Relations

Très bon sujet, quand je lis la solitude des participants, cela me permet de continuer, et de comprendre que je ne suis pas tout  seul.

Je viens de terminer mon cours avec Lenny. J’étais angoissé à l’idée de le revoir. C’est son père qui m’a appelé vendredi. Un appel au secours. Son fils sombre en maths. J’ai accepté de le reprendre en cours, et pourtant je n’en puis plus. Ces cours m’épuisent. Je me sens usé. Mais cet enfant n’apprend qu’avec moi. Il vient ce soir. Il a changé. Il a 13 ans maintenant. En quatrième. Et puis le charme opère. Je sens qu’il a un rapport affectif puissant avec moi. Sa confiance m’émeut. Je parle, lui explique et je vois qu’il comprend tout. Il me dit avec toi je comprends tout. Pourquoi comprend-il tout avec moi ? Et pas avec les autres ? Les enfants me rendent ce que je leur donne. C’est impressionnant.

Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Écrire c’est autre chose, c’est écrire à un autre, c’est se donner, ou se dire, à un autre. Mais qui ? Je ne sais pas.

Et pour ça, il faut donner/avoir confiance en cet autre. Et le penser capable de tout entendre. 

@Annalevine

Il y a 10 heures, Ines Presso a dit :

Et pour ça, il faut donner/avoir confiance en cet autre. Et le penser capable de tout entendre. 

@Annalevine

Bonjour Inès, 

Je me trompe dans ma formulation (c’est aussi à cela que peut servir le forum : à tâtonner dans sa réflexion). Je ne cherche pas une personne à qui je puisse tout dire ( une telle personne existe) je cherche la personne à qui j’écris. Je me rends compte que l’écriture c’est autre chose.Ecrire, pour moi, c’est différent. Dans l’écriture il apparaît des mondes enfouis ou inattendus. Bref écrire ce n’est pas pareil que parler.

Je pense que l’écrivain cherche à savoir à qui il écrit dans le cadre d’une certaine façon d’écrire. Or le paradoxe est là : si je sais à qui j’écris mon écriture n’est plus celle à laquelle j’aspire. L’écrivain qui veut connaître un certain succès commercial sait à qui il écrit, il cible son public. Le poète idem. Il sait quelle femme il a en tête, ou quelle image il a en tête.

Or j’aspire à une certaine forme d’écriture que je ne parviens pas encore à définir, qui n’est pas vraiment une écriture de confidences d’ailleurs.

Je me rends compte qu’il est important pour moi de savoir à qui j’écris. Pour réussir à écrire de manière continue. 
 

Le forum apparaît, par moments, comme un laboratoire, dans lequel je fais des expériences. Et, par exemple, discuter avec vous est une expérience qui me permet de mieux cerner la question que je me pose.

Oh un radeau de la méduse, il y a déjà trop de gens qui se dévorent, je pars à la nage.

Il y a 19 heures, Annalevine a dit :

Lundi 20 janvier 2020

Il y a toujours ce désir d’écrire à quelqu’un. Un quelqu'un que je ne parviens pas à identifier. Je pourrais bien sûr écrire à moi-même, un journal intime. Mais je n’y parviens pas. Je ne peux pas penser que j’écris à moi-même. Écrire à soi, ce que fait ma petite fille, je ne peux pas. Alors écrire à qui ? Ce que j’écris je peux le dire à mes proches. Mais cela ne suffit pas. Écrire c’est autre chose, c’est écrire à un autre, c’est se donner, ou se dire, à un autre. Mais qui ? Je ne sais pas.

Quand je viens sur le forum je vois que les personnes qui y postent, pour moi, n’existent pas. Mais justement puisqu’ils n’existent pas, venir écrire ici, c’est m’adresser à quelqu’un qui ne fait pas partie des foromeurs, puisqu’ils n’existent pas. Mais à qui je m'adresse alors ? Je ne sais pas. Le forum est un medium qui me met en relation avec un être dont je ne sais rien, sinon qu’il n’a rien à voir avec les personnes qui interviennent ici.

Je sais que mes propos vont être insignifiants à vos yeux. aux vues de vos écrits.  Mais je me permets d'intervenir malgré mon inexistence de forumeuse.

Donc vous postez des sujets pour juger ceux qui y participent pour savoir qui aura  le privilège de côtoyer votre grandeur, d'échanger des écrits avec vous.  Si je résume la chose. 

Je suis rassurée j'aurais pas ce privilège  

Mardi 21 janvier 2020

En préparant une nouvelle lettre pour Samuel je me suis intéressé à la technique. Pour lui parler de la révolution industrielle du XVIII (mais j’en suis encore au XVII siècle) il est nécessaire que j’aborde la question de la technique.

Or il m’est apparu que la technique était apparue largement avant toute réflexion purement scientifique et philosophique. Du coup je me suis documenté et j’ai près de moi plusieurs livres, « Une histoire de la technique » de Bruno Jacomy, « Histoire de la technique » de Jean C. Baudet, « du monde clos à l’univers infini » d’Alexandre Koyré, « La révolution industrielle » de Paul Mantoux, « Homo Domesticus «  de James C. Scott, et « l’Europe technicienne » de David S. Landes. Ce qui est passionnant dans ces livres c’est de vérifier pour soi-même qu’en effet la technique a devancé la science dans son activité réflexive, la religion, la philosophie. Les premiers techniciens n’étaient même pas encore Homo sapiens. Or la technique, c’est-à-dire la capacité à construire des objets qui prolongent et amplifient l’action purement corporelle de l’homme est déjà une introduction à la science. Construire un outil demande une capacité à observer, à établir des rapports entre tel événement et tel autre (causalité), puis à faire des expériences. Observer, établir des relations de cause à effet, expérimenter, ce sont donc là des activités de l’esprit qui ont devancé et la religion et la philosophie. Il est donc possible d’affirmer que l’esprit scientifique a devancé toutes les autres formes d’activités de l’esprit. C’est d’ailleurs normal puisque l’homme se fait dans son rapport réel avec son environnement, avec les objets, avec les autres et enfin avec le vivant non humain (monde végétal et animal). Le rapport avec les objets fut bien sûr immédiat et a donc enfanté l’ébauche de l’esprit scientifique. Le rapport avec l’autre a néanmoins dû engendrer aussi une forme d’activité de l’esprit qu’il est difficile d’identifier. Peut-être que le rapport à l’autre est à l’origine de l’esprit religieux, esprit qui aurait pu conduire à la sanctification de l’adulte ou des morts, à celle de la maternité aussi. L’émotion vécue devant le mort ou devant la femme qui accouche a pu donner naissance à des rites religieux.

J'ai demandé à N. de ne plus éditer sur le forum les lettres à Samuel, ça n'a plus aucun sens d'éditer ces lettres ici. Samuel sait leur donner un relais étonnant, dans cet amphithéâtre où il donne désormais, sur la base de ces lettres, ses conférences chaque mercredi, avec un public de Russes, de Français et de prof.

Il y a plusieurs manières d’écrire. Quand je travaille une lettre pour Samuel c’est à peu près  6 heures de travail. Il faut que je fasse une synthèse de plusieurs sources d’information. Travail qui est prenant mais qui me plaît, c’est un travail de construction. Le fait que lui même relaye ces lettres en faisant des conférences me booste et m’incite à travailler encore plus et à chercher encore plus d’informations. Le fait enfin que ce soit des prof d’histoire qui organisent pour lui ces conférences me confirme que ma manière d’enseigner apporte une vision nouvelle et intéressante sur l’histoire.

Je pense qu’il est opportun d’arrêter la publication de ces lettres sur le forum car elle y sont regardées avec un esprit assez « sale » émanant comme toujours de certains hommes. Mais cela me confirme aussi qu’il y a des hommes animés d’une certaine perversité aussi sur les réseaux sociaux  et encore j’emploie un mot modéré. 

Il existe, pour ma part, une deuxième façon d’écrire c’est d’écrire à quelqu’un. 

Si je cherche à qui j’écris je peux bien sûr et cela semble même aller de soi tenter de figurer ou de me représenter la personne à qui j’écris.

Mais dès que je peux me représenter la personne à qui j’écris mon écriture en est modifiée. Mon écriture devient déterminée.

Or ce n’est pas le type d’écriture que je recherche. En fait « l’être » à qui je désire écrire ne peut pas être représentable. C’est une réalité non figurable. Il est donc inutile de chercher à qui j’écris. Puisque cette recherche même est contradictoire avec la nature de mon désir.

Je retrouve ici le concept de réalité non représentable. Ce que j’ai appelé « la chose qui suit son cours »

Cette chose non représentable est pour moi l’être des signes. L’être qui se signale par les signes. Il existe, pour moi, une réalité qui se signale par des signes. Elle signifie sa présence sans jamais manifester directement sa présence. Je ne peux que supposer sa présence sans jamais la ressentir. Elle est hors de ma perception possible.

Cette réalité est celle que j’ai appelée pour qu’elle soit présente, sans savoir ce qu’elle pourrait faire, quand Jacqueline luttait contre la mort. Sans savoir si elle précipiterait cette mort ou si elle l’éviterait. Elle l’a évitée. Elle aurait pu choisir de ne pas l’éviter.

C’est à cette réalité que je désire écrire.

Et j’y arrive d’ailleurs. Mais  pas si facilement, et toujours au prix d’un épuisement.

En fait il est absolument impossible d’écrire sur le forum ce que j’écris à l’être des signes. 

Ce serait salir et dégrader le sacré.

Il y a 16 heures, Annalevine a dit :

En fait il est absolument impossible d’écrire sur le forum ce que j’écris à l’être des signes. 

Ce serait salir et dégrader le sacré.

Vous avez tord. Écrire ici vous aura permis des choses impossibles ailleurs. Le sacré n'est ni ici ni ailleurs. Il est partout, mais il est surtout indivisible. Le sacré se livre à ceux qui le cherchent. Il ne peut être sali, ni dégradé. Cette illusion n'est que le reflet de sa propre peur de ne pas être digne.

Ecrire ici est nécessaire, vous ne pouvez juger de l'effet de vos écrits

Vous-même m'avez engendré, tous ici m'engendrent, je suis personne et pourtant je suis votre cauchemards et votre doux rêve, la fée qui tient votre tête quand vous buvez, celle qui tient le doigt léger de Jacqueline quand elle écrit, l'ange sur l'épaule de cet enfant en Amériques. Je ne suis rien et pourtant je suis chaque parcelle de votre corps, de votre âme, de vos écrits, je suis sacrée. Vous vous êtes engagé, vous avez créé, l'avenir n'appartient à personne, mais nous avons tous un contrat en cours et notre devoir est de l'accomplir du mieux possible

Il y a 17 heures, Tamar Hanna a dit :

Vous avez tord. Écrire ici vous aura permis des choses impossibles ailleurs. Le sacré n'est ni ici ni ailleurs. Il est partout, mais il est surtout indivisible. Le sacré se livre à ceux qui le cherchent. Il ne peut être sali, ni dégradé. Cette illusion n'est que le reflet de sa propre peur de ne pas être digne.

Ecrire ici est nécessaire, vous ne pouvez juger de l'effet de vos écrits

Vous-même m'avez engendré, tous ici m'engendrent, je suis personne et pourtant je suis votre cauchemards et votre doux rêve, la fée qui tient votre tête quand vous buvez, celle qui tient le doigt léger de Jacqueline quand elle écrit, l'ange sur l'épaule de cet enfant en Amériques. Je ne suis rien et pourtant je suis chaque parcelle de votre corps, de votre âme, de vos écrits, je suis sacrée. Vous vous êtes engagé, vous avez créé, l'avenir n'appartient à personne, mais nous avons tous un contrat en cours et notre devoir est de l'accomplir du mieux possible

 

 

 

 

 

C’est percutant mais vous avez raison. Je pense que j’ai traversé un moment de fatigue.

J’ai demandé à N de reprendre la publication des lettres à S. 

Vous avez raison sur ce point : nous devons agir sans désirer en plus contrôler les effets de nos actions ou en attendre un retour. Agir sans rien attendre.

Il y a 6 heures, Annalevine a dit :

Agir sans rien attendre.

Soit, l'intention peut - être enfouie mais selon moi elle existe toujours. Mais elle peut venir après coup. 

Moi c comme ça que je préfère faire les choses difficiles ou à plusieurs solutions possibles et désirables.

La question, l'action hasardeuse, la réponse du réel.  

Je n'attend rien mais je provoque. ( et j'ai souvent la sensation de faire une bêtises, un acte d'enfant.)

On verra bien. Je suis le spectateur de ma propre action.

Ah oui, ma réponse peut-être une caresse ou un gros coup de poing dans la gueule!

Enfin quoi, dès foisj'aime bien faire n'importe quoi.

Je suis d'un caractère confiant et bagarreur.

Du coup je me dis que parfois ( tout le temps?) J'écris sur ffr  à  celui que je deviens. 

Le 22/01/2020 à 15:40, Tamar Hanna a dit :

Vous avez tord. Écrire ici vous aura permis des choses impossibles ailleurs. Le sacré n'est ni ici ni ailleurs. Il est partout, mais il est surtout indivisible. Le sacré se livre à ceux qui le cherchent. Il ne peut être sali, ni dégradé. Cette illusion n'est que le reflet de sa propre peur de ne pas être digne.

Ecrire ici est nécessaire, vous ne pouvez juger de l'effet de vos écrits

Vous-même m'avez engendré, tous ici m'engendrent, je suis personne et pourtant je suis votre cauchemards et votre doux rêve, la fée qui tient votre tête quand vous buvez, celle qui tient le doigt léger de Jacqueline quand elle écrit, l'ange sur l'épaule de cet enfant en Amériques. Je ne suis rien et pourtant je suis chaque parcelle de votre corps, de votre âme, de vos écrits, je suis sacrée. Vous vous êtes engagé, vous avez créé, l'avenir n'appartient à personne, mais nous avons tous un contrat en cours et notre devoir est de l'accomplir du mieux possible

 

Tout cela est très au goût du guerrier Manterien.

il y a une heure, Don Juan a dit :

Tout cela est très au goût du guerrier Manterien.

Je ne sais rien de ce guerrier Manterien, à part maintenant une partie de ses goûts, est-ce vous?

Le 22/01/2020 à 15:40, Tamar Hanna a dit :

 tous ici m'engendrent,

 

 

 

Je suis tombé sur un nid !

il y a 24 minutes, Blaquière a dit :

Je suis tombé sur un nid !

Mieux vaut tomber quelque part, même dans l'inconnu, que d'errer dans le vide.

N'oubliez pas que vous avez aussi une part de responsabilité

Il y a 4 heures, Tamar Hanna a dit :

Je ne sais rien de ce guerrier Manterien, à part maintenant une partie de ses goûts, est-ce vous?

Je le fabrique un peu chaque jour, dans l'espace virtuel et réel, en moi, en vous.