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January

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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Commémoration du 11 Novembre

Pourquoi le bleuet ? Pourquoi le coquelicot ?

Le bleuet

Il est moins célèbre en France que son pendant britannique. Outre le symbole de vie qui se poursuit malgré les obus, « bleuets » était le surnom que les poilus donnaient aux nouveaux soldats, arrivant avec leur uniforme d'un bleu horizon encore immaculé. C'est en 1925 que l'appelation devient un insigne, à l'initiative de deux infirmières : Charlotte Malleterre et Suzanne Leenhardt créent le « Bleuet de France », qui vise à recueillir des fonds pour venir en aide aux mutilés de la Grande Guerre. Les pensionnaires des Invalides confectionnent eux-même les bleuets en tissus vendus ensuite à leur profit.

Le Poppy (coquelicot)

Le coquelicot est un symbole auquel sont attachés de nombreux Anglo-Saxons. Tiré d'un poème écrit par un soldat canadien lors de la deuxième bataille d'Ypres, le « poppy » a été adopté comme symbole en 1921 par la Royal British Legion, une association chargée des anciens combattants. Dès cette année-là, il commence à apparaître sur le revers des vestes des Britanniques.

Jusqu'à aujourd'hui, la tradition du « poppy » persiste, en particulier au Royaume-Uni, où il serait mal vu qu'un homme politique fasse une apparition la semaine précédent le 11 novembre sans arborer son coquelicot. Preuve de sa popularité : les sommes récoltées outre-Manche frôlent chaque année les 50 millions d'euros, contre un peu plus d'un million en France.

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/11/11/pourquoi-les-francais-portent-ils-des-bleuets-le-11-novembre-et-les-britanniques-des-coquelicots_4521931_4355770.html

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  • 2 semaines après...
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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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Le bureau de Clémenceau reconstitué à l'hôtel de Brienne

Le bureau du "Tigre", Georges Clemenceau, président du Conseil de 1917 à 1920, a été reconstitué quasiment à l'identique au ministère de la Défense afin de rendre hommage à celui qui conduisit la France à la victoire de 1918.

Ministre de la Guerre en même temps que président du Conseil, il s'était installé au premier étage de l'Hôtel de Brienne, dans un salon qui donnait alors directement sur la rue Saint-Dominique et sous les fenêtres duquel les Parisiens vinrent l'acclamer le 11 novembre 1918, après la signature de l'armistice.

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Cet espace, qui avait changé de destination au fil du temps et perdu son aspect originel, a retrouvé tout son éclat sur une initiative de l'actuel ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en fonction depuis mai 2012.

"C'est lui qui a conduit la guerre, en respectant les institutions démocratiques et en sachant établir sa crédibilité auprès du monde militaire. Nous lui devons l'Armistice, c'est-à-dire la Victoire", souligne M. Le Drian dans un hommage écrit.

http://actu.orange.fr/france/le-bureau-de-clemenceau-reconstitue-a-l-hotel-de-brienne-afp_CNT0000005O71Q.html

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Membre, Poisson rouge très très méchant, 40ans Posté(e)
Loopy Membre 3 109 messages
40ans‚ Poisson rouge très très méchant,
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Salut,

Je rebondit là dessus :

Le Poppy (coquelicot)

Le coquelicot est un symbole auquel sont attachés de nombreux Anglo-Saxons. Tiré d'un poème écrit par un soldat canadien lors de la deuxième bataille d'Ypres, le « poppy » a été adopté comme symbole en 1921 par la Royal British Legion, une association chargée des anciens combattants. Dès cette année-là, il commence à apparaître sur le revers des vestes des Britanniques.

Jusqu'à aujourd'hui, la tradition du « poppy » persiste, en particulier au Royaume-Uni, où il serait mal vu qu'un homme politique fasse une apparition la semaine précédent le 11 novembre sans arborer son coquelicot. Preuve de sa popularité : les sommes récoltées outre-Manche frôlent chaque année les 50 millions d'euros, contre un peu plus d'un million en France.

J'ai profité du WE du 11 novembre pour me faufiler outre manche et ai en effet pu constater cette tradition. Jeunes, vieux, hommes, femmes, tout le monde porte avec un flegme bien anglais un (souvent faux) coquelicot. Même les célèbres taxi s'en décorent, et les douves de la tour de Londres se remplissent d'un champ rouge qui n'est effectivement pas sans figurer les horreurs de la guerre et le sang qu'elles versent, malgré la foule de touristes (pour la plupart Français) qui y vont de leur plus inventives onomatopées...

Cependant, j'ai compris à travers mes discussions que le coquelicot n'est pas associé à la seule grande guerre dans l'esprit des Britaniques, mais à "tous les anciens combatants" sans distinction de guerre, ce qui pourrait expliquer en partie la plus grande générosité des Britaniques.

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Il y a 100 ans exactement, voici les recommandations qu'envoyait ma mère à mon père mobilisé:

<< Pour la salubrité de l'eau, papa dit que le procédé le meilleur est de se faire (sur les petits braseros qui servent à chauffer votre soupe) une infusion (eau bouillie par conséquent) de café léger,ou de thé léger, ou de tilleul, dont on remplit sa gourde pour la journée. Je vais t'envoyer thé, ou tilleul. Le café est, parait-il, un désinfectant de l'eau. Mais le liquide stérilisant le plus efficace est l'eau de Javel. Je ne t'en envoie pas car tu en trouveras chez tous les épiciers pour deux ou trois sous le litre. J'ignore la proportion, mais elle est certainement très faible,le chlore à haute dose étant un poison. Un pharmacien te l'indiquerait. Pour l'entéro-vaccin, je ne te conseille pas de l'essayer sans l'avis d'un médecin. Je n'ai jamais entendu parler que des piqures. Mais ne pourrais-tu demander à les subir ? ... Je vais tâcher de me renseigner sur ces cachets. Je prends bonne note du sac de couchage. Mais en toile, ce ne doit pas être chaud ? N'aimerais-tu pas mieux du drap ? ... Qu'il fait froid !

Modifié par Rasibus
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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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@ Loopy : oui c'est vrai, commémoration de la fin de la première guerre mondiale mais aussi de la fin des autres guerres.

@ Rasibus : Le café désinfectant de l'eau, quelle croyance.. J'ai trouvé ceci au sujet du chlore : http://books.google.fr/books?id=4hi3VNElNlQC&pg=PT388&lpg=PT388&dq=hypochlorite+de+calcium+en+1914&source=bl&ots=L8aJUBHW8c&sig=kwmZOJqtrbKO-5pHuIdsE4gVTzE&hl=fr&sa=X&ei=T9tuVImRMpLfaJPvgpgN&ved=0CFEQ6AEwBw#v=onepage&q=hypochlorite%20de%20calcium%20en%201914&f=false

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Dans la mesure où on prend de l'eau BOUILLIE pour faire l'infusion ou le café: Oui , la boisson est "salubre".

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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22 novembre 1914. Extrait de la lettre de ma mère à mon père:

<< Il parait qu'on libère en ce moment les territoriaux pères de plus de cinq enfants. Hélas, ce n'est pas encore la réserve. Papa pense que vous resterez au Havre tant que les allemands seront en France et en Belgique, puis qu'aussitôt la marche sur Berlin commencée, on construira autour des places fortes allemandes des parcs d'artillerie où on vous enverra. Et d'où vous bombarderez les villes tout à votre aise, à grande distance, ce qui n'est ni meurtrier ni très inconfortable. Il pense également que la guerre ne sera plus très longue (fin janvier) mais ce qui n'en finira plus, c'est la période d'occupation. Et là il dit qu'on emploiera aussi les réservistes, mais je crois qu'il juge de la chose rien qu'au point de vue militaire sans tenir compte des besoins de l'agriculture et de l'industrie, ce dont certainement le gouvernement aura cure. A part cela, il est peu prolixe de détails sur la guerre et de ses discours il ressort seulement... Je te le dirai plus tard de vive voix. N'écris pas à Louis P-en Allemagne-les atrocités allemandes. Tu risquerais de lui attirer des désagréments: . Ne l'écris pas non plus à Georges, car un prisonnier trouvé porteur de telles nouvelles peut s'attirer des représailles, et il PEUT être fait prisonnier. La vie ne doit pas être gaie à Valenciennes ! Elle ne l'est nulle part: Ici les voiles de crêpe ne se comptent plus. Papa prend la possibilité de deuils avec une philosophie étonnante...

.Ah, quand cette triste vie solitaire finira-t-elle, et quand nous retrouverons-nous ensemble, chez nous!...>>

Modifié par Rasibus
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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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"Les voiles de crêpe ne se comptent plus" 22 novembre 1914...

La guerre finie fin Janvier...

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Invité brendan12
Invités, Posté(e)
Invité brendan12
Invité brendan12 Invités 0 message
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Bon aller, ça fait longtemps que je n'ai pas écrit dedans, donc je m'y mets ! :smile2:

Pour vous expliquer un peu, je suis étudiant en licence pro archivistique. Dans le cadre du cours d'Histoire contemporaine, nous avons à réaliser un dossier pédagogique sur une thématique de la Grande Guerre. Mon groupe avons choisi les correspondances.

Vu que je n'ai pas le droit de diffuser d'images, je vais vous dévoiler textuellement un extrait d'une correspondance d'un poilu avec sa femme, sur le front alsacien, le 13/08/1915 :

" Maintenant, il faut que je te parle de nos voisins les rats. La pâtée que tu m'as envoyé est très bonne, mais elle a un inconvénient. C'est que quand les rats ont bouffé les tartines de pâtée, ils vont crever dans leurs trous, c'est à dire dans ce qui sert de murs à notre cabane et pas moyen de les en sortir. Il faudrait démolir notre abri, mais heureusement que nous avons des désinfectants très puissants à notre disposition. Sans cela, nous serions empestés, alors tu vois : la pâtée, ce n'est pas encore le vrai remède. Il faut encore mieux les tuer avec notre revolver, c'est plus sûr. [...] "

J'ai trouvé ce moment très cocasse. Cela montre un peu le rapport du poilu avec le rat : pas mal ! :smile2:

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Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
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Ils devaient bouffer les cadavres sur les champs de bataille aussi.

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Extrait de la lettre du 24 novembre 1914 de ma mère à mon père:

<< ...je t'envoie suivant ton désir enveloppes et carte de Russie. Pour l'iode,elle s'emploie très bien pure quoiqu'en disent les journaux, pour désinfecter les plaies, mais il est en effet nécessaire qu'elle soit fraiche. Si tu étais SUR de ton départ, [ pour le front; mon père est toujours près du Havre] il faudrait renouveler ta provision...mais je vais tâcher de me procurer les ampoules. Par malheur, dans les magasins, [ma mère est à Angers] on ne trouve plus rien; ainsi je n'avais pas même de couverture de laine dans mon lit cette semaine, et impossible d'en acheter ! . Donc, garde précieusement celle que tu as, et ne la perds pas: Je ne pourrais plus t'en envoyer d'autre. De toutes parts, on en demande pour les soldats. Garde aussi ton sac de couchage, si défectueux qu'il soit, avant que tu aies reçu le mien. Car autant les envois par la poste sont faciles et rapides, autant les colis mis au chemin de fer demandent des formalités...pour rester en gare, bien souvent. >>

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Membre, Posté(e)
Demsky Membre 11 389 messages
Maitre des forums‚
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Le fiasco du chemin des Dames

Poilus, tirailleurs africains, alliés, ils sont des centaines de milliers à avoir été sacrifiés sur le chemin des Dames pour une poignée de kilomètres.

chemin-des-dames-premiere-guerre-mondiale-petain-2642545-jpg_2301476.JPG

350 000 morts ou blessés, des mutineries à n'en plus finir, pour seulement quelques kilomètres de terrain. En mai 1917, le général Nivelle est désavoué et remplacé en catastrophe par Pétain, suite à l'échec moral et physique que représente le chemin des Dames. Comment en est-on arrivé à un tel fiasco ?

Le Point http://www.lepoint.f...828760_1615.php

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Lettre du 27 novembre 1914 de ma mère à mon père:

<<... que je suis contente ce soir ! On annonce les allemands en pleine déroute en Russie. Papa dit que la guerre peut être finie le 31 Décembre, et qu'elle durera au plus tard jusqu'en Mars. Quelle chance ! Voilà que cela touche à sa fin.

...Je n'ai pas eu de lettre de toi ce soir, par contre une vraie épitre de Léon [un frère de ma mère, 22 ans,sous-lieutenant ]qui nous envoie "Le petit colonial", journal édité dans les tranchées. Il raconte avec férocité qu'il fait sauter les tranchées allemandes en les minant. Et sa joie en voyant jambes et bras ennemis épars. Quelle horreur ! Par contre il a sauvé tendrement la vie à une petite taupe égarée...

... Jean [beau-frère de ma mère, capitaine] est ici, avec un éclat d'obus dans le pied, qui ne l'empêche cependant pas de marcher. La cicatrice s'est formée par dessus, mais il va la faire rouvrir pour enlever l'éclat, après radiographie.

Je suis sortie ce matin, pour voir ce que contenaient encore les magasins. Hélas! Hélas !. . Si la guerre continue, je ne sais pas ce que deviendra le commerce !.. Il n'y a plus un homme dans les rues. Songe que presque tous les réformés ont été repris; il ne reste que des enfants ou des vieux. La vie est suspendue. Quel triste hiver ! Mais ensuite ce sera la résurrection... Il me semble que nous allons nous retrouver en lune de miel, quand tu reviendras. >>

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  • 3 semaines après...
Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
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De la fosse commune à la tombe individuelle

La guerre de 14-18 a donné lieu à de nombreuses innovations dont la plupart relèvent de notre face sombre. Il en est une, toutefois, qui fait honneur à notre humanité : le remplacement des fosses communes par des tombes individuelles, conséquence paradoxale de la « démocratisation de la guerre ».

Un siècle après, les nécropoles et cimetières militaires témoignent encore de ce respect tout à fait inédit pour les conscrits et les volontaires morts au combat.

La mort apprivoisée

Avant 1914, la destinée des corps des soldats tués sur les champs de bataille était l’inhumation dans une fosse commune, le plus souvent sans distinction de nationalité ou de grade. Seuls quelques princes et officiers généraux avaient droit à une sépulture pérennisant leur souvenir, et cela jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Les mentalités évoluent toutefois au milieu du XIXe siècle. Pendant la guerre de Crimée, Britanniques et Français répartissent les morts dans des fosses communes par unité. Rien de changé par rapport à la pratique ancestrale. Mais pour la première fois, en 1856, le traité de Paris qui met fin au conflit prévoit la préservation de ces sépultures militaires.

Ce souci apparaît également dans l’article 16 du traité de Francfort qui met fin à la guerre franco-prussienne en 1871 : les belligérants prennent en charge le regroupement des sépultures et leur entretien à perpétuité.

Il s'agit en majorité de fosses communes qui mêlent soldats français et allemands car une épidémie de variole concomitante a conduit à hâter les inhumations. Mais l'on compte aussi quelques dizaines de milliers de tombes individuelles de soldats morts au combat, dans des « carrés militaires » aménagés dans les cimetières communaux...

Les soldats citoyens réclament d'être respectés dans la mort

Quand éclate la Première Guerre mondiale, la règle est l’inhumation en fosse commune dans l’armée française, par fosses de cent hommes, et dans l’armée britannique par fosses de six hommes ; les officiers disposant quant à eux de sépultures individuelles.

Les Allemands ont adopté l'inhumation en tombe individuelle quelques années plus tôt, à l'image des Américains, mais l’hécatombe des cinq premiers mois de la guerre les amène à y renoncer provisoirement.

Sur le front occidental, plus de 300.000 Français perdent la vie, dont 40.000 lors des premiers chocs des 20 au 23 août 1914, ainsi que 260.000 Allemands et plus de 12.000 soldats belges.

La plupart finissent dans des fosses communes. Ainsi de Charles Péguy, inhumé avec ses camarades dans les premiers jours de la bataille de la Marne. Aujourd’hui encore, les fosses communes pérennisées dans les cimetières militaires contiennent à 90 % des soldats tombés en 1914.

Toutefois, aux yeux des contemporains, l’image de ces morts anonymes amoncelés dans les fosses communes apparaît vite scandaleuse, tant du point de vue sanitaire que moral.

Suite http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=1961&ID_dossier=435

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  • 4 semaines après...
Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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Les veuves de guerre, deuil éternel ?

On compte près de 700 000 "veuves de guerre", de la Grande Guerre, veuves de soldats tués durant le conflit ou morts des suites de la guerre. On a assisté là à une véritable phénomène de société, totalement nouveau et imprévu, qui a fait apparaître une nouvelle catégorie de femmes.

On imagine celles-ci recluses dans le deuil éternel de l'aimé mort au champ d'honneur, alors que la réalité est parfois bien différente, comme de mauvaises langues se plaisent à le dénoncer. Dans "La voix des morts" de JP Mézières, celui-ci nous décrit les veuves qui oublient et celles qui n'oublient pas :

"On connaît deux catégories de veuves, celles qui oublient et celles qui n'oublient pas ! Hélas ! La première catégorie est de beaucoup la plus importante et je revois les braves poilus qui ne manquaient jamais, même au feu, d'envoyer à leur compagne la lettre journalière, où ils répétaient la recommandation suprême : "Si je tombe, pense à moi !" Ils sont tombés ces braves, leurs compagnes se sont remariées et, parmi elles, il y en a dont la pensée, jamais, ne s'envole vers la pauvre croix de bois perdue au milieu des lignes sanglantes du front. Cheveux courts, jupes courtes, cigarettes, chapeaux cloches et perception régulière de leur pension, elles ont bien d'autres choses à faire !

Il y a par contre des veuves au cœur élevé qui, malgré une seconde union nécessitée par les exigences de la vie, conservent pieusement en elles le souvenir du héros. Celles-là seulement sont vraiment veuves et, si je m'appelais le Droit, c'est à elles seules que je servirais une pension ! "

Mais : un gros problème que Mézières doit oublier ou ignorer, le remariage prive automatiquement les veuves de leur pension. Elles seront pourtant 140 000 à se remarier dans les cinq années suivant la fin de la guerre et autant dans la décennie qui suivra (ce qui fera faire de substantielles économies à l'état). Cette réglementation , si elles poussait certaines veuves à la fidélité éternelle, poussait également de nombreux couples à vivre maritalement pour conserver la précieuse rente.

Le montant de la pension dépend du grade et de la solde du conjoint. Ainsi la veuve d'un général touchait annuellement et selon le taux entre 3500 et 5300 francs, alors que la veuve d'un simple soldat se voyait verser de 375 à 563 francs par an (ce qui ne saurait lui suffire pour vivre !)

Les veuves se voyaient reconnaître des avantages fiscaux. Elles avaient la possibilité d'adhérer à une caisse de retraite mutualiste. D'autres avantages s'ajoutaient, comme leur reclassement professionnel dans la fonction publique, l'attribution de bureaux de tabac.

Des aides leur sont accordées pour un pèlerinage annuel sur la tombe de l'époux, c'est une loi de 1921 qui décrétera la prise en charge de la totalité du coût du voyage.

Ces pensions faisaient bien des jaloux, les situations étant parfois injustes... Beaucoup de veuves ne l'étaient ainsi pas officiellement, tout en ayant eu un enfant avec le défunt poilu. La réparation par un mariage avec légitimation de l'enfant, évidemment prévue et reportée pour cause de mobilisation du père n'avait pu avoir lieu, et la pauvre femme, à la fois "veuve et mère" se retrouvait sans aucun moyen de subsistance...

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Et les orphelins de guerre ? Je crois qu'ils étaient déclarés "pupilles de la Nation". Ce qui leur conférait quels avantages matériels ?

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 083 messages
108ans‚ ©,
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En fait, on peut aussi être pupille sans être orphelin :

L’intervention de l’État est relativement tardive. La loi sur les pupilles de la Nation date du 24 juillet 1917 seulement et les orphelins sont visés par la loi des pensions du 31 mars 1919. Les deux notions sont donc juridiquement distinctes. Les orphelins sont les enfants des militaires tués à la guerre ou morts ultérieurement des suites de leurs blessures. L’enfant né bien après la guerre d’un mutilé qui meurt quelques années plus tard est ainsi, légalement, un orphelin de la guerre et, quelles que soient les ressources de sa famille, la loi lui reconnaît un droit indirect à indemnisation par l’intermédiaire de sa mère, dont la pension de veuve est majorée.

Les pupilles sont des enfants dont le père, la mère ou le soutien de famille ont été mis dans l’incapacité de gagner leur vie par des blessures ou des maladies contractées ou aggravées par suite de la guerre. On peut donc être pupille sans être orphelin, et inversement. Les pupilles sont « adoptés » par la Nation, mais cette adoption ne vise aucunement à les retirer à leur famille; elle a d’abord une valeur symbolique. La loi donne la tutelle de l’enfant à sa mère quand le père n’est plus là, se bornant à généraliser le conseil de famille. Elle n’entraîne pas non plus automatiquement l’attribution de secours, se contentant de la permettre. Elle crée enfin un Office national, rattaché au ministère de l’Instruction publique, pour assurer la protection des pupilles et organiser les aides nécessaires. Action démultipliée par des offices départementaux.

(Les enfants du deuil - O. Faron)

(Le temps de chercher et je reviendrai avec plus de renseignements). En attendant, les divers types de pensions :

Les combattants, invalides et mutilés de guerre, représentent près de la moitié des pensionnés, avec tout un système d'évaluation de l'invalidité (de même pour les "internés"). Les invalidités mineures sont prises au taux de 10,15 et 20% (par exemple des problèmes articulaires, cicatrices, perte de dents...). Les plus lourdes, comme la perte d'un membre ou d'un œil, valent 65 voire 100% pour la tuberculose. Les taux sont cumulables (plusieurs infirmités) et révisables, à la hausse comme à la baisse (un invalide non appareillable sera mieux indemnisé qu'un invalide appareillable...)

C'est incroyable mais pour certains, la guerre leur apportera la fortune (je parlerai de la multiplication des infirmités, du jeu des majorations, des abus etc..)

Les veuves et les orphelins (20% des pensionnés). C'est une pension à titre viager pour les veuves (pension supprimée en cas de remariage) et jusqu'à la majorité pour les orphelins.

Il y a aussi une pension prévue pour les ascendants (30% des pensionnés)

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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Merci, January.

Le grand-père de ma femme a été tué en 1915. Mon beau-père ne m'a pas raconté sa jeunesse, mais j'ai eu l'impression qu'il a reçu pas mal de sous .

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