Au fil de l'eau...

20 avril 2019

L'incendie de Notre Dame provoque tant de remous que mes sentiments originels, devant cet événement, s'estompent lentement. L'actualité ne cesse de m'arracher à moi-même.

Je me rappelle...

Quand je vois l'incendie progresser je suis d'abord en colère. Il me semble que rien n'est fait pour le maitriser. En vérité nul n'a manifestement pensé qu'un tel événement puisse arriver. Alors la cathédrale brûle. Une puissance aveugle va son chemin.

La flèche tombe, je vois les tours de New York. Quelque chose s'effondre.

La première image après la catastrophe est cette croix au fond, illuminée. Je ne vois pas la piéta ni l'enfant mort dans ses bras.

Je perçois une colère puissante s'échapper d'un être que je ne peux pas voir, ni même circonscrire dans un nom.

Je perçois la colère du fils de l'Homme que les barbares ont transformé en fils de Dieu.

Je perçois sa colère lumineuse.

La colère contre l’Église romaine, qui, en faisant de Jésus,  le christ et le fils de Dieu, ne cesse de le crucifier une deuxième fois.

Les païens ne parviennent  pas à regarder en face le désespoir de Jésus sur la croix. Ils ont si effrayés qu'ils l'ont transformé en Dieu.

Je me rappelle ma mère, mourante, s'écriant : "Pourquoi m'as tu abandonné ? " Elle s'adressait à sa propre mère, morte 50 ans plus tôt, dont la tombe, humble et sommaire, se dresse au milieu du cimetière militaire de Vernon.

Je vois le désespoir d’Irène Sokolova, fille d'une tribu cosaque, les Sagaidatch et d'une tribu grecque, les Paléologue.

Je vois son corps réduit à un squelette, et j’entends son cri.

Un torrent de larmes s’échappe de moi. Ce n'est pas moi qui pleure, c'est Irène, en moi.

L'écho du cri d’Irène retentit dans la cathédrale. Je veux tenir dans ce désespoir , sans sombrer comme une couarde dans la tentation de m'en remettre à Dieu. Regarder le désespoir des crucifiés, et attendre, que, du sein de la vallée ouverte par les larmes, quelque chose ou quelqu’un  advienne. Ou rien. Ou personne.

Maintenant je vois la cathédrale de Paris éventrée. Je la sens souffrir.

Elle n'est plus un monument, elle est un être qui vit.

Et qui pleure.

Et je pleure avec elle.

Elle devient mon enfant, qui sanglote dans mes bras.

Et Oradour-sur-Glane ? Qu'est-ce que ça vous inspire ?

Il y a 3 heures, Talon 1 a dit :

Et Oradour-sur-Glane ? Qu'est-ce que ça vous inspire ?

Si tu veux bien considérer que  t' adresses à la troisième émanation du transfuge Allio...hydre nauséabonde qui toujours renaît de ses cendres en se prenant pour le Phénix, alors tu devrais avoir une idée de la teneur de la réponse.

Nazis et erzatz d'aristocratie, ont toujours faits bon ménage.

Il y a 3 heures, Talon 1 a dit :

Et Oradour-sur-Glane ? Qu'est-ce que ça vous inspire ?

"Aujourd'hui j'ai 130 ans ! Merci aux nombreux amis qui se se souviennent encore de moi !!!"

Oui. Bon. Il va falloir se calmer ...

Et le forum est un medium, entre un être inconnu, qui est peut-être une femme, et moi. Le forum lui même est peuplé d'êtres que je perçois violents, attelés à refouler en eux tout sentiment, en embuscade, toujours, pour détruire l'enfance, en eux et chez les autres. Mais ce lieu de violence est pourtant un pont entre cet être inconnu, dont je ne sais pas même l'existence, et moi.

Un soir, à l’hôpital, alors que j'étais seule avec ma mère, elle me demanda de s'approcher de moi. Je me suis penchée sur elle et elle me dit, dans un murmure,  "Anna, rien n'existe, pas même Dieu; l'humanité est une erreur, qui disparaitra" Puis elle reprit la discussion comme si de rien n'était.

Je me suis demandé si j'avais rêvé. Mes frères et sœurs arrivèrent peu après, elle leur sortit le discours convenu de la catholique (convertie) sûre de son Dieu et de la vie éternelle. Je me suis reculée, je la regardai. Je voulais lui demander "Pourquoi maman me fais-tu ce legs, pourquoi ne le fais-tu qu'à moi ?" Mais je ne l'ai pas interrogée, je l'ai respectée.

il y a 2 minutes, sagaidatch a dit :

Et le forum est un medium, entre un être inconnu, qui est peut-être une femme, et moi. Le forum lui même est peuplé d'êtres que je perçois violents, attelés à refouler en eux tout sentiment, en embuscade, toujours, pour détruire l'enfance, en eux et chez les autres. Mais ce lieu de violence est pourtant un pont entre cet être inconnu, dont je ne sais pas même l'existence, et moi.

Un soir, à l’hôpital, alors que j'étais seule avec ma mère, elle me demanda de s'approcher de moi. Je me suis penchée sur elle et elle me dit, dans un murmure,  "Anna, rien n'existe, pas même Dieu; l'humanité est une erreur, qui disparaitra" Puis elle reprit la discussion comme si de rien n'était.

Je me suis demandé si j'avais rêvé. Mes frères et sœurs arrivèrent peu après, elle leur sortit le discours convenu de la catholique (convertie) sûre de son Dieu et de la vie éternelle. Je me suis reculée, je la regardai. Je voulais lui demander "Pourquoi maman me fais-tu ce legs, pourquoi ne le fais-tu qu'à moi ?" Mais je ne l'ai pas interrogée, je l'ai respectée.

 

Des fois on dit des conneries à nos enfants. Faut pas tout prendre au sérieux.

C'est bien parce qu'ici se tiennent en embuscade ceux et celles dont le seul plaisir est d'avilir toutes les aurores que je me tiens parmi eux. Mon intention, dont je prends seulement conscience, est de tenter un dialogue avec Lui. Mais je me rends compte que ces gens-là avilissent l'enfance consciemment et volontairement. C'est même le socle de leur assurance.  Ils m'éclairent avantageusement sur ce qu'il fut, Lui.

Il me faut pourtant plonger dans leur moralité sordide pour apprendre à renoncer à ma propre violence en renonçant à dialoguer avec eux.

L'enfant violentée, en rage, doit pourtant prendre son envol et renoncer à sa colère qui n'est encore qu'espoir d'un dialogue. Vain.

Les pieds encore enlisés dans la boue de leurs âmes avilies, je regarde au-delà, apaisée, l'aurore réapparue.

21 avril 2019

En vérité je viens continuer ici un dialogue avec les morts. Seul un medium comme le forum, à cheval sur le réel et l'imaginaire peut permettre un dialogue aussi poussé.

C'est une aubaine que de pouvoir trouver, en ce lieu, autant de personnes dont l'esprit soit celui des morts.

Deux personnes ont poursuivi de leur vivant une œuvre de destruction dont je ne fus pas la seule cible.

Lui et la mère.

Lui non content d'exercer sur moi ses pulsions destructrices les exerça sur sa propre fille jusqu'à l’acculer au pire. Lui est là, sur ce forum, incarné par ces vieux dont le seul objet est de détruire toutes les aurores. Leur nihilisme déclaré est l'expression de leur haine de l'enfance. Ils plongent leur glaive, quand ce n'est pas leur pénis dans la chair tendre des innocents.

Elle, la mère.

Lui et Elle ont su s’échapper dans la mort, interrompant un dialogue qui aurait pu permettre aux proies dont ils s’étaient emparés de se dégager de leurs serres.

Sur ce forum aussi il existe des femmes dont l'esprit est celui de la Mère, morte.

Il n'est pas aussi simple de mettre un terme au dialogue avec les morts.

Et ça donne quoi avec « une case en plus »? 

Le 21/04/2019 à 09:09, Vilaine a dit :

Et ça donne quoi avec « une case en plus »? 

J'étais tellement sûre que vous ne pouviez m’avoir envoyé qu'une flèche acérée, je connais si bien ma vulnérabilité à votre endroit, que je viens seulement de vous lire.

Je ne marche pas dans votre image de la "case" en moins, bien que cette image soit assez parlante. Mais elle n'est pas une image avec laquelle je peux me battre.

Ma vulnérabilité à votre endroit c'est que je fais un transfert sur vous.

Et la nature de ce transfert est de nature telle qu'elle me donne le désir de vous combattre.

J'aime vous combattre. J'aime que vous me combattiez, même durement, à condition que vous ne tombiez jamais dans la dévalorisation à outrance.

J'ai besoin de votre amour "vache".

Cela dit protégez-vous de moi, car, comme je vous l'écris plus haut, je fais un transfert. Et un transfert ça se défait. Voilà, devenez à mon contact et au contact des autres bien sûr ! une psychologue avertie.

Vous en avez l'étoffe.

il y a 34 minutes, sagaidatch a dit :

J'étais tellement sûre que vous ne pouviez m’avoir envoyé qu'une flèche acérée, je connais si bien ma vulnérabilité à votre endroit, que je viens seulement de vous lire.

Je ne marche pas dans votre image de la "case" en moins, bien que cette image soit assez parlante. Mais elle n'est pas une image avec laquelle je peux me battre.

Ma vulnérabilité à votre endroit c'est que je fais un transfert sur vous.

Et la nature de ce transfert est de nature telle qu'elle me donne le désir de vous combattre.

J'aime vous combattre. J'aime que vous me combattiez, même durement, à condition que vous ne tombiez jamais dans la dévalorisation à outrance.

J'ai besoin de votre amour "vache".

Cela dit protégez-vous de moi, car, comme je vous l'écris plus haut, je fais un transfert. Et un transfert ça se défait. Voilà, devenez à mon contact et au contact des autres bien sûr ! une psychologue avertie.

Vous en avez l'étoffe.

Tu n’as pas l’impression de te dévaloriser toute seule en tenant ce type de discours?

Il y a 6 heures, Vilaine a dit :

Tu n’as pas l’impression de te dévaloriser toute seule en tenant ce type de discours?

Vous êtes une vraie chipie à sans cesse tenter de m'entainer dans des sables mouvants.

"Chipie" vous va mieux que "Vilaine", ne trouvez-vous pas ?

il y a 28 minutes, sagaidatch a dit :

Vous êtes une vraie chipie à sans cesse tenter de m'entainer dans des sables mouvants.

"Chipie" vous va mieux que "Vilaine", ne trouvez-vous pas ?

Tu peux aussi m’appeler « Miroir » car grâce à moi tu vois ton vrai visage. 

« Miroir, mon beau miroir, dis moi qui est la plus belle... »

 « Je ne sais pas...Par contre, je sais qui est la plus névrosée »

Je vais finir par vous croire amoureuse. Mais je vais aussi finir par vous en vouloir de me détourner de mes buts.

Eureka ! c'est renaissance de l' alliocha-de-la-volga ! Cà on le savait depuis longtemps, mais c'est la version éphémère, celle prête au bannissement, parce que cette fois il a protégé ses arrières. Mon petit doigt qui jamais ne se trompe me susurre qu' insultes et mépris vont bientôt réapparaître. Tandis que la SainteNitouche qui se drape de velours va continuer à se résigner et à contenir sa haine.

Pour être plus clair, ça pue le bouc émissaire. 

Quand je descends ici, dans le monde souterrain, sur la rive du Styx où se pressent les Ombres, c'est pour parler aux morts. Mais seules les Ombres me répondent, et les morts ne parlent plus.

J'enrage, je reste là, je prends à partie les mourants sur le rivage. Ceux là, avant de verser dans la tombe, n'en reviennent pas de pouvoir encore déchirer un vivant, égaré là.

C'est à moi de rendre la parole aux morts, sinon leur rendre la parole, les rendre à l'existence, dans le souvenir et la Mémoire.

Et renoncer à ce rêve de pouvoir continuer ici les dialogues inachevés. Qui laissent sans réponse mes questions devenues muettes, comme une eau vive soudain immobile et gelée.

Mais le rêve et l'espoir qui tourne à l'illusion me projette sans cesse dans le souterrain.

Mais je n' y fais pas que de mauvaises rencontres.

D'autres vivants sont là, notamment la petite Chipie.

25 avril 2019

(Je descends dans le royaume des Ombres d'où la Chipie m’appelle. La perspective s'ouvre jusqu'aux Champs d'Asphodèles).

Irène mourut dans la nuit. Alain et le père la veillaient quand l'événement se produisit. Anna arriva le matin. Elle vit sa mère, les yeux encore ouverts, un peu de soupe séchée s'échappait de ses lèvres. Alain dit : "Elle a trouvé la force de râler une dernière fois, la soupe n'était pas assez salée".

Anna contempla sa mère. Elle ne ressentit rien. Elle resta immobile, pétrifiée. Alain voulut la prendre dans ses bras. Elle le repoussa. Elle vit l’inquiétude dans le regard de son frère. Elle en fut irritée. Elle s'isola dans la cuisine, s'assit, regarda le papier peint aux couleurs trop vives. Elle voulut partir. Alain voulut la retenir. Anna s'enfuit.

Quand elle revint le soir la famille était là, réunie. Un diner avait été préparé. Émilie, l'ainée, prit la place de la mère, en tête de table, et commença une éloge. Anna la regarda, stupéfiée. Une colère froide monta en elle. "Libère la place de la mère, tu es la dernière à en être digne" gronda-t-elle, intérieurement. Elle foudroya sa sœur du regard. Émilie la regarda,  broncha un court moment, puis se reprit. Anna se leva et partit.

26 avril 2019

C'est désormais l'angoisse quand je descends ici. Il ne s'agit plus d'images, ce n'est plus le Royaume des Ombres, c'est maintenant l'émergence d'une certitude, ici c'est Shutter Island. La folie de chacun m'apparait, chacun a son labyrinthe duquel il ne sortira plus. Il y a celle qui vit chaque instant ses épousailles avec Dieu, celle qui relève chaque fait divers qui relate un viol qu'elle semble devoir vivre éternellement, celui qui compulsivement édite ici les vidéos de Klein et chevauche une intemporelle ligne d'univers, ceux qui cherchent sans succès leur moi (ceux-là sont franchement angoissants), ceux qui traquent Dieu jusque dans les alcôves...ceux qui se décident philosophes et disent le vrai à la manière d'un prophète de l'ancien testament, bref c'est un théâtre ou chacun joue une scène de sa folie ordinaire.

Cela m’angoisse de me sentir devoir descendre dans Shutter Island, leur folie m'angoisse, d'autant qu'ils confondent le monde des vivants avec celui des Ombres, et leur inconscience ajoute à la désolation des lieux. Je rôde dans l’hôpital, et puisque je ne cherche à converser avec aucune ombre, je cherche qui, je cherche quoi ?

Serait-ce que je cherche réellement un mort ou une morte? mais je ne vois pas pourquoi je dois traverser ce royaume-là des Ombres pour atteindre celui des Morts. Comme si leur folie était le seul chemin qui puisse mener dans l'au delà du Styx.

28 avril 2019

Quand je m'approchai d'elle, assise derrière son bureau, dans l'obscurité, A. me dit : "Baisse la tête Anna". J’avais conscience de ma nudité, j'aimais me sentir nue face à elle, j’aimais qu'elle voulut que je m'approche, avec humilité.

Elle se leva, vint à moi. "Agenouille-toi". Je m'agenouillai difficilement, tenant devant moi mes mains menottées. Je sentis la chaleur de son ventre : "Continue de baisser les yeux Anna, garde-toi de les lever sur moi". Elle ajouta : "Mon ventre même tu n'es pas digne de le contempler". J'éprouvai du plaisir à être ainsi ravalée plus bas que son bas ventre. Jusqu'à ses pieds.

Je sentis sa fourrure glisser sur mes lèvres. Je les ouvris. Je voulus l'embrasser, là, trouver le lieu que j’imaginai qu'elle désirât que je trouve, pour lui donner du plaisir.

Elle me dit :  "Garde tes lèvres fermées, Anna, crois-tu sérieusement que je te donnerai le plaisir de me donner du plaisir ?"

Je restai à genoux, décontenancée, mon regard rivé à ses chevilles.