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vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces


Ai ton nu dieu

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Membre, 51ans Posté(e)
Ai ton nu dieu Membre 158 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Lettre de Léo Ferré à André Breton -

Cher ami,

Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt - avant de faire les commandes d’épiceries - de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré.

Bonsoir,

j'aimerais savoir comment vous interprétez ces 2 phrases dans ce texte, car je ne comprends pas ce que Léo ferré veut dire.

Merci pour votre aide.

j’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre.

avant de faire les commandes d’épiceries de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 152 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

 1)Mon orgueil était satisfait (=être flatté) que vous daigniez descendre de votre piédestal (condescendre=descendre avec le commun des mortels) pour  composer mon numéro (=mon chiffre) au téléphone (= qualifié de "cadran à grimaces").

2) Le poète André Breton s'adresse certainement à Ferré pour qu'il chante ou mette en musique des textes. Mais Ferré ne s'est pas intéressé des près aux œuvres du célébrissime André Breton ni à sa personnalité donc il s'est retrouvé flatté mais aussi  pris au dépourvu dans sa conversation pour lui demander de ses nouvelles car il ne savait rien de cet homme de ses goûts et de ses projets et donc n'a su que lui faire commande d'épiceries, c'est à dire lui parler de banalités et de son petit  commerce à lui.(chanter, orchestrer).Bref, Léo Ferré se sent écrasé devant cet immense poète jusqu'à qualifier son propre travail d'épicerie et la discussion concernant la livraison de ces textes de commande d'épicerie  ...(Il éprouve certainement un petit sentiment d'infériorité.)

 

Ce texte  colle bien avec ce chanteur, un bonhomme, sensible, scrupuleux,un peu complexé extrêmement  torturé et à l'époque où il vivaient; époque où les classes sociales étaient imperméables et cloisonnées, où  nul n'osait se mélanger de peur de se compromettre...

 

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Membre, Pépé fada , râleur , et clairvoyant ., 79ans Posté(e)
Maurice Clampin Membre 11 038 messages
79ans‚ Pépé fada , râleur , et clairvoyant .,
Posté(e)
Il y a 10 heures, Ai ton nu dieu a dit :

Lettre de Léo Ferré à André Breton -

Cher ami,

Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt - avant de faire les commandes d’épiceries - de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré.

Bonsoir,

j'aimerais savoir comment vous interprétez ces 2 phrases dans ce texte, car je ne comprends pas ce que Léo ferré veut dire.

Merci pour votre aide.

j’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre.

avant de faire les commandes d’épiceries de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres

:pap:  

1) que vous condescendiez à composer mon numéro de téléphone .............

2) afin de mieux vous connaître , vous , vos problèmes .............

Entre nous je déteste ce genre de littérature "tarabiscoté" faite de métaphores , de vues de l' esprit plus ou moins fumeuses qui font beaucoup plus plaisir à l' auteur qui pense étaler là son génie , qu' au lecteur qui trouve ça plutôt con ...

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 152 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Pourtant ça te pose un intello, ça, le caractère abscons d'un discours verbeux!

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, querida13 a dit :

 1)Mon orgueil était satisfait (=être flatté) que vous daigniez descendre de votre piédestal (condescendre=descendre avec le commun des mortels) pour  composer mon numéro (=mon chiffre) au téléphone (= qualifié de "cadran à grimaces").

2) Le poète André Breton s'adresse certainement à Ferré pour qu'il chante ou mette en musique des textes. Mais Ferré ne s'est pas intéressé des près aux œuvres du célébrissime André Breton ni à sa personnalité donc il s'est retrouvé flatté mais aussi  pris au dépourvu dans sa conversation pour lui demander de ses nouvelles car il ne savait rien de cet homme de ses goûts et de ses projets et donc n'a su que lui faire commande d'épiceries, c'est à dire lui parler de banalités et de son petit  commerce à lui. (chanter, orchestrer).Bref, Léo Ferré se sent écrasé devant cet immense poète jusqu'à qualifier son propre travail d'épicerie et la discussion concernant la livraison de ces textes de commande d'épicerie  ...(Il éprouve certainement un petit sentiment d'infériorité.)

 

Ce texte  colle bien avec ce chanteur, un bonhomme, sensible, scrupuleux,un peu complexé extrêmement  torturé et à l'époque où il vivaient; époque où les classes sociales étaient imperméables et cloisonnées, où  nul n'osait se mélanger de peur de se compromettre...

 

"Faire commande d'épiceries", c'est faire des achats (de nourriture, boissons, etc.) De quels achats peut-il bien s'agir ? Chupa-chupi propose : un livre de Breton, pourquoi pas ? Mais il me semble que la fin du texte permet de nous orienter vers une autre piste : "Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré."

Brassens a dû laver ses chiens, et sûrement se procurer un produit adéquate, et d'autre part acheter du whisky - donc "faire commande d'épiceries" avant de recevoir Breton. Ce dernier devait sans doute être allergique aux poils de chiens, ou aux puces, et d'autre part il devait avoir un goût prononcé pour le whisky. Et Breton a dû se faire l'écho dans ses écrits de tous ces petits détails personnels, ce qu'ignorait Ferré bien sûr !

 

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 152 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

???? Je ne sais pas où tu as vu Brassens arriver!

Peut-être aussi Ferré a t-il invité Breton à déjeuner et a t-il aussi pu hésiter sur la composition du menu?

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)
il y a 19 minutes, querida13 a dit :

???? Je ne sais pas où tu as vu Brassens arriver!

Peut-être aussi Ferré a t-il invité Breton à déjeuner et a t-il aussi pu hésiter sur la composition du menu?

Désolé pour Brassens ! Lapsus !

Composition d'un menu ? Peut-être, qui sait ? Mais l'important est, me semble-t-l, de s'en tenir à ce que dit chaque phrase du texte, y compris donc la dernière phrase. Ces phrases me semblent suffisamment riches et s'éclairent parfaitement les unes les autres.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 152 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Ou simplement un apéro... au whisky.

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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 104 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Oui, nous pouvons imaginer Breton discuter plus volontiers à condition que le whisky ne fasse pas défaut, en sirotant un whisky, puis deux, puis trois... 

 

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