Aller au contenu

Le désir d'intégration en question.


Invité Karbomine

Messages recommandés

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

A bien regarder, c'est comme une épine dans le pied... A bien regarder, beaucoup de dysfonctionnements trouvent ici leur source : la peur d'être différent, de s'individuer à l'excès, de se retrouver seul, de n'être pas compris. Si, rationnellement, j'en arrive à la conclusion que tout ce qui se fit de grand présupposait l'audace de se différencier, quitte à s'isoler tout à fait, si je comprends bien cela, ce serait bien mentir de de nier la sensation de cette chaîne.

Tout être humain cherche une identité et celle-ci passe par la génération, plus ou moins artificielle, de spécificités, mais dans le même temps, tout être humain a peur de susciter l'exclusion du groupe. La terreur d'être seul, quand bien même la structure de la société telle qu'elle est nous assure une certaine sécurité indépendante de nos traits de caractère, indéniablement, nous pousse à nous brider. Elle bloque la créativité et nous lie aux erreurs des autres, quand bien même nous envisagerions des buts ou des moyens plus efficaces ou plus sincères...

Qu'en pensez-vous ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

S'éloigner est difficile.

On a comme besoin d'être entouré, compris, écouté.

Etre différent, qu'importe comment, ça amène souvent à l'exclusion. Mais pas tout le temps. Il peut arriver, par chance pour ces personnes, qu'ils en trouvent suffisamment ouvertes pour les accepter ainsi.

Bien sûr, on peut se demander alors si ces personnes n'influencent pas malgré tout la personne cherchant à façonner une identité, son identité, au plus loin des codes sociétaux préétablis par l'éducation, par exemple?

En vérité, je suis plutôt d'avis que nous cherchons tous la même chose : reconnaissance, bien-être et pouvoir. Bien sûr, les moyens sont différents pour chacun. Mais, au fond, il y a ceux qui acceptent de vivre comme on l'enseigne et vive plus ou moins bien selon, et d'autres qui, pour des raisons personnelles ou autre, finissent par chercher à s'en détacher, en cherchant à changer de moyens pour parvenir au même endroit que les autres.

Alors, que fait-elle, la créativité, là-dedans? Et bien, on pourrait considérer que certaines personnes ayant faits des choix plutôt orientés dans l'artistique, la création, pour moyen, ont bien logiquement plus d'aisances dans ce domaine là. C'en est de même pour tous les autres. Ne parle-t-on pas du fait que chacun à son talent à lui? Autrement dit, ce talent est un moyen, un moyen pour atteindre ce qui nous tient à coeur, un peu d'égoïsme, un peu de puissance, et un peu de jouissance des autres.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

S'éloigner est difficile.

On a comme besoin d'être entouré, compris, écouté.

Justement ; pourquoi ? Et comment se détacher de ce besoin ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Parce qu'on ne peut s'éloigner de notre nature, de nos besoins, de notre instinct.

Nous sommes cela. Il est donc insensé de chercher à s'en défaire.

Mais comme je l'ai dit, ce n'est pas de ça dont on veut s'éloigner, mais seulement des moyens généralement enseignés pour atteindre nos objectifs que demandent inconsciemment nos besoins et notre nature.

Et notre vie en société complique, si on veut, l'équation, avec l'argent, par exemple. Elle influence aussi l'échelle de reconnaissance (d'où la recherche d'être riche et puissant pour quelqu'un, la reconnaissance étant mondiale et non plus limité à un clan ou à un village). Mais là encore, tout dépend de chacun, car tout le monde ne choisit pas les mêmes moyens, et donc les mêmes niveaux de satisfaction dans ces objectifs. Pourquoi? Peut-être en raison du vécu, de l'entourage, voir de la complexe "intelligence".

Je ne sais pas si j'ai répondu correctement?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Il n'y a pas de réponse "correcte" ou de réponse "fausse" puisque, malheureusement, je n'ai pas de corrigé. Je me pose vraiment la question. Par contre, de fait, certains sont parvenus à se détacher de tout cela... Les exemples sont un peu grandiloquents - mais s'ils n'étaient pas célèbres, je ne les connaîtrais pas... - : Nietzsche, Genet, Céline, Sade, Giordano Bruno, etc. On ne peut pas dire qu'ils sont restés dans les clous.

Dès lors, je me demande comment ils ont pu faire pour trouver une si grande indépendance d'esprit, quitte à se retrouver seuls, souvent.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Ca reste mon opinion, après, hein ;)

Et en quoi ces personnes célèbres se sont séparées de cette logique?

Si on ne cherche pas la reconnaissance, on ne fait pas publier ses oeuvres.

Si on ne cherche pas le pouvoir, la puissance, on ne tente pas de faire avancer ses idées, de faire changer l'époque dans laquelle on vit, pour montrer qu'on a raison, pour montrer qu'on se trompe.

Si on ne cherche pas le bien-être, la vie (ou la survie), on ne continue pas de vivre, on ne se met pas à écrire pour évacuer ses démons, ses pensées.

Il n'y échappe pas. Notre nature est le moteur de tout. On ne peut pas aller à l'encontre de ça.

Je suis délirant, je sais.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

C'est juste que j'ai du mal avec cette notion de nature... Surtout si certains y sont soumis et d'autres non.

Par ailleurs, les exemples que j'ai pris sont des exemples d'hommes célèbres mais je ne doute pas qu'il y en ait d'autres, non-célèbres... que par définition, je ne connais pas.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Par nature, tu peux parler d'instinct de survie. C'est un peu la même chose pour moi.

C'est comme vouloir aller à l'encontre de sa propre logique, de ses propres pulsions. On peut se retenir, mais pas éternellement se contenir. Il y a toujours un moment où on finit par être dépassé. D'autant plus que cet instinct est vital. C'est ça, ou la mort. Une personne souhaitant mourir cherchera quelqu'un pour satisfaire ses besoins qui n'auront pas été compensés.

Et j'ai tenté de te démontrer que tous nous agissons selon le principe "reconnaissance, bien-être et pouvoir".

Pour ceux que tu as cité que je connaisse, je n'en vois aucun qui y échappe.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Je viens de relire tes interventions plus attentivement ; j'ai mis le doigt sur ce qui me chiffonne.

D'une part, le succès qui est venu récompenser les efforts et les risques de ceux que j'ai nommés n'a pas pu arriver d'un coup. Tiens, prenons Rimbaud ou Van Gogh ; pour eux, il n'y a jamais eu de confirmation : ils sont morts avant qu'on reconnaisse leur génie. A une échelle moindre, Brassens a dû se clochardiser sérieusement avant de connaître le succès. Bref, ils ont peut-être fait ce qu'ils ont fait POUR entrer en contact avec le monde mais de leur vivant, ou pour une période assez longue pour être signifiante, ça les a surtout coupés du monde.

D'autre part, un mec comme Giordano Bruno y a laissé sa peau ; ils ont brûlé ses livres et son corps, et jusqu'au bout il est resté conforme à sa pensée, il n'a rien renié. Sade, c'est un peu le même topo ; il aq passé plus de temps dans des prisons que dehors.

Donc je ne crois pas que le besoin de conservation ait eu autant de prise que ce que tu laisses entendre ; d'une manière ou d'une autre, même si eux aussi ont dû ressentir l'appétit de contact et de communication, ils s'en sont libérés suffisamment pour que la créativité prenne le dessus.

Enfin, je crois que le désir de contact médiatisé par une œuvre ne peut pas remplacer le désir de contact direct ; avoir des lecteurs qui vous estiment, ça n'est quand même pas la même chose que d'avoir des amis, une famille et un milieu confortable. Non ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Je n'ai pas de lecteurs qui m'estiment, pas en masse, donc je ne peux pas trop te parler du sentiment ressenti.

En revanche, la créativité répond au désir justement de renouer, dans l'idéal, avec la reconnaissance. C'est le moyen choisi par la personne, c'est donc avec ça qu'elle va tenter d'atteindre ce qu'elle cherche. Bien sûr, les artistes comme Van Gogh, Rimbaud ou Giordano Bruno (que je ne connais pas) ont pu échouer. C'est ce qui motive justement la création. Ne dit-on pas que les artistes sont toujours meilleurs à leurs débuts? Logique (pour moi), car ils ont à ce moment là le désir d'y parvenir, à cette reconnaissance. Une fois dedans, on poursuit pour la conserver, sans toutefois avoir la hargne qu'on avait au moment où on le désirait.

Dans ma tête, ça me parait sensé. Ca ne l'est peut-être pas comme je le veux, mais quand j'ai une idée, je m'y accroche vraiment.

Je ne sais pas si tu comprends, et si j'ai pu solutionner ou non le problème que tu as souligné.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Je comprends mais par contre je ne suis pas d'accord avec ce que tu présentes comme une évidence :

la créativité répond au désir justement de renouer, dans l'idéal, avec la reconnaissance.

Pourrais-tu m'expliquer pourquoi cela te semble nécessaire ?

(nb : Giordano Bruno était théologien, philosophe, mnémotechnicien, kabbaliste et physicien ; pas vraiment un artiste, donc)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Si je mets en doute tout ce que je dis, ça donnerait pas l'impression d'être vrai, aussi. J'ai inventé ça en lisant tout sujet, en y réfléchissant deux secondes. C'est ce qui me saute aux yeux, à moi.

Et pour Giordano Bruno j'avais prévenu que je ne connaissais pas. Je m'excuse donc de l'avoir classé comme artiste ;) (j'aurais pu regarder, je reconnais mon tort).

Mais ça ne change rien. Il a de nombreuses œuvres.

Pour répondre à ta question, cela me semble nécessaire car c'est instinctif pour nous, pour une espèce tournée vers le groupe, la "société". C'est essentiel si elle veut survivre. Mais on a évolué, et cette nécessité pour survivre n'était plus vraiment, les prédateurs étant devenus essentiellement nous-mêmes.

Mais étant dans notre nature, étant notre instinct, on n'a pas pu s'en défaire, et il a fallu le satisfaire autrement. Que ce soit l'art, ou autre chose.

La dernière phrase est peu clair, alors j'vais tourner ça autrement : en soit, on a d'abord eu besoin de la reconnaissance pour vivre en groupe et se protéger. N'ayant plus à se protéger, on a pas pour autant pu s'en défaire, et on a donc continué avec, mais dans un autre but, celui de satisfaire au mieux les autres besoins que sont le pouvoir et le bien-être.

(ça m'fait presque peur moi-même, en fait :D )

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Si je mets en doute tout ce que je dis, ça donnerait pas l'impression d'être vrai, aussi. J'ai inventé ça en lisant tout sujet, en y réfléchissant deux secondes. C'est ce qui me saute aux yeux, à moi.

Justement ; ça m'a longtemps semblé évident à moi aussi, ça ne l'est plus. Ta réponse m'intéresse vraiment ; je voudrais voir si ce sont les mêmes raisons que celles pour lesquelles, avant, je croyais qu'on faisait pour quelque chose de semblable.

Et pour Giordano Bruno j'avais prévenu que je ne connaissais pas. Je m'excuse donc de l'avoir classé comme artiste ;) (j'aurais pu regarder, je reconnais mon tort).

Mais ça ne change rien. Il a de nombreuses œuvres.

Don't worry, je ne disais pas cela sur le ton de l'agression ou du dénigrement. J'ajoutais ces précisions parce que j'ai moi-même récemment découvert Giordano Bruno et que ce qu'il écrit - pour le peu que j'en aie lu - m'a vivement impressionnée. Il gagne à être connu, c'est tout. Sinon, ça change un peu les choses quand même dans la conversation - même si c'est minime, je te l'accorde.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 051 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

(j'ai modifié le message du dessus entre temps. J'avais zappé un truc)

On verra bien ;)

Et je ne voulais pas paraitre agressif. Je ne le suis pas là. Je ne l'ai pas même mal pris. Mais je m'en excuse aussi de l'avoir paru. En fait, je l'ai presque plus écrit pour moi, car j'ai parfois des difficultés à avoir tort. Alors, je préfère l'écrire.

Mais chaque détail est important, en effet.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité australometheque
Invités, Posté(e)
Invité australometheque
Invité australometheque Invités 0 message
Posté(e)

Tout être humain cherche une identité et celle-ci passe par la génération, plus ou moins artificielle, de spécificités, mais dans le même temps, tout être humain a peur de susciter l'exclusion du groupe. La terreur d'être seul, quand bien même la structure de la société telle qu'elle est nous assure une certaine sécurité indépendante de nos traits de caractère, indéniablement, nous pousse à nous brider. Elle bloque la créativité et nous lie aux erreurs des autres, quand bien même nous envisagerions des buts ou des moyens plus efficaces ou plus sincères...

Ce qui se fait de grand (puisque c'est le sujet), se fait par le sens, et donc par le sang. Personnellement, j'entends 2 composantes tremplins à la création, celle qui importe : la révélation du suicide, et le suicide, avec toutes les nuances métaphoriques et environnementales que ça comporte. C'est un truc qu'on retrouve chez les génies, cette marche mystique qui écrase tout, qui étrangle la vie à lui faire cracher toute sa bile cosmique, qui dépasse la mort avec une dérision masturbatoire.

Transposé à notre époque de fausse legerté criminelle, qui nous tue individuellement, qui nous formate aux dimensions du groupe (formaté aussi :gurp:), je pense que le sacrifice non pas des autres, non pas des liens, mais de leur carapace, de toute la couche de réel figé qui protège si bien la relation inter humaine, est indispensable. Ce qui serait évidemment très dangereux, et de plus en plus quand on avance. Tout brûler kamikazement. Rendre la chaine la plus à nue et la plus faible possible, en commençant par voir et tuer la dimension binaire dans laquelle elle est renforcée, le privé/public. Je pense qu'aujourd'hui c'est parcours dantesque obligé, y'a tellement à creuser, déblayer, fracasser, qu'il y a nécessité quasi éthique d'en passer par là.

Un peu HS, un type comme Céline, fantassin absolu de la parole du mal, a été jusqu'au bout de son aventure christico styllistique, s'est brûlé tout entier, s'est mis lui même en position de ne plus pouvoir rien écrire et dire, tout ça pour son oeuvre prophétique (toujours largement d'actualité d'ailleurs), et pourtant malgré ça il a toujours été suivi par sa femme, fidèlement dévouée à sa folie dévastatrice. La solitude absolue n'est donc pas une fatalité, même lui l'insuportablement vivant a été accouplé et porté même dans son pelerinage d'éclaireur, par Lucette Destouches. Les relations ne meurent pas nécessairement, elles sont simplement fragilisées à l'extrême.

Voilà, c'est tout :mouai:

En revanche, la créativité répond au désir justement de renouer, dans l'idéal, avec la reconnaissance.

Voilà, pour moi, dans notre temps ça serait plutôt "la créativité répond au désir de renouer, dans la reconnaissance, avec un idéal" :)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 874 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Qu'il y ait deux forces opposées en chacun de nous, l'une nous entraînant vers un éloignement (une spécification, un Extérieur — du point de la vue de la société... car la direction passe souvent plutôt par son propre Intérieur), l'autre anti-aliénant et nous retenant attaché à la société (ou du moins à notre groupe social...), cela est clair. — À partir de ce moment-là, selon la tension relative sur chacune de ces deux forces, sur chacune des extrémités de cette corde, le point d'équilibre se trouve plus ou moins proche ou lointain des Autres. Beaucoup de personnalités de génie — dans des styles et domaines très différents, comme les noms cités précédemment sur ce topic — ont eu (acquis?) un point d'équilibre qui se situe effectivement plus au loin que le reste de leurs compatriotes.

Après... ce n'est pas forcément tout à fait vrai.

D'une part, ce n'est pas tout à fait vrai parce que c'est un processus complètement dynamique, et donc lesdites personnalités peuvent très bien ne pas être extrêmes dans leur point d'équilibre, mais plutôt dans leurs variations pour atteindre cet équilibre — allant par exemple très loin pour revenir tout près — comme si la corde pouvait être plus ou moins élastique, plus ou moins résistante. Ce qui compterait serait alors soit la force avec laquelle elle est "secouée", soit l'amplitude du mouvement... et il y a de tels exemples de personnes ayant dû aller très loin pour finalement retrouver leur place parmi leurs semblables. (Très loin pouvant être synonyme de très bas dans ce contexte — dépression, nigredo, phase incubatoire, tout ça). L'œuvre laissée à la postérité n'est pas nécessairement un reflet de l'état final de l'individu, mais avant tout un instantané. Et beaucoup se sont nourris de leurs névroses, de leurs problèmes et de leurs extrêmes.

Et puis d'autre part, ce n'est pas tout à fait vrai parce que — je crois — dans chacune de ces deux forces opposées, il y a également divers aspects à prendre en compte, à savoir le désir et la connaissance. Prenons le cas de la force amenant à s'éloigner du monde. Beaucoup ont ce désir, mais, typiquement, ne sachant ni s'y prendre, ni où aller, ni ne se connaissant eux-mêmes (ni les autres), se retrouveront au même point — très proche — où ils retrouveront une immense quantité de leurs semblables (exemples triviaux et typiques : les groupes de musique cherchant sciemment à "innover" et se retrouvant à faire tous exactement la même chose, idem pour beaucoup d'écrivains, ou même à un autre niveau un certain cliché de la personne cherchant à se différencier en se faisant happer dans un groupe pré-défini, avec ses clichés et ses codes, que ce soit le monde des métalleux, celui des surfeurs-avec-un-tatouage-tribal, ou beaucoup d'autres). D'autres personnes peuvent ressentir un désir finalement moins fort, moins impérieux, de s'éloigner — mais ayant su se poser les bonnes directions, ils seront beaucoup plus efficaces dans leur mouvement et auront besoin de moins d'énergie pour aller finalement plus loin. Je crois même que cette efficacité compte beaucoup.

Des personnes qui se sont éloignés du monde en endurant tous les efforts que cela impliquait, il y en a certainement beaucoup plus que les personnalités de génie ayant acquis une (certaine) postérité de part leur œuvre, quelle qu'elle ait été — il conviendrait déjà de différencier entre ceux qui ne la considéraient pas comme étant une œuvre dédiée à des lecteurs, comme Kafka ou Rimbaud, et ceux qui écrivaient pour être lu et compris, même si ce ne serait que par quelques rares individus, comme Nietzche, ou par beaucoup plus, comme Sade. Il y a eu d'innombrables ermites, anachorètes, fous et saints, depuis les gymnosophistes de l'Antiquité, en passant par certains ordres de moines du Moyen-Âge, ou encore — soyons exotiques dans l'éloignement aux autres — les sorcières bretonnes du XIXe ou de nombreux maîtres d'arts martiaux japonais décidant d'aller vivre dans la montagne, il y a 50 ans à peine. Et chacun de ceux-là s'isole pour des raisons différentes et dans le cadre d'une recherche différente — (ou n'en est-ce que le prétexte? "Gravir la même montagne par différents versants". Je ne sais pas.) — On ne se souvient que de deux types : les personnalités de génie — très individués donc — et... des groupes d'individus partageant la même recherche, souvent mystique (l'exemple des gymnosophistes : on ne se souvient que du "groupe", les individus se sont dilués en un groupe, lui aliéné).

Ensuite, autre point, certaines personnalités s'étant clairement illustrées, ont su ne pas s'exclure — loin s'en faut — tout en étant uniques. C'est le cas par exemple de nombreux auteurs français du XIXe, et pas forcément les moins bons. (Dumas malgré les crasses qui lui sont arrivées... Sainte-Beuve également? et d'autres ; il y a sûrement de meilleurs exemples que ceux-là).

Un dernier mot sur la force qui pousse à ne pas s'exclure du groupe. Je pense que l'être humain a un besoin de caresses. Ce terme est intentionnel : ces caresses ne peuvent au début qu'être physiques (et l'on sait qu'un bébé entièrement isolé de contacts physiques et sociaux meurt), puis les individus apprennent à les sublimer de diverses manières. Selon la personne et le type de personnalité, une caresse sociale, rare, annuelle par exemple, sous forme d'une appréciation par quelqu'un que l'on estime, peut faire l'affaire ; pour d'autres, ce seront des appréciations très fréquentes, et par n'importe qui, qui seront susceptible de l'affecter ; pour d'autres encore, cette sublimation ne sera que très partielle et c'est avant tout un contact plus physique ou tout du moins plus "proche", moins social et moins distant, qui sera le nutriment nécessaire à leur épanouissement. Quelque chose qui va dans ce sens, c'est que dans la grande mascarade humaine, dans les innombrables jeux psychologiques qui se mettent en place entre quasiment tous les individus, une règle non-dite est pratiquement toujours vraie : "Plutôt de mauvaises caresses qu'aucune!" (d'où beaucoup de perdurations de situations foncièrement malsaines). — Évidemment, selon son besoin — et d'où l'intérêt de se connaître soi-même, car son besoin réel n'est pas toujours si évident que cela, surtout à ses propres yeux —, il sera plus ou moins aisé de s'aliéner et d'explorer des contrées lointaines, ou de faire jouer de grandes forces à ce grand jeu de corde.

Mais ce ne sont que quelques pensées nocturnes.

mellow9wl.gif

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 48ans Posté(e)
wapo Membre 300 messages
Baby Forumeur‚ 48ans‚
Posté(e)

Salut Kaba. J'avais envie de réagir à ton topic. Comme il était beaucoup inspiré par les lectures que j'ai pu faire de tes posts, je poste un message ici qui était initialement prévu pour un autre sujet. Je ne crois pas ma réponse totalement HS, si ?

Le sujet en question :

Un ami vient me voir. On s'installe au salon :

"- T'es au courant pour DSK ? Paraît qu'une autre sal*pe y va de sa petite histoire de harcèlement. Lui qui se croyait enfin tranquille...

- Tu sais, hier, j'étais devant la voûte céleste avec la personne que je chéris le plus. C'est idiot mais j'étais heureux, écrasé par tant de grandeur et de beauté. J'étais dans la splendeur des sentiments, alors ton DSK, je m'en tamponne...

A ce moment, ma moitié entre :

- Dis donc chéri que j'aime, chéri que j'adore, la vaisselle, tu crois qu'elle va se faire toute seule ? (c'était mon tour)

La vie peut être belle.

:dort: c'est beau.....

Je sais pas si c'est beau.. C'est peut être un peu neu-neu. Je suis moi-même peut être un peu neu-neu.

J'ai fait un tour sur le forum et ai lu des topics d'histoires d'amours torturées, des préoccupations à milles lieux des petites pensées imbéciles qui animent mon quotidien.

La complication, la maladie, les doutes, les angoisses ça fait partie de la vie, qui ne les éprouvent pas ? Certains semblent y prendre un plaisir assez grand quand même. Peut être parce qu'ils n'ont que ça ? On aime ce qui est là. Bien obligé.

ça me déprime.

Je crois que mon imbécilité vient du fait que j'ai compris et accepté que tout soit foutu, que j'ai fait le deuil de l'amour, de la reconnaissance. Je laisse aller et, spectateur (plutôt conciliant), j'assite à ma vie et à celle des pauvres hères qui m'entourent.

La déglingue. L'avachissement (pas chez moi sleep8ge.gif). Le Grand N'importe quoi. ça m'amuse quelquefois. Le plus souvent (il m'en faut peu). Et de plus en plus. J'accepte que l'amour ne soit que ce qu'il est, c'est à dire très peu. Et à peu près ce qui peut quand même nous arriver de mieux. Oui, oui. J'accepte que La Vocation inéluctable de tous soit de rater sa vie. J'accepte de mourir. J'accepte même de vieillir (et j'aime ça). J'accepte ma révolte et j'accepte ma solitude. Je ne sais même pas si "je me pose encore des questions" comme on dit. Je ronchonne, je pète, je blague, je fais l'amour, je me fais engueuler etc... Un quotidien un peu nul, quoi. Comme tout le monde.

Je crois que je n'aime pas trop les "intellectuels", ni d'ailleurs, quelle horreur, les "artistes". J'aime bien lire les philosophes pourtant. Et fréquenter certaines oeuvres. Mais , non, décidément, les intellectuels et les artistes, c'est pas mon truc. Je préfère mon concierge qui est un vrai salaud. Il est magnifique, lui, une oeuvre d'art. Ténardier. "L'âme de certains individus m'empêchera toujours de croire vraiment en Dieu" disait Léo Ferré. Lui, il est pire. Et puis en ce moment j'aime bien regarder Chabada sur France 3. Je suis amoureux de Daniéla Lumbroso, la belle au bois dormant du paf.

Mouais, je raconte n'importe quoi pour changer. Peut être suis-je un peu frivole ? Peut être suis-je un peu léger ? Peut être suis-je un peu lourdingue ? Peut être suis-je un peu neu-neu. Voire même carrément HS. On ne m'en voudra pas trop.

En tous cas Kaba, tu as le don de me déprimer blush.gif

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité Kaba Tsigat
Invités, Posté(e)
Invité Kaba Tsigat
Invité Kaba Tsigat Invités 0 message
Posté(e)

Je lis, je mâche et je digère vos différents points de vue... En pensant à la mort de Lester Burnham - sans doute à cause de l'intervention de wapo...

Merci beaucoup pour ces interventions qui me donnent du grain à moudre.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Privé de désert, 37ans Posté(e)
Kégéruniku 8 Membre 8 039 messages
37ans‚ Privé de désert,
Posté(e)

@ wapo:

Merde, pour le coup c'est toi qui me déprime. Ce que je vais dire est probablement stupide et terriblement infantile, mais de lire une telle mort de la révolte, ça me fait de la peine. Que la révolte ne soit pas factuelle, je m'en tamponne pas mal, mais quand je lis cette acceptation qui t'emmène jusqu'au point de ne plus être certain de te poser des questions, je ne sais pas si c'est vrai, mais ça me blesse.

Il n'y a aucun mépris dans mes propos, juste de la peur. Peur que l'avarice laisse place à l'envie.

Heureusement, il y a quelques mots dans ton intervention qui me rassurent. Des mots qui me semblent dire autre chose, qui me laissent imaginer autre chose.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 4 ans après...
Membre, 107ans Posté(e)
eclipsepartielle Membre 4 565 messages
Baby Forumeur‚ 107ans‚
Posté(e)

A bien regarder, c'est comme une épine dans le pied... A bien regarder, beaucoup de dysfonctionnements trouvent ici leur source : la peur d'être différent, de s'individuer à l'excès, de se retrouver seul, de n'être pas compris. Si, rationnellement, j'en arrive à la conclusion que tout ce qui se fit de grand présupposait l'audace de se différencier, quitte à s'isoler tout à fait, si je comprends bien cela, ce serait bien mentir de de nier la sensation de cette chaîne.

Tout être humain cherche une identité et celle-ci passe par la génération, plus ou moins artificielle, de spécificités, mais dans le même temps, tout être humain a peur de susciter l'exclusion du groupe. La terreur d'être seul, quand bien même la structure de la société telle qu'elle est nous assure une certaine sécurité indépendante de nos traits de caractère, indéniablement, nous pousse à nous brider. Elle bloque la créativité et nous lie aux erreurs des autres, quand bien même nous envisagerions des buts ou des moyens plus efficaces ou plus sincères...

Qu'en pensez-vous ?

c'est l'ambivalence entre la liberté et la sécurité. On aimerait être libre d'être soi mais quand on est trop libre nous nous retrouvons dans une position insécure donc nous acceptons de brider notre liberté. Il nous faut donc trouver le bon équilibre et renoncer partiellement.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×