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chirona

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Membre, Artisan écriveur , 56ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
56ans‚ Artisan écriveur ,
Posté(e)

L'affiche rouge

Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes

Ni l'orgue ni la prière aux agonisants

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans

Vous vous étiez servis simplement de vos armes

La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes

Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants

L'affiche qui semblait une tache de sang

Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence

Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant

Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants

Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre

A la fin février pour vos derniers moments

Et c'est alors que l'un de vous dit calmement

Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre

Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses

Adieu la vie adieu la lumière et le vent

Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent

Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses

Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

Que la nature est belle et que le coeur me fend

La justice viendra sur nos pas triomphants

Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline

Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent

Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir

Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

Louis Aragon

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Las, où est maintenant...

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?

Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,

Cet honnête désir de l’immortalité,

Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs qu’au soir sous la nuit brune

Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté

Dessus le vert tapis d’un rivage écarté

Je les menais danser aux rayons de la Lune ?

Maintenant la Fortune est maîtresse de moi,

Et mon cœur, qui soulait être maître de soi,

Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient.

De la postérité je n’ai plus de souci,

Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,

Et les Muses de moi, comme étranges, s’enfuient.

Joachim du Bellay, Les Regrets, 1558

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Membre+, Posté(e)
Doïna Membre+ 17 468 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

L'arbre

Tout seul,

Que le berce l'été, que l'agite l'hiver,

Que son tronc soit givré ou son branchage vert,

Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,

Il impose sa vie énorme et souveraine

Aux plaines.

Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans

Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;

Les yeux aujourd'hui morts, les yeux

Des aïeules et des aïeux

Ont regardé, maille après maille,

Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.

Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;

Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;

Il abritait leur sieste à l'heure de midi

Et son ombre fut douce

A ceux de leurs enfants qui s'aimèrent jadis.

Dès le matin, dans les villages,

D'après qu'il chante ou pleure, on augure du temps ;

Il est dans le secret des violents nuages

Et du soleil qui boude aux horizons latents ;

Il est tout le passé debout sur les champs tristes,

Mais quels que soient les souvenirs

Qui, dans son bois, persistent,

Dès que janvier vient de finir

Et que la sève, en son vieux tronc, s'épanche,

Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,

- Lèvres folles et bras tordus -

Il jette un cri immensément tendu

Vers l'avenir.

Alors, avec des rais de pluie et de lumière,

Il frôle les bourgeons de ses feuilles premières,

Il contracte ses noeuds, il lisse ses rameaux ;

Il assaille le ciel, d'un front toujours plus haut ;

Il projette si loin ses poreuses racines

Qu'il épuise la mare et les terres voisines

Et que parfois il s'arrête, comme étonné

De son travail muet, profond et acharné.

Mais pour s'épanouir et régner dans sa force,

Ô les luttes qu'il lui fallut subir, l'hiver !

Glaives du vent à travers son écorce.

Cris d'ouragan, rages de l'air,

Givres pareils à quelque âpre limaille,

Toute la haine et toute la bataille,

Et les grêles de l'Est et les neiges du Nord,

Et le gel morne et blanc dont la dent mord,

jusqu'à l'aubier, l'ample écheveau des fibres,

Tout lui fut mal qui tord, douleur qui vibre,

Sans que jamais pourtant

Un seul instant

Se ralentît son énergie

A fermement vouloir que sa vie élargie

Fût plus belle, à chaque printemps.

En octobre, quand l'or triomphe en son feuillage,

Mes pas larges encore, quoique lourds et lassés,

Souvent ont dirigé leur long pèlerinage

Vers cet arbre d'automne et de vent traversé.

Comme un géant brasier de feuilles et de flammes,

Il se dressait, superbement, sous le ciel bleu,

Il semblait habité par un million d'âmes

Qui doucement chantaient en son branchage creux.

J'allais vers lui les yeux emplis par la lumière,

Je le touchais, avec mes doigts, avec mes mains,

Je le sentais bouger jusqu'au fond de la terre

D'après un mouvement énorme et surhumain ;

Et J'appuyais sur lui ma poitrine brutale,

Avec un tel amour, une telle ferveur,

Que son rythme profond et sa force totale

Passaient en moi et pénétraient jusqu'à mon coeur.

Alors, j'étais mêlé à sa belle vie ample ;

Je me sentais puissant comme un de ses rameaux ;

Il se plantait, dans la splendeur, comme un exemple ;

J'aimais plus ardemment le sol, les bois, les eaux,

La plaine immense et nue où les nuages passent ;

J'étais armé de fermeté contre le sort,

Mes bras auraient voulu tenir en eux l'espace ;

Mes muscles et mes nerfs rendaient léger mon corps

Et je criais : " La force est sainte.

Il faut que l'homme imprime son empreinte

Tranquillement, sur ses desseins hardis :

Elle est celle qui tient les clefs des paradis

Et dont le large poing en fait tourner les portes ".

Et je baisais le tronc noueux, éperdument,

Et quand le soir se détachait du firmament,

je me perdais, dans la campagne morte,

Marchant droit devant moi, vers n'importe où,

Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fou.

Emile Verhaeren

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)
Le pain

" La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. "

Francis Ponge, Le Parti-pris des choses, 1942

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Rossignol mon mignon

Rossignol mon mignon, qui dans cette saulaie

Vas seul de branche en branche à ton gré voletant,

Dégoisant à l’envi de moi, qui vais chantant

Celle qu’il faut toujours que dans la bouche j’aie,

Nous soupirons tous deux, ta douce voix s’essaie

De fléchir celle-là, qui te va tourmentant,

Et moi, je suis aussi celle-là regrettant,

Qui m’a fait dans le cœur une si aigre plaie.

Toutefois, Rossignol, nous différons d’un point.

C’est que tu es aimé, et je ne le suis point,

Bien que tous deux ayons les musiques pareilles,

Car tu fléchis t’amie au doux bruit de tes sons,

Mais la mienne, qui prend à dépit mes chansons,

Pour ne les écouter se bouche les oreilles.

Ronsard, Continuation des Amours, 1555

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Membre, Artisan écriveur , 56ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
56ans‚ Artisan écriveur ,
Posté(e)

Dans ma maison

"Dans ma maison vous viendrez

D'ailleurs ce n'est pas ma maison

Je ne sais pas à qui elle est

Je suis entré comme ça un jour

Il n'y avait personne

Seulement des piments rouges accrochés au mur blanc

Je suis resté longtemps dans cette maison

Personne n'est venu

Mais tous les jours et tous les jours

Je vous ai attendu

Je ne faisais rien

C'est-à-dire rien de sérieux

Quelque fois le matin

Je poussais des cris d'animaux

Je gueulais comme un âne

De toute mes forces

Et cela me faisait plaisir

Et puis je jouais avec mes pieds

C'est très intelligent les pieds

Ils vous emmènent très loin

Quand vous voulez aller très loin

Et puis quand vous ne voulez pas sortir

Ils restent là ils vous tiennent compagnie

Et quand il y a de la musique ils dansent

On ne peut pas danser sans eux

Il faut être bête comme l'homme l'est souvent

Pour dire des choses aussi bêtes

Que bête comme ses pied gai comme un pinson

Le pinson n'est pas gai

Il est seulement gai quand il est gai

Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste

Est-ce qu'on sait ce que c'est un pinson

D'ailleurs il ne s'appelle pas réellement comme ça

C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça

Pinson pinson pinson pinson

Comme c'est curieux les noms

Martin Hugo Victor de son prénom

Bonaparte Napoléon de son prénom

Pourquoi comme ça et pas comme ça

Un troupeau de Bonapartes passe dans le désert

L'empereur s'appelle Dromadaire

Il a un cheval caisse et des tiroirs de course

Au loin galope un homme qui n'a que trois prénoms

Il s'appelle Tim-Tam-Tom et n'a pas de grand nom

Un peu plus loin encore il y a n'importe quoi

Et puis qu'est-ce que ça peut faire tout ça

Dans ma maison tu viendras

Je pense à autre chose mais je ne pense qu'à ça

Et quand tu seras entrée dans ma maison

Tu enlèveras tous tes vêtements

Et tu resteras immobile nue debout avec ta bouche rouge

Comme les piments rouges pendus sur le mur blanc

Et puis tu te coucheras et je me coucherais près de toi

Voilà

Dans ma maison qui n'est pas ma maison tu viendras."

Jacques Prévert (1900-1977)

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  • 2 semaines après...
Invité ella voyage
Invités, Posté(e)
Invité ella voyage
Invité ella voyage Invités 0 message
Posté(e)

Sur La Vie

lettre à Memet (son fils)

La vie n'est pas une plaisanterie

Tu la prendras au sérieux,

Comme le fait un écureuil, par exemple,

Sans rien attendre du dehors et d'au-delà

Tu n'auras rien d'autre à faire que de vivre.

La vie n'est pas une plaisanterie,

Tu la prendras au sérieux,

Mais au sérieux à tel point,

Qu'adossé au mur, par exemple, les mains liées

Ou dans un laboratoire

En chemise blanche avec de grandes lunettes,

Tu mourras pour que vivent les hommes,

Les hommes dont tu n'auras même pas vu le visage,

Et tu mourras tout en sachant

Que rien n'est plus beau, que rien n'est plus vrai

que la vie.

Tu la prendras au sérieux

Mais au sérieux à tel point

Qu'à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras

des oliviers

Non pas pour qu'ils restent à tes enfants

Mais parce que tu ne croiras pas à la mort

Tout en la redoutant

mais parce que la vie pèsera plus lourd

dans la balance.

Nazim Hikmet

poète turc 1901- 1963

NB:je tiens beaucoup à ce poème, seuls ces mots m'ont aidée et guidée à une très sombre période de mon existence

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Funeral Blues

Stop all the clocks, cut off the telephone,

Prevent the dog from barking with a juicy bone,

Silence the pianos and with muffled drum

Bring out the coffin, let the mourners come.

Let aeroplanes circle moaning overhead

Scribbling on the sky the message 'He is Dead'.

Put crepe bows round the white necks of the public doves,

Let the traffic policemen wear black cotton gloves.

He was my North, my South, my East and West,

My working week and my Sunday rest,

My noon, my midnight, my talk, my song;

I thought that love would last forever: I was wrong.

The stars are not wanted now; put out every one,

Pack up the moon and dismantle the sun,

Pour away the ocean and sweep up the wood;

For nothing now can ever come to any good.

W.H. Auden (1907-1973)

Arrêter les pendules, couper le téléphone,

Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,

Faire taire les pianos et les roulements de tambour

Sortir le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors

Dessinent ces trois mots Il Est Mort,

Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices

Ganter de noir les mains des agents de police

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est, mon Ouest,

Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,

Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.

Je croyais que l'amour jamais ne finirait : j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye

Démonter la lune et le soleil

Vider l'océan, arracher les forêts

Car rien de bon ne peut advenir désormais.

Wystan Hugh Auden (1907-1973)

cf : poème cité dans le film "4 mariages et un enterrement"

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Les aveugles

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !

Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;

Terribles, singuliers comme les somnambules ;

Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,

Comme s’ils regardaient au loin, restent levés

Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés

Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,

Ce frère du silence éternel. Ô cité !

Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,

Vois, je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,

Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

Baudelaire, Les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, 1857

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Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
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Ophélie

I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles

La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,

Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...

- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie

Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.

Voici plus de mille ans que sa douce folie

Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle

Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;

Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,

Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;

Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,

Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :

- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !

Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !

- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège

T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,

A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;

Que ton coeur écoutait le chant de la Nature

Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,

Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;

C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,

Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !

Tu te fondais à lui comme une neige au feu :

Tes grandes visions étranglaient ta parole

- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !

III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles

Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;

Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,

La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud, Poésies, 1870

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 624 messages
107ans‚ ©,
Posté(e)

... J'ai dit à mon coeur désolé :

Quittons cette tour de démence,

Mêlons-nous à la vie immense,

Soyons, dans l'ère qui commence,

Parmi les moissonneurs du blé.

Il est d'autres deuils que les nôtres

Et le mot du problème humain,

Trop grand pour une seule main,

Est caché dans le coeur des autres.

La galère - Louis Duchosal

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Membre, 33ans Posté(e)
Persée25 Membre 49 messages
Baby Forumeur‚ 33ans‚
Posté(e)

le coeur est un organe a part,

du corps il se separe,

vivant sa propre vie jours apres jours,

allant de peine de coeur au grand amour,

demandant pour toute nouritture,

qu'un peut d'amour et de bienfaisance,

mais pourtant, pour si peu de nouritture,

le coeur est pourtant si dur,

si complexe,

avec tant d'aventure,

et de mystère,

le coeur peut vivre en groupe,

même si c'est louche.

Pourtant, un coeur peut en aimer un autre,

sans pour autant que l'autre aime ce coeur.

il se peut ausi qu'un coeur soit bien avec un autre ,

et veuille lui en parler,

sans pour autant etre sur d'aimer ce coeur,

je sais cette histoire n'a ni coeur ni téte,

mais j'aimerai comprendre le demelement des arteres.

enfin sur ce poeme qui n'a pas une rime de valable, je vous laisse sur la dernière phrase.e-newline">

Modifié par Tyr
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  • 2 mois après...
Membre+, 51ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Les deux Amis

gray_pix.jpg

Deux vrais amis vivaient au Monomotapa :

L'un ne possédait rien qui n'appartînt à l'autre :

Les amis de ce pays-là

Valent bien dit-on ceux du nôtre.

Une nuit que chacun s'occupait au sommeil,

Et mettait à profit l'absence du Soleil,

Un de nos deux Amis sort du lit en alarme :

Il court chez son intime, éveille les valets :

Morphée avait touché le seuil de ce palais.

L'Ami couché s'étonne, il prend sa bourse, il s'arme ;

Vient trouver l'autre, et dit : Il vous arrive peu

De courir quand on dort ; vous me paraissiez homme

A mieux user du temps destiné pour le somme :

N'auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu ?

En voici. S'il vous est venu quelque querelle,

J'ai mon épée, allons. Vous ennuyez-vous point

De coucher toujours seul ? Une esclave assez belle

Etait à mes côtés : voulez-vous qu'on l'appelle ?

- Non, dit l'ami, ce n'est ni l'un ni l'autre point :

Je vous rends grâce de ce zèle.

Vous m'êtes en dormant un peu triste apparu ;

J'ai craint qu'il ne fût vrai, je suis vite accouru.

Ce maudit songe en est la cause.

Qui d'eux aimait le mieux, que t'en semble, Lecteur ?

Cette difficulté vaut bien qu'on la propose.

Qu'un ami véritable est une douce chose.

Il cherche vos besoins au fond de votre coeur ;

Il vous épargne la pudeur

De les lui découvrir vous-même.

Un songe, un rien, tout lui fait peur

Quand il s'agit de ce qu'il aime.

Jean de la Fontaine

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Salut!

Charles Bukowski – L’écrasement

trop grand

trop petit

trop gros

trop maigre

ou rien du tout.

rire ou

larmes

haineux

amoureux

des inconnus avec des gueules

passées

à la limaille de plomb

des soudards qui parcourent

des rues en ruines

qui agitent des bouteilles

et qui, baïonnette au canon, violent

des vierges

ou un vieux type dans une pièce misérable

avec une photographie de M.Monroe.

il y a dans ce monde une solitude si grande

que vous pouvez la prendre

à bras le corps.

des gens claqués

mutilés

aussi bien par l’amour que par son manque.

des gens qui justement ne s’aiment

pas les uns les autres

les uns sur les autres.

les riches n’aiment pas les riches

les pauvres n’aiment pas les pauvres.

nous crevons tous de peur.

notre système éducatif nous enseigne

que nous pouvons tous être

de gros cons de gagneurs.

mais il ne nous apprend rien

sur les caniveaux

ou les suicides.

ou la panique d’un individu

souffrant chez lui

seul

insensible

coupé de tout

avec plus personne pour lui parler

et qui prend soin d’une plante.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

et je suppose que ça ne changera jamais

mais à la vérité je ne leur ai pas demandé

des fois j’y

songe.

le blé lèvera

un nuage chassera l’autre

et le tueur égorgera l’enfant

comme s’il mordait dans un ice cream.

trop grand

trop petit

trop gros

trop maigre

ou rien du tout.

davantage de haine que d’amour.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

peut-être que, s’ils s’aimaient,

notre fin ne serait pas si triste ?

entre-temps je préfère regarder les jeunes

filles en fleurs

fleurs de chance.

il doit y avoir une solution.

sûrement il doit y avoir une solution à

laquelle nous n’avons pas encore songé.

pourquoi ai-je un cerveau ?

il pleure

il exige

il demande s’il y a une chance.

il ne veut pas s’entendre dire :

“non.”

***

bukowski.gif

Modifié par Lucy Van Pelt
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Invité SAVANNA
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Invité SAVANNA
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Ballade en l'honneur de ma tant douce tourmente .

Le drageoir aux épices . Joris-Karl Huysmans

Joaillier, choisis dans ta coupe tes pierres les plus précieuses, fais-les ruisseler entre tes doigts, embrase en gerbes multicolores les flammes des diamants et des rubis, des émeraudes et des topazes ; jamais leurs folles étincelles ne pétilleront comme les yeux de ma brune madone, comme les yeux de ma tant douce tourmente !

Les yeux de ma mie versent de morbides pâmoisons, de câlines stupeurs ! Ils flamboient comme des vesprées et reflètent, au déduit, les tons phosphorescents de la mer houleuse, le féerique scintillement des mouvantes lucioles dans les nuits d’orage.

Les yeux de ma mie rompent les plus fermes volontés : c’est le vin capiteux qui coule à plein bord, c’est le philtre qui charrie le vertige, c’est la vapeur de chanvre qui affole, c’est l’opium qui fait vaciller l’âme et la traîne, éperdue, dans d’inquiétantes hallucinations, dans de paradisiaques béatitudes.

Et qu’importe ! ivresse, vertige, enchantement, délire, je veux les boire jusqu’à l’extase dans ces coupes alléchantes, je veux assoupir mes angoisses, je veux étouffer mes rancœurs dans les chaudes fumées de ton haleine, dans l’inaltérable splendeur de tes grands yeux, ô brune charmeresse !

Je veux boire l’oubli, l’irrémissible oubli, sur tes lèvres veloutées, sur ces fleurs turbulentes de ton sang ! Je veux entr’ouvrir leurs rouges corolles et en faire jaillir, dans un rehaut de lumière, tes dents, tes dents qui provoquent aux luttes libertines, tes dents qui mordent cruellement les cœurs, tes dents qui sonnent furieusement la charge des baisers !

Joaillier, choisis dans ta coupe tes pierres les plus précieuses, fais-les ruisseler entre tes doigts, embrase en gerbes multicolores les flammes des grenats et des améthystes, des saphirs et des chrysoprases ; jamais leurs folles étincelles ne pétilleront comme les yeux de ma bonne madone, comme les yeux de ma tant douce tourmente !

Modifié par SAVANNA
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chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 51ans‚
Posté(e)

Salut!

Charles Bukowski – L’écrasement

trop grand

trop petit

trop gros

trop maigre

ou rien du tout.

rire ou

larmes

haineux

amoureux

des inconnus avec des gueules

passées

à la limaille de plomb

des soudards qui parcourent

des rues en ruines

qui agitent des bouteilles

et qui, baïonnette au canon, violent

des vierges

ou un vieux type dans une pièce misérable

avec une photographie de M.Monroe.

il y a dans ce monde une solitude si grande

que vous pouvez la prendre

à bras le corps.

des gens claqués

mutilés

aussi bien par l’amour que par son manque.

des gens qui justement ne s’aiment

pas les uns les autres

les uns sur les autres.

les riches n’aiment pas les riches

les pauvres n’aiment pas les pauvres.

nous crevons tous de peur.

notre système éducatif nous enseigne

que nous pouvons tous être

de gros cons de gagneurs.

mais il ne nous apprend rien

sur les caniveaux

ou les suicides.

ou la panique d’un individu

souffrant chez lui

seul

insensible

coupé de tout

avec plus personne pour lui parler

et qui prend soin d’une plante.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

et je suppose que ça ne changera jamais

mais à la vérité je ne leur ai pas demandé

des fois j’y

songe.

le blé lèvera

un nuage chassera l’autre

et le tueur égorgera l’enfant

comme s’il mordait dans un ice cream.

trop grand

trop petit

trop gros

trop maigre

ou rien du tout.

davantage de haine que d’amour.

les gens ne s’aiment pas les uns les autres.

peut-être que, s’ils s’aimaient,

notre fin ne serait pas si triste ?

entre-temps je préfère regarder les jeunes

filles en fleurs

fleurs de chance.

il doit y avoir une solution.

sûrement il doit y avoir une solution à

laquelle nous n’avons pas encore songé.

pourquoi ai-je un cerveau ?

il pleure

il exige

il demande s’il y a une chance.

il ne veut pas s’entendre dire :

“non.”

***

bukowski.gif

Bonsoir Lucy Van Pelt, merci pour ce poème qui est extraordinaire ;)

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Invité Velvetshead
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Quel génie ce Bukowski! thumbsup.gif

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lendehors Membre 372 messages
Baby Forumeur‚
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Je m’assieds

Je m’assieds, j’écoute le sifflement

de la circulation et j’invoque,

dans cette chambre incendiée,

dévastée, un fantôme, quelque

vague ressemblance d’un autre temps

De temps en temps,

Comme un long rêve

électrique et malsain.

C’est un état confus.

Là-bas tout le monde

est avide de son amour.

Ils draineront sa vie

comme de chauds connecteurs

s’infiltreront dans son âme

Par tous les cotés et fondront

la forme qu’elle avait pour moi.

Mais je le mérite

De tous les cannibales

je suis le plus grand.

Un avenir de fatigue.

Laissez-moi dormir.

Poursuivre ma maladie.

Jim Morrison

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