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Naissance du concept d’existence

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satinvelours

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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La nausée paraît en 1938 et c’est un succès immédiat du point de vue des ventes, et surtout de la critique qui n’hésite pas à propulser Sartre parmi les grands écrivains.

Deuxième texte très important, le Manifeste : « L’existentialisme est un humanisme ». Six ans séparent la Nausée de la célèbre conférence prononcée le 29 octobre 1945, et publiée en 1946.
Sartre fait cette conférence pour mettre les choses au point et montrer ce qu’il a voulu dire au travers de ce roman qu’est la Nausée.

En 1946 il publie Morts sans sépulture – La Putain respectueuse et deux textes philosophiques notoires : Réflexion sur la question juive – Matérialisme et Révolution. 

Entre ces deux dates 38 et 46, il publie en 43 l’énorme texte : LEtre et le Néant où se trouve le Sartre grand philosophe.

C’est la conférence le Manifeste qui propulse Sartre comme chef de file d’une nouvelle pensée : L’Existentialisme. (Cf Simone de Beauvoir La force des choses). 
C’est un immense succès qui impose l’étiquette, maintenant assumée par Sartre : l’existentialisme.
On s’est beaucoup interrogé sur ce succès immédiat. On peut avancer deux raison à ce succès :

– Raisons historico philosophiques 

Fin de la guerre, où l’on observe l’effondrement des grands courants de pensées traditionnels en philosophie et particulièrement cet immense courant qu’est l’idéalisme  (Hegel).
Les événements dans le monde font que l’on ne peut plus adhérer aux valeurs prônées par l’idéalisme. On n’a plus la même confiance en l’homme, en sa raison, en la vérité. Tout s’effondre.
S’effondre également l’héritage des lumières et notamment la raison. Et il n’y a pas d’idéalisme pensable sans le rôle hégémonique que l’on confère à la raison.

L’existentialisme va jouer comme troisième voie où l’on tire les leçons de ce qui vient de se passer et où l’on essaye de prendre l’homme tel qu’il est et non tel qu’il devrait être. L’existentialisme présente d’une façon très claire, très limpide une nouvelle façon de penser : l’homme dans son rapport au monde, aux autres, à l’Histoire.

C’est une philosophie concrète qui s’intéresse à l’homme dans son quotidien. C’est une philosophie qui prend à bras le corps toutes les vicissitudes de la réalité humaine avec ses grandeurs, mais aussi ses bassesses que l'on ne se contente pas de condamner d’un point de vue moral, comme l’ont fait si souvent les philosophes, car aux yeux de Sartre cela ne sert à rien. Il faut prendre l’homme tel qu’il est.

Avec ce souci d’être en prises avec la réalité humaine, le réalisme sartrien est un des ressorts qui lui assure une efficacité, une écoute.
 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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– Raisons sociologiques propres à l’époque 

Ce n’est pas seulement un nouveau mode de penser mais aussi une façon de vivre.

 Et Sartre va vraiment enthousiasmer la jeunesse. Être existentialiste c’est afficher dans ses goûts, dans son mode de vie, une façon de réinventer la vie. La jeunesse brisée par la guerre va suivre : glorieuses années de Saint-Germain et découverte du Jazz.

La volonté aussi féroce de briser la conscience du temps social, à ce temps bergsonien qu’est la durée s’ajoute, et en même temps vient contrarier un temps social [comme 68 sera un éclatement où l’on a retrouvé cette belle énergie qui s’était déjà éteinte et qu’on redécouvre].

Intérioriser le temps social c’est pour Sartre déjà s’avouer bourgeois. C’est reconnaître la société avec ses normes, ses valeurs, ses intérêts, ses objectifs, sa finalité. C’est avouer l’emprise du social sur soi. 

Cela on n’en veut plus. Si on est libre on doit pouvoir manifester sa liberté jusque dans ses modes de résistance.

Donc il n’y a plus d’heures de repas, on traîne dans les cafés, on passe la nuit à boire écouter des musiques, à peindre. La scansion du temps social et tous ses repères qui fabriquent la vie sociale sont contestés. L’existentialisme c’est la philosophie qui n’est plus coupée de la vie, c’est un creuset ou s’invente des modes de vie, c’est une forme de révolution permanente [une idée trotskiste qui essaie de se répéter en 68].

Dans La critique de la raison dialectique Tome I et dans ce texte appelé " Questions de méthode ", Sartre écrit : « Nous refusâmes l’idéalisme officiel au nom du tragique de la vie, au sens nietzschéen, c’est au concret absolument que nous voulions arriver » [tragique, au sens nietzschéen  : je sais que je suis ce danseur sur une corde tendue qui vient du néant et qui y retournera,  et justement je danse. Je ne m’étourdis pas en essayant d’oublier ce néant,  je l’assume et c’est précisément parce que j’essaie de l’assumer que cela libère des forces vives et peut-être une exaltation de la vie].

C’est dans la vie, à la vie, par la vie que la philosophie doit conduire.

Rajeunir, dépoussiérer la philosophie mais aussi les sciences humaines et l’université : voilà le projet existentialiste (page 27 du Magazine littéraire : L’offensive existentialiste).

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Membre, SaXo, 103ans Posté(e)
saxopap Membre 7 391 messages
103ans‚ SaXo,
Posté(e)
Le 04/07/2019 à 13:30, satinvelours a dit :

– Raisons sociologiques propres à l’époque 

Ce n’est pas seulement un nouveau mode de penser mais aussi une façon de vivre.

 Et Sartre va vraiment enthousiasmer la jeunesse. Être existentialiste c’est afficher dans ses goûts, dans son mode de vie, une façon de réinventer la vie. La jeunesse brisée par la guerre va suivre : glorieuses années de Saint-Germain et découverte du Jazz.

La volonté aussi féroce de briser la conscience du temps social, à ce temps bergsonien qu’est la durée s’ajoute, et en même temps vient contrarier un temps social [comme 68 sera un éclatement où l’on a retrouvé cette belle énergie qui s’était déjà éteinte et qu’on redécouvre].

Intérioriser le temps social c’est pour Sartre déjà s’avouer bourgeois. C’est reconnaître la société avec ses normes, ses valeurs, ses intérêts, ses objectifs, sa finalité. C’est avouer l’emprise du social sur soi. 

Cela on n’en veut plus. Si on est libre on doit pouvoir manifester sa liberté jusque dans ses modes de résistance.

Donc il n’y a plus d’heures de repas, on traîne dans les cafés, on passe la nuit à boire écouter des musiques, à peindre. La scansion du temps social et tous ses repères qui fabriquent la vie sociale sont contestés. L’existentialisme c’est la philosophie qui n’est plus coupée de la vie, c’est un creuset ou s’invente des modes de vie, c’est une forme de révolution permanente [une idée trotskiste qui essaie de se répéter en 68].

Dans La critique de la raison dialectique Tome I et dans ce texte appelé " Questions de méthode ", Sartre écrit : « Nous refusâmes l’idéalisme officiel au nom du tragique de la vie, au sens nietzschéen, c’est au concret absolument que nous voulions arriver » [tragique, au sens nietzschéen  : je sais que je suis ce danseur sur une corde tendue qui vient du néant et qui y retournera,  et justement je danse. Je ne m’étourdis pas en essayant d’oublier ce néant,  je l’assume et c’est précisément parce que j’essaie de l’assumer que cela libère des forces vives et peut-être une exaltation de la vie].

C’est dans la vie, à la vie, par la vie que la philosophie doit conduire.

Rajeunir, dépoussiérer la philosophie mais aussi les sciences humaines et l’université : voilà le projet existentialiste (page 27 du Magazine littéraire : L’offensive existentialiste).

Liker ne signifie pas que j’adhère aux idées cher satin. Il s’agit d’un hommage et d’un remerciement à l’instruction que tu as la gentillesse de nous donner.

Merci encore 

j’ai bien peur qu’a La suite de ces mots, notre très cher Jean-Paul Sartre soit passé à côté de notre belle et fragile démocratie, à ce point « plébéienne » qu’elle a peut être favorisé le sentiment d’appartenance à des sous groupes ou castes, au détriment d’une identité plus large et plus abstraite. Il émerge alors des idées communautaires fondées sur les principes même que notre démocratie voulait combattre 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Oui...

En tous cas, ce que je retiens de Sartre, c'est que l'existence précède l'essence, en tous cas pour l'homme...

Et celà revolutionne le rapport à la vie, puisque ce que l'on EST fondamentalement résulte non d'aptitudes ou d'un destin prédéterminé mais de nos propres choix, de ce que l'on fait...

Si je suis celui que je suis, c'est que je le suis devenu, que j'ai existé, que je suis dans une dynamique...

A partir de là, on peut systematiser le sujet subjectif comme étant la seule réalité qui vaille pour soi même.

Mais autant Sartre avance le libre arbitre et le choix, autant il relativise l'absolu par le subjectif, autant celà pousse a la responsabilisation.

Et Sartre n'est pas davantage ce que nous pensons qu'il esr que ce qu'il était vraiment pour lui et que nous tentons de penser au travers ses écrits.

Probable qu'au travers de l'existentialisme, sa compréhension soit également flexible et dynamique.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Sartre avait commencé à poursuivre ce but avant même de devenir le chantre de l’existentialisme.

À ce sujet, avant cette fameuse conférence, Sartre a déjà publié des textes philosophiques :


– La transcendance de l’ego 1936
– Esquisse d’une théorie des émotions 1939
– L’imagination 1940
– L’Etre et le Néant 1943

Ces textes là réalisaient implicitement  cette visée en désubstantialisant la conscience. Tous ces textes portent l’empreinte de la phénoménologie que Sartre découvre à Berlin. Il lit Husserl, Heidegger qui vont le convaincre de l’importance de cette nouvelle philosophie. L’existentialisme doit beaucoup à la phénoménologie.

Pourquoi la phénoménologie est-elle une philosophie importante ?

 

Parce qu’elle rompt avec l’idéalisme, montre que la conscience n’est pas une chose, n’est pas une substance au sens aristotélicien, que conséquemment on ne peut pas en faire un objet que l’on peut totaliser, que l’on va pouvoir analyser et donc connaître, mais qu’au contraire la conscience est un mouvement [ intentionnalité], un mouvement vers, c’est-à-dire une façon de se rapporter aux choses qui jamais ne s’épuise.

Transcendance de la conscience, et donc soyons cohérents  dit Sartre, si la conscience est intentionnellement transcendante, forcément elle nous confère une liberté qui est irréductible.  En finir donc avec l’idéalisme.

Sartre a entrepris ce cheminement. Et à partir de là, on comprend déjà les grandes notions propres à l’existentialisme sartrien.

Quels sont les grands thèmes sartriens qui vont faire l’armature de ce que l’on appelle l’existentialisme sartrien, existentialisme tel que Sartre et ses amis le concevront ?

Il y en a fondamentalement quatre autour desquels vont graviter ensuite des petits satellites.

– la contingence
– la facticité
– la transcendance
– la liberté

Ces grands concepts philosophiques vont à chaque fois, pour chacun d’entre eux, avoir leur doublure sur un autre plan.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Ce que j'ai retenu de la "transcendance de l'ego", c'est que si habituellement la notion de transcendance, c'est "venir d'en haut", avec souvent un résonance religieuse (et l'on devine toute la dérive religieuse par rapport à l'âme qui n'est pas immanente à l'individu), pour Sartre dans le cas de la transcendance de l'ego", du sujet, donc, il se contente de signifier qu'il "vient d'ailleurs".

Le problème est alors "vient d'ailleurs par rapport à quoi" ? Je ne vois que par rapport au... "moi". Qui serait une construction, sans doute imaginaire, mais à la limite objectivable, dénombrable, cumulative. Presque une substance, ce que l'égo de nature dynamique n'est pas...

Plus que transcendant en tant que "divin", je penserait plutôt à un "je"... premièrement animal !... Sur lequel viendrait se greffer notre humanité...

Tout cela élude le problème de l'origine (de la source) de l'esprit qui en est comme résolue, en renvoyant sa possibilité première d’existence sur le vivant même...

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Il y a 4 heures, Blaquière a dit :

Ce que j'ai retenu de la "transcendance de l'ego", c'est que si habituellement la notion de transcendance, c'est "venir d'en haut", avec souvent un résonance religieuse (et l'on devine toute la dérive religieuse par rapport à l'âme qui n'est pas immanente à l'individu), pour Sartre dans le cas de la transcendance de l'ego", du sujet, donc, il se contente de signifier qu'il "vient d'ailleurs".

Le problème est alors "vient d'ailleurs par rapport à quoi" ? Je ne vois que par rapport au... "moi". Qui serait une construction, sans doute imaginaire, mais à la limite objectivable, dénombrable, cumulative. Presque une substance, ce que l'égo de nature dynamique n'est pas...

Plus que transcendant en tant que "divin", je penserait plutôt à un "je"... premièrement animal !... Sur lequel viendrait se greffer notre humanité...

Tout cela élude le problème de l'origine (de la source) de l'esprit qui en est comme résolue, en renvoyant sa possibilité première d’existence sur le vivant même...

La transe en danse de lego en image

 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

– La contingence

 Elle a pour « doublure négative » ce sentiment existentiel qui sera la Nausée. 
La Nausée est une émotion métaphysique et existentielle.
La contingence, cette découverte que nous ne sommes pas nécessaires et que nous aurions pu très bien ne pas exister, que nous sommes gratuits et que tout est gratuit dans le monde, me donne ce vertige existentiel et métaphysique, puisque je découvre que je n’ai pas de fondement, que mon existence ne saurait être fondée sur rien.

Ce vertige, Sartre le qualifiera de Nausée. Cette Nausée, qui est sentiment, a pour corrélat l’action. Ce sentiment existentiel que nous éprouvons dans notre chair, dans notre esprit, dans notre conscience a pour corrélat la nécessité de nous faire agir pour nous donner l’illusion d’exister, c’est-à-dire de nous justifier à être.

 Il faut que j’aie une justification : si j’existe c’est pour telle chose. L’action par définition doit se justifier. 

En tant qu’être rationnel et raisonnable je choisis d’agir, et si j’agis c’est dans tel but. L’action induit la notion de finalité chez l’être humain. Quand j’agis en tant qu’être rationnel et raisonnable je sais en vue de quoi j’agis.
La notion d’action pose automatiquement la notion de fin.

Il faut bien que nous nous nous donnions illusion d’exister puisque notre existence est un fait, mais nous ne pouvons la déduire de rien, nous ne pouvons la fonder sur rien et nous ne pouvons surtout pas la justifier.

La seule façon que nous aurons d’essayer de la fonder et de la justifier, c’est l’action, c’est-à-dire l’action politique, l’engagement, mais tout autre type d’action étant entendu que tout ce que je fais vingt quatre heures sur vingt quatre c’est agir.
Cela peut être par exemple engagement amoureux qui est une forme d’action.  


Aimer pour Sartre, c’est chercher une légitimité, une justification dans ma propre existence. Puisque moi je ne peux pas me donner tout seul, étant un être radicalement contingent, une justification, j’attends de l’autre, du désir de l’autre, qu’il me fonde et me justifie. Chez Sartre l’amour est toujours un drame ontologique.

Dans tous ses romans et pièces de théâtre la relation amoureuse est un échec parce que c’est ce drame là dont il est systématiquement question, c’est le soubassement philosophique.
 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Il y a 22 heures, satinvelours a dit :

 

Cela peut être par exemple engagement amoureux qui est une forme d’action.  

Aimer pour Sartre, c’est chercher une légitimité, une justification dans ma propre existence. Puisque moi je ne peux pas me donner tout seul, étant un être radicalement contingent, une justification, j’attends de l’autre, du désir de l’autre, qu’il me fonde et me justifie. Chez Sartre l’amour est toujours un drame ontologique.

 

Pas mieux !

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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il y a une heure, Blaquière a dit :

Pas mieux !

Tu restes pourtant libre d'exister en dehors de Sartre.

Si l'enfer c'est les autres rien ne garantit que Sartre soit le paradis

L'enfer, c'est Sartre

 

  • Merci 1
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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Vous avez dit vidéo ? Vidéo !

Bizarre : J'étais en train d'écouter ça. Sartre est un peu énervant par sa façon de parler très docte... très sûr de lui, mais ce qu'il dit... la vache !!! Il est pas à côté de la plaque !

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Je me demande si le noyau dur de la pensée de Sartre ce n'est pas que nous sommes libres, que nous naissons libres (comme Rousseau), en théorie, en principe, mais que la société (dont notre environnement familial) dans lesquels nous vivons et nous mêmes, ne travaillons, n’œuvrons  qu'à ne plus l'être...

Notre  propre libération en devient une lute une quête permanente de tous les instants...

Suivant cette idée, l'amour lui-même dont l'on ne pense jamais que du bien (imaginons le schtoumpf grognon déclarant "j'aime pas l'Amour !") suivant ce qui a été dit plus haut, ne serait-il pas aussi un bon moyen pour s'enfermer dans une image de soi qu'on tient à trouver dans l'autre ?

Et (le comble!) que l'on ressent comme libératrice ?

En annexe : Quand on trouve que la liberté soulage, c'est que ce n'est pas la liberté, alors ?

Autre annexe : Le Sartre que j'ai écouté au dessus aurait été un bon avocat des...  Gilets Jaunes !

Modifié par Blaquière
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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Personnellement je vois Sartre comme l'émanation de cette idée que l'existence n'a ni explication ni raison.

Elle est contingente et factice.

D'où cette nausée face à cette non règle du jeu dans l'absurde.

Du coup, la liberté consiste à inventer ses raisons, ses croyances, son existence humaine qui donne sens.

Et celà ne se résume pas à l'enfer de l'autre et donc à n'exister qu'au travers du regard de l'autre qui te renvoie l'image de toi...vu par lui.

Car alors, un nouveau piège te pousse à faire et surtout à te réduire à ce seul regard, devenir ce comment exister pour l'autre.

Et là encore, tu te rends compte de l'effet miroir.

Tout ce qui t'arrive n'est donc QUE le reflet filtrant de ce que tu donnes et correspond à une facette qui te renvoie... à toi même.

Beaucoup de gens se renferment sans se rendre compte d'être les acteurs de leur isolement

L' existence précède l'essence 

Et de cette confrontation aux autres, sous le masque, c'est seulement... toi.

De la nausée de l'absurdité du monde à la nausée de l'absurde que tu deviens si tu n'y prends garde

La liberté, c'est définir les valeurs que tu sers et te contraignent

C'est installer ta prison dorée.

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Membre, 54ans Posté(e)
minouchette Membre 20 messages
Baby Forumeur‚ 54ans‚
Posté(e)
Le ‎19‎/‎02‎/‎2018 à 12:04, satinvelours a dit :

Je n’existe que pour autant que j’ai conscience d’exister. Cela exige donc, littéralement, que je me fasse exister. L’existence est le produit de l’activité de ma conscience qui est toujours en action, sauf sommeil, coma… Autrement dit c’est cela qui génère notre propre existence. Il y a tout un long monologue de Roquentin qui dit penser, ne plus penser, arrêter de penser, faire tous ces efforts pour arrêter de penser, je n’y parviens pas car vouloir cesser de penser c’est penser encore. Ce mouvement est incessant c’est pour cela que j’existe, et en même temps parce que cette existence est d’abord la saisie d’un mouvement interne qu’on appelle la transcendance de la conscience, j’en ai une espèce de vertige. 

Je suis, mais je ne peux jamais déduire mon existence. La nausée est le vertige devant l’existence. Je ne puis justifier ma propre existence, je n’en suis pas l’auteur. Cette existence m’apparaît comme quelque chose qui va de soi, et cette existence m’apparaît comme un abîme.

Tout le roman de la Nausée pourrait se résumer de la façon suivante : la nausée n’est pas autre chose, par les yeux de Roquentin, que l’histoire, le récit, la découverte de l’existence. Dans la Nausée il y a le récit extrêmement précis de ce dévoilement par une conscience qu’est l’existence, en précisant que justement ce dévoilement de l’existence va produire ce sentiment métaphysique, ontologique qui portera le nom de nausée.

 

oui je suis d'accord la nausée enfin cet episode  montre juste la prise de conscience  de l'homme face a sa vie comme l'arbre mistérieuse   "le hazard d'un petit spermatozeoide   invisible a l'œil nu et  la majesté du meme arbre déployant vers le ciel sa majesté  l'ephémére de la vie   mais aussi son eternel retour" meurt et repousse arbre ou homme " oui sarte decrit cela dans la nausée entre autre 

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, minouchette a dit :

juste la prise de conscience  de l'homme face a sa vie

de quoi prend-on conscience lorsqu'on se trouve face à sa propre vie, selon vous ?

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

– La facticité 

Elle fait de nous des héritiers.

Nous sommes nécessairement en situation. Cela veut dire que nous naissons ici et pas là-bas, dans tel pays non pas dans tel autre, à tel moment de l’histoire que je ne choisis pas. Nous sommes des héritiers, d’une certaine façon prisonniers d’une situation, d’un contexte, dans lequel nécessairement nous devons vivre.

 Et néanmoins cette facticité qui nous fait comprendre que nous sommes des héritiers, des êtres en situation qui héritons d’une situation historique est par définition ce qui va nous commander de poser notre liberté.

C’est-à-dire que le corrélat de la facticité, contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est la sommation philosophique qui nous est faite pour que nous nous découvrions des êtres libres et que nous posions notre liberté et que, au travers de notre existence, nous nous accomplissions et nous accomplissions comme êtres libres.

Être  en situation doit nous conduire à choisir et doit nous conduire à la liberté.

– La transcendance 

Sur le plan de la connaissance l’envers c’est l’opacité de la conscience.
La conscience est conscience de quelque chose comme le dit Husserl, elle ne se laisse jamais saisir, jamais définir. Elle est mouvement qui pose un objet et qui ne peut se ressaisir que dans ce mouvement positionnel de l’objet ce qui lui permet de se ressaisir comme conscience réflexive.

On ne peut pas faire de la conscience un objet en tant que tel. On ne peut pas la saisir, elle est transcendante, elle est opaque, elle est obscure à elle-même. Sur le plan de la connaissance arrêtons de promouvoir [idéalisme] une conscience claire  [cogito cartésien] cela n’est pas possible. Quand j’essaye de me penser [conscience réflexive] c’est le « je » qui pense le « moi ». Mais le « je » n’est pas le « moi ». Le « je » est sujet, le « moi » est ce qui du sujet se sépare du sujet pour devenir objet, et là on est dans la scission.

– La liberté

Si la conscience ne peut pas se connaître parce qu’elle n’est pas un objet, elle se découpe sur la liberté. Mais ce dernier concept a, comme les autres, un corrélat.

 Être libre c’est aussi ce qui nous commande d’être responsable. Si je suis libre alors je suis responsable. Je suis responsable, non seulement de moi, mais au travers de moi je suis responsable de tous les autres. Chacun de mes actes n’engage pas que moi en tant qu’individu, mais au travers de moi engage l’humanité tout entière [on reconnaît là une empreinte kantienne] si nous voulons nous revendiquer comme des sujets de droit pour devenir des personnes.

 Nous sommes protégés  par le droit, nous avons une dignité, nous avons une valeur absolue, nous ne pouvons pas être moyens.

 L’envers est que ce sujet de droit qui est forcément un sujet universel fait que, alors, je suis aussi tout le temps responsable de tous. Ce sujet de droit universel qui fait que je puis me revendiquer comme sujet libre, fait de moi un sujet responsable non seulement pour moi, mais pour l’humanité puisqu’au travers de chacun de mes engagements, c’est L’humanité tout entière que j’engage.

Avant de m’engager je dois me poser la question. La responsabilité est totale, et c’est parce qu’elle est totale que je puis, une fois que j’ai bien choisi, vivre au bout, à fond, sans remords, sans culpabilité.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 070 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Il y a 20 heures, satinvelours a dit :

– La facticité 

Elle fait de nous des héritiers.

Nous sommes nécessairement en situation. Cela veut dire que nous naissons ici et pas là-bas, dans tel pays non pas dans tel autre, à tel moment de l’histoire que je ne choisis pas. Nous sommes des héritiers, d’une certaine façon prisonniers d’une situation, d’un contexte, dans lequel nécessairement nous devons vivre.

 Et néanmoins cette facticité qui nous fait comprendre que nous sommes des héritiers, des êtres en situation qui héritons d’une situation historique est par définition ce qui va nous commander de poser notre liberté.

C’est-à-dire que le corrélat de la facticité, contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est la sommation philosophique qui nous est faite pour que nous nous découvrions des êtres libres et que nous posions notre liberté et que, au travers de notre existence, nous nous accomplissions et nous accomplissions comme êtres libres.

Être  en situation doit nous conduire à choisir et doit nous conduire à la liberté.

– La transcendance 

Sur le plan de la connaissance l’envers c’est l’opacité de la conscience.
La conscience est conscience de quelque chose comme le dit Husserl, elle ne se laisse jamais saisir, jamais définir. Elle est mouvement qui pose un objet et qui ne peut se ressaisir que dans ce mouvement positionnel de l’objet ce qui lui permet de se ressaisir comme conscience réflexive.

On ne peut pas faire de la conscience un objet en tant que tel. On ne peut pas la saisir, elle est transcendante, elle est opaque, elle est obscure à elle-même. Sur le plan de la connaissance arrêtons de promouvoir [idéalisme] une conscience claire  [cogito cartésien] cela n’est pas possible. Quand j’essaye de me penser [conscience réflexive] c’est le « je » qui pense le « moi ». Mais le « je » n’est pas le « moi ». Le « je » est sujet, le « moi » est ce qui du sujet se sépare du sujet pour devenir objet, et là on est dans la scission.

– La liberté

Si la conscience ne peut pas se connaître parce qu’elle n’est pas un objet, elle se découpe sur la liberté. Mais ce dernier concept a, comme les autres, un corrélat.

 Être libre c’est aussi ce qui nous commande d’être responsable. Si je suis libre alors je suis responsable. Je suis responsable, non seulement de moi, mais au travers de moi je suis responsable de tous les autres. Chacun de mes actes n’engage pas que moi en tant qu’individu, mais au travers de moi engage l’humanité tout entière [on reconnaît là une empreinte kantienne] si nous voulons nous revendiquer comme des sujets de droit pour devenir des personnes.

 Nous sommes protégés  par le droit, nous avons une dignité, nous avons une valeur absolue, nous ne pouvons pas être moyens.

 L’envers est que ce sujet de droit qui est forcément un sujet universel fait que, alors, je suis aussi tout le temps responsable de tous. Ce sujet de droit universel qui fait que je puis me revendiquer comme sujet libre, fait de moi un sujet responsable non seulement pour moi, mais pour l’humanité puisqu’au travers de chacun de mes engagements, c’est L’humanité tout entière que j’engage.

Avant de m’engager je dois me poser la question. La responsabilité est totale, et c’est parce qu’elle est totale que je puis, une fois que j’ai bien choisi, vivre au bout, à fond, sans remords, sans culpabilité.

Intéressante réflexion sur la nature de la conscience.

La définition de conscience suppose une réflexivité sur soi, une pensée presque extérieure sur ce que nous sommes.

La boucle...est bouclée...nous sommes précisément dans une résolution de boucle auto référentielle dont les mathématiques classiques nous ont démontré le caractère insoluble.

Ce qui deboucle la boucle, c'est le rejet de la logique du tiers exclu, et je ne serai pas étonné qu'entre le fonctionnement cérébral et quantique, on ne découvre des liens encore insoupçonnés

Toujours est il que le caractère "transcendant" est un jeu de l'esprit qui présuppose de ne pas interroger l'origine de cette transcendance 

On gagne toujours à compléter un éclairage par d'autres phares.

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Membre, 54ans Posté(e)
minouchette Membre 20 messages
Baby Forumeur‚ 54ans‚
Posté(e)
Le ‎18‎/‎07‎/‎2019 à 12:09, g.champion a dit :

de quoi prend-on conscience lorsqu'on se trouve face à sa propre vie, selon vous ?

on est emerveillé  de la vie  on trouve  cette vie magnifique et horrible aussi car on meurt comme on vit sans connaitre ni d'où on viens ni ou l'on va   heureusement l'homme a crée dieu et le monde eternel  pour nous donner un espoir de renouveau  et la nature  est faite de mort et de naissance pour nous et les animaux et les plantes !! la vie  eternelle ne serait elle pas notre adn qui de siècles en siècles  reste derriere nous  ???

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