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Sur la liberté


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Invités, Posté(e)
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Invité Invités 0 message
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De simples réflexions. Si c'est lourd, c'est faute de pouvoir faire autrement.

Toute aide est bienvenue.

 

"Liberté n'est pas licence" : l'absence de règle n'implique pas la liberté. C'est évident en matière d'éducation et c'est une vérité plus générale. Pour apprendre à exercer à sa liberté (donc aussi sa volonté), l'enfant a besoin de règles, de limites, de repères, etc.

La liberté n'est jamais conquise. Aucun régime, aucune institution, aucun système ne peuvent assurer la liberté. Si liberté n'est pas licence (il ne peut y avoir de liberté sans contraintes face auxquelles elle s'exerce), d'autre part aucune règle ne peut la produire mécaniquement, aucune déclaration, formule ou institution ne peut, par le seul fait d'exister, "contenir" quelque liberté que ce soit pour qui que ce soit : zéro, niet, pas même un peu. Le problème est entièrement renouvelé pour chaque génération, parce que l'enfant non seulement repart de rien par rapport à ses pères, mais il est appelé à exercer sa liberté face à de réalités et des contraintes nouvelles, notamment en fonction des conquêtes de ses pères. 

Ceci apparaît très clairement au travers de l'histoire européenne, qui peut être présentée comme un combat sans cesse renouvelé pour la liberté mais à condition de préciser que ces combats, lorsqu'ils ont été victorieux, se sont invariablement retournés contre la liberté. La liberté politique acquise au 18ème siècle, consolidée, institutionnalisée, théorisée, s'est retournée dans la domination de la bourgeoisie et du capital, contre lesquels les générations suivantes se sont soulevées à leur tour. Leur combat a pris deux directions principales, le socialisme et le fascisme, et tous deux, lorsqu'ils ont vaincu, ont conduit à une étatisation qui est devenue, pour les générations suivantes, l'objet de la révolte et du combat. 

Rien n'assure que nous ne progressions. Si on tient à ce genre de comptabilité, les régimes totalitaires du 20eme siècle étaient davantage négateurs et destructeurs que ne pouvaient l'être la féodalité et la chrétienté au moyen-âge (dans leur volonté de réduire, d'assimilation totale de la personne). De la même façon, les conquêtes de nos grands parents et de nos parents, en particulier dans le domaine technique, puisque c'est là que nous avons progressé le plus significativement, n'assurent aucun gain, aucune supériorité par eux-mêmes ; ces moyens peuvent nous assujettir, ou nos enfants, plus rigoureusement que les contraintes qu'ils visaient à lever.

Si la liberté est toujours un combat singulier, avec l'ambiguïté qui la caractérise (son retournement possible), ceci permet d'assigner à l'intellectuel (à la fonction intellectuelle en général) la tâche de discerner et d'éclaircir les problèmes spécifiquement contemporains qui se posent. Et ceci signifie aussi que la fonction intellectuelle est plus assurément remplie lorsqu'elle attaque là où ça fait mal..., c'est-à-dire à ce qui paraît le plus assuré, ce qui passe pour les plus grandes réussites, et qui produit la plus vive résistance lorsqu'on s'y attaque. Autrement dit, il faut se méfier de l'idéologie et des combats d'arrière-garde, qui voilent les enjeux contemporains et participent à assoir les nouvelles déterminations. Par exemple : notre tendance à être offusqué de toute limite imposée à une liberté d'expression parfaitement formelle et qui, dans les faits, participe à nous rendre tous un peu plus crétins chaque jour.

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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 896 messages
78ans‚ Talon 1,
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La liberté, c'est avoir tout pouvoir sur soi.

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Il y a 12 heures, ArLeKiN a dit :

"Liberté n'est pas licence" : l'absence de règle n'implique pas la liberté. C'est évident en matière d'éducation et c'est une vérité plus générale. Pour apprendre à exercer à sa liberté (donc aussi sa volonté), l'enfant a besoin de règles, de limites, de repères, etc.

Derrière la simple idée d'exercer sa liberté, il me semble qu'il y a déjà la notion de contrainte. Étymologiquement, "exercer" dérive du latin arceo, soit "contenir", auquel se rajoute le préfixe ex, qui marque la "sortie de", le dépassement de ce qui contient.

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Membre, Doctor feel good, 58ans Posté(e)
brooder Membre 5 285 messages
58ans‚ Doctor feel good,
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Il y a 20 heures, Invité a dit :

Par exemple : notre tendance à être offusqué de toute limite imposée à une liberté d'expression parfaitement formelle et qui, dans les faits, participe à nous rendre tous un peu plus crétins chaque jour.

Avec les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), le relèvement de l'enseignement pour tous peut participer à une prise de conscience générale des enjeux de nos démocraties.

Les nouvelles générations ont les outils et le savoir pour intégrer et développer toutes les valeurs nécessaires à la vie dans nos sociétés modernes.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Le 27/06/2019 à 10:55, Invité a dit :

De simples réflexions. Si c'est lourd, c'est faute de pouvoir faire autrement.

Toute aide est bienvenue.

 

"Liberté n'est pas licence" : l'absence de règle n'implique pas la liberté. C'est évident en matière d'éducation et c'est une vérité plus générale. Pour apprendre à exercer à sa liberté (donc aussi sa volonté), l'enfant a besoin de règles, de limites, de repères, etc.

La liberté n'est jamais conquise. Aucun régime, aucune institution, aucun système ne peuvent assurer la liberté. Si liberté n'est pas licence (il ne peut y avoir de liberté sans contraintes face auxquelles elle s'exerce), d'autre part aucune règle ne peut la produire mécaniquement, aucune déclaration, formule ou institution ne peut, par le seul fait d'exister, "contenir" quelque liberté que ce soit pour qui que ce soit : zéro, niet, pas même un peu. Le problème est entièrement renouvelé pour chaque génération, parce que l'enfant non seulement repart de rien par rapport à ses pères, mais il est appelé à exercer sa liberté face à de réalités et des contraintes nouvelles, notamment en fonction des conquêtes de ses pères. 

Ceci apparaît très clairement au travers de l'histoire européenne, qui peut être présentée comme un combat sans cesse renouvelé pour la liberté mais à condition de préciser que ces combats, lorsqu'ils ont été victorieux, se sont invariablement retournés contre la liberté. La liberté politique acquise au 18ème siècle, consolidée, institutionnalisée, théorisée, s'est retournée dans la domination de la bourgeoisie et du capital, contre lesquels les générations suivantes se sont soulevées à leur tour. Leur combat a pris deux directions principales, le socialisme et le fascisme, et tous deux, lorsqu'ils ont vaincu, ont conduit à une étatisation qui est devenue, pour les générations suivantes, l'objet de la révolte et du combat. 

Rien n'assure que nous ne progressions. Si on tient à ce genre de comptabilité, les régimes totalitaires du 20eme siècle étaient davantage négateurs et destructeurs que ne pouvaient l'être la féodalité et la chrétienté au moyen-âge (dans leur volonté de réduire, d'assimilation totale de la personne). De la même façon, les conquêtes de nos grands parents et de nos parents, en particulier dans le domaine technique, puisque c'est là que nous avons progressé le plus significativement, n'assurent aucun gain, aucune supériorité par eux-mêmes ; ces moyens peuvent nous assujettir, ou nos enfants, plus rigoureusement que les contraintes qu'ils visaient à lever.

Si la liberté est toujours un combat singulier, avec l'ambiguïté qui la caractérise (son retournement possible), ceci permet d'assigner à l'intellectuel (à la fonction intellectuelle en général) la tâche de discerner et d'éclaircir les problèmes spécifiquement contemporains qui se posent. Et ceci signifie aussi que la fonction intellectuelle est plus assurément remplie lorsqu'elle attaque là où ça fait mal..., c'est-à-dire à ce qui paraît le plus assuré, ce qui passe pour les plus grandes réussites, et qui produit la plus vive résistance lorsqu'on s'y attaque. Autrement dit, il faut se méfier de l'idéologie et des combats d'arrière-garde, qui voilent les enjeux contemporains et participent à asseoir les nouvelles déterminations. Par exemple : notre tendance à être offusqué de toute limite imposée à une liberté d'expression parfaitement formelle et qui, dans les faits, participe à nous rendre tous un peu plus crétins chaque jour.

A feeling, je sens l'ombre d'une pensée réactionnaire qui se veut moderniste derrière ce discours...

Mais je peux me tromper...

"Du passé faisons table rase !", mais en tant seulement qu'il est le passé et décrétons tout bonnement qu'il est l'avenir?...

Penser, c'est rechercher des "structures" et les comparer.

La résistance s'oppose à la collaboration. La résistance est-elle toujours un conservatisme et la collaboration toujours un progrès ?

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 8 heures, Dompteur de mots a dit :

Derrière la simple idée d'exercer sa liberté, il me semble qu'il y a déjà la notion de contrainte. Étymologiquement, "exercer" dérive du latin arceo, soit "contenir", auquel se rajoute le préfixe ex, qui marque la "sortie de", le dépassement de ce qui contient.

Merci pour l'étymologie. Mais si arceo, c'est contenir, et que là effectivement est la contrainte, "ex", sortir de cette contrainte, n'est plus ou est moins une contrainte. On est d'accord ? Pour moi, exercer sa liberté, c'est "l'appliquer" à son action, la "faire jouer"... ???

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
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Il y a 4 heures, Blaquière a dit :

Merci pour l'étymologie. Mais si arceo, c'est contenir, et que là effectivement est la contrainte, "ex", sortir de cette contrainte, n'est plus ou est moins une contrainte. On est d'accord ? Pour moi, exercer sa liberté, c'est "l'appliquer" à son action, la "faire jouer"... ???

Le point est que suivant le sens de l'exercice de la liberté, celle-ci demeure relative à une ou à des contraintes. L'être s'efforce de les dépasser, ou de les intégrer, mais sa liberté leur demeure liée.

L'exercice physique est un combat contre les contraintes du corps, contre la menace de son affaissement, de sa détérioration. Mais cet affaissement et cette détérioration demeurent néanmoins les conditions de l'exercice physique.

De même, la liberté peut être vue comme un combat contre la tendance animalisante, sinon végétalisante, sinon minéralisante dont les hommes sont porteurs. Le progrès semble ne pas exister pour la bonne raison que chaque avancée contribue à redéfinir la contrainte.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
il y a une heure, Dompteur de mots a dit :

Le point est que suivant le sens de l'exercice de la liberté, celle-ci demeure relative à une ou à des contraintes. L'être s'efforce de les dépasser, ou de les intégrer, mais sa liberté leur demeure liée.

L'exercice physique est un combat contre les contraintes du corps, contre la menace de son affaissement, de sa détérioration. Mais cet affaissement et cette détérioration demeurent néanmoins les conditions de l'exercice physique.

De même, la liberté peut être vue comme un combat contre la tendance animalisante, sinon végétalisante, sinon minéralisante dont les hommes sont porteurs. Le progrès semble ne pas exister pour la bonne raison que chaque avancée contribue à redéfinir la contrainte.

Je te suis. Mais alors, a contrario de ce qu'affirmait Jean-Jacques Rousseau, "L'homme est né dans les fers et partout... il y reste ?!"

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  • 3 semaines après...
Nouveau, 22ans Posté(e)
Tiimo Nouveau 3 messages
Baby Forumeur‚ 22ans‚
Posté(e)

Salut !

De simples réflexions... 

Alors pour moi, si on parle de liberté, il faut y associer tout de suite la contrainte, le devoir. La liberté peut facilement être perçue comme l'état dans lequel toutes les contraintes physiques et mentales disparaissent, c'est donc un état où nos désirs sont tous satisfaits. Être libre serait donc synonyme de satisfaction absolue. L'accomplissement attendrait ainsi le sujet libre, qui serait alors un sujet heureux.

Mais l'hédonisme n'est pas le chemin de l'ataraxie. En effet, tenter d'assouvir ses moindres désirs revient à se condamner soit même à l'aliénation. Nos désirs sont pour beaucoup contraires à notre intérêt. Nous n'essayons pas de les comprendre, et cela nous rend esclave. D'où viennent-ils ? Qu'impliquent-ils ? Le sujet désireux est l'esclave de ses désirs dans la mesure où il les subit (cf l'ami Spinoza). Mais alors dans ce cas, liberté ne serait qu'illusion ? Rien qu'un mirage du bonheur...

Être libre c'est avant tout servir son intérêt propre, voilà ma conclusion. La contrainte nous rend libre dans la mesure ou elle sert notre intérêt, elle fait de nous un sujet. La contrainte qui oblige l'homme à servir les intérêts d'un autre que lui le rend esclave. Cela se comprend facilement, l'esclavage en est la preuve. Pour revenir aux désirs, c'est exactement pareil. Comprendre ses désirs, c'est démêler l'utile de l'inutile, c'est se rendre libre. 

Pour finir, je parle maintenant aux étudiants (si jamais il y en a qui me lisent). Si un jour vous en avez marre de travailler et si un jour vous voulez tout arrêter et partir en Mongolie avec les yacks parce que le travail c'est l'esclavage, rappelez-vous de ceci: tout ce qui sert votre intérêt vous rend libre (oui oui, même le cours sur la pénéplénation des chaînes de montagnes en SVT). La culture, comme l'ouverture d'esprit ou l'anticipation de l'avenir par exemple, c'est la liberté. Cette dernière est difficile à atteindre, et nécessite des sacrifices qu'on ne soupçonne pas forcément.

Merci d'avoir eu le courage de lire ce que mon esprit a bien voulu mettre en forme en ce lundi 15 juillet, à minuit 51. 

Timo, un élève qui a eu le bac et qui n'a pas trop aimé les cours sur les cailloux en SVT.

 

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