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La philosophie et le vulgaire

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Invité Dompteur de mots

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Invité Dompteur de mots
Invités, Posté(e)
Invité Dompteur de mots
Invité Dompteur de mots Invités 0 message
Posté(e)

Voici une courte étude qui, je le pense, pourra nous profiter à tous, et nous aider à établir les critères de ce que peut être une philosophie élevée, exigeante, sérieuse, bref, une philosophie qui soit digne de ce nom.

Caractères de l’appropriation de la philosophie par le vulgaire* :

a) Frénétisme de la pensée

Le vulgaire recherche dans la philosophie un effet sur lui-même qui ait une action rapide, un effet narcotique qui doit exciter ses nerfs et sa sensualité en général. Cela doit le délasser de la monotonie de la vie, de sa routine. D’où le fait qu’il rechigne à toute persévérance, à tout acharnement à creuser une pensée jusque dans ses ramifications les plus profondes, de manière à en retirer les filons les plus insoupçonnés. La rumination lui est physiologiquement étrangère – il avale tout rond les productions de son esprit de manière à satisfaire les fonctions inférieures de son anatomie, aux dépens du raffinement de son palais. Il recherche l’agitation, le rapide. Il zappe, il saute du coq à l’âne ; il mélange les atmosphère, les territoires conceptuels, il sacrifie la cohérence, la rigueur et l’unité – bref la pureté – au profit de l’effet. Il peut passer par exemple de l’Antiquité grecque ou romaine jusqu’au capitalisme en un tournemain, comme on change de chaussettes, ou comme on change d’application sur son iPhone. Il navigue dans la pensée comme on navigue dans l’espace virtuel du web : frénétiquement, impatiemment – superficiellement.

Le défilement de concepts et de références décousues qui constitue la trame de la « philosophie » du vulgaire suppose que ses pensées n’atteignent jamais à quoi que ce soit de profond. Elles se contentent de surfer sur la vague, sans jamais plonger vers les fonds marins. L’effet, toujours l’effet : voilà le credo ici. D’ailleurs, rendu à ce point, peut-on encore parler de « concepts » ? Un tel esprit peut-il seulement faire usage de concepts ? Non : c’est de mots qu’il s’agit là et nullement de concepts. Le mot est la couche superficielle du concept, c’en est le costume, l’épiderme – à ce titre, certes, il n’y a pas de concepts sans mots. Mais un concept est plus qu’un mot : il englobe également tout un réseau physiologique sous son épiderme, formant un véritable organisme dont il est la synthèse. Un concept philosophique requiert, pour être considéré comme tel, qu’il soit placé à l’intérieur d’un plan de signification défini. Pour le dire plus simplement, si on entend évoquer le concept d’esprit, alors il ne suffit pas de dire « esprit » pour l’évoquer ; encore faut-il en expliciter l’usage, le fixer dans un réseau de significations propre à le faire jaillir dans toute sa profondeur à l’esprit de l’interlocuteur. Par exemple, c’est exactement ce que je viens de faire avec le concept de « concept ».

Mais bref, nous retrouvons chez le vulgaire plutôt des agencements de mots que des entrelacements de concepts. Des mots qui, couplés ensemble, peuvent provoquer des réactions rapides, bref, qui font de l’effet. Prenons cet exemple que j’ai tiré d’une discussion à un moment donné (je ne sais plus quand ou par qui cela a été écrit, et je ne tiens pas à personnaliser le débat non plus) :

« […] .. on dirait un religieux qui est en train de proclamer un sois disant paradis terrestre possible , a condition bien sur .. tant qu a faire .. , destin , notre destin serait d être heureux .. la version capitaliste , c est le bien être […] »

Voyez la véritable cavalcade qui se dessine ici : religieux, paradis, destin, capitaliste : autant de termes utilisés frénétiquement, sans respiration, sans qu’ils ne s’inscrivent dans un réseau de significations finement tracé, des termes qui sont rassemblés dans le but de créer de l’effet, toujours de l’effet. Voyez de quelle manière le plat n’est ici jamais dégusté, et de quelle manière il n’est jamais offert au lecteur de le déguster : le morceau est plutôt déchiqueté et retourné dans tous les sens de manière saccadée, comme le ferait un ogre ou… un loup qui vient tremper son museau dans la carcasse d’un pauvre chevreuil. Il n’y a pas ici de trajectoire à suivre, mais seulement un gros éclatement assourdissant à subir.

b) Dégénérescence de l’écriture

Cette caractéristique découle directement de a), en ce que le frénétisme de la pensée a nécessairement ses impacts sur la façon d’écrire – comme tout trouble psychologique a son extension somatique. D’abord, les phrases ne respirent pas, un peu à l’instar du glouton qui avale si rapidement les morceaux qui lui sont présentés que sa respiration se mêle à sa déglutition, et qu’avalant de la sorte son propre air, son estomac n’a cesse de se gonfler et de digérer tout de travers. Ses phrases ne respirent donc pas – c’est-à-dire qu’il n’y a aucun rythme qui s’installe dans son écriture, ni à l’intérieur même des phrases, ni dans l’ensemble du texte, ce qui revient à dire que cette écriture ne peut qu’être totalement dénuée de style. Et lorsque je parle de style, je ne signifie pas l’acceptation démocratique (et vulgaire) que ce concept a pris – soit le style comme forme singulière d’expression – mais bien le style comme unité et comme pureté de l’expression. Les phrases sont ici courtes, saccadées ; elles sont dénuées d’ampleur car elles ne se font pas le reflet d’un cheminement de la pensée, elles n’amènent pas le lecteur d’un point A vers un point B, mais elles se dédient plutôt à créer un effet brutal par une escalade rapide. Ainsi, les phrases se suivent avec la grâce d’une série de pétards que l’on allumerait à tour de rôle.

Dans les pires cas, les phrases s’estompent carrément et avec elles disparaît tout ce qui restait de notion de rythme. Les figures s’enchaînent aléatoirement et s’installe alors un culte de la spontanéité, qui lui va de pair avec le culte de la liberté individuelle – le dogme fondamental de notre époque. Car la spontanéité n’exige pas d’efforts, elle n’exige pas de s’imposer de la discipline, ou une ascèse de l’esprit ; elle est au contraire une voie de la facilité, et le vulgaire aime la facilité. Avec la disparition de la phrase et donc du rythme, nul besoin de préciser que le rôle de la ponctuation s’estompe ou devient obscur, car la ponctuation est, dans le langage, un élément qui régule rythme, qui dicte l’allure du phrasé et conduit la respiration. Or, je l’ai déjà dit, le vulgaire ne sait pas respirer.

Autre point, moins spécifiquement philosophique celui-là : le vulgaire écrit mal. Il fait des fautes, beaucoup de fautes. Il ne prend pas le temps, il écrit sur son téléphone portable, sur sa tablette, il ne se relit pas. Tout cela parce qu’il n’a aucune conception de la grâce de l’écriture et de la philosophie : encore une fois, il ne recherche qu’un effet rapide. Or, la grammaire et l’orthographe ne se marient pas toujours bien avec la spontanéité et de plus, ils requièrent de l’effort et de la discipline, alors que le vulgaire préfère la facilité.

* Nous possédons tous une part de vulgaire ou du moins de vulgarité potentielle en nous et donc à ce titre, nous sommes tous concernés par ceci.

Modifié par Dompteur de mots
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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

Après une rapide lecture , je vois poindre la quantité au profit de la qualité , tout ce qui n'est pas aboutit , n'est pas digne d'intérêt ?

Ensuite , on sent une espèce de hiérarchisation quelque peu nauséabonde ,( celui qui ne suit pas un code établi ( par qui? et pourquoi en ce lieu ?)

Bref de la surface ,alors que la sagesse requière du profond

Modifié par pascalin
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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 991 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Vision intéressante, et qui nous en dévoile un peu plus sur toi.

Néanmoins, le philosophie que nous pratiquons ici, est écrite, mais si j'ai l'occasion de vivre celle-ci verbalement et physiquement avec un peu de chance, à défaut une discussion au-delà des conventions de bienséance, et que j'y prenne goût, j'avoue m'emballer, parler jusqu'à perte de souffle, couper la parole, poser des questions, triturer, torturer intellectuellement mon alter-égo, comme une frénésie sentimentale, une ivresse captivante, galopante, jouissive, à l'instar de son homologue charnel.

Dois-je y voir, un manque d'appréciation de la sagesse philosophique? Ou simplement l'expression physiologique d'une émotion, de l'appréciation de ce que je vis intensément, sans retenu, sans modération, quasi-animale de ce que j'aime faire!

Pourquoi vouloir désincarner, dévitalisé la philosophie mon cher Dompteur de mots? Une étreinte amoureuse peut tout autant être sensuel, pleine de retenu, ou au contraire fougueuse, sauvage. Y aurait-il une manière meilleure qu'une autre pour s'exprimer, le style que chacun utilise n'est-il pas le reflet, l'identité, la signature de son auteur, peut-on préjuger la valeur de l'individu à l'apparence de son discours manuscrit, ou à la profondeur du propos? Je sais que l'apparat participe aux jugement de valeur, mais n'est-il pas aussi du devoir du philosophe de s'y soustraire?

N'est ce pas une projection de ta propre approche du sujet, que tu nous fais partager? Bien qu'indéniablement, un texte bourré de fautes, d'idées confuses, d'argumentations farfelues, n'incite pas à prendre pour crédible le propos, pourtant parfois un éclair jaillit de cet apparent maelstrom de mots, ( je pense à NJ plus particulièrement, qui était plus loquace par le passé ). Il est évident qu'un style aéré, bien tourné est plus agréable, plaisant à lire, ou si le style est froid et que les idées sont bien agencées, c'est une autre façon d'apprécier la lecture, pour certains une démonstration mathématique est barbare, immonde, pour d'autres elle est belle, profonde, sublime.

Tout dépend en définitive à quoi tu attaches de l'importance, le fond ou la forme, voire les deux!

Moi j'aime ton style, mais j'apprécie aussi celui de Tison2feu moins "poétique" , de Quasi-modo ou de La suggestion beaucoup plus froid/désintéressé, même parfois celui décousu de Nietzsche-junior, et ceux plus pragmatiques de Jedino, Théia ou Jean-Ghislain. À faire le rapprochement avec la musique, cela va de la musique classique à la musique électronique, en passant par la chanson à texte travaillé/pertinent, poétique ou répétitif.

Ce qui me gêne le plus, c'est le manque de recul, de pertinence, de profondeur, de largeur, de sens, de critique, de celui qui s'exprime, bref une analyse en amont de ses dires.

Modifié par deja-utilise
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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

* Nous possédons tous une part de vulgaire ou du moins de vulgarité potentielle en nous et donc à ce titre, nous sommes tous concernés par ceci.

Je serais même à penser que tout vos mots sont vulgaires car ils ne sont pas concis , que toute la litanie que vous déblatérez , il manque de la précision dans vos propos et ça en devient vulgaire ... imbuvable !!!

Celui qui veut être confus , use de stratagèmes et de mots ; alors que celui qui ne veut qu'apporter sans duper , n'en a cure ..

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Membre, Posté(e)
pere_vert Membre 3 856 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Ce texte ressemble plus à une critique du mauvais niveau littéraire des intervenants qu'à autre chose. Ajouté à ça une pointe de rejet des nouvelles technologies.

Le texte puisé pour illustrer ta démonstration vient d'un sujet d'actualité il semblerait? D'ailleurs, le morceau choisi pour appuyer sur le côté frénétique de la cadence ressemble beaucoup à un slogan.

Culture PUB quoi.

Laissons les philosophes disserter et les autres discuter.

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

Moi j'aime ton style, mais j'apprécie aussi celui de Tison2feu moins "poétique" , de Quasi-modo ou de La suggestion beaucoup plus froid/désintéressé, même parfois celui décousu de Nietzsche-junior, et ceux plus pragmatiques de Jedino, Théia ou Jean-Ghislain. À faire le rapprochement avec la musique, cela va de la musique classique à la musique électronique, en passant par la chanson à texte travaillé/pertinent, poétique ou répétitif.

Et moi ? je pue le pâté ?

Nan , je rigole ...

Mais franchement , est-ce que vous n'avez pas conscience que tout vos propos peuvent être repris et ce, de façon totalement obligatoire de part leur teneur totalement désuette ?

Quel part d'objectivité dans tout ça ? Quel regard critique ? Tout ce que l'on dit ne serait que vérité absolue sans remise en question ?

C'est ce que je perçoit au travers des divers posts ..

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
Invité Leopardi Invités 0 message
Posté(e)

.

Modifié par Leopardi
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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

il n’y a pas de concepts sans mots

Vérité gratuite et sans fondements !

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Invité nietzsche.junior
Invités, Posté(e)
Invité nietzsche.junior
Invité nietzsche.junior Invités 0 message
Posté(e)

.

moi aussi je peux attraper des ombres ;)

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Membre, 30ans Posté(e)
maxime0805 Membre 767 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
Posté(e)

Vérité gratuite et sans fondements !

Place un bébé en dehors de toutes possibilités d'apprendre une langue, tu verras bien s'il se met à réfléchir de lui-même.

Pour info, cette expérience a déjà été faite : http://www.apophtegm...S/frederic2.htm

Les bébés sont morts.

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

Place un bébé en dehors de toutes possibilités d'apprendre une langue, tu verras bien s'il se met à réfléchir de lui-même.

Pour info, cette expérience a déjà été faite : http://www.apophtegm...S/frederic2.htm

Les bébés sont morts.

Je vois pas le rapport !

C'est sympa de défendre ton pot mais ne viens pas sur le terrain science pour asseoir des idées philo , ça pourrait te revenir dans la ...

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Membre, 30ans Posté(e)
maxime0805 Membre 767 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
Posté(e)

Je vois pas le rapport !

C'est sympa de défendre ton pot mais ne viens pas sur le terrain science pour asseoir des idées philo , ça pourrait te revenir dans la ...

Le rapport c'est que les bébés n'ont pas développés de concepts car ils n'ont pas jamais parlé ou entendu parlé. C'est une expérience que j'ai déjà vu chez les philosophes qui réfléchissent à l'origine du langage... Regarde le lien, ça n'a rien de scientifique, ça s'est passé au Moyen Age.

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Invité Leopardi
Invités, Posté(e)
Invité Leopardi
Invité Leopardi Invités 0 message
Posté(e)

Le problème Dompteur de mots si je peux me permettre, c'est que vous passez à la trappe le rapport entre les mots et les choses (le principe de l'exposé philosophique étant, à mon avis, de restituer sous forme écrite ou orale les rapports qu'entretiennent les choses entre elles, en somme, que le "tissu" des mots soit conforme au "tissu" des choses - mais il faut intégrer la fameuse "subversion" dont vous avez souvent parlé) en vous attardant sur les critères internes de l'exposé, qui en soi peuvent parfaitement être remplis selon vos préférences, sans que cela n'implique aucune cohérence "externe", en regard de la réalité.

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

Non sans déc . il y aurait un problème ,

et ce que tu décris à un nom ...

Le rapport c'est que les bébés n'ont pas développés de concepts car ils n'ont pas jamais parlé ou entendu parlé. C'est une expérience que j'ai déjà vu chez les philosophes qui réfléchissent à l'origine du langage... Regarde le lien, ça n'a rien de scientifique, ça s'est passé au Moyen Age.

Ils n'ont pas jamais parlé ! oula ça sort d'où ça ?

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Invité Dompteur de mots
Invités, Posté(e)
Invité Dompteur de mots
Invité Dompteur de mots Invités 0 message
Posté(e)

Pourquoi vouloir désincarner, dévitalisé la philosophie mon cher Dompteur de mots?

Ma foi, tu es complètement fourvoyé Déjà. Mon texte est un véritable plaidoyer en faveur de la vitalisation de la philosophie ! Comment peux-tu m'attribuer une telle intention ?

Une étreinte amoureuse peut tout autant être sensuel, pleine de retenu, ou au contraire fougueuse, sauvage. Y aurait-il une manière meilleure qu'une autre pour s'exprimer, le style que chacun utilise n'est-il pas le reflet, l'identité, la signature de son auteur, peut-on préjuger la valeur de l'individu à l'apparence de son discours manuscrit, ou à la profondeur du propos? Je sais que l'apparat participe aux jugement de valeur, mais n'est-il pas aussi du devoir du philosophe de s'y soustraire?

Je ne juge pas de la valeur des individus, mais bien de la valeur des philosophies - et toute philosophie inclut une composante communicationnelle. Quand on prend la parole pour s'exprimer sur le monde et sur la vie, il faut le faire avec dignité. La vie est trop courte et trop belle pour supporter que l'on palabre à son sujet de manière abjecte.

Ensuite, je ne parle pas d’apparat, mais bien de style. Et oui, le style importe et est, selon ma vision, inséparable du fond. Car le style exprime le dynamisme même de la pensée. Il exprime aussi l’état physiologique de celui qui écrit.

Sais-tu Déjà que dans une conversation, le non-verbal compte pour davantage que le verbal dans l’interprétation de l’interlocuteur ? C’est qu’avant d’être projection sur un plan abstrait, la parole est d’abord un acte physique. Et bien j’avance que le même phénomène se produit dans l’écriture : le lecteur est influencé en majeure partie par le style du texte, par sa respiration particulière. Et ceci est logique puisque, même si c’est plus dur à concevoir, la lecture est d’abord un acte physique. Le corps s’y repaît d’un rythme particulier, d’une respiration, d’intonations, de pointes mélodiques. Lire, c’est coller son oreille contre un coquillage qui fait vibrer notre corps, non par l’oreille mais bien par les yeux et par l’intellect. Évidemment, encore faut-il savoir lire, ce qui n’est évidemment pas à la portée de tous.

N'est ce pas une projection de ta propre approche du sujet, que tu nous fais partager?

Pardon ? Une « projection de ma propre approche du sujet » ? Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Cela est certes mon approche du sujet. Pourrait-il en être autrement ? Je livre ma pensée. Je ne dis pas qu’il faut foutre aux chambres à gaz tout ce qui ne pense pas de la sorte. Je dis « voici comment je pense, pouvez-vous relever le défi de cette pensée et y opposer la puissance votre propre pensée ? »

parfois un éclair jaillit de cet apparent maelstrom de mots

Très bien. Mais la philosophie, c’est aussi le capteur d’éclairs, et l’alternateur, et l’accumulateur, et la centrale électrique au grand complet. C’est même le réseau de distribution et toutes ses ramifications. Il y a la section poésie pour les éclairs.

Tout dépend en définitive à quoi tu attaches de l'importance, le fond ou la forme, voire les deux!

Moi j'aime ton style, mais j'apprécie aussi celui de Tison2feu moins "poétique" , de Quasi-modo ou de La suggestion beaucoup plus froid/désintéressé, même parfois celui décousu de Nietzsche-junior, et ceux plus pragmatiques de Jedino, Théia ou Jean-Ghislain. À faire le rapprochement avec la musique, cela va de la musique classique à la musique électronique, en passant par la chanson à texte travaillé/pertinent, poétique ou répétitif.

En ce qui me concerne, je te renvoie à la définition du style que j’ai énoncée dans mon texte d’ouverture. Je n’adhère pas à une définition démocratique du style, comme « modalité individuelle de l’expression ». Le style est pour moi l’unité de l’expression, son rythme. Le style est propre aux esprits qui respirent, aux esprits continents, dont l’expression répond à une volonté définie, qui suit un cheminement, qui sait où elle s’en va. Et précisément, c’est cela la philosophie : un cheminement méthodique; ce qui ne signifie pas mathématique, ni froid, ni désincarné, ni monotone.

Ajouté à ça une pointe de rejet des nouvelles technologies.

Correction: rejet de l'utilisation stupide des nouvelles technologies.

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Invité Dompteur de mots
Invités, Posté(e)
Invité Dompteur de mots
Invité Dompteur de mots Invités 0 message
Posté(e)

Le problème Dompteur de mots si je peux me permettre, c'est que vous passez à la trappe le rapport entre les mots et les choses (le principe de l'exposé philosophique étant, à mon avis, de restituer sous forme écrite ou orale les rapports qu'entretiennent les choses entre elles, en somme, que le "tissu" des mots soit conforme au "tissu" des choses - mais il faut intégrer la fameuse "subversion" dont vous avez souvent parlé) en vous attardant sur les critères internes de l'exposé, qui en soi peuvent parfaitement être remplis selon vos préférences, sans que cela n'implique aucune cohérence "externe", en regard de la réalité.

Hmm... je comprends ton point ton Léo. Mon topic ne se veut certainement pas exhaustif et l'aspect dont tu parles pourrait certainement faire l'objet d'un tout autre débat.

Mais je pense que le principe n'est pas tant de coller à la réalité - comme le ferait le scientifique par exemple, mais bien de coller à son rapport avec le monde. Enfin, remarquons que les deux peuvent se croiser. En tant que c'est de l'analyse de son rapport avec le monde que peut émaner les principes de l'empirisme menant à la science. D'ailleurs, la philosophie de la science reste de la philosophie tant qu'elle concerne justement cette analyse dont je parle - celle de notre rapport avec le monde. Que fait Aristote dans sa Physique ? Il tente de déceler ce qu'il peut y avoir d'universel et d'invariable dans notre façon d'appréhender le monde. Après, la science commence lorsque ces principes sont appliqués à des phénomènes divers pour former un système de modélisation cohérent.

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 014 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

A Dompteur de mots :

Si je saisis parfaitement, le 1) explique que le "vulgaire" fait plutôt de la littérature que de la philosophie et le 2) que cette littérature, cherchant à être philosophie, en devient mauvaise, d'autant plus que la langue est mal maîtrisée.

Si on part du principe que la philosophie est un jeu de concepts, il est assez évident qu'il faut une certaine connaissance du langage pour pouvoir jouer avec, et en ce cas, le 2) implique bien le 1), même s'il reste possible d'exprimer des idées sans maîtriser parfaitement le langage et les concepts. C'est mieux, mais non nécessaire, à mon sens.

En revanche, j'ai plus de mal avec les prémisses du 1) : il est vrai que la philosophie est souvent (toujours?) présentée comme une réflexion sur des concepts. Mais son véritable objectif reste, il me semble et avant tout, de comprendre et appréhender la réalité, et non de simplement spéculer toujours un peu plus dans une complexité croissante. Bref, elle est une science, et non un art. En ce sens, le concept est utile, probablement nécessaire, mais il ne l'est pas au sens où sans lui, rien n'est possible. Car le concept est le moyen et non la fin.

Et, j'aurais une autre nuance à apporter : un style complexe, bien maîtrisé, et juste peut être tout aussi obscur que son parfait contraire. Pour ne pas le citer : "Prends l'éloquence et tords-lui son cou"!

Maintenant, si j'ai mal compris/loupé des passages qui disent ce que je dis moi, je m'en excuse. Je dois avouer que j'ai lu ça assez rapidement. Il est un peu tard pour réfléchir encore.

Modifié par Jedino
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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 106 messages
Forumeur alchimiste ‚
Posté(e)

Une étreinte amoureuse peut tout autant être sensuel, pleine de retenu, ou au contraire fougueuse, sauvage. Y aurait-il une manière meilleure qu'une autre pour s'exprimer, le style que chacun utilise n'est-il pas le reflet, l'identité, la signature de son auteur, peut-on préjuger la valeur de l'individu à l'apparence de son discours manuscrit, ou à la profondeur du propos? Je sais que l'apparat participe aux jugement de valeur, mais n'est-il pas aussi du devoir du philosophe de s'y soustraire?

[...]

À faire le rapprochement avec la musique, cela va de la musique classique à la musique électronique, en passant par la chanson à texte travaillé/pertinent, poétique ou répétitif.

Tes deux rapprochements avec la musique et l'amour m'inspirent quelques réflexions, étant précisé que j'abonde pleinement avec la pensée critique de Dompteur.

Le vulgaire est incapable de sortir le moindre son harmonieux de son instrument philosophique car celui-ci n'a jamais été accordé.

Par rapport à l'amour, le vulgaire se trouve dans la situation de l'éjaculateur précoce. La meilleure manière me semble résulter d'une exigence d'exégèse du corps, du coeur et de l'esprit. L'abjection est bien dans la facilité, dans la précipitation et dans l'absence de tout raffinement dans les préliminaires, ceux-ci n'étant pas du tout incompatibles avec un maximum de fougue, de puissance et de créativité dans un rapport prolongé rendu plus harmonieux entre les partenaires.

Je pense néanmoins que le concept de spontanéité appelle quelque nuance, d'autant qu'il est à l'origine d'une bifurcation fondamentale de la philosophie occidentale et de la pensée chinoise. Il s'agit bien de pourfendre dans les deux cas cette frénésie incontrôlée des pensées, mais chez le sage chinois, il s'agit d'opérer une complète mise en sommeil de la conscience, un oubli de toute idée arrêtée, devant permettre d'agir de façon spontanément juste en toutes circonstances. Nous sommes aux antipodes du monde philosophique comme représentation conceptuelle ; le sage chinois opère un va-et-vient spontané, immédiat, non-discursif (quand je parle, je ne perçois pas), entre le vide de sa conscience et les choses sensibles qui permettra de faire surgir du nouveau. Cette exigence de spontanéité, notable dans le Yi Jing et plus encore dans le Zhuangzi, n'a bien sûr rien à voir avec la spontanéité facile du vulgaire.

Modifié par tison2feu
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Membre, Posté(e)
yacinelevrailefou Membre 519 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

J'attendais ce sujet depuis quelques jours déjà, à l'annonce que tu (Dompteur) avais faite dans le fil d'une discussion ici ou là... Je trouve que cette petite étude vaut quelque chose, elle nous montre parfois nos défauts et souvent ce que nous ne voulons pas lire, ce que nous détesterions être... Le vulgaire ou comment généraliser une attitude, une expression, pire un style de pensée... Cela me parait coïncider avec l'idée que la philosophie est nécessairement élitiste. Il faudrait alors un certain niveau de réflexion, d'Intelligence pour pouvoir philosopher ou du moins en parler. La philosophie est souvent (ici) encombré par ce que tu nommes le vulgaire... Je suis d'accord, mais ce n'est pas très vertueux de l'avouer car, en effet, il en va du vulgaire telle la "subjection" de l'élite.

Mais à essayer de définir le vulgaire cela suppose un point de vu extérieur, dégagé de tous les torts que l'on serait tenté de lui attribuer... Et puisque tu confesse toi aussi (dans ton astérisque) que nous sommes tous le con de quelqu'un, permet à d'autre de définir le vulgaire selon une autre échelle de réflexion...

La philosophie comme le dit si bien Husserl est la couronne de toutes les sciences. En cela, la philosophie appartient au champs de la connaissance. Une connaissance qui est un pur produit de la pensée. Donc, celui qui souhaite se lancer dans ce domaine donnera efforts sur l’accomplissement de ses pensées, il usera de son intelligence. Dire que faire de la philosophie est un exercice d'intelligence n'est pas faux bienque cela ne soit pas le but de la philosophie. En philosophie, celui que l'on remarque le plus est celui qui est le plus intelligent, le plus sage. Le vulgaire, lui, croit philosopher alors qu'il balbutie des inepties, des idioties : la pensée du vulgaire est presque vide, son intelligence est proche du seuil du débile ; il ne sait rien bienqu'il fasse comme si il savait.

Or , classer dans "le vulgaire" toutes entreprises modestes (entendez la moins intelligente ou comme on le dit à la fac, la moins pertinente) à faire de la philosophie est un jugement qui répond à des codes, à des attentes, en bref, c'est raisonner en bon professeur, avec un programme où une certaine qualité de l'expression est demandée ainsi qu'un travail ou une approche philosophique. Mais à quoi reconnait on le philosophe/un travail philosophique ? Voyons ; on se reconnait d'abord, selon sa considération propre, aux caractères qui ne sont pas les siens ou que l'on ne possède pas...

Le vulgaire se reconnait par certains que je nommerais "élite" selon la considération d'un présupposé mauvais usage philosophique lui-même présupposé par ces mêmes qui se placent en tant qu'élite, connaissant ce que la philosophie et plus encore ce que eux-même. C'est donc une frontière arbitraire selon le codes des usages philosophiques que certains dressent, excluant d'autres sous les traits d'un débile appelé vulgaire pour mieux former un "nous" incluant tous ceux qui répondent correctement au code des usages philosophiques (désolé , je n'ai pas d'autres mots)...

Il faut bien, enfin, dégagé l'objectif de ce procédé ou sinon le motif : faire de la philosophie un rapport qualitatif à soi-même, de l' intelligence à la valeur que l'on se donne. La philosophie comme un jolie miroir, sans taches , sans vulgaire ou plutôt avec le vulgaire afin de mieux voir ses qualités... Mais ces qualités se sont nous qui les présupposons; tout comme la classe du vulgaire.

Mise à part tout ceci, je note que toi, Dompteur, as toujours pris le soin d'expliquer à moins savant que toi ce que tu avais compris de la philosophie (et tu en as compris énormément)... Alors pourquoi ce sujet quelque peu orgueilleux qui tranche avec ton humilité ? Un raz-le-bol peut-être ?

Modifié par yacinelevrailefou
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AK-47 Membre 120 messages
Baby Forumeur‚
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Tes deux rapprochements avec la musique et l'amour m'inspirent quelques réflexions, étant précisé que j'abonde pleinement avec la pensée critique de Dompteur.

Le vulgaire est incapable de sortir le moindre son harmonieux de son instrument philosophique car celui-ci n'a jamais été accordé.

En matière d'amour, le vulgaire ne peut surmonter le cap de l'éjaculation précoce. La meilleure manière me semble résulter d'une exigenc'e d'exégèse du corps, du coeur et de l'esprit. L'abjection est bien dans la facilité, dans la précipitation et dans l'absence de tout raffinement dans les préliminaires, ceux-ci n'étant pas du tout incompatibles avec un maximum de fougue et d'improvisation dans un rapport plus harmonieux entre les partenaires.

Je pense néanmoins que le concept de spontanéité appelle quelque nuance, d'autant qu'il est à l'origine d'une bifurcation fondamentale de la philosophie occidentale et de la pensée chinoise. Il s'agit bien de pourfendre dans les deux cas cette frénésie incontrôlée des pensées, mais chez le sage chinois, il s'agit d'opérer une complète mise en sommeil de la conscience, un oubli de toute idée arrêtée, devant permettre d'agir de façon spontanément juste en toutes circonstances. Nous sommes aux antipodes du monde philosophique comme représentation conceptuelle ; le sage chinois opère un va-et-vient spontané, immédiat, non-discursif (quand je parle, je ne perçois pas), entre le vide de sa conscience et les choses sensibles qui permettra de faire surgir du nouveau. Cette exigence de spontanéité, notable dans le Yi Jing et plus encore dans le Zhuangzi, n'a bien sûr rien à voir avec la spontanéité facile du vulgaire.

Je ne comprends pas ta notion de "harmonieux". Ne penses tu pas que ce qui est harmonieux, est un peu relatif ? Par exemple, un mathématicien verra une formule "harmonieuse" tandis qu'un néophyte préférera la "symétrie" d'une fleur... C'est un peu tout à fait arbitraire. Dans le sens où chacun a sa définition d'harmonie.

Je ne comprends pas où tu veux en venir.

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