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Membre, 37ans Posté(e)
LeBreton66 Membre 549 messages
Baby Forumeur‚ 37ans‚
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Ron Paul est-il un modèle à suivre pour les libéraux français et francophones au plan de l’action politique ?

Par Daniel Tourre

Cet article s’adresse à des libéraux (si vous n’êtes pas libéral, vous pouvez vous arrêter là, cela ne vous concerne pas vraiment) qui pensent que l’action militante peut être utile en France (Là, je ne veux pas perdre 80% de mes lecteurs, donc vous pouvez continuer à lire, mais ne venez pas vous plaindre ensuite que l’on parle stratégie militante comme si l’action pouvait servir à quelque chose alors que tout le monde sait très que la France est génétiquement socialiste, même que c’est vrai, les socialistes le disent et ils ne se trompent jamais.)

L’émergence de Ron Paul dans les primaires républicaines a capté l’attention des libéraux dans toute l’Europe. Beaucoup de militants suivaient déjà avec intérêt depuis plusieurs années la trajectoire de cet OVNI politique défendant avec constance un libéralisme classique (1) très pur et la vision de l’École Autrichienne en économie.

Aujourd’hui, qu’il perde ou qu’il gagne, Ron Paul et le mouvement qu’il a initié marqueront durablement le libéralisme classique aux USA.

En dehors de son discours sur la politique étrangère, responsable lui-aussi de son succès actuel, mais qui n’est pas directement lié à la doctrine libérale – le libéralisme n’est pas une théorie géopolitique -, au-delà des particularités de la politique américaine et de l’homme lui-même, y a-t-il des leçons à tirer du succès de Ron Paul pour nous libéraux français ?

Quels sont les éléments, sur le fond et sur la forme, dont nous pourrions nous inspirer en France pour la défense du libéralisme ?

1. S’appuyer sur le libéralisme classique plutôt que sur un libéralisme « utilitariste »

(Très) schématiquement, le libéralisme peut se diviser en deux branches, qui bien que se rejoignant largement sur les conclusions, partent de deux visions différentes : le libéralisme classique et le libéralisme utilitariste. Historiquement, le libéralisme classique ouvre le bal en s’appuyant sur le droit naturel. Selon le libéralisme classique, le libéralisme c’est bien parce que c’est juste. Il est juste que les lois posées par les États respectent un certain nombre de grands principes (protection des droits naturels – liberté, propriété, sécurité -, respect des contrats, responsabilité) , principes découverts grâce à une réflexion sur la nature humaine. Et il se trouve dans un second temps que le respect de ces grands principes est utile, puisqu’il permet à la société de se développer de manière harmonieuse.

Le libéralisme « utilitariste » affirme lui, que le libéralisme, c’est d’abord bien, parce que c’est utile. C’est utile afin que les individus puissent « maximiser » leur bonheur et c’est utile pour que la société puisse croître et se développer.

Les deux libéralismes partagent une grande partie des conclusions sur la place de l’État dans la société et dans la vie des individus, mais la teinte de leur discours peut sensiblement changer. Or depuis plusieurs décennies, c’est le libéralisme utilitariste qui mène la danse en France.

Et cela a plusieurs effets négatifs sur la défense du libéralisme :

a) D’abord, les adversaires du libéralisme, bien que déclinant aussi leurs propositions sur un mode utilitaire, continuent de s’appuyer sur des grands principes : « Il n’est pas juste que la société ne soit pas égalitaire. » « Il n’est pas juste que chacun ne dispose pas des mêmes capacités. » « Il n’est pas juste que certains gagnent dix fois plus que d’autres. » « La justice sociale exige que.. » En refusant de s’appuyer sur les principes déontologiques du libéralisme classique, les défenseurs du libéralisme s’exposent à défendre leurs idées sur le terrain de l’adversaire. Le libéralisme est alors jugé au tribunal des principes de la social-démocratie ou du socialisme, et l’incroyable se produit : sur ce terrain, le socialisme est supérieur moralement au libéralisme. Le débat politique se réduit alors à « Accusé libéral, levez vous. Vous ne répondez pas aux exigences du socialisme, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? ». Et l’accusé libéral, bonne pâte, explique que c’est son efficacité qui permet le mieux de remplir certaines exigences socialistes. C’est parfaitement exact, mais d’une part c’est admettre que les grands principes socialistes sont ceux devant lesquels toute doctrine politique doit être évaluée et cela empêche d’autre part en retour les militants libéraux de s’appuyer sur leurs principes pour défendre leur vision du monde.

b) Le discours utilitaire donne au libéralisme une teinte « manager », « chef d’entreprise ». Puisque le libéralisme est utile, et que l’utilité passe par la croissance économique, tout doit être fait pour augmenter la croissance économique. Ce discours est d’ailleurs parfois teinté de petits relents de Saint-simonisme : l’État est chargé de diriger l’usine France, en favorisant tel grand groupe ou telles PME pour augmenter la production. Même s’il peut séduire un certain nombre de cadres, ce discours est anxiogène pour une immense partie de la population pour qui le libéralisme devient alors une sorte de complément politique aux ressources humaines de leur propre entreprise.

Le discours de Ron Paul est à des années lumière de ce discours managérial tout en affirmant les libertés de produire, de travailler, d’entreprendre et d’échanger de manière bien plus radicale que ne le font les plus libéraux des commentateurs actuels. Cela est d’autant plus vrai que Ron Paul défend aussi avec beaucoup de cohérence toutes les libertés, en particulier la liberté d’expression et les autres libertés civiles.

Ce discours doit bien sûr ensuite être décliné sur des propositions concrètes, mais le libéralisme classique est beaucoup plus séduisant pour une large partie de la population. Personne ne va militer avec enthousiasme pour abaisser de 2,23% le taux marginal de l’impôt sur les sociétés afin d’augmenter le PIB et la productivité. Par contre défendre le liberté – y compris la liberté d’épargner, de produire et d’échanger – parce que c’est juste peut intéresser beaucoup de gens.

L’enthousiasme, en particulier des jeunes, pour Ron Paul s’explique en grande partie par ce discours construit autour du libéralisme classique.

Nous avons toutes les raisons de suivre cette voie, d’autant que nous disposons d’une impressionnante bibliothèque d’auteurs classiques français, à commencer par Frédéric Bastiat. Le libéralisme classique ne serait pas un produit d’importation chez nous.

2. L’École Autrichienne, la monnaie, les grandes banques et la théorie des cycles

L’autre grand atout de Ron Paul, c’est sa connaissance approfondie de l’École Autrichienne de Hayek, Rothbard et Mises.

Nous vivons une crise d’une ampleur considérable dont l’École Autrichienne et sa théorie des cycles offre une explication très convaincante.

Elle a permis à un certain nombre de commentateurs (dont Ron Paul) de dénoncer, très en amont de l’explosion de cette crise, l’existence d’une bulle. Elle offre aussi un regard très critique sur les institutions encadrant l’activité bancaire et financière (banque centrale, soutien aux grandes banques trop grosses pour faire faillite).

Elle s’appuie sur une vision littéraire et rigoureuse de la science économique beaucoup plus accessible (et juste) que la dérive mathématique et comptable qui est aujourd’hui le lot d’une large partie de la science économique.

En dehors du fait qu’elle est beaucoup plus convaincante dans ses principes que les autres écoles économiques, elle a, à mon avis, aujourd’hui une place essentielle dans la défense du libéralisme.

La suite ici

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Membre, 38ans Posté(e)
getalife Membre 1 417 messages
Baby Forumeur‚ 38ans‚
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Article intéressant.

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Membre, 34ans Posté(e)
Mirisme Membre 1 346 messages
Baby Forumeur‚ 34ans‚
Posté(e)

Le libéralisme utilitariste n'a aucune valeur morale, c'est une façon comme une autre de favoriser quelqu'un et c'est pour ça qu'il est néfaste. Le libéralisme doit se contenter d'édicter des lois garantissant la liberté de tous, permettant ainsi à la fraternité d'émerger naturellement. On ne peut pas imposer la fraternité par décret.

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