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la philosophie, une affaire de tous ?

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Invité Orbes claire

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Invité Orbes claire
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Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Bonjour,

j'aimerais vous soumettre cette question à partir du cas suivant :

Une de mes connaissances, docteur en philosophie, a entamé depuis de nombreuses années l’écriture d’un livre qu’il ne cesse de modifier et qu’il ne parvient pas à terminer. Quelque peu désappointé, il m’a demandé un jour mon avis sur qu’il est en train de vivre.

Je lui ai posé ces deux questions :

- « qu’as-tu envie de transmettre en fait ? »

- « à combien de lecteurs veux-tu le transmettre? »

Si pour la 1ère question il a du mal à être clair dans sa réponse, pour la 2ème il répond sans hésitation pour une poignée de lecteurs très avertis.

Je ne sais s’il a réussi à finir d’écrire ce livre, je me suis d’office rangée dans le rang des « non avertis » afin d’éviter de devenir lectrice de ses élucubrations !.... et, n'appréciant guère ce genre d'attitude, cette réponse a fini par mettre quelque distance dans nos rapports amicaux (il semble que d'autres de ses amis ont eu la même attitude).

Mais il m’est resté ces questions :

1) la philosophie, se définissant « amie de la sagesse », ne devrait-elle pas être écrite et partagée pour être à la portée d’un plus grand nombre ? n’est-elle pas une voie sinon La voie pour le bien vivre de manière consciente et le bien vivre ensemble?

2) Et dans le prolongement de cette question, qu’est-ce qui peut motiver ce type de philosophes ? Est-ce le simple désir de briller ? est-ce autre chose ?

3) Un philosophie hermétique n'est-elle pas une défaiseuse de liens sociaux ?

Qu’en pensez-vous ?

Belle journée :)

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Bonjour,

j'aimerais vous soumettre cette question à partir du cas suivant :

Une de mes connaissances, docteur en philosophie, a entamé depuis de nombreuses années l’écriture d’un livre qu’il ne cesse de modifier et qu’il ne parvient pas à terminer. Quelque peu désappointé, il m’a demandé un jour mon avis sur qu’il est en train de vivre.

Je lui ai posé ces deux questions :

- « qu’as-tu envie de transmettre en fait ? »

- « à combien de lecteurs veux-tu le transmettre? »

Si pour la 1ère question il a du mal à être clair dans sa réponse, pour la 2ème il répond sans hésitation pour une poignée de lecteurs très avertis.

Je ne sais s’il a réussi à finir d’écrire ce livre, je me suis d’office rangée dans le rang des « non avertis » afin d’éviter de devenir lectrice de ses élucubrations !.... et, n'appréciant guère ce genre d'attitude, cette réponse a fini par mettre quelque distance dans nos rapports amicaux (il semble que d'autres de ses amis ont eu la même attitude).

C'est clair que si vous lui avez dit que ses théories étaient des "élucubrations" , on peut comprendre que ça lui ait pas plu... et ce d'autant que vous avouiez en même temps ne pas avoir les capacités de les comprendre !

1) la philosophie, se définissant « amie de la sagesse », ne devrait-elle pas être écrite et partagée pour être à la portée d’un plus grand nombre ? n’est-elle pas une voie sinon La voie pour le bien vivre de manière consciente et le bien vivre ensemble?

C'est quand même la définition d'il y a deux mille ans, qui en outre ne définit elle-même pas très bien ce que serait un ami et ce que serait la sagesse.

On peut en envisager d'autres...

Et puis la philo crée les concepts avec lesquels on pense. Donc dès qu'il est question de nouveauté voire même de critique, il faut bien comprendre ce qui est critiqué, ce qui est loin d'être donné à tout le monde !

Sinon y'a Comte-Sponville ou des types comme ça qui font de la vulgarisation supposée donner à réfléchir (et celui-là le fait pas mal d'ailleurs), mais pour moi ça va pas en profondeur dans les vraies questions que les philosophes se posent : à mon avis on voit jamais le lien avec pourquoi il est question de ci et pourquoi ça prend telle forme, bref il y a toujours un "saut" à faire que les types semblent incapables de vulgariser correctement. Enfin pour moi donc, comme si on passait de la maternelle a la fac sans transition.

2) Et dans le prolongement de cette question, qu’est-ce qui peut motiver ce type de philosophes ? Est-ce le simple désir de briller ? est-ce autre chose ?

Briller ? Ce que vous êtes méchante ! :snif:

(le pauvre homme)

Sérieusement, j'imagine que notre homme pensait avoir quelque chose à dire, soit de nouveau (si effectivement il pensait s'adresser à une élite) ou d'intéressant, soit de mieux dit de plus clair (mais alors oui, ça devrait être vaguement accessible à mon avis).

3) Un philosophie hermétique n'est-elle pas une défaiseuse de liens sociaux ?

Ben justement, ça dépend à qui il s'adresse... s'il répond à des philosophes, ça devient compliqué de faire en même temps de la vulgarisation : c'est-à-dire qu'il faudrait expliquer à chaque fois à quoi telle réponse réfère et là c'est juste pas possible... en tous cas sûrement très difficile.

Quant au rapport avec un lien social, je vois absolument pas de quoi il est question.

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Chapati,

vous avez raison, en vous lisant il apparaît que ce n'est pas très gentil cette qualification qui marque surtout une intérrogation à mon niveau et à laquelle je voulais trouver réponse !... et votre avis me permet de la nuancer et de trouver réponse à cette question... donc merci à vous ! ... et rassurez-vous je n'ai pas qualifié d'élucubrations ses propos avec lui ;)

Il est un fait qu'il cherche à dire quelque chose à quelqu'un qui pourrait l'entendre et il est un fait que je peux l'entendre jusqu'à un certain point : la grosse différence entre lui et moi c'est que j'aime le monde des idées dans la mesure où cela peut trouver une application pratique qui puisse rendre service à beaucoup. .... donc fondamentalement je ne suis pas la bonne interlocutrice! ... et il se sent peut être seul à ce niveau ??

en ce qui concerne le "lien social" cette façon de faire le met à distance des autres et il finit par se retrouver dans un certain isolement tant il apparaît parfois tournant en rond tel le hamster dans sa roue ! :snif:

mais bon, il a tout de même d'autres qualités qui font qu'on se retrouve après quelques temps de silence :hehe:

Merci Chapati !

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

@ Chapati

...j'ajouterai, par rapport à votre propos concernant Comte Sponville, qu'heureusement qu'il y a des philosophes comme lui, qui partant d'idées abstraites paraviennent à les faire comprendre à un plus grand nombre et par là permettre de conscientiser un maximum.... le monde actuel a un cruel besoin de personnes comme eux .... n'en déplaise à une certaine "Elite" qui, mue par je ne sais quel sentiment, les déblatère ?!

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Oui oui, je trouve aussi que c'est intelligent et bien fait, Comte-Sponville, même si poir moi ça donne pas accès au pourquoi des questions qui se posent en philo, à la façon dont elles sont posées.

Pour le reste, si je comprends bien, vous avez affaire à quelqu'un d'intelligent mais qui ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication de type philosophique ?

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Membre, 47ans Posté(e)
trololotralala Membre 785 messages
Baby Forumeur‚ 47ans‚
Posté(e)

le petit nombre doit ce sacrifiait pour que le plus grand nombres puisse survivre,si ton livre n'est pas pour tous mieux vaut le garder pour ceux qu'il le voulons.

Modifié par trololotralala
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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Oui oui, je trouve aussi que c'est intelligent et bien fait, Comte-Sponville, même si poir moi ça donne pas accès au pourquoi des questions qui se posent en philo, à la façon dont elles sont posées.

Pour le reste, si je comprends bien, vous avez affaire à quelqu'un d'intelligent mais qui ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication de type philosophique ?

Oui Chapati, c'est exactement ça !

et du reste, dans nos échanges je ne cesse d'essayer de le ramener à un plan plus concret, car pour moi un argument philosophique doit trouver place dans le concret sinon soit il n'est pas arrivé à maturité soit il n'a pas lieu d'être (bon, ce n'est que mon avis !)... aussi je lui dis "si tu devais l'expliquer à un enfant de 5 ans (là on est sûr qu'il a pas encore fait d'étude!) comment tu t'y prendrais ?" ... et là j'ai l'impression de le faire descendre du 54ème étage au rez à la vitesse de l'éclair et sans parachute !... et pourtant ça me paraît essentiel d'y arriver ... le jour où il y arrive, il clôt son bouquin et je l'achète :) ;)

Modifié par Orbes claire
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Membre, Talon 1, 78ans Posté(e)
Talon 1 Membre 22 889 messages
78ans‚ Talon 1,
Posté(e)

Oui, il faut vulgariser la philosophie qui n'est pas l'apanage d'une élite.

"A ceux qui font des lectures et des discussions d'apparat.

Écoute ce que dit Socrate : « Il ne conviendrait pas à mon âge, hommes, de venir à vous comme un jeune homme qui fabrique des discours. » Comme un jeune homme dit-il. Car c'est en réalité un petit art fort élégant de choisir des petits mots, de les arranger, de venir les lire gracieusement et d'ajouter, pendant la lecture : « sur votre vie, il en est peu qui puissent comprendre ces choses-là. »

Le style épidictique est le style propre aux discours d'apparat ; le ressort en est l'éloge ou le blâme, et non la persuasion.

La persuasion est du style protreptique.

La réfutation est du style réfutatif.

L'enseignement est du style didactique."

Epictète

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Bon à la relecture, il y avait un choses que j'avais pas percuté dans votre post #3 et du coup je trouvais des trucs incohérents :

Il est un fait qu'il cherche à dire quelque chose à quelqu'un qui pourrait l'entendre

Donc si je comprends bien, il est question de trois personnes et c'est la troisième qui est intelligente mais ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication philosophique, celle que vous voudriez exprimer et que notre philosophe est lui incapable de formuler en termes simples ?

(ces forum sont pas très pratiques, sinon y'a les mp)

Et le type qui dégringole les 54 étages, c'est notre ami philosophe ?

(et non la tierce personne comme je l'avais initialement pensé)

.

Modifié par chapati
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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 841 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

1) la philosophie, se définissant « amie de la sagesse », ne devrait-elle pas être écrite et partagée pour être à la portée d’un plus grand nombre ? n’est-elle pas une voie sinon La voie pour le bien vivre de manière consciente et le bien vivre ensemble?

C'est un fait: il y a peu de gens qui s'intéressent à la philo. Tout d'abord parce que c'est souvent très compliqué, et que cela demande donc du temps et de l'application, et deuxièmement parce que c'est abstrait, car la philo s'intéresse à la manière dont nous réfléchissons, au lieu de réfléchir directement aux choses concrètes.

Cela dit, le peu de popularité de la philosophie ne devrait pas être un argument, pour le philosophe, pour ne pas essayer de parler ou d'écrire de façon à être compris du plus grand nombre - sans toutefois sacrifier sur la précision, la rigueur ou la profondeur. D'ailleurs, l'universalité des problèmes traités est une caractéristique fondamentale de la discipline philosophique. Si le philosophe s'enferme dans un club sélect, il risque de ne plus traiter que des problèmes qui sont propres à ce club. À mon sens, le philosophe soucieux devrait donc baigner dans une inquiétude, dans une tension constante quant à la portée versus la profondeur de ce qu'il raconte. Céder à l'un, c'est faire le jeu du cynisme et céder à l'autre, c'est faire le jeu du populisme.

2) Et dans le prolongement de cette question, qu’est-ce qui peut motiver ce type de philosophes ? Est-ce le simple désir de briller ? est-ce autre chose ?

Je pense que c'est surtout l'habitude de ne trouver d'écho que chez les initiés.

D'autre part, il existe bien quelque chose que l'on pourrait appeler un "fonctionnariat philosophique": c'est-à-dire une certaine collectivité d'individus spécialisés qui font tourner le discours philosophique sur la base de sa technicité. L'étudiant qui fait sa thèse sur les "rapports entre la théologie juive du XVIIe siècle et la philosophie politique spinozienne" ne recoupe certes pas des enjeux qui manifestent de l'universalité, qui sont susceptibles de rejoindre chacun de par leur aspect fondamental à la vie humaine. Mais ça ne signifie pas pour autant qu'il s'agisse de travaux inutiles: ils contribuent à forger une connaissance de la philosophie qui est de plus en plus précise, de plus en plus rigoureuse. Le fonctionnariat philosophique devient alors une sorte de gardien du savoir philosophique, et met à la disposition des esprits plus créatifs une base de matériaux plus riche et plus étendue.

3) Un philosophie hermétique n'est-elle pas une défaiseuse de liens sociaux ?

C'est sans doute un peu fort comme expression. En tout cas, une telle philosophie ne joue plus son rôle d'ouvreuse d'esprits.

D'un autre côté, les gens sont souvent durs avec les intellectuels. Au football, on admire volontiers les joueurs d'élite, car le spectacle de leur art s'offre à soi sans qu'il y ait à faire d'effort. Les intellectuels exigent au contraire de nous que nous marchions sur leurs traces, ce qui met à mal la paresse de chacun. C'est un rôle assez ingrat, et on a beau jeu de qualifier d'hermétique une pensée qui nous force à nous remettre en question.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 738 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

1) la philosophie, se définissant « amie de la sagesse », ne devrait-elle pas être écrite et partagée pour être à la portée d’un plus grand nombre ? n’est-elle pas une voie sinon La voie pour le bien vivre de manière consciente et le bien vivre ensemble?

2) Et dans le prolongement de cette question, qu’est-ce qui peut motiver ce type de philosophes ? Est-ce le simple désir de briller ? est-ce autre chose ?

3) Un philosophie hermétique n'est-elle pas une défaiseuse de liens sociaux ?

Qu’en pensez-vous ?

Bonsoir,

je comprends le sentiment désarmant que peut représenter une forme d'élitisme apparent, mais tel n'est pas toujours le cas, à qui sait y regarder de près, et il serait peut-être judicieux d'introduire une distinction entre philosophe et " philophile ", comme il en existe une aussi entre sportif et supporter par exemple.

Est-ce que chacun est un philosophe, comme chacun serait un sportif, un scientifique ou un mathématicien ? Potentiellement certainement, mais concrètement, chacun fait des choix, prend des orientations de vie, nous ne serons donc pas tous, politicien, sportif, mathématicien ou philosophe, mais plus vraisemblablement en tant qu'amateur ou appréciateur de l'histoire, du sport, du vin, de science ou de l'art, etc... Car pour être un tantinet compétent dans un domaine, cela demande un investissement, du temps, de l'expérience et des entrainements ou de s'y adonner régulièrement, ce n'est donc pas spécifique à la philosophie, c'est une position générale, ce qui ne veut pas dire qu'il faille se comparer aux autres pour jauger son niveau, ce qui prime c'est l'engagement dans l'activité, et l'accroissement de son niveau ou de ses compétences par rapport à un état antérieur.

1) La sagesse revêtit plusieurs acceptations, et il est vrai, que pour le commun des mortels, une telle sagesse doit être distribuée et rendue accessible au plus grand nombre, pourtant le savoir est aussi une arme, qui mit entre de mauvaises mains peut être utilisé à mauvais escient, ou de manière inappropriée, distiller un savoir ne doit pas être fait n'importe comment, et l'une des premières étapes est de savoir quelle est l'envie ou la détermination de la personne, il est inutile de gaver un individu non désireux d'élever son esprit, comme ça l'est aussi de forcer une personne à faire du sport, si elle ne le souhaite pas réellement, il faut donc au préalable que le besoin ou l'envie provienne de la personne, c'est une condition nécessaire.

2) Les motivations intérieures peuvent être multiples, un besoin de reconnaissance, de ne pas se sentir seul/isolé, d'adhérer à une communauté, se prouver quelque chose, démontrer aux autres, obtenir une certaine célébrité ou renommée, d'être manipulé par une pulsion inconsciente, avoir le sentiment d'être animé d'une mission, laisser une trace/empreinte de son passage, etc...

La façon de savoir serait de le questionner pour qu'il en dise plus, sur ce qui le motive en fin de compte, et qui n'est pas forcément péjoratif, enfin peut-être de notre point de vue, mais sans doute pas du sien en prenant en compte ses propres critères et sa personnalité.

3) Mais un philosophe pour qu'il puisse ouvrir les yeux sur ce qu'il contemple, ne doit-il pas prendre du recul, s'extirper un minimum de l'effervescence, de se mettre en marge, de s'extraire de ce qu'il observe, de se soustraire de l'équation aussi !?

Qui a dit que le philosophe devait être un personnage sociable ou qui communique, ou tout autant de s'enfermer dans une tour d'ivoire ? Il n'y a aucun impératif, juste l'adéquation entre le philosophe et sa philosophie, me semble la condition la plus élémentaire.

La sagesse est-elle cultivée pour soi-même, ou pour les autres, i.e.: le regard des autres ? Et si notre philosophe considère le genre humain en très grande partie indigne de considération, il est compréhensible qu'il recherche ceux qui le sont, ceux avec qui il sera en communion, comme le biologiste recherche la compagnie d'autres biologistes, le marathonien d'autres marathoniens, sans que cela ne soit exclusif, mais en ce domaine, il y a une certaine exigence, quasi-inévitable, à moins qu'il se soit donné pour mission d'éduquer ses semblables, ce qui peut également être critiquable d'un autre point de vue.

Ne philosophons-nous pas pour nous-même en premier lieu ?, et donc ne développons-nous pas une philosophie qui nous soit propre, ce qui est donc, comme tout ce qui est singulier ou individuel, incompatible avec une harmonisation sociale, le lien social viendra plus de la personnalité, comme de la tempérance, de la tolérance, du besoin des autres, de la sympathie naturelle envers son prochain, d'humanisme, etc... non ?

Modifié par deja-utilise
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Membre, Posté(e)
CAL22 Membre 891 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La philosophie c'est la science avant la méthode expérimentale. Mais son passé long comme 25 siècles a élaboré une abstraction dont les fondements doivent s'acquérir. Le problème est le même pour la science.

La vulgarisation, supposée s'adresser à ceux qui n'ont aucune culture philosophique voire à ceux qui en ont peu, est complexe quand elle ne consiste pas à caricaturer. C'est amener les ingénus sur un chemin sinueux par nécessité mais en prenant des raccourcis efficaces résumant tous les virages décisifs. Et ce n'est pas toujours compatible avec l'esprit autoroute qui prédomine.

Alors je comprends la frustration que peut ressentir un philosophe, si peu valorisé, à marquer des virages que peu verront. Et j'accepte qu'il suive un chemin nécessairement sinueux pour des initiés.

Cette route n'est pas forcément pédante.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Disons que nous n'avons pas tous la même sensibilité non plus, mais que l'Histoire du monde est si vieille que la plupart des idées accessibles au commun des mortels ont déjà été défendues et poussées à bout dans les livres. Il faut sans aucun doute avoir lu et relu ses classiques pour espérer un jour peut-être, avoir une idée nouvelle ou ouvrir un champ encore non-exploré. C'est normalement le but d'un doctorant, alors finalement qu'y a-t-il de surprenant à cela? Le problème sera le même avec les dernières théories physiques qui doivent être compréhensible à très peu de personnes au final. Ce qui serait surprenant ce serait que ces théories soient accessibles d'emblée!

Mais de la même façon qu'avec la psychologie, la philosophie se heurte à l'idée chez le grand public qu'il faut que les idées qu'elle promeut leur parle ou qu'ils aient le sentiment qu'elle décrive une partie de leur monde intérieur. Si c'est trop abscons ce serait le signe d'un habitus aristocrate qui aime les mots pour les mots, et donc un mauvais signe pour le lecteur tout en l'empêchant de s'y reconnaître. Et tout comme le psychologue se retrouve face à des gens qui ont le sentiment que le discours psychologique doit avoir un écho en eux, et qui parfois font comme s'ils devaient apprendre leur métier à ces spécialistes, la situation est la même pour la philosophie. Pourquoi est-ce perçu différemment des autres disciplines? Sans doute parce qu'il est question d'humain et de vérités inhérentes à nos existences dans ce qu'elles ont de plus intime, comme nos sentiments ou nos schémas de pensée.

En bref le grand public se réserve le droit de véto sur les théories philosophiques ou psychologiques qu'on lui propose, contrairement aux théories physiques ou aux découvertes dans d'autres domaines. Est-ce réellement un mal? Je ne le pense pas, même si les critères retenus ne sont pas forcément pertinents.

Modifié par Quasi-Modo
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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Oui, il faut vulgariser la philosophie qui n'est pas l'apanage d'une élite.

"A ceux qui font des lectures et des discussions d'apparat.

Écoute ce que dit Socrate : « Il ne conviendrait pas à mon âge, hommes, de venir à vous comme un jeune homme qui fabrique des discours. » Comme un jeune homme dit-il. Car c'est en réalité un petit art fort élégant de choisir des petits mots, de les arranger, de venir les lire gracieusement et d'ajouter, pendant la lecture : « sur votre vie, il en est peu qui puissent comprendre ces choses-là. »

Le style épidictique est le style propre aux discours d'apparat ; le ressort en est l'éloge ou le blâme, et non la persuasion.

La persuasion est du style protreptique.

La réfutation est du style réfutatif.

L'enseignement est du style didactique."

Epictète

Merci Talon, voilà un passage d'Epictète que j'utiliserai volontiers :)

Bon à la relecture, il y avait un choses que j'avais pas percuté dans votre post #3 et du coup je trouvais des trucs incohérents :

Donc si je comprends bien, il est question de trois personnes et c'est la troisième qui est intelligente mais ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication philosophique, celle que vous voudriez exprimer et que notre philosophe est lui incapable de formuler en termes simples ?

(ces forum sont pas très pratiques, sinon y'a les mp)

Et le type qui dégringole les 54 étages, c'est notre ami philosophe ?

(et non la tierce personne comme je l'avais initialement pensé)

.

ho la la Chapati ça commence à devenir un peu compliqué !;) ... c'est bien le philosophe qui a dû descendre les "54 étages" pour l'amener à expliquer ses propos de manière simple :)

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

C'est un fait: il y a peu de gens qui s'intéressent à la philo. Tout d'abord parce que c'est souvent très compliqué, et que cela demande donc du temps et de l'application, et deuxièmement parce que c'est abstrait, car la philo s'intéresse à la manière dont nous réfléchissons, au lieu de réfléchir directement aux choses concrètes.

Bonsoir,

Oui il est vrai qu’il y a trop peu d’intérêt pour la philo, mais peut-être est-ce dû au fait qu’on ne prend pas le temps de l’instiller chez les jeunes alors qu’ils ont l’esprit ouvert ?

Cela dit, le peu de popularité de la philosophie ne devrait pas être un argument, pour le philosophe, pour ne pas essayer de parler ou d'écrire de façon à être compris du plus grand nombre - sans toutefois sacrifier sur la précision, la rigueur ou la profondeur. D'ailleurs, l'universalité des problèmes traités est une caractéristique fondamentale de la discipline philosophique. Si le philosophe s'enferme dans un club sélect, il risque de ne plus traiter que des problèmes qui sont propres à ce club. À mon sens, le philosophe soucieux devrait donc baigner dans une inquiétude, dans une tension constante quant à la portée versus la profondeur de ce qu'il raconte. Céder à l'un, c'est faire le jeu du cynisme et céder à l'autre, c'est faire le jeu du populisme.

en ce qui concerne le philosphe en question, je peux confirmer qu’il a cette inquiétude quant à atteindre la vérité en profondeur, mais il lui manque pour le moment la capacité de la rendre accessible à une société un peu moins « sélect ».

Je pense que c'est surtout l'habitude de ne trouver d'écho que chez les initiés.

entièrement d'accord avec vous, néanmoins se pose la question de savoir si cette habitude de ne trouver d’écho que chez les initiés n’est pas également un frein que le philosophe se mettrait et qui pourrait engendrer une certaine procrastination dans le fait de se rendre compréhensible ?

D'autre part, il existe bien quelque chose que l'on pourrait appeler un "fonctionnariat philosophique": c'est-à-dire une certaine collectivité d'individus spécialisés qui font tourner le discours philosophique sur la base de sa technicité. L'étudiant qui fait sa thèse sur les "rapports entre la théologie juive du XVIIe siècle et la philosophie politique spinozienne" ne recoupe certes pas des enjeux qui manifestent de l'universalité, qui sont susceptibles de rejoindre chacun de par leur aspect fondamental à la vie humaine. Mais ça ne signifie pas pour autant qu'il s'agisse de travaux inutiles: ils contribuent à forger une connaissance de la philosophie qui est de plus en plus précise, de plus en plus rigoureuse. Le fonctionnariat philosophique devient alors une sorte de gardien du savoir philosophique, et met à la disposition des esprits plus créatifs une base de matériaux plus riche et plus étendue.

D’accord en ce qui concerne la mission de la philosophie de mettre à disposition une base de matériaux riche et étendue : il ne faudrait pas non plus bêtifier sous prétexte que l’autre ne peut pas comprendre ! … en fait il s’agirait plutôt de progresser étape par étape afin d’amener le néophyte à s’approprier l’art d’apprendre à réfléchir de manière rigoureuse et pointue comme vous le dites.

Il y a quelques années j’avais imaginé introduire les « midi de la philosophie dans un collège et dans un lycée » mais mon projet n’a pas trouvé d’écho … dommage, car je suis sûre que ça aurait intéressé les jeunes !

C'est sans doute un peu fort comme expression. En tout cas, une telle philosophie ne joue plus son rôle d'ouvreuse d'esprits.

D'un autre côté, les gens sont souvent durs avec les intellectuels. Au football, on admire volontiers les joueurs d'élite, car le spectacle de leur art s'offre à soi sans qu'il y ait à faire d'effort. Les intellectuels exigent au contraire de nous que nous marchions sur leurs traces, ce qui met à mal la paresse de chacun. C'est un rôle assez ingrat, et on a beau jeu de qualifier d'hermétique une pensée qui nous force à nous remettre en question.

à propos de la dureté vis-à-vis des intellectuels qui est hélas bien réelle, il me semble que cela pourrait s'amliorer en accordant plus d'attention à l’art de présenter cette remise en question qui nous amène à plus de réflexivité, ainsi qu'à l’art de se donner les moyens d’y arriver.

C’est, probablement, le travail de « fourmi » qu’opèrent les philosophes vulgarisateurs : préserver le lien tout en apportant du contenu, avec l’espoir de susciter l’envie d’aller plus loin.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Il est un fait qu'il cherche à dire quelque chose à quelqu'un qui pourrait l'entendre

Ah la la. La première fois j'ai pas percuté que c'était "il " qui cherchait a dire et javais trop vite lu "vous "... et la seconde fois, j'avais cru que ce quelqu'un qui pourrait l'entendre était une tierce personne spécifique.

Pas facile... ;)

Mais.

Quand je parle de quelqu'un d'intelligent mais qui ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication de type philosophique... vous dites que c'est ça.

La question semble donc de savoir si c'est l'aspect pédagogique qui l'emmerde ou l'aspect "pratique ".

Et là vous semblez dire l'aspect pratique. Donc pour vous notre homme serait (peut-être) dans une espèce d'abstraction qu'on peut reprocher à certaines théories.

... et il aurait quelque chose à exprimer (ou pas) qu'il voudrait partager.

Peut-être voudrait-il un avis : quelqu'un susceptible de comprendre ce qu'il a à dire en toute connaissance de cause. Pour en parler peut-être, l'aider peut-être... voire simplement et déjà à finir son livre. Jauger peut-être son travail ?

Sur quoi ça porte son travail ?

.

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
Posté(e)

Bonsoir,

je comprends le sentiment désarmant que peut représenter une forme d'élitisme apparent, mais tel n'est pas toujours le cas, à qui sait y regarder de près, et il serait peut-être judicieux d'introduire une distinction entre philosophe et " philophile ", comme il en existe une aussi entre sportif et supporter par exemple.

Est-ce que chacun est un philosophe, comme chacun serait un sportif, un scientifique ou un mathématicien ? Potentiellement certainement, mais concrètement, chacun fait des choix, prend des orientations de vie, nous ne serons donc pas tous, politicien, sportif, mathématicien ou philosophe, mais plus vraisemblablement en tant qu'amateur ou appréciateur de l'histoire, du sport, du vin, de science ou de l'art, etc... Car pour être un tantinet compétent dans un domaine, cela demande un investissement, du temps, de l'expérience et des entrainements ou de s'y adonner régulièrement, ce n'est donc pas spécifique à la philosophie, c'est une position générale, ce qui ne veut pas dire qu'il faille se comparer aux autres pour jauger son niveau, ce qui prime c'est l'engagement dans l'activité, et l'accroissement de son niveau ou de ses compétences par rapport à un état antérieur.

Bonsoir,

Il ne s'agit pas de faire de chacun de nous des philosophes, il s'agit plutôt de rendre accessible à un grand nombre la compréhension de propos philosophiques

1) La sagesse revêtit plusieurs acceptations, et il est vrai, que pour le commun des mortels, une telle sagesse doit être distribuée et rendue accessible au plus grand nombre, pourtant le savoir est aussi une arme, qui mit entre de mauvaises mains peut être utilisé à mauvais escient, ou de manière inappropriée, distiller un savoir ne doit pas être fait n'importe comment, et l'une des premières étapes est de savoir quelle est l'envie ou la détermination de la personne, il est inutile de gaver un individu non désireux d'élever son esprit, comme ça l'est aussi de forcer une personne à faire du sport, si elle ne le souhaite pas réellement, il faut donc au préalable que le besoin ou l'envie provienne de la personne, c'est une condition nécessaire.

Il me semble que le savoir est une arme bien moins pire que le non-savoir, il suffit pour s'en persuader de voir l'actualité! le savoir donne la possibilité de réfléchir, donc de remettre en question les décisions prises pour nous sans nous demander notre avis. Le savoir est un fondement d'une démocratie vraie !

2) Les motivations intérieures peuvent être multiples, un besoin de reconnaissance, de ne pas se sentir seul/isolé, d'adhérer à une communauté, se prouver quelque chose, démontrer aux autres, obtenir une certaine célébrité ou renommée, d'être manipulé par une pulsion inconsciente, avoir le sentiment d'être animé d'une mission, laisser une trace/empreinte de son passage, etc...

La façon de savoir serait de le questionner pour qu'il en dise plus, sur ce qui le motive en fin de compte, et qui n'est pas forcément péjoratif, enfin peut-être de notre point de vue, mais sans doute pas du sien en prenant en compte ses propres critères et sa personnalité.

oui, ça c'est vrai, le mieux serait de lui poser la question ! je le ferai certainement du reste ...

3) Mais un philosophe pour qu'il puisse ouvrir les yeux sur ce qu'il contemple, ne doit-il pas prendre du recul, s'extirper un minimum de l'effervescence, de se mettre en marge, de s'extraire de ce qu'il observe, de se soustraire de l'équation aussi !?

Prendre du recul n'est pas incompatible avec clarté et accessibilité de propos il me semble ??

Ne philosophons-nous pas pour nous-même en premier lieu ?, et donc ne développons-nous pas une philosophie qui nous soit propre, ce qui est donc, comme tout ce qui est singulier ou individuel, incompatible avec une harmonisation sociale, le lien social viendra plus de la personnalité, comme de la tempérance, de la tolérance, du besoin des autres, de la sympathie naturelle envers son prochain, d'humanisme, etc... non ?

Si bien sûr que nous philosophons en 1er lieu pour nous mêmes, mais dans ce cas nous ne nous écrivons pas un livre que nous espérons éditer ??

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Invité Orbes claire
Invités, Posté(e)
Invité Orbes claire
Invité Orbes claire Invités 0 message
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Ah la la. La première fois j'ai pas percuté que c'était "il " qui cherchait a dire et javais trop vite lu "vous "... et la seconde fois, j'avais cru que ce quelqu'un qui pourrait l'entendre était une tierce personne spécifique.

Pas facile... ;)

Mais.

Quand je parle de quelqu'un d'intelligent mais qui ne percute pas l'aspect concret qu'il peut y avoir dans une explication de type philosophique... vous dites que c'est ça.

La question semble donc de savoir si c'est l'aspect pédagogique qui l'emmerde ou l'aspect "pratique ".

Et là vous semblez dire l'aspect pratique. Donc pour vous notre homme serait (peut-être) dans une espèce d'abstraction qu'on peut reprocher à certaines théories.

... et il aurait quelque chose à exprimer (ou pas) qu'il voudrait partager.

Peut-être voudrait-il un avis : quelqu'un susceptible de comprendre ce qu'il a à dire en toute connaissance de cause. Pour en parler peut-être, l'aider peut-être... voire simplement et déjà à finir son livre. Jauger peut-être son travail ?

Sur quoi ça porte son travail ?

.

Chapati, nous venons de nous comprendre :) :) pas facile de discuter par écrit ! (en tout cas pour moi!)

oui, c'est vrai qu'il veut un avis, mais s'il veut que je lui donne un avis, en tenant compte des limites qui sont les miennes, il faut qu'il éclaircisse son propos :snif:

Cela dit, mes questions, toutes modestes qu'elles soient, le font avancer :)

En ce qui concerne le contenu de son travail, vous pardonnerez le fait que je désire le taire ... de toute façon ce cas servait de base au questionnement proposé, car ce même questionnement peut surgir pour d'autres philosophes.

belle soirée

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
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Cas de figure très intéressant, oui.

Je vais essayer d'y réfléchir.

Bonne soirée...

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Un mot encore...

Moi en philo je connais que Deleuze, j'ai pas d'autre approche sérieuse, pas plus que je n'ai fait d'études philo, donc j'ai pas le "mode d'emploi " tel qu'un simple étudiant en deux ou troisième année serait peut-être capable de soumettre.

Mais je voudrais bien clarifier ce que j'ai reproché à la vulgarisation.

Elle cherche à faire penser, très bien ; à poser les grands problèmes théoriques ok.

Là où ça pêche, c'est qu'elle n'offre aucun lien pour passer de cet aperçu global à la compréhension des chemins par lesquels les philosophes passent, par leur façons de s'attaquer chacun aux chemins de l'autre... soit finalement aux vrais problèmes en question, en tous cas à leurs chemins de pensée à chacun.

On sait que Platon le Beau le Bien le Vrai tout ça. On sait que Descartes la raison le sujet.

Comment ça s'enchaîne ? Le problème c'est peut-être que les types qui expliquent ça pour eux c'est trop évident ! Il faudrait des idiots pour faire une histoire de la philo où l'on comprenne ce qui est en jeu.

Moi par exemple j'ai pataugé comme un idiot pour faire ces liens : quoi Descartes, qu'est-ce qu'on en a à foutre de Descartes ? Un jour Foucault arrive et dit que jusqu'à Descartes la philo ça consiste à déchiffrer un livre écrit par les dieux et qu'ensuite on entre dans un système où les hommes sont face au monde de leur pensée, non plus à un livre écrit par les dieux mais un livre qu'ils écrivent eux-mêmes : à leur représentation du monde. Ça c'est de la pédagogie ! En une phrase j'imagine qu'on doit pouvoir lire Descartes comme un roman policier avec ça, quand sans cette phrase on peut bien y passer des années - enfin je pense.

Et ça la vulgarisation le fait très mal je trouve. Comme si les types avaient oublié que c'est via ce genre de clef qu'on débloque des pans entiers de philo. Bref : le contexte. Mais un vrai contexte, une perspective... une perspective qui vaille pour un néophyte.

Je suis allé faire des incursions en science sur le forum, c'est pareil : décalage absolu entre "sachants" et éventuels amateurs... no way.

Bon j'essaie. La philo ça me semble comme un truc avec disons vingt grandes questions (c'est juste une image). Là la vulgarisation fonctionne. Chaque question est développée, liberté sujet etc no problem.

Ensuite et pour moi intervient un principe de non-contradiction (logique) qui fait que les questions sont toutes liées ensemble : y'a toujours des bouts d'explication - et déjà d'interactions - qui font q'une explication une compréhension fait intervenir des choses qui valent, qui jouent avec et dans d'autres problèmes. Et vu comment elles interviennent dans le premier, elles peuvent pas faire dans le second le contraire que ce qu'elles font dans le premier (c'est en gros l'idée). Bref tout ce petit monde est relié absolument dans tous les sens au sein de notre vingtaine de questions (a la louche et juste pour dire, donc), et chaque chemin entre deux questions suscite mille controverses possibles quant au chemin en question, mais aussi et du coup mille modifications inévitables quant à l'effet que ces chemins auront sur le problème d'à côté. Bref il n'est plus question que de chemins et non plus des supposées vingt questions ou planètes : c'est par là qu'on rejoint les objets des pensées des philosophes, leur cheminement de pensée.

On a donc un système avec vingt pseudo planètes à peine identifiables (comme déjà dit : liberté sujet etc), et toutes reliées l'une à l'autre par des ficelles qui font des noeuds partout, et faut se dépatouiller avec ça.

Et ce qui fascine les philosophes, c'est de l'ordre de ces petits riens qui changent presque tout, un noeud qu'on dénoue et qui relâche ou assouplit la relation, éloignant ou rapprochant par là-même d'autres planètes plus ou moins voisines et ainsi de suite.

Genre de petits riens qui font qu'on passe de Platon qui explique et justifie le statut et l'utilité des esclaves dans toute démocratie qui se respecte à d'autres types que ça fait pas rigoler ces conneries. Et ça c'est je crois ce qu'il y a dans les bouquins de philo des philosophes... en ajoutant une ou deux intuitions et trois idées, on doit arriver au brevet de philosophe estampillé : the real one.

Alors vulgariser un tel bazar c'est pas simple... à la rigueur on peut prendre les types un à un et expliquer comment les choses s'agencent chez l'un, donner une idée de quel genre de type fonctionne comme ça, quelle genre de pensée ça met en jeu, mais il aurait fallu un Foucault oui, pour faire une histoire de la philo synthétique qui fasse le "saut " dont je parlais, celui qui balance le lecteur au coeur du problème... problème pourtant lui-même pas si différent que les concepts que la vulgarisation développe et explique, bref : du concret.

Donc si un type veut dire quelque chose dans ce bazar, un docteur en philo, il est bien sûr au courant de l'orteil qu'il glisse dans le truc, de toutes ou d'un bon nombre d'implications que son orteil ne peut manquer de produire. Ensuite reste à savoir s'il a réellement quelque chose à dire (de nouveau ou d'intéressant ), s'il a les moyens de le dire, c'est-à-dire s'il a abouti à quelque chose de dicible, de clair à partir de son idée ou de son intuition, à quelque chose qui fasse du poids... ou si au moins il est arrivé au bout de son intuition, de son truc, quand bien même ça n'apporterait strictement rien de plus aux mille choses déjà dites par tel ou tel philosophe, ça n'a finalement aucune importance sauf pour lui.

Par contre, tout comme en science j'ai essayé de dire que si mes faibles connaissance faisaient que j'étais incapable de saisir le minimum indispensable pour comprendre les équations et autres raisonnements qui y amènent, il me semble que le scientifique - dans la mesure ou je suis pas bouché - doit être capable de me dire de quoi il est question et ce que la-dite équation amène sur un plan concret, ou, dit autrement, m'expliquer pourquoi je n'arrive pas a relier l'équation au plan concret... ce qui ne peut que me révéler de quoi il est question.

Et si les types comme à l'heure actuelle ne sont pas capables d'expliquer ce genre de chose, soient c'est qu'eux-mêmes sont en pleine abstraction, soient qu'ils sont vraiment pas doués, je veux dire pas doués logiquement et donc scientifiquement parlant !

Maintenant c'est aussi et quand même de tout un système de planètes philo dont il est question, personne ne dit que ce soit simple non plus...

PS : je rappelle enfin que je ne souscris pas forcément à ce que d'autres ont dit ici, bref que ma vision des choses n'engage que moi et que tu pourrais trouver des contradictions avec ce que d'autres t'ont répondu. Ben si.

.

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