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Concours d'écriture: Les votes !


Erneste

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Membre, 41ans Posté(e)
Erneste Membre 980 messages
Forumeur activiste‚ 41ans‚
Posté(e)

Bonjour,

Voici venue l'heure de vous dévoiler les écrits reçus sur le thème des retrouvailles, merci à tous les participants et bonne lecture !

Les votes seront possibles jusqu'au 13 mai et si vous ne voulez pas que je donne votre pseudo à la fin des votes, comme ça m'a déjà été demandé, merci d'en faire la demande par MP.

Et une très bonne journée. :)

1.

Révélation

 

5 ans...

5 ans qu’elle ne m’avait pas jeté un regard tendre, 5 ans qu’elle n’avait pas posé ses lèvres sur ma peau, 5 ans qu’elle ne s’était pas approché pour sentir mon odeur parfumé. 5 ans qu’elle ne m’avait sussuré des mots remplis de désir.

Je me sens aimé, aimé comme jamais je ne pourrais être aimé. Son amour transperce mon cœur, il bouleverse mon existence. Je me sens revivre alors que je suis...mort.

Oui, je suis mort depuis une dizaines de jours maintenant. Cette sale bobo vegan n’a décidément aucune convictions. Je ne suis, en effet, qu’un vulgaire pilon qui a nagé trop longtemps dans l’huile de friture souillée du KFC. Pour faire le deuil de son amour perdu, elle a troqué sa saucisse de soja pour un déchet ultra calorique qui s’apparenre à du poulet. Un suicide culinaire qui mériterait la pendaison.

 Il lui a fallu 5 ans pour résister, 5 minutes pour faire exploser sa masse graisseuse et sa...dignité.

Carpe diem comme on dit, ou plutôt... « chicken diem ». 

 

 

2.

Révélation

 

Belle.

« Je te hais. De tout mon cœur, je te hais. J’ai toujours détesté ton odeur, ton contact, ta voix et tes sentiments. Tout, en toi, me repousse et me débecte. C’est simple, quand je te vois, j’ai ce haut-le-cœur qui me donne la gerbe.

 

Pourtant, quand je te revois, là, il persiste comme un doute : et si, malgré tout, je t’aimais ? »

 

Ainsi tournicotait ses pensées quand elle lui apparût, juste ici, sur son chemin. Cela faisait tellement longtemps, des années, à dire vrai. Elle le regardait indifférente, d’un air à la fois dur et vide. Son teint était froid, elle semblait avoir pris des dizaines d’années. Il la revoyait pourtant si jeune, si belle, et avec son sourire. Ah ! Son sourire, oui. Celui-là même qui l’avait fait craquer ce soir-là.

 

Ce n’était pas faute d’avoir tout fait, tout affronté, pour tenter de l’oublier. Mais rien n’y faisait, son visage impassible restait gravé dans sa tête, hantant jusqu’à ses rêves, le privant d’un sommeil en paix. Son souvenir était trop prégnant pour mourir dans un mirage.

 

Alors, dans cette fuite incessante, il finît par y retourner : son histoire, comme toutes les autres, finissait par boucler. Dans la nuit, il regagna son pays en parfait inconnu : personne ne le reconnaissait et il ne reconnaissait personne. Cette petite ville, qu’il avait fréquenté la moitié de sa vie, n’exprimait plus rien en lui. Il n’en était plus que l’un de ses fantômes, l’un de ses touristes qui passe sans y laisser la moindre trace.

 

Il s’y promena cependant, goûtant à cette nostalgie que seul le désespoir sait procurer. Sans se l’avouer, il craignait cette retrouvaille avec le démon de son passé qui avait su chérir son âme. Personne de raisonnable n’apprécierait vivre avec le diable. En tout cas, c’est ce qu’il se racontait au gré des rues qui menaient chez lui.

 

La grille était fermée. La Lune, elle, se montrait discrète. Peut-être n’appréciait-elle pas le spectacle qui se dévoilait peu à peu à son regard ? Il escalada le petit muret, l’amour étant plus fort que quelques façades de pierre. Ces allées, il les connaissait tant qu’il n’avait aucun mal à s’y promener dans le noir.

 

D’ailleurs, il ne trébucha pas, ou pas autant que dans sa vie passée, en tous les cas. Du reste, il n’en restait rien dans sa mémoire. De celle du psychiatre qui lui contait son aventure rocambolesque au cimetière, si.

 

« Je te hais. Tout, en toi, me répugne. Mais ce soir, ce soir nous sommes à nouveau ensemble. Je te sens contre ma peau, je te ressens tout à moi. Je me suis retrouvé, tu m’avais volé. Ce soir, oui, je retrouve ma raison car elle était enfouie avec toi, six pieds sous terre. »

 

 

3.

Révélation

 

Angers, le 5 avril 1918

Maurice, mon cher époux,

Je viens tout juste de recevoir une lettre de la mairie, qui m’informe que tu as reçu un shrapnell dans le genou, et que cette blessure va te rendre indisponible pour le front, pour seulement quelques mois.

Je suis extrêmement inquiète et angoissée à ton sujet, mon chéri.

En même temps, quel bonheur d’apprendre après ces longs mois de séparation que je vais pouvoir te rendre visite dans cet hôpital militaire de Rambouillet, te caresser et te serrer à nouveau dans mes bras.

J’ai déjà réservé mon billet de train ainsi que pour notre petit Louis qui va fièrement vers ses 6 ans, tu verras comme il a changé, comme il est beau, comme il s’exprime bien lorsqu’il parle, comme il te ressemble.

Je t’aime, je t’embrasse.

Ta Juliette

 

Angers, le 15 juillet 1918

Maurice, mon cher époux,

Quand cette guerre interminable finira elle donc ?

Maintenant que tu es reparti vers le front accomplir ton devoir, je ne peux pas m’empêcher de revivre en pensée, chaque seconde de notre rencontre dans cet hôpital de Rambouillet.

Certes, tu étais bien pâle et fatigué, l’air ambiant puait le chloroforme, mais la douceur de ton regard et ton sourire ravageur m’étourdissait tout autant.

C’était comme une parenthèse de bonheur, dans un océan de malheur, nous étions pour ces retrouvailles, à nouveau réunis et blottis tous les trois, j’en ai encore la gorge qui se noue, rien que d’y repenser.

On nous dit que l’armistice pourrait être signé en fin d’année ?

Enfin, si cela pouvait être vrai ?

Mais j’ai beaucoup de mal à y croire.

Je t’aime, je t’embrasse.

Ta Juliette

 

 

4.

Révélation

 

La nuit parfois, il rend visite à ses amours d’antan…

La nuit parfois il rend visite à ses amours d'antan.
C'était le cas hier soir.
Mais là, c'était plus qu'un amour ordinaire : c'était le grand amour éternel de ses quinze ans.
Et cet Amour, c'était Annie. Son Annie aux joues rondes et lisses. C'était son Annie Lisse.
Or nous étions au Portugal. Au deuxième étage à l'air libre d'un car. (Et le car… c’était moi !) Ils y étaient assis, l'un près de l'autre, elle était à sa droite et lui, ManuVanu, il tenait son bras nu, tendre et doux sous son bras, tout là-haut sur mon impériale...
Puis Annie s'est levée... elle… elle... elle était enchaînée ! Ses pieds étaient entravés de lourdes chaînes de fer. Comme on voit parfois les noirs dans ces films américains contre le racisme. Deux policiers la tenaient de part et d'autre chacun par un bras dans ma travée centrale autobussière pour la faire descendre et l'emmener sans doute en prison ?
Elle s'est retournée et nous avons pu la voir exactement de face. Elle n'avait plus ses joues rondes de l'enfance : elles s’étaient à présent légèrement creusées...
Mais elle était devenue une très belle femme de trente ans. Peut-être un peu plus ?
(Environ la moitié de son âge !)
Elle était brune, cheveux mi-longs, coiffée à la mode des années quarante. Vous voyez ? Cette coiffure vers l'arrière, avec le front dégagé, bouffante sur le haut, un peu serrée au niveau des oreilles et tenue sans doute par des barrettes ou de petits peignes, puis à nouveau un peu plus volumineuse en bas, dans le cou. 
J'ai pensé : "Elle a dû faire quelque chose de grave pour être ainsi lourdement enchaînée. ManuVanu a dû penser pareil, Mais la connaissant mieux, il s’est dit :
« Elle a dû probablement tuer son mari (le "fameux" Charly) ! »
Et pour le coup, il a demandé des explications à sa copine Frivole assise deux rangées plus loin. C'était elle qui s'était occupée du cas d'Annie avec son association écolo-féministe.
–  Qu'est-ce qu'elle a fait pour qu'on l'enchaîne et l’emprisonne, comme ça ?
Frivole :
–  Elle n'a rien fait d'autre que ce que font tous les hommes chaque jour !
–  C'est-à-dire ?
–  Elle est allée travailler !

Bon ! En pleine nuit, au Portugal, sur mon impériale d'autobus qui filais à vive allure sur une route en virages, ce n'était pas le moment de réformer la justice !
Si on la mettait en prison "parce qu'elle était allée travailler comme un homme", c'était comme ça, et pas autrement ! Respectueux de l’ordre établi comme je le connais, ManuVanu s’est tout de suite imaginé que cette condamnation ne pouvait qu’être logique : peut-être avait-elle abandonné ses enfants pour aller travailler ?
On voit ça aussi dans des films, mais plutôt sud-américains, ceux-là, et misérabilistes.

« Perso, ça n’était pas mon affaire » 
« Je ne suis pas un bus scolaire ! »

Mais pour lui, il fallait bien que la justice restât la justice.
Il a donc demandé à Frivole :
–  Elle a des enfants ?
–  Onze !
–  Quoi, onze ?
–  Elle a onze enfants !
–  Oh ! Et... Avec le même mari ?
–  Non ! Elle s'est mariée huit fois !
"La vache !" me suis-je illico dit en aparté d’un soupape à l’autre, "mariée huit fois, ça n’est pas rien !" Et 11 enfants ! De quoi remplir tout mon étage !
Mais Frivole se montrait toujours autant scandalisée. Elle a rajouté :
–  Et à l'association, ça nous coûte trois cents euro à chacun pour sa défense ! (Pour elle, le féminisme semblait avoir des limites financières...)
ManuVanu lui demanda :
– Et vous avez contacté sa sœur ?
Frivole :
–  Pourquoi, elle a une sœur ? Je ne savais pas !
–  Oui ! Danièle...

Là, je me suis arrêté et les deux policiers (dont une au moins était une policière) ont laissé Annie seule, sur le bord de la route, toujours entortillée dans ses chaînes et comme abandonnée, puis ils sont remontés dans... moi.

ManuVanu en a conclu que si ce que certains pensent de l'âme, de son immortalité et de la transmission de pensée est vrai, son Annie Lisse venait peut-être de l’appeler au secours ou  pire, de mourir et qu'elle le lui faisait savoir de cette façon. En souvenir de leurs jeunes années : elle était descendue du car, de moi, du temps qui passe…
Il en conclut étrangement : « Si elle s’est mariée huit fois, c’est la meilleure preuve, qu'elle m'aimait toujours ! »
Et il s’est alors reproché de ne pas en avoir fait autant.
Pas de mourir, bien sûr, ni de descendre du car, mais de ne pas s'être aussi marié huit fois !...
(Il n’avait pas su rester fidèle à leur grand amour, finalement...) 

Quant à moi j’ai poursuivi ma route et emmené mes passagers un peu plus loin, sur la route sinueuse du temps… Au Portugal, « Trach ouch montch » (au-delà des montagnes).

Tout est en lui présent
Ce trop plus grand amour
A quinze ans
Quand elle lui  dit "oui"
Ses yeux doux amoureux
Ses joues rondes et lisses
(Annie lisse)
Et noisette, ses yeux
Et ses fossettes
Et rien ne s'est passé
Pas le moindre baiser.
Alamo, cinéma...
Mais on les sépara.
Puis cet effondrement
Quand après la Noël elle a dit
"C'est fini : 
Je suis avec Charly."
(Il n'était pas Charlie !)
Il rendit son écharpe
On disait « cache-nez »
Avecques son odeur :
De la poudre de riz.
Il garda cette odeur...
Qui desséchait son cœur.
Tout est en lui présent
Tout cet écœurement...
Qui n’a plus aucun sens.

 


 

5.

Révélation

Le soldat Jason

Le soldat Jason marche en queue de la section de huit hommes dont il fait partie pour cette mission.
Il profite d'être à la traîne pour s'abriter sous un porche en ruine. Il se soulage contre les planches.
Soudain, une explosion violente et des cris. Jason se réajuste rapidement. Il ramasse son fusil au sol.
Avec prudence, il regarde par l'angle du porche. Les corps de ses sept compagnons gisent là, à terre.

Le soldat Jason a juste le temps de se précipiter dans l'ouverture étroite entre les planches du porche.
Il se glisse à toute vitesse dans le soupirail. Ouverture noire et béante. Son instinct dicte sa conduite.
Le voilà assis dans l'obscurité d'une cave. Le désordre des lieux et les gravats sont ceux d'une ruine.
Le soldat Jason reprend doucement ses esprits. Sa respiration redevient normal. Il est un survivant.

Au dehors, après des cris et des ordres lancés, il n'y a plus qu'un silence oppressant. Très inquiétant.
Il reste un peu d'eau dans sa gourde. Il reste deux barres chocolatées. De biens maigres provisions. 
Le soldat Jason trouve enfin le sommeil. Son fusil à ses côtés, couché sur un vieux matelas défoncé.
La journée suivante est marquée par une chaleur étouffante. Il y a de rares bruits de voix. Moteurs.

Jason a fait le tour de sa prison souterraine. Un réduit d'environ 30 m². Il y a une porte en fer au fond.
La faim et la soif commencent à se faire sentir. Sa montre indique 18 h30. Déjà vingt quatre heures ici.
Soudain, là, un bruit de clef. Le cœur de Jason se met à battre en accélérant. Il se saisit de son arme.
Il reste dissimulé derrière l'armoire défoncée. La porte s'ouvre en grinçant. Une silhouette se dessine.

Jason, les sens aux aguets, est prêt à faire feu. << Vous êtes là ? >> fait la voix fluette d'un enfant.
C'est une fillette. Elle doit avoir 12 ans. Elle porte une petite corbeille. Jason se redresse et approche.
Sa surprise passée, le soldat Jason découvre les victuailles dans la corbeille que lui tend la jeune fille.
<< J'ai tout vu hier. J'étais cachée à l'étage. C'est la maison de ma grand- mère ! >> confie la fille.

Elle continue : << Je m'appelle Flora ! Je suis la seule à savoir que vous êtes venu vous cacher là ! >>
Jason dévore la petite miche de pain accompagnée d'un morceau de fromage et d'une bouteille d'eau.
La fillette s'est assise contre le mur. Elle regarde le soldat manger avec appétit. Elle reste silencieuse. 
<< Le quartier est occupé. Les rues ne sont pas sûres. Il vous faut rester caché ici ! >> explique Flora.

<< Je viendrais vous apporter à manger chaque fois que je le pourrais ! >> fait elle encore, se levant.
Jason regarde cette étonnante enfant. Juste avant qu'elle ne sorte, il dit : << Je m'appelle Jason ! >>
La fillette referme la porte derrière elle. Le bruit d'une clef qui ferme une serrure. Puis c'est le silence.
Ce repas est tombé à point. Le soldat Jason est épuisé par cette veille dont dépend sa survie. Croit il.

Cette seconde nuit est semblable à la première. Quelques coups de feu au loin. Jason qui se réveille.
Cela se reproduit à plusieurs reprises. Un sommeil sans réelle qualité. La journée suivante est pareille.
Il est aux environs de 18 h30 lorsque le bruit de la clef résonne. Jason ramasse son fusil. Aux aguets.
La porte en fer s'ouvre en grinçant. C'est Flora. Elle s'approche et dépose sa petite corbeille au sol.

<< Bonjour. Il n'y a pas grand chose. Je prends ce que je peux et en cachette ! >> explique t-elle.
Jason, en proie à une faim de loup, découvre le contenu de la corbeille. Juste deux tranches de pain.
Une pomme. Une petite carafe d'eau. << Merci Flora ! Tu me sauves la vie ! > fait le soldat Jason.
Flora s'assoit au même endroit que hier. << Parle moi de toi. Tu viens d'où ? >> demande la fille.

Jason lui raconte un peu de sa vie. Les évènements récents. Il a 20 ans. Il s'est engagé dans l'armée. 
Un peu pour fuir une existence médiocre d'apprenti garagiste, un peu pour défendre un vague idéal.
Flora pose de nombreuses questions. Elle se lève. << Il faut que je parte ! >> dit elle, agitant la clef.
Cette présence, ces échanges, cette nourriture, tout cela participe d'un retour aux réalités pour Jason.

Tous les soirs, à la même heure, Flora vient le voir avec sa petite corbeille. Tous les soirs ils parlent.
Jason se prend d'affection pour cette fillette qui s'occupe de lui et qui lui sauve la vie tous les jours.
Depuis deux semaines que cette situation perdure, une véritable amitié s'est liée entre Flora et Jason.
A peine huit ans les séparent. A cet âge de la vie, ces huit années sont un gouffre infranchissable...

Au dehors, les choses semblent se calmer. Le bruit des combats est de plus en plus lointain. Chaleur.
Déjà 18 jours que Jason est caché là, terré dans ce trou. Heureusement, qu'il y a les visites de Flora.
<< Tu vas pouvoir t'enfuir. Dehors la voie est libre ! >> lui apprend Flora, ce soir, en venant le voir. 
La fillette s'assoit à côté de Jason. Il la prend contre lui. << Merci pour tout Flora ! >> chuchote t-il.

<< Tu reviendras me voir ? >> fait soudain Flora en posant sa tête sur son épaule. Jason est troublé.
Il détache la chaînette au bout de laquelle pend sa plaque de soldat. Nom, prénom et son matricule.
Jason l'attache au cou de Flora en disant : << Je te jure de revenir un jour ! Et rien que pour toi ! >>
L'émotion est intense. Flora laisse échapper la première larme de la femme qui s'éveille déjà en elle.

Le cœur de Jason bât la chamade. Il serre Flora contre lui. C'est elle qui met un terme à cette effusion.
Elle se lève. << Viens ! >> fait elle en entraînant Jason par la main le long d'un couloir étroit. Sombre.
Ils débouchent dans une cour déserte. << Tu suis la ruelle et tu arrives chez tes amis ! >> fait Flora.
Ils restent un long moment à se regarder. C'est Flora qui dévale à toute vitesse le couloir pour s'enfuir.

Jason marche rapidement le long de la ruelle. Il y a les jeeps, les camarades de son camps. La liberté.
Dans le camion qui emmène les soldats, Jason se retourne et regarde une dernière fois cette maison.
Là, à la fenêtre de l'étage, la silhouette de Flora qui secoue un mouchoir blanc pour lui faire ses adieux. 
Jason, pétri d'émotion, ne peut empêcher le sanglot déchirant bruler sa gorge. Plus dur que la guerre.

De retour au pays, il n'y a pas un jour sans que Jason n'écrive à Flora. Cela en devient une habitude.
Son pays encore en plein désordre, Flora ne reçoit pas toutes les lettres. Elle répond à celles reçues.
Huit années passent ainsi. Enfin Jason annonce sa venue. Il viendra avec l'avion. Il sera là dimanche.
Jason ne reconnaît pas immédiatement cette magnifique jeune fille qui l'attend là. Avec une corbeille...

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6.

Révélation

 

Retrouvailles.

 

J’ai peur. 
J’ai entendu du bruit au rez-de-chaussée, mon mari est en déplacement, je suis seule dans cette grande maison. Est ce que je dois descendre? ou rester cloitrée dans ma chambre?
Je décide d’aller voir.
J’arpente les pièces, je me demande si j’ai rêvé, il n’y a rien, pas un bruit.
D’un coup je ressens une énorme douleur sur le haut du crâne, on vient de me frapper, je ne vois pas le visage de l’agresseur, ma vision se brouille, tout devient noir.
Je tombe.

 

Après 6 mois de coma je suis réveillée. On m’a dit que je m’étais fait renverser par une voiture. Le chauffard a fait un délit de fuite, il reste introuvable.
Les premiers jours ont été difficile, mais d’après les médecins je récupère vite. Tout du moins physiquement. 
Je souffre d’amnésie. Tout un tas de personnes est venu me voir, mais je ne me souviens pas d’eux. Famille, amis, aucun de leurs visages ne m’est familier, ne me fait ressentir quoique ce soit de positif ou négatif. 
C’est vraiment très angoissant et perturbant d’avoir en face de soi des gens qui semblent nous connaitre alors que pour nous ils sont totalement inconnus. Suis-je seulement encore la même personne qu’ils ont connus? est ce qu’en me remémorant ma vie je redeviendrais celle que j’étais? ou cette personne est-elle perdue à jamais?

Après plusieurs semaines de rééducation, je rentre chez moi avec mon mari. Ma mémoire me fait toujours défaut, je ne me souviens pas de lui, ni de cette maison.
Lorsque j’y entre je me sens tout de suite mal à l’aise. Ai-je vraiment aimé vivre ici? 
Mon mari a l’air très gentil, très patient. Je ne sais pas trop quoi penser de lui. La situation ne doit pas être facile pour lui non plus.

 

Cela fait plusieurs mois maintenant que j’ai repris ma vie. Enfin ce qui semblait être ma vie. Je ne me souviens toujours de rien de concret. Juste des impressions, des sensations. Je suis de plus en plus mal à l’aise avec celui qui me sert de mari. Il ne fait rien de particulier, est toujours très patient et gentil. C’est justement ce qui me gêne, des fois je vois passer de l’agacement, voire même de la colère sur son visage, juste 1 seconde, puis le masque réapparaît. J’ai peut être trop d’imagination.

 

Je suis de plus en plus angoissée. Quelque chose ne tourne pas rond. Mon mari a de plus en plus de mal à tenir son rôle mielleux. Je me méfie de lui, de cette maison dans laquelle je me sens vraiment mal. Impossible d’avoir pu apprécier vivre ici. C’est grand, c’est lugubre, froid. Ça ne me ressemble pas, ou plus? Je ne pense pas avoir pu changer autant de personnalité, mes sentiments sont forcément les mêmes.
Quand est-ce que cette fichue mémoire va enfin me revenir??

 

Je tombe.
Je suis dans le noir et pourtant tout devient clair.
Ce n’était pas un accident.
Je me suis enfin retrouvée…
mais trop tard.
Bonjour moi, et Adieu.

 

7.

Révélation

 

Des retrouvailles pas comme les autres :

Ma vie je l’avais passé dans des trous et je l’avais fini dans un trou, pour l’amour d’une femme. Déjà vingt ans que je suis exilé, loin de mon pays et je n’avais toujours pas appris à converser avec des français. De mon bled directement à Paris, j’étais perdu dans cet espace inhabituel. Ma timidité et ma balourdise entravaient mon émancipation, et le rire des gens, que je considérais comme sarcasme, sur mon français approximatif m’avaient poussé à devenir taciturne. Je vivais dans un studio spécialement conçu pour nous les émigrés, des trous de quelques mètres carrés, je descendais dix étages dans un trou en fer, en traversant cette ruelle j’étais écrasé par ces HLM si majestueux, pour m’incruster dans un autre grand trou grouillant de personnages, taciturnes comme moi, attendant cette machine pour les conduire dans leurs trous. Je sors de ces longs dédales, pour rejoindre ma cage et faire mon travail d’automate qui consiste à coller des étiquettes pendant huit heures. C’est ainsi que j’ai passé vingt années de ma vie uniquement pour l’amour de ma femme.

10.000 balles et casses toi, c’est cette politique des années soixante-dix, qui m’avait enfin délivré de ce monde si différent du mien. Le rude montagnard que j’étais, animé par son mode de vie traditionnel, renfermé sur soi-même, ne pouvait humer éternellement cet air de diffusionnisme de l’occident. Je ne connaissais comme mode de vie que l’Islam.

 De Paris je me retrouve dans mon bled, un joli hameau perché sur une des cimes de ces montagnes des hauts plateaux, imposantes semblant narguer du haut de ces milles mètres d’altitude  tous les autres villages qui gravitent en dessous de lui, perdus dans cette immensité morose, donnant  l’impression d’être nulle part.  Dans cette Peugeot 404, appelée  par les français la bourrique algérienne, je regardais le paysage, tout en me remémorant des écrits de poètes et auteurs décrivant la femme paysage, ce paysage crépusculaire, à peine baigné d’une lumière orangée qui adoucit les contours et dore la peau, ou ces tétons gigantesques adaptés à la bouche de Gargantua. Des écrits et poèmes vulgaires qui ne s’adaptent surement pas à la finesse de la femme. Moi je ne voyais que le doux visage de mon idole qui remplissait cet immense espace et je songeais à nos retrouvailles.

 Je ne reconnaissais presque pas mon village mais malgré la nuit qui le cachait de son sombre manteau, j’avais pu distinguer un vulgaire robinet qui avait pris la place de la belle source qui d’habitude recevait des jolies filles en robes chatoyantes munies de leurs cruches, s’amusant et riant entres-elles. Pas âme qui vive, le silence total, J’avais l’impression de me retrouver dans un village abandonné. Ma petite maison, en pierres enduite de pisée, que j’avais construite moi-même, aidé par quelques villageois était isolée par rapports aux autres demeures et ce cette  nouvelle maison en béton face à elle, la rendait minuscule et défigurait toute l’harmonie du site.  Les souvenirs me revenaient crescendo et sans le savoir je hâtais mes pas vers mon bien-aimé.   J’avais décidé de lui faire une surprise, et je savourais à l’avance son éblouissement à notre rencontre. L’étonnement de ces retrouvailles ne devait-être que des plus agréables. Après avoir franchi la clôture de la cour à bestiaux, adroitement, j’enjambais l’unique  fenêtré pour m’infiltrer dans la seule grande pièce de la maison. J’aperçois ma femme qui dormait parterre. Débordant de tendresse, je m’avançais à pas de loup, pour enfin me mettre à genoux devant elle. Délicatement je  dégageais la couverture de sa tête pour l’embrasser par le cou, mais une décharge d’adrénaline m’immobilisa  un certain moment, pétrifié par ce que je voyais. Je me relevais   brusquement horrifié par cette présence, tout en faisant marche arrière, je récitais des versets coraniques, pour exorciser ce Djinn que je voyais devant moi. Mon cœur avait failli sortir de sa cage thoracique tellement  les battements s’accéléraient, un embrun entoura mes grands yeux qui s’ouvrirent en s’élargissant mécaniquement afin de déchiffrer ce tableau  ahurissant. J’allais m’effondrer quand le Djinn endormi croyant que c’était ma femme qui lui avait sciemment écarté la couverture du visage, se retourna et commença à la caresser. La chaleur sur mon visage due par l’accélération du rythme cardiaque, se dissipa pour laisser place à une certaine fraicheur du corps provoquée par une sueur abondante sur toute ma chair et des veines en grossissant   apparaissaient sur mes bras, mes muscles se durcirent entrainant un  décuplement de ma force. Le couple commençais à s’entrelacer et j’imaginais les ondulations du Djinn de sous la couverture. J’ai poussé un cri terrible qui tel un loup apercevant un intrus dans sa tanière, emmagasinait ainsi un surplus d’énergie, pour le prendre sur le cou. J’avais reconnu dans cette obscurité ma femme qui affolée, demeura un moment  pétrifié devant ce revenant. Djinn ou pas Djinn, serait-ce Dieu lui-même, il gouterait au fruit de ma rancœur  Je sautais sur l’importun, qui voulait se dérober, pour le prendre par le cou. Toute ma force stimulée par la haine se focalisa sur mes mains qui devinrent tels les crocs d’un loup féroce sur le coup d’une antilope, imperturbables, serrant de plus en plus la carotide, empêchant l’oxygénation du cerveau, pour ensuite briser les vertèbres cervicales. Ma  rancune envers cette fatalité se trouvait concentrer entre mes mains pour être déchargée sur ce débris d’individu, je continuais à serrer tout en hurlant comme un fou. Une  asthénie remplaça toute cette fougue, et mon cerveau avait repris sa fonction humaine, ma femme avait disparu, elle s’est enfuie. Je me suis mis à courir, tout en criant son nom comme un dément, mais point de femme. Je courrai et criai sans relâches, un ultime cri sortit de mes entrailles, pour s’atténuer,  devenir atone. enfin mon corps démunit de toute force s’effondra au milieu du village.

Lors de mon procès, mon avocat un ancien moudjahid et enfant du village qui s’était proposé pour ma défense, avait plaidé d’une manière originale. Mais moi j’étais absent, j’étais devenu encore plus taciturne qu’à Paris, je n’entendais que quelques bribes de phrases de mon avocat.

-              On dit que les retrouvailles, toujours un vrai bonheur. Cet homme monsieur le président est meilleur qu’Ulysse ce dernier alors que sa femme l’avait attendue, rusant pendant de longues années pour lui rester fidèle, lui se prélassait dans des îles, se donnant à cœur joie avec des filles de rêve. Alors que mon client dans cette capitale appelé, ville des anges et du Diable, n’avait jamais essayé de tromper sa femme, son espoir n’était en fait que la retrouver. Mon client c’est Pénélope et elle Ulysse. Mais les retrouvailles qu’il espérait tant n’ont pas été aussi fortunées. Il n’avait en fait pas voulu tuer cet homme, il s’insurgeait contre son propre sort qui avait fini par briser le seul espoir qu’il couvait jalousement pendant quinze années dans un pays lointain. Mais, sa femme, n’avait cure de l’amour de son conjoint, ni des prochaines retrouvailles avec son mari, ni de la manière d’appréhender sa nouvelle vie ou de voir son mari dans les yeux. Elle substitua l’amour réel par un amour factice venant de la ville, de l’égoïsme. Elle avait pris le premier venu qui s’est implanté devant chez elle, un homme tout à fait différent qui apporta avec lui l’égoïsme de la modernité substituant ainsi l’amour véritable par la perception des plaisirs charnels.

L’avocat avait mis un certain moment pour reprendre le cours de son discours, semblant un peu embarrassé. 

-              Vous avez remarqué,  son excellence, que j’étais un peu en retard  pour plaider. Voulez savoir pourquoi ?

-              Pourquoi pas si ça concerne notre affaire bien sûr.

-              Oui mon président, nous pouvons dire qu’il existe un lien. Monsieur le président, j’étais avec votre femme.

Des chuchotements ont rempli  la salle, le président devenant tout rouge de colère, s’est levé pour en découdre avec ce défenseur, et des policiers ont entouré l’avocat  n’attendaient qu’un ordre du chef pour l’embarquer. Mais ce défenseur sans se départir de sa verve  continua sa plaidoirie.

-              Vous savez très bien monsieur le président que ce que je viens de dire ne peut en aucune manière être réel, mais l’effet de ces paroles a produit sur votre visage un changement radical. Si vous preniez un miroir vous y verriez en face de vous, un autre homme, qui ne vous ressemble nullement et si vous avez une arme, sans nul doute vous m’auriez tué. Que dire alors de cet homme qui revient chez lui pour retrouver sa bien-aimée avec un inconnu, venu d’une ville pour construire une bâtisse imposante en face de sa misérable hutte et lui prendre sa femme, lui prendre ce qu’il avait de plus chère. Il est revenu pour des retrouvailles et il se retrouve  sur le banc des accusés.

Le verdict fut de cinq années de prison ferme.

-              Ma femme comment va-t-elle ? Demandais-je  à mon avocat.

-              Tu demandes de ses nouvelles, après tout ce qu’elle t’avait fait ?

-              Oui ! Je demande après elle, je ne possède rien à part elle et je lui pardonne car je l’aime.

L’avocat avait mis un certain moment pour répondre, puis en me regardant droit dans les yeux, il m’avait annoncé qu’elle avait été retrouvée morte, toute nue dans une montagne. Cette nuit, seule dans ma cellule, j’avais revu tout le film de ma vie en une seule minute. La seule chose que j’avais fait de bien c’était de prendre pour femme Hayet (vie), mais elle n’est plus là à cause de ces maudites retrouvailles. Pourquoi Dieu est-il si injuste envers moi, pourquoi avait-il arrangé ces retrouvailles à ce moment précis, en décrétant cette loi française.  Pour la première fois je m’insurgeais contre mon créateur. Qui avait tout décidé, m’enlevant ainsi le bonheur de retrouver un amour tant désiré, ma seule raison de vivre.  Mais j’avais décidé de la suivre pour la revoir  et ces draps blancs m’aideraient à réaliser mon projet, ils seront l’instrument qui m’expédieraient dans l’ultime trou à la recherche de Hayet. 

Au fossoyeur du village :

Je te lègue mes dix mille francs français, pour que tu détruises ma maison, pour l’achat de mon linceul et surtout pour que tu m’enterres prêt de ma Hayet, sans que tu ne touches à son corps. 

 


 

8.

Révélation

 

Retrouvailles

 

J’ai toute la vie devant moi

Aucun carcan aucune loi

Solitude ma liberté

Pourtant tu es arrivé

Par effraction t’es entré

Je t’ai reçu, adoré

 

Nos fiançailles, des retrouvailles

Je suis si heureuse d’être avec toi

Mais ton poison me ronge

Je ne veux pas, mais je dois te quitter

 

Vingt années déjà. Des tours

Des tours la Lune en a fait

J’ai reconstruit les murailles

Un bunker sans pretintaille.

Mais voilà que tu reviens

Sapeur jamais ne prévient

 

Nos retrouvailles, des retrouvailles

Je suis si heureuse d’être avec toi

Mais ton poison me ronge

Je ne veux pas, mais je dois te quitter

 

Vingt années encore, de l’eau

De l’eau a coulé, bien trop

Une vie solitaire, gâchée ?

J’apprends ton récent décès

Toute ma vie, boire le calice

Une éternelle cicatrice

 

Tes funérailles, nos retrouvailles

Je suis si heureuse d’être avec toi

Mais ton poison me ronge

Je dois, mais je ne peux plus te quitter

 

9.

Révélation

 

Fatiguée, lessivée – ah ! le travail – je m’étais installée à une table en terrasse, devant les ormes qui se dévêtaient de leur habit orangé à l’approche de l’hiver. La journée avait été belle, et la température encore agréable en ce début de soirée ; j’observais calmement le paysage, un thé chaud à la main.

Il venait de s’installer à la table d’à côté, un café devant lui.
Plutôt bel homme, tiré à quatre épingles, mais les traits marqués par la fatigue et le regard légèrement perdu. Attendrissant.
Je décidais d’entamer la conversation, d’autant plus curieuse que son visage me semblait vaguement familier : un client croisé rapidement à la boutique, ou tout simplement un air de ressemblance avec quelqu’un de connu ?

« - Bonsoir ! On sent que l’hiver approche !
-  Ah, Euh … oui ! J’ai pris un café pour me réchauffer un peu.
- Vous êtes du coin ?
- Euh … non. Je suis … j’habites à Nantes désormais.
- Désormais ? Alors, vous êtes originaire du coin ? »
Mais c’est un véritable interrogatoire auquel tu te livres ma fille, réalisai-je soudain.
« - Si l’on veut … j’ai passé mon enfance dans un village du coin … »
Mais lequel grand dadais ? Est-ce de là que je connais ta tête ? nous étions à l’école ou au collège ensemble ? Ah, comme je déteste cette sensation. Et moi je ne te rappelle personne ?
Peut-être une rencontre plus fugace …
« - Par hasard vous ne seriez pas allé à la boutique de Macaron ces derniers jours ? Celle du centre-ville ?
- A la boutique de … ? Ah, oui …. Euh, non. Je suis arrivé cet après-midi. Je n’ai jamais eu l’occasion d’aller dans cette boutique … mais on m’a toujours dit que les Macarons y étaient excellents. »

Excellents ? Un peu, mon neveu. Mais bon, écartée, la piste de la boutique.
Et pourtant ce visage, je ne l'ai pas inventé !
Moi, continuant mon rentre-dedans : «  - Et vous êtes dans le coin pour le boulot ? »
Lui, l’air navré : « - Non. Pour … pour des raisons … familiales … »

Houlà. Sans doute pas pour de bonnes raisons familiales :
« - Un soucis avec vos parents ? Votre femme ? » … mais de quoi me mêles-je ?
Le regard incendiaire qu’il me jeta me fit regretter aussitôt la question.

« - Je … Lydie … ma femme. Elle est morte l’année dernière. Dans un accident de voiture. Elle y était avec mon fils. Jonas. »
Il me lança un regard implorant, avec ce qui ressemblait presque à du reproche, puis se mis à  sangloter …
Bien joué ma fille !
« - Excusez-moi, je … je ne pouvais pas savoir. »
Entre deux sanglots :
« - Je … je sais bien … », avant de repartir de plus belle.

Instinctivement, je lui saisis la main entre les miennes. Je ne sais plus combien de temps nous restâmes ainsi dans cette posture étrange. Lui, sanglotant, moi lui tenant simplement la main, ne sachant plus trop quoi dire.
Puis - et c’est toujours à ces moments-là, lorsque l’on n’y pense plus - le déclic survint : ces yeux, ce nez, je savais à qui ils me faisaient penser. Je ne pus réprimer mon cri de victoire :
« - Jacques ! C’est à Jacques, mon grand-frère, que vous ressemblez. Bon, en bien plus jeune, je vous rassure ! »

Il me regarda, forcément interloqué.
Puis ce fut à mon tour de l’être : il me serra dans ses bras, pleura de plus belle et m’embrassa sur la joue avant de me planter là.
Je restais debout quelques secondes, puis me rassit. Plusieurs minutes je crois.
C’est la petite Carole qui vint alors me chercher pour m’amener à ma chambre, l’esprit encore embrumé par cette rencontre avec cet inconnu et son « au revoir Maman » qu’il m’avait murmuré.

 

 

10.

Révélation

 

Les retrouvailles de Grand pierre soleil et Petite pierre lune

Une petite pierre de lune vint un jour à tomber sur la terre. Elle avait une jolie couleur, aussi a-t-elle rapidement pris place dans la poche d’un enfant qui marchait en scrutant le sol.

La petite pierre de lune n’aimait pas du tout le noir, en fait c’était pour elle un vrai supplice de rester dans cette poche. Heureusement pour elle cela ne fut pas long. En arrivant chez lui, le petit enfant courut la poser sur son étagère à pierres. C’est là que Petite pierre lune fit la connaissance de Grand pierre soleil, ils sympathisèrent directement car ils avaient tant de choses à se dire, Petite pierre lune lui raconta la lune, et Grand pierre soleil lui conta le soleil, c’était magique, c’est comme s’ils se retrouvaient telles de vielles connaissances qui sont restées trop longtemps sans se voir.

Ainsi installés, côte à côte, ils bavardaient et se faisaient des câlins … des câlins ? Comment est-ce possible direz-vous ?

Le jour Grand pierre soleil utilisait les rayons du soleil qui se posaient sur lui pour les refléter telle une caresse sur Petite pierre lune. Et le soir, Petite pierre lune utilisait les rayons de la lune pour les refléter sur Grand pierre soleil. Que de tendresse, que de rires, que de joies. Ils devinrent rapidement le couple mythique le plus apprécié de la galerie car ensemble ils rayonnaient sur toutes les autres pierres.

Une belle énergie se dégageait de cette étagère, et tout qui passait près d’eux bénéficiait également de ces bienfaits.

Le petit enfant grandit, mais toujours il garda cet amour des pierres, toujours il garda le couple Grand pierre soleil et Petite pierre lune.  Il paraît que le rayonnement bienfaisant de leur couple ne cesse de croître encore aujourd’hui : si vous passez par là vous le sentirez facilement, il vous suffira de suivre ce fluide qui vous attirera ! On dit aussi que ce fluide peut vous mener à une rencontre exceptionnelle, mais ça c’est une autre histoire … à raconter plus tard.


 

 

11.

Révélation

 

Le cadeau de grand père

Le coup de téléphone annonçait la mort prévisible du grand père,  il savait qu'il était malade et s'attendait un peu à  ce coup de fil mais pas maintenant...il avait tellement  à faire, pas vraiment le moment d'un enterrement, il regretta son égoïste pensée,  son grand père pouvait lire en lui quand il était enfant, il disait qu'il pouvait tout voir , du  coup , le petit garçon  qu'il était pensait à autre  chose quand il avait fait une bêtise. .. il sourit, faute  de  parents , il avait eu le meilleur grand père au monde; son grand père gardait toujours le sourire et avait cette rare bienveillance envers les autres...

Du coup il repensa à ses propres changements en accéléré ;  depuis ce temps, il avait bien changé, assez bizarre de parcourir le monde de celui d’avant,  est ce bien lui qui avait fait celui d’aujourd’hui ?;  ils semblaient si éloignés l'un de l'autre ; celui d’avant devait être enterré quelque part en lui mais au fond c’est lui même qui l’avait fait,  qui d'autre sinon, tellement facile de rejeter celà sur les autres, le monde, la vie …aucune envie d’y penser d'ailleurs , ni de visiter sa tombe, il repoussa l’idée de revoir des photos ; sa boite des souvenirs était un peu comme celle de pandore, quelle idée de l’ouvrir…


Il pensa un instant au fait que ce qui fait toute cette amertume en lui , venait peut être du corps de l’autre qui se décomposait à l’intérieur ;  ses rêves, ses envies , ses projections ratées devaient être cette décharge dont il portait la putrefaction et qui donnait cette lourdeur de vivre, ce mauvais goût  des choses ...ou peut être (une idée soudaine lui traversa l’esprit de façon très innatendu, il n’avait jamais pensé à ça) que l’autre était enchainée, qu’il voulait juste être libéré, pourquoi donc d'ailleurs étaient ils en si mauvais termes; les mauvais choix, l'abandon de ses rêves , n'être pas allé jusqu'aubout des choses, la facilité de ce qui se presente et surtout la peur de demain...la peur de trop perdre , ne pas savoir et surtout pouvoir...devait il  le revoir, lui parler...; peut être que son indifférence  était la source de ce malheur incompréhensible qui lui collait comme une seconde peau depuis si longtemps et auquel, il s'etait habitué... 
Il n’avait vraiment aucune envie de le revoir mais il se dit qu’il devait le laisser parler ; il hésita tout en comprenant que la présence de l’autre ne se justifiait que par la peur de lui faire face ; papy est mort chuchota sa conscience et tu ne penses qu'à toi...; il ressentit la présence du vieil homme,  il devait être là avec lui et c'est lui qui le rappelait à lui même ,à sa vie...


Après l'enterrement, il se dirigea vers ce qui fut sa maison d'enfance; rien n'avait vraiment changé, si ce n'est la taille des choses, tout lui paru plus petit; enfant ,on croit que tout est si grand et malgré qu'il visitait souvent son grand pere, le détail ne l'avait jamais frappé, peut etre le silence de la maison, le crissement du bois , l'écho du vent d'automne, l'absence du grand pere, rendait tout si different, l'absence rend tellement tout different...

L'odeur du cigare de grand père était là aussi;

elle habitait les murs, il pensa encore qu'il ne devait pas être bien loin...; il monta jusqu' à sa chambre , tout l'attendait comme avant...face à la fenêtre sa vieille chaise; il était assis  là face à la fenêtre comme il se plaisait à le faire avant, les pieds croisés sur le rebord,  comme grand père détestait ...


- Qu'est ce que tu viens faire ici?  
Sans attendre une réponse,  il repoussa  la chaise contre le mur et s'installa sous le bureau comme il faisait avant, quand il ne voulait parler à personne, 
-casses toi, tu n'as plus rien à faire ici; vas t'en , je ne veux plus te voir, 
-grand père disait que je devais te parler, il...
-arrêtes avec ça,  tu vas encore te mentir, encore te justifier...grand père savait ce que tu m'as fais ,
- tu veux bien sortir pour qu'on parle...
-non, je refuse de parler à un lâche comme toi, tu t'es sauvé sans moi...
-c'est faux, 
-tu as essayé  de me tuer mais je suis encore là...
-c'est faux aussi...
-c'est vrai , tu es un menteur et grand père savait ce que tu me faisais subir ;  tu l'as rendu malheureux; moi, je suis resté, je t'ai attendu toutes ces années mais quand tu venais , tu ne me regardais même pas même quand grand père parlait de moi, tu m'ignorais comme si je n'ai jamais existé; tu ne me voyais pas n'est ce pas? j'étais devenu invisible...

Et le jeune garçon se mit à pleurer et crier ...il cria tout: sa colère englobant la  violence de ses mots dans un chapelet de ce que l'homme en face  refusait d'entendre depuis tant d'années, il fit un pas pour le faire taire mais les mots du garçon le transperçaient de leur sens, ils agissaient comme un bouclier contre lui , il ne pouvait avancer, il restait la à l'écouter; il entendait  son coeur qui s'accelerait, le battement du sang dans ses tempes et la  voix du garçon qui ne voulait plus s'arrêter ....

Le claquement de la vitre le reveilla,  déjà 10 heures, celà faisait des années qu'il n'avait pas connu cette heure de réveil;   il n'avait aucune intention de  dormir ici mais de prendre le train...; il se souvena  du garçon et de ses mots, un mauvais rêve peut être; encore l'odeur du tabac...grand père ... ; 

En ramassant sa veste, il remarqua la boite en dessous, celle où il mettait tous ses secrets quand il était jeune, son  carnet de vie était là aussi; il avait une histoire ce carnet... Chaque soir avant de dormir, il inscrivait un rêve ou une envie, un voeu...quelque chose qu'il voulait faire quand il serait grand ; grand père : disait rien n'est impossible et ce n'est pas important de tout avoir mais l'important est d'essayer, de ne pas abandonner et de remplacer les rêves qu'on ne peut réaliser par d'autres, la machine des rêves  comme il disait , on pouvait en fabriquer autant qu'on voulait ;la vie est un long chemin imprévisible,  un long apprentissage pour être heureux ; 

Tu vois là , disait il en pointant son doigt sur la dernière page ; après celle-ci , sois heureux , toujours , quelque soit ce que tu fais ou ce que tu deviens, n'ai jamais de regrets, avance à ton  rythme et à ce que t'offre la vie; tu vas tomber ,pas une ou deux fois mais autant que la vie te fera tomber, tu  toucheras le fond parfois mais tout à un sens; tu sera plus fort, plus sensible aussi aux chutes des autres et tu te construira de tes échecs ,de tes malheurs, aucune bâtisse n'est parfaite et aucune ne se fait sans des erreurs d'architecture; même un mur incliné peut durer des siècles disait il en souriant. ..

Il ramassa son carnet de vie ,souris à la petite main qu'il apercevait sous le bureau.

Merci grand père. ..

 

 

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Invité Invités 0 message
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Bravo aux participants. Pas facile de choisir. 

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Invité Spontzy
Invités, Posté(e)
Invité Spontzy
Invité Spontzy Invités 0 message
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Bravo à tous. 

A voté. 

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Membre, Qui est là ?, 34ans Posté(e)
tic-tac Membre 4 597 messages
34ans‚ Qui est là ?,
Posté(e)

A voté.

Que c'était difficile de choisir !

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Invités, Posté(e)
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Invité Invités 0 message
Posté(e)

Up! 

Ce serait dommage pour les participants qu’il y ai peu de votes! :) 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 15 heures, Gaïa a dit :

Up! 

Ce serait dommage pour les participants qu’il y ai peu de votes! :) 

Il aurait fallu ajouter une contrainte : six lignes maxi par texte !

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 31ans Posté(e)
Jedino Membre 47 968 messages
31ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Il y a 18 heures, Blaquière a dit :

Il aurait fallu ajouter une contrainte : six lignes maxi par texte !

Et mettre des images pour illustrer.

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Invités, Posté(e)
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Invité Invités 0 message
Posté(e)

Itou

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Membre, 41ans Posté(e)
Erneste Membre 980 messages
Forumeur activiste‚ 41ans‚
Posté(e)

Up ! :)

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Membre, 55ans Posté(e)
Oncle_Julien Membre 322 messages
Forumeur activiste‚ 55ans‚
Posté(e)

:8):

 

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire les nominés. 

Merci pour ces grands moments...

:8):

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