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L'éthique de la croyance


Invité Quasi-Modo

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Clifford est un mathématicien et philosophe de renom qui a donné naissance à ce que nous appelons une éthique de la croyance, c'est à dire une thèse philosophique selon laquelle en résumé :

"Il est mal de croire sans preuves suffisantes en toutes circonstances, puisque toutes les formes d'immoralités sont susceptibles d'en découler plus ou moins directement."

Avec bien évidemment dans le cas de Clifford une pensée toute particulière pour les croyances religieuses en général. Il prendra l'exemple du capitaine d'un bateau qui en dépit d'une absence de preuve sur l'état de son navire décide de croire qu'il sera encore en état suffisamment bon pour faire une nouvelle traversée de l'océan. Et le navire de reprendre le large avec son équipage pour couler à pic une fois arrivé dans le grand large. Immoral selon Clifford parce que ce capitaine n'aurait jamais dû prendre pour acquise une croyance sans une base suffisamment solide.

Ce contre quoi William James (ou d'autres comme Wittgenstein) lui feront remarquer l'intellectualisme naïf d'une telle position : premièrement pouvons-nous réellement nous enquérir et nous satisfaire de l'idée que nous ayons choisi les croyances qui nous gouvernent? James écrira d'ailleurs que nous ne refusons de croire que pour la raison que nous croyons déjà en autre chose qui est incompatible avec la croyance que nous refusons : c'est donc bien que la croyance serait première et inévitable, sans oublier, toujours selon ce même auteur, qu'il n'y a pas de "cloche intérieure" qui sonnerait pour nous avertir que nous avons là les preuves suffisantes à notre croyance.

Si tel était le cas pour au moins certaines de nos croyances, qu'appellera-t-on en effet une preuve suffisante?

Contre l'idée qu'il ne faut jamais croire sans preuve suffisante, James prend, dans l'ouvrage The will to belive, l'exemple d'un aventurier perdu dans une jungle et poursuivi par une bête féroce qui, courant à toute vitesse pour fuir ses griffes et ses crocs, se trouve subitement au détour d'un bosquet devant un large et profond fossé au fond duquel sans pouvoir sauter au delà, il serait condamné.

Comme le dirait alors William James, ne faut-il pas alors que cet aventurier soit persuadé, même en l'absence de preuve suffisante, qu'il sera suffisamment fort et puissant pour sauter sur l'autre bord du fossé? Vous situez-vous plutôt du côté de William James ou de Clifford (vous aurez compris ma sympathie à priori pour William James dans cette polémique)?

En d'autres termes, pensez-vous qu'une telle éthique de la croyance soit réellement défendable?

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 727 messages
If you don't want, you Kant...,
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N'y a-t-il pas là, plusieurs formes de croyance, dont il nous faudrait clarifier le contenu, en tout premier lieu !?:

- La croyance " simple/première " sans indice tangible, comme la vie après la mort, basée sur la foi en, sans aucune preuve ou empreinte, juste une propension intérieure à...

- La croyance " forte " basée sur des répétitions jamais démenties jusque là, du type demain le jour se lèvera... autrement dit l'expérience indéfectible, une chaine causale indépendante de l'observateur et de ses convictions, uniquement observationnelle, non déductive donc.

- La croyance " faible ", composée d'un mélange d'intuition, d'expériences similaires, de convictions, d'état d'esprit, de caractère ou/et de raisonnements prenant appui sur une croyance forte ou/et une croyance simple, etc... hypotético-déductif, induction, abduction par exemples.

Toute anticipation dans le monde réel fera référence à l'une ou l'autre forme de croyance introduite, mais elles ont toutes en commun le fait qu'elles soient rigoureusement indémontrables, laissant donc une certaine forme d'arbitraire dans leurs usages en adéquation avec la personnalité de l'individu, dès qu'une personne engage plus que sa propre personne, on peut certes se demander quels sont les critères pertinents dans les choix pris dans les projections, il suffit donc simplement que les personnes ne soient pas dans le même " trip " pour que les conflits apparaissent inévitablement, les valeurs éthiques personnelles qui en découlent ou qui s'y rattachent n'étant articulées identiquement, il y a toujours des critiques à promulguer suivant le cadre de référence retenu, dans un sens comme dans l'autre, s'excluant les uns les autres, autant que les liquides non miscibles on peut fort bien dire que l'huile est insoluble/non miscible dans l'eau que l'eau est insoluble/non miscible dans l'huile, pour les tenants d'un parti-pris le jalon est leur propre cadre de fonctionnement, jugeant à partir de celui-là, et non de la partie adverse immanquablement, et donc sources de disputes.

On ne peut donc pas résoudre la difficulté que tu soulèves, parce que dès le départ, on ne peut pas prouver les prémisses, qui sont de l'ordre de préférences, d'inclinations ou de valeurs indémontrables, de convictions personnelles, et ce quelque soit la rigueur que l'on y met par la suite, chaque approche s'exclue mutuellement dans ses fondements, il n'est pas surprenant que l'on retrouve cette propriété en fin d'analyse...

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Je trouve que ce serait une bonne piste que de distinguer certains types de croyances entre eux pour considérer que l'énoncé de Clifford ne s'appliquerait qu'à des éléments de croyances dites vérifiables ou réfutables (encore qu'il faudrait préciser ce qu'on entend par là). Mais pour le coup cela ne concernerait plus les croyances religieuses en tant que telles ce qui irait à l'encontre de l'esprit de son texte très orienté contre les croyances religieuses et le clergé.

Dans tous les cas il semble bien que James ait raison contre Clifford dans le sens où souvent il est nécessaire de croire sans preuve suffisante, et que parfois même la morale le requiert, au sens où si l'aventurier ne croyait pas qu'il est suffisamment fort pour sauter vers l'autre bord du fossé, il n'essaierait même pas et mourrait certainement. Un autre exemple peut-être plus parlant donné par James est celui d'un train attaqué par des bandits qui souhaiteraient détrousser les passagers : étant en infériorité numérique, les bandits seraient impuissants à lutter contre tous les passagers à la fois, mais personne n'ose réagir de peur d'une mort certaine. Ainsi, si chaque passager pouvait seulement croire que tous les autres réagiront en même temps que lui, alors repousser les brigands deviendrait possible.

C'est donc selon James qu'il appartient parfois aux conditions même de la vérité d'une croyance d'y apporter notre assentiment. Je trouve alors difficile la position de Clifford dont le talent de psychologue de William James fait apparaître la naïveté.

J'ajouterai que je ne vois pas bien la distinction que tu opères entre croyance basée sur la répétition (forte) et croyance inductive (faible), mais peut-être est-ce une erreur/maladresse de ta part?

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 656 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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Personnellement je me méfie comme de la peste des croyances. Je serais plutôt partisan d'une éthique du doute.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
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Mais ne faudrait-il pas alors comme Wittgenstein rappeler que le doute en pratique s'appuie toujours sur une certitude préalable, comme le gond est nécessaire à l'ouverture de la porte (De la certitude)? Plutôt que de tout croire ou tout douter (ce qui serait deux solutions également stériles et paresseuses selon une citation célèbre) il faudrait nous interroger sur les conditions de la légitimité du doute pour bien voir que le doute sceptique absolu est non seulement invivable mais même dommageable. Il faut bien lorsque nous marchons ne pas douter que le sol se dérobera sous nos pas!

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 656 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
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Il y a le domaine du "savoir", et le domaine des "croyances". Lorsque nous marchons, nous savons bien que le sol ne va pas (en général) se dérober sous nos pieds! La science N'EST PAS une croyance (contrairement à ce que prétendent certains sur ce forum).

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

C'est également ce que je pense, c'est à dire qu'il faille effectivement distinguer croyance et connaissance, ou plutôt en général le fait que la connaissance soit une forme de croyance plus solide que les autres. Et je partage ton soucis de distinguer entre les deux, mais je suis obligé de reconnaître qu'en approfondissant les concepts de croire et de connaître, il arrive qu'on ne sache plus trop bien faire la différence. Finalement des philosophes comme Popper ne doivent la pérennité de leur succès qu'au fait qu'aucune explication ou vision épistémologique alternative et suffisamment satisfaisante pour distinguer entre science et pseudo science n'ait fait son apparition. En critiquant suffisamment violemment une théorie on arrive presque toujours à la prendre en défaut.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 727 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Un autre exemple peut-être plus parlant donné par James est celui d'un train attaqué par des bandits qui souhaiteraient détrousser les passagers : étant en infériorité numérique, les bandits seraient impuissants à lutter contre tous les passagers à la fois, mais personne n'ose réagir de peur d'une mort certaine. Ainsi, si chaque passager pouvait seulement croire que tous les autres réagiront en même temps que lui, alors repousser les brigands deviendrait possible.

Je ne sais pas si c'est juste une question de psychologie, car de même dans la vie sauvage quand un ou quelques prédateurs s'attaquent à tout un troupeau, ils ne s'orientent que vers une proie, et le reste du troupeau de fuir en général, quand bien même on a observé des éléphants s'élever ensemble, faire corps, contre une petite meute d'assaillants visant qu'un seul élément, le plus faible en général, l'explication pourrait venir du fait que le groupe se connait et est à même de réagir convenablement, formant une famille soudée, comme les suricates également, voire les bancs de poissons.

Dans une foule informe, il est donc assez aisé de s'en prendre qu'à un seul individu isolé au milieu de la masse, car celle-ci n'est pas cohérente, n'est pas interdépendante, mais la somme d'individus non connectés la plupart du temps, il en irait certainement autrement au beau milieu d'une famille ou d'une communauté, comme cela défraye régulièrement les chroniques... L'homme est toujours un animal qui s'ignore ! Mêmes causes, mêmes effets.

J'ajouterai que je ne vois pas bien la distinction que tu opères entre croyance basée sur la répétition (forte) et croyance inductive (faible), mais peut-être est-ce une erreur/maladresse de ta part?

Pour la bonne raison, que dans ma tête, l'induction est essentiellement une inférence généralisante à partir de situations considérées comme exemplaires/représentantes, non de l'intégralité des expériences sur le sujet, c'est-à-dire exhaustive, alors que la répétition systématique sans exception est d'un autre ordre, tels que la mort systématique des êtres vivants en tant qu'individus, ou que le jour succède à la nuit, qui contraste avec " tous les objets tombent par gravité si ils ne sont plus supportés " puisqu'il y a des exceptions mais avant qu'on ne les connaisse ( c'est pour illustrer des situations où nous ne serions pas en mesure de connaitre ou identifier les dites exceptions ), autrement dit il me manque un terme pour marquer la distinction entre une induction provisoirement qualifiée de forte ( exhaustive ), dont je me suis contenté d'écrire par le terme de répétition sans faille, par opposition à celle faible ( à partir de cas emblématiques mais non exhaustifs ).

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Douter, c'est bien, mais si c'est pour refuser tout ce qui aurait trait au non-scientifique, soit à l'existence virtuelle de choses non-expliquées, c'est très con !

La question est donc non pas de n'accepter comme "réel" que ce qui est démontré mais bien d'accepter au départ la possibilité d'existence de croyances perçues disons comme "naturelles"... et ce tant au moins qu'on n'a pas de raison d'en douter.

... ce qui n'empêche aucunement - bien au contraire - d'être en capacité de remettre en question n'importe laquelle de ces croyances, soit une des tâches proprement dites de la philosophie.

(on ne fait pas table rase des choses, il faudrait être bien impudent pour penser ainsi)

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Comme le dirait alors William James, ne faut-il pas alors que cet aventurier soit persuadé, même en l'absence de preuve suffisante, qu'il sera suffisamment fort et puissant pour sauter sur l'autre bord du fossé?

C'est surtout qu'il sait qu'en ne sautant pas, il est condamné à mourir déchiqueté par l'animal qui le poursuit.

Je n'ai lu ni James ni Clifford, mais les exemples que tu nous présentes omettent tous un paramètre essentiel : l'action, liée à la survie.

Si on reprend le cas de notre capitaine de navire qui par sa négligence fait couler tout son équipage, et qu'on les imagine devant en réalité quitter une île en proie à un incendie meurtrier, alors il n'y a rien d'immoral à avoir pris le risque d'emprunter ce navire sans en avoir vérifié l'état.

Le capitaine ,dans l'exemple de Clifford, avait sans doute des raisons de croire que son navire était fiable (donc sur le plan moral la question n'est pas de savoir ce qu'est une "preuve suffisante"), son tort était plutôt de ne pas avoir eu de raisons suffisantes d'agir sans vérifier l'embarcation.

Mais il y a des situations ou justifier nos actions en se fiant davantage à "ce qu'on croit" qu'a "ce qu'on sait" peut être ce qu'il y a de plus raisonnable pour l'Homme. Notamment ces situations où la morale et le devoir se situent dans la balance entre risque connu et risque inconnu.

Dans le fond, n'est-ce pas ce qu'on fait un peu tous les jours en agissant pour demain , sans pourtant jamais savoir ce que nous réserve l'avenir ?

========

En d'autres termes, pensez-vous qu'une telle éthique de la croyance soit réellement défendable?

"Il est mal de croire sans preuves suffisantes en toutes circonstances"

En réalité ce qui me dérange le plus dans sa devise, c'est qu'elle sous entend que la croyance serait volontaire, en toutes circonstances.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

"Il est mal de croire sans preuves suffisantes en toutes circonstances"

En réalité ce qui me dérange le plus dans sa devise, c'est qu'elle sous entend que la croyance serait volontaire, en toutes circonstances.

Pour tout ce qui concerne le mental, on est bien impliqué dans une croyance avant que de parler de savoir : on croit à tel ou tel savoir... quand bien même le doute ou une part de doute pourrait exister.

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Invité
Invité Invités 0 message
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Pour tout ce qui concerne le mental, on est bien impliqué dans une croyance avant que de parler de savoir : on croit à tel ou tel savoir... quand bien même le doute ou une part de doute pourrait exister.

oui mais ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

Quand Clifford écrit "Il est mal de croire sans preuves suffisantes en toutes circonstances" , il porte un jugement moral sur la croyance ("il est mal de croire"). Or on ne peut juger "bien" ou "mal" qu'un acte dont on présume la volonté et la responsabilité de l'auteur. Ce qui veut dire que Clifford part du postulat qu'on choisit nos croyances en toute conscience... Mais c'est faux, la réalité est toute autre, il y a un tas de circonstances où nos croyances sont indépendantes de notre bonne volonté. Par exemple, on peut croire parce qu'on a été trompé. Ou plus fréquent encore : nous avons tous des préjugés, ils font partie intégrante de nos pensées ; or le préjugé - comme son nom l'indique - est une idée admise sans l'avoir vérifiée.

Bref sa devise ne tient décidément pas la route.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

J'avais moi compris de la phrase que le type employait le mot croyance dans un sens strictement péjoratif (je l'ai longtemps employé de cette façon aussi)

Et je ne savais pas trop par où tu objectais quelque chose... du coup j'ai mis ce que moi j'ai à dire sur la croyance.

A la fin oui, possible qu'on se rejoigne... en tous cas, d'accord avec ce que tu dis.

.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 727 messages
If you don't want, you Kant...,
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Quand Clifford écrit "Il est mal de croire sans preuves suffisantes en toutes circonstances" , il porte un jugement moral sur la croyance ("il est mal de croire").

Bref sa devise ne tient décidément pas la route.

N'est-ce pas ce que notre brave Descartes avait en tête également dans son discours et sa méthode, lui qui est élevé au rang de héro national ? N'est-ce pas mal de croire, de ne pas douter, ou d'appuyer sa raison sur des éléments dont nous ne serions pas absolument sûrs, lorsque l'on veut bien conduire sa réflexion, ses pensées, selon ce même auteur ?

Ce mal ne résonne peut-être pas trop comme une condamnation que comme un appel à la raison, toujours aussi ténue dans la vie d'un homme, même contemporain !

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
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Tu as probablement raison D-U.

Je ne devrais même pas juger de la pensée d'un homme sur une simple citation isolée. Il faudrait en savoir un peu plus sur ce qu'a écrit le bonhomme (dont je n'avais même jamais entendu parler avant ce topic ^_^)

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Mais tu as parfaitement raison Théia lorsque tu dis que Clifford (et James aussi d'ailleurs) supposent le volontarisme de la croyance. Il est également vrai qu'on peut discuter ce points là.

Concernant le capitaine du bateau il est écrit dans le texte de Clifford qu'il repousse volontairement ses doutes sur l'état de son bateau pour croire qu'il pourra une fois de plus traverser l'océan. Avant bien évidemment de mener son équipage et lui-même à une mort certaine. Ce n'est donc pas qu'il manque de raisons suffisantes de douter de l'état de son bateau, mais que par un acte volontaire, par égoïsme et parce que cela l'arrangeait bien au lieu de perdre du temps et de l'argent à réparer, il décide tout de même de croire qu'il sera possible d'effectuer une traversée.

Finalement la question que cela pose c'est celle du droit moral de croire et de diffuser nos croyances en l'absence d'éléments de preuves suffisants.

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 727 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Finalement la question que cela pose c'est celle du droit moral de croire et de diffuser nos croyances en l'absence d'éléments de preuves suffisants.

Mais peut-on faire autrement, si ces formes de croyances sont une partie de nous ? Peut-on parler de droit ? ou bien plutôt d'inclination, comme nos peurs et autres phobies ne sont pas des choix, ni un droit ou un devoir, mais une composante de notre être, en avoir conscience ou les avoir à l'esprit ne change pas notre réaction à venir ou sollicitée, de même être conscient de nos croyances ne résorbera pas leur occurrence le moment venu, et ce quelles que soient les circonstances, avec ou sans preuve, la croyance agit par un autre biais que la raison, elle est donc difficilement jugulée par notre seul entendement, pour ce faire, il faudrait un vrai désir, une volonté à aller contre, en s'appuyant cette fois-ci sur la raison, bien que croire est une forme de passion, et nous savons la piètre efficacité qu'a la raison à s'élever contre elles en général, même avec de la bonne volonté, de bonnes intentions, il faut je pense avoir aussi un bon prétexte, un intérêt puissant pour contrebalancer la tendance, qui pourra conduire à un refus de continuer à s'y adonner...

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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J'entends ce que tu dis déjà-utilisé, mais en même temps ne fait-il pas partie de notre dignité de sujet cette conception selon laquelle nous serions à l'origine de nos croyances?

Je veux dire qu'un individu qui possède une croyance comme l'existence et l'infériorité de certaines races humaines, ne peut-on considérer qu'il est responsable et même fautif d'entretenir de telles pensées?

Si nos actions découlent naturellement de nos croyances, alors si nous ne choisissons pas nos croyances, comment la morale ou l'éthique seraient-elles même possibles?

Entendons-nous bien toutefois : James pour le moins ne part pas du principe que toutes nos croyances soient volontaires (ce qui serait une conception délirante) mais que quelquefois il est possible de croire par l'effet de la volonté. Pour Clifford cela me semble moins évident.

Je suis assez étonné de voir que peu d'intervenants défendent finalement la thèse de Clifford parce qu'elle me semble assez couramment (plus ou moins directement) croisée, notamment sur la partie Religion et Cultes du forum Actualités et Débats. Pour beaucoup on pourrait croire à lire leurs propos que croire en Dieu est fautif.

Sinon j'ai trouvé ce texte qui semble défendre ce qu'il appelle la thèse volontariste indirecte faible selon laquelle nous pouvons croire sous l'effet de la volonté mais uniquement lors d'un acte de la pensée qui viserait à établir la vérité ou la justification d'une croyance. Et c'est également là l'intérêt de l'épistémologie semble-t-il, que d'établir des critères éthiques de la croyance.

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Invité Quasi-Modo
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Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
Posté(e)

Pour reprendre rapidement sur cette éthique de la croyance, tout le sens de l'oeuvre de Popper n'est-il pas de mettre en place une sorte d'éthique de la recherche scientifique permettant de déterminer ce qui est scientifiquement recevable et le séparer de ce qui ne l'est pas (critère de démarcation entre science et pseudo science)?

De façon générale, pourquoi serions nous prêts à louer les gens qui gagnent de hautes distinctions comme les prix nobel ou la médaille fields sinon parce que nous pensons qu'ils ont du mérite à avoir conduit leurs pensées de façon vertueuse pour arriver à une conclusion reconnue? Pourquoi blâmerait-on ceux qui souhaitent enseigner le créationnisme à égalité avec la théorie de l'évolution?

Dans le fond l'idée n'est pas si absurde qu'on pourrait le penser au premier abord, ou pour le moins elle correspond à notre expérience quotidienne au sujet du croire.

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Membre, 157ans Posté(e)
chapati Membre 6 957 messages
Baby Forumeur‚ 157ans‚
Posté(e)

Le problème est qu'on est obligé de croire à nos pensées, à notre représentation du monde.

Le problème est que dans un monde qui prône l'individualisme, la cohérence intérieure a pris la place du sens.

Le problème est qu'on serait incapables de vivre dans un monde auquel on ne croirait pas.

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