la première réponse.. :smile2:

 

 

 

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Invité hell-spawn
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Invité hell-spawn
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il y a 2 minutes, sera-angel a dit :

tu es bien supérieur à une femme .

Je ne vois pas de supériorité chez un sexe plus que chez l'autre, il y a seulement pour moi des domaines qui sont plus spécifiquement masculins ou féminins.

Nous sommes différents et donc complémentaires, il faut ça pour que la vie se perpétue au sein d'une espèce consciente.

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tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
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Il y a 6 heures, Groenland a dit :

Merci pour ton intéressante contribution. Deux points cependant :

- Personnellement, ce qui m'a fasciné dans cet essai de Heidegger c'était la partie étymologique, le fait qu'il a lier la condition humaine au verbe "bauen" en allemand tout en se rappelant que d'après lui le langage est le seul capable de nous dévoiler la vérité de l'Être. C'est-à-dire que le langage exprimé à travers les différentes langues que l'humanité utilise pour communiquer et qui sont une source d'information inestimable pour qu'on puisse arriver à cette vérité de l'Être. Mais de manière très intéressante et cohérente cela affirme la pertinence de l'esprit moderne et ses valeurs humanistes.

- Ce que je pense par rapport au point de vue de Levinas, c'est qu'on voit bien qu'il y a une différence culturelle dans la vision qu'a Levinas de la "maison" avec Heidegger. Levinas insiste sur les valeurs familiales, sociales et humaines rendues possibles avec et dans l'habitat, alors que Heidegger pense les choses bâties comme des repères (mentales) pour l'homme, des repères qui rappellent à l'homme la vérité de son être.

 

Je partage avec toi une certaine fascination pour cet essai de Heidegger fondé sur des données étymologiques (qui sont autant de faits linguistiques n'ayant jamais été réfutés jusqu'à ce jour par la communauté scientifique). La seule question que je me pose, c'est de savoir si l'association d'idées établie par les ancêtres des Germains entre "je suis" et "je bâtis" est propre seulement aux locuteurs allemands ou à d'autres peuples du monde. Cette question reste en suspens étant donné que l'étude scientifique des changements sémantiques récurrents et croisés dans les langues du monde est une science qui a pris un retard considérable par rapport à la phonétique historique, d'autant que trop de langues n'ont pas encore été étudiées (absence de dictionnaires, grammaires, etc.). Et si je me fais un devoir de quitter provisoirement la section Philosophie, c'est précisément parce que je souhaite, entre autres choses, consacrer tout mon temps à approfondir cette question des analogies sémantiques identifiables dans un maximum de langues du monde (Ce domaine consacré à l'étude sémantique étant particulièrement prisé par des linguistes russes).

L'autre raison qui suscite mon intérêt pour Heidegger, c'est sans doute ma propre expérience du mystère de la vie. Je sens bien que derrière tout ce que nous pouvons découvrir il y aura toujours quelque chose qui échappera à notre compréhension.

Modifié par tison2feu
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Il y a 16 heures, tison2feu a dit :

 

 

As-tu noté que dans ta formulation "Le propre de l'homme c'est "habiter"", tu ne peux faire l'économie du verbe ETRE (qui figure dans C'EST) ? Et tu utilises pas moins de 10 fois ce verbe être pour te faire comprendre ! Pour contourner la difficulté, je concède que tu aurais très bien pu écrire : "l'habiter caractérise l'homme".

Puisque je suis encore là :), je ferai une remarque. Je suis d'accord avec toi pour souligner l'aspect anthropomorphique des concepts utilisés dans n'importe quelle langue articulée. Mais si nous nous limitons à penser l'essence de l'Homme, n'est-ce pas intéressant de remonter à l'essence de sa langue, en l'occurrence à l'essence des concepts utilisés par l'Homme, c'est-à-dire à l'histoire des corrélations/analogies humaines faites par le passé et dont il reste parfois des traces précieuses dans toute langue, pour peu que l'on s'intéresse à l'étymologie ?

Nietzsche, en tant que philologue, s'était penché sur le problème de la formation des concepts ou encore des métaphores anthropomorphiques qui ont été usées et vidées de leur force SENSIBLE. Puisque, à l'origine de la création de tout concept, figure toujours une perception sensible du monde par l'Homme, un affect, une émotion, un sentiment.

Même s'il affirme que la nature ne connaît ni formes ni concepts, Nietzsche reconnaît néanmoins que ce serait une affirmation dogmatique que de dire que ces concepts ne proviennent pas de l'essence des choses ou encore de cet "X qui reste pour nous inaccessible et indéfinissable".

Heidegger a non seulement retenu la leçon de Nietzsche mais il a fait le pari singulier de tenter de penser l'être en soi, à tout le moins l'être de l'Homme (pour nous limiter à l'enjeu philosophique de ce topic), grâce à une approche étymologique approfondie qui, à mes yeux, est d'un très grand intérêt du point de vue de l'histoire des idées.

(Source : Vérité et mensonge au sens extra-moral, par Nietzsche). 

 

 

Tu as compris ce que je voulais dire que la différence entre les deux être dans  "l'Être d l'homme c'est habiter", c'est qu dans le premier cas le verbe est substantivé tandis que dans le deuxième il reste un auxiliaire.

J'en reviens à l'idée de Hegel, je crois qui dit que l'Être pur est néant. Je rajoute qu'il n'est qu'une possibilité d'être. et donc rien, en attente.

"Même s'il affirme que la nature ne connaît ni formes ni concepts, Nietzsche reconnaît néanmoins que ce serait une affirmation dogmatique que de dire que ces concepts ne proviennent pas de l'essence des choses ou encore de cet "X qui reste pour nous inaccessible et indéfinissable".

Là, je pense que parler d'une "essence des choses" des choses après avoir dit qu'il n'y a dans la nature ni forme ni concept est proprement insensé. On parlerait de l'existence, du surgissement, de la chose en-soi (envisageable) en tant que cet "X", je serais d'accord, mais d'une essence, non; A mon avis, je le ressens comme ça : une essence est toujours du domaine de la pensée. Il faut donc impérativement placer notre esprit en amont. C'est nous qui fabriquons les essences.

Mais peut-être que ce n'est qu'une question de vocabulaire ? Mais ce serait quand même difficile de confondre la chose en-soi (qui par définition reste toujours obscure, "invisible") et l'essence ou l'Être dont il est toujours question de parler. Que l'on se propose de découvrir.

(Mettons à part la compréhension, la connaissance scientifique de la matière, des objets, du monde donc. Puisqu'aussi bien ce ne sont jamais que les phénomènes qui nous apparaissent dans tous les cas)

Pour l'étymologie, je suis d'accord. elle nous renseigne sur bien des choses et en particulier, quand on réfléchit sur l'évolution des sens, sur le fonctionnement de notre esprit. Comme l'accoutumance  qui atténue la force, l'effet de mode, et surtout toutes les figures de style. la métaphore, métonymie... les sens figurés, qui font glisser, se déplacer les sens.

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Invité Groenland
Invités, Posté(e)
Invité Groenland
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il y a 10 minutes, tison2feu a dit :

La seule question que je me pose, c'est de savoir si l'association d'idées établie par les ancêtres des Germains entre "je suis" et "je bâtis" est propre seulement aux locuteurs allemands ou à d'autres peuples du monde.

C'est une question intéressante mais sur le fond et sur le plan philosophique je dirais qu'importe que cela soit chez les uns ou chez les autres ! Car la vérité de l'Être ainsi dévoilée par le langage ne connaît pas de frontière ou de couleur de peau.

Mais il ne faut pas être dupe si l'étude des langues ont pris un retard considérable comme tu l'as souligné c'est parce que malgré les apparences pour "beaucoup" cette vérité de l'Être a encore et toujours une odeur et une couleur.........et oui, l'humanité dans toute sa splendeur ! 

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Membre, 48ans Posté(e)
Fraction Membre 6 726 messages
Maitre des forums‚ 48ans‚
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Le 28/03/2020 à 02:07, Groenland a dit :

Dans son court essai « Bâtir Habiter Penser » Heidegger écrit :

« Être homme veut dire : être sur terre comme mortel, c'est-à-dire : habiter. »

En faisant une analyse du mot « bauen » en allemand, il explique les différents sens de ce mot en suivant son évolution dans la langue allemande. « bauen » a en effet trois sens différents :  

  • Habiter
  • Bâtir
  • Cultiver (soigner)

C’est l’idée de lier la condition humaine au verbe « bauen » (habiter/bâtir/cultiver). En effet pour Heidegger l’homme devient ce qu’il est en habitant dans ce qu’il a construit tout en y prenant soin. L’idée que l’Être se bâtit pour être habiter et pour être cultiver (soigner) par l’homme. Ici on retrouve l’idée que « l’homme est le berger de l’Être ».

Tout ceci est bien loin d’une vision « humaniste » de ce qu’est l’homme. Dès lors, le seul fait d’habiter/bâtir/cultiver l’Être est-il suffisant pour définir ce qu’est l’homme ? Dans quel sens le fait d’habiter définit-il ce qu’est l’homme ?

 

http://palimpsestes.fr/textes_philo/heidegger/habiter.html

Bonjour,

Ce discours mérite examen, bien que je le trouve excessivement objectif.

En effet, vous êtes un "qui" avant d'être un "quoi", par la systématique subjective de votre moi, et même de votre perception.

Par voie de conséquence, l'environnement humain est un "pour qui" endogène avant d'être un "quoi" exogène, simplement parce que l'environnement humain est perçu, sinon biaisé, par le strict scénario conscient.

Ainsi, ce qu'il y a autour de nous n'est pas un "étant" mais un "bien perçu" accessoirement objectivable.

Parce que notre spectre est référentiel et infidèle à la réalité (les couleurs n'existent pas en soi), toute objectivité est enracinée dans un focus subjectif.

 

"Habiter en France" ne signifie pas "habiter dans une chose", cela signifie "être l'invité d'un hôte personnel", quand bien même cette personnalité serait dissociée et accidentellement contradictoire.

Chaque média a son âme, chaque film, chaque chanson, chaque jeu vidéo est une cosmologie cohérente, et d'une manière générale, chaque champ conscientisé est défini par une cohésion plus ou moins exclusive et plus ou moins auto-justificatrice.

Même lorsque l'environnement humain est fait de pierres et d'acier, il a une âme positive, comme l'architecture haussmannienne ou le panorama alpin. 

Haussmann conditionne les parisiens tout comme le Covid19 conditionne nos esprits péjorativement.

Si bien que le rapport entre l'homme et sa condition est systématiquement (mais non strictement) moralisable et/ou esthétique, et que notre approche doit être globale et pluridimensionnelle.

 

Cordialement, Fraction.

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tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 16 minutes, Blaquière a dit :

Tu as compris ce que je voulais dire que la différence entre les deux être dans  "l'Être d l'homme c'est habiter", c'est qu dans le premier cas le verbe est substantivé tandis que dans le deuxième il reste un auxiliaire.

"Même s'il affirme que la nature ne connaît ni formes ni concepts, Nietzsche reconnaît néanmoins que ce serait une affirmation dogmatique que de dire que ces concepts ne proviennent pas de l'essence des choses ou encore de cet "X qui reste pour nous inaccessible et indéfinissable".

Là, je pense que parler d'une "essence des choses" des choses après avoir dit qu'il n'y a dans la nature ni forme ni concept est proprement insensé. On parlerait de l'existence, du surgissement, de la chose en-soi (envisageable) en tant que cet "X", je serais d'accord, mais d'une essence, non; A mon avis, je le ressens comme ça : une essence est pensée. Il faut donc impérativement placer notre esprit en amont. C'est nous qui fabriquons les essences.

Mais peut-être que ce n'est qu'une question de vocabulaire ? Ce serait quand même difficile de confondre la chose en-soi (qui par définition reste toujours obscure) et l'essence ou l'Être dont il est toujours question de parler.

Pour l'étymologie, je suis d'accord. elle nous renseigne sur bien des choses et en particulier, quand on réfléchit sur l'évolution des sens, sur le fonctionnement de notre esprit. Comme l'accoutumance  qui atténue la force, l'effet de mode, et surtout toutes les figures de style. la métaphore, métonymie... ls sens figurés, qui font glisser, s déplacer les sens.

 

Oui, davantage de nuance dans le choix du vocabulaire s'imposerait. Je te recopie les deux extraits où Nietzsche fait allusion à cet "X" :

"Nous croyons avoir quelque accès aux choses elles-mêmes lorsque nous parlons d'arbres, de couleurs, de neige et de fleurs, et cependant nous ne possédons rien que des métaphores des choses, qui ne correspondent aucunement aux entités originelles. Comme le son en tant que figure de sable, l'énigmatique X de la chose en soi prend successivement l'aspect d'une excitation nerveuse, puis d'une image, enfin d'un son articulé. En tout cas ce n'est pas logiquement que se produit la naissance du langage, et tout le matériel dans et avec lequel, plus tard, travaille et bâtit l'homme de la vérité, le chercheur, le philosophe, provient, sinon de Coucouville-les-Nuées, du moins pas, à coup sûr, de l'essence des choses.

(...)

"L'omission de l'élément idividuel et réel nous fournit le concept, comme elle nous donne aussi la forme, tandis que la nature au contraire ne connaît ni forme ni concepts, et donc pas non plus de genres, mais seulement un X qui reste pour nous inaccessible et inconnaissable. Car notre opposition entre individu et genre est elle aussi anthropomorphique et ne provient pas de l'essence des choses, même si nous ne nous risquons pas non plus à dire qu'elle ne lui correspond pas : ce serait en effet une affirmation dogmatique et, comme telle, tout aussi indémontrable que son contraire."

(Nietzsche, Vérité et mensonge au sens extra-moral)

 

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Invité Groenland
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il y a 15 minutes, Fraction a dit :

Bonjour,

Ce discours mérite examen, bien que je le trouve excessivement objectif.

En effet, vous êtes un "qui" avant d'être un "quoi", par la systématique subjective de votre moi, et même de votre perception.

Par voie de conséquence, l'environnement humain est un "pour qui" endogène avant d'être un "quoi" exogène, simplement parce que l'environnement humain est perçu, sinon biaisé, par le strict scénario conscient.

Ainsi, ce qu'il y a autour de nous n'est pas un "étant" mais un "bien perçu" accessoirement objectivable.

Parce que notre spectre est référentiel et infidèle à la réalité (les couleurs n'existent pas en soi), toute objectivité est enracinée dans un focus subjectif.

 

"Habiter en France" ne signifie pas "habiter dans une chose", cela signifie "être l'invité d'un hôte personnel", quand bien même cette personnalité serait dissociée et accidentellement contradictoire.

Chaque média a son âme, chaque film, chaque chanson, chaque jeu vidéo est une cosmologie cohérente, et d'une manière générale, chaque champ conscientisé est défini par une cohésion plus ou moins exclusive et plus ou moins auto-justificatrice.

Même lorsque l'environnement humain est fait de pierres et d'acier, il a une âme positive, comme l'architecture haussmannienne ou le panorama alpin. 

Haussmann conditionne les parisiens tout comme le Covid19 conditionne nos esprits péjorativement.

Si bien que le rapport entre l'homme et sa condition est systématiquement (mais non strictement) moralisable et/ou esthétique, et que notre approche doit être globale et pluridimensionnelle.

 

Cordialement, Fraction.

Ce que vous exprimez là est un point de vue cohérent et respectable mais je dirais très personnel.

Connaissez-vous Martin Heidegger et sa quête philosophique concernant la question de l'Être ?

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
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il y a 52 minutes, Groenland a dit :

C'est une question intéressante mais sur le fond et sur le plan philosophique je dirais qu'importe que cela soit chez les uns ou chez les autres ! Car la vérité de l'Être ainsi dévoilée par le langage ne connaît pas de frontière ou de couleur de peau.

Mais il ne faut pas être dupe si l'étude des langues ont pris un retard considérable comme tu l'as souligné c'est parce que malgré les apparences pour "beaucoup" cette vérité de l'Être a encore et toujours une odeur et une couleur.........et oui, l'humanité dans toute sa splendeur ! 

Cela n'a sans doute guère d'importance sur le plan philosophique, mais pas sur le plan scientifique ! Car en linguistique, se pose la question des universaux du langage. Plus un événement se répète, plus il devient prédictible. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'éprouve le besoin de me ressourcer de temps en temps en renouant avec le rigorisme méthodologique de la recherche scientifique, histoire de ne pas perdre pied complètement d'avec le raisonnement logique ! Mais ma démarche ne doit pas être interprétée comme un quelconque discrédit à l'égard du raisonnement intuitif du philosophe que je conçois comme un complément indispensable au raisonnement logique.

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Membre, 48ans Posté(e)
Fraction Membre 6 726 messages
Maitre des forums‚ 48ans‚
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il y a 35 minutes, Groenland a dit :

Ce que vous exprimez là est un point de vue cohérent et respectable mais je dirais très personnel.

Connaissez-vous Martin Heidegger et sa quête philosophique concernant la question de l'Être ?

Bonjour,

Non je ne connais pas cette référence philosophique.

Mon intention consistait seulement à définir la condition humaine sous une approche systématiquement subjective et accessoirement objective.

Ce que vous qualifiez de "personnel" relève davantage d'un relativisme de l'impact subjectif que de son universalité collective :

Peut-être que l'architecture haussmannienne n'a pas le même impact chez vous que chez moi, puisque nos deux systèmes de références sont différents.

Mais il n'en demeure pas moins que Haussmann a un impact universel, sur tout le monde, et c'est cela que je voulais mettre en avant.

Cordialement, Fraction

Modifié par Fraction
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Invité Groenland
Invités, Posté(e)
Invité Groenland
Invité Groenland Invités 0 message
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il y a 24 minutes, tison2feu a dit :

Cela n'a sans doute guère d'importance sur le plan philosophique, mais pas sur le plan scientifique ! Car en linguistique, se pose la question des universaux du langage. Plus un événement se répète, plus il devient prédictible. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'éprouve le besoin de me ressourcer de temps en temps en renouant avec le rigorisme méthodologique de la recherche scientifique, histoire de ne pas perdre pied complètement d'avec le raisonnement logique ! Mais ma démarche ne doit pas être interprétée comme un quelconque discrédit à l'égard du raisonnement intuitif du philosophe que je conçois comme un complément indispensable au raisonnement logique.

Oui effectivement l'aspect scientifique est essentiel car c'est la science qui peut nous garantir l'exactitude des découvertes qui sont ou seront faites.

Mais en bon apprenti philosophe que je suis j'irai beaucoup plus loin, car le "langage" ne se limite pas à la linguistique, il y a tout ce qui est la communication non verbale (corporel), les arts dont la musique et la poésie qui sont tous autant de langages qui nous permettront d'avancer dans notre quête de l'Être et plus spécifiquement de l'Être de l'homme. Le rêve final est de construire une nouvelle humanité à partir du meilleur de tout ce qu'on aura ainsi découvert sur la vérité de l'Être (si toute fois comme je l'ai déjà dis les politiques nous le permettent...).

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
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Il y a 11 heures, Groenland a dit :

Toujours et encore une fois l'important c'est l'homme, le Dasein, qui comme je l'entends dans cette phrase est le seul être à pouvoir "habiter" c'est-à-dire à se définir des limites spatio-temporel contrairement aux divins "illimités" tel qu'ils sont dans l'imaginaire collectif.

Tu ne faisais que paraphraser Heidegger qui, lui, philosophe en construisant ses idées par rapport aux croyances collectives insensées, si j'ai bien compris ? 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, Groenland a dit :

 (...) tout ce qu'on aura ainsi découvert sur la vérité de l'Être (...)

Je reste perplexe...

Si comme le dit Parménide ("l'inventeur" de l'Être) cet Être est sphérique, on risque d'y tourner longtemps en rond...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

S'extasier devant le fait que l'homme habite le monde, qu'il y est pris dans un espace et un temps limités me fait penser à Monsieur Jourdain qui s'extasie quand il apprend qu'il parle en prose !...

Est-ce un hasard si c'est justement le Maître en Philosophie qui le lui apprend ?

 

Molière :


 

Citation

 

MONSIEUR JOURDAIN.- Et comme l’on parle, qu’est-ce que c’est donc que cela ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- De la prose.

MONSIEUR JOURDAIN.- Quoi, quand je dis : "Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit ", c’est de la prose ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Oui, Monsieur. (Variante : Votre Dasein habite l'appartement !)

MONSIEUR JOURDAIN.- Par ma foi, il y a plus de quarante ans que je dis de la prose, sans que j’en susse rien ; et je vous suis le plus obligé du monde, de m’avoir appris cela. Je voudrais donc lui mettre dans un billet : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour ; mais je voudrais que cela fût mis d’une manière galante ; que cela fût tourné gentiment.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Mettre que les feux de ses yeux réduisent votre cœur en cendres ; que vous souffrez nuit et jour pour elle les violences d’un...

MONSIEUR JOURDAIN.- Non, non, non, je ne veux point tout cela ; je ne veux que ce que je vous ai dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Il faut bien étendre un peu la chose.

MONSIEUR JOURDAIN.- Non, vous dis-je, je ne veux que ces seules paroles-là dans le billet ; mais tournées à la mode, bien arrangées comme il faut. Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour.

MONSIEUR JOURDAIN.- Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour.

MONSIEUR JOURDAIN.- Cependant je n’ai point étudié, et j’ai fait cela tout du premier coup. Je vous remercie de tout mon cœur, et vous prie de venir demain de bonne heure.

MAÎTRE DE PHILOSOPHIE.- Je n’y manquerai pas.

 

:)

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)
il y a 56 minutes, Blaquière a dit :

Je reste perplexe...

Si comme le dit Parménide ("l'inventeur" de l'Être) cet Être est sphérique, on risque d'y tourner longtemps en rond...

En plus Heidegger explique bien qu'il est impossible d’accéder au néant (et donc à l’Être) par la pensée, par l'entendement (il dit même que la philosophie n'est pas science). Impossible d'y accéder donc par la science. Or je vois écrit ici que c'est la science qui décidera de l’Être. Je ne sais pas si nous trournerons en rond (mais comment faire autrement ?) mais nous risquons, en suivant la voie de la pensée conceptuelle et donc de la science, de nous égarer à jamais dans notre recherche de l’Être (si toutefois nous le cherchons).

Je pense que Heidegger était probablement assez casanier. Il était tout content d'avoir retrouvé un logement (après guerre). En plus il eut le droit d'y habiter malgré ses turpitudes. Ca l'a rendu disert sur la question du logement.

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)
Le 30/03/2020 à 11:57, Groenland a dit :

Non, je ne crois en aucune divinité. 

Et ces êtres n'ont justement pas d'environnement à eux. Je dis qu'ils font partie d'un tout (divins, mortels, terre, ciel) qui forme un ensemble cohérent du point de vue de l'homme. C'est sur cette dernière expression qu'il faut réfléchir : "du point de vue de l'homme".

Puisque tu n'as pas encore répondu à mon message, j'en profite pour te demander la raison de cette précision, du point de vue de l'homme. 

S'il n'est pas question des dieux ou des divins, quel autre choix reste-t-il sinon celui des hommes ? 

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Invité Groenland
Invités, Posté(e)
Invité Groenland
Invité Groenland Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 8 heures, Maroudiji a dit :

Tu ne faisais que paraphraser Heidegger qui, lui, philosophe en construisant ses idées par rapport aux croyances collectives insensées, si j'ai bien compris ? 

C'est de la mauvaise foi là...

Il y a 2 heures, Maroudiji a dit :

Puisque tu n'as pas encore répondu à mon message, j'en profite pour te demander la raison de cette précision, du point de vue de l'homme. 

S'il n'est pas question des dieux ou des divins, quel autre choix reste-t-il sinon celui des hommes ? 

On continue à s'amuser... c'est bien.

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Invité Groenland
Invités, Posté(e)
Invité Groenland
Invité Groenland Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Je reste perplexe...

Si comme le dit Parménide ("l'inventeur" de l'Être) cet Être est sphérique, on risque d'y tourner longtemps en rond...

Tu ne crois pas si bien dire cher Blaquière ! Car qui dit sphérique dit aussi infinie ... la vérité de l'Être est profonde, d'une profondeur infinie, il y a de quoi à réinventer tout l'univers avec...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 26 minutes, Groenland a dit :

Tu ne crois pas si bien dire cher Blaquière ! Car qui dit sphérique dit aussi infinie ... la vérité de l'Être est profonde, d'une profondeur infinie, il y a de quoi à réinventer tout l'univers avec...

Mais quand je dis bien, je le sais que je dis bien !

(En ce moment, je sais pas pourquoi, j'exagère tout le temps ! :))

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